Réforme des retraites : avancées sur les « carrières longues »
La Première ministre Elisabeth Borne a fait, mardi 14 février, un nouveau pas vers les élus LR, dont elle courtise le vote pour faire adopter son projet de réforme des retraites à l’Assemblée.
. Ceux ayant commencé à travailler entre 20 et 21 ans seront, après la réforme, intégrés au dispositif « carrière longue », qui permet de partir en retraite à un âge anticipé. Ces personnes pourront partir un an avant l’âge légal, c’est-à-dire à 63 ans au lieu de 64 ans. A deux conditions : avoir cotisé la durée légale, c’est-à-dire 43 ans… dont quatre ou cinq trimestres avant 21 ans, selon leur mois de naissance
La Première ministre a par ailleurs fait une annonce surprise. « Dès lors qu’est atteint l’âge de départ anticipé, la réforme ne prévoit pas, pour les carrières longues, de durée de cotisation supérieure à 43 ans », a affirmé Elisabeth Borne. En clair : en cas de carrière longue, seul l’âge de départ anticipé et 43 années de cotisation sont nécessaires pour prendre sa retraite.
Dans le projet initial, le gouvernement avait conservé à 60 ans l’âge du départ anticipé pour ceux ayant commencé à travailler à 16 ou 17 ans. Mais il leur demandait pour cela de cotiser une année de plus que la normale (44 annuités). Ce qui aurait entraîné, pour les personnes ayant commencé à travailler à 17 ans, un départ à 61 ans et non à 60 ans. Grâce à l’annonce d’Elisabeth Borne, qui devra être matérialisée par décret, cette génération conserve donc des conditions de départ à la retraite similaires à avant la réforme.
Ceux qui ont commencé à travailler à 17 ans ne seront pas les seuls bénéficiaires de ce geste. C’est aussi le cas de ceux qui ont commencé à travailler à 15 ans. Dans le système actuel, ils peuvent en théorie partir en retraite à partir de 58 ans, mais doivent avoir cotisé 45 ans. Dans les faits, ils ne peuvent donc partir qu’à partir de 59 ans. Grâce à l’amendement proposé par Elisabeth Borne, ils pourront partir après 43 années de cotisation, soit à 58 ans.
Ceux qui ont travaillé de manière discontinue pourront également bénéficier du geste proposé par la Première ministre. « Un jeune qui a commencé à travailler à 16 ans, avec une année où il n’aurait pas travaillé, (…) eh bien arrivé à 60 ans, c’est-à-dire à son âge légal, il aurait 43 années de cotisation et il pourrait partir à la retraite », a par exemple détaillé Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement, à la sortie du Conseil des ministres.
… mais d’autres devront quand même cotiser 44 ans
Pour autant, tous les travailleurs concernés par une « carrière longue » ne pourront pas partir après 43 années de cotisation. Comme l’a rappelé le ministre du Travail Olivier Dussopt, sur France Inter, « on a un système de retraite qui a toujours fonctionné avec un âge de départ et une durée de cotisation ». Ces deux conditions s’additionnent.
Ceux qui ont commencé à travailler à 18 ans sans interruption restent pénalisés par la réforme, malgré l’annonce de la Première ministre. Aujourd’hui, ils peuvent prétendre à un départ à la retraite à 61 ans, après 43 années de cotisation. Après la réforme, ils pourront toujours bénéficier d’un départ anticipé, mais seulement à partir de 62 ans. Soit une durée de cotisation de 44 ans.
Ceux ayant commencé à travailler à 14 ans ou à 16 ans devront eux aussi cotiser durant 44 années. Une situation équivalente, voire plus favorable pour certains, au système actuel, dans lequel cette durée peut aller jusqu’à 45 ans.