Archive pour le Tag 'McKinsey'

McKinsey et conflits d’intérêt dans le conseil

McKinsey et  conflits d’intérêt dans le conseil

 

Dans sa dernière émission, le programme d’investigation Cash Investigation révélait certains conflits d’intérêts existant entre le gouvernement français et les cabinets de conseil, en particulier McKinsey & Co. Mais l’ampleur de ces conflits d’intérêts dépasse ce que dévoile l’émission. Les sociétés de conseil sont depuis longtemps critiquées pour leur intervention auprès des gouvernements. Des journalistes d’investigation et des universitaires ont signalé l’influence croissante de ces sociétés sur les administrations publiques, en citant des cas tels que les dépenses quotidiennes allant jusqu’à 1 million de livres pour des consultants privés dans le cadre du service britannique Covid-19 Test-and-Trace, ou les 10,7 millions d’euros de contrats payés à McKinsey & Co par le gouvernement français au cours de la même crise. Concernant McKinsey, l’enquête sur le recours excessif du gouvernement français à ce cabinet a donné lieu à un rapport du Sénat et, finalement, à un scandale baptisé le McKinsey Gate. Le 18 septembre 2024, la journaliste Élise Lucet a mis le sujet sur le devant de la scène dans son émission Cash Investigation. L’épisode a mis l’accent sur les liens entre McKinsey et la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron en 2017, ainsi que sur les allégations de fraude et d’évasion fiscale. Cash Investigation est une émission de télévision célèbre – ou tristement célèbre, si l’on est le sujet d’un épisode – pour ses plongées en profondeur dans les controverses autour d’entreprises et de personnalités politiques. Animée par la journaliste d’investigation Élise Lucet, l’émission a révélé une myriade de scandales, qu’il s’agisse de fraude environnementale ou fiscale. Dans cet épisode, Élise Lucet a entrepris de démêler le réseau d’influence que McKinsey aurait tissé pendant l’ascension d’Emmanuel Macron à la présidence.

 

par 

Professeur associé en Stratégie, EM Lyon Business School dans The Conversation 

Les consultants qui ont pris le temps de regarder l’émission n’ont pas été impressionnés. « J’ai trouvé cela nul », a par exemple exprimé un ancien consultant en stratégie sur les réseaux sociaux, résumant l’indifférence ressentie par de nombreux acteurs du secteur. Pour les consultants, les critiques entourant le financement de la campagne présidentielle de 2017 restent limitées à la relation entre le président français Emmanuel Macron et Karim Tadjeddine, l’associé de McKinsey qui gérait la relation du cabinet avec le gouvernement français. De même, les accusations de fraude et d’évasion fiscale ont été considérées comme des problèmes limités aux pratiques financières de McKinsey, plutôt que comme quelque chose qui impliquait nommément des consultants.

Comme nous l’expliquait par e-mail un senior manager qui travaille pour le secteur public, l’angle d’attaque d’Élise Lucet est « une critique plutôt éculée ». Le secteur du conseil connaissant une croissance annuelle d’au moins 10 %, les consultants affirment qu’ils ne font que répondre à la demande. Selon un initié travaillant pour l’un de ces cabinets de conseil en stratégie, Élise Lucet manque la vraie cible : critiquer les consultants alors que la faute incombe au gouvernement français, qui a mal géré le recours à leurs services.

Cependant, des critiques plus générales s’élèvent contre le fait que les sociétés de conseil auraient perdu leur éthique professionnelle. Le journaliste d’investigation Duff McDonald, dans son livre de 2014 sur McKinsey, a soutenu que le cabinet s’est éloigné des normes éthiques établies par son fondateur, Marvin Bower, dans les années 1950, qui a inventé le conseil en management en imitant la profession d’avocat. Tandis que le cabinet de conseil s’est d’abord consacré à travailler dans l’intérêt premier de ses clients, dans les années 1990, l’intérêt a glissé vers celui de la maximisation des profits des associés du cabinet.

Cette évolution a donné lieu à une longue série de scandales impliquant de la corruption, des travaux contraires à l’éthique et des conflits d’intérêts. D’autres cabinets de conseil, comme Bain & Co. ou BCG ont également connu leur lot de scandales. En 2022, Bain & Co. s’est vu interdire de répondre à des appels d’offres pour des contrats du gouvernement sud-africain en raison de son rôle dans un scandale de mainmise sur l’État, et BCG a récemment admis un scandale de corruption en Angola et a accepté de renoncer à 14 millions de dollars de bénéfices.

Si le documentaire Cash Investigation met en lumière les liens d’Emmanuel Macron avec McKinsey et souligne les dépenses excessives du gouvernement français, il n’accorde que peu d’attention à une distinction cruciale : contrairement aux élus, qui sont responsables devant le public, les consultants opèrent dans la sphère privée, motivés par des intérêts financiers qui ne s’alignent pas toujours sur la responsabilité du gouvernement d’assurer le bien-être social. Ce conflit d’intérêts potentiel jette des doutes sur l’objectivité et la fiabilité des consultants dans l’élaboration des politiques.

Un examen plus approfondi des scandales récents auxquels les sociétés de conseil en stratégie ont été confrontées en conseillant les gouvernements révèle quatre types de conflits d’intérêts.

  • Intérêts personnels et relations

Les intérêts financiers et non financiers des consultants peuvent souvent influencer leurs actions et leur jugement. Comme l’a révélé Cash Investigation, les liens de Karim Tadjeddine avec le parti de Macron ont permis à McKinsey de s’implanter solidement dans le processus décisionnel du gouvernement. Cela a non seulement fait progresser la carrière de Tadjeddine en tant que responsable du département secteur public de McKinsey, mais a également mis en évidence un conflit plus profond, où les consultants établissent des relations ou se rapprochent de réseaux essentiels pour s’assurer des contrats, des primes ou d’autres récompenses à l’avenir.

L’une des formes les plus courantes pour de tels conflits est le travail bénévole souvent effectué par les sociétés de conseil, dont Cash Investigation a révélé qu’il s’agissait d’un outil utilisé par Tadjeddine pour nouer des relations qui ont ensuite débouché sur des contrats rentables.

  • Travailler avec des clients et des missions contradictoires

Les cabinets de conseil se retrouvent souvent à conseiller des clients ayant des intérêts contradictoires. L’implication de McKinsey dans la crise des opioïdes est un exemple frappant de ce problème récurrent. Le cabinet a fourni des conseils stratégiques à la fois à des fabricants d’opioïdes comme Purdue Pharma et à la Food and Drug Administration (FDA), qui réglemente le marché des opioïdes aux États-Unis. Une enquête de la Chambre des représentants a révélé que McKinsey n’avait pas divulgué ces conflits d’intérêts pendant une période de dix ans, ce qui a eu un impact sur 37 contrats de la FDA pour un coût de plus de 65 millions de dollars.

Bien que Cash Investigation n’ait pas abordé la question du chevauchement des contrats, il est probable que des conflits similaires existent en France, où le travail de McKinsey avec des clients publics et privés soulève des inquiétudes. Selon le Sénat, ceux qui conseillent le gouvernement sont légalement tenus de déclarer les conflits d’intérêts potentiels, mais McKinsey n’a, dans la plupart des cas, pas soumis ces déclarations.

  • Une entreprise tournée avant tout sur les affaires

Les sociétés de conseil peuvent privilégier le profit au détriment du bien public, comme l’illustre l’interdiction faite à Bain & Co de travailler pour le gouvernement sud-africain pendant dix ans (et en réaction, pendant trois ans au Royaume-Uni). La société a été impliquée dans des allégations de mainmise sur l’État après avoir restructuré l’administration fiscale sud-africaine et centralisé les procédures de passation de marchés.

Dans une affaire très médiatisée, la South African Government Commission a estimé que Bain & Co avait agi illégalement en s’associant à des entreprises privées pour manipuler les procédures gouvernementales et façonner les politiques en leur faveur. Cette affaire met en lumière un problème crucial négligé par Cash Investigation : les consultants privés poursuivent souvent des intérêts financiers qui entrent en conflit avec la responsabilité du gouvernement de servir le bien public. Lorsque des entreprises comme Bain & Co travaillent pour des gouvernements, ces motivations axées sur le profit peuvent compromettre les objectifs de bien social.

  • Le phénomène des « portes tournantes »

Un autre conflit d’intérêts courant consiste à tirer parti de relations personnelles au sein du gouvernement pour influencer les décisions. Cette question, largement négligée dans Cash Investigation, est importante : environ 1 % des employés de McKinsey en France ont précédemment occupé des postes de haut niveau au sein du gouvernement français, et plusieurs anciens consultants de McKinsey ont accédé à des fonctions gouvernementales. Dans un secteur où les réseaux créent des opportunités, ces « portes tournantes » entre les sociétés de conseil et le gouvernement soulève de sérieuses inquiétudes quant à l’impartialité des acteurs impliqués.

Un exemple notable en dehors de la France est le rôle du cabinet Deloitte dans le programme britannique Covid-19 Test and Trace, tel que détaillé dans l’ouvrage The Big Con. Les liens étroits de Deloitte avec les représentants du gouvernement, y compris la ministre Chloe Smith – qui travaillait auparavant pour Deloitte – ont probablement permis d’accélérer la signature d’un contrat de 279,5 millions de livres sterling avec l’entreprise pendant la pandémie.

Dans sa tentative de dévoiler les relations entre McKinsey et le gouvernement français, Cash Investigation ne parvient pas à aborder des questions plus profondes. L’émission n’explique pas complètement comment les consultants sont devenus des acteurs invisibles au sein des gouvernements, ce qui affaiblit la transparence nécessaire au fonctionnement démocratique. Le documentaire minimise également l’ampleur des conflits d’intérêts, qui sont bien plus répandus qu’il ne le montre. Si l’ancien ministre de la Transformation et de la Fonction publique, Stanislas Guerini, explique dans le documentaire qu’il a évité le recours à du travail bénévole à la suite des enquêtes du Sénat, il soulève la question suivante : pourquoi se concentrer sur une seule forme de conflit d’intérêts alors qu’il y en a beaucoup d’autres en jeu ?

IA : les entreprises vont dans le mur ! ( McKinsey )

IA : les entreprises vont dans le mur  ! ( McKinsey )

Le cabinet de conseil constate que les milliers de tests qu’ont lancés les entreprises depuis plus d’un an sur des cas d’usage s’avèrent peu rentables. L’expert IA de McKinsey recommande une nouvelle approche du sujet. Parmi les cas d’usage de l’IA largement testés dans les entreprises, l’optimisation automatique de la gestion des énormes bases de données.( infos des « Echos »)

 

Quinze mois après ChatGPT, l’histoire de l’IA réclame une première encyclique. C’est la conviction de McKinsey, qui voit trop d’entreprises s’embourber dans leur ruée vers l’intelligence artificielle générative. « Moins de 10 % ont vu un effet sur plus de 20 % de leur Ebit », prévient Stéphane Bout, le patron de QuantumBlack.

Voilà pourquoi la filiale logiciel du cabinet de conseil, armée de 1.200 experts des données, annonce aux « Echos » lancer une nouvelle offre d’accompagnement sur l’IA qui tire les leçons d’un an et demi d’expérience à leurs côtés. Avec un mot d’ordre : arrêter les expérimentations à tout bout de champ et se concentrer sur deux ou trois chantiers approfondis.

Politique- L’ affaire McKinsey et le financement de Macron rebondit

Politique- L’ affaire McKinsey et le financement de Macron rebondit

D’après la cellule d’investigation de Radio France, une dizaine de consultants de McKinsey auraient participé à la campagne d’Emmanuel Macron en 2017. Dans une enquête parut le 4 avril, de nouveaux témoignages sont rendus publics. L’enquête de la cellule investigation de Radio France révèle aussi que des perquisitions ont eu lieu chez l’un des dirigeants de McKinsey et chez un ancien proche collaborateur d’Emmanuel Macron.

En octobre dernier, deux informations judiciaires ont été ouvertes par le Parquet National financier. La première porte sur des soupçons de financement illégal de la campagne d’Emmanuel Macron. Des consultants du cabinet de conseil McKinsey sont suspectés d’avoir travaillé gratuitement pour le candidat alors que leurs prestations auraient dû être rémunérées.

La deuxième information judiciaire porte quant à elle sur des soupçons de favoritisme pour déterminer si McKinsey a obtenu, en échange de ses prestations, des contrats publics.

Le Sénat a révélé le 17 mars que les contrats de l’Etat avec ces cabinets avaient « plus que doublé » entre 2018 et 2021, atteignant un record de plus d’un milliard d’euros en 2021.

L’ affaire McKinsey et le financement de Macron rebondit

L’ affaire McKinsey et le financement de Macron rebondit

D’après la cellule d’investigation de Radio France, une dizaine de consultants de McKinsey auraient participé à la campagne d’Emmanuel Macron en 2017. Dans une enquête parut le 4 avril, de nouveaux témoignages sont rendus publics. L’enquête de la cellule investigation de Radio France révèle aussi que des perquisitions ont eu lieu chez l’un des dirigeants de McKinsey et chez un ancien proche collaborateur d’Emmanuel Macron.

En octobre dernier, deux informations judiciaires ont été ouvertes par le Parquet National financier. La première porte sur des soupçons de financement illégal de la campagne d’Emmanuel Macron. Des consultants du cabinet de conseil McKinsey sont suspectés d’avoir travaillé gratuitement pour le candidat alors que leurs prestations auraient dû être rémunérées.

La deuxième information judiciaire porte quant à elle sur des soupçons de favoritisme pour déterminer si McKinsey a obtenu, en échange de ses prestations, des contrats publics.

Le Sénat a révélé le 17 mars que les contrats de l’Etat avec ces cabinets avaient « plus que doublé » entre 2018 et 2021, atteignant un record de plus d’un milliard d’euros en 2021.

Affaire McKinsey et Macron: enquête et perquisition au siège de « Renaissance »

Affaire McKinsey et Macron: enquête et perquisition au siège de « Renaissance »

L’affaire McKinsey avait révélé que la société de conseil avait bénéficié d’une multitude de contrats avec l’État et d’une sorte de gratuité fiscale puisque la société n’a pas payé d’impôt depuis 10 ans. Or le montant des contrats se montait à la somme astronomique d’un milliard. Il y a aussi la suspicion d’un financement de la dite société pour les campagnes électorales de Macron.

Des perquisitions ont été menées au siège parisien du cabinet de conseil McKinsey, mais aussi à celui du parti Renaissance, dans le cadre des deux enquêtes ouvertes par le parquet national financier (PNF) sur l’intervention des cabinets de conseil dans les campagnes présidentielles de 2017 et 2022. Le quotidien précise que les locaux de l’association de financement du parti de la majorité présidentielle ont également fait l’objet d’une perquisition.

Le PNF a confirmé la tenue de ces perquisitions . Les deux informations judiciaires, ouvertes par le PNF à la fin du mois d’octobre pour « tenue non conforme de compte de campagne et minoration d’éléments comptable dans un compte de campagne », ainsi que « favoritisme », cherchent à déterminer si des cabinets de conseil comme McKinsey ont pu bénéficier de contrats publics en échange de la participation de certains de leurs employés aux campagnes présidentielles d’Emmanuel Macron.

Une affaire qui dégage un certain parfum du premier financement de la campagne de Macron en 2017 .Pour justifier cette dépense de plus d’un milliard d’euros, il faudrait que l’État ait mobilisé des milliers et des milliers de consultants puisque l’essentiel des prestations relève du soft et non de la fourniture d’investissements matériels.

Dans leur rapport explosif sur l’influence croissante des cabinets de conseil dans l’Hexagone, publié en pleine campagne présidentielle, les sénateurs Éliane Assasi et Arnaud Bazin (CRCE et LR) affirmaient que le cabinet américain échappait à l’impôt sur les sociétés (IS) en France. S’il y était théoriquement bien assujetti, «ses versements s’établissent à zéro euro depuis au moins 10 ans», concluait la commission, décrivant la situation comme un «exemple caricatural d’optimisation fiscale». Or, ce constat était contraire aux propos «tenus sous serment» par le directeur associé du cabinet, Karim Tadjeddine : mi-janvier, celui-ci assurait «nous payons l’impôt sur les sociétés en France et l’ensemble des salaires sont dans une société de droit français qui paie ses impôts en France».

Fin mars, quelques semaines après la publication du rapport, la commission d’enquête avait donc annoncé saisir la justice pour, précisément, «faux témoignage devant la commission d’enquête», de la part du directeur associé du cabinet. De son côté, l’entreprise a toujours réfuté ces accusations, assurant payer l’impôt dû.

Plus largement, au-delà du simple volet fiscal qui ne concerne que McKinsey, le Sénat compte bien s’occuper du sujet de fond du recours aux cabinets de conseil par l’État. Une proposition de loi transpartisane, réunissant notamment les membres de la commission d’enquête, doit être déposée «fin juin». Objectif : «qu’elle soit examinée par le Sénat à l’automne prochain» et qu’elle permette de mieux encadrer le recours à ces entités privées. En attendant, le parquet national financier (PNF) poursuit son enquête visant le «statut fiscal» de McKinsey en France, ouverte fin mars.

Relations entre Macron et Affaire McKinsey : Une enquête de la justice

Relations entre Macron et Affaire McKinsey : Une enquête de la justice


La justice à travers le parquet national financier confirme qu’il y aura bien une enquête sur les liens entre le cabinet de conseil McKinsey et les campagnes électorales de Macron de 2017 et 2022. »Suite à plusieurs signalements et plaintes d’élus et de particuliers, une information judiciaire a été ouverte le 20 octobre 2022, notamment des chefs de tenue non conforme de comptes de campagne et minoration d’éléments comptables dans un compte de campagne, portant sur les conditions d’intervention de cabinets de conseils dans les campagnes électorales de 2017 et 2022″, explique entre autres le parquet national financier ce jeudi soir.

La justice a déjà enquêté dans les locaux de McKinsey et plus spécifiquement sur l’aspect fiscal du dossier.

Le cabinet McKinsey est bien assujetti à l’impôt sur les sociétés (IS) en France mais ses versements s’établissent à zéro euro depuis au moins 10 ans», concluait le rapport du sénat.

Une affaire qui dégage un certain parfum de scandale .Pour justifier les contrat passés par l’Etat de plus d’un milliard d’euros avec McKinsey, il faudrait que l’État ait mobilisé des milliers et des milliers de consultants puisque l’essentiel des prestations relève du soft et non de la fourniture d’investissements matériels.

Dans leur rapport explosif sur l’influence croissante des cabinets de conseil dans l’Hexagone, publié en pleine campagne présidentielle, les sénateurs Éliane Assasi et Arnaud Bazin (CRCE et LR) affirmaient que le cabinet américain échappait à l’impôt sur les sociétés (IS) en France. S’il y était théoriquement bien assujetti, «ses versements s’établissent à zéro euro depuis au moins 10 ans», concluait la commission, décrivant la situation comme un «exemple caricatural d’optimisation fiscale». Or, ce constat était contraire aux propos «tenus sous serment» par le directeur associé du cabinet, Karim Tadjeddine : mi-janvier, celui-ci assurait «nous payons l’impôt sur les sociétés en France et l’ensemble des salaires sont dans une société de droit français qui paie ses impôts en France».

Fin mars, quelques semaines après la publication du rapport, la commission d’enquête avait donc annoncé saisir la justice pour, précisément, «faux témoignage devant la commission d’enquête», de la part du directeur associé du cabinet. De son côté, l’entreprise a toujours réfuté ces accusations, assurant payer l’impôt dû.

Plus largement, au-delà du simple volet fiscal qui ne concerne que McKinsey, le Sénat compte bien s’occuper du sujet de fond du recours aux cabinets de conseil par l’État. . En attendant, le parquet national financier (PNF) poursuit son enquête visant le «statut fiscal» de McKinsey en France, ouverte fin mars.

Affaire Macron – McKinsey : Une enquête de la justice

Affaire Macron – McKinsey : Une enquête de la justice

La justice à travers le parquet national financier confirme qu’il y aura bien une enquête sur les liens entre le cabinet de conseil McKinsey et les campagnes électorales de Macron de 2017 et 2022. »Suite à plusieurs signalements et plaintes d’élus et de particuliers, une information judiciaire a été ouverte le 20 octobre 2022, notamment des chefs de tenue non conforme de comptes de campagne et minoration d’éléments comptables dans un compte de campagne, portant sur les conditions d’intervention de cabinets de conseils dans les campagnes électorales de 2017 et 2022″, explique entre autres le parquet national financier ce jeudi soir.

La justice a déjà enquêté dans les locaux de McKinsey et plus spécifiquement sur l’aspect fiscal du dossier.

Le cabinet McKinsey est bien assujetti à l’impôt sur les sociétés (IS) en France mais ses versements s’établissent à zéro euro depuis au moins 10 ans», concluait le rapport du sénat.

Une affaire qui dégage un certain parfum de scandale .Pour justifier les contrat passés par l’Etat de plus d’un milliard d’euros avec McKinsey, il faudrait que l’État ait mobilisé des milliers et des milliers de consultants puisque l’essentiel des prestations relève du soft et non de la fourniture d’investissements matériels.

Dans leur rapport explosif sur l’influence croissante des cabinets de conseil dans l’Hexagone, publié en pleine campagne présidentielle, les sénateurs Éliane Assasi et Arnaud Bazin (CRCE et LR) affirmaient que le cabinet américain échappait à l’impôt sur les sociétés (IS) en France. S’il y était théoriquement bien assujetti, «ses versements s’établissent à zéro euro depuis au moins 10 ans», concluait la commission, décrivant la situation comme un «exemple caricatural d’optimisation fiscale». Or, ce constat était contraire aux propos «tenus sous serment» par le directeur associé du cabinet, Karim Tadjeddine : mi-janvier, celui-ci assurait «nous payons l’impôt sur les sociétés en France et l’ensemble des salaires sont dans une société de droit français qui paie ses impôts en France».

Fin mars, quelques semaines après la publication du rapport, la commission d’enquête avait donc annoncé saisir la justice pour, précisément, «faux témoignage devant la commission d’enquête», de la part du directeur associé du cabinet. De son côté, l’entreprise a toujours réfuté ces accusations, assurant payer l’impôt dû.

Plus largement, au-delà du simple volet fiscal qui ne concerne que McKinsey, le Sénat compte bien s’occuper du sujet de fond du recours aux cabinets de conseil par l’État. . En attendant, le parquet national financier (PNF) poursuit son enquête visant le «statut fiscal» de McKinsey en France, ouverte fin mars.

Macron et Affaire McKinsey : Une enquête de la justice

Macron et Affaire McKinsey : Une enquête de la justice

La justice à travers le parquet national financier confirme qu’il y aura bien une enquête sur les liens entre le cabinet de conseil McKinsey et les campagnes électorales de Macron de 2017 et 2022. »Suite à plusieurs signalements et plaintes d’élus et de particuliers, une information judiciaire a été ouverte le 20 octobre 2022, notamment des chefs de tenue non conforme de comptes de campagne et minoration d’éléments comptables dans un compte de campagne, portant sur les conditions d’intervention de cabinets de conseils dans les campagnes électorales de 2017 et 2022″, explique entre autres le parquet national financier ce jeudi soir.

La justice a déjà enquêté dans les locaux de McKinsey et plus spécifiquement sur l’aspect fiscal du dossier.

Le cabinet McKinsey est bien assujetti à l’impôt sur les sociétés (IS) en France mais ses versements s’établissent à zéro euro depuis au moins 10 ans», concluait le rapport du sénat.

Une affaire qui dégage un certain parfum de scandale .Pour justifier les contrat passés par l’Etat de plus d’un milliard d’euros avec McKinsey, il faudrait que l’État ait mobilisé des milliers et des milliers de consultants puisque l’essentiel des prestations relève du soft et non de la fourniture d’investissements matériels.

Dans leur rapport explosif sur l’influence croissante des cabinets de conseil dans l’Hexagone, publié en pleine campagne présidentielle, les sénateurs Éliane Assasi et Arnaud Bazin (CRCE et LR) affirmaient que le cabinet américain échappait à l’impôt sur les sociétés (IS) en France. S’il y était théoriquement bien assujetti, «ses versements s’établissent à zéro euro depuis au moins 10 ans», concluait la commission, décrivant la situation comme un «exemple caricatural d’optimisation fiscale». Or, ce constat était contraire aux propos «tenus sous serment» par le directeur associé du cabinet, Karim Tadjeddine : mi-janvier, celui-ci assurait «nous payons l’impôt sur les sociétés en France et l’ensemble des salaires sont dans une société de droit français qui paie ses impôts en France».

Fin mars, quelques semaines après la publication du rapport, la commission d’enquête avait donc annoncé saisir la justice pour, précisément, «faux témoignage devant la commission d’enquête», de la part du directeur associé du cabinet. De son côté, l’entreprise a toujours réfuté ces accusations, assurant payer l’impôt dû.

Plus largement, au-delà du simple volet fiscal qui ne concerne que McKinsey, le Sénat compte bien s’occuper du sujet de fond du recours aux cabinets de conseil par l’État. . En attendant, le parquet national financier (PNF) poursuit son enquête visant le «statut fiscal» de McKinsey en France, ouverte fin mars.

Scandale McKinsey : le Sénat saisit la justice … Qui va étouffer l’affaire

Scandale McKinsey : le  Sénat saisit la justice … Qui va étouffer l’affaire

Nouveau rebondissement dans l’affaire des cabinets de conseil, et plus spécifiquement sur l’aspect fiscal du dossier. Ce mercredi, dans un communiqué, le bureau du Sénat a annoncé avoir décidé «de saisir le parquet [...] pour suspicion de faux témoignage» sur la situation fiscale du cabinet de conseil McKinsey en France. Une affaire qui dégage un certain parfum du premier financement de la campagne de Macron en 2017 . Les conditions le financement de cette campagne n’ont jamais été éclairées, et il y a peu de chances qu’elle soit maintenant ! Pour justifier cette dépense de plus d’un milliard d’euros, il faudrait que l’État ait  mobilisé des milliers et des milliers de consultants puisque l’essentiel des prestations relève du soft et non de la fourniture d’investissements matériels.

Dans leur rapport explosif sur l’influence croissante des cabinets de conseil dans l’Hexagone, publié en pleine campagne présidentielle, les sénateurs Éliane Assasi et Arnaud Bazin (CRCE et LR) affirmaient que le cabinet américain échappait à l’impôt sur les sociétés (IS) en France. S’il y était théoriquement bien assujetti, «ses versements s’établissent à zéro euro depuis au moins 10 ans», concluait la commission, décrivant la situation comme un «exemple caricatural d’optimisation fiscale». Or, ce constat était contraire aux propos «tenus sous serment» par le directeur associé du cabinet, Karim Tadjeddine : mi-janvier, celui-ci assurait «nous payons l’impôt sur les sociétés en France et l’ensemble des salaires sont dans une société de droit français qui paie ses impôts en France».

Fin mars, quelques semaines après la publication du rapport, la commission d’enquête avait donc annoncé saisir la justice pour, précisément, «faux témoignage devant la commission d’enquête», de la part du directeur associé du cabinet. De son côté, l’entreprise a toujours réfuté ces accusations, assurant payer l’impôt dû.

Plus largement, au-delà du simple volet fiscal qui ne concerne que McKinsey, le Sénat compte bien s’occuper du sujet de fond du recours aux cabinets de conseil par l’État. Une proposition de loi transpartisane, réunissant notamment les membres de la commission d’enquête, doit être déposée «fin juin». Objectif : «qu’elle soit examinée par le Sénat à l’automne prochain» et qu’elle permette de mieux encadrer le recours à ces entités privées. En attendant, le parquet national financier (PNF) poursuit son enquête visant le «statut fiscal» de McKinsey en France, ouverte fin mars.

 

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Politique-Scandale McKinsey : le Sénat saisit la justice

Politique-Scandale McKinsey : le  Sénat saisit la justice 

Nouveau rebondissement dans l’affaire des cabinets de conseil, et plus spécifiquement sur l’aspect fiscal du dossier. Ce mercredi, dans un communiqué, le bureau du Sénat a annoncé avoir décidé «de saisir le parquet [...] pour suspicion de faux témoignage» sur la situation fiscale du cabinet de conseil McKinsey en France. Une affaire qui dégage un certain parfum du premier financement de la campagne de Macron en 2017 .Pour justifier cette dépense de plus d’un milliard d’euros, il faudrait que l’État ait  mobilisé des milliers et des milliers de consultants puisque l’essentiel des prestations relève du soft et non de la fourniture d’investissements matériels.

Dans leur rapport explosif sur l’influence croissante des cabinets de conseil dans l’Hexagone, publié en pleine campagne présidentielle, les sénateurs Éliane Assasi et Arnaud Bazin (CRCE et LR) affirmaient que le cabinet américain échappait à l’impôt sur les sociétés (IS) en France. S’il y était théoriquement bien assujetti, «ses versements s’établissent à zéro euro depuis au moins 10 ans», concluait la commission, décrivant la situation comme un «exemple caricatural d’optimisation fiscale». Or, ce constat était contraire aux propos «tenus sous serment» par le directeur associé du cabinet, Karim Tadjeddine : mi-janvier, celui-ci assurait «nous payons l’impôt sur les sociétés en France et l’ensemble des salaires sont dans une société de droit français qui paie ses impôts en France».

Fin mars, quelques semaines après la publication du rapport, la commission d’enquête avait donc annoncé saisir la justice pour, précisément, «faux témoignage devant la commission d’enquête», de la part du directeur associé du cabinet. De son côté, l’entreprise a toujours réfuté ces accusations, assurant payer l’impôt dû.

Plus largement, au-delà du simple volet fiscal qui ne concerne que McKinsey, le Sénat compte bien s’occuper du sujet de fond du recours aux cabinets de conseil par l’État. Une proposition de loi transpartisane, réunissant notamment les membres de la commission d’enquête, doit être déposée «fin juin». Objectif : «qu’elle soit examinée par le Sénat à l’automne prochain» et qu’elle permette de mieux encadrer le recours à ces entités privées. En attendant, le parquet national financier (PNF) poursuit son enquête visant le «statut fiscal» de McKinsey en France, ouverte fin mars.

Scandale McKinsey : le Sénat saisit la justice

Scandale McKinsey : le  Sénat saisit la justice 

Nouveau rebondissement dans l’affaire des cabinets de conseil, et plus spécifiquement sur l’aspect fiscal du dossier. Ce mercredi, dans un communiqué, le bureau du Sénat a annoncé avoir décidé «de saisir le parquet [...] pour suspicion de faux témoignage» sur la situation fiscale du cabinet de conseil McKinsey en France. Une affaire qui dégage un certain parfum du premier financement de la campagne de Macron en 2017 .

Dans leur rapport explosif sur l’influence croissante des cabinets de conseil dans l’Hexagone, publié en pleine campagne présidentielle, les sénateurs Éliane Assasi et Arnaud Bazin (CRCE et LR) affirmaient que le cabinet américain échappait à l’impôt sur les sociétés (IS) en France. S’il y était théoriquement bien assujetti, «ses versements s’établissent à zéro euro depuis au moins 10 ans», concluait la commission, décrivant la situation comme un «exemple caricatural d’optimisation fiscale». Or, ce constat était contraire aux propos «tenus sous serment» par le directeur associé du cabinet, Karim Tadjeddine : mi-janvier, celui-ci assurait «nous payons l’impôt sur les sociétés en France et l’ensemble des salaires sont dans une société de droit français qui paie ses impôts en France».

Fin mars, quelques semaines après la publication du rapport, la commission d’enquête avait donc annoncé saisir la justice pour, précisément, «faux témoignage devant la commission d’enquête», de la part du directeur associé du cabinet. De son côté, l’entreprise a toujours réfuté ces accusations, assurant payer l’impôt dû.

Plus largement, au-delà du simple volet fiscal qui ne concerne que McKinsey, le Sénat compte bien s’occuper du sujet de fond du recours aux cabinets de conseil par l’État. Une proposition de loi transpartisane, réunissant notamment les membres de la commission d’enquête, doit être déposée «fin juin». Objectif : «qu’elle soit examinée par le Sénat à l’automne prochain» et qu’elle permette de mieux encadrer le recours à ces entités privées. En attendant, le parquet national financier (PNF) poursuit son enquête visant le «statut fiscal» de McKinsey en France, ouverte fin mars.

Emmanuel Macron et les dessous de l’affaire McKinsey

Emmanuel  Macron et les dessous de l’affaire  McKinsey 

Depuis la publication, le 17 mars dernier, du rapport du Sénat sur la question, les travaux de la commission d’enquête ont fait naître polémiques et fausses informations, reprises et alimentées par les concurrents d’Emmanuel Macron, que le JDD s’attache à démêler.

 

À noter toutefois que le principal reproche qu’on peut formuler à l’égard de ce scandale d’État c’est d’avoir dépensé une somme phénoménale d’un milliard représentant des milliers d’experts consultants alors que dans le même temps la France entretient des milliers de hauts fonctionnaires qui ont précisément pour mission de diriger, d’orienter, de contrôler l’administration et ses fonctions régaliennes. La France de ce point de vue est l’un des pays qui compte le plus de hauts fonctionnaires au monde ( l’ENA étant l’exemple plus symbolique fournisseur de ce personnel). L’autre reproche, c’est que Macron gouvernant seul et ne voulant surtout pas de parti se sert d’un consultant comme conseil en stratégie politique; un conseil payé par le contribuable. NDLR

 

Pourquoi y a-t-il une polémique sur McKinsey ?

En raison d’un rapport mettant en évidence l’utilisation importante des cabinets de conseil sous le quinquennat Macron. Tout part du rapport sénatorial rendu public le 17 mars. Une commission d’enquête, créée en novembre 2021, a étudié l’influence des cabinets de conseil privés dans les politiques publiques au cours du dernier quinquennat. Le président de la commission, le sénateur LR Arnaud Bazin et la rapporteure, la communiste Éliane Assassi, ont mis en évidence une augmentation notable des dépenses liées au cabinet de conseil, qui sont passées de 379 millions d’euros en 2018 à 894 millions en 2021. Il s’agit d’un « phénomène tentaculaire » selon le rapport.

 
 

Très vite après la publication du rapport, le débat s’est focalisé sur McKinsey, un de ces cabinets de conseil, pour plusieurs raisons :

- Des liens supposés avec Emmanuel Macron. Ce qui a remis au goût du jour l’image du « président des riches » , proche des élites économiques ;

 
- le fait que les entités françaises de McKinsey n’ont versé aucun impôt sur les sociétés depuis dix ans, selon les conclusions du rapport sénatorial* ;

- le fait que l’entreprise McKinsey était déjà apparue dans le débat public pour son intervention dans la campagne vaccinale française.

En pleine campagne présidentielle , le sujet est vite apparu comme explosif et tous les adversaires du président-candidat, de Jean-Luc Mélenchon à Marine Le Pen en passant par Eric Zemmour, se sont emparés de l’affaire. Pourtant, le président de la commission d’enquête, le Républicain Arnaud Bazin, avait précisé dès le début vouloir rendre ses travaux « en mars 2022, avant le premier tour de l’élection présidentielle », sachant que la commission a 6 mois pour rendre son rapport. Les travaux avaient débuté en novembre 2021, et dès le départ, la commission a la temporalité en tête : « Nous nous sommes interrogés, avec Arnaud Bazin, parce que cela nous faisait rendre le rapport en plein cœur des élections législatives, ce qui aurait été pire. Il y a une sorte « d’alignement des planètes », mais nous n’avions pas du tout l’objectif de pirater la séquence électorale, cela n’a rien à voir. », assure au JDD la rapporteure, Éliane Assassi.

Que font ces cabinets de conseil ?

Des missions variées, pour des résultats « inégaux ». Dans le rapport du Sénat, il est écrit que « le rôle d’un cabinet de conseil consiste à rédiger des documents stratégiques à destination des responsables publics », mais les missions des cabinets de conseil sont aussi beaucoup plus concrètes : pendant la crise sanitaire , il leur a notamment été confié « la logistique des masques, des équipements de protection et des vaccins, des systèmes d’information pour la vaccination – VAC-SI – et pour le passe sanitaire… » comme le détaille le Sénat.

Mais une grande partie de l’activité de conseil relève du secteur informatique : ce domaine représente 646,4 millions d’euros en 2021, soit 72 % des dépenses de conseil. Le Sénat rappelle la teneur de ces missions : conseil en  « qualité des systèmes d’information »; « stratégie des systèmes d’information » ; « étude de projets applicatifs », ou encore « urbanisation et expertise technique ».

Evolution des dépenses de conseil en informatique des ministères  

Evolution des dépenses de conseil en informatique des ministères

(Rapport du Sénat)

Mais le Sénat dénonce également des missions trop coûteuses pour des résultats « inégaux », comme pour la mission confiée à McKinsey sur l’avenir du métier d’enseignant, qui a coûté 496 800 euros. Pourtant évaluée comme « satisfaisante » par la direction interministérielle de la transformation publique, le produit de cette mission « se résume à une compilation – certes conséquente – de travaux scientifiques et à la production de graphiques fondés sur des données publiques, notamment de l’OCDE », tance le Sénat, ajoutant que la valeur ajoutée semble alors « réduite », alors que les consultants facturent leur journée à 3 312 euros. Une mission qui n’a pas eu de suites concrètes selon le Sénat, le ministère de l’Éducation nationale ayant lui-même reconnu qu’il n’était « pas possible de déterminer les conséquences directes » du travail effectué par McKinsey.

Lire aussi - Qu’est-ce qu’un cabinet de conseil ?

Quel est le poids de McKinsey et des cabinets de conseil dans les commandes publiques ?

Assez léger. 20 cabinets de conseils se partagent 55 % du marché du conseil pour les ministères selon les chiffres du Sénat. Le cabinet McKinsey n’y représente qu’1 % de ce marché entre 2018 et 2020, la même part que Kantar. Le groupe français Eurogroup est le premier avec 10 % du marché, le second, également français, est Capgemini (5 %).

Répartition du marché du conseil aux ministères entre 2018 et 2020  

Répartition du marché du conseil aux ministères entre 2018 et 2020

(Rapport du Sénat)

Lors du point presse du gouvernement sur le sujet, Olivier Dussopt, ministre délégué chargé des Comptes Publics, a balayé toute interdépendance entre État et cabinets de conseils, en précisant que ceux-ci ne représentaient que « 0,3 % de la masse salariale totale de l’État ».

Il faut cependant souligner que le recours aux cabinets de conseil a été important pendant la crise sanitaire, et que la société McKinsey a totalisé pendant cette période 12,3 millions d’euros de contrats au cours de la période, le plaçant en tête des commandes.

Quel est le lien entre Emmanuel Macron et McKinsey ?

Plusieurs consultants ou anciens de McKinsey ont travaillé pour la campagne Macron de 2017. Des liens existent ainsi entre McKinsey et Emmanuel Macron. Karim Tadjeddine, responsable du pôle secteur public de McKinsey, était un soutien d’Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle de 2017. Il avait également signé en 2016 un chapitre du livre de Thomas Cazenave, directeur adjoint de cabinet du ministre à Bercy, intitulé L’État en mode start-up. L’ouvrage avait été préfacé par Emmanuel Macron.

Karim Tadjeddine apparaît dans les MacronLeaks avec son adresse mail de McKinsey. Devant le Sénat, il a reconnu que « l’utilisation de l’adresse électronique de l’entreprise était une erreur. Je le reconnais, cela a donné lieu à une suite en interne ». Plusieurs consultants ou anciens de McKinsey se sont également investis sur leur temps libre dans la campagne électorale de 2017. L’entreprise n’a pas joué de rôle en tant que tel.

Le gouvernement a-t-il eu plus de recours aux cabinets de conseil que dans les quinquennats précédents ? Et par rapport aux autres pays européens ?

La pratique de recourir aux cabinets de conseil n’est pas inédite. Cependant, le rapport du Sénat examine le recours aux cabinets de conseil seulement pendant le quinquennat d’Emmanuel Macron. Jusqu’en 2018, la pratique est mal connue, car mal-documentée : les ministères ne disposeraient pas des chiffres antérieurs à 2018, à cause d’un changement de logiciel, c’est la raison avancée à la commission d’enquête sénatoriale. Elle a donc dû se rabattre sur des approximations qui se fondent sur des chiffres transmis par la Fédération européenne des associations de conseil en organisation, qui prend en compte les prestations réalisées pour l’ensemble de la sphère publique, dont les collectivités territoriales, contrairement à l’angle choisi par les sénateurs.

Ils jugent toutefois que ces chiffres permettent de se rendre compte de la tendance à la hausse dans le marché du conseil au secteur public depuis 2007 : il aurait ainsi gagné plus de 40 % entre 2005 et 2018, selon la fédération. C’est avec la Révision générale des politiques publiques (RGPP), réforme de l’État menée par Nicolas Sarkozy, que s’initie cette hausse : un rapport d’information de l’Assemblée nationale, dont la rapporteure est la députée LREM Cendra Motin, relève que « le niveau des dépenses consacrées au conseil double ainsi entre 2007 et 2010 ». Le rapport sénatorial confirme « une hausse sensible entre 2007 et 2010 à la faveur de la RGPP », comme le montre ce graphique.

Chiffres d'affaires réalisé par les entreprises du secteur du conseil en secteur public  

Chiffres d’affaires réalisé par les entreprises du secteur du conseil en secteur public

(Rapport du Sénat)

Pendant le mandat de François Hollande , si la modernisation de l’action publique se poursuit, le recours aux cabinets de conseil semble baisser, avant de connaître une remontée depuis 2018.

En comparaison avec les autres pays européens : en France, il est « historiquement limité » selon le Sénat. Pour l’année 2018, dernière année de comparaison citée par le Sénat, les cabinets de conseils font un chiffre d’affaires de 3 143 millions d’euros en Allemagne, et 2 640 millions d’euros au Royaume-Uni, contre seulement 657 millions d’euros en France. Selon le rapport de l’Assemblée, pour 2019, ce chiffre s’élève à 814 millions d’euros en France. « Le montant d’achats de prestations de conseil par le secteur public rapporté aux dépenses de personnel dans le secteur public en France, demeure l’un des plus faibles de l’Union européenne. Il est de 0,27 % en France contre 1,25 % en Allemagne et 1,47 % au Danemark », précise le rapport de la mission d’information de l’Assemblée nationale (voir le graphique ci-dessous).

Dépenses publiques en prestation de conseil dans différents pays de l'Union européenne  

Dépenses publiques en prestation de conseil dans différents pays de l’Union européenne

(Rapport de la mission d’information de l’Assemblée nationale)

McKinsey a-t-il conseillé au gouvernement de baisser les APL de 5 euros ?

Non, McKinsey n’est pas à l’origine de la baisse des APL de 5 euros. Cette partie de la polémique part d’une déclaration de la rapporteure de la commission d’enquête, Éliane Assassi lors de la présentation du rapport : elle mentionnait « une prestation de 4 millions d’euros de McKinsey pour mettre en oeuvre la réforme des APL, cette même réforme qui réduisait les aides de 5 euros par foyer ». La sénatrice confond deux réformes, car, dans son rapport, la commission d’enquête se réfère à une réforme du mode de calcul des APL, et à une prestation commandée à McKinsey à partir de 2018, pour une réforme qui devait s’appliquer en janvier 2019. Le cabinet est sollicité pour un premier audit à l’automne 2018, et le sera à plusieurs reprises par la suite, la réforme prenant plus de temps que prévu, « à cause des lacunes informatiques de la CNAF puis de la crise sanitaire » selon les sénateurs.

Cette réforme, qui met en place le calcul « en temps réel » des APL, n’a rien à voir avec la baisse de cinq euros décidée en juillet 2017 par le gouvernement, bien avant le début de la mission de McKinsey. Interrogée par le JDD, Éliane Assassi reconnaît que le rapport ne parle pas de la baisse de 5 euros, mais bien du changement du mode de calcul, mais regrette « l’utilisation politicienne du rapport », et pointe « les interprétations politiques » qui en ont été faites. Mais pour la communiste, c’est aussi le « manque de transparence » de la part du gouvernement qui a alimenté cette fausse nouvelle. Car le détail n’est pas passé inaperçu, et a été repris par plusieurs personnalités politiques, comme Xavier Bertrand, ou Adrien Quatennens.

D’autres candidats ont-ils eu recours à des cabinets de conseils dans leur fonction exécutive ?

Oui. Xavier Bertrand, conseiller spécial de Valérie Pécresse , avait dénoncé le 23 mars l’affaire McKinsey comme « un scandale d’État », en assurant que si Valérie Pécresse était élue, elle cesserait de faire appel aux cabinets de conseil, sur l’antenne de Franceinfo. Une semaine plus tard sur LCI, la candidate n’a pas tenu exactement le même propos : « Par définition, je ne suis pas contre à ce qu’il y ait des partenariats entre le public et le privé. (…) Cela dépendra pour quelles missions, mais évidemment pas à ces niveaux de montants. » Valérie Pécresse a aussi admis avoir eu recours à un cabinet de conseil alors qu’elle était ministre de l’Enseignement Supérieur en 2008, pour la « réorganisation du ministère », et pas pour la réforme des universités. Par contre, l’utilisation des cabinets de conseil par les collectivités territoriales n’a pas été analysée par le Sénat qui s’est concentré sur le quinquennat d’Emmanuel Macron et sur le pouvoir exécutif.

Delphine Batho, porte-parole de Yannick Jadot , a également été épinglée par L’Opinion pour avoir eu recours à des cabinets de conseil alors qu’elle était ministre de François Hollande, pour des dépenses estimées à 68,5 millions d’euros. Delphine Batho conteste l’accusation.

*Le 26 mars, le cabinet McKinsey a réaffirmé respecter les règles fiscales françaises, précisant qu’une de ses filiales avait payé l’impôt sur les sociétés pendant six ans sur la période au cours de laquelle le Sénat l’accuse d’optimisation fiscale.

Politique: Macron et les dessous de l’affaire McKinsey

Politique: Macron et les dessous de l’affaire  McKinsey 

Depuis la publication, le 17 mars dernier, du rapport du Sénat sur la question, les travaux de la commission d’enquête ont fait naître polémiques et fausses informations, reprises et alimentées par les concurrents d’Emmanuel Macron, que le JDD s’attache à démêler.

 

À noter toutefois que le principal reproche qu’on peut formuler à l’égard de ce scandale d’État c’est d’avoir dépensé une somme phénoménale d’un milliard représentant des milliers d’experts consultants alors que dans le même temps la France entretient des milliers de hauts fonctionnaires qui ont précisément pour mission de diriger, d’orienter, de contrôler l’administration et ses fonctions régaliennes. La France de ce point de vue est l’un des pays qui compte le plus de hauts fonctionnaires au monde ( l’ENA étant l’exemple plus symbolique fournisseur de ce personnel). L’autre reproche, c’est que Macron gouvernant seul et ne voulant surtout pas de parti se sert d’un consultant comme conseil en stratégie politique; un conseil payé par le contribuable. NDLR

Pourquoi y a-t-il une polémique sur McKinsey ?

En raison d’un rapport mettant en évidence l’utilisation importante des cabinets de conseil sous le quinquennat Macron. Tout part du rapport sénatorial rendu public le 17 mars. Une commission d’enquête, créée en novembre 2021, a étudié l’influence des cabinets de conseil privés dans les politiques publiques au cours du dernier quinquennat. Le président de la commission, le sénateur LR Arnaud Bazin et la rapporteure, la communiste Éliane Assassi, ont mis en évidence une augmentation notable des dépenses liées au cabinet de conseil, qui sont passées de 379 millions d’euros en 2018 à 894 millions en 2021. Il s’agit d’un « phénomène tentaculaire » selon le rapport.

Très vite après la publication du rapport, le débat s’est focalisé sur McKinsey, un de ces cabinets de conseil, pour plusieurs raisons :

- Des liens supposés avec Emmanuel Macron. Ce qui a remis au goût du jour l’image du « président des riches » , proche des élites économiques ;

- le fait que les entités françaises de McKinsey n’ont versé aucun impôt sur les sociétés depuis dix ans, selon les conclusions du rapport sénatorial* ;

- le fait que l’entreprise McKinsey était déjà apparue dans le débat public pour son intervention dans la campagne vaccinale française.

En pleine campagne présidentielle , le sujet est vite apparu comme explosif et tous les adversaires du président-candidat, de Jean-Luc Mélenchon à Marine Le Pen en passant par Eric Zemmour, se sont emparés de l’affaire. Pourtant, le président de la commission d’enquête, le Républicain Arnaud Bazin, avait précisé dès le début vouloir rendre ses travaux « en mars 2022, avant le premier tour de l’élection présidentielle », sachant que la commission a 6 mois pour rendre son rapport. Les travaux avaient débuté en novembre 2021, et dès le départ, la commission a la temporalité en tête : « Nous nous sommes interrogés, avec Arnaud Bazin, parce que cela nous faisait rendre le rapport en plein cœur des élections législatives, ce qui aurait été pire. Il y a une sorte « d’alignement des planètes », mais nous n’avions pas du tout l’objectif de pirater la séquence électorale, cela n’a rien à voir. », assure au JDD la rapporteure, Éliane Assassi.

Que font ces cabinets de conseil ?

Des missions variées, pour des résultats « inégaux ». Dans le rapport du Sénat, il est écrit que « le rôle d’un cabinet de conseil consiste à rédiger des documents stratégiques à destination des responsables publics », mais les missions des cabinets de conseil sont aussi beaucoup plus concrètes : pendant la crise sanitaire , il leur a notamment été confié « la logistique des masques, des équipements de protection et des vaccins, des systèmes d’information pour la vaccination – VAC-SI – et pour le passe sanitaire… » comme le détaille le Sénat.

Mais une grande partie de l’activité de conseil relève du secteur informatique : ce domaine représente 646,4 millions d’euros en 2021, soit 72 % des dépenses de conseil. Le Sénat rappelle la teneur de ces missions : conseil en  « qualité des systèmes d’information »; « stratégie des systèmes d’information » ; « étude de projets applicatifs », ou encore « urbanisation et expertise technique ».

Evolution des dépenses de conseil en informatique des ministères 

Evolution des dépenses de conseil en informatique des ministères

(Rapport du Sénat)

Mais le Sénat dénonce également des missions trop coûteuses pour des résultats « inégaux », comme pour la mission confiée à McKinsey sur l’avenir du métier d’enseignant, qui a coûté 496 800 euros. Pourtant évaluée comme « satisfaisante » par la direction interministérielle de la transformation publique, le produit de cette mission « se résume à une compilation – certes conséquente – de travaux scientifiques et à la production de graphiques fondés sur des données publiques, notamment de l’OCDE », tance le Sénat, ajoutant que la valeur ajoutée semble alors « réduite », alors que les consultants facturent leur journée à 3 312 euros. Une mission qui n’a pas eu de suites concrètes selon le Sénat, le ministère de l’Éducation nationale ayant lui-même reconnu qu’il n’était « pas possible de déterminer les conséquences directes » du travail effectué par McKinsey.

Lire aussi - Qu’est-ce qu’un cabinet de conseil ?

Quel est le poids de McKinsey et des cabinets de conseil dans les commandes publiques ?

Assez léger. 20 cabinets de conseils se partagent 55 % du marché du conseil pour les ministères selon les chiffres du Sénat. Le cabinet McKinsey n’y représente qu’1 % de ce marché entre 2018 et 2020, la même part que Kantar. Le groupe français Eurogroup est le premier avec 10 % du marché, le second, également français, est Capgemini (5 %).

Répartition du marché du conseil aux ministères entre 2018 et 2020 

Répartition du marché du conseil aux ministères entre 2018 et 2020

(Rapport du Sénat)

Lors du point presse du gouvernement sur le sujet, Olivier Dussopt, ministre délégué chargé des Comptes Publics, a balayé toute interdépendance entre État et cabinets de conseils, en précisant que ceux-ci ne représentaient que « 0,3 % de la masse salariale totale de l’État ».

Il faut cependant souligner que le recours aux cabinets de conseil a été important pendant la crise sanitaire, et que la société McKinsey a totalisé pendant cette période 12,3 millions d’euros de contrats au cours de la période, le plaçant en tête des commandes.

Quel est le lien entre Emmanuel Macron et McKinsey ?

Plusieurs consultants ou anciens de McKinsey ont travaillé pour la campagne Macron de 2017. Des liens existent ainsi entre McKinsey et Emmanuel Macron. Karim Tadjeddine, responsable du pôle secteur public de McKinsey, était un soutien d’Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle de 2017. Il avait également signé en 2016 un chapitre du livre de Thomas Cazenave, directeur adjoint de cabinet du ministre à Bercy, intitulé L’État en mode start-up. L’ouvrage avait été préfacé par Emmanuel Macron.

Karim Tadjeddine apparaît dans les MacronLeaks avec son adresse mail de McKinsey. Devant le Sénat, il a reconnu que « l’utilisation de l’adresse électronique de l’entreprise était une erreur. Je le reconnais, cela a donné lieu à une suite en interne ». Plusieurs consultants ou anciens de McKinsey se sont également investis sur leur temps libre dans la campagne électorale de 2017. L’entreprise n’a pas joué de rôle en tant que tel.

Le gouvernement a-t-il eu plus de recours aux cabinets de conseil que dans les quinquennats précédents ? Et par rapport aux autres pays européens ?

La pratique de recourir aux cabinets de conseil n’est pas inédite. Cependant, le rapport du Sénat examine le recours aux cabinets de conseil seulement pendant le quinquennat d’Emmanuel Macron. Jusqu’en 2018, la pratique est mal connue, car mal-documentée : les ministères ne disposeraient pas des chiffres antérieurs à 2018, à cause d’un changement de logiciel, c’est la raison avancée à la commission d’enquête sénatoriale. Elle a donc dû se rabattre sur des approximations qui se fondent sur des chiffres transmis par la Fédération européenne des associations de conseil en organisation, qui prend en compte les prestations réalisées pour l’ensemble de la sphère publique, dont les collectivités territoriales, contrairement à l’angle choisi par les sénateurs.

Ils jugent toutefois que ces chiffres permettent de se rendre compte de la tendance à la hausse dans le marché du conseil au secteur public depuis 2007 : il aurait ainsi gagné plus de 40 % entre 2005 et 2018, selon la fédération. C’est avec la Révision générale des politiques publiques (RGPP), réforme de l’État menée par Nicolas Sarkozy, que s’initie cette hausse : un rapport d’information de l’Assemblée nationale, dont la rapporteure est la députée LREM Cendra Motin, relève que « le niveau des dépenses consacrées au conseil double ainsi entre 2007 et 2010 ». Le rapport sénatorial confirme « une hausse sensible entre 2007 et 2010 à la faveur de la RGPP », comme le montre ce graphique.

Chiffres d'affaires réalisé par les entreprises du secteur du conseil en secteur public 

Chiffres d’affaires réalisé par les entreprises du secteur du conseil en secteur public

(Rapport du Sénat)

Pendant le mandat de François Hollande , si la modernisation de l’action publique se poursuit, le recours aux cabinets de conseil semble baisser, avant de connaître une remontée depuis 2018.

En comparaison avec les autres pays européens : en France, il est « historiquement limité » selon le Sénat. Pour l’année 2018, dernière année de comparaison citée par le Sénat, les cabinets de conseils font un chiffre d’affaires de 3 143 millions d’euros en Allemagne, et 2 640 millions d’euros au Royaume-Uni, contre seulement 657 millions d’euros en France. Selon le rapport de l’Assemblée, pour 2019, ce chiffre s’élève à 814 millions d’euros en France. « Le montant d’achats de prestations de conseil par le secteur public rapporté aux dépenses de personnel dans le secteur public en France, demeure l’un des plus faibles de l’Union européenne. Il est de 0,27 % en France contre 1,25 % en Allemagne et 1,47 % au Danemark », précise le rapport de la mission d’information de l’Assemblée nationale (voir le graphique ci-dessous).

Dépenses publiques en prestation de conseil dans différents pays de l'Union européenne 

Dépenses publiques en prestation de conseil dans différents pays de l’Union européenne

(Rapport de la mission d’information de l’Assemblée nationale)

McKinsey a-t-il conseillé au gouvernement de baisser les APL de 5 euros ?

Non, McKinsey n’est pas à l’origine de la baisse des APL de 5 euros. Cette partie de la polémique part d’une déclaration de la rapporteure de la commission d’enquête, Éliane Assassi lors de la présentation du rapport : elle mentionnait « une prestation de 4 millions d’euros de McKinsey pour mettre en oeuvre la réforme des APL, cette même réforme qui réduisait les aides de 5 euros par foyer ». La sénatrice confond deux réformes, car, dans son rapport, la commission d’enquête se réfère à une réforme du mode de calcul des APL, et à une prestation commandée à McKinsey à partir de 2018, pour une réforme qui devait s’appliquer en janvier 2019. Le cabinet est sollicité pour un premier audit à l’automne 2018, et le sera à plusieurs reprises par la suite, la réforme prenant plus de temps que prévu, « à cause des lacunes informatiques de la CNAF puis de la crise sanitaire » selon les sénateurs.

Cette réforme, qui met en place le calcul « en temps réel » des APL, n’a rien à voir avec la baisse de cinq euros décidée en juillet 2017 par le gouvernement, bien avant le début de la mission de McKinsey. Interrogée par le JDD, Éliane Assassi reconnaît que le rapport ne parle pas de la baisse de 5 euros, mais bien du changement du mode de calcul, mais regrette « l’utilisation politicienne du rapport », et pointe « les interprétations politiques » qui en ont été faites. Mais pour la communiste, c’est aussi le « manque de transparence » de la part du gouvernement qui a alimenté cette fausse nouvelle. Car le détail n’est pas passé inaperçu, et a été repris par plusieurs personnalités politiques, comme Xavier Bertrand, ou Adrien Quatennens.

D’autres candidats ont-ils eu recours à des cabinets de conseils dans leur fonction exécutive ?

Oui. Xavier Bertrand, conseiller spécial de Valérie Pécresse , avait dénoncé le 23 mars l’affaire McKinsey comme « un scandale d’État », en assurant que si Valérie Pécresse était élue, elle cesserait de faire appel aux cabinets de conseil, sur l’antenne de Franceinfo. Une semaine plus tard sur LCI, la candidate n’a pas tenu exactement le même propos : « Par définition, je ne suis pas contre à ce qu’il y ait des partenariats entre le public et le privé. (…) Cela dépendra pour quelles missions, mais évidemment pas à ces niveaux de montants. » Valérie Pécresse a aussi admis avoir eu recours à un cabinet de conseil alors qu’elle était ministre de l’Enseignement Supérieur en 2008, pour la « réorganisation du ministère », et pas pour la réforme des universités. Par contre, l’utilisation des cabinets de conseil par les collectivités territoriales n’a pas été analysée par le Sénat qui s’est concentré sur le quinquennat d’Emmanuel Macron et sur le pouvoir exécutif.

Delphine Batho, porte-parole de Yannick Jadot , a également été épinglée par L’Opinion pour avoir eu recours à des cabinets de conseil alors qu’elle était ministre de François Hollande, pour des dépenses estimées à 68,5 millions d’euros. Delphine Batho conteste l’accusation.

*Le 26 mars, le cabinet McKinsey a réaffirmé respecter les règles fiscales françaises, précisant qu’une de ses filiales avait payé l’impôt sur les sociétés pendant six ans sur la période au cours de laquelle le Sénat l’accuse d’optimisation fiscale.

Macron -Les dessous de l’affaire McKinsey

Macron -Les dessous de l’affaire  McKinsey 

.Depuis la publication, le 17 mars dernier, du rapport du Sénat sur la question, les travaux de la commission d’enquête ont fait naître polémiques et fausses informations, reprises et alimentées par les concurrents d’Emmanuel Macron, que le JDD s’attache à démêler.

 

À noter toutefois que le principal reproche qu’on peut formuler à l’égard de ce scandale d’État c’est d’avoir dépensé une somme phénoménale d’un milliard représentant des milliers d’experts consultants alors que dans le même temps la France entretient des milliers de hauts fonctionnaires qui ont précisément pour mission de diriger, d’orienter, de contrôler l’administration et ses fonctions régaliennes. La France de ce point de vue est l’un des pays qui compte le plus de hauts fonctionnaires au monde ( l’ENA étant l’exemple plus symbolique fournisseur de ce personnel). L’autre reproche, c’est que Macron gouvernant seul et ne voulant surtout pas de parti se sert d’un consultant comme conseil en stratégie politique; un conseil payé par le contribuable. NDLR

 

Pourquoi y a-t-il une polémique sur McKinsey ?

En raison d’un rapport mettant en évidence l’utilisation importante des cabinets de conseil sous le quinquennat Macron. Tout part du rapport sénatorial rendu public le 17 mars. Une commission d’enquête, créée en novembre 2021, a étudié l’influence des cabinets de conseil privés dans les politiques publiques au cours du dernier quinquennat. Le président de la commission, le sénateur LR Arnaud Bazin et la rapporteure, la communiste Éliane Assassi, ont mis en évidence une augmentation notable des dépenses liées au cabinet de conseil, qui sont passées de 379 millions d’euros en 2018 à 894 millions en 2021. Il s’agit d’un « phénomène tentaculaire » selon le rapport.

 
 

Très vite après la publication du rapport, le débat s’est focalisé sur McKinsey, un de ces cabinets de conseil, pour plusieurs raisons :

- Des liens supposés avec Emmanuel Macron. Ce qui a remis au goût du jour l’image du « président des riches » , proche des élites économiques ;

 
- le fait que les entités françaises de McKinsey n’ont versé aucun impôt sur les sociétés depuis dix ans, selon les conclusions du rapport sénatorial* ;

- le fait que l’entreprise McKinsey était déjà apparue dans le débat public pour son intervention dans la campagne vaccinale française.

En pleine campagne présidentielle , le sujet est vite apparu comme explosif et tous les adversaires du président-candidat, de Jean-Luc Mélenchon à Marine Le Pen en passant par Eric Zemmour, se sont emparés de l’affaire. Pourtant, le président de la commission d’enquête, le Républicain Arnaud Bazin, avait précisé dès le début vouloir rendre ses travaux « en mars 2022, avant le premier tour de l’élection présidentielle », sachant que la commission a 6 mois pour rendre son rapport. Les travaux avaient débuté en novembre 2021, et dès le départ, la commission a la temporalité en tête : « Nous nous sommes interrogés, avec Arnaud Bazin, parce que cela nous faisait rendre le rapport en plein cœur des élections législatives, ce qui aurait été pire. Il y a une sorte « d’alignement des planètes », mais nous n’avions pas du tout l’objectif de pirater la séquence électorale, cela n’a rien à voir. », assure au JDD la rapporteure, Éliane Assassi.

Que font ces cabinets de conseil ?

Des missions variées, pour des résultats « inégaux ». Dans le rapport du Sénat, il est écrit que « le rôle d’un cabinet de conseil consiste à rédiger des documents stratégiques à destination des responsables publics », mais les missions des cabinets de conseil sont aussi beaucoup plus concrètes : pendant la crise sanitaire , il leur a notamment été confié « la logistique des masques, des équipements de protection et des vaccins, des systèmes d’information pour la vaccination – VAC-SI – et pour le passe sanitaire… » comme le détaille le Sénat.

Mais une grande partie de l’activité de conseil relève du secteur informatique : ce domaine représente 646,4 millions d’euros en 2021, soit 72 % des dépenses de conseil. Le Sénat rappelle la teneur de ces missions : conseil en  « qualité des systèmes d’information »; « stratégie des systèmes d’information » ; « étude de projets applicatifs », ou encore « urbanisation et expertise technique ».

Evolution des dépenses de conseil en informatique des ministères 

Evolution des dépenses de conseil en informatique des ministères 

(Rapport du Sénat)

Mais le Sénat dénonce également des missions trop coûteuses pour des résultats « inégaux », comme pour la mission confiée à McKinsey sur l’avenir du métier d’enseignant, qui a coûté 496 800 euros. Pourtant évaluée comme « satisfaisante » par la direction interministérielle de la transformation publique, le produit de cette mission « se résume à une compilation – certes conséquente – de travaux scientifiques et à la production de graphiques fondés sur des données publiques, notamment de l’OCDE », tance le Sénat, ajoutant que la valeur ajoutée semble alors « réduite », alors que les consultants facturent leur journée à 3 312 euros. Une mission qui n’a pas eu de suites concrètes selon le Sénat, le ministère de l’Éducation nationale ayant lui-même reconnu qu’il n’était « pas possible de déterminer les conséquences directes » du travail effectué par McKinsey.

Lire aussi - Qu’est-ce qu’un cabinet de conseil ?

Quel est le poids de McKinsey et des cabinets de conseil dans les commandes publiques ?

Assez léger. 20 cabinets de conseils se partagent 55 % du marché du conseil pour les ministères selon les chiffres du Sénat. Le cabinet McKinsey n’y représente qu’1 % de ce marché entre 2018 et 2020, la même part que Kantar. Le groupe français Eurogroup est le premier avec 10 % du marché, le second, également français, est Capgemini (5 %).

Répartition du marché du conseil aux ministères entre 2018 et 2020 

Répartition du marché du conseil aux ministères entre 2018 et 2020 

(Rapport du Sénat)

Lors du point presse du gouvernement sur le sujet, Olivier Dussopt, ministre délégué chargé des Comptes Publics, a balayé toute interdépendance entre État et cabinets de conseils, en précisant que ceux-ci ne représentaient que « 0,3 % de la masse salariale totale de l’État ».

Il faut cependant souligner que le recours aux cabinets de conseil a été important pendant la crise sanitaire, et que la société McKinsey a totalisé pendant cette période 12,3 millions d’euros de contrats au cours de la période, le plaçant en tête des commandes.

Quel est le lien entre Emmanuel Macron et McKinsey ?

Plusieurs consultants ou anciens de McKinsey ont travaillé pour la campagne Macron de 2017. Des liens existent ainsi entre McKinsey et Emmanuel Macron. Karim Tadjeddine, responsable du pôle secteur public de McKinsey, était un soutien d’Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle de 2017. Il avait également signé en 2016 un chapitre du livre de Thomas Cazenave, directeur adjoint de cabinet du ministre à Bercy, intitulé L’État en mode start-up. L’ouvrage avait été préfacé par Emmanuel Macron.

Karim Tadjeddine apparaît dans les MacronLeaks avec son adresse mail de McKinsey. Devant le Sénat, il a reconnu que « l’utilisation de l’adresse électronique de l’entreprise était une erreur. Je le reconnais, cela a donné lieu à une suite en interne ». Plusieurs consultants ou anciens de McKinsey se sont également investis sur leur temps libre dans la campagne électorale de 2017. L’entreprise n’a pas joué de rôle en tant que tel.

Le gouvernement a-t-il eu plus de recours aux cabinets de conseil que dans les quinquennats précédents ? Et par rapport aux autres pays européens ?

La pratique de recourir aux cabinets de conseil n’est pas inédite. Cependant, le rapport du Sénat examine le recours aux cabinets de conseil seulement pendant le quinquennat d’Emmanuel Macron. Jusqu’en 2018, la pratique est mal connue, car mal-documentée : les ministères ne disposeraient pas des chiffres antérieurs à 2018, à cause d’un changement de logiciel, c’est la raison avancée à la commission d’enquête sénatoriale. Elle a donc dû se rabattre sur des approximations qui se fondent sur des chiffres transmis par la Fédération européenne des associations de conseil en organisation, qui prend en compte les prestations réalisées pour l’ensemble de la sphère publique, dont les collectivités territoriales, contrairement à l’angle choisi par les sénateurs.

Ils jugent toutefois que ces chiffres permettent de se rendre compte de la tendance à la hausse dans le marché du conseil au secteur public depuis 2007 : il aurait ainsi gagné plus de 40 % entre 2005 et 2018, selon la fédération. C’est avec la Révision générale des politiques publiques (RGPP), réforme de l’État menée par Nicolas Sarkozy, que s’initie cette hausse : un rapport d’information de l’Assemblée nationale, dont la rapporteure est la députée LREM Cendra Motin, relève que « le niveau des dépenses consacrées au conseil double ainsi entre 2007 et 2010 ». Le rapport sénatorial confirme « une hausse sensible entre 2007 et 2010 à la faveur de la RGPP », comme le montre ce graphique.

Chiffres d'affaires réalisé par les entreprises du secteur du conseil en secteur public 

Chiffres d’affaires réalisé par les entreprises du secteur du conseil en secteur public 

(Rapport du Sénat)

Pendant le mandat de François Hollande , si la modernisation de l’action publique se poursuit, le recours aux cabinets de conseil semble baisser, avant de connaître une remontée depuis 2018.

En comparaison avec les autres pays européens : en France, il est « historiquement limité » selon le Sénat. Pour l’année 2018, dernière année de comparaison citée par le Sénat, les cabinets de conseils font un chiffre d’affaires de 3 143 millions d’euros en Allemagne, et 2 640 millions d’euros au Royaume-Uni, contre seulement 657 millions d’euros en France. Selon le rapport de l’Assemblée, pour 2019, ce chiffre s’élève à 814 millions d’euros en France. « Le montant d’achats de prestations de conseil par le secteur public rapporté aux dépenses de personnel dans le secteur public en France, demeure l’un des plus faibles de l’Union européenne. Il est de 0,27 % en France contre 1,25 % en Allemagne et 1,47 % au Danemark », précise le rapport de la mission d’information de l’Assemblée nationale (voir le graphique ci-dessous).

Dépenses publiques en prestation de conseil dans différents pays de l'Union européenne 

Dépenses publiques en prestation de conseil dans différents pays de l’Union européenne 

(Rapport de la mission d’information de l’Assemblée nationale)

McKinsey a-t-il conseillé au gouvernement de baisser les APL de 5 euros ?

Non, McKinsey n’est pas à l’origine de la baisse des APL de 5 euros. Cette partie de la polémique part d’une déclaration de la rapporteure de la commission d’enquête, Éliane Assassi lors de la présentation du rapport : elle mentionnait « une prestation de 4 millions d’euros de McKinsey pour mettre en oeuvre la réforme des APL, cette même réforme qui réduisait les aides de 5 euros par foyer ». La sénatrice confond deux réformes, car, dans son rapport, la commission d’enquête se réfère à une réforme du mode de calcul des APL, et à une prestation commandée à McKinsey à partir de 2018, pour une réforme qui devait s’appliquer en janvier 2019. Le cabinet est sollicité pour un premier audit à l’automne 2018, et le sera à plusieurs reprises par la suite, la réforme prenant plus de temps que prévu, « à cause des lacunes informatiques de la CNAF puis de la crise sanitaire » selon les sénateurs.

Cette réforme, qui met en place le calcul « en temps réel » des APL, n’a rien à voir avec la baisse de cinq euros décidée en juillet 2017 par le gouvernement, bien avant le début de la mission de McKinsey. Interrogée par le JDD, Éliane Assassi reconnaît que le rapport ne parle pas de la baisse de 5 euros, mais bien du changement du mode de calcul, mais regrette « l’utilisation politicienne du rapport », et pointe « les interprétations politiques » qui en ont été faites. Mais pour la communiste, c’est aussi le « manque de transparence » de la part du gouvernement qui a alimenté cette fausse nouvelle. Car le détail n’est pas passé inaperçu, et a été repris par plusieurs personnalités politiques, comme Xavier Bertrand, ou Adrien Quatennens.

D’autres candidats ont-ils eu recours à des cabinets de conseils dans leur fonction exécutive ?

Oui. Xavier Bertrand, conseiller spécial de Valérie Pécresse , avait dénoncé le 23 mars l’affaire McKinsey comme « un scandale d’État », en assurant que si Valérie Pécresse était élue, elle cesserait de faire appel aux cabinets de conseil, sur l’antenne de Franceinfo. Une semaine plus tard sur LCI, la candidate n’a pas tenu exactement le même propos : « Par définition, je ne suis pas contre à ce qu’il y ait des partenariats entre le public et le privé. (…) Cela dépendra pour quelles missions, mais évidemment pas à ces niveaux de montants. » Valérie Pécresse a aussi admis avoir eu recours à un cabinet de conseil alors qu’elle était ministre de l’Enseignement Supérieur en 2008, pour la « réorganisation du ministère », et pas pour la réforme des universités. Par contre, l’utilisation des cabinets de conseil par les collectivités territoriales n’a pas été analysée par le Sénat qui s’est concentré sur le quinquennat d’Emmanuel Macron et sur le pouvoir exécutif.

Delphine Batho, porte-parole de Yannick Jadot , a également été épinglée par L’Opinion pour avoir eu recours à des cabinets de conseil alors qu’elle était ministre de François Hollande, pour des dépenses estimées à 68,5 millions d’euros. Delphine Batho conteste l’accusation.

*Le 26 mars, le cabinet McKinsey a réaffirmé respecter les règles fiscales françaises, précisant qu’une de ses filiales avait payé l’impôt sur les sociétés pendant six ans sur la période au cours de laquelle le Sénat l’accuse d’optimisation fiscale.

Macron et les dessous de l’affaire McKinsey

Macron et les dessous de l’affaire  McKinsey 

Depuis la publication, le 17 mars dernier, du rapport du Sénat sur la question, les travaux de la commission d’enquête ont fait naître polémiques et fausses informations, reprises et alimentées par les concurrents d’Emmanuel Macron, que le JDD s’attache à démêler.

 

À noter toutefois que le principal reproche qu’on peut formuler à l’égard de ce scandale d’État c’est d’avoir dépensé une somme phénoménale d’un milliard représentant des milliers d’experts consultants alors que dans le même temps la France entretient des milliers de hauts fonctionnaires qui ont précisément pour mission de diriger, d’orienter, de contrôler l’administration et ses fonctions régaliennes. La France de ce point de vue est l’un des pays qui compte le plus de hauts fonctionnaires au monde ( l’ENA étant l’exemple plus symbolique fournisseur de ce personnel). L’autre reproche, c’est que Macron gouvernant seul et ne voulant surtout pas de parti se sert d’un consultant comme conseil en stratégie politique; un conseil payé par le contribuable. NDLR

 

Pourquoi y a-t-il une polémique sur McKinsey ?

En raison d’un rapport mettant en évidence l’utilisation importante des cabinets de conseil sous le quinquennat Macron. Tout part du rapport sénatorial rendu public le 17 mars. Une commission d’enquête, créée en novembre 2021, a étudié l’influence des cabinets de conseil privés dans les politiques publiques au cours du dernier quinquennat. Le président de la commission, le sénateur LR Arnaud Bazin et la rapporteure, la communiste Éliane Assassi, ont mis en évidence une augmentation notable des dépenses liées au cabinet de conseil, qui sont passées de 379 millions d’euros en 2018 à 894 millions en 2021. Il s’agit d’un « phénomène tentaculaire » selon le rapport.

 
 

Très vite après la publication du rapport, le débat s’est focalisé sur McKinsey, un de ces cabinets de conseil, pour plusieurs raisons :

- Des liens supposés avec Emmanuel Macron. Ce qui a remis au goût du jour l’image du « président des riches » , proche des élites économiques ;

 
- le fait que les entités françaises de McKinsey n’ont versé aucun impôt sur les sociétés depuis dix ans, selon les conclusions du rapport sénatorial* ;

- le fait que l’entreprise McKinsey était déjà apparue dans le débat public pour son intervention dans la campagne vaccinale française.

En pleine campagne présidentielle , le sujet est vite apparu comme explosif et tous les adversaires du président-candidat, de Jean-Luc Mélenchon à Marine Le Pen en passant par Eric Zemmour, se sont emparés de l’affaire. Pourtant, le président de la commission d’enquête, le Républicain Arnaud Bazin, avait précisé dès le début vouloir rendre ses travaux « en mars 2022, avant le premier tour de l’élection présidentielle », sachant que la commission a 6 mois pour rendre son rapport. Les travaux avaient débuté en novembre 2021, et dès le départ, la commission a la temporalité en tête : « Nous nous sommes interrogés, avec Arnaud Bazin, parce que cela nous faisait rendre le rapport en plein cœur des élections législatives, ce qui aurait été pire. Il y a une sorte « d’alignement des planètes », mais nous n’avions pas du tout l’objectif de pirater la séquence électorale, cela n’a rien à voir. », assure au JDD la rapporteure, Éliane Assassi.

Que font ces cabinets de conseil ?

Des missions variées, pour des résultats « inégaux ». Dans le rapport du Sénat, il est écrit que « le rôle d’un cabinet de conseil consiste à rédiger des documents stratégiques à destination des responsables publics », mais les missions des cabinets de conseil sont aussi beaucoup plus concrètes : pendant la crise sanitaire , il leur a notamment été confié « la logistique des masques, des équipements de protection et des vaccins, des systèmes d’information pour la vaccination – VAC-SI – et pour le passe sanitaire… » comme le détaille le Sénat.

Mais une grande partie de l’activité de conseil relève du secteur informatique : ce domaine représente 646,4 millions d’euros en 2021, soit 72 % des dépenses de conseil. Le Sénat rappelle la teneur de ces missions : conseil en  « qualité des systèmes d’information »; « stratégie des systèmes d’information » ; « étude de projets applicatifs », ou encore « urbanisation et expertise technique ».

Evolution des dépenses de conseil en informatique des ministères

Evolution des dépenses de conseil en informatique des ministères

(Rapport du Sénat)

Mais le Sénat dénonce également des missions trop coûteuses pour des résultats « inégaux », comme pour la mission confiée à McKinsey sur l’avenir du métier d’enseignant, qui a coûté 496 800 euros. Pourtant évaluée comme « satisfaisante » par la direction interministérielle de la transformation publique, le produit de cette mission « se résume à une compilation – certes conséquente – de travaux scientifiques et à la production de graphiques fondés sur des données publiques, notamment de l’OCDE », tance le Sénat, ajoutant que la valeur ajoutée semble alors « réduite », alors que les consultants facturent leur journée à 3 312 euros. Une mission qui n’a pas eu de suites concrètes selon le Sénat, le ministère de l’Éducation nationale ayant lui-même reconnu qu’il n’était « pas possible de déterminer les conséquences directes » du travail effectué par McKinsey.

Lire aussi - Qu’est-ce qu’un cabinet de conseil ?

Quel est le poids de McKinsey et des cabinets de conseil dans les commandes publiques ?

Assez léger. 20 cabinets de conseils se partagent 55 % du marché du conseil pour les ministères selon les chiffres du Sénat. Le cabinet McKinsey n’y représente qu’1 % de ce marché entre 2018 et 2020, la même part que Kantar. Le groupe français Eurogroup est le premier avec 10 % du marché, le second, également français, est Capgemini (5 %).

Répartition du marché du conseil aux ministères entre 2018 et 2020

Répartition du marché du conseil aux ministères entre 2018 et 2020

(Rapport du Sénat)

Lors du point presse du gouvernement sur le sujet, Olivier Dussopt, ministre délégué chargé des Comptes Publics, a balayé toute interdépendance entre État et cabinets de conseils, en précisant que ceux-ci ne représentaient que « 0,3 % de la masse salariale totale de l’État ».

Il faut cependant souligner que le recours aux cabinets de conseil a été important pendant la crise sanitaire, et que la société McKinsey a totalisé pendant cette période 12,3 millions d’euros de contrats au cours de la période, le plaçant en tête des commandes.

Quel est le lien entre Emmanuel Macron et McKinsey ?

Plusieurs consultants ou anciens de McKinsey ont travaillé pour la campagne Macron de 2017. Des liens existent ainsi entre McKinsey et Emmanuel Macron. Karim Tadjeddine, responsable du pôle secteur public de McKinsey, était un soutien d’Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle de 2017. Il avait également signé en 2016 un chapitre du livre de Thomas Cazenave, directeur adjoint de cabinet du ministre à Bercy, intitulé L’État en mode start-up. L’ouvrage avait été préfacé par Emmanuel Macron.

Karim Tadjeddine apparaît dans les MacronLeaks avec son adresse mail de McKinsey. Devant le Sénat, il a reconnu que « l’utilisation de l’adresse électronique de l’entreprise était une erreur. Je le reconnais, cela a donné lieu à une suite en interne ». Plusieurs consultants ou anciens de McKinsey se sont également investis sur leur temps libre dans la campagne électorale de 2017. L’entreprise n’a pas joué de rôle en tant que tel.

Le gouvernement a-t-il eu plus de recours aux cabinets de conseil que dans les quinquennats précédents ? Et par rapport aux autres pays européens ?

La pratique de recourir aux cabinets de conseil n’est pas inédite. Cependant, le rapport du Sénat examine le recours aux cabinets de conseil seulement pendant le quinquennat d’Emmanuel Macron. Jusqu’en 2018, la pratique est mal connue, car mal-documentée : les ministères ne disposeraient pas des chiffres antérieurs à 2018, à cause d’un changement de logiciel, c’est la raison avancée à la commission d’enquête sénatoriale. Elle a donc dû se rabattre sur des approximations qui se fondent sur des chiffres transmis par la Fédération européenne des associations de conseil en organisation, qui prend en compte les prestations réalisées pour l’ensemble de la sphère publique, dont les collectivités territoriales, contrairement à l’angle choisi par les sénateurs.

Ils jugent toutefois que ces chiffres permettent de se rendre compte de la tendance à la hausse dans le marché du conseil au secteur public depuis 2007 : il aurait ainsi gagné plus de 40 % entre 2005 et 2018, selon la fédération. C’est avec la Révision générale des politiques publiques (RGPP), réforme de l’État menée par Nicolas Sarkozy, que s’initie cette hausse : un rapport d’information de l’Assemblée nationale, dont la rapporteure est la députée LREM Cendra Motin, relève que « le niveau des dépenses consacrées au conseil double ainsi entre 2007 et 2010 ». Le rapport sénatorial confirme « une hausse sensible entre 2007 et 2010 à la faveur de la RGPP », comme le montre ce graphique.

Chiffres d'affaires réalisé par les entreprises du secteur du conseil en secteur public

Chiffres d’affaires réalisé par les entreprises du secteur du conseil en secteur public

(Rapport du Sénat)

Pendant le mandat de François Hollande , si la modernisation de l’action publique se poursuit, le recours aux cabinets de conseil semble baisser, avant de connaître une remontée depuis 2018.

En comparaison avec les autres pays européens : en France, il est « historiquement limité » selon le Sénat. Pour l’année 2018, dernière année de comparaison citée par le Sénat, les cabinets de conseils font un chiffre d’affaires de 3 143 millions d’euros en Allemagne, et 2 640 millions d’euros au Royaume-Uni, contre seulement 657 millions d’euros en France. Selon le rapport de l’Assemblée, pour 2019, ce chiffre s’élève à 814 millions d’euros en France. « Le montant d’achats de prestations de conseil par le secteur public rapporté aux dépenses de personnel dans le secteur public en France, demeure l’un des plus faibles de l’Union européenne. Il est de 0,27 % en France contre 1,25 % en Allemagne et 1,47 % au Danemark », précise le rapport de la mission d’information de l’Assemblée nationale (voir le graphique ci-dessous).

Dépenses publiques en prestation de conseil dans différents pays de l'Union européenne

Dépenses publiques en prestation de conseil dans différents pays de l’Union européenne

(Rapport de la mission d’information de l’Assemblée nationale)

McKinsey a-t-il conseillé au gouvernement de baisser les APL de 5 euros ?

Non, McKinsey n’est pas à l’origine de la baisse des APL de 5 euros. Cette partie de la polémique part d’une déclaration de la rapporteure de la commission d’enquête, Éliane Assassi lors de la présentation du rapport : elle mentionnait « une prestation de 4 millions d’euros de McKinsey pour mettre en oeuvre la réforme des APL, cette même réforme qui réduisait les aides de 5 euros par foyer ». La sénatrice confond deux réformes, car, dans son rapport, la commission d’enquête se réfère à une réforme du mode de calcul des APL, et à une prestation commandée à McKinsey à partir de 2018, pour une réforme qui devait s’appliquer en janvier 2019. Le cabinet est sollicité pour un premier audit à l’automne 2018, et le sera à plusieurs reprises par la suite, la réforme prenant plus de temps que prévu, « à cause des lacunes informatiques de la CNAF puis de la crise sanitaire » selon les sénateurs.

Cette réforme, qui met en place le calcul « en temps réel » des APL, n’a rien à voir avec la baisse de cinq euros décidée en juillet 2017 par le gouvernement, bien avant le début de la mission de McKinsey. Interrogée par le JDD, Éliane Assassi reconnaît que le rapport ne parle pas de la baisse de 5 euros, mais bien du changement du mode de calcul, mais regrette « l’utilisation politicienne du rapport », et pointe « les interprétations politiques » qui en ont été faites. Mais pour la communiste, c’est aussi le « manque de transparence » de la part du gouvernement qui a alimenté cette fausse nouvelle. Car le détail n’est pas passé inaperçu, et a été repris par plusieurs personnalités politiques, comme Xavier Bertrand, ou Adrien Quatennens.

D’autres candidats ont-ils eu recours à des cabinets de conseils dans leur fonction exécutive ?

Oui. Xavier Bertrand, conseiller spécial de Valérie Pécresse , avait dénoncé le 23 mars l’affaire McKinsey comme « un scandale d’État », en assurant que si Valérie Pécresse était élue, elle cesserait de faire appel aux cabinets de conseil, sur l’antenne de Franceinfo. Une semaine plus tard sur LCI, la candidate n’a pas tenu exactement le même propos : « Par définition, je ne suis pas contre à ce qu’il y ait des partenariats entre le public et le privé. (…) Cela dépendra pour quelles missions, mais évidemment pas à ces niveaux de montants. » Valérie Pécresse a aussi admis avoir eu recours à un cabinet de conseil alors qu’elle était ministre de l’Enseignement Supérieur en 2008, pour la « réorganisation du ministère », et pas pour la réforme des universités. Par contre, l’utilisation des cabinets de conseil par les collectivités territoriales n’a pas été analysée par le Sénat qui s’est concentré sur le quinquennat d’Emmanuel Macron et sur le pouvoir exécutif.

Delphine Batho, porte-parole de Yannick Jadot , a également été épinglée par L’Opinion pour avoir eu recours à des cabinets de conseil alors qu’elle était ministre de François Hollande, pour des dépenses estimées à 68,5 millions d’euros. Delphine Batho conteste l’accusation.

*Le 26 mars, le cabinet McKinsey a réaffirmé respecter les règles fiscales françaises, précisant qu’une de ses filiales avait payé l’impôt sur les sociétés pendant six ans sur la période au cours de laquelle le Sénat l’accuse d’optimisation fiscale.

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