Logement : pour un plan Marshall ?
Le président du réseau ORPI constate le désastre logement. Il propose un plan Marshall pour redresser la situation. Avec des ventes en baisse de 20 % et des prix qui restent élevés, le marché est grippé. 2023 restera une année noire pour l’immobilier. Tous réseaux confondus, ce sont plus de 800 agences qui ont baissé le rideau. Interview de Guillaume Martinaud, président du réseau Orpi, dans le JDD.
Guillaume Martinaud: Après un marché post-Covid euphorique qui a comptabilisé jusqu’à 1,2 million de transactions, nous revenons à des chiffres plus modestes avec un peu moins de 900 000 ventes cette année. Chez ORPI, nous accusons une baisse des compromis de vente de 20 à 22 %. Certaines de nos succursales n’ont pas résisté, victimes de la dégringolade du marché et des coûts de fonctionnement qui explosent.
Que faudrait-il selon vous pour que l’immobilier retrouve des couleurs ?
Il faudrait que les prix baissent une fois pour toutes. Aujourd’hui, nous constatons une diminution moyenne des prix de vente de 3 % sur un an au niveau national, c’est clairement insuffisant. En dessous de 10 % de baisse, il n’y aura pas d’effet significatif sur les ventes. Sans compter que les banques ont les deux pieds sur le frein du crédit…
Comment les convaincre de prêter davantage ?
Ce n’est pas grâce à la dernière trouvaille du gouvernement, la possibilité d’emprunter sur vingt-sept ans au lieu de vingt-cinq en contrepartie de travaux de rénovation énergétique, que le marché va se réveiller. En revanche, ce qu’il faut observer, ce sont les taux d’intérêt qui semblent se stabiliser avec des banques a priori plus disposées à prêter et à négocier.
Il ne faudrait pas que cette légère éclaircie incite certains de nos vendeurs à augmenter à nouveau leur prix. Ce serait une grave erreur qui empêcherait le redémarrage des ventes.
Le gouvernement a-t-il conscience de la crise du logement qui s’annonce ?
On nous dit qu’il faut construire, mais on empile des normes environnementales interdisant l’artificialisation des sols. On nous dit que la rénovation énergétique est une priorité, mais les aides allouées à « Ma Prime Rénov’ » ne sont pas complètement ventilées cette année.
On restreint aussi l’accès au PTZ, le prêt à taux zéro, et on ne prévoit pas de remplacer le dispositif Pinel…
Il faut un plan Marshall pour le logement. Cela passe par un choc fiscal. Ainsi, les frais de notaire sont trop élevés dans notre pays. Réduisons ces prélèvements afin d’augmenter le pouvoir d’achat immobilier des Français. Revoyons aussi l’ensemble de la fiscalité pour qu’elle soit plus incitative. Pour l’exécutif, être propriétaire cela signifie s’enrichir en dormant. Mais un propriétaire paie des taxes à l’État, fait travailler des entreprises qui elles-mêmes paient des charges et des impôts. Avec 68 millions de personnes à loger, il faudrait que l’habitat soit une priorité nationale et que nous ayons un vrai ministère du Logement, alors que nous n’avons qu’un ministre délégué !