Démocratie : la nécessaire régulation des logarithmes de recommandation
Les algorithmes de recommandation contribuent à radicaliser les utilisateurs des réseaux sociaux et génèrent de la violence, met en garde dans une tribune au « Monde » Jean-Pascal Gayant, Professeur de sciences économique, directeur de l’IUT de Saint-Malo.
Parmi les périls qui menacent les démocraties libérales, il en est (au moins) deux contre lesquels il est urgent d’agir : la dégradation de la concurrence et la détérioration de l’information. La dégradation de la concurrence est un danger pour le capitalisme, c’est-à-dire le système dans lequel tout porteur d’un projet innovant pourra mobiliser le capital nécessaire à la création de son entreprise, et pour son corollaire politique, la démocratie libérale.
Les vertus du capitalisme sont la libre entreprise, la liberté de choix des consommateurs et, lorsque la concurrence est garantie, un partage du surplus favorable à ces derniers. Toute dégradation de la concurrence fait naître des positions dominantes et des rentes indues. En plus d’engendrer une sous-optimalité économique, elle creuse les inégalités entre citoyens.
L’Union européenne a pris, au premier semestre de cette année, des mesures historiques pour préserver la concurrence au travers du Digital Market Act (DMA), un paquet législatif destiné à encadrer l’activité des Gafam – Google, Apple, Meta (Facebook), Amazon et Microsoft – et renforcer la liberté de choix des consommateurs. Un second volet de mesures a été décidé, en remplacement de la directive européenne sur l’e-commerce : c’est le Digital Services Act (DSA).
Il s’agit, cette fois, de réguler plus spécifiquement les réseaux sociaux. L’Union européenne contraint les plates-formes à supprimer les contenus qui enfreignent les réglementations européennes et nationales. Facebook et Twitter vont devoir être plus transparents sur leur politique de modération des contenus, mais aussi sur leurs algorithmes de recommandation.