Métiers du médico-social : Une catastrophe à venir
Alors que la conférence des métiers de l’accompagnement va se tenir le 18 février, la présidente de la région Bourgogne-Franche-Comté, Marie-Guite Dufay, réclame des propositions de la part des candidat à la présidentielle. Dans une tribune au « Monde », elle dénonce l’absence de moyen et la catastrophe à venir.
Tribune.
« Le pire est devant nous. » C’est le cri d’alarme qu’ont lancé, en Bourgogne-Franche-Comté, les professionnels du travail social et médico-social. Dans une démarche commune inédite, professionnels, mais aussi représentants de familles, fédérations d’employeurs et bénévoles, se sont coordonnés pour faire entendre leur voix, dans la pure tradition de coopération de notre région. Mais ce cri est national.
C’est le cri de tous ceux qui accompagnent les plus faibles de notre société : personnes âgées, dépendantes, handicapées, enfants placés, migrants, exclus, qui subissent aujourd’hui de plein fouet les conséquences de la crise sanitaire qui a entraîné repli sur soi et montée des exclusions.
Médiateurs, hommes et femmes de lien, ils ont pris soin des plus fragiles pendant les différentes périodes de confinement, ils ont répondu présent, aux côtés des personnes vulnérables. Ils ont été ensuite impliqués dans la stratégie vaccinale de « l’aller vers » et ont pris part à la politique de lutte contre la pandémie, sans être considérés comme participant à notre politique de santé, historiquement hospitalo-centrée.
C’est le cri des travailleurs sociaux, qui n’ont pas vu, depuis des années, les moyens affectés à leurs missions évoluer en fonction de leurs besoins, et ce alors que la prochaine étape de la crise ne sera pas sanitaire, mais sociale, voire sociétale, car la société est fragilisée et les précarités relationnelles se sont renforcées. Pour faire face à cette situation inédite, nous avons besoin de métiers de l’humain qui soient forts et prêts à relever les défis à venir.
C’est le cri de tous les travailleurs de l’humain, du lien, qui ont besoin d’être reconnus alors que se multiplient les abandons de poste : on estime à 36 000 le nombre de départs entre le 1er juin et le 30 septembre 2021, et 30 000 postes vacants sont recensés. Les régions forment les travailleurs de ces secteurs et font la promotion de ces métiers auprès des jeunes en recherche d’orientation ou des demandeurs d’emploi.
Mais jamais nous n’avons été confrontés aux désaffections actuelles. Les formations n’ouvrent pas par manque de candidat. Des apprenants abandonnent après leur stage. Des personnes formées quittent leur emploi. La promesse d’être utile, la conviction d’œuvrer pour le bien commun ne suffisent plus pour des métiers mal reconnus et mal valorisés. Cette désaffection augure donc un déficit de professionnels dans les années à venir : le pire est devant nous.