Rebellion des responsables LREM de Seine-Saint-Denis contre le parti et le mondain Laurent Saint Martin
Une douzaine d’adhérents et responsables locaux de LREM en Seine-Saint-Denis dénoncent, dans une lettre ouverte au Président, le « parachutage » de la porte-parole du mouvement, Prisca Thévenot, comme tête de liste aux régionales dans leur département
Monsieur le président de la République,
Nous, marcheurs de Seine-Saint-Denis de la première heure, nous nous permettons de vous écrire car l’heure est grave dans notre département. Nous souhaitons sauver notre mouvement dans le 93 qui est en train de perdre son âme, son souffle et tous ses idéaux à travers des choix politiques iniques qui démontrent que la voracité, la rapacité et la concupiscence en politique sont devenues un ADN, un art de vivre et de servir en politique, pour certains au sein du mouvement. Il sera impossible de réussir le dernier kilomètre du quinquennat dans ces conditions désastreuses.
« La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants. Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice », dit la Constitution dont vous êtes le garant. Nous exprimons notre vive inquiétude et désarroi face à la désignation d’une Parisienne [Prisca Thevenot] en tant que tête de liste dans le département pour les élections régionales des 20 et 27 juin. La composition de la liste reflète un népotisme caractérisé, aux antipodes des valeurs du mouvement que vous avez créé en 2016.
Est-ce la vision de l’égalité des chances dont elle était en charge anciennement ? Ce choix néfaste, qui est plus qu’une duperie pour le mouvement et la démocratie, ne doit pas être un boulet pour le 93. Est-ce que la tête de liste en Ile-de-France [Laurent Saint-Martin] souhaite offrir comme vision et comme avenir politique aux Séquano-dyonisiens ? Comment une porte-parole de La République en marche peut-elle être l’étendard de ce parachutage et de ce copinage ?
Nous n’en pouvons plus d’être mis de côté par une minorité dès que nous nous exprimons, sans aucune contradiction possible. Ne sommes-nous bons que pour tracter et coller des affiches sans que l’on nous respecte lorsque nous souhaitons proposer des idées et un projet pour notre département ? Pourquoi n’y a-t-il pas eu un appel à candidatures pour la désignation de la tête de liste à travers la présentation d’idées et de projets soumis à la discussion des marcheurs ? Les valeurs et les idées du mouvement, c’est ce qui compte avant toute cette politique de bas étage.
«Nous n’en pouvons plus de ne pas être entendus par le mouvement, le siège et la tête de liste en Ile-de-France, d’être méprisés; ça suffit!»
Malgré nos nombreuses alertes auprès de plusieurs cadres du siège, rémunérés par les dons des adhérents, que ce soit au pôle territoires Ile-de-France et au pôle territoires national ; au pôle élections au siège, en charge de la Seine-Saint-Denis ; auprès de la responsable nationale en charge des statuts du mouvement, du délégué général [Stanislas Guerini] et de son cabinet ainsi que de la tête de liste en Ile-de-France et de son équipe, cette situation n’a pas été résolue. Pire encore, il y a eu un passage en force sans état d’âme avec la complicité d’un des députés LREM du département.
Est-ce cela la bienveillance ? À quel moment travaille-t-on sincèrement pour les habitants ? Quand une personne est tête de liste, « ce n’est pas une option d’être au service de la population, c’est obligatoire pour l’intérêt des habitants ». Laurent Saint-Martin a franchi la ligne jaune en acceptant ce parachutage, un choix irrémédiablement perdant pour les habitants du 93. Pire encore du point de vue démocratique et républicain, le préambule et la charte des valeurs des statuts du mouvement, ainsi que son article 3 ont été bafouées.
Nous l’affirmons, le parachutage, le népotisme, et le copinage sont nos adversaires politiques principaux. Il ne faut pas raconter de carabistouilles à nos concitoyens en Seine-Saint-Denis, qui n’en peuvent plus de cette politique. Tout cela est en contradiction totale avec le « renouvellement des usages et visages » porté par vous à la création du mouvement, Monsieur le président de la République. Nous n’en pouvons plus de ne pas être entendus par le mouvement, le siège et la tête de liste en Ile-de-France, d’être méprisés ; ça suffit !
Le dispositif monté par En Marche, 1000 Talents «est devenu, à notre grand regret, 1 000 copains, 1 000 soifs de pouvoir, sans scrupule ni vergogne»
Cette élection sera capitale « pour la relance du pays », comme l’a indiqué le délégué général, et la région devra jouer un rôle de « booster », notamment en Seine-Saint-Denis, durement touchée par la crise sanitaire, économique et sociale. Le département le plus jeune de France mérite mieux qu’un choix extérieur au territoire, surtout dans une configuration où le risque frontiste est particulièrement élevé et qui se nourrit des défaillances et des incohérences des partis politiques républicains. Mieux que des candidats avec lesquels aucune relation et confiance n’ont été construites.
Ce parachutage et ce choix de tête liste ont été faits sans aucun respect des instances collégiales départementales du mouvement, le conseil territorial et le comité politique, ni du travail mené dans le cadre des dispositifs d’émergence des talents conçus par le siège lui-même et financés par les dons des adhérents tels que 1 000 talents, Toutes Politiques et la commission nationale des talents, et sans aucune considération des nombreuses remontées de terrain transmises au siège.
Pourquoi la tête de liste régionale n’a-t-elle pas le même sérieux politique pour ces élections régionales qu’en tant que rapporteur du budget ? 1 000 talents est devenu, à notre grand regret, 1 000 copains, 1 000 écrasements des talents du 93 et 1 000 soifs de pouvoir, sans scrupule ni vergogne.
Comme vous l’avez rappelé le 15 septembre 2017, la Seine-Saint-Denis est une terre de talents et a un « potentiel comparable à celui de la Silicon Valley ». Pas un département à vendre et encore moins une monnaie d’échange.
Siéger au conseil régional dans ces conditions, notamment pour la tête de liste du 93, est tout simplement une hérésie et s’oppose à notre idéal politique. C’est une véritable faute morale, citoyenne et politique. Les Séquano-dyonisiens méritent bien mieux.
Nous aimons sincèrement notre mouvement en Seine-Saint-Denis et nous souhaitons qu’il reste porteur d’un message d’espoir fort et généreux, notamment pour ceux qui sont les plus éloignés de la vie politique, dans un département qui vous a accueilli les bras ouverts et en toute amitié, lors de l’annonce de votre candidature à l’élection présidentielle le 16 novembre 2016 à Bobigny.
Monsieur le président de la République, si « la Seine-Saint-Denis est presque la Californie », il faut lui donner véritablement les moyens de sa concrétisation, un souffle politique crédible et un avenir radieux, respectueux des attentes des marcheurs et des habitants. La respecter avant de vouloir l’aimer. Au risque de ne jamais avoir la mer et encore moins la fraîcheur des nouveaux horizons !
Premiers signataires :
Jean-Marie Musquet, maire adjoint du Blanc-Mesnil, conseiller territorial à Paris Terres d’Envol, et adhérent LREM 93 ; Morad Agrebi, conseiller municipal de Bobigny et membre du comité politique LREM 93 ; Mouloud Medjaldi, conseiller municipal délégué de Montfermeil et adhérent LREM 93 depuis 2016 ; Michel Collignon, conseiller municipal du Blanc-Mesnil et adhérent LREM 93 ; Billel Ouadah, adhérent désigné LREM 93 depuis avril 2016, membre du conseil territorial et candidat LREM aux élections législatives de 2017 ; Karim Allouache, adhérent LREM 93 depuis février 2017, animateur local, responsable départemental du pôle éducation, ancien conseiller municipal de Bondy (2014-2020) et délégué LREM à Bondy aux élections présidentielle, législatives, et européennes ; Mélissa Raynaud, ancienne animatrice locale de Pantin (2017-2020) et adhérente LREM 93 ; Assina Chettouh, adhérente LREM 93 depuis février 2017, animatrice locale de Bondy, et ancienne conseillère municipale de Bondy (2014-2020) ; Sébastien Maltat, adhérent LREM 93, animateur local de Pierrefitte et responsable départemental 1000 Talents et formation ; Latifa Hammadache, animatrice locale de Bobigny et conseillère citoyenne de Bobigny ; Razika Chaou, adhérente LREM 93 depuis 2016, ancienne animatrice locale de Bagnolet ; Herbert Ndoumou, adhérent LREM 93 et responsable département du pôle social et santé ; Christian Naudin, adhérent LREM 93 depuis 2017 et membre du comité de Bondy.