Archive pour le Tag 'médicale'

L’abandon de l’aide médicale d’Etat serait indigne

L’abandon de l’aide médicale d’Etat serait indigne

Céline Lis-Raoux, fondatrice de l’association RoseUp, dénonce, dans une tribune au « Monde », la volonté de Marine Le Pen d’abolir l’AME destinée aux étrangers en situation irrégulière. Refuser cette aide nous exposerait tous et serait contraire au respect de la dignité de chacun.

 

Si la régulation de l’immigration paraît effectivement nécessaire par contre le refus de traiter des malades même situation irrégulière serait aussi indigne que de refuser par exemple les soins à des sans-logis ne cotisant pas à la sécurité sociale NDLR

 

Tribune.

 

 En politique comme dans la vie, il faut se méfier de ceux qui professent qu’ôter un droit à autrui en ajouterait un nouveau à soi-même. Ceux-là imaginent sans doute que la société est pareille à un tableau Excel, où soustraire une colonne ferait croître sa voisine d’autant…

Mais la société n’est pas un logiciel de calcul, elle est un corps vivant où chaque individu (qui signifie « indivisible ») est intimement lié, entrelacé à ses voisins. Notre langue ne dit pas autre chose lorsqu’elle parle de « corps social ». C’est vrai, dans un fichier comptable on déduit, on « retranche » aisément. Dans un corps, trancher une oreille n’a jamais fait repousser un orteil…

Ce corps social existe encore plus, et pourrait-on dire « viscéralement », en santé : il y est l’expression d’une réalité biologique. Nous croisons dans la rue, dans les transports en commun, au travail, durant nos loisirs, des femmes et des hommes dont nous ne savons pas s’ils sont français, étrangers, en situation régulière ou pas : le simple fait de respirer le même air lie notre destin à celui de milliers d’inconnus. Aucune idéologie, ici, juste la loi du vivant.

Comment, dès lors, refuser à une seule cellule de ce corps social l’accès aux soins ? Le faire nous exposerait tous. C’est cette idée qui a prévalu, en 2000, à la création de l’aide médicale d’Etat (AME), ouvrant aux personnes en situation irrégulière l’accès aux soins médicaux essentiels. Ses bénéficiaires, très pauvres (les deux tiers sont en « précarité alimentaire »), se trouvent particulièrement exposés en raison de leurs conditions de vie : la prévalence de maladies comme la tuberculose, les hépatites, le VIH est bien plus élevée que la moyenne.

Conçue pour protéger le corps social en son entier (qui a envie que la tuberculose circule à un niveau élevé en France ?), l’AME est vite devenue un totem pour les droites. Accusée d’encourager l’assistanat, d’attirer des immigrés désireux de se faire soigner gratis, voire de permettre à des « Géorgiennes de se faire payer des chirurgies esthétiques », comme le disait Stanislas Guerini en 2019, avant de se rétracter.

Les totems ne sont que des chimères issues de notre imagination. Eriger un fantasme en bois, en pierre ou en paroles ne le rend pas plus réel. La vérité : l’AME est réservée aux étrangers présents clandestinement depuis plus de trois mois (après échéance du visa touristique de trois mois).

Quel malade grave entreprendrait un long voyage et attendrait ensuite au moins six mois avant d’être pris en charge ? Les chiffres de l’Assurance-maladie sont éloquents : seuls 51 % des possibles bénéficiaires ont recours à l’AME. Pourquoi ? La plupart en ignorent l’existence ou, s’ils la connaissent, hésitent à se rendre à l’hôpital de peur d’être arrêtés puis expulsés.

Recherche médicale :Une exposition médiatique malsaine

 

Dans une tribune au « Monde », l’épidémiologiste Marcel Goldberg répond à une autre tribune publiée dans notre journal qui critiquait des travaux auxquels il a pris part sur le Covid long. Il estime que les règles habituelles du débat scientifique argumenté ne sont pas respectées.

 

Tribune. 

 

Dans une tribune publiée dans Le Monde du 23 novembre dernier, intitulée « Le Covid long est-il vraiment une maladie imaginaire ? », un groupe composé majoritairement de médecins universitaires met gravement en cause un article publié dans la revue JAMA Internal Medicine qui suggère que les symptômes physiques persistants après une infection par le SARS-CoV-2 pourraient être associés davantage à la conviction d’avoir eu un épisode de Covid-19 qu’à une infection par le coronavirus. Selon les auteurs de cette tribune, l’article « accumule les erreurs méthodologiques », « n’apporte aucune information utilisable sur le Covid long » et empile les « ignorances ».

 

Je suis moi-même un des coauteurs de l’article incriminé, mais ce n’est pas en tant que tel que j’écris aujourd’hui. Je le fais car je suis profondément choqué par la façon dont ces collègues ont jugé bon de faire connaître leurs critiques concernant notre travail. Je ne conteste évidemment pas le fait d’émettre des critiques, même très sévères, sur une recherche. La controverse fait en effet partie inhérente de la démarche scientifique. Elle est source de progrès et d’amélioration des connaissances, nul n’étant à l’abri d’erreurs dans la conduite d’une recherche, et la critique constructive, basée sur des arguments scientifiques, permet souvent de faire avancer les connaissances.

 

Mais il existe dans le monde de la recherche des règles quant à la façon de débattre. Lorsqu’un scientifique formule des critiques sur un article publié, la manière qui fait habituellement consensus est l’envoi d’une « lettre à l’éditeur » de la revue dans laquelle est paru l’article controversé. La revue publie cette critique si elle la juge scientifiquement argumentée et publie la réponse des auteurs de l’article. Ainsi, les lecteurs de la revue peuvent juger de façon transparente des arguments scientifiques exposés par les uns et les autres. J’ajoute que cette procédure est parfois aussi une opportunité pour les auteurs de l’article initial de fournir des données complémentaires qui n’ont pas pu être exposées dans un premier temps en raison des contraintes d’espace imposées par les revues scientifiques.

Ce n’est pas la voie qu’ont choisie les auteurs de cette tribune du Monde qui, contrairement aux règles universellement adoptées par la communauté scientifique, ont préféré utiliser le canal d’un journal destiné au grand public, alors qu’ils sont eux-mêmes des scientifiques inévitablement au fait de ces règles. Je dois dire qu’en plus de quarante ans de recherche, portant sur des sujets parfois très sensibles sur le plan sociétal (amiante, champs électromagnétiques, téléphones portables, notamment), je n’avais encore jamais été confronté de la part de collègues du monde académique à une remise en cause publique des résultats des travaux auxquels j’ai été associé en dehors de toutes les règles de la discussion scientifique.

Une désertification médicale croissante

Une désertification médicale croissante

Un article de Anne Bayle-Iniguez dans l’Opinion dénonce la désertification médicale croissante (extrait)

 

Selon l’Association des maires ruraux de France, le nombre de cantons dépourvus de médecins est passé de 91 en 2010 à 148 en 2017. Neuf millions de Français sont dépourvus de médecin traitant.

Si le problème de la désertification médicale n’est pas nouveau, le phénomène s’est amplifié ces dernières années au point de provoquer des tensions sanitaires aiguës. «  Les difficultés d’accès aux soins sont croissantes dans les départements les moins urbanisés, ceux à la densité médicale la plus faible et aux professionnels les plus âgés, je le ressens dans mon exercice  », confirme le docteur Jean-Marcel Mourgues, généraliste à Pujols (Lot-et-Garonne) et vice-président du Conseil national de l’ordre des médecins (CNOM).

A Montluçon, dans l’Allier, cinq bénévoles ont ouvert un centre de santé en septembre 2020, déjà menacé de fermeture après le départ de plusieurs médecins, pourtant salariés à hauteur de 5 000 euros net par mois pour 35 heures de travail hebdomadaire. «  7 000 patients vont se retrouver sur le carreau, soupire Gérard Gardrat, président amer de l’Association gestionnaire de la structure. Nous essayons de trouver des solutions mais ce n’est pas notre job, c’est celui des élus et des pouvoirs publics.  »

A Fougerolles (Haute-Saône), le docteur Elisabeth Aubry-Boco, gynécologue libérale de 63 ans a annoncé fin avril qu’elle «  rend[ait] sa blouse  », fatiguée des tracasseries administratives de la caisse primaire d’assurance-maladie et du fait de travailler seule, «  avec la responsabilité d’une patientèle de plus de 7 000 femmes  ». «  La France rurale est maltraitée  », écrit-elle dans une lettre ouverte.

La situation est suffisamment grave pour que Matignon se saisisse du dossier. Afin de donner de la matière à penser aux parlementaires avant l’examen du projet de la loi «  4D  » (différenciation, décentralisation, déconcentration, décomplexification) de la ministre de la Cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales Jacqueline Gourault, Jean Castex a chargé Jean-Pierre Cubertafon de plancher sur les enjeux de la ruralité en se focalisant sur la lutte contre la désertification médicale.

Plutôt que ressasser des vieilles recettes un temps efficaces mais aujourd’hui insuffisantes (maisons de santé pluridisciplinaires, médecine salariée), le député MoDem de Dordogne s’intéresse à la notion de médecine foraine. Le concept : déplacer le médecin généraliste au plus près des patients, par des demi-journées travaillées dans des cabinets médicaux secondaires, mis à disposition par les mairies. Une idée loin de faire consensus dans le corps médical mais qui n’est pas sans déplaire au docteur Jean-Paul Ortiz, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), pour qui «  les maires doivent abandonner l’idée d’avoir un médecin au pied de chaque clocher  ». Autre mesure dans l’air du temps : ajouter une année d’études professionnalisante aux étudiants en médecine générale, avec stage obligatoire dans les déserts médicaux !

Nombre de patients poussent de longue date pour «  casser ce cercle vicieux  » de docteurs qui posent leurs valises là où d’autres confrères ont déjà ouvert boutique. L’association sarthoise de citoyens contre les déserts médicaux a même déposé à la mi-mai un recours devant le Conseil d’Etat. «  Quels soins apporte-t-on aux laissés-pour-compte de la médecine, à ceux qui n’ont pas vu de généraliste depuis deux ou trois ans, tempête le docteur Laure Artru, iconoclaste rhumatologue du Mans qui a rejoint ses patients dans cette bataille. Les syndicats professionnels ont eu tout le temps de réorganiser la médecine libérale. Rien n’a changé en quarante ans. L’Etat doit faire ce que les médecins ont refusé de faire : réguler selon les besoins des patients.  »

Juste avant la crise, fin 2019, une note de Bercy évoquait déjà une «  adaptation temporaire à court terme  », «  de façon progressive et en étroite concertation avec les médecins  » de la liberté d’installation. Un vade-mecum anti déserts médicaux qui avait fait scandale dans le petit monde de la santé et qui pourrait bien, à un an de la présidentielle, refaire surface.

« La concurrence médicale entre Etats aggrave la crise sanitaire »

« La concurrence médicale entre Etats aggrave la crise sanitaire »

Dans une tribune au « Monde », la juriste Laurence Folliot Lalliot, professeure de droit public ,  dénonce la compétition sans merci à laquelle se livrent certains gouvernements pour récupérer des masques et autres produits de santé, se retrouvant liés à des intermédiaires peu scrupuleux.

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La pénurie de respirateurs, masques et autres tests a créé une situation inédite de concurrence entre les pays, et même au sein des Etats entre les acheteurs publics, tels que les municipalités ou les structures hospitalières.

Plus question d’appels d’offres transparents, les délais en sont trop lents, les procédures trop rigides. Partout sur la planète, l’heure est à la négociation directe, aux marchés de gré à gré, instruments utiles dans les situations d’urgence sanitaire, mais qui s’accompagnent souvent d’un cortège prévisible de favoritisme, malversations, et surfacturations, porteurs de futurs contentieux.

Ce constat a été dressé lors d’un colloque en ligne, « Public Contracts and the Covid-19 Coronavirus », qui a réuni le 23 mars des spécialistes de la commande publique de plusieurs pays, sous la houlette des professeurs Christopher R. Yukins (George Washington University) et Gabriella Racca (université de Turin). Les participants ont décrit une véritable course aux lots de matériels hospitaliers et sanitaires, notamment à travers des sites d’enchères en ligne sur lesquels les centrales d’achats mais aussi les grands acheteurs publics se positionnent, prêts à bondir sur les offres postées par les entreprises.

Les fournisseurs exigent des avances

Les logiques de l’achat public s’inversent : les vendeurs se retrouvent en position dominante pour fixer les prix et les acheteurs sont en concurrence entre eux. Les prix s’envolent, les achats doivent être approuvés très rapidement, faisant fi des mécanismes administratifs traditionnels d’approbation. Un marché important a ainsi été manqué par une grande ville de Californie parce que le responsable des achats avait mis plus d’une heure à délivrer son autorisation.

Des avances financières sont exigées par les fournisseurs même dans les pays qui ne les pratiquent pas en principe. Des commandes publiques lancées il y a déjà plusieurs semaines, alors que la crise sanitaire s’annonçait, ne sont plus honorées, les vendeurs trouvant de nouveaux acquéreurs prêts à payer un prix bien supérieur.

« Cet état de surchauffe de la demande est aggravé par les intermédiaires qui spéculent sur la pénurie »

En temps normal, la question qui agite les spécialistes de la commande publique internationale porte sur l’accès des entreprises étrangères aux marchés publics nationaux. Désormais, la problématique s’inverse : les acheteurs publics nationaux vont-ils arriver à se fournir dans d’autres pays quand leur production intérieure est insuffisante, voire inexistante ?

 




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