Macron , Le président le plus mauvais gestionnaire de la Ve République
Gérard Larcher, président du Sénat n’est pas tendre avec le gouvernement, notamment sur sa gestion des finances publiques tire en effet la sonnette d’alarme sur l’envolée de la dépense publique, qui, si elle n’était pas maîtrisée, risquerait de conduire à une situation similaire à celle de la Grèce.
Interview dans la Tribune
Peut-on à la fois baisser les impôts pour les classes moyennes et contenir les dépenses comme l’assure le ministre de l’Économie et des Finances ?
Le Président a annoncé lundi soir un geste en faveur des classes moyennes à hauteur de 2 milliards d’euros, je m’interroge sur le financement d’une telle mesure ! Nous avons à la fois le taux de dépense publique et le taux de prélèvements obligatoires les plus élevés de l’UE. Les Français ne jugent plus les services publics à la hauteur de leurs attentes. Cela révèle un sérieux problème d’efficacité de la dépense. En matière de logement par exemple, nous dépensons, en proportion du PIB, deux fois plus que la moyenne européenne tout en étant confrontés à un déficit de logements. Cela ne peut plus durer !
Dites-vous qu’Emmanuel Macron est le président le plus dépensier de la V République ?
Oui. Au cours du premier quinquennat, les dépenses publiques ont augmenté de 240 milliards dont 60 milliards hors COVID. Le gouvernement annonce une progression de 220 milliards pour les cinq ans à venir. La tendance est deux fois plus rapide que sous François Hollande. Il faut revenir à la raison.
Que pensez-vous des annonces de Gabriel Attal qui veut s’attaquer aux ultra-riches qui fraudent le fisc ?
Ne soyons pas dupes, c’est un clin d’œil à l’aile gauche et la volonté de s’attirer les grâces des classes moyennes. L’administration fiscale fait correctement son travail. En revanche, il est normal de demander éthique et morale à ceux qui ont bénéficié économiquement de la crise. Mais évitons d’être démagogues. Pour lutter contre la fraude sociale, nous avons voté au Sénat, en 2019, la carte vitale biométrique. Et on attend toujours…
Le président a donné cent jours à la Première ministre pour amorcer un consensus avec les forces politiques parlementaires. Vous y croyez ou bien est-ce qu’il gagne du temps faute de solution pour relancer son mandat ?
Nous avons de vraies différences sur la manière de gouverner, sur le régalien, sur la décentralisation, sur les dépenses publiques. Voilà pourquoi nous ne pouvons avancer que texte par texte, quand c’est l’intérêt du pays. On ne fait pas en cent jours ce qu’on n’a pas fait en six ans.
J’ajoute que le Président Macron a lui-même déclaré, dans les colonnes de vos confrères de l’Opinion, qu’il ne croyait pas aux coalitions, dont acte ! Le prochain test pour l’exécutif sera à l’automne avec le vote du budget 2024. Il faudra qu’il soit attentif aux exigences du Sénat.
Pourtant votre nom circule pour Matignon ?
En l’état de nos différences, je refuserais une telle proposition. Pour relancer le quinquennat avec une coalition, il faut un choc passant par une nouvelle élection – présidentielle ou législative -avec derrière un accord électoral et un contrat de gouvernement très clair.
Des membres de la gauche qui manifestent devant le siège de Renaissance en criant « Louis XVI on t’a décapité, Macron on peut recommencer ». Que dites-vous ?
Ce n’est pas acceptable.
Croyez-vous au retour du clivage droite/gauche en 2027 ou bien la tripartition de la vie politique entre le bloc de la décroissance (la Nupes), le bloc nationaliste et le bloc central est durablement installé ?
La vie politique a besoin de clarté sinon nous ouvrons un boulevard aux extrêmes. Nous assistons aux limites du « en même temps ». Ce « en même temps » de gauche et de droite a été mortifère pour notre démocratie. Le clivage droite/gauche réapparaît d’ailleurs naturellement quand il s’agit de la réforme des retraites ou celle de l’immigration.
Quel bilan tirez-vous des premiers mois de la présidence d’Éric Ciotti ?
Ce n’était pas mon candidat mais je trouve qu’il fait preuve de courage et de détermination. Je serai à ses côtés.
Aurélien Pradié a-t-il sa place dans votre mouvement ?
C’est à lui de le décider, mais à force de prendre des positions contraires à la majorité du parti, il devra se mettre en cohérence avec ses convictions.
Laurent Wauquiez sort du silence et trace des perspectives. Est-il le candidat naturel de la droite pour 2027 ?
Son entretien dans « Le Point » est très intéressant. Sa réflexion mûrit. Chacun sait que j’aurais aimé qu’il se positionne davantage sur les retraites. Est-il notre candidat naturel ? Il en a toutes les qualités mais l’urgence du moment n’est pas de savoir qui sera notre candidat. Quand on est à moins de 5% à l’élection présidentielle, il faut d’abord retrouver la confiance des électeurs. Ce que je sens profondément c’est que les Français ne croient plus à l’action politique et qu’elle ne change plus rien à leur vie. À nous de leur proposer un nouveau chemin.
Faut-il s’attendre à des bouleversements lors du prochain renouvellement sénatorial ?
Rien n’est jamais gagné. Je fais donc campagne pour éviter de mauvaises surprises. Il faut expliquer aux élus locaux notre action pour contrôler le gouvernement et les représenter. Beaucoup sont déconcertés par un exécutif qui avance à petit pas, sans boussole et sans majorité. Et puis, les Français sont perturbés par l’image dégradée de l’Assemblée nationale du fait de l’attitude de certains députés. Je crois que le Sénat est un pôle de stabilité dans notre République si ballotée en ce moment.