Archive pour le Tag 'lits'

Punaise des lits: point de vue scientifique

Punaise des lits: point de vue scientifique

Impossible de passer à côté d’elles, même si vous avez la chance de ne jamais avoir croisé leur chemin, les punaises de lit sont au centre de l’attention médiatique et politique. Ces insectes indélicats ne font pas de différence dans la qualité des habitations et s’installent partout, des hôtels de luxe aux hôpitaux, HLM et quartiers bourgeois. Suivant la plus grande partie des populations humaines modernes, ces punaises préfèrent désormais la ville. Qu’est-ce qui explique ce retour et ce succès dans tous nos habitats, quelles solutions pour s’en débarrasser ? Leur biologie explique-t-elle leur succès ? Au-delà de nos craintes et phobies, quel est l’impact véritable de ces hématophages ?


Romain Garrouste
Chercheur à l’Institut de systématique, évolution, biodiversité (ISYEB), Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) dans The Conversation

Insecte hématophage, la punaise des lits (Cimex lectularius) est un petit insecte hémiptère de 6 mm doté de grandes capacités sensorielles pour détecter ses proies dans le noir ou la pénombre. Sa biologie est celle d’un parasite externe : grande fécondité (de 200 à 500 œufs par femelle), capacité de résister à la privation de nourriture (plus de trois mois sans se nourrir, voire plus), perte des ailes mais capacité à être transporté : vêtements, meubles, bagages, etc.) pour se nourrir exclusivement de sang. Autre particularité qui peut expliquer leur succès, les mâles, plutôt agressifs, pratiquent un curieux mode de reproduction en injectant directement les spermatozoïdes dans l’abdomen de la femelle avec un organe-seringue, sans passer par les voies génitales, que l’on appelle l’insémination traumatique. Pour retrouver les femelles et plus largement leur congénères (et se regrouper), elles possèdent une écologie chimique très efficace (dont une odeur que nous pouvons sentir).

Les repas de sang sont nécessaires pour les larves pour boucler leur développement et pour les adultes pour se reproduire et pondre. La piqûre, associée à une salive avec diverses propriétés, provoque des démangeaisons et des allergies, et quelquefois des phobies sociales. Mais rassurez-vous : malgré un nombre d’insectes pouvant être localement important, voire impressionnant, leur petite taille n’impacte qu’exceptionnellement la qualité du sang de leur hôte (pas de risque d’anémie).

Du fait de son compagnonnage avec l’homme, la punaise des lits est l’un des animaux très largement répandu dans le monde entier. Il peut vivre aux latitudes polaires (stations, bases, etc.), aux altitudes élevées (refuges, camps), dans les déserts, et… partout ailleurs.

Sous les tropiques, une deuxième espèce prolifère : Cimex hemipterus, même mode de vie, même appétit pour l’humain.

Mais pourquoi donc ce satané insecte nous « aime »-t-il tant ? Hémiptère Hétéroptère de la famille des Cimicidae, cette punaise hématophage stricte ne peut se nourrir que sur des hôtes mammifères à sang chaud. Elle est pourvue de pièces buccales transformées pour piquer à travers les téguments de son hôte qu’elle approche dans leurs nids ou leur gîtes. Toutes les espèces de cette famille (une centaine dans le monde) ont cette biologie d’hématophages et vivent au dépens d’hôtes divers, oiseaux ou mammifères comme les chauves-souris, dans leurs nids ou des habitats particuliers comme les grottes.

C’est là qu’intervient le climat. Les premières populations humaines modernes ont du faire face à plusieurs glaciations des parties tempérées de notre planète (la dernière en Europe remonte de -115 000 à -10 000 ans) et ont utilisé l’habitat cavernicole partout où cela était possible. Vivaient alors un peu partout des Cimicidae et autres parasites des chauves-souris, autres mammifères et oiseaux troglophiles.

On pense donc que c’est dans cet habitat refuge que le compagnonnage avec l’humain s’est établi. Les populations humaines ont commencé à emporter avec eux cette espèce lors de leurs déplacements puis dans leurs habitats extérieurs, et une véritable domestication (un commensalisme pour être précis) s’est mise en place.

C’est encore une hypothèse, mais qui commence à être étayée par les résultats de la génétique des populations actuelles : deux lignées de punaises cohabiteraient, l’une inféodée aux chauves-souris, l’autre à l’homme. C’est la marque d’une microévolution qui n’est pas allée jusqu’à son terme : l’apparition de deux espèces différentes.

Indice supplémentaire, on commence à trouver des preuves archéologiques de la présence des Cimicidae auprès des premiers humains. Sinon, le premier Cimicidae connu a été retrouvé dans de l’ambre de Birmanie (environ 99 millions d’années) et possédait, lui, des ailes.

Cette relative « longue » histoire n’en est peut être qu’à ces débuts car il semblerait qu’il n’y ait pas eu encore d’adaptation de pathogènes humains à ce « nouveau » vecteur. Il s’agit là d’un problème crucial : si jamais des pathogènes (virus, bactéries) étaient transmis aux humains par le biais des punaises, alors il ne s’agirait plus seulement de piqûres, certes très désagréables mais pas très dangereuses. Que nous réserve l’avenir à ce sujet ?

Les punaises de lits ont été bien contrôlées pendant le XXe siècle grâce à l’utilisation des insecticides de synthèse, associée à l’amélioration des conditions de vie dans les habitats. Leur retour serait lié au phénomène de la résistance à ces insecticides.

Refugiées dans quelques zones adéquates, les punaises ayant progressivement acquis cette résistance ont pu refonder des populations et repartent à la conquête de leurs anciens territoires. Un mouvement amplifié par l’accroissement des voyages. Le manque d’information, dû au problème psychologique et social que représente une infestation par les punaises des lits est une limitation a leur éradication (par exemple entre propriétaire et locataire, hôtelier et clients, etc.).

Les stratégies de lutte sont en plein développement, y compris de nouveaux insecticides « biologiques » (par exemple des huiles essentielles).

La détection est la première étape et la discrétion de ces insectes fait que l’on recourt quelquefois à des chiens dressés spécialement. Ils permettent d’identifier les refuges domestiques (en général dans les chambres à coucher, autour des lits, etc.).

Le lavage à 60° minimum, la congélation, la chaleur au-dessus de 45° (par exemple lors du repassage des vêtements) sont des méthodes à utiliser. Pareil pour les meubles, si c’est possible. Il existe aussi des méthodes traditionnelles : par exemple, certaines plantes collantes sont utilisées comme adhésif pour piéger les insectes et l’on sait que les substances poudreuses (farine, diatomite, etc.) les repoussent. Un lit avec ses quatre pieds dans de la farine est ainsi protégé, mais les punaises peuvent se laisser tomber du plafond…

Dans tous les cas, des combinaisons de méthodes permettant la détection précoce, la rupture trophique (empêcher que les punaises se nourrissent et finissent par mourir de faim) et divers traitements sont à utiliser. Mais la punaise de lit est rusée : elle peut « hiberner » (processus de diapause à basse température, à partir de 16 °C) qui permet aux punaises adultes d’attendre des lendemains meilleurs.

Quant à la lutte biologique, elle semble complexe à mettre en œuvre. En effet, il semble délicat de lâcher des insectes et autres habitants des maisons comme les araignées, scolopendres, psoques, punaise réduve masquée… pour lutter contre les punaises des lits, malgré leur efficacité avérée.

Vous l’aurez compris, les punaises de lits ne sont pas des compagnons sympathiques mais pour l’instant, ils ne sont pas des vecteurs de maladies graves. Mais c’est une situation qui pourrait changer et il vaut envisager de mieux lutter contre ces hôtes indésirables. Un dernier élément pour, quand même, leur trouver quelque utilité : la police scientifique pourrait en effet les utiliser dans les enquêtes criminelles. L’ADN humain peut persister jusqu’à 90 jours après un repas de sang. La punaise de lit rejoindrait alors les Experts et une nouvelle branche des sciences forensiques, l’« hématophagie forensique » naîtrait

Hôpitaux :5700 lits supprimés !

Hôpitaux :5700 lits supprimés ! 

C’est le paradoxe ; alors qu’on connaît une crise sanitaire sans précédent sur sa lancée la politique hospitalière continue à supprimer des lits. Ainsi près de 6000 auront été supprimé en 2020. On continue de fermer des établissements hospitaliers, de réduire le champ d’activité d’autres et de renforcer la concentration hospitalière sururbaine. Sur la tendance d’ici une dizaine d’années en moyenne on ne pourra compter qu’un véritable hôpital par département. Certains seront maintenus de manière artificielle. Déjà nombre d’établissements moyens ne possède plus de spécialistes. Beaucoup d’anciens établissements hospitaliers se transforment en lieux de convalescence.

Certes on peut comprendre que l’évolution technologique conduise à la concentration de certains moyens pour des pathologies lourdes ; par compte, nombre d’affections concerne des pathologies qui ne nécessitent pas d’être traitées par des établissements hyper pointus. À travers la question hospitalière c’est aussi l’aménagement du territoire qui est en cause.

La  France compte désormais moins de 3000 hôpitaux et cliniques. «Sous l’effet des réorganisations et des restructurations», 25 établissements publics et privés ont fermé l’an dernier, indique la Drees. Les 2983 structures encore ouvertes fin 2020 disposaient très exactement de 386.835 lits d’hospitalisation complète fin 2020, soit 5758 de moins en un an – comparé au dernier bilan pour l’année 2019, publié en juillet par la même direction statistique des ministères sociaux.

Covid: 3 000 nouveaux lits de réanimation, avec quel personnel ?

Covid: 3 000 nouveaux lits de réanimation, avec quel personnel ?

 

Pour Bertrand Dureuil,Chef du pôle réanimations anesthésie SAMU (CHU de Rouen) et Jean-Paul Mira, Chef de service de médecine intensive-réanimation (AP-HP ; hôpital Cochin) la demande du chef de l’Etat de lits supplémentaires suppose de disposer du personnel suffisant, alertent, dans une tribune au « Monde », les présidents des deux conseils nationaux professionnels de réanimation, qui formulent des recommandations pour une mise en œuvre de cette mesure.

 

Tribune.

La circulation du coronavirus n’est actuellement pas contrôlée. Face à ce constat, le président Emmanuel Macron a proposé de nouvelles mesures visant au freinage de la troisième vague, mais également au renforcement de notre système de santé avec notamment la création de 3 000 lits de réanimation. Cela permettrait de porter à 10 000 le nombre des lits de réanimation alors que plus de 5 000 d’entre eux sont déjà occupés par des patients souffrant de formes graves du Covid-19. Si personne ne peut contester la nécessité de renforcer les capacités des hôpitaux en lits de réanimation, nous nous interrogeons sur la mise en œuvre pratique de cette mesure.

 

En effet, la création de 3 000 lits de réanimation dans les prochains jours sous-entend que nous disposions d’environ 4 800 à 6 000 nouveaux infirmiers, mais aussi d’aides-soignants, de kinésithérapeutes, de psychologues et de médecins supplémentaires. Cette demande en personnels intervient dans un contexte de pénurie de personnels soignants médicaux et paramédicaux antérieur à la crise, et dans celui d’une grande fatigue des professionnels de santé.

Compétences professionnelles

Au-delà de l’aspect quantitatif, déjà préoccupant, se pose la question de la compétence en soins critiques de ces personnels de renfort tout particulièrement pour ce qui concerne les infirmiers. En effet, les compétences professionnelles indispensables pour travailler dans l’environnement technique très complexe de la réanimation auprès de patients dont l’évolution est suivie en continue ne s’acquièrent pas en quelques jours. Ces observations conduisent les conseils nationaux professionnels d’anesthésie-réanimation, médecine péri-opératoire et médecine Intensive et réanimation à rappeler trois recommandations, déjà formulées en juillet 2020, pour que notre système de soins critiques soit effectivement en condition de mieux s’adapter en situation de crise sanitaire :

Premièrement, la reconnaissance des compétences très spécifiques des infirmiers des services de réanimation qui, aujourd’hui, ne sont absolument pas prises en compte et valorisées en France. Alors que de nouveaux lits sont à ouvrir, ces personnels non reconnus s’interrogent sur leur départ des unités de réanimation.

« Aujourd’hui, la réserve soignante est encore un projet et nous ne disposons pas de soignants “familiarisés” au quotidien avec les soins critiques »

Deuxièmement, le renforcement du ratio actuel infirmier/patient en réanimation, qui doit être porté de 1 infirmier pour 2,5 patients à 1 infirmier pour 2 patients. Cette mesure, justifiée par la charge en soins très lourde, permettrait, en cas de crise et d’extension de nos réanimations, de disposer de davantage d’infirmiers experts en réanimation pour encadrer les personnels venus en renfort. Aujourd’hui, le nombre insuffisant de nos infirmiers experts est un frein à l’ouverture de nouveaux lits de réanimation.




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