Marine Lepen sanctionnée par l’Europe
Marine Le Pen a perdu l’immunité parlementaire dont elle bénéficie en tant que députée européenne. Le Parlement de Strasbourg a levé cette immunité mardi midi, après avoir suivi les recommandations de la commission des Affaires juridiques, qui avait statué le 20 juin. Marine Le Pen pourrait donc être mise en examen pour « incitation à la haine raciale ». « Cette décision exprime la crainte croissante de l’oligarchie face à l’irrésistible montée en puissance d’un mouvement patriote qui porte haut et fort la parole du peuple et propose de réelles solutions aux problèmes des Français », écrit le parti d’extrême droite dans un communiqué. Marine Le Pen a pour sa part dénoncé sur BFMTV une rupture par le Parlement européen d’une « jurisprudence » protégeant la liberté de parole des députés. « Je vais me défendre devant le tribunal et je suis absolument convaincue que le tribunal me donnera raison et protègera mon droit à dire aux français la vérité sur la situation notamment des prières de rue mais pas seulement », a-t-elle ajouté. En novembre 2012, la France avait demandé au Parlement européen d’autoriser cette levée d’immunité parlementaire, après les propos tenus en 2010 par la présidente du Front national, établissant un parallèle entre les prières de rue de musulmans et l’occupation nazie. En décembre 2010, pendant la campagne interne pour la présidence du FN, Marine Le Pen avait en effet déclaré à Lyon, sur les terres de son rival Bruno Gollnisch : « Je suis désolée, mais pour ceux qui aiment beaucoup parler de la Seconde Guerre mondiale, s’il s’agit de parler d’occupation, on pourrait en parler, pour le coup, parce que ça (les prières de rue des musulmans, Ndlr) c’est une occupation du territoire ». Outre le tollé politique suscité, le parquet de Lyon avait ouvert l’année suivante une enquête préliminaire pour « incitation à la haine raciale », après le dépôt d’une plainte du Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples). Marine Le Pen avait affirmé que cette enquête avait été classée sans suite. Mais une plainte avec constitution de partie civile pour « provocation à la discrimination, à la violence et à la haine envers un groupe de personnes en raison de leur religion », émanant cette fois du Collectif contre l’islamophobie en France, avait déclenché l’ouverture d’une information judiciaire. Surtout que la présidente du Front a réitéré et assumé ses propos. »Je suis poursuivie pour un délit d’opinion pour avoir osé dire ce que tous les Français pensent, à savoir que les prières de rue, dont je leur indique d’ailleurs qu’elles continuent à se dérouler sur le territoire français, sont une occupation », a-t-elle lancé lundi sur LCI. « Oui, c’est une occupation! Je le maintiens. C’est une occupation de pans du territoire, des quartiers dans lesquels la loi religieuse s’applique, c’est une occupation. » Avec cette décision prise à Strasbourg, Marine Le Pen connaît le même sort que Bruno Gollnisch, qui a été privé à deux reprises de son immunité parlementaire après des propos qui avaient donné lieu à des poursuites en France. En 1998, Jean-Marie Le Pen a également été visé par la même procédure après avoir déclaré que les chambres à gaz nazies étaient « un détail de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale ».