Archive pour le Tag 'l’ORTF !'

Retour à l’ORTF voté

Retour à l’ORTF voté… et contesté

 

Curieusement ce sont à peu près les mêmes qui ont protesté contre l’éclatement de l’ORTF dans les années 1974 qui aujourd’hui critiquent le regroupement dans une même société de l’audiovisuel public. À l’époque les syndicats et les partis de gauche mettaient en avant surtout le risque de privatisation. Aujourd’hui il critique le risque de reprise en main politique. D’un point de vue structurel, la reconstruction d’une sorte de grosse cathédrale médiatique n’est pas pourtant une garantie d’innovation, de diversité et de compétitivité.

Notons que c’est la même droite à travers Dati qui recompose une sorte de nouvelle ORTF et c’est la même gauche qui critique un regroupement après l’avoir condamné. La vérité sans doute c’est que le positionnement politique dépend de la situation de pouvoir un moment donné. Le plus grand risque c’est que la nouvelle ORTF sorte la même bouillie médiatique et culturelle dans l’ensemble de ses composantes.

L’amendement gouvernemental prévoit la fusion de France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et l’Ina. Les députés ont voté mardi soir en commission la fusion des sociétés de l’audiovisuel public au 1er janvier 2026, voulue par la ministre de la Culture Rachida Dati mais décriée par la gauche et les syndicats.

L’amendement gouvernemental prévoyant cette fusion de France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et l’Ina a été adopté par 30 voix contre 18, dans le cadre de l’examen en première lecture d’une proposition de loi issue du Sénat.

 

 

Non au retour de l’ORTF !

Non au retour de l’ORTF !

 

Jean-Noël Jeanneney, historien : « La fusion de l’audiovisuel public nous ramènerait au temps antédiluvien du gargantuesque ORTF ».L’ancien président de Radio France fustige, dans une tribune au « Monde », le projet de la ministre de la culture, Rachida Dati, de réunir France Télévisions, Radio France, France 24, RFI et l’INA.

Etrange destinée des idées néfastes ! Il en est que l’on enfonce dans le sol à coups de pied et dont on se croit débarrassé. Mais il arrive qu’elles cheminent sous la terre, comme ferait une taupe, jusqu’à réapparaître, de façon inopinée, pour le pire. Tel est le cas de la résurrection du fantôme décavé de l’ORTF.

Rachida Dati, à peine nommée ministre de la culture, en confirme l’intention en la posant comme un élément majeur de son action prochaine. On intégrerait ensemble France Télévisions, Radio France, France Médias Monde (qui englobe France 24 et RFI [Radio France internationale]), et l’Institut national de l’audiovisuel [INA]. [L’ancien ministre de la culture, désormais chargé du commerce extérieur] Franck Riester, rue de Valois, avait fait naguère sa marotte de ce projet. L’histoire avançant souvent droit avec des lignes courbes, l’épidémie de Covid-19 paraissait nous en avoir délivrés. Hélas ! La ministre vient de nous dire, notamment sur France Inter, que si l’on procédait rapidement à cette fusion, si l’on avait devant soi un audiovisuel public regroupé, « fort, puissant, préservé, l’aspect budgétaire suivra[it] ».

Voilà bien une logique qui paraît douteuse, surtout si l’on considère le fond du tableau. L’impression a prévalu souvent, depuis 2017, que l’audiovisuel public était mal considéré par le pouvoir exécutif en place. Un premier signe, dérisoire, fut fourni en 2019 par la décision du ministre des comptes publics, Gérald Darmanin [aujourd’hui ministre de l’intérieur] de diminuer la redevance d’un euro symbolique. Il mêlait l’insolence au mépris. Ensuite, dans la même ligne, fut annoncée la suppression pure et simple, déplorable, de cette taxe « fléchée ». Suppression entourée de moult promesses, croix de bois, croix de fer, selon lesquelles la garantie d’un financement pérenne ne serait pas affectée : promesses parfaitement fragiles. Sous cette lumière, comment se laisser persuader que l’assemblage hétéroclite dont il est question changerait soudain, de façon positive, les choix budgétaires, c’est-à-dire la volonté politique ?
Certes, encourager ces sociétés séparées à coordonner des efforts au service de projets originaux et neufs ne peut qu’apparaître bienvenu. Qu’un gouvernement les y pousse, notamment lors de la négociation des « contrats d’objectifs et de moyens », rien de plus normal…




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