L’ordonnance anticrise du Conseil d’analyse économique: 50 milliards
Pour le conseil d’analyse économique la recommandation est claire, il faut ignorer pour l’instant tous les déficits y compris celui des retraites et se concentrer uniquement sur l’emploi et le pouvoir d’achat. On sent cependant que l’ordonnance du conseil d’analyse économique a été rédigée un peu dans la précipitation avec les principales propositions qui ressortent à savoir des bons d’achat notamment de produits verts pour les plus défavorisés et des primes à l’embauche.
Des mesures sans doute à approfondir, à cibler pour qu’elles elles puissent aider la consommation des ménages qui soutient actuellement à bout de bras la croissance en raison de l’écroulement des échanges internationaux et des investissements.
Les mesures proposées paraissent un peubrouillones mais elles se veulent sans doute surtout un message sur la ligne stratégique à tenir qu’on peut résumer de la manière suivante : on met de côté les questions financières pour se consacrer essentiellement au soutien de l’emploi. Le Conseil d’analyse économique (CAE), publie une série de recommandations, qui peuvent se résumer en une formule assumée « la relance et l’investissement priment à court terme sur l’équilibre des finances publiques ». Car récupérer ces 2 % de la consommation qui manquent s’annonce « décisif », même s’ils peuvent sembler peu de chose. Mais cette faible perte revient à 1 % de PIB en moins et 1 % de chômage en plus et des conséquences graves sur l’emploi.
Pour les experts, l’automne-hiver marquera soit un retour à la normale, soit le début d’une crise « persistante ». Le danger repose sur les prophéties autoréalisatrices : multiplier les mauvaises nouvelles, et notamment les annonces de réduction de postes dans les entreprises, fait chuter la confiance des Français. Du coup, ces derniers risquent de préférer garder leur épargne que de la consommer, et donc la demande va baisser, les investissements avec, et les entreprises licencieront.
Pour éviter ce « cercle vicieux », les économistes préconisent, entre autres mesures, de doubler l’allocation de rentrée scolaire et de distribuer des « bons d’achat » aux ménages modestes, à dépenser avant 2021 dans l’achat de biens « verts », une mesure déjà évoquée par le Medef. « Les ménages les plus modestes dépensent immédiatement la moitié d’une aide financière, tandis que les plus aisés ne dépensent que 35 % du montant donné et épargnent le reste », indiquent-ils dans la note, appelant à diriger l’aide vers les plus pauvres.
Pour l’emploi, le CAE privilégie une prime forfaitaire à l’embauche, ciblée sur les bas salaires et les jeunes. Selon eux, cette mesure permet d’accélérer la dynamique du marché du travail, là où une baisse de charges ne bénéficierait qu’aux travailleurs déjà en poste et aurait donc moins un « effet relance ». Comme pour la plupart des autres mesures, ils recommandent de limiter son application dans le temps, par exemple uniquement pour les embauches entre le 1er septembre 2020 et le 1er septembre 2021.
Les jeunes diplômés « qui arriveront sur un marché de l’emploi déprimé » pourraient aussi être employés temporairement par l’éducation nationale pour réaliser du tutorat auprès des décrocheurs. Les économistes estiment que ce dispositif coûterait environ 3 milliards d’euros par an aux finances publiques.
Au total, le paquet de mesures présentées par le CAE pèserait 48 milliards d’euros, sur le court et moyen terme, et en combinant relance de l’offre et soutien de la demande. « Le risque d’affaiblissement économique nous paraît plus grave que celui d’une augmentation de la dette », affirment les auteurs de la note, qui ont profité de la présentation pour répondre au nouveau premier ministre, Jean Castex : « l’urgence pour le moment n’est pas de savoir comment financer les déficits, y compris celui des retraites. »