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L’urgence et l’importance d’un débat sur la valeur travail

L’urgence et l’importance d’un débat sur la valeur travail

par
Éric Dacheux
Professeur en information et communication, Université Clermont Auvergne (UCA)

Daniel Goujon
Maître de conférences en sciences économiques, Université Jean Monnet, Saint-Étienne

La question du travail est au cœur de questions brûlantes d’actualité telles que la réforme des retraites, l’utilisation industrielle de l’intelligence artificielle ou bien encore la remise en cause du modèle productiviste. Paradoxalement ces multiples interrogations sur les évolutions concrètes du travail ont lieu au moment même où le travail continue à être présenté comme une valeur morale indiscutable et cela de la gauche à la droite de l’échiquier politique.

Tout se passe comme si les débats nécessaires sur les transformations de la place du travail dans notre quotidien étaient limités voire empêchés par un consensus non interrogé, une doxa, sur la centralité indépassable du travail pour avoir un revenu, pour s’émanciper, pour créer de la solidarité, etc.

Et pourtant accepter de débattre sur la place du travail dans la société de demain est sans doute un préalable à toute bifurcation nous permettant de remédier à la triple crise économique, démocratique et écologique que nous vivons.

Le travail, activité visant à transformer son environnement, peut être perçu comme l’élément qui définit la spécificité humaine. L’homme en créant par le travail les conditions de son existence se différencie ainsi de l’animal soumis aux aléas de la nature. Simultanément le travail comme effort pour aller au-delà de soi-même est perçu comme un moyen d’émancipation. Dans ces conditions, le travail comme valeur morale reste central alors même que le travail comme activité économique n’obéit plus à la même nécessité qu’autrefois du fait de l’évolution technologique.

Déjà l’ouvrier spécialisé a été remplacé par la machine dans de nombreuses entreprises et nous sommes aujourd’hui avec l’intelligence artificielle au début de questionnements quant à l’avenir des activités intellectuelles. Cette tension entre la raréfaction du besoin de travailler pour produire de la richesse économique et le consensus autour de la nécessité de travailler et l’une des sources, dans nos sociétés, de dégradation de l’emploi (défini comme du travail rémunéré).

Faute d’envisager une diminution drastique du temps de travail et de décorréler obtention d’un revenu et emploi, nous assistons à une lente dégradation de la qualité et de l’intérêt du travail : précarisation, parcellisation des tâches, etc.

Cela se traduit par des phénomènes comme «les bull shit jobs» mis en évidence par l’anthropologue David Graeber, le «quiet quitting» (faire le minimum dans l’emploi qu’on occupe), la souffrance au travail, ou la grande démission. Cela participe aussi à l’opposition des Français au report de l’âge de la retraite et à la montée d’un ressentiment vis-à-vis des élites économiques mais aussi politiques ce qui alimente la crise démocratique.

Le travail contre la démocratie?

Certains, qui ont la chance d’exercer des métiers intéressants et rémunérateurs semblent défendre la dimension émancipatrice du travail alors que, dans les faits, ce qu’ils défendent réellement c’est l’obligation faite à des personnes peu qualifiées d’accomplir des tâches pénibles et non porteuses de sens qu’ils ne veulent pas accomplir.

Homme triste avec cravate
Aujourd’hui, on assiste à une colonisation du temps consacré à l’activité économique sur les autres temps sociaux. Andrea Picquadio/Pexels, CC BY-NC-ND
Ce phénomène, que le philosophe André Gorz nomme «dualisation salariale» est dangereux pour la démocratie car il éloigne l’horizon d’égalité. Cette dualisation salariale se couple avec l’idée de subordination propre à tout contrat salarial. Pour le dire autrement, on défend l’idée morale d’un travail émancipateur qui se traduit par un contrat salarial producteur d’inégalités et réducteur d’autonomie.

Or la démocratie est auto nomos (autonomie) la capacité à faire et défaire collectivement les normes qui nous gouvernent comme le rappelait Cornélius Castoriadis.

Être libéré du travail pour participer à l’activité essentielle : la politique
En effet, la valorisation morale du travail semble une donnée intemporelle, naturelle, alors que dans la Grèce antique, quand on parlait de valeur on discutait du beau, du bien ou du vrai mais pas du travail. D’ailleurs, ainsi que le soulignait la philosophe Hannah Arendt, il fallait même être libéré du travail pour participer à l’activité essentielle : la politique

Aujourd’hui, au contraire, à travers le télétravail on assiste à une colonisation du temps consacré à l’activité économique sur les autres temps sociaux.

Ce temps consacré à l’économique est d’autant plus important que nous sommes rentrés dans une économie de l’attention qui occupe une large part de nos loisirs. Cette temporalité hégémonique du travail et de la consommation correspond à ce que Karl Polanyi (1983) nomme une société de marché, c’est-à-dire une société qui n’est plus régulée par des lois délibérées mais par les règles de l’échange marchand. De ce fait, nous avons de moins en moins de temps pour vérifier les informations, pour remettre en cause des évidences, pour construire sereinement dans la délibération des désaccords féconds. Cela dans une période où il nous faut pourtant prendre le temps d’inventer des solutions collectives pour aller vers une société plus résiliente et écologique.

Valeur travail ou soutenabilité écologique, il faut choisir

L’impératif moral d’avoir une activité productive rémunérée fait passer au second plan l’utilité sociale et écologique de la production. Autrement dit, nous sommes dans une société où on ne travaille plus pour produire plus mais où on produit plus pour pouvoir être en mesure de travailler plus.

Ainsi, produire plus d’automobiles ne permet pas d’aller plus vite et d’être plus libre, cela crée des embouteillages et de la pollution ce qui créera de nouveaux marchés nécessitant plus de travail dans l’invention et la production de véhicules plus rapides ou plus écologiques. Nous pouvons faire référence à Ivan Illich qui montrait dans La convivialité et cela dés 1973, que l’automobile ne permettait pas de se déplacer plus vite qu’en vélo mais qu’elle créait, au nom du progrès et la croissance, de la dépendance.

Mini-bus, van, bicyclette
Peut-on imaginer une société plus conviviale sur le modèle proposé par le penseur Ivan Illich? Pexels/Elviss Railijs Bitāns, CC BY-NC-ND
Or ce paradoxe est catastrophique pour l’écologie. Il n’est pas possible d’avoir une croissance infinie sur une planète finie. Pour préserver les conditions d’habitabilité de la planète, il semble nécessaire de produire moins et donc accepter de travailler moins. Comment ? Dans quel secteur ?

Remettre en question la place centrale du travail

Pour que ce débat ait lieu, il faudrait débattre de la valeur travail et remettre en cause sa centralité. Or ce débat n’est pas simple car il renvoie, tout d’abord, à des questions débattues mais qui n’ont pas, pour l’instant, trouvé de réponses consensuelles.

La première, mise en évidence à l’occasion de l’épisode de Covid-19, est celle de la juste rémunération des tâches. Les tâches socialement les plus utiles – celle du care notamment – sont pourtant parmi les moins rémunératrices.

La seconde, ouverte par les débats autour du RSA en France et plus généralement du revenu d’existence en Europe, est celle du découplage du lien entre emploi et revenu.

Cette seconde question entraîne une troisième, celle de la répartition des tâches collectives ingrates si elles ne sont plus assurées par des personnes soumises à des conditions de travail dégradées. Mais ce débat est complexe aussi parce qu’il renvoie à des thèmes non débattus dans l’espace public.

Le premier est celui de la justice distributive (à chacun selon ses mérites). Le droit de vivre doit-il découler de l’effort productif ou du respect de la dignité humaine ? Dans le premier cas, chacun doit apporter une contribution au collectif, dans le second chacun est libre de sa (non) participation. Le deuxième est celui de la valeur économique. Aujourd’hui, l’économie se fonde sur l’idée que la création de richesses repose sur la création de valeur qui elle-même repose sur l’utilité. C’est-à-dire en définitive sur les désirs des individus. Tant que quelque chose répond à un désir humain quelconque il doit être produit. Conception qui engendre de la croissance mais pas nécessairement de l’utilité sociale et de la soutenabilité écologique.

En réalité, le débat sur la valeur travail est à la fois nécessaire et difficile à mettre en place car il vise à remettre en cause la primauté de l’économique sur le politique, le social et l’écologique. Débattre de la valeur travail c’est, au fond, débattre de «ce à quoi nous tenons».

Crise du logement, L’urgence de mesures fortes

Crise du logement, L’urgence de mesures fortes

par Anthony Borré, 1er adjoint au maire de Nice et président du bailleur social Côte d’Azur Habitat.
dans l’Opinion


La crise du logement est là. Elle est forte, puissante et ses conséquences n’ont pas été anticipées. A l’heure où le Gouvernement s’interroge sur la crise politique que nous vivons et la manière de répondre aux préoccupations des classes moyennes, il est incompréhensible que la question logement, bien de première nécessité qui pèse 30% du budget des ménages, ne soit pas au cœur des priorités.

68% des ménages repoussent leur projet immobilier en raison de l’impossibilité d’accéder au crédit.

Nous dénombrons 100 000 demandeurs de logements sociaux supplémentaires en un an.

Les prix locatifs s’envolent et ceux de la construction et du foncier explosent.

Les exigences environnementales modifient en profondeur les enjeux et la complexité réglementaire devient insoutenable.

Ces nouveaux paramètres conduisent à l’exclusion des jeunes et des ménages modestes. Mais pas seulement. Les personnels hospitaliers, les policiers et les salariés des collectivités rencontrent, eux aussi, d’importantes difficultés à se loger. Ceux qui habitent dans le logement social peinent à en sortir. Les conséquences en la matière sont nombreuses : frein à l’emploi et impossibilité pour certains Français de vivre près de leur famille.

La bombe sociale est là ! Gagner la bataille de la construction doit devenir une priorité, lutter contre la démagogie en osant parler de densification, soutenir les territoires bâtisseurs et leurs maires est un préalable.

Il convient de lever un à un les obstacles et de renouer chacun des maillons de la chaîne du logement afin de recréer un parcours résidentiel
Beaucoup d’élus locaux ont mis en place des mesures puissantes pour répondre à cette crise : faciliter la surélévation, politique ambitieuse de rénovation urbaine, régulation des meublés touristiques, charte de régulation des prix du foncier, bourse d’échange des logements sociaux pour lutter contre la sous occupation. Mais aujourd’hui, un plan d’urgence national s’impose.

La première réponse repose sur la nécessité de territorialiser cette politique. Faisons confiance aux Maires sous le contrôle des Préfets. Qui peut prétendre que le littoral niçois recouvre les mêmes problématiques que la Normandie ou la Corrèze ?

Pour autant, il est évident qu’il faut engager une politique globalisée du logement qui intervient à la fois sur le parc existant, en aidant les propriétaires à rénover leur logement, qui les incite à louer les logements vacants et soutient la production de logement neuf répondant aux besoins de toutes les strates de la population.

C’est cette politique que nous menons avec les Maires de la Métropole Nice Côte d’Azur reconnue récemment autorité organisatrice de l’Habitat.

Il convient de lever un à un les obstacles et de renouer chacun des maillons de la chaîne du logement afin de recréer un parcours résidentiel.

Mais avant tout, il me semble fondamental que le Gouvernement mette en place un moratoire de 2 ans sur l’application de la loi Climat et résilience qui exclut du parc locatif les logements qui sont énergétiquement classés F et E à horizons 2025. Si je soutiens cette mesure dans son esprit, elle intervient à un moment tout à fait critique et elle fait peser un risque majeur sur le marché. En excluant près de 5 millions de logements (soit 40%) du marché locatif, elle pourrait conduire à une catastrophe économique pour les propriétaires et sociale pour les locataires.

D’ici là, l’Etat doit repenser sa stratégie, la simplifier et renforcer les aides à la rénovation énergétique.

Pour aller plus loin, en matière de logement, la simplification doit être notre priorité ! Il faut de la clarté et de la lisibilité.

Dispositifs. Il est temps d’en finir avec la succession des dispositifs Pinel, Scellier, Duflot… A chaque Ministre son dispositif et à la fin on se retrouve avec un secteur déstabilisé qui ne sait plus à quel saint se vouer.

C’est la raison pour laquelle, je préconise la création d’un statut unique de propriétaire privé que ce soit dans le neuf ou l’ancien avec un effet d’amortissement accéléré. Il permettrait de pérenniser l’offre de logement locatif qui tend à s’amoindrir.

En parallèle, nous devons porter une politique forte de lutte contre les logements et fonciers constructibles vacants.

Bien que je ne sois pas un fervent défenseur de la taxe, elle me semble en l’occurrence le dispositif adapté sur ce point précis. La réforme des valeurs qui a été reportée il y a 2 ans pour une entrée en vigueur en 2028 doit être accélérée et une définition des valeurs par les Maires en accord avec le Préfet doit être envisagée.

La politique du logement doit aussi favoriser l’accession à la propriété pour ceux qui le souhaitent. C’est pourquoi il me semble que le prêt à taux zéro, qui doit absolument être prorogé, ne devrait pas être réservé aux primo-accédants

Je plaide également pour que les revenus de cette taxe reviennent aux communes pour leur permettre de compenser la perte de la taxe d’habitation et maintenir leurs efforts dans la production de logement sociaux et accessibles.

Afin de favoriser la mobilité et le parcours résidentiel, je crois à la nécessité d’inciter à la construction de logements intermédiaires avec le locatif privé et le locatif social dans les zones tendues. Dans le cadre des échanges Maires-Préfet que je préconise pour la définition des objectifs de la loi SRU, j’estime que l’instauration d’un pourcentage de logement intermédiaire qui viendrait moduler l’objectif des 25% est indispensable.

A lire aussi: Les propriétaires occupants bientôt obligés de rénover leur logement?
Propriété. Mais la politique du logement doit aussi favoriser l’accession à la propriété pour ceux qui le souhaitent. C’est pourquoi il me semble que le prêt à taux zéro, qui doit absolument être prorogé, ne devrait pas être réservé aux primo-accédants. Lever ce frein, c’est relancer le parcours résidentiel si essentiel à nos concitoyens qui construisent un foyer.

Pour renforcer ce parcours résidentiel, je propose également de créer un prêt à la pierre. Comme c’est le cas en Suisse, nous pourrions rattacher une partie de l’emprunt au bien à sa valeur et non plus uniquement sur les capacités de remboursement des emprunteurs.

Avec ces mesures d’urgence, il est encore temps d’inverser le cours des choses. Il est urgent qu’un plan d’action national, reposant sur des mesures territorialisées, soit engagé. C’est une question de premier ordre, fondamentale et essentielle.

Décarbonatation : l’urgence des investissements de long terme

Décarbonatation : l’urgence des investissements de long terme

Il est urgent d’élaborer et de mettre en œuvre une vraie stratégie d’investissement de long terme basée sur trois piliers : augmentation des volumes de financement, mobilisation du capital privé et mise en place d’une structure de vision stratégique


par Bernard Attali, Conseiller-maître honoraire de la Cour des comptes, auteur du rapport « Investir à long terme, urgence à court terme ». Michel Derdevet, Président de Confrontations Europe. Laurent Zylberberg, Président de l’association européenne des investisseurs de long terme (ELTI). ( dans  » l’Opinion »)

L. Giros/L’Opinion

Instabilité géopolitique, crise énergétique, inflation galopante… Nombreux sont les défis que l’Union européenne (UE) devra affronter ces prochaines années. Ils nécessiteront des efforts financiers massifs et constants. L’investissement de long terme se situe donc au cœur des enjeux de l’UE. C’est pourquoi il est urgent de mettre en œuvre une vraie stratégie d’investissement de long terme basée sur trois piliers : augmentation des volumes de financement, mobilisation du capital privé et mise en place d’une structure de vision stratégique.Décarbonisation : l’urgence des investissements de long terme
Des besoins colossaux.La décarbonation de l’économie européenne à l’horizon 2050 nécessitera des transformations radicales de nos modes de production et de consommation. La Commission européenne estime que pour atteindre la neutralité carbone, 379 milliards d’euros d’investissements devront être mobilisés annuellement sur la période 2020-2030.

La construction d’une autonomie stratégique implique une augmentation massive des investissements dans la modernisation de notre industrie et le développement de nouvelles technologies. L’invasion de l’Ukraine a rappelé l’importance des domaines de l’aérospatial et de la défense.
Mobiliser le capital privé. Avec une dette publique moyenne de 96,5 % du PIB au sein de l’UE, les pouvoirs publics nationaux ne pourront pas assumer seuls la totalité de ces financements. A l’inverse, l’épargne des ménages européens et les réserves de liquidité des entreprises n’ont jamais été aussi abondantes. Selon le FMI, les ménages de la zone euro ont accumulé près de 1 000 milliards d’euros d’épargne supplémentaire pendant la crise sanitaire, soit l’équivalent d’environ 8 % du PIB.
La mobilisation de capitaux privés apparaît donc comme indispensable. La finalisation de l’Union des marchés des capitaux constitue une urgence. Cette Union répond à un double impératif : soutenir l’investissement de long terme en Europe en permettant aux entreprises de se financer au-delà des frontières nationales ; et mobiliser l’épargne des Européens pour financer des projets au sein de l’Union.

Des stratégies tournées vers l’avenir. La crise financière de 2008 a entraîné, au nom de la stabilité financière, le développement de nombreux dispositifs juridiques et de normes nouvelles. Malheureusement, ceux-ci ont apporté le développement de stratégies de court terme.

L’UE a construit une vision stratégique de long terme, le « Green Deal », et dispose d’une capacité à agir dans un horizon long avec des budgets construits sur sept ans et des instances de gouvernance au rythme quinquennal. Pourtant, elle rencontre des difficultés à incarner cette vision et à lui donner un contenu opérationnel précis. Ce manque de lisibilité rend difficile la mise en place de la dynamique nécessaire pour dépasser les injonctions contradictoires de toutes sortes.
Ce « Green Deal » doit demeurer l’axe central des politiques communautaires.

Une vision de long terme en Europe pourrait passer par la création d’une agence européenne dédiée à la prospective économique. Il appartient, en effet, à l’Europe, comme elle l’a fait en matière de développement durable, de proposer une grille d’analyse qui caractériserait les investissements de long terme et deviendrait ainsi un instrument de gouvernance des instruments financiers européens.

Bernard Attali, Conseiller-maître honoraire de la Cour des comptes, auteur du rapport « Investir à long terme, urgence à court terme ». Michel Derdevet, Président de Confrontations Europe. Laurent Zylberberg, Président de l’association européenne des investisseurs de long terme (ELTI).

Social-L’urgence de la revalorisation du pouvoir d’achat

Social-L’urgence de la revalorisation du pouvoir d’achat

D’une manière générale, les Français ne sont guère familiers des questions économiques et financières. Comment en mathématiques ils sont souvent les derniers en matière de connaissances de ces matières pourtant essentielles. Jusqu’à l’été en effet peu ont été sensibilisés à propos de la problématique de l’inflation.

Pourtant il fallait s’attendre à des formes de dévalorisation du pouvoir d’achat après l’arrosage général d’argent gratuit pendant la crise sanitaire. Des milliards et des milliards ont ainsi été déversés dans l’économie. Certains étaient nécessaires pour faire face d’abord aux questions sanitaires ensuite pour soutenir des secteurs en difficulté notamment ceux qui avaient été contraints de stopper leurs activités. Le problème c’est que l’ensemble de l’économie a bénéficié sans distinction de cet argent gratuit ( argent sans intérêt voir avec intérêt négatif) notamment pour spéculer sur les marchés financiers; les gouvernements se sont aussi largement servis au-delà même des dépenses liées aux conséquences de la crise sanitaire.

Pour parler simplement les banques centrales y compris la banque centrale européenne ont fait tourner la planche à billets. Du coup, la masse monétaire est devenue très excessive en rapport à la valeur de la richesse. Il fallait donc un rattrapage qui s’effectue aujourd’hui par l’inflation. De fait en Europe par exemple la monnaie se trouve dévaluée par rapport au dollar qui constitue la référence pour les échanges commerciaux internationaux et donc pour les importations dont la France est tellement friande( la balance commerciale de la France va accuser un doublement de son déficit de leurs 250 milliards cette année).

La prise de conscience de la gravité de l’inflation a surtout été massive lorsque les Français se sont rendus compte que l’élévation du prix moyen du panier dans les grandes surfaces. Une augmentation non pas de 11 % comme l’indique l’INSEE mais plus proche de 20 %. Nombre d’opérateurs économiques ont bénéficié de la politique monétaire accommodante et nombre de ces opérateurs maintenant profitent de l’inflation pour discrètement augmenter la facture y compris dans la grande distribution. Le phénomène est général. Certes il y a des raisons objectives à augmenter les prix compte tenu de l’augmentation des conditions de production mais beaucoup en profitent pour en rajouter sur la facture.

Le pouvoir n’a même pas été capable de mettre en place une étude sur cette problématique de l’inflation pour mieux connaître ces facteurs explicatifs. Sans doute parce que ce pouvoir être lié au pouvoir financier.

Les économistes distingués ( souvent très proche du pouvoir et rémunéré par celui-ci) ont régulièrement expliqué qu’il fallait craindre la spirale salaires-prix. Davantage par philosophie libérale que par démonstration scientifique. La conséquence de la régression du pouvoir d’achat sera une récession grave et durable. Depuis des années le pouvoir d’achat des salaires et pensions est bloqué en euros constants. Avec ce pic exceptionnel d’inflation, la situation devient intenable notamment pour les couches moyennes et défavorisées.

L’urgence d’une réflexion collective sur la revalorisation des revenus est indiscutable non seulement pour sauver le pouvoir d’achat mais pour éviter une crise économique voire financière. De ce point de vue, le choix délibéré de choisir la lutte contre l’inflation au détriment de la défense du pouvoir d’achat constitue un suicide économique

L’urgence de la revalorisation du pouvoir d’achat

L’urgence de la revalorisation du pouvoir d’achat

D’une manière générale, les Français ne sont guère familiers des questions économiques et financières. Comment en mathématiques ils sont souvent les derniers en matière de connaissances de ces matières pourtant essentielles. Jusqu’à l’été en effet peu ont été sensibilisés à propos de la problématique de l’inflation.

Pourtant il fallait s’attendre à des formes de dévalorisation du pouvoir d’achat après l’arrosage général d’argent gratuit pendant la crise sanitaire. Des milliards et des milliards ont ainsi été déversés dans l’économie. Certains étaient nécessaires pour faire face d’abord aux questions sanitaires ensuite pour soutenir des secteurs en difficulté notamment ceux qui avaient été contraints de stopper leurs activités. Le problème c’est que l’ensemble de l’économie a bénéficié sans distinction de cet argent gratuit ( argent sans intérêt voir avec intérêt négatif) notamment pour spéculer sur les marchés financiers; les gouvernements se sont aussi largement servis au-delà même des dépenses liées aux conséquences de la crise sanitaire.

Pour parler simplement les banques centrales y compris la banque centrale européenne ont fait tourner la planche à billets. Du coup, la masse monétaire est devenue très excessive en rapport à la valeur de la richesse. Il fallait donc un rattrapage qui s’effectue aujourd’hui par l’inflation. De fait en Europe par exemple la monnaie se trouve dévaluée par rapport au dollar qui constitue la référence pour les échanges commerciaux internationaux et donc pour les importations dont la France est tellement friande( la balance commerciale de la France va accuser un doublement de son déficit de leurs 250 milliards cette année).

La prise de conscience de la gravité de l’inflation a surtout été massive lorsque les Français se sont rendus compte que l’élévation du prix moyen du panier dans les grandes surfaces. Une augmentation non pas de 11 % comme l’indique l’INSEE mais plus proche de 20 %. Nombre d’opérateurs économiques ont bénéficié de la politique monétaire accommodante et nombre de ces opérateurs maintenant profitent de l’inflation pour discrètement augmenter la facture y compris dans la grande distribution. Le phénomène est général. Certes il y a des raisons objectives à augmenter les prix compte tenu de l’augmentation des conditions de production mais beaucoup en profitent pour en rajouter sur la facture.

Le pouvoir n’a même pas été capable de mettre en place une étude sur cette problématique de l’inflation pour mieux connaître ces facteurs explicatifs. Sans doute parce que ce pouvoir être lié au pouvoir financier.

Les économistes distingués ( souvent très proche du pouvoir et rémunéré par celui-ci) ont régulièrement expliqué qu’il fallait craindre la spirale salaires-prix. Davantage par philosophie libérale que par démonstration scientifique. La conséquence de la régression du pouvoir d’achat sera une récession grave et durable. Depuis des années le pouvoir d’achat des salaires et pensions est bloqué en euros constants. Avec ce pic exceptionnel d’inflation, la situation devient intenable notamment pour les couches moyennes et défavorisées.

L’urgence d’une réflexion collective sur la revalorisation des revenus est indiscutable non seulement pour sauver le pouvoir d’achat mais pour éviter une crise économique voire financière. De ce point de vue, le choix délibéré de choisir la lutte contre l’inflation au détriment de la défense du pouvoir d’achat constitue un suicide économique

Environnement :L’urgence de la transition énergétique

Environnement :L’urgence de la transition énergétique

 

La sociologue Dominique Méda  dresse, dans Le Monde , la liste des politiques (mix énergétique, emploi…) que le futur gouvernement devra entamer pour s’engager dans la voie de la transition écologique.

 

Quelle que soit sa couleur, le gouvernement qui déterminera et conduira la politique de la nation après les élections législatives, les 12 et 19 juin, devra être capable de proposer, de mettre en discussion, puis de faire adopter, par le plus grand nombre de citoyens possible, des choix clairs – parce que structurants pour les décennies à venir – en matière de transition écologique. 

Il s’agit en premier lieu du choix du mix énergétique. C’est peut-être le moins délicat de tous, dans la mesure où, malgré des positions qui peuvent sembler radicalement opposées chez les responsables politiques et dans la population française, la voie raisonnable consiste à développer de façon massive les énergies renouvelables, tout en s’appuyant sur le nucléaire pour assurer la transition et en continuant à travailler sur d’éventuelles autres solutions.

Le choix des places respectives à accorder aux innovations technologiques et aux changements de comportements semble, en revanche, beaucoup plus délicat. Il s’agit concrètement d’indiquer dans quelle mesure nous sommes collectivement prêts à changer nos modes de vie et à accorder plus de place à la sobriété. Alors que ce dernier terme est encore très peu utilisé dans les discours politiques français, son équivalent anglais (« sufficiency ») est mis à l’honneur dans le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Il signifie que nous pourrions collectivement obtenir la même quantité de bien-être et garantir à tous les êtres humains un niveau de vie décent tout en diminuant nos consommations matérielles, et donc nos émissions de gaz à effet de serre, ainsi que notre consommation d’énergie.

Les crispations autour de cette question sont majeures, comme en témoignaient déjà les réactions indignées des politiques, notamment français, à la fameuse lettre écrite par le travailliste néerlandais Sicco Mansholt, en février 1972, un mois avant qu’il ne devienne un éphémère président de la Commission européenne (jusqu’en janvier 1973). A la suite de sa lecture du rapport du Club de Rome « Limits to Growth », paru la même année, il y plaidait en faveur d’une forte diminution de la production et de la consommation de biens matériels, organisée grâce à une planification capable d’assurer à chacun un minimum vital. Vingt ans après, en 1992, le président George H. W. Bush déclarait « le niveau de vie américain est non négociable ». Aujourd’hui, le refus d’un grand nombre de responsables politiques de promouvoir la sobriété continue de s’enraciner dans l’idée que celle-ci serait liberticide et punitive.

 

Santé-Hopitaux: L’urgence des Urgences

  • Santé-Hopitaux: L’urgence des Urgences
  • Des unités engorgées et une « gestion déshumanisée » des ressources humaines ont pour conséquence la désertion des personnels hospitaliers, alerte, dans une tribune au « Monde », Frédéric Adnet, chef de service des urgences de l’hôpital Avicenne à Bobigny. 

    L’hôpital public va mal, les services d’urgences vont très mal. Symptôme et conséquence d’une crise hospitalière profonde, accélérée par la pandémie de la Covid-19, les urgences sont au bord de la rupture. Par manque de personnels hospitaliers, un service sur cinq est en danger de fermeture cet été.

    Il y aura donc des morts… Toutes les études scientifiques le démontrent, l’engorgement aux urgences est un facteur associé à une surmortalité indue. Les urgences sont pourtant la vitrine et la porte d’entrée de l’hôpital. Le départ massif de soignants et de médecins a déstabilisé nos établissements, avec des fermetures de lits et de services, ce qui rend inévitable le goulet d’étranglement que constituent nos urgences.

    Ce désamour profond, viscéral des personnels de l’hôpital résulte d’une gestion déshumanisée des ressources humaines, transformant l’administration de nos hôpitaux en management entrepreneurial, dont la seule boussole reste la rentabilité. Critère absurde, puisque nos recettes aggravent le déficit de l’Assurance-maladie, et donc les comptes de la nation, en s’appuyant sur la fameuse tarification à l’activité (T2A), aux effets mortifères. On arrive clairement au bout d’un cycle, appelant une réforme structurelle de fond, maintes fois annoncée par nos différents ministres, mais jamais réalisée ni même initiée.

    Comment passer l’été sans trop de « casse » ? Avec les vacances de nos personnels hospitaliers, la situation va s’aggraver. Afin de limiter les dégâts, il faut donc, en urgence, se remettre en configuration de crise, exactement comme pour la crise due au Covid-19. Les agences régionales de santé et les directions hospitalières doivent réactiver nos fameuses cellules de crise, en instaurant des organisations de « bed management » (gestion de lits), par le recensement journalier, à l’échelle départementale, de tous les lits disponibles et l’information en temps réel des établissements en crise. Oui, ce « dispatching » pourrait être efficace, mais ne nous y trompons pas, affronter cette nouvelle crise imposera d’autres sacrifices pour un personnel en souffrance et épuisé. Le recours à de nouvelles déprogrammations pour libérer des lits redevient ainsi une option envisageable.

    Comment en est-on arrivé là ? Dans mon service, je demande toujours aux infirmiers, aides-soignants, cadres de santé les raisons de leur départ. Deux types d’arguments : d’abord, le manque d’attractivité « factuel » de l’institution ; ensuite, le sentiment d’un manque de reconnaissance humaine. Manque d’attractivité : les difficultés de logement à cause de loyers hors-sol déconnectés des revenus de nos soignants, d’où des trajets plus longs et plus chers. Il faut prendre ce problème à bras-le-corps en réservant, en contractualisant avec les mairies, des logements abordables pour nos soignants.

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L’urgence de la transition énergétique

L’urgence de la transition énergétique

 

La sociologue Dominique Méda  dresse, dans Le Monde , la liste des politiques (mix énergétique, emploi…) que le futur gouvernement devra entamer pour s’engager dans la voie de la transition écologique.

 

Quelle que soit sa couleur, le gouvernement qui déterminera et conduira la politique de la nation après les élections législatives, les 12 et 19 juin, devra être capable de proposer, de mettre en discussion, puis de faire adopter, par le plus grand nombre de citoyens possible, des choix clairs – parce que structurants pour les décennies à venir – en matière de transition écologique.

Il s’agit en premier lieu du choix du mix énergétique. C’est peut-être le moins délicat de tous, dans la mesure où, malgré des positions qui peuvent sembler radicalement opposées chez les responsables politiques et dans la population française, la voie raisonnable consiste à développer de façon massive les énergies renouvelables, tout en s’appuyant sur le nucléaire pour assurer la transition et en continuant à travailler sur d’éventuelles autres solutions.

Le choix des places respectives à accorder aux innovations technologiques et aux changements de comportements semble, en revanche, beaucoup plus délicat. Il s’agit concrètement d’indiquer dans quelle mesure nous sommes collectivement prêts à changer nos modes de vie et à accorder plus de place à la sobriété. Alors que ce dernier terme est encore très peu utilisé dans les discours politiques français, son équivalent anglais (« sufficiency ») est mis à l’honneur dans le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Il signifie que nous pourrions collectivement obtenir la même quantité de bien-être et garantir à tous les êtres humains un niveau de vie décent tout en diminuant nos consommations matérielles, et donc nos émissions de gaz à effet de serre, ainsi que notre consommation d’énergie.

Les crispations autour de cette question sont majeures, comme en témoignaient déjà les réactions indignées des politiques, notamment français, à la fameuse lettre écrite par le travailliste néerlandais Sicco Mansholt, en février 1972, un mois avant qu’il ne devienne un éphémère président de la Commission européenne (jusqu’en janvier 1973). A la suite de sa lecture du rapport du Club de Rome « Limits to Growth », paru la même année, il y plaidait en faveur d’une forte diminution de la production et de la consommation de biens matériels, organisée grâce à une planification capable d’assurer à chacun un minimum vital. Vingt ans après, en 1992, le président George H. W. Bush déclarait « le niveau de vie américain est non négociable ». Aujourd’hui, le refus d’un grand nombre de responsables politiques de promouvoir la sobriété continue de s’enraciner dans l’idée que celle-ci serait liberticide et punitive.

 

L’urgence d’un système de paiement international fiable

L’urgence  d’un système de paiement international  fiable 

 

L’économiste David Bounie appelle, dans une tribune au « Monde », à lutter contre la « fragmentation » du système monétaire international, miné par les conflits géopolitiques et les cryptomonnaies.

 

L’appel de Kristalina Georgieva, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), à moderniser le système de paiement transfrontalier en utilisant les plates-formes numériques, lors d’une conférence à Zurich le 10 mai, manifeste un début de prise de conscience des autorités financières.

Notre système monétaire, hérité de Bretton Woods, du nom de la conférence internationale qui, en 1944, a organisé le système monétaire mondial autour du dollar américain, est à bout de souffle. Et plus encore alors qu’il représente aujourd’hui un risque d’appauvrissement et de déstabilisation majeur pour nos économies.

La fragmentation de l’économie mondiale est en effet en marche, et elle est attisée par celle de nos systèmes de paiement. La numérisation des paiements et de la monnaie encourage en effet les initiatives publiques et privées, mais aussi l’utilisation de la monnaie, redoutable arme de guerre économique, dans les rapports de force internationaux.

La cryptomonnaie est un leurre

La guerre en Ukraine accélère ce processus de balkanisation monétaire. En interdisant l’accès de certaines banques russes au système international d’échanges financiers Swift, les Etats-Unis et leurs alliés ont contribué à cette prise en otage des systèmes de paiement à des fins politiques, alors que ceux-ci devraient tout au contraire être un bien collectif, non un outil d’exclusion.

Cette mainmise de la diplomatie encourage la construction de systèmes de paiement parallèles ou l’adoption de systèmes fermés et risqués, qui ont pour objectif de s’émanciper des sanctions politiques et du dollar américain. Après le Salvador et la République centrafricaine qui ont lancé le mouvement, de plus en plus nombreux sont les pays qui, coupés des systèmes de paiement traditionnels, pourraient recourir de plus en plus à des cryptomonnaies, même si l’instabilité de ces actifs est aujourd’hui avérée.

Ces pays d’Afrique et d’Amérique centrale notamment, qui ne disposent pas de systèmes de paiement efficients, se sont convertis aux cryptoactifs dans l’espoir qu’ils allaient faciliter leurs échanges, en particulier internationaux. Cette « démocratisation » brandie en étendard par ces Etats est un leurre, étant donné les risques de volatilité et de déstabilisation des économies que l’on observe aujourd’hui.

Les cryptomonnaies trouvent déjà leurs limites, alors que les économies les plus avancées du monde s’interrogent aujourd’hui sur la régulation de ces innovations monétaires et la meilleure façon d’organiser leur expansion. Les ministres des finances et les représentants des banques centrales du G7 ont une nouvelle fois appelé le 19 mai, à l’occasion de leur réunion en Allemagne, à la mise en place rapide d’une réglementation complète des cryptoactifs à la suite du krach de la cryptomonnaie UST.

Hopitaux: L’urgence des urgences

  • Hopitaux: L’urgence des urgencesDes unités engorgées et une « gestion déshumanisée » des ressources humaines ont pour conséquence la désertion des personnels hospitaliers, alerte, dans une tribune au « Monde », Frédéric Adnet, chef de service des urgences de l’hôpital Avicenne à Bobigny.

     

    L’hôpital public va mal, les services d’urgences vont très mal. Symptôme et conséquence d’une crise hospitalière profonde, accélérée par la pandémie de la Covid-19, les urgences sont au bord de la rupture. Par manque de personnels hospitaliers, un service sur cinq est en danger de fermeture cet été.

    Il y aura donc des morts… Toutes les études scientifiques le démontrent, l’engorgement aux urgences est un facteur associé à une surmortalité indue. Les urgences sont pourtant la vitrine et la porte d’entrée de l’hôpital. Le départ massif de soignants et de médecins a déstabilisé nos établissements, avec des fermetures de lits et de services, ce qui rend inévitable le goulet d’étranglement que constituent nos urgences.

    Ce désamour profond, viscéral des personnels de l’hôpital résulte d’une gestion déshumanisée des ressources humaines, transformant l’administration de nos hôpitaux en management entrepreneurial, dont la seule boussole reste la rentabilité. Critère absurde, puisque nos recettes aggravent le déficit de l’Assurance-maladie, et donc les comptes de la nation, en s’appuyant sur la fameuse tarification à l’activité (T2A), aux effets mortifères. On arrive clairement au bout d’un cycle, appelant une réforme structurelle de fond, maintes fois annoncée par nos différents ministres, mais jamais réalisée ni même initiée.

    Comment passer l’été sans trop de « casse » ? Avec les vacances de nos personnels hospitaliers, la situation va s’aggraver. Afin de limiter les dégâts, il faut donc, en urgence, se remettre en configuration de crise, exactement comme pour la crise due au Covid-19. Les agences régionales de santé et les directions hospitalières doivent réactiver nos fameuses cellules de crise, en instaurant des organisations de « bed management » (gestion de lits), par le recensement journalier, à l’échelle départementale, de tous les lits disponibles et l’information en temps réel des établissements en crise. Oui, ce « dispatching » pourrait être efficace, mais ne nous y trompons pas, affronter cette nouvelle crise imposera d’autres sacrifices pour un personnel en souffrance et épuisé. Le recours à de nouvelles déprogrammations pour libérer des lits redevient ainsi une option envisageable.

    Comment en est-on arrivé là ? Dans mon service, je demande toujours aux infirmiers, aides-soignants, cadres de santé les raisons de leur départ. Deux types d’arguments : d’abord, le manque d’attractivité « factuel » de l’institution ; ensuite, le sentiment d’un manque de reconnaissance humaine. Manque d’attractivité : les difficultés de logement à cause de loyers hors-sol déconnectés des revenus de nos soignants, d’où des trajets plus longs et plus chers. Il faut prendre ce problème à bras-le-corps en réservant, en contractualisant avec les mairies, des logements abordables pour nos soignants.


Transition écologique: L’urgence de la formation des élus et fonctionnaires

Transition écologique: L’urgence de la formation des élus et fonctionnaires

 

Un appel qui mérite d’être entendu car la problématique environnementale ressemble aujourd’hui à une espèce d’auberge espagnole où tout est confirmé en même temps que le contraire. L’urgence serait sans doute de créer des formations qualifiantes reposant sur des bases réellement scientifiques et non sur les seules convictions désintéressés 

 

La transition écologique ne peut pas attendre cinq ans de plus, estime un collectif de fonctionnaires rassemblés au sein de l’association Une fonction publique pour la transition écologique (FPTE), qui demande plus de formation et des moyens pluriannuels.

 

Nous, collectif de fonctionnaires engagés pour une transition écologique, demandons à Emmanuel Macron de former et d’outiller les principaux élus du pays et les cadres dirigeants de la fonction publique en début de mandat, afin qu’ils prennent réellement conscience des enjeux et engagent enfin et véritablement notre pays dans une transition écologique, climatiquement soutenable et socialement juste, en cohérence avec l’accord de Paris de 2015 et les objectifs européens.

L’urgence est là, les solutions existent, martèlent les rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) pour le climat et la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) pour la biodiversité.

Trois volets de mesures nous paraissent urgents et nécessaires. Nous proposons l’organisation de plusieurs séminaires de sensibilisation et de travail sur la transition écologique, sur le modèle de la convention citoyenne pour le climat, qui rassemblera pendant six jours un groupe composé d’élus (parlementaires, présidents de collectivités), de hauts fonctionnaires contribuant à la décision publique (directeurs généraux d’administration centrale et de collectivités, préfets, membres de cabinets ministériels), de représentants du monde économique et associatif et de citoyens tirés au sort.

Le cadre pédagogique particulier de la convention citoyenne a montré son efficacité. La diversité du public permet les rencontres, les coconstructions, et aux services publics d’imaginer et de mettre en œuvre des politiques sectorielles et transversales cohérentes avec d’autres acteurs.

La formation massive des hauts fonctionnaires déjà en poste, en particulier ceux qui exercent des responsabilités importantes ou évoluent dans six ministères prioritaires (économie et industrie, agriculture, intérieur, travail, affaires sociales et santé, environnement), devra être mise en œuvre, notamment lors de changements de fonctions.

 

En formation initiale, le tronc commun institué pour les principales écoles de service public doit être un véritable temps de formation en équipe pluridisciplinaire et surtout interécoles, qui incite à la coopération et à la collaboration sur le terrain. Outre que le module consacré à l’environnement nécessite d’être pérennisé et inscrit dans le temps long, les sujets environnementaux doivent intégrer l’ensemble du cursus afin qu’ils ne soient jamais occultés.

L’urgence de la réhabilitation des mathématiques à l’école

L’urgence de la réhabilitation des mathématiques à l’école

 

 Dans une lettre ouverte adressée aux candidats à l’élection présidentielle, un collectif composé de sociétés savantes et associations d’enseignants, chercheurs, ingénieurs et universitaires scientifiques, alerte sur l’importance d’améliorer l’enseignement des matières scientifiques.

Notre collectif se mobilise pour alerter sur la question cruciale de la formation scientifique pour les années à venir. En tant qu’enseignants, chercheurs, ingénieures, scientifiques, cette question est au cœur de nos activités professionnelles. Nous contribuons de manière essentielle à la formation des jeunes générations pour permettre d’apporter des réponses concrètes aux besoins de la société. Les analyses conduites au sein de notre collectif nous confèrent une vision large et éclairée des enjeux qui nous font face.

Cette lettre ouverte aux candidates et candidats à la présidence de la République Française présente nos analyses et 12 propositions qui en découlent. Puissent le futur président ou la future présidente de la République et son gouvernement s’en saisir et prendre la mesure des évolutions nécessaires pour une formation ambitieuse en sciences, en étroite relation avec tous les acteurs concernés. La société contemporaine doit pouvoir relever les nombreux défis pour lesquels la contribution de toutes les sciences est essentielle : le développement très rapide du numérique et son utilisation dans tous les secteurs d’activité; le recours accru aux données pour communiquer dans le monde actuel; les nécessaires évolutions
technologiques pour faire face aux enjeux climatiques et énergétiques, au contrôle des ressources; la préservation de la biodiversité et du bon fonctionnement de la biosphère; le contrôle de l’émergence des nouvelles maladies infectieuses et la prévention des maladies environnementales. Relever ces défis requiert l’apport de disciplines très diverses comme la chimie, la physique, la biologie, l’écologie, les géosciences, les sciences de l’évolution , mais aussi l’informatique, les mathématiques, les statistiques qui permettent la modélisation, la collecte, l’analyse et la gestion des données pour comprendre un monde changeant. Celles-ci sont aussi indispensables pour aider les prises de décisions dans de très nombreux domaines. Tous ces exemples montrent le rôle prépondérant des sciences dans notre société actuelle et signalent la nécessité d’une éducation forte du grand public. La crise liée au Covid en constitue une illustration particulièrement frappante. Pour permettre une action des pouvoirs politiques et du monde économique en cohérence avec ces défis, il est donc essentiel que chacun et chacune bénéficie d’une formation scientifique solide répondant aux besoins professionnels, aux besoins de la vie quotidienne et à l’exercice de la citoyenneté. Même si elles font partie des sciences, les mathématiques ont un rôle spécifique qui nécessite de les évoquer dans certains des points développés par la suite.

Les mathématiques sont en effet plurielles: elles sont d’indispensables outils aux sciences; au-delà, elles entretiennent des liens avec de nombreuses disciplines (sciences économiques, humaines ou sociales, sciences de la santé et du sport, artisanat, disciplines artistiques,…) ; elles constituent également une discipline autonome qui contribue au développement de l’esprit critique et des capacités de raisonnement. Elles font donc partie intégrante de la culture commune et ne doivent pas être réservées à une élite. Par conséquent, il est aussi nécessaire d’offrir à tous et à toutes une formation solide et progressivement diversifiée.

Les compétences scientifiques de haut niveau sont recherchées et donnent accès à des emplois variés, fortement qualifiés et bien rémunérés. De ce fait, une formation ambitieuse et accessible à tous et toutes est une nécessité absolue pour lutter contre les inégalités de genre, socio-économiques et territoriales qui pèsent fortement sur les trajectoires individuelles et sur les dynamiques collectives. La visibilité médiatique récente donnée à la place de la formation en mathématiques témoigne de sa reconnaissance comme un enjeu majeur par tous les acteurs de la société civile. En période électorale, ce débat fait émerger un problème plus général, porté depuis des années par les sociétés savantes et associations qui s’intéressent à l’enseignement des sciences: celui de l’insuffisance de la formation scientifique en France.

Depuis la mise en place de la réforme du lycée en 2019, les choix faits pour le cycle terminal de la filière générale vont à l’encontre d’une formation ambitieuse en sciences dont la société a besoin.

Dans le tronc commun de la classe de première, sur un total de 16 heures, la part dévolue à l’enseignement scientifique représente 2 heures hebdomadaires. À ceci s’ajoutent des dysfonctionnements liés aux spécialités comme l’obligation d’abandonner à l’entrée en terminale l’une des trois spécialités choisies en première. Outre le fait qu’ils sont empêchés de voir les liens entre les différentes disciplines, les élèves sont contraints d’effectuer des choix leur fermant de nombreuses portes à l’entrée dans l’enseignement supérieur. Rappelons aussi que nombre de filières post-bac, y compris des filières courtes, nécessitent une formation scientifique solide indissociable des formations dans les disciplines cibles. En particulier, l’impact de la réforme pour la voie technologique et professionnelle sur les choix offerts aux élèves en termes de débouchés professionnels et de possibilités de poursuite d’études ne doit pas être négligé. Les analyses des données de la DEPP mettent en évidence les effets délétères des choix de structure pour la voie générale du lycée: baisse importante du nombre d’élèves étudiant les mathématiques, particulièrement marquée pour les filles, accroissement des inégalités socio-économiques et territoriales en faveur des garçons issus de classes sociales très favorisées dans les doublettes mathématiques/physique-chimie, baisse du vivier d’élèves pour la poursuite d’études scientifiques et dans les filières technologiques de la production (alors que les besoins sont en augmentation), recul de la polyvalence dans la formation des lycéennes et lycéens en filière générale.

Nos propositions: Aujourd’hui, une remise à plat de la structure de la voie générale du lycée est indispensable et urgente. Pour cela, nous demandons à mettre en place un groupe de travail large et indépendant du calendrier politique, réunissant de manière collégiale tous les acteurs concernés. Son objectif sera d’établir des propositions pouvant être mises en œuvre dès la rentrée 2023, selon les axes suivants:

-Proposition 1: Renforcer la place des sciences dans les parcours de tous les élèves au cycle terminal et
diversifier l’offre de mathématiques dès la première

-2: Conserver en classe de terminale les trois spécialités choisies en classe de première

- 3: Proposer des actions concrètes et réalistes pour remédier aux inégalités aggravées par le système actuel dans les choix de parcours et garantir l’accès à la même offre de formation sur l’ensemble du territoire.

L’un des impacts de la baisse du vivier d’élèves scientifiques concerne l’orientation vers les métiers d’enseignants en sciences. Devant déjà faire face à une pénurie récurrente de candidats en mathématiques en raison de la concurrence avec l’attractivité des carrières et des rémunérations pour ces étudiants de niveau master, la diminution des profils scientifiques au lycée va mécaniquement faire encore baisser le nombre de candidats aux concours de recrutement pour enseigner les sciences dans le secondaire. En particulier, on peut s’attendre aussi dans les années à venir à des difficultés de recrutement en informatique, concours nouvellement
créés. Ces choix auront également un impact sur les futurs professeurs des écoles. Le nombre de candidats au CRPE qui auront reçu une formation scientifique au lycée va mécaniquement baisser.

La faible part des sciences et de mathématiques dans le tronc commun du cycle terminal ne suffit pas pour établir les connaissances et compétences scientifiques de base, de nature cumulative. La mise en place de PPPE ne concernant qu’un nombre limité d’étudiants, les remises à niveau indispensables pour la préparation au concours compenseront difficilement ces insuffisances. L’acquisition des connaissances et compétences didactiques s’en trouvera donc fragilisée. On entre ainsi dans un cercle vicieux dont il faut impérativement s’extraire.
En outre, la réforme des concours du Capes et du CRPE et de la formation initiale des enseignants repousse à nouveau leur recrutement après le master (bac+5). L’allongement nécessaire des études augmente la précarité des étudiants et aggrave les inégalités sociales pour accéder au métier d’enseignant. Cela risque d’accentuer la pénurie de candidats, comme cela a déjà été constaté en 2012. La mise en place d’un véritable plan de pré-recrutement permettant à des étudiantes et des étudiants de tous les milieux sociaux de se projeter vers le métier d’enseignant est réclamée depuis des années par la communauté et paraît indispensable pour pallier cette pénurie.

Les systèmes mis en place ces dernières années n’ont pas rempli ce rôle: d’une part, la charge de travail en établissement rend difficile un suivi efficace de la formation universitaire ; d’autre part l’instabilité du dispositif, l’absence d’une impulsion nationale, la disparité d’offre et de traitement suivant les académies, ainsi que des choix budgétaires contraints n’ont pas permis d’assurer la réussite de ces dispositifs. Enfin, les actions engagées pour la formation continue des enseignants en mathématiques suite au rapport Villani-Torossian sont encourageantes et nécessitent d’être pérennisées et structurées. Les plans de formation continue en sciences tout aussi nécessaires commencent à se développer dans le premier degré ; ils ne doivent pas entrer en concurrence avec les actions précédentes en cours. Pour la réussite et le développement de la formation continue en sciences, il est nécessaire que les nouvelles écoles académiques de la formation continue prennent en compte les structures existantes et collaborent étroitement avec les acteurs de terrain de toutes les origines (Irem, Ires, Ife, Inspe), en lien avec la recherche.

Nos propositions:
Il est nécessaire de créer un vivier d’enseignantes et d’enseignants scientifiques bien formés, en nombre suffisant, représentatif, à tous les niveaux d’enseignement, de la diversité de la population en termes de genre, de mixité sociale et de diversité territoriale.

4: Améliorer les conditions de travail des enseignants en institutionnalisant des temps de concertation et des temps de formation réguliers, prévus à l’avance et intégrés dans le temps de travail.
Ouvrir plus largement la possibilité de formations par la recherche et à la recherche pour favoriser les évolutions de carrière et pour permettre d’appréhender concrètement la réalité de la science en train de se faire, dans un souci d’authenticité.

- 5: Améliorer la formation initiale en favorisant des pré-recrutements pour réduire des inégalités
sociales d’accès au métier et en s’assurant que les périodes de stage ou d’alternances, indispensables pour l’entrée dans le métier, n’entrent pas en concurrence avec la formation.

- 6: Renforcer et structurer la formation continue dans le premier et le second degré en collaboration
avec l’ensemble des acteurs concernés. Développer les articulations entre le terrain, la formation, la recherche en éducation, la recherche et la médiation scientifiques.

Depuis 20 ans, le nombre d’étudiantes et étudiants a considérablement augmenté dans les établissements d’enseignement supérieur, et particulièrement à l’Université. Cette augmentation globale se retrouve dans les filières scientifiques, même si cela reste insuffisant pour répondre aux besoins prévisibles. Pourtant, le nombre des enseignants et enseignants-chercheurs n’a pratiquement pas augmenté. Parmi les disciplines, la part des enseignants-chercheurs en sciences a diminué, particulièrement en mathématiques. L’augmentation des tâches administratives et la diminution globale des appuis techniques ont accru d’autant plus leur charge de travail.

Ce manque de personnel n’est pas dû à un problème de vivier: il est la conséquence de la diminution des recrutements pérennes des enseignants-chercheurs et des personnels des universités.

Il a conduit à une dégradation de la qualité de la formation, qu’elle soit destinée à la formation initiale des futurs enseignants, à l’accompagnement en formation continue ou encore à la formation vers les métiers à haut niveau de compétences scientifiques. De plus, l’absence de perspective de recrutement stable dans la recherche académique entraîne une fuite des compétences: un certain nombre d’étudiants de très haut niveau et formés en France préfèrent partir à l’étranger où les conditions de travail pour la recherche et les rémunérations sont meilleures. Plus inquiétant, la tendance à la baisse du nombre de doctorants dans les disciplines scientifiques est un mauvais signal pour l’avenir.

Enfin, la part des femmes scientifiques à l’Université et dans les formations d’ingénieures et ingénieurs reste particulièrement basse dans la plupart des filières, notamment en informatique, en mathématiques, en physique. Ceci impacte très fortement la part des femmes dans les métiers nécessitant une formation scientifique et technologique de haut niveau.

Nos propositions: pour augmenter le vivier des étudiantes et étudiants à haut niveau de compétences scientifiques dont la société a besoin en garantissant une représentation équilibrée en termes de genre, de mixité sociale et de diversité territoriale ; pour améliorer l’accompagnement en formation initiale et continue des enseignants du premier et du second degré; pour conserver nos jeunes chercheures et chercheurs et notre position de premier plan pour la recherche scientifique, il est indispensable de:

- 7: Prendre un engagement fort en faveur des financements récurrents de la recherche publique et
de l’amélioration des conditions de travail des enseignants-chercheurs et des chercheurs.

- 8: Prendre l’engagement d’augmenter significativement le nombre de postes fixes d’enseignants-
chercheurs et de chercheurs pour répondre aux besoins actuellement insuffisants en matière de formation, pour toutes les formations scientifiques.

- 9: Mener des actions fortes pour augmenter la représentation des femmes, à tous les niveaux de la hiérarchie des postes d’enseignants-chercheurs  particulièrement dans les disciplines scientifiques où elles sont sous représentées.

À moyen et à long terme, en l’état actuel de la formation en sciences, c’est la société tout entière qui risque d’être durablement impactée, avec des retards s’accumulant dans les domaines de la recherche et de l’innovation, alors que leur développement est crucial pour affronter les défis du XXIe siècle.

La maîtrise des sciences est indispensable à un pays pour assurer son indépendance économique, technologique et militaire, pour limiter le réchauffement climatique et assurer la nécessaire transition énergétique. Malgré cela, la culture scientifique ne fait pas pleinement partie de la culture générale dans la vie quotidienne. Il nous paraît essentiel que la classe politique prenne en main les questions du discours et de l’image associés aux sciences dans la société, bien au-delà des limites de l’école. La question de la place des sciences est une question de société, et l’une de celles qui conditionnent notre avenir.

Nos propositions: nous demandons à la classe politique de s’engager véritablement dans la mise en œuvre d’un plan sciences qui ne se limite pas au cadre de l’école et qui implique l’ensemble des acteurs de la société. Son objectif est d’accroître la reconnaissance du rôle des sciences dans la maîtrise de notre avenir. Pour cela, il est nécessaire de:

- 10: Agir sur le discours à l’orientation transmis en particulier par l’institution, pour encourager les jeunes à s’engager en confiance vers les mathématiques et les sciences, au niveau correspondant à leurs aspirations et en cohérence avec les besoins de la société contemporaine.

- 11: Agir sur l’image des sciences pour permettre la reconnaissance de la place des femmes et des citoyennes et citoyens de toutes origines sociales et territoriales dans les métiers scientifiques.

- 12: Engager fortement la classe politique pour la promotion des sciences auprès de tous les acteurs de la société, au travers d’actions de grande envergure pour la sensibilisation de ses enjeux sociétaux.

Cette lettre est signée par un collectif de sociétés savantes et d’associations regroupant une large communauté d’enseignants, chercheurs, ingénieures et universitaires scientifiques:


Adirem (Association des directeurs des instituts de recherche pour l’enseignement des mathématiques)
AEIF (Association des enseignantes et enseignants d’informatique de France)
APMEP (Association des professeurs de mathématiques de l’enseignement public)
ARDM, (Association pour la recherche en didactique des mathématiques)
CFEM (Commission française pour l’enseignement des mathématiques)
CLEA (Comité de liaison enseignants et astronomes)
EPI (Enseignement public & informatique)
Femmes et mathématiques,
Femmes et sciences,
Femmes ingénieures,
GEM (Groupe d’étude des membranes)
SF2A (Société française d’astronomie et d’astrophysique)
SFB (Société française de biométrie)
SFB (Société française de biophysique)
SFBD (Société française de biologie et développement)
SFdS (Société française de statistiques)
SFE2 (Société française d’écologie et d’évolution)
SFHST (Société française d’histoire des sciences et des techniques)
SFP (Société française de physique)
SIF (Société informatique de France)
SMAI (Société de mathématiques appliquées et industrielles)
SMF (Société mathématique de France)
UdPPC (Union des professeurs de physique-chimie)
UPA (Association des professeurs scientifiques des classes préparatoires BCPST, TB et ATS)

L’urgence d’alternatives au gaz russe

L’urgence d’alternatives au gaz russe 

 

L’économiste Sophie Méritet passe en revue les possibilités de limiter le recours aux importations de gaz russe, pour conclure à une envolée des prix dans tous les cas de figure.

 

Tribune.

L’Union européenne (UE) peut-elle se passer du gaz russe ? La question est en réalité de comparer les coûts des différentes options qui permettraient d’atteindre un tel objectif.

Depuis les premiers conflits commerciaux en 2006 sur le prix du gaz entre la Russie et son pays de transit l’Ukraine, puis l’annexion de la Crimée en 2014, l’UE avait déjà cherché à réduire ses importations de gaz russe. Mais l’approvisionnement pourrait se réduire encore plus, voire être suspendu, à l’initiative de la Russie ou non, en réponse aux sanctions économiques, ou en raison de l’arrêt ou de la destruction des gazoducs en Ukraine.

Face à ce nouveau risque de pénurie, quelles options s’offrent à l’UE ?

La hausse des importations des autres fournisseurs européens comme la Norvège est peu probable, car ils sont déjà à leur capacité de production maximale. Les transferts entre pays voisins via l’interconnexion des gazoducs pourraient être mis en place en urgence, mais le prix en serait élevé et les quantités limitées car elles dépendraient de l’accord des clients initiaux privés d’une partie de leur commande de gaz.

Lire aussi  Article réservé à nos abonnés Guerre en Ukraine : « Face au diktat russe, il nous faut plus que jamais une diplomatie énergétique commune »

L’accroissement des importations de gaz naturel liquéfié (GNL), qui représentent aujourd’hui un quart des importations européennes, n’est également pas envisageable, car les terminaux ont une capacité disponible limitée, qui ne pourrait pas absorber une offre supplémentaire. Et la plupart des volumes de GNL sont aussi liés à des contrats à long terme, dont les clauses ne peuvent être modifiées.

Quant aux stocks européens, ils sont aujourd’hui au plus bas, entamés par un hiver prolongé en 2020, une demande mondiale croissante et un réapprovisionnement insuffisant. L’Europe ne dispose que d’environ un mois de réserve, auquel s’ajoutent cependant les réserves détenues par les fournisseurs commerciaux. Les Etats-Unis cherchent en outre à constituer des réserves supplémentaires de GNL à destination de l’Europe.

Certes, l’ensemble de ces mesures peut soulager la pénurie à court terme – si celle-ci n’est pas aggravée par des températures basses –, mais ce sera au prix d’une forte augmentation des coûts d’approvisionnement.

La mise en œuvre rapide d’alternatives au gaz est de même un défi. Plusieurs pays européens ont la possibilité d’importer de l’électricité ou d’accroître la production d’électricité sans recourir au gaz, en privilégiant le énergies renouvelables (ENR) set le charbon. Mais ces options ont aussi leurs limites, comme l’intermittence des ENR et les émissions de carbone du charbon.

 

Covid: L’urgence des doses de rappel

Covid-19 : « Le passe sanitaire doit servir à accélérer les doses de rappel »

 

Face à la rapide propagation du virus, le mathématicien Miquel Oliu-Barton et l’économiste Bary Pradelski pressent, dans une tribune au « Monde », le gouvernement de rendre accessible sans attendre une troisième dose de vaccin pour tous et de renforcer les critères du passe sanitaire.

 

Tribune. 

 

La perte de contrôle sur l’épidémie en Autriche a amené un nouveau confinement et l’obligation vaccinale. Voulons-nous cela en France ? Certainement pas. Et pourtant, au rythme actuel, nous serons dans une situation similaire dans quelques jours. Comment éviter les retours en arrière qui s’annoncent déjà partout en Europe, des fermetures, des couvre-feux, voire des reconfinements ? La solution, nous l’avons pourtant sous les yeux : les doses de rappel et le passe sanitaire.

D’après une étude israélienne menée à grande échelle, les doses de rappel protègent très efficacement contre les formes graves de Covid-19 chez l’ensemble de la population adulte, et diminuent considérablement le taux de transmission. Les chiffres parlent d’eux-mêmes , surtout pour les 40 ans et plus : comparé à un schéma vaccinal complet de plus de cinq mois, la protection est de l’ordre de 92 % pour les hospitalisations et les admissions en réanimation, et de 81 % pour les décès.

Et pourtant, aujourd’hui, 24 % de personnes entre 40 et 49 ans, 40 % des personnes entre 50 et 59, et 56 % des personnes entre 60 et 64 ont reçu leur schéma vaccinal complet depuis plus de cinq mois, sans pour autant avoir le droit à la dose de rappel. Soit 8 millions de Français qui seraient protégés bien plus efficacement en recevant ces fameuses doses de rappel. Les autoriser à le faire est urgent : 9 formes graves sur 10 et 4 décès sur 5 pourraient être évités dans les semaines à venir au sein de cette population.

La priorisation sur un critère de risque était justifiable lorsqu’il y avait pénurie de doses, à l’entrée dans la campagne. Aujourd’hui, procéder par paliers en fonction des classes d’âge est strictement inacceptable. Il faut tout simplement accélérer, d’où la nécessité d’autoriser et d’organiser une campagne de rappel massive pour tous les adultes, comme suggéré dans le dernier avis du Conseil scientifique.

Cette campagne pourrait s’appuyer sur le nudge, une très idée simple qui consiste à proposer un rendez-vous à toutes les personnes éligibles, au lieu d’attendre qu’ils s’inscrivent eux-mêmes. Cette méthode s’est révélée particulièrement efficace en Espagne, où plus de 99 % de la population de 60 ans et plus est vaccinée. Elle vient d’être adoptée également en Autriche dans le but d’accélérer les doses de rappel.

Mais si vacciner est primordial, il faut encore que les personnes y adhèrent. D’où l’importance du passe sanitaire, un outil efficace pour encourager la vaccination et qu’approuve la majorité des Français. Les doutes qui persistaient quant à son efficacité ont été balayés pendant la quatrième vague. Car malgré sa mauvaise réputation initiale, ce sésame est rapidement devenu une mesure-phare de la lutte contre l’épidémie, notamment en raison du rôle majeur qu’il a joué dans la campagne de vaccination. Avant l’annonce de sa généralisation, le 12 juillet, le taux de vaccination commençait à stagner : avec 53,8 % des personnes vaccinées, la France était 4,9 points de pourcentage derrière l’Allemagne, 13,6 derrière le Royaume-Uni et 0,8 derrière la moyenne de l’Union européenne.

Covid: L’urgence de la troisième dose pour tous

Covid: L’urgence de la troisième dose pour tous

 

L’épidémiologiste et directrice de recherche à l’Inserm, Vittoria Colizza, estime que l’injection d’une troisième dose de vaccin pourrait freiner la circulation du virus.(JDD)

 

 

 

C’est l’une des vigies de l’épidémie. Vittoria Colizza, directrice de recherche à l’Inserm (Institut Pierre Louis d’épidémiologie, Inserm/Sorbonne université), qui prépare de nouvelles modélisations, se montre favorable à l’injection d’une troisième dose de vaccin pour tous tout de suite.  »Il ne faut plus attendre, il n’y a plus de raison de prioriser telle catégorie d’âge! », explique-t-elle.
L’accélération de l’épidémie en France vous surprend-elle?
Non, la cinquième vague n’est pas inattendue. Les conditions hivernales de température et d’humidité favorisent la circulation et la transmission du virus. Nos comportements se tournent vers l’intérieur, où le risque de contamination par les aérosols est accru. La vague est bien là, même si elle est montée avec un peu de retard et de lenteur en France, en Italie et en Espagne au regard d’autres pays européens.

Comment l’expliquez-vous?
C’est lié à notre couverture vaccinale assez élevée, mais aussi aux conditions climatiques favorables du Sud par rapport aux pays du Nord, où la flambée a été très rapide. Un autre facteur, très important : le fait d’avoir conservé le passe tout l’été. Certains pays, comme le Danemark, ont tout misé sur la vaccination et ont abandonné les autres mesures sanitaires. En Grande-Bretagne, la situation est étrange, avec un taux d’incidence élevé mais constant, comme pour les autres indicateurs (hospitalisations et décès), alors que les mesures barrière sont levées. Mais une partie de la population continue à télétravailler.

Les moins de 12 ans, qui n’ont pas accès à la vaccination, constituent en ce moment un vaste bassin de population pour la circulation du virus.

Le nombre de cas reste-t-il une boussole pertinente?
Oui, il faut continuer à suivre l’incidence, avec les autres indicateurs, pour comprendre si l’écart entre la courbe du nombre de cas et celle des hospitalisations évolue. D’un côté, la vaccination va creuser l’écart ; de l’autre, la contagiosité accrue du virus va pousser en sens inverse. Même si le vaccin contribue à freiner l’épidémie, le variant Delta est deux fois plus transmissible que la souche de l’hiver dernier et il a une probabilité presque deux fois plus élevée de développer une forme grave de la maladie.

Que disent vos dernières projections?
Nous sommes en train de mettre à jour nos modèles. C’est complexe car les variables sont nombreuses : la couverture vaccinale, son rythme, la troisième dose à introduire, et les premières estimations de la diminution au cours du temps de l’efficacité du vaccin contre l’infection… Notre équipe s’est concentrée sur l’école en réajustant nos modèles avec les caractéristiques du variant Delta et en intégrant les données du terrain pour comprendre la propagation en milieu scolaire.

Avec plus 4.000 classes fermées, l’école est-elle un moteur de la circulation du virus ?
En général, les chiffres sur la circulation virale dans les établissements sont sous-estimés. Les fermetures de classes ne représentent que ce qu’on voit, et on voit peu! La plupart du temps, les enfants sont asymptomatiques ou présentent des symptômes plus difficiles à reconnaître. Les moins de 12 ans, qui n’ont pas accès à la vaccination, constituent en ce moment un vaste bassin de population pour la circulation du virus. Grâce à nos modèles et en analysant les données de dépistage dans les établissements pendant la troisième vague, on a mis en évidence un fort niveau de transmission dans les écoles, qui contribue à la circulation virale en communauté. On a aussi prouvé que, lors de la troisième vague, les fermetures comme les vacances scolaires ont freiné l’épidémie. D’après les modèles, lorsqu’on teste de manière régulière à l’école, on réduit le nombre de jours de classe perdus en moyenne par élève ainsi que le nombre de cas. C’est une mesure préventive très forte.

 

Les hôpitaux risquent-ils la saturation ?
C’est la grande question. La dynamique et le niveau d’hospitalisation sont les indicateurs à surveiller pour mettre en place d’éventuelles nouvelles restrictions. Surtout avec la fatigue de près de deux ans de pandémie et une possible vague hivernale de grippe. Mais on ne peut pas apporter de réponse intuitive, il faut attendre les prochaines projections mathématiques. On s’attend à une vague importante de cas, comme on l’observe dans certains pays voisins. Le nombre d’hospitalisations va suivre, avec un écart plus important entre les deux courbes en fonction du niveau de vaccination.

L’Autriche reconfine, l’Allemagne prend des mesures drastiques. La France échappera-t-elle à de nouvelles restrictions?
Je ne peux pas dire quel sera l’impact sanitaire au moment du pic. Mais nous avons plusieurs outils pour éviter d’en arriver là et répondre à cette vague. À commencer par la troisième dose, le « booster ». D’un point de vue épidémique, il est urgent de l’exploiter, car ce rappel aide à « pousser » la protection contre l’infection. Développé contre la souche de Wuhan, le vaccin reste très efficace contre les formes graves après infection avec le variant Delta, ce n’était pas gagné. Il réduit aussi le risque d’être infecté et de développer des formes symptomatiques. Mais les résultats les plus récents nous montrent que cette efficacité contre l’infection est plus faible à cause du variant et diminue au cours du temps après la deuxième dose. D’où l’intérêt d’une troisième injection.

Vous prônez ce « booster » pour tous tout de suite?
Oui, il ne faut plus attendre, il n’y a plus de raison de prioriser telle catégorie d’âge! On n’a plus de problème d’approvisionnement ou d’administration comme au début de la campagne. Le « booster » agit en prévention : il va faire remonter l’efficacité vaccinale contre l’infection pour qu’une personne exposée au virus ait une probabilité bien plus faible d’être contaminée. On a besoin de réduire la circulation virale dans la population pour diminuer aussi les hospitalisations. Le rappel, c’est la mesure barrière qui, coordonnée avec une couverture vaccinale élargie, va freiner l’épidémie.

 

Avec 87% des plus de 12 ans vaccinés, a-t-on atteint un plafond de verre?
Le problème, c’est qu’on ne sait pas s’il s’agit d’ »irréductibles » opposants, s’ils procrastinent, s’ils n’ont pas accès au vaccin… Il faut aller chercher cette part de la population qui demeure non immunisée avec un risque d’hospitalisation et qui fait circuler le virus. Même si on n’en atteint qu’une fraction, ça peut avoir un impact. Car si l’efficacité vaccinale est très élevée contre les formes graves, elle n’est pas de 100%. Avec un très grand nombre de personnes infectées, mathématiquement, on déplorera plus d’hospitalisations.

Quelles sont les autres armes?
Les gestes barrière – même si on peut comprendre la lassitude des Français! On a encore quelques mois difficiles devant nous. On connaît ces règles désagréables, il faut les renforcer : ce sont des mesures de freinage très importantes qui en éviteront d’autres bien plus contraignantes. Conserver le masque, même avec le passe sanitaire, au théâtre, au cinéma, au restaurant jusqu’au repas. Aérer les locaux, c’est plus difficile en hiver mais très efficace et souvent oublié. Et bien sûr, le télétravail, un levier simple qui a un impact même en l’absence d’autre restriction.

Faut-il immuniser les enfants, comme Israël ou et les États-Unis?
L’Agence européenne évalue la sécurité du vaccin pour eux, car les études cliniques sont pour l’instant basées sur quelques milliers d’enfants. Les données en vie réelle vont vite arriver des États-Unis. Si cette vaccination se révèle sûre et efficace pour les enfants, elle concourra à ralentir la circulation virale dans l’ensemble de la population.

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