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Santé- La lumière pour réguler l’effet des médicaments ?

santé- La lumière pour réguler l’effet des médicaments ?

L’idée de soigner le corps humain par la lumière ne date pas d’hier. Hérodote d’Halicarnasse affirmait que la lumière du soleil est indispensable à notre santé, et il tentait déjà de restaurer cette dernière par l’emploi de « l’héliothérapie » au temps de la Grèce antique. De nos jours, la lumière est reconnue comme essentielle à la production de vitamine D (pour la prévention de l’ostéoporose) et de mélanine (un pigment protecteur de la peau), et elle est encore utilisée pour traiter quelques pathologies, comme certaines formes de jaunisse du nouveau-né. Mais si nous savons que la lumière peut interagir avec des éléments du corps, peut-on pour autant l’utiliser pour agir sur les médicaments que l’on consomme ? Certaines molécules peuvent en effet changer de conformation (leur forme en trois dimensions) en présence de lumière. Dans le cas où seule l’une des formes possède une activité biologique, on peut ainsi envisager d’activer ou de désactiver l’effet du médicament à la demande par irradiation lumineuse. De plus, certaines lumières (rouge et infrarouge notamment) peuvent traverser la peau et les tissus, et permettent de cibler avec une grande précision l’organe atteint, tout en étant peu invasives et facilement applicables.

par
Romain Haudecoeur
Chercheur en chimie–biologie, Université Grenoble Alpes (UGA)

Letícia da Mata Lazinski
Doctorante en chimie, Université Grenoble Alpes (UGA)

Morane Beaumet
Chercheuse en chimie, Université Grenoble Alpes (UGA)
dans The Conversation

Cette idée présente un intérêt considérable : elle permettrait, pour prendre seulement deux exemples de problématiques de santé mondiale, d’éviter l’émergence de résistances bactériennes dues à la dissémination incontrôlée d’antibiotiques, ou de réduire les effets secondaires liés à la toxicité de la chimiothérapie.

Comme souvent à l’interface chimie – biologie, elle repose sur l’observation d’un phénomène naturel : le mécanisme permettant la vision animale au cours duquel intervient une molécule : le rétinal (un dérivé de la vitamine A, elle-même produite par le corps à partir des β-carotènes, d’où l’idée, partiellement vraie, selon laquelle manger des carottes serait bon pour la vue). Dans l’obscurité, le rétinal est liée à une protéine, nommée opsine, sous une forme coudée. Mais quand les yeux sont exposés à la lumière, il adopte subitement une forme linéaire, qui provoque son détachement de l’opsine. Ce phénomène engendre une série de réactions et mène finalement à la réception d’un signal électrique par le cerveau, qui le traduit par une image visuelle.

Le rétinal est donc ce qu’on appelle un « photoswitch », une molécule photosensible capable de changer de forme sous l’effet de la lumière : en fonction de celle-ci, il interagit ou non avec une protéine.

Et si ce concept pouvait être étendu à certains médicaments, qui, selon leur forme, pourraient délivrer leur action ou non ? En effet, après son administration, un médicament classique diffuse dans le corps et agit certes sur sa cible, mais souvent sur d’autres parties du corps également, ce qui produit des effets secondaires. Dans le cas d’un médicament « photoswitch », celui-ci est administré sous une forme inactive, et c’est uniquement lorsqu’il est exposé à la lumière qu’il change de forme et exerce son action. Son impact est donc réduit à la zone irradiée, pendant un temps déterminé, et le reste du corps et de l’environnement peut plus facilement être épargné. On parle de photopharmacologie, par opposition à la pharmacologie classique.

Cette discipline est encore émergente, et les « photoswitchs » viennent seulement d’atteindre les premiers tests cliniques de phase 1, comme la molécule « KIO-301 » de la société Kiora Pharmaceuticals développée pour le traitement de la rétinite pigmentaire, une maladie génétique grave qui entraîne progressivement la perte de la vision.

Mais depuis une dizaine d’années, plusieurs équipes de recherche travaillent sur le développement d’applications de ce concept, principalement en introduisant un motif azobenzène sur des molécules bioactives existantes. L’azobenzène fait partie des structures chimiques capables de changer de forme sous l’effet de la lumière, il est notamment employé dans la fabrication de colorants et pigments azoïques utilisés traditionnellement en teinture et peinture, pour obtenir des nuanciers du jaune au rouge.

La modification chimique d’antibiotiques comme la ciprofloxacine, pour les rendre réactifs à la lumière, est un exemple emblématique décrit par l’équipe du prix Nobel de chimie Ben L. Feringa. Inactives ou peu actives contre les bactéries sous leur forme d’origine, ces molécules acquièrent sous irradiation de lumière UV des propriétés antibiotiques. Ainsi, l’action du médicament peut être contrôlée dans le temps et dans l’espace, et la courte durée de vie de la forme irradiée (quelques heures, après quoi la molécule retrouve spontanément sa forme d’origine) permet d’éviter toute persistance d’une activité antibiotique dans l’environnement.

Dans le même esprit, la modification de la structure du méthotrexate, un médicament largement utilisé en thérapie anticancéreuse mais aux effets secondaires sévères (dépression, cirrhose hépatique, pneumonie, etc.), a permis la découverte du phototrexate, sa version « photoswitch ».

Si la forme d’origine du phototrexate n’a pas d’effet, son exposition aux UV lui fait adopter une autre forme, dont la toxicité est proche de celle du méthotrexate. Des expériences in vivo réalisées par les équipes de Soler et Gorostiza sur des embryons de poisson-zèbre traités cinq jours avec le phototrexate ont permis de montrer que si les embryons maintenus dans le noir ont mené à une faible mortalité au bout de cinq jours, d’autres individus irradiés par des UV deux fois par jour ont subi une augmentation du taux de mortalité d’un facteur huit, signe de l’activation du médicament sous l’effet de la lumière (la lumière seule n’ayant pas d’effet significatif sur cinq jours). Des molécules comme le phototrexate pourraient permettre de délivrer une action cytotoxique en irradiant spécifiquement une tumeur, sans altérer les autres parties du corps qui ne recevraient que la forme inactive du médicament.

D’autres domaines bénéficieraient de la possibilité de contrôler précisément l’effet d’un médicament. Dans le cas de la maladie d’Alzheimer par exemple, la quantité d’acétylcholine, un neurotransmetteur impliqué dans le processus de mémoire, est réduite, ce qui déclenche des problèmes de mémoire. Une solution consiste alors à inhiber l’action des cholinestérases, des enzymes qui dégradent l’acétylcholine (c’est l’effet du donépézil par exemple, l’un des rares traitements commercialisés de la maladie), mais un contrôle précis de leur activité est difficile à atteindre avec des thérapies classiques. Récemment, une équipe est parvenue à élaborer une molécule de type « photoswitch » capable d’inhiber l’action de la butyrylcholinestérase sous l’effet de la lumière UV. Cette molécule apparaît comme dix fois plus active sous sa forme irradiée que sous sa forme d’origine lors des tests sur l’enzyme isolée, mais elle produit un effet de type « tout ou rien » sur des modèles de souris présentant les caractéristiques de la maladie d’Alzheimer. En effet, si lors de l’injection du produit non irradié, aucune amélioration notable de la mémoire des souris déficientes n’est remarquée, le traitement avec la forme irradiée permet un retour complet au comportement normal, ce qui ouvre des perspectives intéressantes pour ajuster plus finement l’équilibre chimique du cerveau des patients atteints.

Ces différentes études ont permis de valider des preuves de concept décisives en ce qui concerne l’efficacité de traitements photopharmacologiques in vitro et in vivo. Néanmoins, la transposition de ces résultats vers l’utilisation clinique représente un enjeu et un défi de taille. En effet, l’utilisation systématique du motif azobenzène dans les « photoswitchs » actuels s’accompagne de certains défauts potentiellement rédhibitoires dans un contexte thérapeutique, comme l’utilisation de lumière UV, qui pénètre mal dans l’organisme et peut s’avérer nocive.

Avec d’autres équipes de chimistes, nous tentons de développer des structures alternatives pour surmonter ces difficultés, comme les hémiindigoïdes ou les phénylazothiazoles, activables et désactivables par la lumière visible. Les molécules visées doivent idéalement répondre à trois critères aussi cruciaux que difficiles à atteindre. Elles doivent pouvoir changer de forme efficacement dans l’eau et/ou dans un milieu biologique ; ce changement de forme doit intervenir sous irradiation d’une lumière visible située le plus possible du côté rouge de l’arc-en-ciel, afin de pénétrer profondément dans l’organisme pour toucher par exemple des organes internes ; et la forme irradiée doit mener à une forte augmentation de l’activité biologique par rapport à la forme initiale. Ce subtil équilibre entre les différentes propriétés souhaitées pour un médicament photopharmacologique optimal constitue l’un des principaux défis dans le domaine, et relève d’une véritable orfèvrerie moléculaire.

Le Centre-Val de Loire : laboratoire de l’Internet par la lumière ?

 Le Centre-Val de Loire : laboratoire de l’Internet par la lumière ?

 

Le centre Val de Loire se veut un laboratoire de diffusion d’Internet par la lumière Le Li-Fi (acronyme des mots anglais light et fidelity) est une technologie de connexion Internet sans fil qui utilise la partie visible du spectre électromagnétique en modulant la lumière sur de hautes fréquences pour coder et transmettre des informations.

 

Article de Futura-sciences:

 

Cette technologie prometteuse présentée comme une alternative au Wi-Fi et dont on entend parler depuis une dizaine d’années, tarde à émerger. Cependant, elle devrait nous devenir un peu plus familière cette année grâce à la commercialisation des premiers dispositifs destinés au grand public. En l’occurrence, il s’agit d’une lampe de bureau et d’une serrure connectée, fabriquées par deux entreprises françaises qui ont fait parler d’elles lors du dernier Consumer Electronics Show (CES) : Oledcomm et Havr.

 

Oledcomm a créé MyLiFi, une lampe de bureau LED qui diffuse une connexion Internet sans fil via la lumière. La lampe est munie d’un câble Ethernet qui se branche à un routeur Wi-Fi ou une box Internet. L’ordinateur, que l’on place dans le champ lumineux, est lui équipé d’un récepteur Li-Fi branché via le port USB. La connexion offre un débit de 23 Mbit/s, bien loin de ce que peut faire la norme 802.11ac (jusqu’à 1.300 Mbit/s de débit théorique), qui est la version grand public du Wi-Fi la plus répandue. Mais le Li-Fi a d’autres arguments à faire valoir.

 

Pour mémoire, cette technologie, qui s’apparente au morse dans son fonctionnement, se sert de la modulation de lumière à haute fréquence pour coder et transmettre des informations. Le Li-Fi est présenté comme plus sécurisé que le Wi-Fi (pas de risque de piratage de la connexion à distance) et plus sûr du point de vue sanitaire face à la nocivité que l’on prête aux ondes radio. Oledcomm exploite aussi l’argumentaire de la luminothérapie, mettant en avant la possibilité de contrôler l’intensité de l’éclairage et la température de la couleur.

 

Après l’établissement giennois Bernard Palissy en septembre, le lycée Grandmont à Tours à lui aussi été doté le 19 octobre d’une installation en LiFi (Light Fidelity) pour son Centre de Documentation et d’Information (CDI). Un troisième lycée, probablement professionnel, sera équipé début 2021. Pour mener cette expérimentation, la région Centre-Val de Loire a choisi comme intégrateur Spie ICS. La filiale IT du groupe de BTP s’appuie elle sur la technologie d’Oledcomm. Conjointement à la société écossaise Pure LiFi, cette TPE installée à Vélizy est le co-inventeur en 2012 de la LiFi.

La lumière artificielle responsable de la disparition des insectes

La lumière artificielle responsable de la  disparition des insectes

,Les insectes nocturnes ont mis au point il y a quelques millénaires une technique imparable jusqu’à la création de l’ampoule: fixer un astre et se déplacer en gardant un angle constant par rapport à lui. L’arrivée de l’éclairage artificiel, autour duquel ils tournent frénétiquement jusqu’à épuisement, expliquerait en partie leur disparition progressive. Selon une étude de scientifiques américains publiée dans la revue Biological Conservation le 16 novembre dernier - la plus importante synthèse des connaissances sur ce sujet à ce jour - la pollution lumineuse serait un facteur important, mais négligé, du déclin des populations d’insectes à travers le monde.

La  lumière artificielle peut affecter tous les aspects de la vie des invertébrés: leur mort autour des ampoules, la recherche de nourriture, la disparition des signaux d’accouplement des lucioles et des éphémères, qui ne se voient que dans le noir le plus total, ou encore le fait d’être vulnérables face à leurs prédateurs (rats ou grenouilles). «Nous croyons fermement que la lumière artificielle nocturne – combinée à la perte d’habitat, le recours aux pesticides et aux engrais de synthèse, l’agriculture intensive, les espèces envahissantes et le changement climatique – est en train de provoquer la disparition des insectes», ont conclu les auteurs de cette étude inédite, qui fait la synthèse de plus de 150 recherches antérieures. Et de conclure: «Nous postulons ici que la lumière artificielle est un facteur important – mais souvent négligé – de l’apocalypse des insectes».

La différence avec les autres facteurs de déclin est que la pollution lumineuse est plutôt facile à prévenir, soulignent les chercheurs. Il suffit en effet d’éteindre les lumières inutiles et d’utiliser des ampoules appropriées. «Cela pourrait ainsi réduire considérablement la perte d’insectes, et ce très rapidement», ont écrit les chercheurs. Pour Brett Seymoure, auteur principal de la revue et membre de l’Université Saint-Louis de Washington, la lumière artificielle «est un éclairage provoqué par l’homme, allant des lampadaires aux torches à gaz pour extraire le pétrole. Cela peut affecter les insectes dans presque tous les aspects de leur vie».

À la fin du XIXe siècle, les insectes constituaient les deux tiers (66 %) des espèces terrestres. Soit un peuple diversifié de près d’un million d’espèces sur Terre, dont la moitié vit la nuit. Aujourd’hui, selon un bilan réalisé par des chercheurs australiens et publié en février dernier, près de la moitié des insectes sont en déclin rapide dans le monde entier. «La conclusion est claire, soulignent les auteurs, à moins que nous ne changions nos façons de produire nos aliments, les insectes auront pris le chemin de l’extinction en quelques décennies». Aujourd’hui, environ un tiers des espèces sont menacées d’extinction «et chaque année environ 1% supplémentaire s’ajoute à la liste», ont calculé Francisco Sanchez-Bayo et Kris Wyckhuys, des universités de Sydney et du Queensland. Ce qui équivaut, notent-ils, «au plus massif épisode d’extinction» depuis la disparition des dinosaures.

En accord avec cette précédente étude, les scientifiques américains jugent que la disparition des insectes aurait «des conséquences dévastatrices pour la vie sur cette planète». Exemple de service vital rendu par les insectes, et sans doute le plus connu, la pollinisation des cultures. À l’inverse, exemple d’impact de leur disparition sur toute la chaîne alimentaire: le déclin «vertigineux» des oiseaux des campagnes révélé en France en 2018. Selon une étude parue fin 2017 et basée sur des captures réalisées en Allemagne, l’Europe aurait perdu près de 80% de ses insectes en moins de 30 ans, contribuant à faire disparaître plus de 400 millions d’oiseaux. Oiseaux, mais aussi hérissons, lézards, amphibiens, poissons… tous dépendent de cette nourriture.

La lumière artificielle pollue la terre

La lumière artificielle pollue la terre

De plus en plus de discours sur les économies d’énergie en particulier d’électricité mais de plus en plus d’éclairage artificiel notamment en zone urbaine. Sur Franceinfo on apprend que  la pollution lumineuse est de plus en plus importante sur Terre, un phénomène aggravé par la nouvelle technologie des lampes à diode électroluminescentes (LED). C’est ce que démontre l’analyse des observations d’un satellite, selon des travaux publiées dans la revue Science Advances  mercredi 22 novembre. Les chercheurs ont déterminé que l’éclairage planétaire s’est accru, tant en quantité qu’en intensité, d’environ 2% par an de 2012 à 2016. L’accroissement de la lumière artificielle se produit presque partout sur le globe avec des régions peu éclairées précédemment, où la luminescence est nettement plus importante, pointe Christopher Kyba, un chercheur du Centre GFZ de recherche de géophysique à Potsdam en Allemagne, le principal auteur. Cette étude est l’une des toutes premières à examiner depuis l’espace les effets de la transition en cours dans le monde vers l’éclairage LED qui est nettement moins gourmand en énergie. Les résultats indiquent que les économies d’électricité résultant de cette nouvelle technologie sont plus faibles qu’attendues. Les chercheurs ont conclu que les économies d’énergie réalisées grâce à la technologie LED ont apparemment été investies pour installer encore plus d’éclairages extérieurs. Selon un nouvel atlas mondial de la pollution lumineuse publié en 2016, plus de 80 % de l’humanité vit sous des cieux inondés de lumière artificielle, et un tiers de la population de la planète ne peut jamais voir la Voie lactée. Cette carte permet d’étudier les éclairages artificiels comme un polluant avec un impact potentiel sur la santé et l’écologie, expliquait alors l’équipe internationale qui l’a mise au point.

 




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