Un transport routier de marchandises plus attractif ?
Comment augmenter l’attractivité des métiers du transport routier de marchandises (TRM) ? Les réponses de Sandrine Pinchard, PDG de la société Van and Truck, transporteur de nouvelle génération qui met les enjeux de développement durable au centre de son modèle de développement dans la Tribune
Un papier intéressant mais qui fait quand même l’impasse sur le problème important de la rémunération des conducteurs NDLR
Alors que de nombreux départs à la retraite vont impacter le TRM dans les années qui viennent, le secteur est-il suffisamment attractif pour attirer les jeunes ?
Effectivement, de nombreux départs à la retraite vont impacter le TRM dans les années qui viennent. La tranche des 50 ans et plus, qui n’étaient que 27 % en 2010, concentre désormais 39 % des salariés.
Le TRM a besoin de se réinventer pour être attractif auprès des jeunes.
Les membres de la génération Z sont de véritables natifs du numérique. Les entreprises du TRM doivent donc mettre à leur disposition des outils qui leur permettent d’accéder rapidement aux informations et de tisser des liens professionnels à distance. Chez Van and Truck, nous avons mis en place Steeple qui est un outil de communication interne permettant de fédérer 100 % des collaborateurs, qu’ils soient sédentaires ou conducteurs.
Par ailleurs, les jeunes ont pour objectif de travailler pour des entreprises qui placent les logiques écologiques au cœur de leur organisation et de leurs activités. Néanmoins, pour les nouveaux talents, les mots ne suffisent plus, aux entreprises de joindre le geste à la parole en menant des actions audacieuses et concrètes.
Enfin, plus que jamais, les jeunes sont en quête de sens, ils aspirent à réaliser un travail qui est en accord avec leurs valeurs, qualités et compétences. Alors communiquons sur cette évidence : le camion est un maillon essentiel à la vie économique. Derrière lui se cache une communauté humaine, une sophistication de métiers, un tissu économique et social. Tout un système nerveux.
Quels sont alors les points d’amélioration sur lesquels il est nécessaire de travailler ?
Le premier point me semble être celui des chargements et déchargements. Les négociations sur ce sujet sont au point mort. Le port de charge lourde n’a jamais été pris en compte. Dans le TRM, il n’y a pas une réelle reconnaissance de la pénibilité du travail. Aujourd’hui, seul le travail de nuit est pris en compte. Ainsi, lorsqu’on impose à des chauffeurs de décharger des camions par simple désorganisation de la structure les accueillant, cela est nuisible à leur motivation. L’Espagne nous devance, car ce pays a récemment légiféré sur ce sujet très sensible.
Le second point est certainement celui du confort et du visuel des véhicules, mais également la tenue vestimentaire des conducteurs. « L’habit ne fait pas le moine » dit le proverbe, sauf peut-être lorsqu’il s’agit de vêtements de travail… D’un seul regard porté à la tenue, on reconnaît généralement la profession d’un individu. C’est un signe distinctif qui est souvent porteur de fierté.
Enfin, il est important de rappeler et de souligner combien les SOURIRES et les MERCIS ne coûtent rien et peuvent rapporter beaucoup. Pendant le confinement, des chauffeurs poids-lourds ont été accueillis à l’entrée des supermarchés avec des haies d’honneur et des applaudissements. Ils s’en rappellent encore tellement cela leur a fait chaud au cœur !
D’autre part, le secteur reste largement sous-féminisé. Quelles actions doivent être prises pour remédier à cette situation ?
En effet, le TRM ne séduit pas les femmes puisqu’elles ne représentent que 3 % des effectifs. La mixité est pourtant essentielle. La nécessité de revaloriser le métier et de créer de nouvelles vocations s’impose.
Je pense que certaines idées reçues ont la peau dure. C’est pourtant un métier qui offre beaucoup de possibilités et qui peut être parfaitement compatible avec des vies de famille.
Pour attirer les femmes, il semble primordial d’agir sur des aspects bassement terre-à-terre tels que le manque d’hygiène des toilettes des aires d’autoroutes. Un transporteur a mis au point un prototype de WC, à l’image de ceux des camping-cars. C’est une très bonne idée !
Par ailleurs, il me semble qu’il faille lutter contre la misogynie et miser sur la communication et la cooptation.
La thématique du développement durable peut-elle représenter un axe fédérateur pour attirer de plus en plus de monde vers les métiers du TRM ?
Sans aucun doute ! Aujourd’hui, les pouvoirs publics, les citoyens, les consommateurs et l’ensemble des opérateurs de terrain attendent une mobilité sûre, respectueuse de l’homme et de la planète. Nous voulons tous une mobilité organisée, contrôlée, non subie.
Les défis sont multiples. Il convient de conforter les progrès dans la circulation des biens et de réduire toujours davantage les nuisances qu’elle comporte.
L’innovation est notre leitmotiv pour répondre à ces défis. Les transitions énergétique, écologique, numérique et la formation des conducteurs sont les leviers majeurs pour tendre vers une mobilité durable