Virgin Megastore : 1000 salariés menacés
La direction de Virgin a convoqué lundi 7 janvier un comité d’entreprise extraordinaire « dont l’objet va porter sur le projet de déclaration de cessation de paiement de l’entreprise », a annoncé une porte-parole de l’entreprise, contrôlée depuis 2008 par la société d’investissements française Butler Capital Partners. L’intersyndicale (CFTC, CFE-CGC, CGT, FO et SUD) a déjà indiqué qu’elle ne comptait « pas se laisser faire », appelant à un rassemblement de salariés le 9 janvier. Selon Loïc Delacourt, élu CFE-CGC au comité d’entreprise, les difficultés de l’entreprise résultent de la situation économique qui fait que « ce qui saute en premier dans les ménages, c’est quand même le culturel », mais également d’un manque de moyens alloués par l’actionnaire. Pour Laurent Berger de la CFDT, « on se retrouve dans une situation dramatique parce que Virgin n’a pas fait les virages qu’il fallait à un moment donné en terme de stratégie économique ». Les élus du Front de gauche (PCF-Parti de gauche) au Conseil de Paris ont eux estimé que la fermeture des magasins serait une « catastrophe sociale » pour la capitale. »Qu’il s’agisse du magasin des Champs-Elysées, de celui des Grands Boulevards, de celui de Saint-Lazare ou de celui de Barbès (…), une fermeture serait une catastrophe sociale pour l’emploi parisien, alors que le chômage atteint des sommets », a dénoncé Ian Brossat, président du groupe PCF/PG au Conseil de Paris dans un communiqué. Vingt-cinq ans après l’installation de l’emblématique Megastore sur la prestigieuse avenue des Champs-Elysées, présenté comme « le plus grand magasin de musique du monde », Virgin n’arrive plus à payer ses créanciers. La procédure de cessation de paiement engagée peut déboucher sur un redressement ou sur une liquidation judiciaire, c’est-à-dire la disparition de l’entreprise. Elle fait suite à des années de difficultés pour la chaîne de magasins, issue de l’empire Virgin du milliardaire britannique Richard Branson mais cédée en 2001 au groupe français Lagardère, qui en détient toujours aujourd’hui 20%, contre 74% contrôlés par Butler Capital. Interrogé, cet investisseur n’a pas souhaité faire de commentaires. »Depuis plusieurs années, la société est en perte », selon la porte-parole de Virgin. L’entreprise, qui exploite encore 26 magasins en France, a réalisé un chiffre d’affaires de 286 millions d’euros en 2011. Le groupe a déjà enchaîné les fermetures de magasins, les effectifs fondant de 200 salariés depuis deux ans. Une nouvelle direction, nommée mi-2012, se donnait deux ans « pour restructurer la chaîne en réduisant la surface des points de vente ». Mais fin décembre, Virgin a franchi une étape symbolique en entreprenant de résilier le bail des Champs-Elysées à Paris, qui génère 20% du chiffre d’affaires. Des sources syndicales indiquaient que Virgin souffrait notamment de loyers commerciaux trop importants. »C’est tout à fait terrible comme nouvelle », a réagi la présidente du patronat français (Medef) Laurence Parisot, sur la radio BFM. »La crise que nous traversons n’est pas seulement une crise économique (…) c’est bien un nouveau modèle qui est en train de naître et beaucoup de secteurs sont effectivement touchés », a-t-elle ajouté. En effet, Virgin, qui a tenté de se diversifier dans les contenus numériques avec un site de téléchargement de musique, vidéos et livres, n’est pas la seule victime de l’effondrement des marchés « physiques » du disque et du DVD, et de la concurrence des grands acteurs du web, comme Amazon ou Apple. La Fnac est également dans la tourmente. L’entreprise, qui emploie 11.000 salariés en France, cumule les pertes et a annoncé début 2012 un plan d’économies et 500 suppressions de postes dans le monde dont 310 en France. Son propriétaire, le groupe PPR, s’est résolu à annoncer une mise en Bourse pour 2013, faute de repreneur. Sur le créneau voisin de la distribution de produits high-tech, la chaîne de de magasins informatiques Surcouf a été mise en liquidation judiciaire à l’automne. Et au Royaume-Uni, l’enseigne Virgin Megastore a été cédée fin 2007, avant de mettre définitivement la clé sous la porte en 2008.