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Nouvelle « lutte des classes » ?

Nouvelle  « lutte des classes » ?

La lecture de la société à l’aune de la « lutte des classes » a été abandonnée avec la perte d’influence du marxisme. Pourtant, on peut se demander si, en France comme aux États-Unis, les victoires de l’extrême droite ne sont pas le résultat d’une « revanche » des milieux populaires et d’une classe moyenne précarisée sur les élites. Le sociologue Gérard Mauger, auteur de Les classes sociales en France (La Découverte), analyse ces phénomènes en renouvelant la question de la lutte des classes.

 

par ,Sociologue, directeur de recherche émérite au CNRS, chercheur au Centre européen de sociologie et de science politique, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne dans The Conversation  

 

Rappeler avec Karl Marx que « l’histoire de toute société jusqu’à nos jours, c’est l’histoire de la lutte des classes » passe souvent pour un point de vue du XIXe siècle. Pourtant, au lendemain de la victoire électorale de Donald Trump, nombre d’éditorialistes et d’essayistes se sont avisés que « ce séisme » devait peut-être quelque chose au sentiment de déréliction de « la classe ouvrière blanche et latino » aux USA et que « le sentiment de relégation des milieux populaires et de déclassement des classes moyennes » en France pourrait bien y produire les mêmes effets. En juin dernier, le RN a déjà obtenu 33,2 % des suffrages aux éléctions législatives et 143 députés. Si le lien entre partis politiques et classes sociales (« le vote de classe ») est loin d’aller de soi, il se pourrait que la condition de classe reste une variable pertinente pour rendre compte des suffrages.

Depuis plusieurs décennies, une bonne partie de la sociologie anglo-saxonne semble néanmoins convaincue de la désuétude du concept de classe sociale. Du Daniel Bell à Terry N. Clark et Seymour M. Lipset, les théoriciens de la « société post-industrielle » ont souligné l’importance prise par les interventions de l’État et les « métamorphoses » qu’elles induisent de « la question sociale », la place croissante du savoir dans la production (d’où résulte l’extension d’une « classe moyenne » qui inclut désormais techniciens et cadres), l’émergence de nouveaux mouvements sociaux « post-matérialistes » et l’individualisation des modes de vie.

Si discutables que soient ces « constats », il est vrai que cette thèse de l’extinction des classes sociales a rencontré un ensemble de phénomènes qui permettent de comprendre l’écho qu’elle a pu trouver : les transformations de la morphologie sociale associées à la « mondialisation » et au déclin du prolétariat industriel à la fois délocalisé et précarisé, l’effondrement du « socialisme réel » avec la chute du mur de Berlin, le déclin du marxisme dans le champ intellectuel et, en France, l’écroulement du « parti de la classe ouvrière » dans le champ politique, le Parti communiste français, l’affaiblissement du syndicalisme, l’offensive idéologique et politique « néolibérale », l’emprise croissante de l’individualisme méritocratique et de l’intérêt accordé aux clivages de « genre » ou de « race » qui traversent les classes sociales.

En France, trois visions du monde social, distinctes mais compatibles, ont contribué à détruire la croyance en l’existence des classes sociales.

La première souligne l’extension indéfinie de la « classe moyenne » occupant progressivement tout l’espace et ne laissant à ses marges que quelques privilégiés (les « élites ») et quelques laissés pour compte (les « exclus »). Faisant valoir « la moyenne » contre les inégalités constatées, cette vision était assurée de rencontrer l’adhésion de tous ceux qui, voulant échapper au « bas » de la hiérarchie sociale sans afficher la prétention de s’inscrire « en haut », déclarent une appartenance peu compromettante à « la moyenne ».

La deuxième représentation – celle, par exemple, d’Anthony Giddens ou d’Ulrich Beck dont les thèses ont été largement diffusées dans les champs universitaires, médiatiques, politiques souligne « l’individualisation » du monde social. Elle emporte l’adhésion des classes dominantes convaincues de leur inaltérable singularité et l’approbation de la petite bourgeoisie qui lui est traditionnellement acquise, mais elle peut également trouver l’assentiment de membres des classes populaires dont la scolarisation de masse et le management participatif contribuent à défaire le sens du collectif.

Enfin, les « nouveaux mouvements sociaux » post-soixante-huitards, réactivés au cours des deux dernières décennies, ouvrant de « nouveaux fronts » par rapport au conflit bourgeoisie/prolétariat de la vulgate marxiste – hommes/femmes, hétérosexuels/homosexuels, français/immigrés, etc. –, ont tracé de nouvelles frontières de « genre », d’orientation sexuelle, d’« origine », au sein des classes sociales, le mot d’ordre d’« intersectionnalité » s’étant substitué au fil du temps à celui de « contre-culture ».

Ces représentations ont contribué au progrès d’une vision « class blind » (« aveugles aux classes sociales ») du monde social.

Mais, cet effacement méconnaît la croissance des inégalités et la mobilisation (inégale) de classes sociales identifiables « objectivement ». À l’échelle mondiale, on peut rappeler la mise en évidence par Thomas Piketty du décrochage des plus hautes rémunérations et, plus encore, de la concentration extrême des patrimoines. Ainsi, au cours de la période 1980-2016, les 1 % les plus riches du monde ont capté 27 % de la croissance mondiale du revenu, contre 13 % pour les 50 % les plus pauvres.

À l’échelle de l’hexagone, Alain Bihr et Roland Pfefferkorn ont mis en évidence le retournement depuis la fin du XXe siècle de la tendance à la réduction des inégalités entre catégories sociales et montré comment ces inégalités cumulent leurs effets et tendent à se reproduire d’une génération à la suivante. En 2012, 50 % des ménages détenaient 5 % du patrimoine et 10 %, 55 %. Parallèlement, la pauvreté s’étend.

En ce qui concerne la distribution du capital scolaire, si le taux de bacheliers dépasse désormais 80 % d’une génération, encore faut-il préciser de quel bac il s’agit : en 2023, il s’agit du « bac général » pour 54,36 % de l’effectif, du « bac technologique » pour 20,23 % et du « bac professionnel » pour 25,41 %.

De même, l’augmentation des effectifs de l’enseignement supérieur qui en résulte n’a pas aboli les hiérarchies sociales et disciplinaires : elle les a seulement différées et brouillées. Non seulement ces inégalités économiques et culturelles se creusent, mais elles tendent à se reproduire. La mesure des inégalités de toutes sortes conduit ainsi à tracer les contours de classes sociales ainsi des classes « possibles », sinon « probables », dont la mobilisation suppose un « travail politique ».

Warren Buffett, l’un des hommes les plus riches du monde, affirmait au début du siècle : « Il y a une guerre des classes, c’est un fait, mais c’est ma classe, la classe des riches, qui mène cette guerre et nous sommes en train de la gagner ». Par ailleurs, contrairement à une croyance répandue, les classes populaires (ouvriers et employées) représentent toujours à peu près la moitié de la population active. Leur situation salariale reste stable : aujourd’hui comme il y a vingt ans, un ouvrier ou une employée gagnent 2,5 à 3 fois moins qu’un cadre.

La massification de l’enseignement secondaire n’a pas vraiment atténué les inégalités de perspectives scolaires en fonction de la classe sociale d’origine. De sorte que la présence « objective » de classes sociales ne saurait être ignorée dans le champ des sciences sociales et que leur « retour », sous telle ou telle forme, dans le champ politique ne peut être exclu.

Entre « classe sur le papier » et « classe mobilisée », les classes sociales apparaissent comme des configurations sociales à bords flous, traversées par de multiples clivages, constamment en cours d’organisation, de désorganisation et de réorganisation, sinon de mobilisation (comme celle des « gilets jaunes »).

Ainsi peut-on ébaucher en confrontant un cadre théorique qui n’a pas cessé d’évoluer de Marx à Bourdieu aux données statistiques disponibles et aux enquêtes ethnographiques de toutes sortes, un tableau des classes sociales à l’échelle de l’hexagone et montrer ce que la morphologie actuelle de chacune de ses composantes – bourgeoisie, petite-bourgeosie et classes populaires – et ce que leurs rapports doivent aux transformations des 50 dernières années.

Ukraine dans l’UE: la nécessité d’une sérieuse lutte contre la corruption

Ukraine dans l’UE: la nécessité d’une sérieuse lutte contre la corruption

L’Union européenne vient d’approuver l’ouverture de négociations avec l’Ukraine pour lancer un processus d’adhésion. L’un des critères est la lutte contre la corruption qui a durant des années gangréné le pays. Les mesures prises récemment par le président Zelensky pour lutter contre ce fléau vont dans le bon sens pour améliorer le climat des affaires nécessaire pour attirer les investisseurs pour la reconstruction du pays. Mais certaines zones d’ombre demeurent. Par Eugène Berg, essayiste et diplomate français dans « la Tribune »

La lutte contre la corruption est le premier des critères d’intégration à l’Union européenne (UE), avec laquelle l’Ukraine est officiellement entrée en négociations jeudi 14 décembre, en vue d’une possible adhésion. En plus de satisfaire aux exigences des chancelleries occidentales, les efforts récemment entrepris en ce sens par le président Zelensky visent à rassurer les alliés de l’Ukraine, puisqu’ils sont de nature à offrir au pays un climat des affaires satisfaisant pour, demain, attirer les investissements étrangers indispensables à sa reconstruction. Pour autant, si le volontarisme de l’administration Zelensky, prenant parfois des formes spectaculaires, n’est plus à démontrer, des doutes se font jour quant aux motivations réelles de certaines salves de sanctions, et au manque de transparence présidant au ciblage de telle ou telle société.

Une politique de lutte de plus en plus affirmée contre la corruption
La récente manifestation contre la corruption dans les rues de Kiev le démontre : l’opinion publique ukrainienne est consciente du problème. La corruption figure ainsi en deuxième place des principales préoccupations des Ukrainiens, derrière l’invasion russe, et y est directement liée, puisque les manifestants brandissent régulièrement des pancartes sur lesquelles on peut lire : « Money to the AFU » (« De l’argent pour les forces armées ukrainiennes »). Problème : la confiance des Ukrainiens dans leur président pour mener à bien cette croisade est pour le moins relative. Ainsi, même si Volodymyr Zelensky n’a jamais été directement impliqué dans aucun scandale, 77 % des Ukrainiens pensent qu’il est responsable de la corruption persistante au sein du gouvernement et des administrations militaires locales, selon un sondage réalisé par la Ilko Kucheriv Democratic Initiatives Foundation (DIF).

Pour montrer sa détermination à s’emparer du problème et rassurer son opinion publique au même titre que l’opinion internationale, Zelensky n’hésite pas à lancer de grandes manœuvres, quitte à montrer les muscles. Ainsi, en septembre dernier, plusieurs hauts dirigeants étaient-ils destitués, parmi lesquels le ministre de la Défense Oleksy Reznikov – remaniement qui s’est poursuivi avec le limogeage de six vice-ministres. Cette série de têtes coupées n’est pas la première. En août dernier déjà, Zelensky annonçait le limogeage de l’ensemble des responsables des centres d’enrôlement militaire régionaux : en tout, environ 50. 000 personnes auraient payé des pots-de-vin pour échapper à la conscription. Une purge qui s’est soldée par l’ouverture de procédures judiciaires à l’encontre de 33 officiers de recrutement. Citons également l’enquête diligentée à grand renfort de publicité contre Ihor Kolomoïsky, l’un des oligarques les plus puissants du pays, pour des faits de fraude et de blanchiment d’argent. Mi-novembre enfin, Volodymyr Zelenskiy sanctionnait 37 groupes russes et 108 personnes, dont un ancien Premier ministre et un ancien ministre de l’Éducation. Objectif affiché : lutter contre les enlèvements d’enfants ukrainiens, emmenés en Russie et en Biélorusse, contre l’avis de leurs parents.

Spectaculaires et médiatiques, ces coups de boutoir sont salutaires, puisqu’ils envoient le message qu’aucune sphère n’est épargnée, quel que soit son degré de pouvoir et d’influence au sein des institutions. Pour autant, ils ne suffisent pas à rassurer complètement les observateurs les plus avisés. La corruption a, durant des décennies, sévi au plus haut niveau de la classe politique, et quelques camouflets, même au sommet de l’État, ne suffiront pas à éradiquer un mal systémique, profondément enraciné.

Pour preuve, certaines agences peu transparentes – comme le surpuissant SBU, le Service de sécurité de l’Ukraine – qui jouent un rôle central dans la définition de la liste des sanctions en sont elles-mêmes gangrénées. Dans un entretien pour The Times, Oleksiy Danilov, chef du Conseil national de sécurité, formule lui-même cet aveu d’échec : « Nous avons commis une grave erreur en 1991 en ne fermant pas le KGB, mais en changeant son nom en SBU, et les métastases du KGB sont restées [...] Malheureusement, il faut reconnaitre que nous n’avons pas été en mesure de « nettoyer » tous les systèmes de sécurité. »

Une réalité aggravée par la récente décision de Zelensky d’assimiler la corruption en temps de guerre à la trahison, renforçant le pouvoir du SBU, qui va enquêter sur les mêmes affaires que le NABU (le Bureau national anticorruption d’Ukraine). La crainte de certaines entreprises de se voir sanctionnées pour appuyer des intérêts privés n’est, ainsi, pas de nature à améliorer le climat des affaires. De fait, le risque que la lutte contre la corruption soit dévoyée et profite à quelques-uns au détriment de l’intérêt de tous, autrement dit, qu’elle ne serve à certains dignitaires à régler leurs comptes ou écarter un concurrent, n’est pas à exclure. Ou comment entacher de corruption la lutte contre la corruption elle-même…

Dans un article publié par Politico en mai 2023, la dirigeante de Smart Holding, l’un des plus gros conglomérats d’investissement du pays, affirmait ainsi se battre depuis des mois pour tenter de sauver son groupe d’un raid impliquant certains hauts responsables du gouvernement ukrainien. Une action qui viserait à lui faire vendre sa société à bas prix, et qui serait symptomatique, selon elle, de la façon dont la guerre est utilisée par des acteurs puissants pour s’enrichir en extorquant, pillant et affaiblissant leurs rivaux commerciaux, au mépris de l’État de droit et à grand renfort d’accusations douteuses. Quand ces sociétés ne sont pas tout bonnement ajoutées à la liste des entreprises sanctionnées par le Service de sécurité ukrainien (SBU) pour des raisons très vagues de sécurité nationale.

Le tableau n’est cependant pas si sombre. Globalement, les réformes systémiques entreprises vont dans le bon sens et doivent être poursuivies : citons par exemple la création d’un Bureau national anticorruption (NABU) et d’une Agence nationale pour la prévention de la corruption (NACP). Autre signal positif : dans la foulée du remaniement au ministère de la Défense, la Rada, le Parlement ukrainien, a adopté par 341 voix sur 450 députés une loi rendant publiques les déclarations d’intérêts et de patrimoines de responsables de l’État.

L’Ukraine a obtenu 33 points sur 100 dans l’indice de perception de la corruption (IPC) pour 2022, remontant légèrement dans le classement par rapport à l’année précédente, mais restant à des niveaux très bas. Pour parachever ses efforts, il y a urgence pour le pays à mettre en place des mécanismes plus transparents de sanctions et à systématiser ses efforts, afin qu’une génération de dirigeants corrompus n’en remplace pas une autre. Une nécessité d’autant plus forte dans un pays à la gouvernance en partie défaillante, où la guerre agit comme un catalyseur de détournements au vu de l’augmentation massive de la commande publique et des stratégies d’évitement d’une partie de la population à l’enrôlement. Si l’Ukraine a obtenu un premier signal positif via l’ouverture des négociations devant aboutir à son adhésion à l’UE, ce signal devra encore être confirmé à l’unanimité des pays membres, quand Kiev aura rempli une série de conditions, dont la principale concerne sa lutte efficace contre la corruption. Les prochains mois seront décisifs.

Lutte climatique: où sont passés les 100 milliards de dollars d’aide ?

Lutte climatique: où sont passés les 100 milliards de dollars d’aide ?

L’OCDE affirme que les pays riches ont sans doute atteint l’aide de 100 milliards par an pour lutter contre les conséquences du changement climatique. Reste cependant à savoir si cette aide qui doit être prolongé même amplifier ira effectivement en direction d’une politique de maîtrise des conséquences du changement de climat.

Si l’on se réfère à l’aide au développement, force est de constater qu’une partie des contributions financières finit dans les sables, dans les cathédrales administratifs des grandes organisations ou directement dans la poche des dirigeants de pays bénéficiaires. Or nombre de pays potentiellement bénéficiaires souhaitent une aide directe sans intermédiaire. Les pays donateurs de leur côté préfèrent non pas une nouvelle institution pour gérer ces aides considérables mais la médiation de la Banque mondiale qui a le mérite d’exister.

Indiscutablement les pays en développement méritent d’être soutenus non seulement pour des questions climatiques mais aussi pour aider au développement économique et freiner l’émigration sauvage.

Malheureusement dans beaucoup de pays en développement, la gouvernance est catastrophique et c’est tout un système de corruption qui profite aux cercles du pouvoir et dans la population on voit difficilement la réalité par exemple dans la réfection des infrastructures de transport, la santé ou l’éducation et plus généralement dans le développement socio-économique..

« D’ici 2025, on estime que les pays en développement auront besoin d’environ 1.000 milliards de dollars par an pour les investissements climatiques, ce chiffre passant à environ 2.400 milliards chaque année entre 2026 et 2030 », rappelle Matthias Cormann, secrétaire général de l’OCDE.

« D’ici 2025, on estime que les pays en développement auront besoin d’environ 1.000 milliards de dollars par an pour les investissements climatiques, ce chiffre passant à environ 2.400 milliards chaque année entre 2026 et 2030 », rappelle Matthias Cormann, secrétaire général de l’OCDE.

Pour rappel, sous l’égide de la Convention des Nations unies sur la lutte contre le changement climatique (CNUCC), les pays riches, principaux responsables historiques des émissions de gaz à effet de serre, s’étaient engagés à porter à 100 milliards de dollars par an leur aide climatique d’ici 2020. Mais les choses ont pris plus de temps que prévu. Le retard pris pour honorer cette promesse est devenu un motif de tension majeur, voire de blocage, dans les négociations climatiques internationales. Or celles-ci culmineront cette année lors de la COP28 du 30 novembre au 12 décembre à Dubaï.

Dans son dernier rapport annuel sur le financement de l’adaptation climatique publié le 2 novembre dernier, le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) affirme que le financement des pays en développement a reculé de 15% en 2021 sur un an, signe que la lutte contre le changement climatique « patine », a déploré son secrétaire général Antonio Guterres. Il estime que certains de ces pays exigeraient même des financements jusqu’à 18 fois supérieurs aux montants actuels. Au total, le rapport souligne que « le déficit de financement se creuse, désormais compris entre 194 et 366 milliards de dollars par an », en dépit de l’accélération du réchauffement climatique.

« La présidence de la COP28 et le commissaire européen ont souligné l’importance de rendre opérationnels le fonds de financement des « pertes et dommages » lors de la COP28 et l’importance des promesses de dons initiales », affirme la déclaration Wopke Hoekstra, co-écrite avec le président émirati de la COP28, Sultan Al Jaber. « La COP28 est une occasion déterminante de faire preuve d’unité et de restaurer la foi dans le multilatéralisme dans un monde polarisé », affirment les deux auteurs.

Un soutien à la politique de lutte contre l’inflation aux États-Unis

Un soutien à la politique de lutte contre l’inflation aux États-Unis


Historiquement, pour casser une spirale inflationniste ancrée dans l’économie comme cela commence à être le cas aujourd’hui aux Etats-Unis, il faut provoquer, a minima, un fort ralentissement de l’économie et, la plupart du temps, une récession. La crise inflationniste des années 1970-1980 s’est ainsi terminée quand l’ancien président de la Réserve fédérale, Paul Volker, a maintenu des taux directeurs élevés pour briser la spirale de hausse des prix, entraînant une récession en 1982. Cette stratégie a été adoptée en suivant les recommandations de l’économiste américain Milton Friedman, ce dernier rappelant que l’inflation est avant tout un phénomène politique.

par François Rimeu est stratégiste senior à La Française AM dans l’Opinion

Une analyse intéressante mais caractérisée par une approche assez classique de la régulation de l’inflation ( et qui se discute) NDLR

Nous sommes aujourd’hui dans une situation similaire. L’inflation sévissant aux Etats-Unis et ailleurs provient avant tout de décisions politiques. Dans son ampleur, la relance budgétaire décidée par le gouvernement américain depuis la crise de la Covid connaît peu d’équivalents dans l’histoire moderne, la période d’après-guerre étant sans doute ce qui s’en rapproche le plus. Ces dernières années, le déficit budgétaire américain a successivement été de -15,2 % en 2020, -10,5 % en 2021, -5,4 % en 2022 et devrait avoisiner les -6 % cette année (selon Bloomberg). C’est colossal !

L’équilibre entre la politique budgétaire et la politique monétaire décidera in fine du devenir de l’inflation : tant que le gouvernement américain continuera de mener une politique budgétaire expansionniste, la FED n’aura d’autre choix que de poursuivre sa politique monétaire restrictive pour éviter une surchauffe de l’économie et donc une poursuite de l’inflation.

Effets de base. L’inflation américaine est à fin septembre de 3,7 % après avoir atteint plus de 9 % en juin 2022, avec beaucoup de disparités entre les différents secteurs d’activité. La baisse des matières premières et les effets de base expliquent la grande majorité de ce mouvement, mais ce n’est pas le seul facteur. La fin du choc d’offre lié à la crise de la Covid a aussi permis à l’inflation sur les biens de fortement ralentir, celle-ci étant aujourd’hui proche de 0 sur les douze derniers mois. Là aussi, la baisse des matières premières énergétiques a aidé à contenir la hausse des prix via les effets de second rang. Il faut d’ailleurs noter que les effets de base vont maintenant jouer de manière positive sur l’inflation, ce qui devrait entraîner une hausse de l’inflation liée à l’énergie et aux biens.

La FED a raison d’essayer de juguler l’inflation via une modération de l’inflation salariale, mais les décisions politiques seront aussi, et sans doute plus, importantes.

Le pan de l’économie qui pose encore des problèmes est celui des services avec des hausses de prix encore élevées, à 5,7% au cours de l’année écoulée. Cela s’explique par la composante « OER » (« owner equivalent rent », l’équivalent loyer des propriétaires) dont les variations suivent avec retard celles constatées sur le marché immobilier. Toutefois, ce n’est pas le seul facteur explicatif. Si le secteur des services demande, en effet, beaucoup moins de transformations de produits que celui des biens et dépend donc moins des variations des prix des matières premières, il est, en revanche, beaucoup plus consommateur d’emplois. L’inflation salariale et l’inflation constatée dans le secteur des services sont donc intrinsèquement liées ; ce qui s’observe historiquement.

Il est donc logique pour la FED de vouloir rééquilibrer la demande et l’offre d’emploi, condition nécessaire au retour à une inflation proche des 2 %. Mais la politique de la FED n’a que peu d’impact sur l’offre d’emploi, qui elle dépend des politiques migratoires, de la démographie et des préférences de chacune des catégories des demandeurs d’emploi. Le seul levier de la FED est donc d’essayer de jouer sur la demande d’emploi, et c’est ce qu’elle tente de faire en poursuivant une politique monétaire de plus en plus restrictive afin de ralentir l’économie.

Modération. La FED a donc raison d’essayer de juguler l’inflation via une modération de l’inflation salariale, mais les décisions politiques seront aussi, et sans doute plus, importantes, que ça soit via des décisions visant à augmenter ou non l’offre d’emploi ou via des politiques budgétaires plus ou moins expansionnistes.

Concernant l’offre, après l’arrêt des flux migratoires durant la Covid, on voit que ceux-ci ont repris de manière assez vigoureuse, ce qui devrait aider à rééquilibrer le marché dans les mois à venir. De la même façon, la hausse du taux de participation constatée depuis quelques mois, en particulier chez la population des 55 ans et plus, pousse également l’offre d’emploi à la hausse. De ce côté, cela devrait donc aider la FED, même s’il reste encore du chemin à parcourir.

En ce qui concerne les politiques budgétaires, il est en revanche difficile d’être optimiste dans la mesure où il est électoralement risqué de mener des politiques restrictives (hausse d’impôts, baisse des aides, etc..), a fortiori dans une année électorale comme 2024. Si l’histoire est un guide, on peut aussi noter que les périodes d’instabilité géopolitique, comme celle que nous vivons actuellement, vont souvent de pair avec des déficits budgétaires importants.

François Rimeu est stratégiste senior à La Française AM.

Lutte contre la pauvreté : Un plan très insuffisant

Lutte contre la pauvreté : Un plan très insuffisant

Le plan dit « pactes de solidarités » présentée par la Première ministre fait l’unanimité contre . Ce plan ne comprend que des mesures anecdotiques; Pour la plupart déjà prises et où annoncées, qui ne correspondent pas à l’ampleur de la pauvreté qui affecte aujourd’hui autour de 15 % de la population et près de 10 millions de personnes.

Parmi les mesures la création Lointaine de 200 000 places de crèches d’ici 2030 ou la mise en place d’un « pass colo » pour les élèves de CM2. Il prévoit par ailleurs le renforcement du dispositif « cantine à 1 euro », instauré depuis 2019, et l’extension des petits déjeuners gratuits à l’école.

Le gouvernement entend également lutter contre le non-recours aux prestations sociales. Dès l’été 2024, les demandes RSA commenceront à être pré-remplies dans des départements pilotes.

Bref des mesures souvent connues et finalement assez anecdotiques qui ne correspondent pas à l’enjeu du niveau de pauvreté et à la chute de populations moyennes vers la misère. En cause une inflation qui a surtout affecté les ressources des plus modestes. En effet les prix ont surtout augmenté dans le logement qui représente autour de 23 % du budget des ménages dans l’alimentation 25 %, le transport 15 %, les biens et services 15 %. 60 à 80 % des coûts pour ces catégories ont augmenté de l’ordrde 10 % alors que l’inflation moyenne est d’environ 5 %.

Les libertés-individuelles conciliables avec la lutte contre le réchauffement ?

Les libertés-individuelles conciliables avec la lutte contre le réchauffement ?

La juriste Mathilde Hautereau-Boutonnet s’inquiète, dans une tribune au « Monde », des menaces que la priorité donnée aux politiques environnementales fait peser sur les libertés individuelles.

La lutte contre le réchauffement climatique mérite-t-elle de mépriser nos libertés individuelles ? La question se pose lorsque l’on écoute certains propos récemment médiatisés. Tandis que l’activiste du climat Camille Etienne, à l’occasion de la parution de son premier livre (Pour un soulèvement écologique, Seuil, 176 pages, 18 euros), fustige les « puissants » qui organisent notre « apathie » face à l’urgence écologique, et leur oppose une démocratie subordonnée aux « limites planétaires » comme réalités « non négociables », l’ingénieur Jean-Marc Jancovici appelle à instaurer un système de quotas qui n’autoriserait les Français à effectuer au cours de leur vie que quatre déplacements en avion.

Dans les deux cas, qu’il prenne ses racines dans le militantisme écologique anticapitaliste ou le réalisme scientifique chiffré, le discours aboutit au même résultat : fermer la porte à tout débat sur l’atteinte aux libertés individuelles à laquelle conduisent incidemment ces propositions. Les faits parlent d’eux-mêmes, ils nous imposent de ne pas penser autrement, la liberté n’existant que parce qu’elle est collective, pour l’une, et la restriction proposée n’étant que « casse-bonbons », pour l’autre !

Ce résultat est regrettable. Il prive le public d’un élément important pour comprendre comment la lutte contre le réchauffement climatique peut s’opérer dans le respect de l’Etat de droit, seul « terrain de jeu » véritablement non négociable.
Au cœur de cet Etat de droit se trouvent justement nos libertés individuelles et, parmi elles, la liberté d’entreprendre, le droit de propriété et la liberté d’aller et venir. Socle de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (DDHC) de 1789, celles-ci nous ont jusqu’alors permis de vivre dans une société développée dont nous tirons encore bien des profits.

Certes, ces libertés peuvent être encadrées. Parce que « la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui » (art. 4, DDHC), le législateur peut créer des règles portant atteinte à leur exercice, d’autant plus que dans le domaine environnemental, outre le fait que la charte constitutionnelle de l’environnement reconnaît depuis 2005 des droits et des devoirs environnementaux, le Conseil constitutionnel fait de la protection de l’environnement un objectif à valeur constitutionnelle justifiant, au nom de l’intérêt général, les atteintes à certaines libertés.

Lutte climat: pas assez vite pour le Haut Conseil pour le climat (HCC)

Lutte climat: pas assez vite pour le Haut Conseil pour le climat (HCC)

Dans leur rapport annuel, les experts chargés d’évaluer l’action climatique du pays expliquent que les émissions françaises de CO2 sont en baisse, mais pas assez vite pour atteindre les objectifs européens.

L’an dernier, le Haut Conseil pour le climat (HCC) appelait à «un sursaut » de l’action climatique en France. Depuis, « on a dépassé la politique des petits pas mais on n’est pas encore au pas de course », résume la présidente du HCC Corinne Le Quéré en présentant le rapport annuel 2023, publié mercredi. «Surtout, c’est la politique économique qui manque. »

Dans son rapport intitulé « Acter l’urgence, engager les moyens », l’organisme indépendant chargé d’évaluer l’action climatique du pays estime que «la baisse des émissions de gaz à effet de serre de la France se poursuit en 2022, mais à un rythme qui demeure insuffisant pour atteindre les objectifs de 2030 ». Un constat qui intervient deux jours après celui de la Cour des comptes européenne, pour qui les ambitieux objectifs climatiques de l’UE pour 2030 (à savoir – 55 % d’émissions nettes) ont « du plomb dans l’aile», tant en termes d’actions que de financements.

résumé

Le changement climatique dû à l’inuence humaine a entraîné des impacts graves en France en 2022, excédant la capacité de prévention et de gestion de crises actuelle. L’année 2022, emblématique de l‘intensication des eets du changement climatique, illustre le besoin d’acter l’urgence et d’engager les moyens nécessaires au rehaussement de l’action pour l’adaptation et la décarbonation en France, en Europe, et à l’international. La baisse des émissions se poursuit en France en 2022, mais à un rythme qui reste insusant pour aeindre les objectifs de 2030. Le cadre d’action des politiques publiques pour le climat se construit, sans pour l’heure être accompagné d’une politique économique d’ampleur permeant de déclencher l’accélération nécessaire. L’adoption de la réglementation du paquet Fit for 55 de l’Union européenne doit rapidement se traduire en mesures concrètes et nouvelles sources de nancements en France et en . L’adaptation doit passer du mode réactifprévalent aujourd’hui pour devenir transformatrice,en s’appuyant sur les connaissances des conséquences pour la France, y compris pour les saisons et les événements extrêmes. Alors que la multiplication des politiques publiques à l’international commence à
faire inéchir les émissions planétaires, la réponse de la France au changement climatique doit monter en puissance, sur la base de son cadre d’action stratégique qui se construit, pour systématiser sa mise en œuvre opérationnelle, engager les moyens et les nancements nécessaires, accompagner les plus vulnérables dans un esprit de transition juste, éviter la maladaptation, et œuvrer à soutenir la dynamique
européenne et relancer la dynamique internationale en amont de la COP28.

L’année 2022 a été emblématique de l’intensication des eets du changement climatique dû aux activités humaines en France métropolitaine. Un ensemble
d’événements météorologiques et climatiques ont eu des eets graves sur les écosystèmes, les individus, les infrastructures et les activités économiques. Ils ont nécessité des mesures d’urgence et d’indemnisation. L’année 2022 a été exceptionnellement chaude (année record, +2,9°C par rapport à 1900-1930 selon
les données de Météo-France), et sèche (décit de précipitations de 25 % par rapport à 1991-2020). Les faibles précipitations couplées aux fortes températures ont induit une sécheresse des sols superciels exceptionnelle pour les trois quarts du territoire métropolitain de juillet à septembre
2022. La recharge des nappes souterraines a été limitée par la faiblesse des pluies ecaces. La production agricole a subi des baisses de rendement de 10 à 30 % pour certaines lières,
notamment 30 % de baisse pour le fourrage par rapport à la moyenne quinquennale. La production hydroélectrique en 2022 était de 20 % inférieure à la moyenne 2015-2019. L’assèchement précoce et prolongé de fossés et de zones humides sur la façade atlantique a eu des conséquences pour la biodiversité, induisant une reproduction faible ou anormale des oiseaux d’eau et une quasi-absence de reproduction de
certaines espèces d’amphibiens

L’ANNÉE 2022 A ÉTÉ EXCEPTIONNELLEMENT CHAUDE ET SÈCHE EN FRANCE, ET A EU DES IMPACTS GRAVES SUR LES PERSONNES, LES ACTIVITÉS ÉCONOMIQUES, LES INFRASTRUCTURES ET LES ÉCOSYSTÈMES.

Fiscalité-Lutte contre la fraude fiscale : la grande illusion

Fiscalité-Lutte contre la fraude fiscale : la grande illusion

Officiellement le gouvernement vient donc de lancer une grande opération pour lutter contre la fraude fiscale en s’attaquant aux plus riches (personnes physiques et grandes multinationales). Il est clair que cette campagne présente un parfum particulièrement démagogique pour montrer à ceux qui subissent l’inflation la détermination du pouvoir pour davantage d’égalité.

Il y a par ailleurs une grande confusion entre fraude fiscale et optimisation fiscale. Il y a évidemment de nombreux cas de fraude fiscale, c’est-à-dire d’infraction caractérisée vis-à-vis de la loi mais le plus gros des détournements fiscaux concerne ce qu’on appelle pudiquement l’optimisation.

En gros, il s’agit d’externaliser les profits et d’internaliser au contraire les couts via les filiales. Il n’y a rien d’illégal dans ce domaine. La maison-mère située par exemple en Irlande ou aux Pays-Bas va surfacturer des prestations à ses filiales situées par exemple en France et inversement va permettre l’expatriation des bénéfices réellement réalisés en France. Les GAFA sont les premiers praticiens de cette gymnastique fiscale mais il y en a bien d’autres. C’est aussi la même illusion concernant les personnes physiques dans l’essentiel des revenus provient de l’étranger en toute légalité avec toute une série de montages financiers sophistiqués.

L’évasion fiscale organisée fait partie du système capitaliste même qui met en concurrence fiscale les Etats. Certains pour jeter un voile pudique sur cette question fondamentale détournent l’attention sur les détournements pratiqués par des artisans pour certains travaux dans l’Hexagone. Des détournements de TVA et de cotisations sociales. Mais certains de ces travaux ne pourraient pas s’effectuer ils étaient totalement taxés. On voit bien toute la difficulté de l’exercice et l’hypocrisie dans ce domaine. « Total » la grande entreprise française par exemple n’a pas payé l’impôt pendant des années !

Lutte contre la fraude fiscale : la grande illusion

Lutte contre la fraude fiscale : la grande illusion

Officiellement le gouvernement vient donc de lancer une grande opération pour lutter contre la fraude fiscale en s’attaquant aux plus riches (personnes physiques et grandes multinationales). Il est clair que cette campagne présente un parfum particulièrement démagogique pour montrer à ceux qui subissent l’inflation la détermination du pouvoir pour davantage d’égalité.

Il y a par ailleurs une grande confusion entre fraude fiscale et optimisation fiscale. Il y a évidemment de nombreux cas de fraude fiscale, c’est-à-dire d’infraction caractérisée vis-à-vis de la loi mais le plus gros des détournements fiscaux concerne ce qu’on appelle pudiquement l’optimisation.

En gros, il s’agit d’externaliser les profits et d’internaliser au contraire les couts via les filiales. Il n’y a rien d’illégal dans ce domaine. La maison-mère située par exemple en Irlande ou aux Pays-Bas va surfacturer des prestations à ses filiales situées par exemple en France et inversement va permettre l’expatriation des bénéfices réellement réalisés en France. Les GAFA sont les premiers praticiens de cette gymnastique fiscale mais il y en a bien d’autres. C’est aussi la même illusion concernant les personnes physiques dans l’essentiel des revenus provient de l’étranger en toute légalité avec toute une série de montages financiers sophistiqués.

L’évasion fiscale organisée fait partie du système capitaliste même qui met en concurrence fiscale les Etats. Certains pour jeter un voile pudique sur cette question fondamentale détournent l’attention sur les détournements pratiqués par des artisans pour certains travaux dans l’Hexagone. Des détournements de TVA et de cotisations sociales. Mais certains de ces travaux ne pourraient pas s’effectuer ils étaient totalement taxés. On voit bien toute la difficulté de l’exercice et l’hypocrisie dans ce domaine. « Total » la grande entreprise française par exemple n’a pas payé l’impôt pendant des années !

Hongrie : lutte contre la corruption ou suppression des subventions européennes

Hongrie : lutte contre la corruption ou suppression  des subventions européennes

 

 

Non seulement la  Hongrie a un gouvernement peu démocratique et peu solidaire de l’Europe mais en plus elle est soupçonnée de corruption vis-à-vis des fonds publics notamment ceux en provenance de l’Union économique. Non-respect de l’État de droit, relations douteuses avec Poutine et corruption, autant d’éléments qui ont justifié la suspension pour l’instant des subventions européennes. La Commission européenne a proposé dimanche 18 septembre aux Etats membres de suspendre 7,5 milliards d’euros de financements européens à la Hongrie, en raison de risques liés à la corruption, en attendant la mise en œuvre de réformes.

« La Hongrie s’est engagée à informer la Commission de la mise en oeuvre des mesures pour remédier à la situation d’ici au 19 novembre. Nous réévaluerons la situation et agirons en conséquence », a déclaré le commissaire européen au Budget, Johannes Hahn, lors d’une conférence de presse.

La décision finale appartient au Conseil, institution représentant les Etats membres, qui ont un mois pour se prononcer. Le délai peut être étendu de deux mois supplémentaires.

Afin de tenter de répondre aux préoccupations de Bruxelles, Budapest a annoncé une série de mesures, notamment la mise en place d’une « autorité indépendante » chargée de lutter contre la corruption et de renforcer la transparence des procédures de passation de marchés publics.

Budapest se démène aussi pour convaincre Bruxelles de débloquer son plan de relance post-Covid (5,8 milliards d’euros de subventions). La Hongrie est le seul pays de l’UE dont le plan n’a toujours pas reçu le feu vert de la Commission européenne, pour les mêmes raisons liées au respect de l’Etat de droit.

Finance– inflation : la fausse lutte des banquiers centraux !

Finance inflation : la fausse lutte des banquiers centraux !

Les banquiers centraux multiplient les effets de manche afin de justifier la lutte contre l’inflation. Sauf que les taux d’intérêt proposés ne collent pas au danger annoncé. Par Karl Eychenne, stratégiste et économiste.

En clair, les banquiers centraux communiquent beaucoup sur les perspectives de relèvement des taux d’intérêt pour réguler l’inflation mais en vérité utilisent  cette inflation pour amortir les dettes et les énormes générosités monétaires pendant la crise sanitaire. Ils ne souhaitent pas non plus casser la fragile croissance avec un arrêt brutal de la politique monétaire accommodante . Finalement la manière classique qui consiste à utiliser l’inflation pour amortir les excès de la planche à billets.Ou le transfert de l’amortissement de l’endettement sur le consommateur. Un consommateur qui va subir avec l’inflation une dévaluation de fait de son pouvoir d’achat de l’ordre de 5 % en 2022 en moyenne. NDLR 

« L’inflation risque de tout raser sur son passage, il faut agir vite et fort. »

Voilà un condensé de ce qui a pu être dit par les membres des banques centrales américaine (Fed) et européenne (BCE) au cours des dernières semaines. Agir vite et fort, mais pas trop vite quand même, précise Christine Lagarde dans son dernier discours. Globalement, on a quand même bien compris le message. Les banquiers centraux ourdissent des politiques monétaires plus restrictives.

Pourtant, quelque chose ne colle pas. Il y a un décalage étonnant entre les mots et les taux. Les mots employés pour parler du danger inflationniste ne se retrouvent pas dans les taux qui sont proposés pour juguler ce risque. En vérité, on est bien loin d’une politique monétaire qui deviendrait restrictive. Il conviendrait plutôt de parler de politique monétaire moins accommodante.

Le cas américain en est la plus parfaite illustration. Aujourd’hui, le taux d’intérêt directeur de la Fed s’établit dans une fourchette allant de 0,25 à 0,5%, alors que l’inflation est en orbite à 8,5%. Le coût de l’argent (taux) est donc bien inférieur au coût de la vie (inflation). On pourrait anticiper alors que la volonté de la Fed de lutter contre l’inflation se traduise par une remontée des taux significative. Oui, la hausse sera significative, de 0,5 à près de 2% fin 2022 si l’on en croit les anticipations. Mais ce coût de l’argent restera bien inférieur au coût de la vie qui devrait décélérer de 8,5% à près de 5%. Même à son acmé en 2023, le coût de l’argent ne parviendrait qu’à revenir au même niveau que l’inflation : 3%. Pas vraiment l’impression d’une politique qui se donne les moyens de lutter contre l’inflation galopante.

En vérité, la lecture devient plus troublante encore si l’on adopte une approche plus fine. En effet, les initiés ont pour habitude de consulter un éventail de règles de politiques monétaires proposées par la recherche académique. Ces règles leur permettent de calibrer un niveau adéquat de taux d’intérêt directeur en fonction des fondamentaux économiques, un niveau qu’ils confrontent alors au taux d’intérêt directeur en vigueur. Si le taux requis par la règle est supérieur au taux en vigueur, on dira alors que la politique monétaire est trop accommodante : la Fed devrait donc remonter ses taux. On peut même se projeter en comparant le taux prévu au taux requis en fonction de différents scénario économiques.

Le constat est sans appel. Sur 21 cas retenus (7 règles et 3 scénarios), 19 justifieraient un taux d’intérêt directeur supérieur aux niveaux actuels de 0,5% aujourd’hui même. A horizon 1 an, 17 cas sur 18 justifieraient un taux directeur supérieur au 2% qui sont prévus. Enfin à horizon 2 ans, 13 cas sur 14 justifieraient un taux directeur supérieur à 3%. Clairement, la politique monétaire n’est pas, ne deviendrait pas restrictive, si les taux prévus par les membres de la Fed ou les marchés sont ceux qui seront appliqués. La Fed restera très accommodante, certes un peu moins.

La BCE n’est pas en reste. Certes son niveau d’inflation est un peu en dessous de celui des Etats-Unis à 7,4%. Mais la BCE ne prévoit pas de remonter ses taux aussi fort et aussi vite que la Fed. Seule une hausse des taux de 0 à 0,25% serait envisagée par la majorité des membres d’ici la fin de l’année. On est bien loin des 2% de la Fed. On peut alors procéder au même type d’analyse que pour la Fed ci-dessus. Le résultat sera du même acabit : la BCE ne pratiquera pas de politique monétaire restrictive ni en 2022 ni en 2023, mais une politique légèrement moins accommodante.

Mais alors pourquoi une telle agressivité verbale des banquiers centraux, pour une politique monétaire tout juste moins accommodante ? La première explication qui vient à l’esprit, c’est qu’ils ne croient pas à ce qu’ils disent. Le risque inflationniste est survendu. Personne ne croit vraiment que cette inflation galopante, dopée par les confinements à répétition et le conflit Ukrainien, ne tisonne un jour les salaires. Personne ne croit vraiment aux effets de second tour sur l’ensemble des prix des biens et services. D’ailleurs, même les marchés obligataires n’y croient pas. Franchement, avec des taux d’intérêt à 10 ans à près de 3% aux Etats-Unis et 1% en Allemagne, alors que l’inflation est à 8,5 et 7,4%, peut – on parler de Krach obligataire ? La hausse des taux depuis le début de l’année est impressionnante, vive et rapide, sans nul doute. Mais on est plus proche de l’allegretto que de l’allegro. Certes, l’histoire n’est pas terminée.

Plus vraisemblablement, les banquiers centraux ne reconnaissent toujours pas le risque inflationniste. En leur for intérieur, ils restent convaincus que l’inflation va retomber comme un soufflet, et qu’il faut éviter à tout prix de pratiquer une politique monétaire restrictive. L’activité économique n’y résisterait pas, et les marchés n’y survivraient pas. Depuis 15 ans les crises successives (Subprime, dette souveraine, Covid) ont rendu la performance économique et financière bien trop dépendante d’une politique monétaire qui devint ultra – accommodante sans jamais motiver de tensions indésirables sur les prix. Un constat que l’on peut faire dans toutes les économies dites développées.

Convaincus que cette période fut marquée par le sceau de l’excellence en matière de politique monétaire, les banquier centraux se refusent de croire qu’elle peut se terminer aussi bêtement. Ils tentent alors de donner le change avec des mots plutôt qu’avec des taux. Ils exagèrent le verbe plutôt que le geste. En art aussi on connût ce genre de pratique au XVIe siècle: on appela cela le maniérisme. L’expression d’un courant qui cherchait sa voix après que les artistes phares de l’époque (XVIe siècle) eurent tutoyé la perfection. Plutôt que de se risquer à quitter l’ivresse du génie, on préféra seulement s’en éloigner un peu, en exagérant les traits, les figures, les motifs. Bref, de l’exubérance plutôt que de l’errance diagnostique.

Lutte contre l’Inflation aux États-Unis : trop tard !

Lutte contre l’Inflation aux  États-Unis : trop tard !

 

Le président de la Réserve fédérale américaine espère encore pouvoir lutter contre la hausse des prix à doses homéopathiques. Mais n’est-ce pas déjà trop peu, trop tard ? s’interroge Arnaud Leparmentier, correspondant du « Monde » à New York, dans sa chronique.

 

Les marchés financiers aiment les conférences de presse du président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Jerome Powell, sa modestie sincère, ses réponses rassurantes et son optimisme tempéré, qui conduisent à un feu d’artifice à Wall Street, comme ce fut le cas, mercredi 4 mai, après que la Fed a augmenté d’un demi-point ses taux directeurs, une première depuis l’an 2000, mais exclu une hausse de 0,75 point.

Et puis, la nuit portant conseil, une partie des opérateurs a réfléchi, se demandant s’ils ne s’étaient pas fait intoxiquer pas le président de la banque centrale. C’est ainsi qu’après la fête est venue la dégelée sur les marchés financiers, la pire depuis les soubresauts du Covid-19. Jerome Powell trompe-t-il son monde en laissant espérer un atterrissage en douceur de l’économie américaine, alors que l’inflation est à 8,5 %, son plus haut niveau depuis 1981 ? Moins que le président démocrate, Joe Biden, qui attribue l’inflation à Vladimir Poutine et au cartel des entreprises, sans dire un mot sur son plan de relance excessif voté à contretemps, en avril 2021, qui a inondé les Américains de liquidités.

Mais M. Powell veut croire à un miracle, qui permettrait à l’inflation de se résorber d’elle-même. Il y a déjà cru à l’automne 2021, ne réagissant pas tant qu’il était temps, alors que l’emploi était revenu et que persistaient des goulets d’étranglement dans l’économie. Les tergiversations politiques de Joe Biden pour le renommer pour un second mandat n’y sont sans doute pas étrangères et ont fait perdre de précieuses semaines.

Un retour à la normale est possible, mais loin d’être certain. D’abord, les taux d’intérêt réels sont beaucoup trop bas pour refroidir l’économie : 3,1 % à dix ans avec une inflation deux fois supérieure, c’est une dose homéopathique, un placebo. Ensuite, la crise n’est pas finie : le prix des matières premières connaît un répit, mais c’est parce que la Chine est fermée pour cause de Covid-19. D’ici six mois, elle va mettre les bouchées doubles pour repartir, et Patrick Artus, conseiller économique à la banque Natixis, prévoit une nouvelle bouffée inflationniste.

Dans ce contexte, la Fed s’adapte et laisse filtrer, réunion après réunion, une politique de plus en plus stricte, mais progressivement. Faut-il annoncer brutalement la couleur, quitte à provoquer une récession, comme le fit Paul Volcker à partir de 1979 pour terrasser la stagflation consécutive aux deux chocs pétroliers, ou couper la queue du chat par petits bouts pour préparer les esprits ?

Politique monétaire et inflation : la fausse lutte des banquiers centraux !

Politique monétaire et inflation : la fausse lutte des banquiers centraux !

Les banquiers centraux multiplient les effets de manche afin de justifier la lutte contre l’inflation. Sauf que les taux d’intérêt proposés ne collent pas au danger annoncé. Par Karl Eychenne, stratégiste et économiste.

En clair, les banquiers centraux communiquent beaucoup sur les perspectives de relèvement des taux d’intérêt pour réguler l’inflation mais en vérité utilise cette inflation pour amortir les dettes et les énormes générosités monétaires pendant la crise sanitaire. Ils ne souhaitent pas non plus casser la fragile croissance avec un arrêt brutal de la politique monétaire accommodante Finalement la manière classique qui consiste à utiliser l’inflation pour amortir les excès de la planche à billets. NDLR 

« L’inflation risque de tout raser sur son passage, il faut agir vite et fort. »

Voilà un condensé de ce qui a pu être dit par les membres des banques centrales américaine (Fed) et européenne (BCE) au cours des dernières semaines. Agir vite et fort, mais pas trop vite quand même, précise Christine Lagarde dans son dernier discours. Globalement, on a quand même bien compris le message. Les banquiers centraux ourdissent des politiques monétaires plus restrictives.

Pourtant, quelque chose ne colle pas. Il y a un décalage étonnant entre les mots et les taux. Les mots employés pour parler du danger inflationniste ne se retrouvent pas dans les taux qui sont proposés pour juguler ce risque. En vérité, on est bien loin d’une politique monétaire qui deviendrait restrictive. Il conviendrait plutôt de parler de politique monétaire moins accommodante.

Le cas américain en est la plus parfaite illustration. Aujourd’hui, le taux d’intérêt directeur de la Fed s’établit dans une fourchette allant de 0,25 à 0,5%, alors que l’inflation est en orbite à 8,5%. Le coût de l’argent (taux) est donc bien inférieur au coût de la vie (inflation). On pourrait anticiper alors que la volonté de la Fed de lutter contre l’inflation se traduise par une remontée des taux significative. Oui, la hausse sera significative, de 0,5 à près de 2% fin 2022 si l’on en croit les anticipations. Mais ce coût de l’argent restera bien inférieur au coût de la vie qui devrait décélérer de 8,5% à près de 5%. Même à son acmé en 2023, le coût de l’argent ne parviendrait qu’à revenir au même niveau que l’inflation : 3%. Pas vraiment l’impression d’une politique qui se donne les moyens de lutter contre l’inflation galopante.

En vérité, la lecture devient plus troublante encore si l’on adopte une approche plus fine. En effet, les initiés ont pour habitude de consulter un éventail de règles de politiques monétaires proposées par la recherche académique. Ces règles leur permettent de calibrer un niveau adéquat de taux d’intérêt directeur en fonction des fondamentaux économiques, un niveau qu’ils confrontent alors au taux d’intérêt directeur en vigueur. Si le taux requis par la règle est supérieur au taux en vigueur, on dira alors que la politique monétaire est trop accommodante : la Fed devrait donc remonter ses taux. On peut même se projeter en comparant le taux prévu au taux requis en fonction de différents scénario économiques.

Le constat est sans appel. Sur 21 cas retenus (7 règles et 3 scénarios), 19 justifieraient un taux d’intérêt directeur supérieur aux niveaux actuels de 0,5% aujourd’hui même. A horizon 1 an, 17 cas sur 18 justifieraient un taux directeur supérieur au 2% qui sont prévus. Enfin à horizon 2 ans, 13 cas sur 14 justifieraient un taux directeur supérieur à 3%. Clairement, la politique monétaire n’est pas, ne deviendrait pas restrictive, si les taux prévus par les membres de la Fed ou les marchés sont ceux qui seront appliqués. La Fed restera très accommodante, certes un peu moins.

La BCE n’est pas en reste. Certes son niveau d’inflation est un peu en dessous de celui des Etats-Unis à 7,4%. Mais la BCE ne prévoit pas de remonter ses taux aussi fort et aussi vite que la Fed. Seule une hausse des taux de 0 à 0,25% serait envisagée par la majorité des membres d’ici la fin de l’année. On est bien loin des 2% de la Fed. On peut alors procéder au même type d’analyse que pour la Fed ci-dessus. Le résultat sera du même acabit : la BCE ne pratiquera pas de politique monétaire restrictive ni en 2022 ni en 2023, mais une politique légèrement moins accommodante.

Mais alors pourquoi une telle agressivité verbale des banquiers centraux, pour une politique monétaire tout juste moins accommodante ? La première explication qui vient à l’esprit, c’est qu’ils ne croient pas à ce qu’ils disent. Le risque inflationniste est survendu. Personne ne croit vraiment que cette inflation galopante, dopée par les confinements à répétition et le conflit Ukrainien, ne tisonne un jour les salaires. Personne ne croit vraiment aux effets de second tour sur l’ensemble des prix des biens et services. D’ailleurs, même les marchés obligataires n’y croient pas. Franchement, avec des taux d’intérêt à 10 ans à près de 3% aux Etats-Unis et 1% en Allemagne, alors que l’inflation est à 8,5 et 7,4%, peut – on parler de Krach obligataire ? La hausse des taux depuis le début de l’année est impressionnante, vive et rapide, sans nul doute. Mais on est plus proche de l’allegretto que de l’allegro. Certes, l’histoire n’est pas terminée.

Plus vraisemblablement, les banquiers centraux ne reconnaissent toujours pas le risque inflationniste. En leur for intérieur, ils restent convaincus que l’inflation va retomber comme un soufflet, et qu’il faut éviter à tout prix de pratiquer une politique monétaire restrictive. L’activité économique n’y résisterait pas, et les marchés n’y survivraient pas. Depuis 15 ans les crises successives (Subprime, dette souveraine, Covid) ont rendu la performance économique et financière bien trop dépendante d’une politique monétaire qui devint ultra – accommodante sans jamais motiver de tensions indésirables sur les prix. Un constat que l’on peut faire dans toutes les économies dites développées.

Convaincus que cette période fut marquée par le sceau de l’excellence en matière de politique monétaire, les banquier centraux se refusent de croire qu’elle peut se terminer aussi bêtement. Ils tentent alors de donner le change avec des mots plutôt qu’avec des taux. Ils exagèrent le verbe plutôt que le geste. En art aussi on connût ce genre de pratique au XVIe siècle: on appela cela le maniérisme. L’expression d’un courant qui cherchait sa voix après que les artistes phares de l’époque (XVIe siècle) eurent tutoyé la perfection. Plutôt que de se risquer à quitter l’ivresse du génie, on préféra seulement s’en éloigner un peu, en exagérant les traits, les figures, les motifs. Bref, de l’exubérance plutôt que de l’errance diagnostique.

Inflation : la fausse lutte des banquiers centraux !

Inflation : la fausse lutte des banquiers centraux !

Les banquiers centraux multiplient les effets de manche afin de justifier la lutte contre l’inflation. Sauf que les taux d’intérêt proposés ne collent pas au danger annoncé. Par Karl Eychenne, stratégiste et économiste.

En clair, les banquiers centraux communiquent beaucoup sur les perspectives de relèvement des taux d’intérêt pour réguler l’inflation mais en vérité utilise cette inflation pour amortir les dettes et les énormes générosités monétaires pendant la crise sanitaire. Ils ne souhaitent pas non plus casser la fragile croissance avec un arrêt brutal de la politique monétaire accommodante Finalement la manière classique qui consiste à utiliser l’inflation pour amortir les excès de la planche à billets. NDLR 

« L’inflation risque de tout raser sur son passage, il faut agir vite et fort. »

Voilà un condensé de ce qui a pu être dit par les membres des banques centrales américaine (Fed) et européenne (BCE) au cours des dernières semaines. Agir vite et fort, mais pas trop vite quand même, précise Christine Lagarde dans son dernier discours. Globalement, on a quand même bien compris le message. Les banquiers centraux ourdissent des politiques monétaires plus restrictives.

Pourtant, quelque chose ne colle pas. Il y a un décalage étonnant entre les mots et les taux. Les mots employés pour parler du danger inflationniste ne se retrouvent pas dans les taux qui sont proposés pour juguler ce risque. En vérité, on est bien loin d’une politique monétaire qui deviendrait restrictive. Il conviendrait plutôt de parler de politique monétaire moins accommodante.

Le cas américain en est la plus parfaite illustration. Aujourd’hui, le taux d’intérêt directeur de la Fed s’établit dans une fourchette allant de 0,25 à 0,5%, alors que l’inflation est en orbite à 8,5%. Le coût de l’argent (taux) est donc bien inférieur au coût de la vie (inflation). On pourrait anticiper alors que la volonté de la Fed de lutter contre l’inflation se traduise par une remontée des taux significative. Oui, la hausse sera significative, de 0,5 à près de 2% fin 2022 si l’on en croit les anticipations. Mais ce coût de l’argent restera bien inférieur au coût de la vie qui devrait décélérer de 8,5% à près de 5%. Même à son acmé en 2023, le coût de l’argent ne parviendrait qu’à revenir au même niveau que l’inflation : 3%. Pas vraiment l’impression d’une politique qui se donne les moyens de lutter contre l’inflation galopante.

En vérité, la lecture devient plus troublante encore si l’on adopte une approche plus fine. En effet, les initiés ont pour habitude de consulter un éventail de règles de politiques monétaires proposées par la recherche académique. Ces règles leur permettent de calibrer un niveau adéquat de taux d’intérêt directeur en fonction des fondamentaux économiques, un niveau qu’ils confrontent alors au taux d’intérêt directeur en vigueur. Si le taux requis par la règle est supérieur au taux en vigueur, on dira alors que la politique monétaire est trop accommodante : la Fed devrait donc remonter ses taux. On peut même se projeter en comparant le taux prévu au taux requis en fonction de différents scénario économiques.

Le constat est sans appel. Sur 21 cas retenus (7 règles et 3 scénarios), 19 justifieraient un taux d’intérêt directeur supérieur aux niveaux actuels de 0,5% aujourd’hui même. A horizon 1 an, 17 cas sur 18 justifieraient un taux directeur supérieur au 2% qui sont prévus. Enfin à horizon 2 ans, 13 cas sur 14 justifieraient un taux directeur supérieur à 3%. Clairement, la politique monétaire n’est pas, ne deviendrait pas restrictive, si les taux prévus par les membres de la Fed ou les marchés sont ceux qui seront appliqués. La Fed restera très accommodante, certes un peu moins.

La BCE n’est pas en reste. Certes son niveau d’inflation est un peu en dessous de celui des Etats-Unis à 7,4%. Mais la BCE ne prévoit pas de remonter ses taux aussi fort et aussi vite que la Fed. Seule une hausse des taux de 0 à 0,25% serait envisagée par la majorité des membres d’ici la fin de l’année. On est bien loin des 2% de la Fed. On peut alors procéder au même type d’analyse que pour la Fed ci-dessus. Le résultat sera du même acabit : la BCE ne pratiquera pas de politique monétaire restrictive ni en 2022 ni en 2023, mais une politique légèrement moins accommodante.

Mais alors pourquoi une telle agressivité verbale des banquiers centraux, pour une politique monétaire tout juste moins accommodante ? La première explication qui vient à l’esprit, c’est qu’ils ne croient pas à ce qu’ils disent. Le risque inflationniste est survendu. Personne ne croit vraiment que cette inflation galopante, dopée par les confinements à répétition et le conflit Ukrainien, ne tisonne un jour les salaires. Personne ne croit vraiment aux effets de second tour sur l’ensemble des prix des biens et services. D’ailleurs, même les marchés obligataires n’y croient pas. Franchement, avec des taux d’intérêt à 10 ans à près de 3% aux Etats-Unis et 1% en Allemagne, alors que l’inflation est à 8,5 et 7,4%, peut – on parler de Krach obligataire ? La hausse des taux depuis le début de l’année est impressionnante, vive et rapide, sans nul doute. Mais on est plus proche de l’allegretto que de l’allegro. Certes, l’histoire n’est pas terminée.

Plus vraisemblablement, les banquiers centraux ne reconnaissent toujours pas le risque inflationniste. En leur for intérieur, ils restent convaincus que l’inflation va retomber comme un soufflet, et qu’il faut éviter à tout prix de pratiquer une politique monétaire restrictive. L’activité économique n’y résisterait pas, et les marchés n’y survivraient pas. Depuis 15 ans les crises successives (Subprime, dette souveraine, Covid) ont rendu la performance économique et financière bien trop dépendante d’une politique monétaire qui devint ultra – accommodante sans jamais motiver de tensions indésirables sur les prix. Un constat que l’on peut faire dans toutes les économies dites développées.

Convaincus que cette période fut marquée par le sceau de l’excellence en matière de politique monétaire, les banquier centraux se refusent de croire qu’elle peut se terminer aussi bêtement. Ils tentent alors de donner le change avec des mots plutôt qu’avec des taux. Ils exagèrent le verbe plutôt que le geste. En art aussi on connût ce genre de pratique au XVIe siècle: on appela cela le maniérisme. L’expression d’un courant qui cherchait sa voix après que les artistes phares de l’époque (XVIe siècle) eurent tutoyé la perfection. Plutôt que de se risquer à quitter l’ivresse du génie, on préféra seulement s’en éloigner un peu, en exagérant les traits, les figures, les motifs. Bref, de l’exubérance plutôt que de l’errance diagnostique.

UE- La lutte contre les sociétés écrans : un pari fou !

UE- La lutte  contre les sociétés écrans : un pari fou !

 

 

 

On ne peut effectivement que se féliciter de la volonté de la commission européenne de lutter contre les sociétés bidons qui n’ont d’autres objectifs que de favoriser l’évasion fiscale dans les pays à faible imposition. Deux obstacles vont s’opposer à ce combat contre la fraude fiscale. Le premier et pas des moindres est celui des Etats qui justement ont fait de la sous fiscalité un avantage économique. C’est le cas évidemment de l’Irlande mais aussi encore du Luxembourg ou des Pays-bas au sein de l’union européenne. Le second obstacle est d’ordre méthodologique,  il s’agira effectivement de savoir si la société fait ou non des activités pseudo commerciales ou si elle apporte une vraie valeur ajoutée au processus de production. Certes les sociétés boîte à lettre pourront rapidement être identifiées mais entre la société boîte à lettres sans effectif, sans activité réelle et sans implantation physique et les grandes sociétés , il y a tout un marais.

Les Echos  rendent compte des travaux européens ( extrait) et indiquent  que La Commission européenne a présenté mercredi une initiative visant à lutter contre l’utilisation abusive de sociétés écrans créées au sein de l’Union européenne (UE), à des fins d’évasion fiscale . Dans un second temps, Bruxelles s’attaquera aux sociétés fictives situées à l’étranger.

Ces coquilles vides permettent d’orienter les flux financiers d’une entreprise ou d’un particulier fortuné vers des juridictions qui prévoient une imposition nulle ou très faible ou qui permettent de contourner facilement les impôts. En clair, une société écran n’est qu’une boîte aux lettres par laquelle transitent les bénéfices en direction des paradis fiscaux .

La Commission estime la perte fiscale à environ 60 milliards d’euros par an, dont 40 milliards d’euros sont le fait d’investisseurs en dehors de l’UE. Ces chiffres proviennent presque exclusivement de deux pays européens : les Pays-Bas et le Luxembourg. Selon une étude du Fonds monétaire international (FMI), les flux d’investissements étrangers entrant dans l’UE et transitant par le Luxembourg représentent 56 fois le PIB du petit duché.

Trois critères ont été édictés par la Commission pour traquer les sociétés écrans. Si une entité répond à ces trois critères, alors elle devra fournir de nouvelles informations aux autorités fiscales, telles que l’adresse des locaux de la société, l’accès à ses comptes bancaires, à la résidence fiscale de ses dirigeants et de ses employés.

Ce sera le cas si plus de 75 % des recettes totales d’une société immatriculée dans l’Union européenne au cours des deux exercices fiscaux précédents ne proviennent pas de son activité commerciale ou si plus des trois quarts de ses actifs sont des biens immobiliers ou d’autres biens privés d’une valeur particulièrement élevée. Si la société perçoit la majorité de ses revenus au travers de transactions liées à une autre juridiction ou si elle transfère ces revenus à d’autres sociétés situées à l’étranger, alors elle sera supposée société écran. Enfin, le troisième critère concerne le traitement interne ou extérieur des services de gestion et d’administration.

Les sanctions fiscales

Ce sera à l’administration fiscale du pays concerné de décider si l’entité est considérée comme une société écran. « Ce qui laisse une possibilité d’appréciation subjective à l’administration fiscale de décider si l’entité en question est une société écran. La directive pourra être interprétée différemment selon les Etats », souligne Daniel Gutmann.

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