La chaîne logistique américaine ébranlée par la mise sur liste noire de 11 sociétés chinoises (Wall Street Journal, extrait, paru dans l’Opinion)
Lundi, Washington a placé sur liste noire 11 entreprises chinoises accusées d’être liées à la persécution de la minorité ouïghoure dans la région autonome du Xinjiang – décision qui va compliquer la vie des grandes marques et modifier encore les chaînes d’approvisionnement.
Les autorités américaines ont sanctionné ces sociétés (parmi lesquelles des fabricants textiles et des fournisseurs de composants ayant des géants occidentaux pour clients) en les empêchant d’acheter des technologies américaines sans permis. Selon un rapport publié cette année par l’Australian Strategic Policy Institute (ASPI), un think tank installé à Canberra, Apple et les stars de l’habillement Ralph Lauren et Tommy Hilfiger, entre autres, ont travaillé avec les entreprises ciblées.
Ces derniers mois, l’administration Trump a incité les entreprises américaines à se pencher sur leurs chaînes d’approvisionnement pour évaluer leur exposition potentielle à la persécution des Ouïghours. Début juillet, le département du Commerce a publié une note d’information, dans laquelle il affirme que les preuves de pratiques abusives s’accumulent : subventions pour construire au Xinjiang des usines employant les travailleurs des camps d’internement, transfert contraint de Ouïghours vers d’autres régions de Chine et travaux forcés dans les prisons.
Beaucoup d’entreprises placées lundi sur la liste noire fournissent des vêtements et des produits de base qui peuvent être fabriqués dans d’autres pays d’Asie, affirme Dennis Meseroll, directeur exécutif de la société de conseil Tractus Asia Ltd.
« Sur le plan de la réputation, ces entreprises sont désormais des pestiférées, estime le dirigeant, dont la société aide les entreprises à choisir les investissements étrangers et les stratégies d’approvisionnement. Les grandes marques ne voudront plus rien avoir à faire avec elles et vont chercher de nouveaux fournisseurs. »
Les 11 sociétés ciblées lundi vont rejoindre la presque quarantaine d’entreprises blacklistée depuis octobre en raison de soupçons de violation des droits de l’homme au Xinjiang.
De son côté, le département du Commerce a prévenu les entreprises que leur réputation pourrait être entachée et qu’elles s’exposent à des risques juridiques si leurs chaînes d’approvisionnement sont liées aux violations des droits de l’homme en Chine.
« On a une chaîne logistique qui se déploie dans toute la Chine et en Occident, a déclaré début juillet à la presse Robert Destro, secrétaire d’Etat adjoint. Si l’on découvre qu’une entreprise importe aux Etats-Unis, en toute connaissance de cause, des biens produits par du travail forcé, elle sera poursuivie. »
Traduit à partir de la version originale en anglais wsj