Les Médicaments dangereux
S’il faut convenir que la médecine a fait d’énormes progrès vis-à-vis de la plupart des pathologies grâce notamment à de nouveaux médicaments, il faut aussi admettre que l’industrie pharmaceutique a développé aussi nombreux de produits dont l’effet au mieux est de l’ordre du placebo voire qui peuvent être dangereux. Sans parler de mauvaises conditions d’utilisation des médicaments ou de contre-indications découlant de l’absorption de substances aux effets contradictoires La revue Prescrire a dévoilé jeudi sa nouvelle liste noire des médicaments à éviter en raison des risques sanitaires disproportionnés qu’ils font courir aux patients. Parmi cette liste de 93 médicaments, six nouveaux font leur apparition, comme le Décontractyl et des produits contre la toux. La liste 2019, qui recense 93 médicaments (dont 82 vendus en France) à ne pas utiliser, à défaut de les voir retirer du marché, a été établie sur la base des analyses publiées dans la revue durant neuf ans, de 2010 à 2018, explique Prescrire. Le registre des traitements critiqués – cancer, diabète, arthrose, allergies, maladie de peau, d’Alzheimer, sexualité, toux, arrêt du tabac, etc. – est vaste, pour des maux graves ou bénins. Les médicaments en cause sont nouveaux ou anciens et dépassés, voire pas plus performants qu’un placebo. Dans le cas du Décontractyl, utilisé pour soulager les douleurs des contractures musculaires, en comprimé ou en baume, la revue met en cause les effets indésirables du principe actif, la méphénésine. Elle provoque somnolences, nausées, vomissements, réactions allergiques graves, abus et dépendances (effets psychotropes). La pommade, elle, expose à des atteintes cutanées graves. Autre médicament pointé du doigt: l’antitussif à base d’oxomémazine, qui regroupe de nombreux produits (Toplexil et génériques dont Humex toux sèche oxomémazine). Ses propriétés neuroleptiques exposent également à des « effets indésirables disproportionnés ». Également inscrits cette année, la pommade pour fissures anales Rectogesic, pas plus efficace qu’un placebo, mais susceptible d’entraîner des maux de têtes fréquents. Parmi les nouveaux épinglés, la cimétidine (Cimétidine Mylan et autres), autorisée pour des troubles, type brûlures d’estomac et renvois acides fait également son apparition. Elle expose à des interactions indésirables avec de très nombreux médicaments contrairement à d’autres produits de la même famille des anti-H2 (« antihistaminiques H2″).
Enfin, dernier médicament à intégrer cette liste: l’Ocaliva, prescrit pour une maladie rare. « Il aggrave souvent les principaux symptômes de la maladie (prurit et fatigue) et semble exposer à des effets indésirables hépatiques graves, parfois mortels », détaille la revue.
Déjà critiqués les années précédentes, les médicaments contre le rhume restent dans le viseur de la revue Prescrire. La liste noire épingle notamment les vasoconstricteurs décongestionnant par voies orale ou nasale (l’éphédrine, la naphazoline, l’oxymétazoline, la phényléphrine, la pseudoéphédrine qui est contenue dans une dizaine de médicaments et le tuaminoheptane) qui exposent à un risque de troubles cardiovasculaires graves voire mortels (poussées d’hypertension, AVC, troubles du rythme cardiaque).
Fin 2017, les autorités sanitaires ont interdit la publicité grand public pour ces vasoconstricteurs, relève auprès de l’AFP Bruno Toussaint, directeur éditorial de Prescrire. « C’est un petit pas qui montre que les autorités reconnaissent que ces produits posent problème, mais sans les retirer du marché », ajoute-t-il.
Trois médicaments de liste 2018 ont été retirés de ce bilan actualisé, à savoir un antibiotique retiré du marché mondial (Ketek), et deux autres en raison de nouvelles données qui sont en cours d’analyse par Prescrire: Uptravi pour une maladie rare et grave, et l’anticancéreux Olaparib/Lynparza.