L’éolien un solide marqueur idéologique !
Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde » estime que l’éolien est devenu un solide marqueur idéologique entre la droite–contre–et la gauche–pour–
Une vision finalement très parisienne et qui se réfère au contenu des programmes mais sans doute pas au positionnement politique des Français. En effet dans les opposants à l’éolien sur le terrain on trouve autant de résidents de sensibilité de gauche que de droite et surtout une majorité sans réelle attachement politique partisan.Par ailleurs, l’analyse économique pour comparer éolien et nucléaire est complètement faussée que l’éolien et sur subventionné. Sans parler de l’immense cout de démolitions des éoliennes complètement ignoré. Le caractère intermittent est en outre passé sous silence. Bref un plaidoyer pro éolien très approximatif. NDLR
Pour la première fois sur le territoire français, un mât blanc de plus de 100 mètres de haut s’est élevé, jeudi 7 avril, au-dessus de la mer au large de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Une éolienne de 6 mégawatts de puissance, qui sera progressivement rejointe par 80 autres plantées à une quinzaine de kilomètres face aux ports du Croisic et du Pouliguen. Le premier champ éolien maritime français sort enfin la tête de l’eau. A terme, l’installation fournira les besoins en électricité de 700 000 habitants. Un motif de fierté pour les ingénieurs d’EDF, qui travaillent sur le projet depuis dix ans, et pour toute la profession de l’éolien.
Cette bonne nouvelle ne convainc pas tout le monde. A tel point que ce sujet est devenu, en quelques années, un solide marqueur idéologique entre la droite (contre) et la gauche (pour). Dans son programme politique, la proposition 12 de Marine Le Pen promet d’« arrêter les projets éoliens et [de] démanteler progressivement les parcs existants ». Face à elle, Emmanuel Macron entend créer 50 nouveaux parcs éoliens en mer, comme celui de Saint-Nazaire, mais il ne parle pas du terrestre.
Pour se passer d’éolien, le Rassemblement national prévoit la construction d’une vingtaine de réacteurs EPR d’ici à 2036, dont dix en 2031. Mais cela dépasse largement les capacités techniques d’EDF, qui serait déjà content s’il parvenait à sortir un seul nouvel exemplaire en 2037.
Bien sûr, les éoliennes consomment beaucoup de béton et affectent le paysage, mais elles sont bien plus simples à construire et à installer, et produisent aujourd’hui à des coûts très compétitifs. Le dernier appel d’offres marin, à Dunkerque (Nord), a été remporté par EDF au prix de 45 euros le mégawattheure, contre un prix de marché de l’électricité qui a atteint les 230 euros au premier trimestre.
Comme le rappelle l’expert Nicolas Goldberg dans une très complète note pour Terra Nova, il n’y a aucune chance de respecter de près ou de loin les objectifs climatiques sans un développement à marche forcée des énergies renouvelables, en plus du nucléaire. C’est le message envoyé par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat et le Réseau de transport d’électricité dans leurs scénarios 2050. Une réalité qui finira par s’imposer. Mais le temps presse.