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Marchés financiers : Après l’espoir le désenchantement

Marchés financiers : Après l’espoir le désenchantement

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La fin espérée de la crise sanitaire et la reprise économique ont nourri des espoirs de rendement significatif sur les marchés financiers. Toutefois la situation en Ukraine remet en cause bien des certitudes et les espérances de rentabilité.( Un article de la Tribune, Karl Eychenne)

Nul ne sait comment évoluera le conflit ukrainien dans les jours qui viennent, quel sera l’impact des sanctions économiques dans les mois qui suivront, et où finira l’inflation en fin d’année. Par contre, il existe quelques certitudes, 4 précisément.

Première certitude : le pouvoir d’achat du consommateur va souffrir, de plus en plus. Les tensions en cours sur les prix de certaines matières premières n’ont plus rien à avoir avec la pandémie, mais sont liées au conflit ukrainien et sont bien parties pour durer. +30% de hausse du prix du pétrole depuis le début de l’année, +40% pour le blé, et +50% pour le prix du gaz… Les efforts gouvernementaux pour limiter la casse sont toujours les bienvenus, mais tellement dérisoire face à au choc subi.

Deuxième certitude : les marges des entreprises vont aussi souffrir. La facture s’annonce salée avec d’une part la hausse du coût des « inputs » liée aux tensions des prix de l’énergie notamment, et de l’autre la hausse du coût du capital liée à la remontée des taux d’intérêt. Un seul secteur devrait tirer son épingle du jeu : l’énergie évidemment. Mais le reste des entreprises devra faire l’effort, et au besoin couper dans les embauches et l’investissement. Les analystes prévoient encore 10% de bénéfices en 2022. Ils rêvent.

Troisième certitude : la Banque Centrale européenne va durcir de plus en plus son message, anticipant une politique monétaire de plus en plus restrictive. Bon, il ne faut pas pousser non plus : on devrait plutôt parler de politique de moins en moins accommodante. En effet, rappelons quand même que les taux d’intérêt directeurs sont à 0%, et l’inflation à près de 7%. Avant que la politique monétaire ne devienne restrictive, il faudra passer un long moment à priori, et de nombreux comités de la Banque Centrale.

Quatrième certitude : les politiques budgétaires ne vont plus pouvoir financer les prochaines crises aussi facilement. Le quoi qu’il en coûte ne coûte toujours pas grand-chose malgré les tensions sur les taux d’intérêt. Mais il coûte un peu plus quand même, et il pourrait coûter bien davantage encore si les taux continuent de monter. Et il ne faut plus compter sur la Banque Centrale européenne (BCE) pour limiter la casse. En effet, la dette publique sera bientôt persona non grata dans le bilan de la BCE. Fini la création de monnaie pour financer la politique de l’État. L’inflation a rappelé à la BCE ses premiers devoirs.

L’investisseur n’a pas besoin qu’on lui fasse un dessin. Il comprend très vite que ces 4 certitudes ne promettent rien de bon sur les marchés financiers. Le tout sous réserve évidemment que le conflit ukrainien ne dégénère pas, car alors les perspectives seraient bien plus sombres encore pour l’investisseur.

Commençons par le pire : les marchés obligataires. Depuis le début de l’année, ils perdent près de 5%. La remontée des taux d’intérêt rend les obligations initialement achetées à des taux plus faibles de moins en moins intéressantes pour celui qui les détient. En effet, quel intérêt de détenir une obligation qui rémunère 0% par an, alors que celle émise plus récemment propose du 1%. Autant vendre maintenant avant que les taux ne montent davantage encore. Car si les taux ont commencé à monter à cause de l’inflation et de la BCE, on ne voit pas pourquoi ils s’arrêteraient en si bon chemin.

Puis il y a les marchés d’actions. Ils perdent près de 10% depuis le début de l’année. Mais les investisseurs ne désespèrent pas d’un rebond pour solder éventuellement l’année à près de 0%. Possible, mais de moins en moins probable. Il faudrait pour cela que les marges des entreprises résistent à la hausse des coûts, et que les valorisations des marchés (PER) résistent aux tensions sur les taux d’intérêt. Cela fait peut-être beaucoup. Certes, l’investisseur pourra toujours avancer le plus vieil argument du monde de la finance : après la pluie le beau temps, et saisir l’opportunité de prix bas. Mais bon.

Ceux qui sont censés faire mieux en termes de performances, ou moins en termes de risque, le tout afin d’améliorer le profil rendement – risque du portefeuille de l’investisseur. Hélas quand ça ne veut pas… Aujourd’hui, on serait bien en peine d’identifier une classe d’actif qui ait su tirer son épingle du jeu de la crise récente, et qui promette de faire aussi bien les jours prochains.

Certes, il y a le marché d’action américain qui fait bien mieux que le marché européen depuis le début de l’année. Mais on ne peut pas vraiment parler d’un actif alternatif qui s’émancipe du cycle économique mondial. D’une manière générale, tous les marchés d’actions se tiennent par la barbichette, au beta près, il s’agit d’une mesure de la sensibilité que chaque marché entretient avec tous les autres réunis.

Pas vraiment mieux, pas vraiment diversifiant. Tous entretiennent d’ailleurs des liens assez forts entre eux, et même avec les marchés d’actions. Bref, cela fait joli dans un portefeuille, on voyage, mais de là à améliorer le rendement – risque du portefeuille. On repassera.

Mouais. L’assurance contre l’inflation est clairement une bonne idée. Mais avec des taux d’intérêt réels négatifs, c’est déjà beaucoup moins intéressant. C’est un peu comme si vous n’étiez assuré que pour la moitié de vos biens. Certes, c’est toujours mieux que rien.

Il y aurait bien les matières premières, seule classe d’actif à réellement performer depuis le début de la crise Covid jusqu’au conflit ukrainien. Mais la règlementation est plutôt rétive à ce genre d’actifs dans le portefeuille de l’épargnant.

Pour les plus courageux ou les imprudents, il y a alors les actifs vraiment alternatifs. Ces actifs qui vous proposent des performances passées plutôt sympathiques, mais inversement corrélées aux performances futures. J’exagère, mais pas trop quand même. Il s’avère après coup qu’on est plus proche de la tontine : primes de risques alternatives, hedge funds quantitatifs, et autres boites noires, dans le même panier.

Enfin, on ne terminera pas sans parler des cryptomonnaies. Elles font toujours jaser. Sur le plan de la volatilité, on n’est pas déçu, il faut les reins solides. Sur le plan des performances, on est quand même un peu surpris. Depuis le début de la crise Covid, le Bitcoin par exemple est en hausse de près de 400%. Depuis le début de la crise ukrainienne +20%.

Dégradation de la France : réalité ou rumeur

Dégradation de la France : réalité ou rumeur

 

La rumeur de dégradation de la France serait à l’origine du nouveau coup de mou des marchés. En fait il y a bien adultes facteurs explicatifs notamment l’absence de croissance et l’ aggravation des équilibres financiers dans nombre de pays européens. « L’éventualité d’une dégradation de la France n’est pas à prendre au sérieux. Ce sont des rumeurs de rumeurs; il est quasi impossible qu’une agence de notation se permette de dégrader la France à quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle », a réagi Patrick Jacq, stratégiste obligataire chez BNP Paribas.   »Pour autant cela prouve que le marché est particulièrement nerveux », a-t-il ajouté.  Sur le marché secondaire, là ou s’échange la dette après les émissions, les taux ont subitement progressé vers 13H30 (11H30 GMT) après l’apparition de la rumeur, avant de fléchir à nouveau.  Une source gouvernementale française, interrogée par l’AFP, a affirmé que « cette rumeur sur la dégradation de la France n’était pas fondée ». « Il n’y a rien de neuf par rapport à cela auprès des agences de notation », a-t-elle ajouté, sous couvert d’anonymat.  Vers 15H00 (13H00 GMT), les taux à 10 ans de la France s’inscrivaient à 3,061% contre 3,005% mercredi soir. Ceux de l’Espagne, pays qui concentre depuis longtemps les inquiétudes des marchés, s’établissaient à 5,884% contre 5,792% la veille.  Des taux qui sont certes en hausse, mais sans excès et qui prouvent que les adjudications de titres de dette tenues en matinée, tant en Espagne qu’en France, ont été bien accueillies par les marchés, malgré le regain d’inquiétude en zone euro et les incertitudes liées à l’élection présidentielle française.  Dans l’ensemble malgré le contexte délicat, ces deux adjudications se sont bien déroulées eu égard à la forte demande et au fait que les taux n’ont pas explosé, jugent les analystes.  Jeudi matin, les investisseurs ont eu les yeux rivés sur l’Espagne, pays chahuté depuis trois semaines par des marchés qui doutent de la capacité de Madrid à juguler son énorme déficit.  La demande a été au rendez-vous ce qui prouve que l’Espagne peut toujours se financer, indique-t-on chez Natixis. Les taux de l’échéance-phare, à dix ans, sont toutefois remontés mais sont restés sous la barre symbolique des 6%.  En France, une adjudication de titres à moyen terme, la dernière avant le premier tour de l’élection présidentielle, était également scrutée par les marchés, en raison des incertitudes entourant les résultats du scrutin.  Là également les investisseurs ont considéré cette émission comme réussie car elle a attiré une forte demande, comprise entre 1,5 et 3 fois l’offre.  Le Trésor a levé 10,5 milliards d’euros, soit le montant espéré (9 à 11 milliards) sur 4 lignes d’obligations à moyen terme. Là encore, la demande a largement dépassé l’offre, de 1,5 fois à 3 fois. Sur une ligne à 5 ans une légère hausse des taux a été notée à 1,83% contre 1,78% un mois plus tôt.   »Emission sans surprise, les résultats sont bons, le marché est peu ému par le scrutin de l’élection présidentielle », note Cyril Regnat, stratégiste obligataire chez Natixis.

 




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