Archive pour le Tag 'l’urbanisation'

Changement climatique Méditerranée : en cause l’urbanisation

Changement climatique Méditerranée : en cause l’urbanisation

. «Les vagues de chaleur augmentent en raison du changement climatique en Méditerranée et sont amplifiées dans les villes en raison des politiques d’urbanisme», provoquant maladies et décès, a déclaré le Giec dans son rapport de 2022 sur les impacts du changement climatique et sur l’adaptation.

Le rapport du Giec a averti que le changement climatique aggraverait les pénuries d’eau «dans la plupart des endroits» de la région. Il prévoit jusqu’à 45% de baisse des lacs et réservoirs au cours du siècle et jusqu’à 55% de déclin de la disponibilité des eaux de surface en Afrique du Nord. Dans le même temps, «les écosystèmes terrestres et d’eau douce sont touchés par le changement climatique en Méditerranée, entraînant une perte d’habitats et de biodiversité».

Selon l’Observatoire européen de la sécheresse, les nappes phréatiques de la moitié de la région méditerranéenne étaient déjà basses en juin. Politiquement, la sécheresse en Espagne a soulevé des tensions avant les élections générales du 23 juillet.
Le niveau de la mer dans le bassin méditerranéen a augmenté de 2,8 mm par an au cours des dernières décennies, menaçant les rivages et les villes comme Venise, qui subit de plus en plus d’inondations. «L’élévation du niveau de la mer touche déjà les eaux côtières du pourtour méditerranéen et devrait augmenter les risques d’inondation, d’érosion et de salinisation des côtes», souligne le Giec. «Ces impacts pourraient affecter l’agriculture, la pêche et l’aquaculture, le développement urbain, les opérations portuaires, le tourisme, les sites culturels et de nombreux écosystèmes côtiers.»
es espèces invasives

Incendies: L’urbanisation anarchique aussi responsable

Incendies: L’urbanisation anarchique aussi responsable

par Christine Bouisset, Maître de conférences en géographie, membre du laboratoire TREE – Transitions Energétiques et Environnementales, UMR 6031 CNRS, Université de Pau et des pays de l’Adour (UPPA)Si la sécheresse et la chaleur exceptionnelles que connaît la France cet été sont l’élément déclencheur des grands incendies toujours en cours dans le massif des Landes de Gascogne, le drame prend aussi sa source dans les tendances lourdes de la démographie et les lacunes de l’aménagement du territoire.

Cet épisode met en évidence les limites d’une gestion du risque principalement réactive, fondée sur la réponse rapide et massive aux départs d’incendie.

En effet, la stratégie de lutte contre les incendies de forêts repose actuellement sur deux piliers complémentaires : l’aménagement forestier et la lutte contre les feux déclarés. La doctrine en vigueur mise sur la surveillance des forêts et l’intervention la plus rapide possible des secours sur les feux naissants par des moyens terrestres et aériens. Cette stratégie est rendue possible par l’aménagement des massifs forestiers pour créer des accès, des points d’eau, etc. Dans le massif landais, le dispositif de défense contre l’incendie (DFCI) permettant ces aménagements a été mis en place à la suite des grands incendies de la décennie 1940. La DFCI est financée pour partie par les propriétaires forestiers et fonctionne largement grâce à leur participation.

Cette organisation basée sur la complémentarité forestiers – pompiers, modernisée au fil du temps, s’est avérée particulièrement efficace en éteignant très rapidement la plupart des incendies et en limitant les superficies brûlées malgré un nombre important de départs de feu. Mais ce système, bien adapté au contexte d’un massif forestier exploité de façon intensive et d’une région rurale peu densément peuplée, se trouve aujourd’hui mis en échec par le changement climatique et l’urbanisatio

 

L’augmentation des températures et la plus grande fréquence des épisodes caniculaires sont sans conteste à l’origine d’une aggravation du risque d’incendie. Moins médiatisées mais tout aussi importantes, l’urbanisation et l’attractivité de la région depuis une cinquantaine d’années (notamment du littoral et de la Gironde), contribuent elles aussi à une aggravation graduelle du risque. D’abord en générant davantage d’activités sources d’incendies dans ou à proximité des forêts : barbecues mal éteints, feux de chantiers de BTP, mégots jetés en bord de route… Rappelons que près de 95 % des causes sont humaines et qu’en France, 80 % des incendies se déclenchent à moins de 50 mètres des habitations.

Dans le même temps, l’urbanisation dans les zones à risque signifie aussi mécaniquement l’augmentation des victimes et des dégâts potentiels, surtout lorsque cette urbanisation se fait sous forme de prolifération anarchique au contact de la forêt : en Nouvelle Aquitaine un habitant sur deux vit dans une zone peu dense et, selon l’Insee ce sont ces zones qui connaissent la plus forte croissance démographique. L’urbanisation s’est étalée autour des bourgs, dans des hameaux isolés, le long des voies de communication et génère la multiplication des zones de contact entre habitat et forê

 

Les incendies actuels montrent à quel point cette urbanisation complique le travail des secours face à un incendie de grande ampleur. La présence de nombreux quartiers et hameaux éparpillés contraint les secours à gérer la mise en sécurité de milliers de personnes et les oblige à disperser leurs moyens pour protéger les maisons dans une logique défensive, au détriment d’une stratégie offensive permettant de maîtriser plus rapidement la progression du feu.

Pire encore, les secours ne peuvent pas toujours intervenir à temps. L’exemple de l’incendie qui, en 2018, a fait 85 morts dans la petite ville de Paradise en Californie, l’illustre de façon dramatique : l’avancée rapide du feu, démarré aux environs de 6 heures du matin, a pris la population et les autorités par surprise et n’a pas laissé le temps d’évacuer, piégeant de nombreux habitants dans leur maison ou leur voiture.

Dans ce contexte, la gestion des incendies telle que mise en place jusqu’à présent dans le massif landais, présente plusieurs défauts. Le premier est de s’attaquer principalement aux symptômes et de ne s’attaquer que marginalement à la source du problème. Pourtant la litanie des incendies de l’été en France offre une bonne vision de la diversité des causes humaines d’incendies : déséquilibré pyromane, panne d’un véhicule, braises échappées d’un camion pizza, étincelles au passage d’un train, travaux en forêt, feu d’artifice, jet de mégot, etc.

Une action plus efficace sur ces sources de départ de feu supposerait la remise en cause de certaines activités, des changements de pratiques individuels et collectifs, plus de sensibilisation, des contrôles, etc. Or dans ce domaine, l’efficacité de la lutte contre les feux déclarés constatée jusqu’à présent s’est finalement avérée contre-productive et a alimenté une forme de déni face aux alertes sur l’aggravation des risques.

Nos enquêtes auprès d’habitants et d’élus locaux dans le massif landais ont ainsi montré que beaucoup considéraient le problème des incendies comme bien maîtrisé : plus le dispositif réduisait les surfaces brûlées plus le risque était invisibilisé et moins il paraissait inquiétant.

Or, le deuxième défaut du dispositif qui rejoint le premier, est son coût croissant, non seulement pour les propriétaires forestiers mais également pour l’État et surtout les collectivités qui, au niveau national, financent les services d’incendie et de secours pour un montant supérieur à 5 milliards d’euros en 2020.

En France, la politique d’extinction absorbe les 2/3 des financements consacrés aux incendies. Mais là encore, plus le dispositif est efficace, plus son financement est difficile à justifier dans un contexte de budgets contraints : à quoi bon consacrer davantage de moyens à un problème qui occasionne peu de dégâts ?

La confiance excessive dans l’efficacité du dispositif de gestion des incendies explique aussi que les outils disponibles en matière d’aménagement du territoire sont peu ou mal mobilisés dans le massif landais. Seules 13 communes sont dotées de Plans de prévention du risque incendie de forêt (PPRIF).

Établis sur prescription du préfet, ils peuvent interdire les constructions nouvelles dans les zones les plus à risque, les subordonner au respect de certaines mesures de sécurité et même imposer des travaux de sécurisation des constructions existantes. Mais beaucoup d’acteurs du massif landais, à commencer par de nombreux maires, ont jusqu’à présent considéré l’outil comme trop contraignant car contrariant de façon excessive les projets d’urbanisation. Sans que l’État fasse preuve non plus d’une grande volonté à les voir se généraliser.

 

dans The Conversation 

 

 

 

 

De la même façon, la réglementation impose aux propriétaires de débroussailler un périmètre de 50 mètres autour de leur maison. En évitant que les bâtiments soient au contact direct de la végétation, cette mesure permet de mieux les protéger et de faciliter l’action des secours. Or malgré des campagnes de sensibilisation nombreux sont les résidents de communes forestières qui ne respectent pas pleinement ces consignes, voire les ignorent.

De leur côté, communes et services de l’État montrent souvent peu d’empressement à faire appliquer rigoureusement cette réglementation contraignante. Or cette négligence accroît la vulnérabilité des populations et

des constructions, tout en compliquant l’intervention des secours.

A l’heure du changement climatique : anticiper les risques

Les leçons tirées de ce qui se passe ailleurs dans le monde indiquent qu’il est illusoire de croire que le simple renforcement des dispositifs actuels de gestion des incendies par toujours plus de moyens d’extinction, suffira à affronter le double défi du changement climatique et de l’urbanisation.

Sans action sur les causes, sans intégration du risque dans la prise de décision en matière d’aménagement du territoire et sans prise de conscience des populations et des pouvoirs publics locaux, le coût de la lutte deviendra exorbitant et sa capacité à assurer la protection des populations et celle des forêts de plus en plus incertaine au fur et à mesure que le changement climatique s’intensifiera. Car les techniques de lutte sont largement impuissantes face aux grands incendies.

Alors que la gestion actuelle mise surtout sur la réactivité face à l’événement, il est indispensable de penser davantage dans une logique anticipatrice, à long terme.

« La folie de l’urbanisation: l’équivalent d’un département tous les sept ans »

 « La folie de l’urbanisation: l’équivalent d’un département tous les sept ans » 

Corinne Vezzoni, architecte,  propose, dans une tribune au « Monde », d’inverser la logique selon laquelle, sauf exception, tout le territoire français est constructible et de faire revenir les zones commerciales en centre-ville pour limiter l’espace bâti.(extraits)

 » la pandémie vient de nous confirmer, ce que nous avions tendance à oublier, que nous ne sommes pas maîtres de la terre et que nous devons la respecter. Et le confinement nous confirme que la réussite collective dépend souvent de la responsabilité individuelle.

Nous autres architectes avons à prendre en compte ces réalités et faire évoluer nos pratiques.

Préserver. C’est un fait douloureux mais incontestable : le bâtiment est un des secteurs de l’activité humaine les plus polluants. Il se répand en périphérie, s’évase partout à la campagne et tire la caravane sans fin des lotissements, routes, ronds-points, centres commerciaux, zones d’aménagements… Et plus on se répand en périphérie, moins on donne les moyens à ceux qui restent urbanisés de vivre correctement. Le confinement a été plus facile à vivre aux populations vivant en pavillons (mais à quel prix pour le futur), qu’aux confinés de nos villes. L’urbanisation envahit l’équivalent d’un département français tous les sept ans.

En revanche, il y a quelques pays d’Europe où le sol est par postulat fortement protégé, voire inconstructible. Les territoires sont rendus constructibles au fil des réalisations nécessaires à l’élaboration des villes. Il faut donc argumenter pour obtenir le droit à construire. La non-construction est la règle, la construction l’exception.

En France c’est tout le contraire ! Le pays, au départ, est entièrement constructible et on a progressivement classé des zones boisées, parcs régionaux, zones agricoles, etc. Intellectuellement, cela génère une attitude bien différente ! Lorsqu’on peut construire facilement, on ne va pas chercher la difficulté, on préfère s’installer sur des zones encore vierges. ( sil le faut on modifie sans complexe et sans retenue .  Le sol est considéré comme une surface alors qu’il est un écosystème complexe. Sa consommation se fait de manière aveugle, sans considérer les subtilités géographiques.

Et si cela devenait le contraire ? Et si l’on renversait la table, en un mot si tout devenait – a priori – inconstructible ? Et si pour construire il fallait donner la preuve qu’il n’y a pas d’autre solution. Rendre inconstructible ce qui est encore naturel ou agricole obligerait à voir la réalité autrement. La difficulté à construire sur les zones protégées inciterait à porter son regard sur les sites déjà construits où il serait plus facile de s’installer. On découvrirait qu’il y existe énormément de scories de l’urbanisation passée, de friches, de toits, de bâtis reconvertibles, de zones commerciales. On découvrirait qu’ils pourraient être propices à une écologie urbaine. Ces lieux seraient déjà ouverts à l’urbanisation et n’infligeraient pas au territoire une cicatrice supplémentaire. »

Phénomènes météo-Catastrophes- Inondations: la température et l’urbanisation en cause (Emma Haziza, hydrologue)

Phénomènes météo-Catastrophes- Inondations: la température et l’urbanisation en cause (Emma Haziza, hydrologue)

 

 

« La mécanique qui permet la puissance de ces phénomènes, c’est la température de la mer, et comme elle est particulièrement élevée, on a des phénomènes plus violents et plus intenses » estime Emma Haziza, hydrologue dans une interview à France Info

 

 

Est-ce que le premier épisode d’intempéries la semaine dernière a fragilisé les sols ?

Emma Haziza : Absolument, le coefficient d’humidité était extrêmement élevé, les territoires étaient très saturés en eau, ce qui correspond à un paramètre aggravant. La moindre sollicitation pluviométrique génère donc sur les sols des réactions extrêmement intenses. Ce sont vraiment les zones du Pertuis et de Cannes qui ont été touchées par des précipitations diluviennes et donc on a vu des effets de ruissellement très importants émerger un peu partout, directement liés aux pluies colossales de la semaine dernière.

 

Deux épisodes en une semaine, est-ce lié au réchauffement climatique ?

On a toujours connu des épisodes intenses, notamment en 1958 dans le Gard où on a eu plusieurs événements qui se sont succédé, et qui ont d’ailleurs été plus importants la deuxième fois. Maintenant, ce que l’on voit aujourd’hui, c’est que sur des territoires extrêmement urbanisés, on observe une vulnérabilité accrue. Ce qui est exceptionnel, c’est cette vigilance de niveau rouge, deux fois de suite, en l’espace de huit jours. Cela n’était pas arrivé depuis la création du système de vigilance de Météo France, ce qui montre bien que l’on est sur des phénomènes de plus en plus intenses, de plus en plus forts. Parce que la mécanique qui permet la puissance de ces phénomènes, c’est la température de la mer, et comme elle est particulièrement élevée, on a des phénomènes plus violents et plus intenses.

Que faut-il faire face à ces phénomènes plus violents justement ?

Je pense qu’il existe de nombreuses solutions à mettre en place sur le territoire. On s’est beaucoup focalisé sur le principe de contrer l’aléa, notamment en mettant des digues, en essayant de contrôler le cheminement de l’eau, mais on voit bien qu’avec l’urbanisation sur la côte, c’est quelque chose qui devient compliqué. Il faut se concentrer sur les enjeux, car il y a beaucoup de choses à faire. Aujourd’hui, on est capable de travailler à l’échelle du bâti, des entreprises, et donc d’essayer de transformer chaque habitation, pour leur permettre de subir jusqu’à une certaine hauteur d’eau sans qu’elle ne pénètre dans le bâtiment.

En France, on a un million de personnes qui vivent en zone inondable, on ne va pas pouvoir détruire toutes ces habitations, ni déloger ces habitants. La principale solution c’est d’aller vers de la résilience et de l’adaptation du bâti. L’heure est assez grave pour que l’on puisse se pencher sur la problématique puisque les assurances ne pourront pas tenir plusieurs années à ce rythme-là.

Record mondial de CO2 en 2018 (ONU)

D’une certaine manière, on pourrait considérer que l’enflure des discours écolos des responsables politiques est d’autant plus grande que chaque année sont dépassés les records de pollution. De ce point de vue le très médiatique accord de Paris sur le climat apparaît comme une chimère. Selon l’OMM, le secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas, “ la dernière fois que la Terre a connu une teneur en CO2 comparable, c’était il y a 3 à 5 millions d’années: la température était de 2 à 3°C plus élevée qu’aujourd’hui, et le niveau de la mer était supérieur de 10 à 20 mètres au niveau actuel”, a-t-il souligné dans une nouvelle mise en garde.

Selon le  rapport du Programme des Nations unies pour l’Environnement (Unep) publié ce mercredi. , on ne s’oriente pas  vers un limitation à  2  mais plutôt 3 degrés.

En cause la dépendance aux énergie fossiles qu’il faudrait diviser par deux pour respecter un accord de Paris tout à fait théorique et inefficace. un accord qui ne comportait aucune contrainte, aucun contrôle et aucune sanction. Bref, surtout un accord pour valoriser la posture diplomatique de la France ( notamment celle de Ségolène, de Fabius puis de Macron) mais qui ne gênait et n’engageait personne;  pas même  la France qui ne respecte pas ses quotas d’émissions polluantes;.

 

« Ce rapport montre, pour la première fois, l’ampleur de la déconnexion entre les objectifs de l’Accord de Paris, les plans nationaux (de réduction d’émissions) et les politiques de production de charbon, de pétrole et de gaz », indique Michael Lazarus, l’un des principaux auteurs.

Les énergies fossiles représentent toujours 80% de l’énergie primaire mondiale, tandis que les acteurs du secteur continuent à investir massivement. Elles contribuent à 75% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, qui ne baissent pas.

« Malgré plus de deux décennies de politique climatique, les niveaux de production d’énergies fossiles n’ont jamais été aussi élevés », relève Mans Nilsson, directeur du Stockholm environnement institute, l’un des auteurs du rapport.

A Paris en 2015, les pays se sont engagés à appliquer des plans de réduction d’émissions de gaz à effet de serre, mais leurs promesses cumulées conduiraient la planète vers une hausse de plus de 3°C.

Aussi, l’accord prévoit qu’ils rehaussent leurs ambitions d’ici fin 2020.

Mais, selon le rapport, les prévisions de production de charbon, de gaz et de pétrole pour 2030 sont également excessives pour remplir les engagements nationaux de 2015: 17% de charbon, 10% de pétrole et 5% de gaz en trop.

Les scientifiques se sont appuyés sur les projections nationales de 10 pays clés: les sept principaux producteurs d’énergies fossiles (Chine, États-Unis, Russie, Inde, Australie, Indonésie et Canada) ainsi que sur l’Allemagne, la Norvège et le Royaume-Uni.

 

Inondations: la température et l’urbanisation en cause (Emma Haziza, hydrologue)

Inondations: la température et l’urbanisation en cause (Emma Haziza, hydrologue)

 

 

« La mécanique qui permet la puissance de ces phénomènes, c’est la température de la mer, et comme elle est particulièrement élevée, on a des phénomènes plus violents et plus intenses » estime Emma Haziza, hydrologue dans une interview à France Info

 

 

Est-ce que le premier épisode d’intempéries la semaine dernière a fragilisé les sols ?

Emma Haziza : Absolument, le coefficient d’humidité était extrêmement élevé, les territoires étaient très saturés en eau, ce qui correspond à un paramètre aggravant. La moindre sollicitation pluviométrique génère donc sur les sols des réactions extrêmement intenses. Ce sont vraiment les zones du Pertuis et de Cannes qui ont été touchées par des précipitations diluviennes et donc on a vu des effets de ruissellement très importants émerger un peu partout, directement liés aux pluies colossales de la semaine dernière.

 

Deux épisodes en une semaine, est-ce lié au réchauffement climatique ?

On a toujours connu des épisodes intenses, notamment en 1958 dans le Gard où on a eu plusieurs événements qui se sont succédé, et qui ont d’ailleurs été plus importants la deuxième fois. Maintenant, ce que l’on voit aujourd’hui, c’est que sur des territoires extrêmement urbanisés, on observe une vulnérabilité accrue. Ce qui est exceptionnel, c’est cette vigilance de niveau rouge, deux fois de suite, en l’espace de huit jours. Cela n’était pas arrivé depuis la création du système de vigilance de Météo France, ce qui montre bien que l’on est sur des phénomènes de plus en plus intenses, de plus en plus forts. Parce que la mécanique qui permet la puissance de ces phénomènes, c’est la température de la mer, et comme elle est particulièrement élevée, on a des phénomènes plus violents et plus intenses.

Que faut-il faire face à ces phénomènes plus violents justement ?

Je pense qu’il existe de nombreuses solutions à mettre en place sur le territoire. On s’est beaucoup focalisé sur le principe de contrer l’aléa, notamment en mettant des digues, en essayant de contrôler le cheminement de l’eau, mais on voit bien qu’avec l’urbanisation sur la côte, c’est quelque chose qui devient compliqué. Il faut se concentrer sur les enjeux, car il y a beaucoup de choses à faire. Aujourd’hui, on est capable de travailler à l’échelle du bâti, des entreprises, et donc d’essayer de transformer chaque habitation, pour leur permettre de subir jusqu’à une certaine hauteur d’eau sans qu’elle ne pénètre dans le bâtiment.

En France, on a un million de personnes qui vivent en zone inondable, on ne va pas pouvoir détruire toutes ces habitations, ni déloger ces habitants. La principale solution c’est d’aller vers de la résilience et de l’adaptation du bâti. L’heure est assez grave pour que l’on puisse se pencher sur la problématique puisque les assurances ne pourront pas tenir plusieurs années à ce rythme-là.




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