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IA et algorithmes : conseiller sans manipuler

IA et algorithmes :  conseiller sans manipuler 

Si l’IA peut se montrer une alliée des consommateurs pour leur recommander des produits, elle est à manier avec précaution. Car, si le consommateur veut bien être conseillé, il ne veut pas être manipulé. Ni se sentir espionné. Les systèmes de recommandation utilisant l’intelligence artificielle (IA) ne sont plus réservés aux géants mondiaux comme Amazon ou Netflix. Ils deviennent accessibles à des entreprises de toutes tailles. Par exemple en France, des firmes, comme La Redoute ou Cdiscount, utilisent des recommandations IA pour personnaliser les expériences d’achat en ligne de leurs clients. Ces investissements signalent l’importance de ces technologies dans la croissance du commerce numérique. Selon le rapport Statista de 2024 (Statista Report 2024), ces systèmes influencent près de 35 % des achats en ligne démontrant leur impact considérable sur le comportement des consommateurs. Cependant, les consommateurs français sont exigeants et attachés à leur vie privée. Une enquête menée par PwC France a révélé que deux tiers des consommateurs français sont préoccupés par le partage de leurs données personnelles. Pour les commerçants et autres gestionnaires de plates-formes, il est essentiel de réussir à tirer tous les bénéfices de ces nouveaux systèmes de recommandation, sans fâcher les consommateurs.

 

par  Professor in Marketing, IÉSEG School of Management dans The Conversation 

Zi WANG est membre de LEM (Lille Economie Management).

Ce défi est accentué par le cadre juridique strict en France et dans l’Union européenne, notamment avec le RGPD (Règlement général sur la protection des données), le DSA (Digital Services Act, DSA) et l’utilisation des plates-formes de gestion de consentement (Consent Management Platform, CMP). Ces réglementations obligent les entreprises à garantir la transparence des algorithmes et à respecter le consentement des utilisateurs lors de la collecte et du traitement de leurs données personnelles.

De plus, la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) veille à l’application rigoureuse de ces règles en France, renforçant ainsi la responsabilité des entreprises face aux attentes des consommateurs en matière de confidentialité et d’autonomie. Dans ce contexte, trouver un équilibre entre personnalisation de l’expérience et respect de la vie privée est un défi essentiel pour les entreprises. La clé de cet équilibre réside dans la compréhension de deux aspects critiques :

  • l’intuitivité de l’expérience, qui garantit des interactions fluides et satisfaisantes ;
  • et l’intrusion, qui risque d’agacer les utilisateurs et de nuire à la relation avec la marque.

Dans notre étude, publiée dans le Journal of Consumer Behaviour, nous avons interrogé des consommateurs pour explorer l’impact des systèmes de recommandation d’IA sur leur bien-être « technologique ». Cinq caractéristiques clés qui façonnent les réponses des consommateurs ont été identifiées :

  • l’optimisation de l’information : pour améliorer la pertinence et la qualité des recommandations. Par exemple, un système de recommandation des livres peut s’appuyer non seulement sur les achats antérieurs, mais aussi sur des informations comme les avis précédents, le temps passé sur chaque page et les tendances actuelles. Cela garantit des suggestions qui correspondent précisément aux goûts de la personne ;
  • l’automatisation simplifie les choix en réduisant l’effort décisionnel. Par exemple, une plate-forme de streaming comme Netflix génère automatiquement une liste de lectures personnalisées. Cela réduit ainsi le temps et l’effort nécessaires pour décider quoi regarder ;
  • la personnalisation offre aux utilisateurs la possibilité d’adapter leurs expériences, tout en augmentant leur satisfaction. Dans ce cas, on peut imaginer l’exemple d’une boutique en ligne où les préférences sont ajustables, comme choisir des couleurs ou des tailles spécifiques, le but étant de voir uniquement les produits qui correspondent à vos critères personnels ;
. la prédictibilité vise à inspirer la confiance grâce à des suggestions cohérentes et précises. Un service d’achat d’aliments en ligne anticipe vos besoins en fonction des achats réguliers et propose des offres sur les produits fréquemment achetés, comme, par exemple, la marque de café préférée ;
  • l’« humanité » désigne un système qui se rapproche du comportement humain pour créer un sentiment de familiarité, à l’instar d’un assistant vocal qui utilise un ton chaleureux et engageant, créant l’impression de discuter avec un humain plutôt qu’avec un programme informatique.

Intuitifs, mais pas intrusifs

Nos résultats montrent que, globalement, les systèmes perçus comme intuitifs améliorent la satisfaction des utilisateurs et la prise de décision. En revanche, les systèmes jugés intrusifs – en particulier ceux qui collectent des données personnelles de façon excessive – sapent la confiance et génèrent de la frustration.

Spécifiquement, le graphique ci-dessous montre les effets positifs et négatifs des systèmes de recommandation d’intelligence artificielle sur les consommateurs, en mettant en lumière les avantages et les risques de ces technologies. D’un côté, des aspects comme l’optimisation de l’information et la personnalisation sont présentés comme des points forts. Par exemple, les recommandations permettent aux utilisateurs de trouver plus rapidement des produits ou des contenus qui les intéressent. La personnalisation améliore également leur satisfaction en adaptant les suggestions à leurs goûts spécifiques, rendant leur expérience plus agréable et engageante.

IA et algorithmes :  conseiller sans manipuler  dans nouvelles technologies

Cependant, le graphique souligne aussi certains risques. Une automatisation excessive peut donner l’impression aux consommateurs qu’ils perdent le contrôle sur leurs choix. De même, une utilisation excessive des données personnelles sans transparence peut créer un sentiment de méfiance ou d’intrusion dans leur vie privée.

En résumé, ce graphique montre que, bien que les systèmes d’IA puissent offrir des avantages importants aux consommateurs, il est essentiel pour les entreprises de les utiliser avec précaution, en respectant la vie privée et en évitant de les laisser devenir trop intrusifs.

Ainsi, nos résultats démontrent que les entreprises peuvent améliorer l’intuitivité des systèmes d’IA en se concentrant sur la simplicité et la pertinence. Par exemple, un caviste pourrait utiliser l’IA pour suggérer des accords vins et mets en fonction des achats précédents, rendant l’expérience d’achat plus simple pour les clients.

Pour ne pas crisper les clients, les entreprises devraient limiter la fréquence des notifications générées par l’IA et assurer la transparence de l’utilisation des données. Par exemple, elles peuvent proposer des options très claires pour contrôler ou désactiver les recommandations. Ainsi, elles peuvent espérer renforcer la confiance de leurs clients.

Les entreprises peuvent également donner la possibilité à leurs consommateurs d’ajuster les paramètres de leurs recommandations afin d’augmenter le sentiment de contrôle. Une boutique de mode en ligne, par exemple, pourrait laisser les utilisateurs filtrer les produits par style, garantissant que les suggestions correspondent à leurs préférences.

Des recommandations précises et fiables sont tout aussi essentielles pour gagner la confiance des consommateurs. Des mises à jour régulières des algorithmes, basées sur les retours des utilisateurs, garantissent que le système évolue en accord avec les besoins des consommateurs.

Cependant, nos recherches soulignent également que même les recommandations intrusives peuvent parfois améliorer la satisfaction des utilisateurs – à condition qu’elles soient très pertinentes. Par exemple, un système qui propose des offres de vacances au bon moment pourrait être bien accueilli par un client hésitant.

Les systèmes de recommandation d’IA sont des outils puissants qui, s’ils sont bien utilisés, peuvent stimuler la satisfaction des clients. Nos résultats mettent en avant que les entreprises utilisant de tels systèmes devraient prendre en compte trois éléments clés :

  • elles doivent privilégier l’expérience utilisateur en concevant des systèmes qui simplifient les décisions sans submerger les utilisateurs avec des notifications ;
  • elles doivent se focaliser sur la transparence de leurs systèmes en communiquant clairement sur la collecte et l’utilisation des données ;
  • elles doivent investir dans la personnalisation de ces outils, afin de permettre aux clients eux-mêmes de personnaliser leurs recommandations pour une expérience adaptée.

Les entreprises qui trouveront le bon équilibre entre utilité et respect de l’autonomie des clients se démarqueront sur un marché numérique très concurrentiel.

Fin de vie: « Une convention citoyenne » pour se faire encore manipuler ?

Fin de vie: « Une convention citoyenne » pour se faire encore manipuler ? 

 

Dans une tribune au « Monde », la présidente de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs approuve l’idée du candidat Macron de soumettre à un débat national cette grave question.

Il est notamment opposé de créer une convention citoyenne sur le sujet. Un thème qui évidemment mérite une réflexion éthique très approfondie mais qui ne saurait  être soumise au diktat de quelques citoyens savamment choisis pour être manipulés. NDLR

 

Tribune. 

 

Jeudi 17 mars, le président de la République et candidat Emmanuel Macron a présenté son programme. Parmi un grand nombre de mesures proposées, il a exprimé son souhait de consulter les Français afin de répondre aux questions qui se posent sur la fin de vie. Ce projet de consultation citoyenne aurait vocation à « ne céder à aucun raccourci » face à des situations « humaines et déontologiques irréductibles », ce à quoi la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP) souscrit pleinement.

Chaque jour, les 10 000 soignants que la SFAP représente vivent ces situations toujours singulières aux côtés des patients et de leurs familles. Face à l’imminence de la mort, chaque malade ou proche aidant est confronté à des questions existentielles. Pourquoi la maladie ? Pourquoi la mort ? Pourquoi cette impuissance face à une issue inéluctable ? Aucune loi ne peut ni ne doit répondre à ces questions. La loi peut en revanche garantir à chacun les meilleures conditions pour traverser cette épreuve constitutive de notre humanité.

Depuis plus de vingt ans, c’est ce que le législateur français s’est efforcé de faire, souvent avec difficulté, parfois avec crainte, mais toujours dans le respect de l’équilibre. Trois grandes lois – Kouchner en 1999, Leonetti en 2005, Claeys-Leonetti en 2016 – ont dessiné un chemin singulier et respectueux, fondé sur la liberté du patient et le refus de l’acharnement, l’égalité des conditions d’accès aux soins palliatifs et la fraternité entre le mourant, ceux qui prennent soin de lui et son entourage qui l’accompagne. Fruits de processus délibératifs longs et fouillés, ces textes se distinguent par leur indifférence aux calculs politiques et par leur grand respect de la diversité des situations et des personnes. Ces trois lois adressent à toutes les personnes malades un message collectif : vous comptez pour notre société et nous allons tout mettre en œuvre pour vous soulager « quoi qu’il en coûte ».

La médecine palliative est née en France de cette volonté démocratique, en prenant le relais d’initiatives pionnières. Son objectif et ses pratiques révolutionnent le monde de la santé et constituent un grand progrès pour notre société. La médecine palliative ne s’attache pas à la pathologie, mais à la personne. Elle n’est pas une spécialité technique, mais un ensemble de pratiques et de rencontres, médicales, paramédicales et extra-médicales, organisées avec pour seule finalité d’offrir au patient et à son entourage un maximum de bien-être et un minimum de souffrance à l’approche de la mort. La médecine palliative est une révolution d’humilité pour le monde médical et pour notre société. Elle ne cherche ni la performance technique ni à repousser la mort à tout prix, mais plutôt à soutenir et soigner la personne pour lui permettre de vivre dignement jusqu’au terme de sa vie. En ce sens, elle renforce notre éthique médicale, fondée sur le serment d’Hippocrate : « Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément. »




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