Archive pour le Tag 'Médicaments'

Des médicaments contre le rhume interdits

Des médicaments contre le rhume interdits

 

Les autorités sanitaires françaises rendent obligatoires à partir de mercredi 10 décembre la présentation d’une ordonnance en pharmacie pour se voir délivrer huit célèbres traitements anti-rhume largement considérés comme dangereux.

 

Largement considérés comme dangereux depuis des années, les principaux traitements anti-rhume étaient toujours en vente libre. À l’approche de l’hiver, les autorités sanitaires françaises envisageaient de mettre enfin fin à ce paradoxe. Disponibles sans ordonnance sous forme de comprimés, ces traitements – aussi vendus par spray nasal sur prescription – visent à décongestionner et désencombrer le nez. Ce sont donc les principaux médicaments utilisés contre le rhume.

Mais ils font l’objet depuis plusieurs années de nombreuses critiques, à commencer par l’ANSM elle-même, car ils peuvent provoquer de graves effets secondaires comme des AVC et des infarctus. En 2023, l’agence avait pour la première fois déconseillé explicitement leur utilisation. Cette décision avait, pour un temps, fait décliner les ventes de traitements anti-rhume. Mais celles-ci rebondissent depuis septembre.

 

Budget 2025: Santé baisse du remboursement des médicaments

 Budget 2025: Santé  baisse du remboursement des médicaments

Le  remboursement des médicaments par la Sécurité sociale baissera de 5% l’an prochain, tout comme la prise en charge des consultations médicales, a annoncé la ministre de la Santé Geneviève Darrieussecq ce lundi au Sénat.

Le «dérapage» des dépenses de médicaments cette année est  «évalué à 1,2 milliard d’euros», que le gouvernement entend limiter après un «dialogue avec les industriels afin de trouver des mécanismes de compensation». La mise à contribution financière des laboratoires pharmaceutiques, via la «clause de sauvegarde» du secteur, ne serait «activée qu’en cas d’échec de la démarche», a-t-elle assuré. Son collègue des Comptes publics, Laurent Saint-Martin, a ensuite précisé que les «différents leviers» à l’étude doivent permettre de «ramener à 200 millions d’euros le dépassement par rapport à la trajectoire présentée» dans le budget de la Sécu pour 2025.

 

 

Etats-Unis : une baisse historique du prix de certains médicaments

Etats-Unis :  une baisse historique du prix de certains médicaments

Jeudi 14 août, le président américain Joe Biden et la vice-présidente Kamala Harris ont annoncé ensemble une baisse « historique » du prix de dix médicaments pour les personnes âgées. Cet accord, issu de négociations inédites entre le système fédéral d’assurance-santé des seniors et les laboratoires, va permettre dès la première année, en 2026, d’économiser 1,5 milliard de dollars pour les assurés concernés et 6 milliards de dollars pour les contribuables, selon la Maison Blanche.

Le prix des médicaments, qui n’est pas régulé au niveau national aux Etats-Unis, y est souvent bien plus élevé que dans les autres pays développés. Il est courant que même les personnes assurées doivent en payer une partie de leur poche.

Les négociations entre le système d’assurance-santé des plus de 65 ans, Medicare, et les laboratoires, duraient depuis février. Parmi les dix traitements concernés: le Farxiga du groupe suédo-britannique AstraZeneca (diabète), l’Entresto du Suisse Novartis (problèmes cardiaques) ou l’anticoagulant Eliquis de l’Américain Bristol-Myers Squibb (BMS).

Selon la Maison Blanche, ces médicaments ont été prescrits en 2022 à quelque neuf millions de bénéficiaires.

Cette réforme s’inscrit dans le cadre d’une loi phare du mandat de Joe Biden, le « Inflation Reduction Act » (IRA), un vaste programme de transition énergétique et de pouvoir d’achat.

Médicaments : pourquoi la pénurie

Médicaments : pourquoi la  pénurie

 

 

Au même moment, la mise en vente du fabricant de médicaments génériques Biogaran était justifiée par les difficultés à maintenir la production en France, en raison de prix trop bas des médicaments. C’est loin d’être la première fois que les laboratoires pharmaceutiques « alertent » sur la question, notamment par la voix du LEMM, le syndicat professionnel des industries pharmaceutiques). Mais que dit le « prix » d’un médicament de sa valeur véritable ? Comment est-il déterminé, et quel est son rapport avec les coûts de production, ou son intérêt thérapeutique ? Comment fonctionne l’industrie pharmaceutique de ce point de vue ? Regards croisés d’un pharmacologue et d’une économiste sur ces questions.

 

par   Enseignant-chercheur économie de l’innovation, laboratoire BSE (Bordeaux Sciences Economiques), Université de Bordeaux  Professeur émérite de pharmacologie – Président du conseil scientifique international du groupement d’intérêt scientifique (GIS) EPI-PHARE de l’ANSM et la CNAM , Université de Bordeaux dans The Conversation 

L’étape préalable à la commercialisation d’un médicament consiste à obtenir une autorisation de mise sur le marché (AMM), délivrée selon son type soit par la Commission européenne (l’évaluation se faisant par l’Agence européenne des médicaments), soit par des agences nationales, comme l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) en France.

Dans l’Union européenne (UE), quatre procédures d’AMM sont possibles : une procédure centralisée (qui permet de vendre un médicament dans tous les états membres), une procédure décentralisée (pour les médicaments destinés à deux états membres ou plus), une procédure de reconnaissance mutuelle (qui permet d’étendre à d’autres États une AMM déjà obtenue dans un pays européen) et enfin une procédure nationale (pour les médicaments vendus dans un seul état).

Obtenir une AMM est obligatoire pour certaines classes de médicaments : médicaments de thérapie innovante, issus des biotechnologies, contenant une nouvelle substance active ou permettant de traiter certaines affections comme le VIH ou le cancer, médicaments orphelins (destinés au traitement des maladies rares).

Les laboratoires pharmaceutiques doivent présenter un dossier regroupant les données collectées au cours des essais précliniques (tests sur les animaux) et cliniques (chez l’humain), ainsi que celles relatives à la qualité chimique (ou microbiologique) ainsi qu’aux procédés de fabrication du médicament.

Une fois l’AMM obtenue, reste à fixer les modalités de vente.

Les industriels qui ont obtenu l’autorisation de vendre leurs médicaments peuvent opter pour une vente libre (on parle alors de médicament OTC – pour « over the counter » en anglais, autrement dit vendu « au comptoir »). Dans ce cas, ils peuvent en fixer le prix à leur guise, mais les acheteurs ne bénéficient d’aucun remboursement par l’Assurance maladie. L’autre possibilité est de négocier des accords avec l’État pour accéder au remboursement.

Pour qu’un médicament soit éligible au remboursement, il doit être évalué. L’objectif de l’évaluation médico-économique est de faire des choix en matière d’allocation des ressources, afin de garantir la pérennité du système de santé dans un contexte de prise en charge financière collective des soins.

En France, c’est le Comité économique des produits de santé (CEPS) qui fixe les prix des médicaments pris en charge par l’Assurance maladie, après avis de la Haute Autorité de santé (HAS).

À la demande de l’industriel et sur la base des documents fournis, la HAS évalue deux critères : le service médical rendu (SMR : le médicament a-t-il un intérêt suffisant pour être pris en charge par la solidarité nationale ?) et l’amélioration du service médical rendu (ASMR : quelle est sa valeur ajoutée par rapport aux traitements déjà disponibles ?).

Négocié avec l’industriel, le prix est ensuite fixé par le CEPS, notamment sur la base du niveau d’ASMR, du prix des autres médicaments à même visée thérapeutique, des volumes de vente envisagés, de la population cible et des prix pratiqués à l’étranger.

Soulignons que l’Europe est régie par des règles communes en ce qui concerne le médicament. Seuls le choix de rembourser ou non et la fixation du prix sont des privilèges nationaux. La France se distingue surtout par une permissivité nettement plus forte que chez ses voisins.

Celle-ci se traduit non seulement par une mise à disposition précoce sans qu’une vraie évaluation ultérieure ne soit exigée, mais aussi par une liberté quasi totale de prescription aboutissant à un non-respect des indications bien plus fort que dans d’autres pays.

Pour comprendre où se situe le problème, il faut s’intéresser à la façon dont fonctionne l’industrie pharmaceutique.

L’industrie pharmaceutique, telle que nous la connaissons aujourd’hui, est relativement récente. Elle est, en grande part, née après la Seconde guerre mondiale en même temps que la Sécurité sociale.

Auparavant, les formulations des produits pharmaceutiques n’étaient pas protégées (au sens de la propriété industrielle) et les préparations (les médicaments) essentiellement faites dans les officines de pharmacie.

Initialement mise en place à l’échelle nationale, la protection, associée au système de protection sociale, a permis de combiner incitation à innover, financement de la R&D (recherche et développement) et accès aux soins pour le plus grand nombre. Le vingtième siècle voit ainsi l’industrialisation du médicament, notamment sous la pression des firmes pour protéger leurs innovations, moteur essentiel de leurs profits.

En 1994, des accords internationaux ont été mis en place afin d’intégrer les droits de propriété intellectuelle, notamment les brevets, dans le système de l’OMC et d’harmoniser les systèmes nationaux, notamment sur la durée de la protection (minimum de 20 ans).

Baptisés ADPIC, ces accords sur le droit des brevets ont eu un impact très fort sur la structure de l’industrie pharmaceutique. Ils ont en effet conféré aux firmes détentrices des brevets un pouvoir de monopole, lequel pouvait désormais s’exercer au niveau mondial.

Du point de vue des industriels, la nécessité d’une telle protection se justifierait par les contraintes réglementaires liées à l’obtention des AMM, ainsi qu’à la durée et au coût des essais (précliniques puis cliniques) et à la difficulté de trouver des médicaments plus efficaces et plus sûrs que les médicaments déjà présents sur le marché.

Pour mémoire, en moyenne, il faut dix à quinze ans pour aboutir à la mise sur le marché d’un nouveau médicament.

Dans un tel contexte, et dans une logique financière, les firmes se concentrent sur la recherche et la production de princeps.

Un princeps – ou spécialité de référence – est un médicament « de base », dont la formulation originale protégée par le brevet pour une durée de 20 ans après le dépôt) qui pourra servir de référence au développement de médicaments génériques, une fois le brevet tombé dans le domaine public. Un médicament générique est ainsi fabriqué à partir de la même molécule (le même principe actif) que le médicament princeps.

Les firmes pharmaceutiques qui ont les moyens d’innover privilégient donc, chaque fois que possible, la mise au point de « médicaments stars » (ou « blockbusters ») permettant des marges très élevées répondant aux exigences des actionnaires.

Afin de garantir les marges, ce « pari » sur l’innovation est compensé par une réduction des coûts sur les médicaments anciens (on parle de médicaments matures). Concrètement, cela se traduit par des délocalisations ou des approvisionnements dans des pays low cost. Ce qui, nous le verrons, pose problème en augmentant notamment le risque de pénuries (pouvant être liées à une production insuffisante).

Pour les médicaments classiques (par opposition à ceux à forte valeur ajoutée et économique découlant d’innovations récentes, tels que les conjugués anticorps-médicaments ou les médicaments basés sur les acides nucléiques par exemple), les entreprises pharmaceutiques considèrent qu’il existe un double risque : financier (en raison du coût que représente la mise au point d’une nouvelle molécule) et de profitabilité (à cause de la menace que font peser sur la concurrence les génériques).

Pour cette raison, elles préfèrent souvent développer des « me-too drugs » plutôt que de nouveaux médicaments réellement innovants. Un « me-too » (ou médicament similaire) est un médicament appartenant à la même classe thérapeutique que le médicament de référence (protégé par le brevet qui arrive à expiration). La différence par rapport à ce dernier est que le « me-too » bénéficie d’innovations ou de modifications mineures, tout en étant suffisantes pour ne pas être considéré comme un générique.

En ce domaine, si la rentabilité éclaire la stratégie des firmes, elle ne contribue qu’à la marge à l’objectif de santé publique. Rappelons que l’industrie pharmaceutique compte parmi les industries les plus financiarisées, qu’il s’agisse de grands groupes pharmaceutiques cotés sur les marchés financiers ou de petites structures créées sur le mode start-up et souvent soutenues par des investissements à capital-risque. Elle reste également l’une les plus rentables, si ce n’est la plus rentable.

Le problème est que bon nombre des médicaments matures (et donc relativement peu coûteux) restent essentiels et irremplaçables en thérapeutique.

Se pose alors une autre question, celle du rapport entre le prix du médicament et sa valeur thérapeutique.

Le prix des médicaments ne reflète pas leur valeur thérapeutique

En France, les dépenses de santé, et donc de médicaments, sont encadrées par l’Objectif national de dépenses d’assurance maladie (ONDAM, fixé chaque année depuis 1996 par la loi de financement de la Sécurité sociale (PFLSS).

Concernant les médicaments matures, la politique du prix toujours plus bas prévaut. Or, les baisses successives des prix depuis plus de trente ans ont été actées sans tenir compte de l’intérêt thérapeutique qu’ils représentent.

Nous sommes face à un paradoxe : la société paye parfois des fortunes pour des médicaments présentés comme « innovants », sans toujours vérifier qu’ils tiennent leurs promesses thérapeutiques.

Ceci est notamment dû au fait que le positionnement des médicaments nouveaux et présentés comme innovants (notamment, ceux issus de la biotechnologie) se fait de plus en plus vers les maladies graves, pour lesquelles les attentes d’un progrès thérapeutique sont très fortes, notamment par les associations de malades.

Face à ces pressions, les pouvoirs publics ont progressivement accepté de mettre ces médicaments à disposition le plus rapidement possible, avant que les phases d’évaluation de leur efficacité ne soient entièrement terminées (grâce à une procédure dite d’accès précoce en France) ; ceci sous réserve d’une évaluation sur la base des premiers traitements qui n’est en réalité faite que dans un peu plus de la moitié des cas.

En parallèle à cette situation, certains traitements, pourtant d’indication thérapeutique majeure, coûtent, pour un mois de prescription, moins cher qu’un verre au comptoir du bistrot du coin… Ceci s’explique par le fait que le coût investi dans le princeps est considéré avoir été « amorti » au moment où le médicament devient génériquable.

Conjuguée au très fort lobbying de l’industrie (autour de l’idée qu’« il faut payer l’innovation à son juste prix »), ainsi qu’à une absence de raisonnement de santé publique (qui mettrait en balance les coûts consentis et les besoins de santé publique), cette situation aboutit à une déconnexion entre le prix du médicament et sa valeur thérapeutique. Ce qui pose deux problèmes majeurs.

Le premier problème découle des pressions sur les prix des médicaments matures : face aux coûts de l’innovation et aux exigences de rentabilité des actionnaires, les firmes cherchent à réduire les coûts de fabrication des molécules anciennes en délocalisant ou en s’approvisionnant dans les pays low cost. Les acteurs de l’approvisionnement se sont, de leur côté, concentrés, pour profiter des économies d’échelle.

Ce nombre réduit de fournisseurs accentue la dépendance et le risque de pénuries, face auxquelles les plans de relocalisation annoncés, anecdotiques, ne seront probablement pas plus efficaces que l’application d’un pansement sur une hémorragie grave.

Les pénuries constituent justement le second problème : elles concernent en effet souvent des médicaments d’indication thérapeutique majeure, ainsi que des médicaments essentiels. Autrement dit, des médicaments matures, qui ne sont plus des priorités pour les firmes pharmaceutiques.

Cette situation peut s’avérer particulièrement grave quand il n’existe pas de produits de substitution : tout arrêt ou retard de distribution se traduit par une perte de chance pour les patients.

Pour cette raison, il semble clair que la France doit se doter d’une politique du médicament mature. Mais laquelle ?

Une piste pourrait être de tout simplement augmenter le prix des médicaments matures, afin de permettre aux industriels de sécuriser leur approvisionnement (« multi-sourcing ») voire de produire localement ou à proximité. Toutefois, sans contreparties imposées, rien ne garantit que cette augmentation du prix ne sera pas tout simplement pas répercutée dans les marges des laboratoires pharmaceutiques.

Une autre voie pourrait être celle du financement, par les industriels eux-mêmes, des médicaments matures, en prélevant une part des profits générés par les médicaments innovants. Mais cette approche ne semble pas du tout dans l’air du temps.

Peut-être faudrait-il aussi, dans ce contexte, questionner les rouages de notre politique de santé. Car les sources d’économies, et donc de financement du système de santé et de sécurisation de l’approvisionnement ou de la production des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur (MITM), sont peut-être à portée de main du décideur. S’il accepte d’être éclairé…

Bernard Bégaud, co-auteur de cet article a, en 2020, dressé le constat suivant La France malade du Médicament :

« 10 milliards d’euros par an sont gaspillés en pure perte par des médicaments qui ne servent à rien (et qui peuvent produire des effets indésirables) »_

10 milliards d’euros par an… La dys-médication mérite, du point de vue du pharmacologue comme de celui de l’économiste, d’être interrogée en profondeur. Le temps n’est-il pas venu d’assujettir la politique industrielle aux objectifs sanitaires et non l’inverse ? Autrement dit, d’inverser la logique qui gouverne notre économie.

De ce point de vue, le plan d’action gouvernemental présenté le 21 février 2024 pose question sur plusieurs points, non seulement en matière de lutte contre le mésusage, mais aussi de relocalisation de la production : Biogaran,filiale du laboratoire Servier et premier fabricant de génériques français, pourrait être racheté par un groupe pharmaceutique indien…

Médicaments : une politique de relocalisation européenne ?

Médicaments : une politique de relocalisation européenne ?

L’indépendance de l’Europe en matière de médicaments est évidemment menacée depuis longtemps puisque 60 à 80 % des principes actifs proviennent de l’Asie notamment de la Chine et de l’Inde. Pendant toute une période, les pays européens ont préféré ce délocaliser en Asie. Du coup parfois , il y a rupture de stock concernant certaines prescriptions médicales même les plus banales comme le paracétamol.Le réveil est douloureux car on vient de très loin. Bruxelles tend aujourd’hui de construire une alliance européenne inciter à la relocalisation de la production mais le processus sera complexe et long. Il se heurtera aussi aux conditions économiques et à la rentabilité.

Alors que l’Europe lance aujourd’hui deux groupes de travail dans le cadre de sa nouvelle alliance européenne pour le médicament critique, la France veut peser de tout son poids dans les discussions. Le ministre Roland Lescure était ainsi à Bruxelles ce jour pour défendre trois axes prioritaires, et notamment sur le plan industriel avec une politique européenne de relocalisations coordonnées de productions pharmaceutiques.

 La Commission européenne a lancé ce mercredi « l’alliance européenne pour le médicament critique », suite à l’appel émis quelques mois en arrière par 23 États membres, dont la France, pour la naissance d’un Critical Medicines Act.

À cette occasion, le ministre de l’Industrie, Roland Lescure, s’est rendu spécialement à Bruxelles pour superviser et assister au début des travaux en la matière, avec un objectif bien en tête : que la France prenne le lead sur cette question.

Santé-Franchise à 1euro pour les médicaments

Santé-Franchise à 1euro pour les médicaments

 

Les franchises vont atteindre 1 euro sur les boîtes de médicaments et les actes paramédicaux. La participation forfaitaire s’élèvera désormais à 2 euros pour les actes et les consultations des médecins, les examens et les analyses de biologie médicale, et elle est portée à 4 euros pour les transports sanitaires. « Ces montants n’avaient pas été revalorisés depuis leur création, en 2008 et 2004 », précisent les ministères.

Le  plafond annuel fixé à 50 euros pour les personnes affectées par une pathologie lourde, il est maintenu.

La mesure devrait rapporter 800 millions d’euros sur un an, selon des estimations du gouvernement.

Santé-Médicaments : pénurie en France ?

Santé-Médicaments : pénurie en France ?

Des médicaments aussi classiques que les antibiotiques ou le paracétamol risquent de manquer cet hiver. En cause, les guerres qui perturbent l’approvisionnement mondial et le fait que la plupart des traitements sont produits en Asie notamment Chine. Évidemment, malgré la prise de conscience, la réindustrialisation de la filière pharmaceutique en Europe est encore loin d’être réalisée.

Plus de 3 700 médicaments ont connu des pénuries ou des tensions d’approvisionnement en 2022 en France et le chiffre risque d’augmenter en 2023, avec 3 500 déclarations de rupture ou risque de rupture à la fin du mois d’août, selon l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). A la date du 18 octobre, les pharmacies étaient déjà à flux tendus sur plusieurs médicaments majeurs de l’hiver, selon un recensement de l’ANSM. Les stocks de certaines formes d’amoxicilline, de paracétamol, de prednisolone ou de fluticasone étaient ainsi inférieurs à sept jours, voire à trois jours, contre un stock de plus de sept jours dans une situation considérée comme normale.

Aurélien Rousseau a rappelé sur France Inter que le gouvernement s’attaquait aux problèmes des pénuries en « relocalisant en France la production de 25 médicaments stratégiques » et en travaillant à la meilleure disponibilité de « 450 médicaments essentiels ».

L’Union européenne s’est aussi saisie du sujet. La Commission a dévoilé, fin octobre, son plan pour remédier aux pénuries, annonçant notamment le lancement d’un mécanisme européen de solidarité volontaire en matière de médicaments, dès octobre.

Parmi les autres mesures dévoilées, on trouve aussi l’autorisation de dérogations réglementaires à partir de 2024, par exemple en prolongeant la durée de conservation de certaines molécules ou l’acquisition de stocks conjoints à l’UE pour l’hiver prochain.

« Difficile de savoir si ces mesures seront suffisantes pour passer l’hiver, car on n’a pas encore assez de recul. » pour Bruno Maleine, représentant des officines à l’Ordre national des pharmaciens

Parmi les pistes encore à creuser, il estime, comme de nombreux observateurs, qu’il « faut s’interroger sur la rentabilité » des médicaments pour les industriels… c’est-à-dire leur prix.

Le pharmacien pointe par ailleurs que la vente à l’unité n’est pour l’instant pas « adaptée » à la façon dont sont conçus les médicaments.

Médicaments : une pénurie en France ?

Médicaments : une pénurie en France ?

Des médicaments aussi classiques que les antibiotiques ou le paracétamol risquent de manquer cet hiver. En cause, les guerres qui perturbent l’approvisionnement mondial et le fait que la plupart des traitements sont produits en Asie notamment Chine. Évidemment, malgré la prise de conscience, la réindustrialisation de la filière pharmaceutique en Europe est encore loin d’être réalisée.

Plus de 3 700 médicaments ont connu des pénuries ou des tensions d’approvisionnement en 2022 en France et le chiffre risque d’augmenter en 2023, avec 3 500 déclarations de rupture ou risque de rupture à la fin du mois d’août, selon l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). A la date du 18 octobre, les pharmacies étaient déjà à flux tendus sur plusieurs médicaments majeurs de l’hiver, selon un recensement de l’ANSM. Les stocks de certaines formes d’amoxicilline, de paracétamol, de prednisolone ou de fluticasone étaient ainsi inférieurs à sept jours, voire à trois jours, contre un stock de plus de sept jours dans une situation considérée comme normale.

Aurélien Rousseau a rappelé sur France Inter que le gouvernement s’attaquait aux problèmes des pénuries en « relocalisant en France la production de 25 médicaments stratégiques » et en travaillant à la meilleure disponibilité de « 450 médicaments essentiels ».

L’Union européenne s’est aussi saisie du sujet. La Commission a dévoilé, fin octobre, son plan pour remédier aux pénuries, annonçant notamment le lancement d’un mécanisme européen de solidarité volontaire en matière de médicaments, dès octobre.

Parmi les autres mesures dévoilées, on trouve aussi l’autorisation de dérogations réglementaires à partir de 2024, par exemple en prolongeant la durée de conservation de certaines molécules ou l’acquisition de stocks conjoints à l’UE pour l’hiver prochain.

« Difficile de savoir si ces mesures seront suffisantes pour passer l’hiver, car on n’a pas encore assez de recul. » pour Bruno Maleine, représentant des officines à l’Ordre national des pharmaciens

Parmi les pistes encore à creuser, il estime, comme de nombreux observateurs, qu’il « faut s’interroger sur la rentabilité » des médicaments pour les industriels… c’est-à-dire leur prix.

Le pharmacien pointe par ailleurs que la vente à l’unité n’est pour l’instant pas « adaptée » à la façon dont sont conçus les médicaments.

Médicaments : moins remboursés à l’avenir ?

Médicaments : moins remboursés à l’avenir ?

Pour le gouvernement, il faut enrayer rapidement le plongeon du déficit de la Sécu, qui tombe plus bas que prévu. L’objectif est de le limiter à 11,2 milliards d’euros l’an prochain (contre 8,8 milliards cette année).

En cause, notamment les arrêts maladie (+ 8 % en 2022), un phénomène que les experts ne parviennent pas à expliquer totalement. Mais aussi les médicaments, les actes de biologie, etc. Les caisses se vident d’autant plus vite qu’en France le reste à charge (la somme non remboursée par l’Assurance maladie et les mutuelles) est le plus faible du monde, représentant 14 % de la facture.

Le projet de loi de finances 2024 de la Sécurité sociale prévoit déjà 1 milliard d’euros d’économies sur les prix des médicaments, un déremboursement des frais dentaires pour un demi-milliard d’euros, une ponction de 1,6 milliard d’euros sur les profits de l’industrie pharmaceutique…

La solution évoquée au sein de l’exécutif consiste à pousser les médecins à prescrire, rapidement, moins de médicaments et d’arrêts maladie. Une négociation avec leurs syndicats va s’engager en novembre, son ordre du jour s’est étoffé.

Cette semaine, le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, a envoyé une lettre de cadrage au directeur de l’Assurance maladie, Thomas Fatôme, pour fixer les objectifs. Notamment freiner les indemnités journalières, le transport médical, les antibiotiques… Il s’agirait d’obtenir un engagement de modération des praticiens en contrepartie d’une nouvelle augmentation de leurs honoraires. Le tarif de la consultation (en secteur 1) passera déjà en novembre de 25 euros à 26,50 euros. Le climat semble plus propice au dialogue qu’avant l’été.

Médicaments : vente à l’unité ou l’art d’organiser la pagaille dans les pharmacies

Médicaments : vente à l’unité ou l’art d’organiser la pagaille dans les pharmacies

L’exécutif va rendre obligatoire la vente à l’unité de certains antibiotiques. Le seul problème c’est que le conditionnement actuel des médicaments n’est guère prévu pour cette vente à l’unité. Il faudrait revoir pour cela la politique industrielle, les modes de conditionnement et la politique logistique voire d’organisation interne des pharmacies et autres distributeurs. Sans parler des questions de sécurité sanitaire. En vérité, ce qui est en cause c’est l’abandon de l’industrie pharmaceutique par les autorités politiques, aussi la très mauvaise gestions de la Sécurité sociale et notre dépendance vis-à-vis de l’étranger ( la Chine en particulier).

««Découper les blisters (coques d’emballage, NDLR), ce n’est pas la bonne réponse. En termes de traçabilité en numéro de lot, c’est une vraie galère», estimait récemment le président de l’union des syndicats de pharmaciens d’officine (Uspo). «Il n’y a pas de consensus sur la délivrance à l’unité d’un point de vue industriel», souligne le lobby des laboratoires pharmaceutiques (Leem).

Contacté, le ministère de la Santé n’a pas fourni plus de détails sur cette annonce. Mais celle-ci permet notamment à Emmanuel Macron de respecter une promesse de campagne, évoquée en janvier 2017. «Je m’engage à la généralisation de la vente à l’unité du médicament», avait-il alors annoncé, sans se douter que les pénuries de médicaments se multiplieraient au fil des ans.

Santé- La lumière pour réguler l’effet des médicaments ?

santé- La lumière pour réguler l’effet des médicaments ?

L’idée de soigner le corps humain par la lumière ne date pas d’hier. Hérodote d’Halicarnasse affirmait que la lumière du soleil est indispensable à notre santé, et il tentait déjà de restaurer cette dernière par l’emploi de « l’héliothérapie » au temps de la Grèce antique. De nos jours, la lumière est reconnue comme essentielle à la production de vitamine D (pour la prévention de l’ostéoporose) et de mélanine (un pigment protecteur de la peau), et elle est encore utilisée pour traiter quelques pathologies, comme certaines formes de jaunisse du nouveau-né. Mais si nous savons que la lumière peut interagir avec des éléments du corps, peut-on pour autant l’utiliser pour agir sur les médicaments que l’on consomme ? Certaines molécules peuvent en effet changer de conformation (leur forme en trois dimensions) en présence de lumière. Dans le cas où seule l’une des formes possède une activité biologique, on peut ainsi envisager d’activer ou de désactiver l’effet du médicament à la demande par irradiation lumineuse. De plus, certaines lumières (rouge et infrarouge notamment) peuvent traverser la peau et les tissus, et permettent de cibler avec une grande précision l’organe atteint, tout en étant peu invasives et facilement applicables.

par
Romain Haudecoeur
Chercheur en chimie–biologie, Université Grenoble Alpes (UGA)

Letícia da Mata Lazinski
Doctorante en chimie, Université Grenoble Alpes (UGA)

Morane Beaumet
Chercheuse en chimie, Université Grenoble Alpes (UGA)
dans The Conversation

Cette idée présente un intérêt considérable : elle permettrait, pour prendre seulement deux exemples de problématiques de santé mondiale, d’éviter l’émergence de résistances bactériennes dues à la dissémination incontrôlée d’antibiotiques, ou de réduire les effets secondaires liés à la toxicité de la chimiothérapie.

Comme souvent à l’interface chimie – biologie, elle repose sur l’observation d’un phénomène naturel : le mécanisme permettant la vision animale au cours duquel intervient une molécule : le rétinal (un dérivé de la vitamine A, elle-même produite par le corps à partir des β-carotènes, d’où l’idée, partiellement vraie, selon laquelle manger des carottes serait bon pour la vue). Dans l’obscurité, le rétinal est liée à une protéine, nommée opsine, sous une forme coudée. Mais quand les yeux sont exposés à la lumière, il adopte subitement une forme linéaire, qui provoque son détachement de l’opsine. Ce phénomène engendre une série de réactions et mène finalement à la réception d’un signal électrique par le cerveau, qui le traduit par une image visuelle.

Le rétinal est donc ce qu’on appelle un « photoswitch », une molécule photosensible capable de changer de forme sous l’effet de la lumière : en fonction de celle-ci, il interagit ou non avec une protéine.

Et si ce concept pouvait être étendu à certains médicaments, qui, selon leur forme, pourraient délivrer leur action ou non ? En effet, après son administration, un médicament classique diffuse dans le corps et agit certes sur sa cible, mais souvent sur d’autres parties du corps également, ce qui produit des effets secondaires. Dans le cas d’un médicament « photoswitch », celui-ci est administré sous une forme inactive, et c’est uniquement lorsqu’il est exposé à la lumière qu’il change de forme et exerce son action. Son impact est donc réduit à la zone irradiée, pendant un temps déterminé, et le reste du corps et de l’environnement peut plus facilement être épargné. On parle de photopharmacologie, par opposition à la pharmacologie classique.

Cette discipline est encore émergente, et les « photoswitchs » viennent seulement d’atteindre les premiers tests cliniques de phase 1, comme la molécule « KIO-301 » de la société Kiora Pharmaceuticals développée pour le traitement de la rétinite pigmentaire, une maladie génétique grave qui entraîne progressivement la perte de la vision.

Mais depuis une dizaine d’années, plusieurs équipes de recherche travaillent sur le développement d’applications de ce concept, principalement en introduisant un motif azobenzène sur des molécules bioactives existantes. L’azobenzène fait partie des structures chimiques capables de changer de forme sous l’effet de la lumière, il est notamment employé dans la fabrication de colorants et pigments azoïques utilisés traditionnellement en teinture et peinture, pour obtenir des nuanciers du jaune au rouge.

La modification chimique d’antibiotiques comme la ciprofloxacine, pour les rendre réactifs à la lumière, est un exemple emblématique décrit par l’équipe du prix Nobel de chimie Ben L. Feringa. Inactives ou peu actives contre les bactéries sous leur forme d’origine, ces molécules acquièrent sous irradiation de lumière UV des propriétés antibiotiques. Ainsi, l’action du médicament peut être contrôlée dans le temps et dans l’espace, et la courte durée de vie de la forme irradiée (quelques heures, après quoi la molécule retrouve spontanément sa forme d’origine) permet d’éviter toute persistance d’une activité antibiotique dans l’environnement.

Dans le même esprit, la modification de la structure du méthotrexate, un médicament largement utilisé en thérapie anticancéreuse mais aux effets secondaires sévères (dépression, cirrhose hépatique, pneumonie, etc.), a permis la découverte du phototrexate, sa version « photoswitch ».

Si la forme d’origine du phototrexate n’a pas d’effet, son exposition aux UV lui fait adopter une autre forme, dont la toxicité est proche de celle du méthotrexate. Des expériences in vivo réalisées par les équipes de Soler et Gorostiza sur des embryons de poisson-zèbre traités cinq jours avec le phototrexate ont permis de montrer que si les embryons maintenus dans le noir ont mené à une faible mortalité au bout de cinq jours, d’autres individus irradiés par des UV deux fois par jour ont subi une augmentation du taux de mortalité d’un facteur huit, signe de l’activation du médicament sous l’effet de la lumière (la lumière seule n’ayant pas d’effet significatif sur cinq jours). Des molécules comme le phototrexate pourraient permettre de délivrer une action cytotoxique en irradiant spécifiquement une tumeur, sans altérer les autres parties du corps qui ne recevraient que la forme inactive du médicament.

D’autres domaines bénéficieraient de la possibilité de contrôler précisément l’effet d’un médicament. Dans le cas de la maladie d’Alzheimer par exemple, la quantité d’acétylcholine, un neurotransmetteur impliqué dans le processus de mémoire, est réduite, ce qui déclenche des problèmes de mémoire. Une solution consiste alors à inhiber l’action des cholinestérases, des enzymes qui dégradent l’acétylcholine (c’est l’effet du donépézil par exemple, l’un des rares traitements commercialisés de la maladie), mais un contrôle précis de leur activité est difficile à atteindre avec des thérapies classiques. Récemment, une équipe est parvenue à élaborer une molécule de type « photoswitch » capable d’inhiber l’action de la butyrylcholinestérase sous l’effet de la lumière UV. Cette molécule apparaît comme dix fois plus active sous sa forme irradiée que sous sa forme d’origine lors des tests sur l’enzyme isolée, mais elle produit un effet de type « tout ou rien » sur des modèles de souris présentant les caractéristiques de la maladie d’Alzheimer. En effet, si lors de l’injection du produit non irradié, aucune amélioration notable de la mémoire des souris déficientes n’est remarquée, le traitement avec la forme irradiée permet un retour complet au comportement normal, ce qui ouvre des perspectives intéressantes pour ajuster plus finement l’équilibre chimique du cerveau des patients atteints.

Ces différentes études ont permis de valider des preuves de concept décisives en ce qui concerne l’efficacité de traitements photopharmacologiques in vitro et in vivo. Néanmoins, la transposition de ces résultats vers l’utilisation clinique représente un enjeu et un défi de taille. En effet, l’utilisation systématique du motif azobenzène dans les « photoswitchs » actuels s’accompagne de certains défauts potentiellement rédhibitoires dans un contexte thérapeutique, comme l’utilisation de lumière UV, qui pénètre mal dans l’organisme et peut s’avérer nocive.

Avec d’autres équipes de chimistes, nous tentons de développer des structures alternatives pour surmonter ces difficultés, comme les hémiindigoïdes ou les phénylazothiazoles, activables et désactivables par la lumière visible. Les molécules visées doivent idéalement répondre à trois critères aussi cruciaux que difficiles à atteindre. Elles doivent pouvoir changer de forme efficacement dans l’eau et/ou dans un milieu biologique ; ce changement de forme doit intervenir sous irradiation d’une lumière visible située le plus possible du côté rouge de l’arc-en-ciel, afin de pénétrer profondément dans l’organisme pour toucher par exemple des organes internes ; et la forme irradiée doit mener à une forte augmentation de l’activité biologique par rapport à la forme initiale. Ce subtil équilibre entre les différentes propriétés souhaitées pour un médicament photopharmacologique optimal constitue l’un des principaux défis dans le domaine, et relève d’une véritable orfèvrerie moléculaire.

Santé- Relocaliser la production de médicaments

Santé- Relocaliser la production de médicaments

par Zeliha Chaffin dans Le Monde

Une stratégie européenne est nécessaire afin de remédier à la régression de l’industrie française, amorcée au tournant des années 1990 et récemment mise en lumière par la pénurie et la crise due au Covid-19.
Après un hiver de pénuries de médicaments, le printemps n’aura guère apporté de soulagement aux 21 000 officines de l’Hexagone. Ni d’ailleurs aux hôpitaux. Certes, le paracétamol et l’amoxicilline ont peu à peu fait leur retour sur les étagères, mais ils ne constituent qu’un mince aperçu de l’ampleur des difficultés observées sur le terrain. En 2022, plus de 3 500 signalements de ruptures de stocks et de tensions d’approvisionnement ont été enregistrés auprès de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé. Un chiffre vertigineux comparé aux 1 500 déclarations recensées trois ans plus tôt, et qui, déjà à l’époque, affolait les professionnels de santé. Leurs cris d’alarme n’avaient toutefois guère trouvé d’écho auprès des pouvoirs publics.

Depuis, le Covid-19 est passé par là. Les Français ont compris à quel point le pays avait perdu la main sur sa production. Champion européen il y a encore quinze ans, l’Hexagone n’occupe désormais que le cinquième rang des fabricants de produits de santé, derrière la Suisse, l’Italie, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Le constat est amer. Car le recul français s’inscrit dans celui, plus large, du continent dans son ensemble. En effet, 40 % des médicaments commercialisés dans l’Union européenne proviennent aujourd’hui de pays situés en dehors du continent, tandis que 60 % à 80 % des principes actifs pharmaceutiques sont produits en Chine et en Inde.

Pour appréhender l’étendue de cette régression, un bref retour en arrière s’impose. Au tournant des années 1990, l’Europe est alors la pharmacie du monde. Mais elle se voit peu à peu concurrencée par la Chine et l’Inde, qui profitent de l’essor des médicaments génériques pour développer leurs industries de chimie fine. Avec leurs coûts de production imbattables grâce à une main-d’œuvre abondante et peu chère, auxquels s’ajoute l’absence de contraintes réglementaires environnementales, les deux pays attirent les laboratoires pharmaceutiques, qui y voient un bon moyen de produire à moindres frais de vieux médicaments dont les marges s’étiolent. Dans les années 2000, le mouvement de délocalisation s’accélère. La France laisse filer ses usines à l’étranger sans que l’Etat s’en émeuve. En quête d’économies pour combler le déficit de la Sécurité sociale, les pouvoirs publics voient même ces départs comme une occasion de baisser encore les prix de vente.

La volte-face opérée depuis la crise due au Covid-19 est spectaculaire. Du moins dans les intentions. En Ardèche, Emmanuel Macron a déroulé sa feuille de route, le 13 juin, pour accélérer cette stratégie de « reconquête sanitaire » et déjouer la « fatalité » de la désindustrialisation du pays. Dans sa besace, la relocalisation d’une cinquantaine de médicaments – identifiés au sein d’une liste plus large de 450 médicaments estampillés « essentiels » – jugés particulièrement vulnérables sur le plan industriel, qui sera pour la moitié lancée « dans les prochaines semaines ».

Santé : trop de médicaments qui ne servent pas à grand-chose

Santé : trop de médicaments qui ne servent pas à grand-chose

Il n’est plus acceptable de proposer une offre de soins excessive et énergivore, affirme, dans une tribune au « Monde », le médecin hospitalier Pierre-Vladimir Ennezat, qui dresse une liste de médicaments aux profits discutables ou sans aucune donnée solide disponible.

Le ministère de la santé a communiqué en juin la liste des médicaments essentiels, après de longues années de pénuries dont les origines sont variées. La globalisation des affaires a conduit à la délocalisation de la production des trois quarts des principes actifs en Inde et en Chine. La relocalisation de l’industrie pharmaceutique permettra de préserver la sécurité de nos approvisionnements en médicaments pour nos concitoyens, dont les contributions obligatoires financent notre santé.

Définir le caractère essentiel d’une thérapeutique est un exercice acrobatique et périlleux. Améliorer la qualité de vie, les symptômes, soulager toujours et le plus souvent possible, accroître la quantité de vie sont des objectifs essentiels des professionnels de santé. Par exemple, les traitements anticonvulsivants, antituberculeux et antiviraux, antibiotiques, anticancéreux, anticoagulants, de l’asthme, l’insulinothérapie, les corticoïdes, l’utilisation des solutions antiseptiques atteignent sans ambiguïté ces objectifs. De même, analgésiques, anesthésiques, médicaments cardiotoniques et vasopresseurs, antidotes sont les incontournables de la médecine intensive.

Cependant, à l’aune de la dérive et des aléas climatiques, du déficit hydrique croissant et des pollutions diverses de l’air, des sols et des nappes phréatiques, il n’est plus acceptable de proposer une offre de soins excessive et énergivore. La sécheresse historique qui a sévi en Chine en 2022 a d’ailleurs pu contribuer au ralentissement des productions industrielles.

Cette liste essentielle devrait donc éliminer de facto les thérapeutiques ayant des bénéfices douteux ainsi que les médicaments dits « moi aussi » (me-too drugs), qui sont essentiellement des copies de molécules originales ; la principale motivation des firmes pour développer de tels médicaments sans originalité étant marketing.

On peut donc s’interroger sur la pertinence de proposer cinq inhibiteurs de la pompe à protons pour le traitement de l’ulcère gastro-duodénal et du reflux gastro-œsophagien, sachant par exemple que la commercialisation de l’ésoméprazole (laboratoire AstraZeneca), molécule isomère S de l’oméprazole (laboratoire Astra), a généré par le passé une dépense exorbitante et inutile pour la Sécurité sociale.

Santé et médicaments – Relocalisation de la production: Du pipeau !

Santé et médicaments – Relocalisation de la production: Du pipeau !

Une nouvelle fois Macon annonce sa volonté de relocaliser une grande partie en tout cas une partie significative des médicaments. D’une certaine manière, une annonce encore bidon d’une part parce que la production annoncée précédemment n’a pas été tenue par exemple concernant le paracétamol et bien d’autres et surtout parce que pour nombre de médicaments les principes actifs viennent de Chine et continueront de l’être. Pour inverser la tendance il faudrait investir des milliards et non pas quelques dizaines de millions.

L’accent sera mis sur cette cinquantaine de produits dont la production devra donc être «absolument (…) relocalisée» en France. Mais le gouvernement a identifié une liste de 450 médicaments au total qui sont jugés «essentiels» et «sur lesquels on n’a pas le droit d’avoir de faiblesse». «Dans les mois et les années qui viennent on doit absolument sécuriser les chaînes (de production de ces 450 médicaments essentiels), soit en relocalisant totalement soit en diversifiant et en continuant d’innover», a précisé Emmanuel Macron. La liste exhaustive devait être communiquée mardi après-midi par le ministre de la Santé, François Braun.

Ces annonces interviennent alors que l’année 2022 a été marquée par de nombreux manques, alors que plus de 3500 molécules ont été en rupture de stock ou en risque de rupture l’an dernier. Selon l’étude BVA réalisée pour France Assos Santé en mars 2023, 37% des Français ont été confrontés à des pénuries en pharmacie, souligne ainsi l’Élysée. La situation devrait rester tendue un moment, a prévenu le chef de l’État : «On aura encore des situations d’urgence dans les prochains mois et les prochaines années», a-t-il mis en garde.

Santé- Relocalisation de la production de médicaments: Du pipeau !

santé- Relocalisation de la production de médicaments: Du pipeau !

Une nouvelle fois Macon annonce sa volonté de relocaliser une grande partie en tout cas une partie significative des médicaments. D’une certaine manière, une annonce encore bidon d’une part parce que la production annoncée précédemment n’a pas été tenue par exemple concernant le paracétamol et bien d’autres et surtout parce que pour nombre de médicaments les principes actifs viennent de Chine et continueront de l’être.

L’accent sera mis sur cette cinquantaine de produits dont la production devra donc être «absolument (…) relocalisée» en France. Mais le gouvernement a identifié une liste de 450 médicaments au total qui sont jugés «essentiels» et «sur lesquels on n’a pas le droit d’avoir de faiblesse». «Dans les mois et les années qui viennent on doit absolument sécuriser les chaînes (de production de ces 450 médicaments essentiels), soit en relocalisant totalement soit en diversifiant et en continuant d’innover», a précisé Emmanuel Macron. La liste exhaustive devait être communiquée mardi après-midi par le ministre de la Santé, François Braun.

Ces annonces interviennent alors que l’année 2022 a été marquée par de nombreux manques, alors que plus de 3500 molécules ont été en rupture de stock ou en risque de rupture l’an dernier. Selon l’étude BVA réalisée pour France Assos Santé en mars 2023, 37% des Français ont été confrontés à des pénuries en pharmacie, souligne ainsi l’Élysée. La situation devrait rester tendue un moment, a prévenu le chef de l’État : «On aura encore des situations d’urgence dans les prochains mois et les prochaines années», a-t-il mis en garde.

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