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Retraites : Le manque d’essence arbitre de la crise

Retraites : Le manque d’essence arbitre de la crise ?

Le manque de carburant pourrait bien être un arbitre de la crise. Faut-il se souvenir que c’est déjà le carburant avec la proposition de taxation qui avait fait naître le mouvement des gilets jaunes. Faut-il aussi rappeler que la fin de mai 68 a grandement été facilitée quand l’essence est revenue dans les pompes. Cette fois encore si le carburant venait à manquer alors les risques de paralysie pourrait être sérieux. Les Français pourraient être en situation d’exiger que le pouvoir mette fin à la crise politique qui se transformerait alors en crise économique.

Les premiers effets de la grève contre la réforme des retraites se font ressentir. Alors que la grève se durcit dans les raffineries, de nombreuses stations françaises sont à sec pour la première fois depuis le début du conflit. Elles sont principalement situées dans le Sud-est où les préfectures du Vaucluse et du Gard ont décidé de contingenter les ventes.

« Il n’y a plus aucun produit qui sort à cette heure » de l’ensemble des raffineries de France, que ce soit des six raffineries conventionnelles ou de la bioraffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône), a affirmé lundi à l’AFP, Eric Sellini, élu national de la CGT Chimie. Les expéditions de carburants vers les dépôts qui alimentent les stations-service étaient déjà bloquées ce week-end dans la plupart des raffineries.

Jusqu’à très récemment, les raffineries continuaient à produire du carburant, même si celui-ci n’était pas expédié. Mais cela change avec l’arrêt ce week-end d’une première raffinerie, la plus grande de France, celle de TotalEnergies en Normandie. L’opération prend plusieurs jours et l’installation devrait complètement s’arrêter « lundi soir ou mardi matin », selon Eric Sellini. A ce stade, certaines unités de la plateforme « restent en exploitation normale et assurent leur production », selon la direction.

Environnement-gestion de l’eau: Un manque de transparence

Environnement-gestion de l’eau: Un manque de transparence

Par Alors que le gouvernement a annoncé un prochain « plan eau » pour faire face à la sécheresse, la juriste et administratrice de France Nature Environnement alerte, dans une tribune au « Monde », sur le manque de transparence autour de la gestion de l’eau.

par Florence Denier-Pasquier (France Nature Environnement) dans le Monde.

La France manque d’eau. C’est ce que la sécheresse sévère des derniers mois révèle à beaucoup de Français. Au sortir de cet hiver, nous avons 25 % de précipitations en moins, des sols trop secs pour la saison et de nombreuses nappes souterraines insuffisamment rechargées…

Pour les associations membres du mouvement France Nature Environnement qui suivent les enjeux du partage de l’eau à l’échelle des bassins versants, et pour de nombreux scientifiques qui nous alertent depuis deux décennies, ce n’est pourtant pas une surprise. Une étude du ministère de l’écologie publiée en juin 2022 a d’ailleurs montré que la ressource en eau renouvelable a déjà baissé de 14 % ces deux dernières décennies par rapport aux dix années précédentes !

Tous les usages de l’eau, interdépendants sur un territoire, sont touchés. Les milieux naturels souffrent déjà énormément de notre inadaptation collective, comme en témoignent les nombreux cours d’eau asséchés. C’est tout le cycle de l’eau qui est bouleversé. Les effets du changement climatique s’ajoutent à des décennies de forte augmentation des prélèvements, d’aménagements hydrauliques néfastes, de destruction des zones humides, d’arasement de talus et de haies, d’artificialisation et d’activités agricoles délétères pour les sols : autant de pratiques qui ont dégradé et altéré durablement leur potentiel d’infiltration de l’eau.

Or, ce sont ces mêmes milieux qui dépolluent nos rejets « traités » et régulent les écoulements. Nous sommes dans une spirale négative dont il est urgent de sortir.

Ces défis croisés avaient pourtant été bien identifiés lors des Assises de l’eau de 2019. Leur feuille de route fixait alors des objectifs clairs de sobriété : réduire les prélèvements de 10 % en 2024 et de 25 % en 2034.

A un an de la première échéance, nous en sommes très loin, hélas. En un sens, cette sécheresse est un rappel cruel mais utile : nous devons sortir du déni, et il est urgent que le prochain plan eau tienne enfin ces objectifs et organise vraiment cette réduction de l’ensemble des prélèvements, en commençant par les plus gros consommateurs.

Mais mieux économiser l’eau, mieux la partager avec justesse et justice suppose d’abord de bien connaître les usages existants. Or, les retours d’expérience des territoires déjà engagés dans une stratégie concertée de partage de l’eau (dans les projets de territoire pour la gestion de l’eau) montrent que nous sommes loin du compte.

Ainsi, nous ne disposons pas aujourd’hui de données indispensables pour une gestion équilibrée de l’eau, comme la quantité totale des prélèvements et les stratégies d’irrigation agricole. Or, il s’agit d’un enjeu fondamental : pour une gouvernance juste et durable de l’eau, nous avons besoin de mieux connaître tous les prélèvements – domestiques et non domestiques – et d’étudier leurs évolutions et leurs interactions.

Gestion de l’eau: Un manque de transparence

Gestion de l’eau: Un manque de transparence

Par Alors que le gouvernement a annoncé un prochain « plan eau » pour faire face à la sécheresse, la juriste et administratrice de France Nature Environnement alerte, dans une tribune au « Monde », sur le manque de transparence autour de la gestion de l’eau.

par Florence Denier-Pasquier (France Nature Environnement) dans le Monde.

La France manque d’eau. C’est ce que la sécheresse sévère des derniers mois révèle à beaucoup de Français. Au sortir de cet hiver, nous avons 25 % de précipitations en moins, des sols trop secs pour la saison et de nombreuses nappes souterraines insuffisamment rechargées…

Pour les associations membres du mouvement France Nature Environnement qui suivent les enjeux du partage de l’eau à l’échelle des bassins versants, et pour de nombreux scientifiques qui nous alertent depuis deux décennies, ce n’est pourtant pas une surprise. Une étude du ministère de l’écologie publiée en juin 2022 a d’ailleurs montré que la ressource en eau renouvelable a déjà baissé de 14 % ces deux dernières décennies par rapport aux dix années précédentes !

Tous les usages de l’eau, interdépendants sur un territoire, sont touchés. Les milieux naturels souffrent déjà énormément de notre inadaptation collective, comme en témoignent les nombreux cours d’eau asséchés. C’est tout le cycle de l’eau qui est bouleversé. Les effets du changement climatique s’ajoutent à des décennies de forte augmentation des prélèvements, d’aménagements hydrauliques néfastes, de destruction des zones humides, d’arasement de talus et de haies, d’artificialisation et d’activités agricoles délétères pour les sols : autant de pratiques qui ont dégradé et altéré durablement leur potentiel d’infiltration de l’eau.

Or, ce sont ces mêmes milieux qui dépolluent nos rejets « traités » et régulent les écoulements. Nous sommes dans une spirale négative dont il est urgent de sortir.

Ces défis croisés avaient pourtant été bien identifiés lors des Assises de l’eau de 2019. Leur feuille de route fixait alors des objectifs clairs de sobriété : réduire les prélèvements de 10 % en 2024 et de 25 % en 2034.

A un an de la première échéance, nous en sommes très loin, hélas. En un sens, cette sécheresse est un rappel cruel mais utile : nous devons sortir du déni, et il est urgent que le prochain plan eau tienne enfin ces objectifs et organise vraiment cette réduction de l’ensemble des prélèvements, en commençant par les plus gros consommateurs.

Mais mieux économiser l’eau, mieux la partager avec justesse et justice suppose d’abord de bien connaître les usages existants. Or, les retours d’expérience des territoires déjà engagés dans une stratégie concertée de partage de l’eau (dans les projets de territoire pour la gestion de l’eau) montrent que nous sommes loin du compte.

Ainsi, nous ne disposons pas aujourd’hui de données indispensables pour une gestion équilibrée de l’eau, comme la quantité totale des prélèvements et les stratégies d’irrigation agricole. Or, il s’agit d’un enjeu fondamental : pour une gouvernance juste et durable de l’eau, nous avons besoin de mieux connaître tous les prélèvements – domestiques et non domestiques – et d’étudier leurs évolutions et leurs interactions.

Le danger économique d’un manque d’unité dans l’Union européenne (FMI)

Le danger économique d’un manque d’unité dans l’Union européenne (FMI)

Kristalina Georgieva, Patronne du FMI, souligne les risques d’un manque d’unité de l’union européenne face à la crise dans le JDD. Exemple concernant la question du bouclier tarifaire de l’énergie. Une critique indirecte de la France en conflit avec l’Allemagne sur ce point. La patronne du FMI prévoit que la moitié des pays de l’union européenne seront en récession en 2023. Selon elle, « L’Europe se trouve actuellement dans la position la plus difficile, sous la pression des tensions commerciales causées par l’augmentation des prix de l’énergie et de l’alimentation ». « L’Europe est plus vulnérable, notamment à cause de la dépréciation monétaire », estime-t-elle.

Quels sont les principaux facteurs qui pourraient causer une récession ?
Les chocs successifs : la pandémie, suivie par la guerre en Ukraine, qui a amplifié l’inflation et l’a installée dans la durée. La hausse des prix devient de ce fait bien plus difficile à endiguer. C’est un risque majeur pour l’économie mondiale pour deux raisons essentielles : l’inflation frappe plus durement les plus précaires. Et sape la confiance des investisseurs comme des consommateurs.

Toutes les économies connaissent-elles un ralentissement ?
Les trois grands moteurs mondiaux de la croissance – l’Union européenne, la Chine et les États-Unis – freinent simultanément. L’Europe se trouve actuellement dans la position la plus difficile, sous la pression des tensions commerciales causées par l’augmentation des prix de l’énergie et de l’alimentation. En Chine, selon nos prévisions, la croissance faiblit en partie en raison de la politique zéro Covid menée par les pouvoirs publics, ainsi que des difficultés dans le secteur immobilier. Les États-Unis se montrent plus résilients pour l’instant, même si le rythme de la croissance décélère. Les conséquences des hausses des taux d’intérêt ne se sont pas encore réellement fait sentir, mais l’accès au crédit se tend, comme le démontre le tassement du marché des emprunts immobiliers. L’année 2023 y sera également difficile.

Nos prévisions situent la moitié des économies de la zone euro en récession technique, soit deux trimestres consécutifs de croissance négative. Et même trois trimestres pour l’Italie et l’Allemagne. Face à une chute globale de l’activité – que nous estimons potentiellement en deçà de 2,7 % dans le monde en 2023 –, l’Europe est plus vulnérable, notamment à cause de la dépréciation monétaire. Mais l’UE a démontré pendant la crise sanitaire une remarquable capacité d’unité avec le déploiement de mesures efficaces. Elle peut en faire autant face à la crise énergétique en harmonisant les mesures prises pour lutter contre ses conséquences. L’autre élément positif, c’est qu’une tragédie – une guerre sur le sol européen – a néanmoins donné un élan nécessaire à la transition énergétique. Il n’a jamais été plus urgent de s’affranchir de la dépendance aux énergies fossiles. Il y va de la survie de l’humanité.

L’Europe peine actuellement à élaborer une stratégie commune. Est-ce inquiétant ?
Après sept ans à Bruxelles et de nombreuses nuits blanches à travailler à l’élaboration de consensus, je suis convaincue que l’Europe saura se ressaisir pour défendre son économie et ses citoyens. Il s’agit d’un moment très difficile, nous devons le reconnaître. Davantage encore que pendant la pandémie, où il s’agissait d’une crise de l’offre. La riposte consistait en des politiques monétaire et budgétaire adaptées et complémentaires. La période actuelle est bien plus complexe.

Pourquoi ?

Parce que les réactions nécessaires semblent contradictoires. Il faut à la fois une politique monétaire plus restrictive pour lutter contre l’inflation, mais aussi une politique budgétaire qui doit protéger les personnes et les entreprises les plus vulnérables, sans pour autant alimenter l’inflation. Dans un contexte de souffrance généralisée, il devient beaucoup plus difficile de rester discipliné en matière de politique budgétaire. Voilà pourquoi certains pays européens pensent qu’il devrait y avoir davantage de liberté pour mettre en place des dispositifs différents. Alors que l’Europe a besoin d’adopter, pour le maintien de sa compétitivité et de son marché, des mesures communes.

Vous avez exprimé des réserves sur le plafonnement des prix de l’énergie. Pourquoi ?
Il doit être défini avec d’extrêmes précautions. Vouloir protéger la consommation d’énergie pour préserver l’activité économique se justifie, mais il faut prendre garde à ne pas atténuer la perception des « vrais » tarifs par les ménages et les entreprises. Car connaître le niveau réel des coûts de l’énergie est indispensable pour stimuler les efforts d’innovation en matière de transition écologique. Plafonner globalement les prix présente aussi l’inconvénient d’en faire bénéficier ceux qui en ont moins ou pas besoin.

Les politiques monétaires menées par les banques centrales, la Fed et la BCE, sont-elles adaptées ?
Il faut d’abord souligner que les conditions aux États-Unis et en Europe sont différentes. Aux États-Unis, les prix de l’énergie n’ont pas connu les mêmes augmentations puisque le pays est autosuffisant dans ce domaine. L’inflation y reflète une expansion de la demande. Alors qu’en Europe la pression sur les prix provient de la guerre en Ukraine. Les États-Unis souhaitent donc augmenter les taux d’intérêt plus rapidement, ce qui est pertinent de leur point de vue. Mais cette décision entraîne des conséquences sur le taux de change, avec la dépréciation de l’euro et de nombreuses autres devises.

L’Europe a-t-elle trop tardé à lutter contre l’inflation ?
Disons que les pays qui ont réagi très tôt, dont le Brésil, le Mexique ou le Pérou, bénéficient aujourd’hui d’une plus grande stabilité de leur monnaie par ¬rapport au dollar. Et leurs ¬économies, en termes relatifs, s’en sortent mieux. Il est indéniable qu’une action précoce face à l’inflation est bénéfique. La BCE continue à calibrer soigneusement la manière dont la ¬normalisation de la politique monétaire se déroulera en Europe, compte tenu des conséquences du conflit en Ukraine.

Comment peut agir le FMI face à la récession ?
Notre rôle est toujours plus important en temps de crise. Nous sommes au cœur du filet de sécurité financière planétaire – une sorte de médecin de famille de l’économie mondiale. Notre première mission consiste à diagnostiquer correctement les problèmes. Il est clair que la politique énergétique est devenue un élément central de la politique économique. Nous travaillons donc sur des actions de politique énergétique à court et à plus long terme, comme en témoigne notre étude récente sur la transition écologique. Là encore, agir plus tôt coûte moins cher. D’où l’importance de définir les mesures efficaces pour promouvoir une transition accélérée vers une énergie à faibles émissions de carbone et des économies à faibles émissions de carbone en général. Notre deuxième mission s’articule autour du soutien financier à ceux qui en ont besoin, comme pendant la pandémie, à 96 pays – un record dans l’histoire du FMI. Le Fonds a versé près de 258 milliards de dollars depuis le début de la crise sanitaire, dont des bouées de sauvetage financières à 16 pays, pour environ 90 milliards de dollars depuis le début de la guerre.
Nous restons vigilants concernant le ralentissement brutal du crédit à la suite du resserrement des taux d’intérêt

Qu’en est-il en Ukraine ?
Nous avons fourni 2,7 milliards de dollars en financement d’urgence et ouvert un compte administré par lequel nous avons mobilisé 2,2 milliards de dollars. Le plus important est la création d’un cadre macroéconomique permettant aux donateurs de soutenir l’Ukraine, en vérifiant l’utilisation des aides. La communauté internationale a engagé un montant record de 35 milliards de dollars pour soutenir l’Ukraine cette année.

Pensez-vous qu’une crise financière pourrait s’ajouter à la crise économique ?

La crise de 2008 a permis de renforcer la régulation du secteur bancaire. Il est aujourd’hui solide aux États-Unis, ainsi que dans les économies avancées. Les inquiétudes se situeraient du côté des institutions financières non bancaires. Nous restons vigilants concernant le ralentissement brutal du crédit à la suite du resserrement des taux d’intérêt. Et nous surveillons de près la dette. Celle des marchés émergents et des économies en développement en particulier.

France: L’économie victime de la baisse du niveau scolaire et du manque de qualification

France: L’économie victime de la baisse du niveau scolaire et du manque de qualification

L’économiste Xavier Jaravel s’inquiète à juste titre problèmes de « capital humain » qu’il observe en France : insuffisance des aptitudes sociocomportementales, du niveau de formation scientifique et des investissements en recherche-développement.

La productivité française est particulièrement malade alors qu’on prétend souvent le contraire. On oublie de phénomènes importants d’une part le faible nombre d’actifs en France par rapport à l’ensemble de la population. Deuxièmement le phénomène des 35 heures sur le volume de travail mais peut-être encore davantage sur la culture RTT et la valeur travail. Dans les faits, la France est derrière d’autres pays concurrents comme l’Allemagne les États-Unis.

« La sanction est sans appel compte tenu du déficit structurel des échanges extérieurs avec un écroulement particulier en 2022 qui va se traduire par un déficit double de l’année précédente autour de 150 milliards. Ces importations nettement supérieures aux exportations tuent mécaniquement l’activité en France et les emplois. On dit parfois que la productivité du travail en France est élevée : ce constat n’est pourtant plus d’actualité, bien au contraire. Les données d’une récente note du Conseil d’analyse économique révèlent un ralentissement marqué depuis une quinzaine d’années par rapport à l’Allemagne et aux Etats-Unis. Alors qu’au milieu des années 2000 la productivité du travail en France était plus élevée qu’aux Etats-Unis et au même niveau qu’en l’Allemagne, quinze ans plus tard, le tableau n’est plus si rose : la productivité du travail en France a décroché, et nous sommes désormais distancés à la fois par l’Allemagne et par les Etats-Unis estime l’économiste Xavier Jaravel

La plupart des secteurs et des catégories d’entreprises participent à cette dégradation. En cause, le faible niveau scolaire, l’insuffisance de qualification de nombre de salariés et le déficit dans le domaine de la recherche-développement.

D’une manière générale, la France a toujours un certain mépris pour l’orientation des élèves vers les filières techniques et scientifiques. Les raisons sont de deux ordres, d’une part le faible niveau mathématique général, d’autres part une politique d’éducation insuffisamment centrée sur les matières et filières fondamentales pour l’économie. La France est par exemple l’un des pays qui forment le plus de psychologues au monde ! Des diplômés qu’on retrouve ensuite surtout chez les fonctionnaires.

À peu près tous les secteurs d’activité rencontrent des difficultés de recrutement aujourd’hui, difficultés qui sont la conséquence directe de la politique de l’éducation tout autant que d’un certain condescendance des familles pour les métiers techniques.

Si tous les secteurs et toutes les entreprises voient leur productivité décrocher, d’où vient alors le problème ? Notre analyse identifie le « capital humain » comme le facteur principal, selon deux aspects : d’une part, de mauvaises compétences mathématiques et sociocomportementales (la capacité à travailler en équipe, à négocier, à gérer des ressources) ; d’autre part, une insuffisante orientation des jeunes vers les métiers d’avenir, notamment les filières scientifiques.

L’économie française victime de la baisse du niveau scolaire et du manque de qualification

L’économie française Victime de la baisse du niveau scolaire et du manque de qualification

L’économiste Xavier Jaravel s’inquiète à juste titre problèmes de « capital humain » qu’il observe en France : insuffisance des aptitudes sociocomportementales, du niveau de formation scientifique et des investissements en recherche-développement.

La productivité française est particulièrement malade alors qu’on prétend souvent le contraire. On oublie de phénomènes importants d’une part le faible nombre d’actifs en France par rapport à l’ensemble de la population. Deuxièmement le phénomène des 35 heures sur le volume de travail mais peut-être encore davantage sur la culture RTT et la valeur travail. Dans les faits, la France est derrière d’autres pays concurrents comme l’Allemagne les États-Unis.

« La sanction est sans appel compte tenu du déficit structurel des échanges extérieurs avec un écroulement particulier en 2022 qui va se traduire par un déficit double de l’année précédente autour de 150 milliards. Ces importations nettement supérieures aux exportations tuent mécaniquement l’activité en France et les emplois. On dit parfois que la productivité du travail en France est élevée : ce constat n’est pourtant plus d’actualité, bien au contraire. Les données d’une récente note du Conseil d’analyse économique révèlent un ralentissement marqué depuis une quinzaine d’années par rapport à l’Allemagne et aux Etats-Unis. Alors qu’au milieu des années 2000 la productivité du travail en France était plus élevée qu’aux Etats-Unis et au même niveau qu’en l’Allemagne, quinze ans plus tard, le tableau n’est plus si rose : la productivité du travail en France a décroché, et nous sommes désormais distancés à la fois par l’Allemagne et par les Etats-Unis estime l’économiste Xavier Jaravel

La plupart des secteurs et des catégories d’entreprises participent à cette dégradation. En cause, le faible niveau scolaire, l’insuffisance de qualification de nombre de salariés et le déficit dans le domaine de la recherche-développement.

D’une manière générale, la France a toujours un certain mépris pour l’orientation des élèves vers les filières techniques et scientifiques. Les raisons sont de deux ordres, d’une part le faible niveau mathématique général, d’autres part une politique d’éducation insuffisamment centrée sur les matières et filières fondamentales pour l’économie. La France est par exemple l’un des pays qui forment le plus de psychologues au monde ! Des diplômés qu’on retrouve ensuite surtout chez les fonctionnaires.

À peu près tous les secteurs d’activité rencontrent des difficultés de recrutement aujourd’hui, difficultés qui sont la conséquence directe de la politique de l’éducation tout autant que d’un certain condescendance des familles pour les métiers techniques.

Si tous les secteurs et toutes les entreprises voient leur productivité décrocher, d’où vient alors le problème ? Notre analyse identifie le « capital humain » comme le facteur principal, selon deux aspects : d’une part, de mauvaises compétences mathématiques et sociocomportementales (la capacité à travailler en équipe, à négocier, à gérer des ressources) ; d’autre part, une insuffisante orientation des jeunes vers les métiers d’avenir, notamment les filières scientifiques.

Le manque d’eau menace aussi l’économie

 

Le manque d’eau menace aussi l’économie

 

Spécialiste des enjeux de sécurité liés à l’eau, le chercheur Franck Galland met en évidence, dans une tribune au « Monde », l’impact de la raréfaction de l’eau sur le secteur technologique, une industrie qui consomme beaucoup de ressources hydriques.

 

Alors qu’un épisode de sécheresse historique touche la France, ayant d’importantes conséquences pour le secteur agricole, et, dans certaines communes, pour l’eau à vocation domestique, fort heureusement l’Hexagone ne connaît pas l’impact du stress hydrique sur ses entreprises high-tech et industrielles. Ailleurs dans le monde, la situation est cependant tout autre.

Des hubs technologiques névralgiques sont dorénavant menacés par le manque d’eau. La ville de Monterrey (Mexique), qui jouxte le Texas, connaît ainsi depuis quelques semaines pénurie et rationnement avec un impact fort sur ses 5,3 millions d’habitants, mais également sur les entreprises industrielles et technologiques qui s’y trouvent, manquant d’eau pour leur process de fabrication. La situation est devenue tellement sensible que le gouvernement mexicain a annoncé que le manque de pluie à Monterrey posait un problème de sécurité nationale.

Cette situation n’est pas sans rappeler le manque d’eau chronique qui touche dorénavant Bangalore, la Silicon Valley indienne. De même, Taïwan, qui concentre la production mondiale de puces, essentielles au fonctionnement des téléphones cellulaires, des voitures et des matériels militaires, connaît un manque inquiétant de pluviométrie l’été lors de la saison des typhons, qui lui fournit pourtant normalement la majeure partie de ses réserves en eau. Sur l’île, la raréfaction de l’eau devient ainsi un problème structurant occasionné par le changement climatique, risquant de provoquer une baisse des capacités de production de cette activité stratégique, incarnée par Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC), qui détient 92 % du marché mondial.

Fabriquer des puces nécessite en effet l’utilisation d’une eau ultrapure, produite généralement à partir d’un réseau public d’approvisionnement. Pour fournir 1 mètre cube d’eau 1 000 fois plus pure que l’eau du robinet, il est ainsi besoin de 1,4 à 1,6 mètre cube d’eau. Par ailleurs, l’eau distribuée en usine est également utilisée pour le refroidissement des équipements et des centres serveurs, qui permettent de graver des puces de 2 nanomètres, faisant la richesse et la spécificité de cette activité de très haute technologie.

 

Transition écologique: Un manque général de compétences

 Transition écologique: Un manque général de compétences

 

Alors que la crise climatique oblige à accélérer la transition, les compétences manquent, estime, dans une tribune au « Monde », Justin Longuenesse, premier adjoint à la mairie de La Madeleine (Nord). Pour y remédier, l’élu municipal préconise de développer, sur le plan national, une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences.

 

Du faîte d’un manque général de compétences, on assiste assez souvent à une sorte de délire aussi bien du côté « pour » que du côté « anti ». Un effort considérable doit être entrepris en amont en matière de recherche en matière de formation et de compétences opérationnelles . Faute de cela ,on continuera d’assister à un débat caricatural et à des politiques contradictoiressur l’enjeu central de la préservation de l’environnement NDLR

 

L’avertissement du GIEC, « le coût de l’inaction sera plus élevé que le coût de l’action », les jeunes diplômés français l’incarnent. Du « Manifeste pour un réveil écologique », en 2018, aux étudiants de Polytechnique, d’Agro Paris Tech et d’HEC cette année, leur message est clair : soit les entreprises refondent leurs activités en s’engageant pleinement dans la transition sociale et écologique, soit elles devront se passer de ces « têtes bien faites ».

Pour les entreprises, il y a pourtant urgence à se transformer : leurs modèles linéaires fondés sur une croissance de volumes infinis exercent une pression devenue insoutenable sur des ressources naturelles finies. L’augmentation spectaculaire du coût de l’énergie et des matières premières, symptôme de cette fuite en avant du « toujours plus », fragilise dangereusement nos sociétés dans leur ensemble.

Le décalage de plus en plus flagrant entre les convictions personnelles des collaborateurs et leurs objectifs professionnels participent au désengagement salarial. Nous constatons une fuite massive des talents vers les acteurs privés et associatifs les plus engagés dans la transition sociale et écologique qui assument clairement leur volonté d’œuvrer au bien commun.

Le véritable carburant de notre pays et de notre économie, ce n’est pas le pétrole. C’est le travail, cette ressource précieuse et renouvelable, fournie par les femmes et les hommes qui partagent leur énergie, leur volonté d’agir, leurs compétences et leurs expertises. Ce sont tous ces talents existants et en devenir qui s’engagent et s’engageront dans la transformation de notre pays.

Donc la principale question est : « Avons-nous aujourd’hui assez de têtes et de bras pour répondre au plus grand défi de notre siècle ? » Non ! Sur les secteurs des énergies renouvelables, du traitement de l’eau et de la valorisation des déchets, les compétences manquent cruellement quels que soient les profils recherchés.

Pour attirer les talents, les entreprises se livrent une véritable compétition dans un jeu à somme nulle, car nous ne formons pas assez, et pas assez vite pour pouvoir répondre à la demande. Avec une volonté affichée, les pouvoirs publics encouragent la mobilité douce et les transports en commun bas carbone.

Mais où sont les techniciens en charge de la réparation et de l’entretien des millions de vélos d’ores et déjà en circulation ? Où sont les architectes, les urbanistes et les ouvriers nécessaires à la construction des nouvelles infrastructures qui offriront des alternatives crédibles à la voiture ? Où sont les conducteurs de train, de tramway et de bus pour amplifier durablement ces changements vertueux ?

Risque de manque de gaz

Risque de manque de gaz

Un article de la Tribune souligne le risque demande de gaz en Europe notamment cet hiver (extraits).

Actuellement, les niveaux de stockage « tournent autour des 54% au niveau européen », précise à La Tribune Phuc-Vinh Nguyen, chercheur au sein du Centre Energie de l’Institut Jacques Delors. Un chiffre qui cache néanmoins de grandes disparités, puisqu’il s’élève à près de 98% au Portugal ou en Pologne, par exemple, contre 23% en Suède, selon les données de Gas Infrastructure Europe. Et pour cause, « les Polonais ont énormément anticipé la crise actuelle avec la Russie, et mené depuis dix ans un vaste plan de diversification de leurs approvisionnements, avec un nouveau Gazoduc depuis la Norvège et de nombreuses importations de gaz naturel liquéfié » note Phuc-Vinh Nguyen.

A l’inverse, « l’Allemagne s’est montrée assez naïve », ajoute le chercheur. « Cupide », même, a récemment jugé la Commissaire européenne à la concurrence, Margrethe Vestager. Certes, le gouvernement y a bien décidé, au début de la guerre en Ukraine, de geler le méga projet de gazoduc Nord Stream 2, qui devait permettre dès le mois de mars d’alimenter le Vieux continent en gaz russe, tout en contournant l’Ukraine par la Baltique. Mais le pays dépend toujours largement de son jumeau Nord Stream 1, opérationnel depuis 2012, malgré un ralentissement des livraisons décidé par Poutine. Et pour cause, avec sa décision de sortir du nucléaire, l’Allemagne reste le pays qui consomme le plus de gaz fossile en Europe, avec presque 1.000 TWh par an. Surtout, contrairement à la France, qui impose depuis quelques années aux fournisseurs un remplissage minimal de 85% au 1er novembre des capacités de stockage qu’ils ont souscrites, Berlin ne dispose d’aucune règle en la matière.

Reste que son niveau de stockage s’avère aujourd’hui légèrement supérieur à la moyenne des dernières années, a rappelé le ministre allemand de l’Economie, Robert Habeck, avec pas moins de 139 TWh en réserve souterraine, soit 58% des capacités totales.

….. Le s Européens se ruent tous azimuts sur le gaz naturel liquéfié (GNL), transporté par navire méthanier des quatre coins du monde plutôt que par pipeline. Ainsi, les approvisionnements en GNL des terminaux vers le système de transport de gaz européen en mai ont atteint un niveau record pour le mois, avec 10,8 milliards de m3, ce qui dépasse le précédent record de 10,27 milliards de m3 de mai 2020. En tout, les livraisons totales de GNL au système de transport de gaz européen ont atteint environ 52,45 milliards de m3 depuis le début de l’année. À titre de comparaison, Gazprom a exporté 61 milliards de m3 de gaz vers des États non membres de la Communauté des États indépendants (y compris la Chine) au cours de la même période. Résultat : les réserves de GNL dans les États membres sont 13 % plus élevées qu’en 2021.

Pour parvenir à cet exploit, les États-Unis ont notamment mis à disposition 15 milliards de m3. Par ailleurs, le terminal Grain LNG au Royaume-Uni, le plus grand d’Europe et le huitième au monde, a enregistré des niveaux d’envoi de gaz record en avril, alors que la forte demande européenne a fait grimper les taux d’utilisation, les méthaniers arrivant de huit nouveaux pays depuis janvier.

Et cette consommation record de GNL de l’Europe ne fera qu’augmenter. À la suite de l’invasion russe, une série de nouvelles infrastructures d’importation de GNL ont en effet été proposées à travers l’Europe, tandis que plusieurs projets autrefois mis en suspens ont été remis sur les rails.

« Le GNL est très soumis à la demande. Or, celle-ci va repartir en Chine, qui va se déconfiner. Les prix vont monter et les stockages se remplir moins vite, et l’objectif de 80% sera difficilement atteignable. On achètera donc forcément du GNL en hiver quand il sera à un prix exorbitant », ajoute Phuc-Vinh Nguyen.

Surtout, si la Russie venait à stopper totalement ses livraisons via le gazoduc Nord Stream 1, « l’Europe manquerait de gaz l’hiver prochain, et un rationnement serait inévitable » peu importe ses efforts en matière de diversification d’approvisionnement et de remplissage des stocks, a récemment alerté le groupe de recherche et de conseil Wood Mackenzie.

Si tel était le cas, les Etats devraient faire face à une destruction de la demande à l’hiver prochain, dont les impacts pourraient être multiples. Ainsi, en Allemagne, le gouvernement ne cache plus la menace d’un rationnement pour les usagers et entreprises, et a évoqué il y a quelques jours l’idée « des mesures d’économie de nature législatives » si les « quantités de stockage » n’augmentaient pas. Le plan d’urgence récemment annoncé entrerait alors dans une seconde phase, qui permettrait aux services publics de répercuter les prix élevés du gaz sur les clients, afin de réduire la demande.

 

Grande démission: La faute au manque de participation

 

L’économiste Olivier Favereau observe, dans une tribune au « Monde », que la progression sans précédent de personnes ayant quitté leur travail depuis la crise sanitaire a lieu dans les pays où les entreprises ne prévoient aucun espace institutionnel de décision partagée sur le « consentement au travail ».

 

On a parlé de « grande démission » pour caractériser la progression sans précédent des démissions aux Etats-Unis depuis la sortie de la crise sanitaire : chaque mois, plus de 4 millions de travailleurs en moyenne quittent volontairement leur emploi. Ce qui, en cumulé sur un an, correspondrait à un salarié sur trois. Cette image vaut-elle aussi pour l’Europe ? On n’y constate pas une explosion des démissions ; néanmoins l’accélération est perceptible en Grande-Bretagne, en Italie, en France, et apparaît même en Espagne (où le taux de chômage reste pourtant élevé). Etonnant rapprochement entre pays anglo-saxons et latins ! Si l’on passe des démissions aux difficultés de recrutement, notamment dans les secteurs où rémunérations et conditions de travail sont notoirement médiocres, le phénomène s’observe partout.

 

Trente-huit millions de salariés américains ont quitté leur emploi, en 2021. Cela a donné naissance au concept de « grande démission », qui désigne le désenchantement des salariés postérieur à la pandémie. Le confinement et le télétravail ayant « révélé », par contraste, la médiocrité des conditions de travail, voire sa « perte de sens ». Le phé­nomène n’épargne pas la France, avec 400 000 démissions d’un CDI au troisième trimestre 2021. Les entreprises et la fonction publique peinent à attirer des candidats. S’agit-il, en période de reprise économique, du banal rééquilibrage d’un marché jusqu’alors favorable aux employeurs ? Ou d’une véritable « crise du consentement », explorée par les sociologues, gestionnaires, juristes, médecins, économistes et psychologues réunis à l’ESCP Business School, les 9 et 10 juin, pour un colloque intitulé « Consentir ? Pourquoi, comment et à quoi ? »

A première vue, il n’est rien de plus classique : le rapport de force entre employeurs et salariés s’est modifié en faveur de ces derniers. C’est l’heure de la revanche. Après des décennies difficiles, le débat se rouvre sur les augmentations de salaires et l’amélioration des conditions de travail.

Ce serait pourtant une grave erreur d’en rester à ce diagnostic. D’abord, le recours aux remèdes logiques (relèvement des salaires, allègement des aspects les plus pénibles des conditions de travail) se heurte déjà aux menaces qui pèsent sur la pérennité de la reprise. Ensuite, ces remèdes agissent sur les symptômes, plus que sur les causes. Il faut donc se placer en amont des phénomènes évoqués. N’est-ce pas ce que font, plus ou moins consciemment, les salariés démissionnaires ? Comment ne pas être intrigué par les multiples indices et témoignages, suggérant que la réticence des salariés à se contenter des emplois existants dépasse de beaucoup l’insuffisance du pouvoir d’achat ?

Ces mouvements de retrait peuvent, en effet, être observés aux deux extrémités de l’échelle des qualifications. D’un côté, les serveurs et cuisiniers désertent la restauration, les saisonniers les emplois touristiques, les infirmières l’hôpital, etc. De l’autre, de jeunes cadres bien payés désertent leur job dans la finance, le marketing ou la gestion pour se reconvertir dans des activités manuelles, tandis que des étudiants de grandes écoles font savoir collectivement qu’ils déserteront les belles carrières traditionnelles, dénuées de sens et/ou indifférentes à la transition écologique.

Certes, l’ordre de grandeur quantitatif est encore limité – mais pas l’ordre de grandeur qualitatif. Cette simultanéité révèle l’entrée en crise de ce que la philosophe Simone Weil [1909-1943] avait dénommé le « consentement au travail ». Précisons : le consentement au travail dans les entreprises (et les organisations publiques qui s’en rapprochent, comme les hôpitaux) telles qu’elles sont gouvernées.

Santé-Hôpital: Un manque structurel d’effectifs

Santé-Hôpital: Un manque structurel d’effectifs

Sur la récente période les effectifs du secteur hospitalier ont progressé cependant il faut tenir compte d’un double phénomène structurel l’évolution de la démographie qui a tendance à peser sur le nombre de patients, d’autre part l’évolution constante de la médecine qui prend en charge aujourd’hui de plus en plus de pathologies nouvelles. Il faut cependant aussi tenir compte de la prise en charge croissante de malades par le secteur privé. Les effectifs salariés du secteur hospitalier ont pourtant progressé de 13 % entre 2003 et 2019, selon la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DRESS). Entre 2015 et 2020, le nombre d’équivalents temps plein dans les hôpitaux a augmenté de 6 % pour les médecins, et de 1 % pour le personnel non médical des services de soins, infirmiers et aides-soignants inclus. Mais là encore, il existe de fortes disparités selon les départements. Sur la même période, la Haute-Garonne a par exemple perdu plus de 6.800 équivalents temps plein au sein de son personnel des services de soin.

« L’hôpital de 2022 n’est plus celui de 2019 », écrivait, en mars, un collectif de soignants dans une tribune publiée par « Le Monde », et selon laquelle les directions doivent désormais « courir après des soignants en désamour hospitalier ». Les infirmiers sont par exemple de plus en plus nombreux à bouder l’hôpital pour se tourner vers le libéral ou vers d’autres employeurs, comme les établissements scolaires, les maisons de retraite, ou la médecine du travail.

Mais le désamour hospitalier n’explique pas tout : le manque de soignants auquel se heurte aujourd’hui la France ne s’arrête pas aux portes de l’hôpital. Tous modes d’exercices confondus, l’Hexagone comptabilise en moyenne 336,5 soignants pour 10.000 habitants, selon une étude parue dans la revue « The Lancet » au mois de mai. A titre de comparaison, la moyenne de l’Europe de l’Ouest est de 407 soignants pour 10.000 habitants.

Par rapport à ses voisins européens, la France fait figure de mauvaise élève quant à la densité d’infirmiers (87,7 pour 10.000 habitants) et de médecins (24,8 pour 10.000 habitants). Loin devant, la Norvège et l’Allemagne affichent par exemple respectivement 211 et 176 infirmiers pour 10.000 habitants.

 

 

Hôpital : un manque d’effectif structurel

 

 

  • Hôpital : un manque d’effectif structurel

  • Sur la récente période les effectifs du secteur hospitalier ont progressé cependant il faut tenir compte d’un double phénomène structurel l’évolution de la démographie qui a tendance à peser sur le nombre de patients, d’autre part l’évolution constante de la médecine qui prend en charge aujourd’hui de plus en plus de pathologies nouvelles. Il faut cependant aussi tenir compte de la prise en charge croissante de malades par le secteur privéLes effectifs salariés du secteur hospitalier ont pourtant progressé de 13 % entre 2003 et 2019, selon la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DRESS). Entre 2015 et 2020, le nombre d’équivalents temps plein dans les hôpitaux a augmenté de 6 % pour les médecins, et de 1 % pour le personnel non médical des services de soins, infirmiers et aides-soignants inclus. Mais là encore, il existe de fortes disparités selon les départements. Sur la même période, la Haute-Garonne a par exemple perdu plus de 6.800 équivalents temps plein au sein de son personnel des services de soin.
  • « L’hôpital de 2022 n’est plus celui de 2019 », écrivait, en mars, un collectif de soignants dans une tribune publiée par « Le Monde », et selon laquelle les directions doivent désormais « courir après des soignants en désamour hospitalier ». Les infirmiers sont par exemple de plus en plus nombreux à bouder l’hôpital pour se tourner vers le libéral ou vers d’autres employeurs, comme les établissements scolaires, les maisons de retraite, ou la médecine du travail.

    Mais le désamour hospitalier n’explique pas tout : le manque de soignants auquel se heurte aujourd’hui la France ne s’arrête pas aux portes de l’hôpital. Tous modes d’exercices confondus, l’Hexagone comptabilise en moyenne 336,5 soignants pour 10.000 habitants, selon une étude parue dans la revue « The Lancet » au mois de mai. A titre de comparaison, la moyenne de l’Europe de l’Ouest est de 407 soignants pour 10.000 habitants.

    Par rapport à ses voisins européens, la France fait figure de mauvaise élève quant à la densité d’infirmiers (87,7 pour 10.000 habitants) et de médecins (24,8 pour 10.000 habitants). Loin devant, la Norvège et l’Allemagne affichent par exemple respectivement 211 et 176 infirmiers pour 10.000 habitants.

« Le courage européen qui manque pour sortir des combustibles fossiles » (Maxence Cordiez)

« Le courage européen qui manque pour sortir des combustibles fossiles » (Maxence Cordiez)

 

Maxence Cordiez publie « Énergies », (éd. Tana) (1), un ouvrage de vulgarisation énergétique basé sur des faits et des données pour fournir une information fiable. Ce jeune ingénieur, spécialiste de la transition énergétique, fait partie de cette nouvelle génération qui entend conjuguer écologie et science, une approche pragmatique qui ne se retrouve pas dans l’écologie politique, en particulier sur la question du nucléaire. L’envolée des prix de l’énergie à la fin de 2021 qui s’est amplifiée avec la guerre en Ukraine a remis en cause la politique européenne dont Maxence Cordiez pointe les faiblesses et propose des moyens pour y remédier.

 

« LA TRIBUNE » - La Russie a décidé de couper mercredi dernier le gaz à la Pologne et à la Bulgarie, car ces deux pays refusent de payer en roubles. Qu’en pensez-vous ? MAXENCE CORDIEZ.

 

La Russie montre ses muscles. Il faudra voir si ces coupures s’étendent à d’autres pays. En attendant, les Etats membres de l’Union européenne devraient davantage tenir compte de cette menace en adoptant rapidement des mesures pour réduire notre consommation de gaz et d’électricité. Cela passe par exemple par des campagnes de sensibilisation de la population à la sobriété. Car l’enjeu est de reconstituer les stocks de gaz en Europe avant l’hiver prochain. Or, depuis le début du conflit en Ukraine, quasiment rien n’a été fait pour économiser le gaz. En réalité, on a déjà perdu deux précieux mois.

 

Dans votre ouvrage, la sobriété est une notion clé. Estimez-vous que les citoyens n’ont pas le bon comportement ?

 

La sobriété ne se réduit pas aux seuls comportements des consommateurs, qui peuvent différer en fonction de la vie et des sensibilités de chacun : baisser le chauffage, covoiturer, réduire l’utilisation de sa voiture, éteindre les appareils électriques… Elle passe aussi par des mesures réglementaires comme la limitation de la consommation des véhicules mis sur le marché ou l’interdiction des frigos sans porte dans les magasins. Le rôle de l’Etat est crucial, et de nombreuses mesures réglementaires pourraient être prises par le gouvernement. Le but n’est pas de contraindre les consommateurs, mais au contraire de préserver au maximum le cœur des services rendus par les combustibles fossiles. Par exemple, il est préférable de faire des concessions aujourd’hui pour éviter de voir la précarité énergétique s’étendre l’hiver prochain. Mais les pays européens ont du mal à sortir de leurs schémas de pensée classiques. Ils essaient bien de diversifier l’approvisionnement en GNL, par exemple en passant un accord avec les Etats-Unis pour augmenter les livraisons de 15 milliards de m3. Mais cela représente à peine 7% des presque 200 milliards de m3 que l’Europe, Turquie incluse, importe par an de la Russie. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) s’est penchée sur ce problème. Elle a publié deux notes, l’une sur le gaz et l’autre sur le pétrole, proposant chacune dix mesures pour réaliser rapidement des économies tant du côté de la demande, que de l’offre d’énergies alternatives. Or la plupart de ces recommandations n’ont pas été suivies par les gouvernements. Par exemple, l’AIE suggère de suspendre les fermetures de réacteurs nucléaires. En réponse, la Belgique et l’Allemagne ont réaffirmé leur priorité de sortie du nucléaire… Au-delà des discours, les pays européens, et c’est vrai ailleurs dans le monde, n’ont pas la ferme volonté de sortir des combustibles fossiles. Aujourd’hui, cette dépendance nous éclate à la figure, et on n’en est qu’au début. Depuis 2017, les extractions gazières sont en déclin en Norvège. Ce pays est le deuxième fournisseur de l’UE derrière la Russie. Les pays qui ont fait le choix de recourir au gaz fossile dans la décennie passée – parce qu’il ne coûtait pas cher – ont du mal aujourd’hui à remettre en question cette dépendance. L’Allemagne, qui refuse de rouvrir la question du nucléaire, choisit finalement de recourir – officiellement de façon temporaire, probablement de façon durable – au charbon. Je pense que Berlin se dit que la guerre en Ukraine ne durera pas éternellement, que malgré tout, la Russie restera notre voisin, et qu’un cessez-le-feu permettra de revenir à la situation d’avant. C’est-à-dire que l’Allemagne pourra de nouveau compter sur des importations massives et durables de gaz fossile russe. Sauf qu’on ne sait pas quand interviendra ce cessez-le-feu.

Environnement- Un manque d’incarnation l’action climatique en France ?

Environnement- Un manque d’incarnation l’action climatique en France ?

De toute évidence l’action climatique manque d’incarnation en France même si les défenseurs de l’environnement sont nombreux. Le problème c’est qu’ils sont aussi nombreux que contradictoires : il n’y a pas beaucoup de choses en commun entre Yannick Jadot, Sandrine Rousseau , Mélenchon et encore moins avec Macron. La plupart instrumentalisent  l’environnement à des fins politiques. NDLR

Sur les réseaux sociaux, c’est l’ingénieur et consultant Jean-Marc Jancovici qui provoque le plus fort taux d’engagement, souligne une récente étude d’Impakt Faktor. Par Albin Wagener, Université Rennes 2

Les rapports du GIEC se succèdent, tirant de toujours plus nombreuses sonnettes d’alarme ; malgré cela, la prise en considération de l’urgence climatique semble très souvent en décalage avec les faits.

Dans ce sens, on peut dire qu’il existe un écart important entre l’action politique et les éléments mis en lumière par les scientifiques.

La campagne pour la présidentielle française 2022 a été à ce titre « exemplaire » : la question du climat aura peu occupé les débats entre candidats, malgré des demandes répétées pour une meilleure prise en compte et des propositions alternatives.

Ces différentes manières de « parler du climat », notamment sur les réseaux sociaux, ont fait l’objet de travaux récents réalisés dans le cadre de l’étude d’Impakt Faktor qui avait pour objet les narratifs climat pendant le premier quinquennat d’Emmanuel Macron (2017-2022).

Un écosystème activiste très dynamique

L’un des nombreux enseignements de l’étude concerne la problématique de l’incarnation dans le champ de l’action climatique.

Sous le premier quinquennat Macron, le mouvement climat a été particulièrement actif, soit en organisant des marches au retentissement important, soit en proposant des actions médiatisées. Qu’il s’agisse de l’Affaire du siècle, des actions d’Extinction Rebellion ou de Greenpeace, ou encore des manifestations menées tambour abattant par Anv-Cop 21, les Amis de la Terre ou Alternatiba, sans parler des données compilées par RAC France, on sait que la France dispose d’un écosystème activiste particulièrement actif.

Une dynamique liée à la fois à la prise de conscience concernant le climat, et à un sentiment d’urgence concernant les actions à entreprendre, comme l’a souligné Jean Le Goff.

Mais on le sait : au-delà de ces mouvements essentiels et riches, l’espace public doit aussi permettre à des figures d’incarner ces luttes, afin de cristalliser une manière d’en parler et de les médiatiser plus aisément.

Jancovici… et les autres

C’est sur ce point que l’étude d’Impakt Faktor attire plus particulièrement l’attention : dans cette dimension, si l’on étudie les réseaux sociaux (YouTube, Facebook, Reddit et Instagram), une figure émerge nettement en France – et de très loin par rapport aux autres.

Cette figure, c’est celle de Jean-Marc Jancovici : ingénieur de l’École polytechnique, vulgarisateur hors pair, consultant, président du Shift Project et membre du Haut Conseil pour le climat, il participe depuis plusieurs années à sensibiliser l’opinion publique à la cause climatique, tout en co-signant des études scientifiques sur le sujet.

Du point de vue des réseaux sociaux, il est très clairement le plus présent, le plus lisible, le plus suivi ; bref, celui qui provoque le plus fort taux d’engagement et de commentaires.

Des figures encore très homogènes

Cette singularité n’a rien d’un accident. D’une certaine manière, la figure de l’ingénieur à la française apparaît particulièrement « câblée » pour incarner une forme de rationalité rassurante face à la crise climatique, tout en étant en capacité d’alerter l’opinion publique grâce à la légitimité professionnelle qui lui est publiquement conférée.

Là où, à l’international, ce sont des figures militantes comme Greta Thunberg qui sont préférées, la France semble faire figure d’exception. La jeune Suédoise est particulièrement mal perçue) dans notre pays.

Jean-Marc Jancovici n’est certainement pas le seul à engranger du soutien sur les réseaux sociaux : le journaliste militant Hugo Clément, l’astronaute Thomas Pesquet, le réalisateur Cyril Dion ou encore le scientifique Aurélien Barrau ont tous, à des degrés divers, rassemblé des taux d’engagement forts en fonction de leurs publications.

Toutes ces figures ont toutefois un point commun : elles représentent des hommes blancs, issus d’une certaine sociologie.

Il convient ici d’être immédiatement clair : il ne s’agit pas de critiquer leur présence, car elle est plus que nécessaire face à la crise climatique ; en revanche, on se doit de noter les spécificités sociologiques des figures climatiques en France. Les noter, c’est en souligner les évidences, mais aussi peut-être les limites.

Pour le moment, il y a peu de place en France pour des figures issues de la diversité ou pour des femmes, même si l’écoféminisme est en train d’émerger comme un courant légitime sur un certain nombre de questions. S’agit-il ici d’une limite qui empêche justement une prise en considération plus large des thématiques climatiques ? C’est une hypothèse qu’il ne faut pas s’interdire de questionner.

L’effet Greta Thunberg

Au-delà de ce constat, c’est le principe même de la figure ou de l’incarnation qui peut poser question.

Après tout, ce concept fait débat depuis longtemps en sciences politiques, et l’émergence de mouvements collectifs et de demandes d’une plus grande prise en considération de la représentativité citoyenne pourrait plaider pour un abandon de cette question.

Pourtant, on le voit bien : sur les réseaux sociaux, mais pas uniquement, la personnalisation fonctionne particulièrement bien pour relayer des messages, comme l’a souligné Nadia Hassani - sans aller bien sûr jusqu’à l’incarnation providentielle face à l’urgence climatique.

Néanmoins, la circulation médiatique des personnages publics, avec toutes les limites que cela comporte, permet de constituer un véhicule utile pour la transmission d’informations.

Ainsi, dans une étude collective particulièrement riche, plusieurs chercheurs britanniques et états-uniens faisaient état d’un « Greta Thunberg effect » auprès des populations engagées pour la cause climatique.

Cet effet n’a rien d’anodin et montre à quel point les figures populaires et médiatiques, lorsqu’elles incarnent des causes politiques, peuvent provoquer des effets d’entraînement à même de sensibiliser plus d’individus et, au final, de conquérir l’espace public et médiatique.

Cela pose aussi les limites et les risques de l’énonciation ventriloque, chère à Marie-Anne Paveau, mais mérite également de poser un fait : si nous ne nous sentons pas représentés et légitimés par les personnes qui parlent du climat, comment faire pour nous sentir nous-mêmes légitimes pour agir et nous engager ?

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Par Albin Wagener, Chercheur associé l’INALCO (PLIDAM) et au laboratoire PREFICS, Université Rennes 2.

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Présidentielles : rendez-vous manqué de la démocratie ?

Présidentielles : rendez-vous manqué de la démocratie ?

L’ Odissée ,groupe de réflexions sur la démocratie ,livre son analyse des Présidentielles dans la « Tribune »

Avec 58,5% des suffrages exprimés, le Président sortant remporte l’élection présidentielle 2022. Mais, pour la première fois, l’élu n’est pas le premier choix de l’ensemble du corps électoral. En effet, il se classe derrière Personne (36,59 contre 37,49%). Aussi, s’il détient la légitimité juridique, le chef de l’État n’est plus sacré. Affaibli par une légitimité éthique incomplète, son mode de gouvernance devra être réorganisé.

Le 24 avril 2022, au second tour des élections présidentielles, 18,78 millions de citoyens ont voté pour Emmanuel Macron, contre 13,29 millions pour Marine Le Pen, tandis que 16,67 millions se sont abstenus. Comment interpréter ces chiffres au regard du corps électoral global ?

La population française en progression

La population française est passée de 66,8 millions en 2017 à 67,8 millions en 2022.

Le pourcentage d’inscrits en progression

Les personnes inscrites sur les listes électorales françaises étaient 45,68 millions en 2017, contre 48,52 millions en 2022. Notons cette progression pour relativiser celle de l’abstention. Car le taux réel d’abstention devrait être calculé par rapport à une proportion stable d’inscrits, alors qu’elle est mouvante.

Le corps électoral potentiel en progression

La quantité de personnes dotées du droit de vote ne fait pas l’objet de publication officielle précise. Il est néanmoins possible de l’évaluer, puisque l’on trouve que les 45,68 millions d’inscrits en 2017 représentaient 94% des personnes en âge de voter, tandis que les 48,52 millions d’inscrits en 2022 représentaient 95% du collège électoral potentiel. Le corps électoral potentiel global était donc de 50,6 millions en 2017, contre 51,31 en 2022. La quantité d’inscrits a donc progressé plus vite que le corps électoral. Quant aux non-inscrits, ils étaient 3,03 millions en 2017, contre 2,56 millions en 2022.

L’abstention réelle en progression

La proportion des inscrits qui ne se sont pas rendus aux urnes était de 25,44% en 2017. Elle est passée à 28,01% en 2022, en progression de 2,57%. Mais ces chiffres ne sont pas directement comparables, car cette proportion des inscrits dépend de l’évolution du corps électoral potentiel. Ainsi, au regard de l’ensemble des électeurs potentiels, l’abstention est passée de 23,91% en 2017 (12,1 millions parmi 50,6 millions d’électeurs potentiels), à 26,66% en 2022 (13,56 millions parmi 51,32 d’électeurs potentiels). La progression réelle de l’abstention est donc de 2,75%.

Les votes blancs et nuls en régression

En 2017, les votes blancs étaient de 3,02 millions et les votes nuls 1,06 million. En 2022, ils étaient bien inférieurs, respectivement de 2,23 et 0,79 millions. La quantité de votes blancs a donc reculé de 26,16% (près de 800 000 en moins), et celle des votes nuls de 25,47% (près de 300 000 en moins). Ceux qui sont allés voter se sont donc bien plus exprimés en 2022 qu’en 2017.

Les suffrages non exprimés en régression

Au total, la quantité des suffrages non exprimés (qu’il s’agisse d’abstentions, de votes blancs et de votes nuls) est passée de 16,18 millions en 2017 à 16,67 millions en 2022, soit une progression d’un demi-million. Si l’on ajoute les non-inscrits, la totalité des suffrages non-exprimés passe de 19,22 millions en 2017 à 19,24 millions en 2022. Par rapport au corps électoral global, elle se réduit donc légèrement de 37,98% en 2017 à 37,49% en 2022, soit d’un quart de point. Contrairement à ce que tout le monde dit, les français ont plus voté en 2022 qu’en 2017 !

Les suffrages exprimés en progression

Ils se sont aussi plus exprimés, car, si l’on considère la quantité de suffrages exprimés par rapport au corps électoral global, la proportion est passée de 62,01% (31,38 millions parmi 50,6 millions) à 62,5% (32,07 millions parmi 51,31 millions).

Le score du vainqueur en régression

En 2017, le candidat vainqueur avait recueilli 20,74 millions de voix, soit 43,61% des inscrits et 40,99% du corps électoral potentiel. En 2022, Emmanuel Macron ne recueille plus que 18,78 millions de voix, soit 38,52% des inscrits et 36,59% du corps électoral potentiel, soit une baisse de cinq pourcents en cinq ans.

Le score de la vaincue en progression

En 2017, la candidate vaincue avait recueilli 10,64 millions de voix, soit 22,36% des inscrits et 21,02% des électeurs potentiels. En 2022, Marine Le Pen recueille 13,29 millions de voix, soit 27,27% des inscrits et 25,91% du corps électoral global, soit une augmentation de près de cinq pourcents en cinq ans.

La légitimité éthique affaissée

A eux deux, les deux finalistes n’ont recueilli en 2022 que 62,51% des voix du corps électoral global : plus d’un tiers des français (37,49%) n’ont voté ni pour l’un ni pour l’autre. Le vainqueur n’a pas été choisi par 63,41% du corps électoral, c’est-à-dire par près de deux français sur trois.

Mais surtout, Emmanuel Macron (36,59%) termine deuxième, derrière Personne (37,49%), le grand vainqueur qui arrive d’une courte tête en première position pour la première fois.

Ainsi, la rencontre entre un homme et un peuple n’a pas eu lieu ! Aussi, si l’élection présidentielle 2022 semble vécue par une partie du corps social comme un non-événement, la découverte du score du vainqueur est en revanche un événement majeur : chacun peut désormais constater que sa victoire est relative. Sa capacité d’entrainement s’en trouvera limitée. Car, si l’élu n’est plus sacré, le leurre de son pouvoir de thaumaturge est démasqué et le mythe français du chef tout puissant est déchiré. La France a vite besoin d’un nouveau narratif.

Certes, Emmanuel Macron détient pour cinq ans les pouvoirs constitutionnels attribués au Président de la République française. Aussi, s’il se veut être le président de tous les français, il lui faudra de l’humilité pour ne pas penser qu’il est mandaté pour appliquer des décisions qui viseraient à satisfaire ses seuls électeurs, bien minoritaires. Et il lui faudra aussi beaucoup de méthode pour prendre en charge tous ceux qui n’ont pas voté pour lui, qui se savent très majoritaires.

Sinon, l’absence de solutions (inconnues à ce jour) à la transition globale énergétique, démographique, alimentaire (…) produira la résurgence des gilets jaunes, bonnets rouges et autres black blocks. La France peut-elle encore attendre la réécriture du récit qui la conduira enfin à l’instauration d’une démocratie adulte ?

_____

NOTES

 

L’Odissée, l’Organisation du Dialogue et de l’Intelligence Sociale dans la Société Et l’Entreprise, est un organisme bicéphale composé d’un centre de conseil et recherche (l’Odis) et d’une ONG reconnue d’Intérêt général (les Amis de l’Odissée) dont l’objet consiste à « Faire progresser la démocratie dans tous les domaines et partout dans le monde ».

Depuis 1990, l’Odissée conduit l’étude interactive permanente Comprendre et développer la Personne, l’Entreprise, la Société. Dès 1992, elle a diffusé un million de Cahiers de doléances, ce qui l’a conduit à organiser des groupes de travail regroupant des acteurs des sphères associative, sociale, politique, économique qui ont animé des centaines d’auditions, tables rondes, forums, tours de France citoyens, démarches de dialogue territorial et à l’intérieur des entreprises.

 

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