Archive pour le Tag 'l’intox'

Politique-L’intox et les sabotages russes se multiplient en Europe

Politique-L’intox et  les sabotages russes se multiplient en Europe

 

Depuis maintenant plusieurs semaines, les services de renseignement du continent s’inquiètent de potentiels sabotages et autres opérations violentes organisées par Moscou en parallèle de la guerre en Ukraine.

Début mai, le directeur des services de renseignement allemand, Thomas Haldenwang, avait ainsi alerté ses homologues français, suédois et britanniques, soulignait Les Échos. Dans un article consacré au sujet daté du 30 mai, The Guardian souligne que désormais, les services de sécurité de toute l’Europe sont en alerte en ce qui concerne ces actions russes.

« Les Russes ont pour objectif de déstabiliser l’Union européenne avec une guerre hybride. Vladimir Poutine déteste l’Union européenne telle qu’elle est », explique à BFMTV.com, le général Jérôme Pellistrandi, consultant en matière de défense.

Comme l’explique encore ce dernier, ces actions « ne sont pas des actions militaires », mais plutôt « des cyberattaques des actions contre la logistique, par exemple le chemin de fer. Il y a déjà eu des premières pannes suspectes en Allemagne et en Europe de l’Est, des incidents qui laissent penser à des sabotages », dit-il.

Dans les faits, les cas sont nombreux, en particulier en Pologne. Mercredi 29 mai, les services de sécurité y ont annoncé l’arrestation de trois personnes soupçonnées d’avoir déclenché « pour le compte » de la Russie des incendies criminels dans diverses régions du pays.

Le Premier ministre polonais Donald Tusk a pour sa part récemment déclaré que ces derniers mois plusieurs tentatives d’actions de sabotage et d’incendies criminels avaient eu lieu en Pologne pour le compte des services de renseignement russes.
Et les cas suspects ne se cantonnent pas qu’à la Pologne. Comme l’explique encore The Guardian, en Lituanie, les enquêteurs s’intéressent à un incendie suspect qui a touché un magasin de l’enseigne d’ameublement Ikea à Vilnius, la capitale. Est également pointé un incendie survenu fin avril dans l’est de Londres qui visait des entreprises liées à l’Ukraine ainsi que des arrestations récentes en Allemagne.

De manière générale, Martin Kupka, le ministre tchèque des transports a accusé, dans un entretien accordé au Financial Times début avril, la Russie d’avoir cherché à saboter les infrastructures ferroviaires européennes des « milliers » de fois à travers des groupes de pirates informatiques.

Avant les Jeux olympiques et les élections européennes, la France est également prise pour cible. « Tout cela va passer par la désinformation via des proxy. Nous avons eu l’exemple récemment avec l’Azerbaïdjan en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie ».

L’intox et les sabotages russes se multiplient en Europe

L’intox et  les sabotages russes se multiplient en Europe

 

Depuis maintenant plusieurs semaines, les services de renseignement du continent s’inquiètent de potentiels sabotages et autres opérations violentes organisées par Moscou en parallèle de la guerre en Ukraine.

Début mai, le directeur des services de renseignement allemand, Thomas Haldenwang, avait ainsi alerté ses homologues français, suédois et britanniques, soulignait Les Échos. Dans un article consacré au sujet daté du 30 mai, The Guardian souligne que désormais, les services de sécurité de toute l’Europe sont en alerte en ce qui concerne ces actions russes.

« Les Russes ont pour objectif de déstabiliser l’Union européenne avec une guerre hybride. Vladimir Poutine déteste l’Union européenne telle qu’elle est », explique à BFMTV.com, le général Jérôme Pellistrandi, consultant en matière de défense.

Comme l’explique encore ce dernier, ces actions « ne sont pas des actions militaires », mais plutôt « des cyberattaques des actions contre la logistique, par exemple le chemin de fer. Il y a déjà eu des premières pannes suspectes en Allemagne et en Europe de l’Est, des incidents qui laissent penser à des sabotages », dit-il.

Dans les faits, les cas sont nombreux, en particulier en Pologne. Mercredi 29 mai, les services de sécurité y ont annoncé l’arrestation de trois personnes soupçonnées d’avoir déclenché « pour le compte » de la Russie des incendies criminels dans diverses régions du pays.

Le Premier ministre polonais Donald Tusk a pour sa part récemment déclaré que ces derniers mois plusieurs tentatives d’actions de sabotage et d’incendies criminels avaient eu lieu en Pologne pour le compte des services de renseignement russes.
Et les cas suspects ne se cantonnent pas qu’à la Pologne. Comme l’explique encore The Guardian, en Lituanie, les enquêteurs s’intéressent à un incendie suspect qui a touché un magasin de l’enseigne d’ameublement Ikea à Vilnius, la capitale. Est également pointé un incendie survenu fin avril dans l’est de Londres qui visait des entreprises liées à l’Ukraine ainsi que des arrestations récentes en Allemagne.

De manière générale, Martin Kupka, le ministre tchèque des transports a accusé, dans un entretien accordé au Financial Times début avril, la Russie d’avoir cherché à saboter les infrastructures ferroviaires européennes des « milliers » de fois à travers des groupes de pirates informatiques.

Avant les Jeux olympiques et les élections européennes, la France est également prise pour cible. « Tout cela va passer par la désinformation via des proxy. Nous avons eu l’exemple récemment avec l’Azerbaïdjan en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie ».

Guerre Israël-Hamas : l’intox des médias

Guerre Israël-Hamas : l’intox des médias

Dans la guerre entre Israël et le Hamas, les médias donnent chacun leur version des faits en fonction de leur orientation politique. Voir à cet égard cette tragique affaire de distribution de nourriture à Gaza. Cela peut influencer les perceptions du public et même le déroulement du conflit lui-même. D’où l’importance de suivre des médias dont l’objectif est l’intérêt public.

Papier de télévision d’Ester Duflot de radio France 

Une des dimensions du drame de Gaza, c’est qu’il reste peu de médias pour documenter ce qui se passe. Presque tous les journalistes sont partis, et ceux qui restent ont beaucoup de mal à travailler dans les ruines, au milieu des bombes, sans électricité et sans eau.

En d’autre temps, pour d’autres crises, les réseaux sociaux avaient joué un rôle d’information en permettant aux citoyens de partager ce qu’ils voyaient. Mais aujourd’hui, l’intox domine de tous les côtés sur les réseaux, en partie nourrie par de fausses images générées par l’intelligence artificielle, et en l’absence de tout contrôle.

Les médias traditionnels ne se privent pas non plus d’interpréter une information parcellaire à la sauce qui leur convient. Ainsi, le 17 octobre, une explosion a eu lieu dans à l’hôpital Ahli Arab de Gaza, faisant des centaines de morts. Quelle qu’en soit la cause, il s’agissait évidemment d’une tragédie, un symptôme et un symbole de la cruauté de cette guerre pour les populations civiles.

Mon collègue Ben Olken, qui s’intéresse aux médias et à la politique, a copié les gros titres de différents journaux, le soir de l’explosion, à un moment où il y avait peu d’information. Naturellement, les médias arabes et israéliens présentaient le cas sous un jour entièrement différent :

Al Jazeera titrait ainsi : “Un raid israélien sur un hôpital fait 500 morts” ou encore “Israël tue 500 victimes dans le massacre de l’hôpital de Gaza”.

À la même heure, le Times of Israel titrait “IDF : l’explosion de l’hôpital était due à une roquette mal tirée. Le monde arabe accuse Israël”.

Et ce n’est pas la première fois non plus dans ce conflit que des événements troubles ont donné lieu à des interprétations opposées. À chaque fois, chacune de ces versions a été amplifiée dans les médias avant que la vérité n’émerge.

Ce qui est peut-être plus frappant, c’est qu’au moment où on ne savait encore rien des détails sur l’hôpital Ahli Arab, les journaux américains titraient également sur le drame en fonction de leur position politique.

Ainsi, le Washington Post, de centre gauche, titrait : “des centaines de morts dans un raid sur un hôpital à Gaza, d’après les officiels palestiniens”.

Le New York Times, au centre, était plus prudent, ne se prononçait pas sur la responsabilité d’une partie ou de l’autre : “Des centaines de morts dans une explosion dans un hôpital à Gaza, d’après les officiels palestiniens”.

Le Wall Street Journal, à droite, introduisait la position israélienne : “Une explosion à un hôpital de Gaza fait plus de 500 morts, d’après les officiels palestiniens. Le Jihad Islamique palestinien dément l’accusation d’Israël d’avoir causé l’explosion. Les officiels palestiniens et le Hamas accusent Israël”.

Et finalement, Fox News, à droite de la droite, ne donnait même plus la version palestinienne : “Des centaines de morts. D’après Israël, c’est un tir de roquette rate qui est à l’origine de l’explosion de l’hôpital à Gaza ».

Les médias s’adaptent aux opinions de leur public pour ne pas risquer de perdre leur lectorat. Et dans une certaine mesure, oui, bien sûr, le public le sait et tempère ce qu’il entend, mais jamais complètement. C’est bien pour cela que le contrôle des médias est un aspect essentiel du pouvoir.

Ainsi, quand Fox News a pénétré le marché de la télévision aux États-Unis, le vote républicain a augmenté. En Russie, quand les télévisions et les radios indépendantes pouvaient encore opérer, ceux qui habitaient près d’une antenne de transmission votent moins pour le parti de gouvernement et plus pour les partis indépendants.

Dans le conflit israélo-palestinien, les récits du conflit finissent par influencer le conflit lui-même. Quelle que soit la conclusion finale sur la source de l’explosion de l’hôpital Ahli Arab, la plupart des gens ne se rappelleront que de la première version qu’ils auront entendue. Pour certains, de supposées actions israéliennes justifieront une escalade de la guerre. Pour d’autres, une probable désinformation palestinienne autorisera l’armée israélienne à ne pas rendre compte de ses actes.

Quoi qu’il arrive, les civils israéliens et palestiniens, et les juifs et les musulmans dans le monde entier, seront les perdants. Cela nous rappelle le rôle essentiel d’un média bien informé et dont l’objectif est le bien public, pas le profit.

L’intox, premier risque mondial ?

Selon le rapport annuel du Forum économique mondial de Davos, la manipulation de l’information est la grande menace à court terme redoutée par les dirigeants, devant les événements climatiques extrêmes et les fractures sociales.

Selon le rapport, les cinq principaux risques mondiaux, à une échéance de deux ans, sont donc la désinformation; les événements météorologiques extrêmes; la polarisation des sociétés; les cyberattaques et enfin les conflits armés entre États. L’inflation et le ralentissement économique n’ont pas disparu par enchantement des préoccupations des dirigeants mais sont reléguées aux 7e et 9e places respectivement, l’immigration incontrôlée arrivant au 8e rang.

Lorsqu’on leur demande de considérer les menaces à plus long terme, (dix ans), les risques environnementaux prennent le dessus : événements météorologiques extrêmes; basculement irréversible de systèmes naturels (montée des océans, fonte du permafrost, perturbation de la circulation océanique…); perte de la biodiversité et, en cinquième position, la désinformation.

D’un pays à l’autre, la perception des risques varie d’un pays à l’autre. Ainsi, en France, experts et dirigeants citent d’abord le ralentissement économique, les fractures sociales et la dette publique. Le trio de tête pour les Américains est le ralentissement économique, les maladies infectieuses et l’inflation quand les Indiens, qui vont voter au printemps, évoquent la désinformation, les maladies infectieuses et le travail clandestin.

L’intox : arme destruction des démocraties

L’intox : arme destruction des démocraties

Par Véronique Chabourine, membre du bureau de l’association pour une Renaissance européenne Paris, déléguée chargée de la communication. dans la Tribune.

En 2021, l’institut pour la diplomatie culturelle publie un rapport intitulé Sharp power and Democratic Resilience selon lequel de nombreux pays et en particulier les régimes autoritaires utilisent le Sharp power pour influencer les démocraties libérales. Paradoxalement, ces régimes autoritaires cultivent souvent assez bien leur soft power, comme l’exprime l’exemple de la Chine. Le sharp power est le résultat de l’interaction de multiples facteurs économiques, technologiques, politiques et sociaux.

La législation et la régulation ne suffisent pas. En avril dernier était présentée en conseil des ministres la loi de programmation militaire qui prévoit d’augmenter entre 2024 et 2030 de 4 milliards le budget cyber. Au même moment, Thierry Breton, annonçait le projet Cyber shield, qui est une infrastructure à la fois civile et militaire pensée pour mieux détecter les cyberattaques en amont. Depuis 2009, les États-Unis ont une structure similaire ; le commandement de la défense (USCYBERCOM) et la Cybersecurity Infrastructure Security Agency (CISA).

La mise en application des régulations est difficile car l’espace numérique ne connaît pas de frontière. La législation est différente pour chaque pays et la régulation peut être perçue comme une atteinte à la liberté d’expression. Le pouvoir arbitraire des entreprises technologiques est confronté sur des marchés étrangers à des régimes autoritaires et à des choix entre opportunités économiques et pressions politiques – comme l’exemple de Midjourney censurant la création d’image du président chinois ou l’exemple depuis le 27 octobre 2022 du rachat de Twitter par Elon Musk qui a permis à beaucoup de comptes de désinformation de réintégrer la plateforme et bénéficier de la certification payante de X, contrairement à certains comptes de fact checking qui eux, l’ont perdu en ne souscrivant pas à l’abonnement. Une question demeure : faut-il laisser le rôle de censeur à des entreprises privées ?

La cyber sécurité et la désinformation nécessitent une approche multifacette ; comme les exemples de l’Estonie, la Finlande et Singapour qui ont mis en place des mesures de sécurité techniques, juridiques et éducatives ainsi que des programmes de sensibilisation et de coopération internationale le démontrent.

L’éducation et la sensibilisation sont des piliers de la lutte contre la désinformation et de la protection de nos démocraties libérales. En France, les programmes d’éducation au média et à l’information (EMI) sont obligatoires. Former à l’école est essentiel mais si l’on veut lutter efficacement, il faut sensibiliser aussi tous les publics à la désinformation.

Pour 78% des Français, on peut parler d’une hygiène informationnelle insuffisante ; incarnée par manque de discernement quant à la source et à la fiabilité de l’information. En cela, les entreprises, les médias et les associations peuvent se faire relais de campagne de sensibilisation et d’éducation.

Le soft power et la diplomatie publique doivent aussi jouer un rôle important – Comme de renforcer la coopération internationale afin de continuer à faire pression sur les acteurs responsables de la désinformation – et de renforcer la pensée critique, la vérification des faits, et sensibiliser sur les enjeux de société par le cinéma et les séries.

Quelle part possède la fiction dans ce que nous vivons ? N’a-t-on pas vu des zadistes récemment en France masqués et en combinaison faisant écho au succès mondial Netflix La Casa del Papel ? Au-delà de la responsabilité qui leur incombe, les plateformes et le cinéma qui produisent de plus en plus de films sur ces sujets répondront de manière pertinente aux demandes du public sur les enjeux de société.

La collaboration multi-acteurs est indispensable, incarnée par des mesures politiques, économiques, sociales et culturelles et soutenues par l’engagement de la société civile, des médias et des institutions démocratiques.

_____

(*) Mouvement terroriste palestinien créée en 1987.

Société-L’intox ou « Sharp power » et désinformation : arme destruction des démocraties

Société-L’intox ou « Sharp power » et désinformation : arme destruction des démocraties

Par Véronique Chabourine, membre du bureau de l’association pour une Renaissance européenne Paris, déléguée chargée de la communication. dans la Tribune.

En 2021, l’institut pour la diplomatie culturelle publie un rapport intitulé Sharp power and Democratic Resilience selon lequel de nombreux pays et en particulier les régimes autoritaires utilisent le Sharp power pour influencer les démocraties libérales. Paradoxalement, ces régimes autoritaires cultivent souvent assez bien leur soft power, comme l’exprime l’exemple de la Chine. Le sharp power est le résultat de l’interaction de multiples facteurs économiques, technologiques, politiques et sociaux.

La législation et la régulation ne suffisent pas. En avril dernier était présentée en conseil des ministres la loi de programmation militaire qui prévoit d’augmenter entre 2024 et 2030 de 4 milliards le budget cyber. Au même moment, Thierry Breton, annonçait le projet Cyber shield, qui est une infrastructure à la fois civile et militaire pensée pour mieux détecter les cyberattaques en amont. Depuis 2009, les États-Unis ont une structure similaire ; le commandement de la défense (USCYBERCOM) et la Cybersecurity Infrastructure Security Agency (CISA).

La mise en application des régulations est difficile car l’espace numérique ne connaît pas de frontière. La législation est différente pour chaque pays et la régulation peut être perçue comme une atteinte à la liberté d’expression. Le pouvoir arbitraire des entreprises technologiques est confronté sur des marchés étrangers à des régimes autoritaires et à des choix entre opportunités économiques et pressions politiques – comme l’exemple de Midjourney censurant la création d’image du président chinois ou l’exemple depuis le 27 octobre 2022 du rachat de Twitter par Elon Musk qui a permis à beaucoup de comptes de désinformation de réintégrer la plateforme et bénéficier de la certification payante de X, contrairement à certains comptes de fact checking qui eux, l’ont perdu en ne souscrivant pas à l’abonnement. Une question demeure : faut-il laisser le rôle de censeur à des entreprises privées ?

La cyber sécurité et la désinformation nécessitent une approche multifacette ; comme les exemples de l’Estonie, la Finlande et Singapour qui ont mis en place des mesures de sécurité techniques, juridiques et éducatives ainsi que des programmes de sensibilisation et de coopération internationale le démontrent.

L’éducation et la sensibilisation sont des piliers de la lutte contre la désinformation et de la protection de nos démocraties libérales. En France, les programmes d’éducation au média et à l’information (EMI) sont obligatoires. Former à l’école est essentiel mais si l’on veut lutter efficacement, il faut sensibiliser aussi tous les publics à la désinformation.

Pour 78% des Français, on peut parler d’une hygiène informationnelle insuffisante ; incarnée par manque de discernement quant à la source et à la fiabilité de l’information. En cela, les entreprises, les médias et les associations peuvent se faire relais de campagne de sensibilisation et d’éducation.

Le soft power et la diplomatie publique doivent aussi jouer un rôle important – Comme de renforcer la coopération internationale afin de continuer à faire pression sur les acteurs responsables de la désinformation – et de renforcer la pensée critique, la vérification des faits, et sensibiliser sur les enjeux de société par le cinéma et les séries.

Quelle part possède la fiction dans ce que nous vivons ? N’a-t-on pas vu des zadistes récemment en France masqués et en combinaison faisant écho au succès mondial Netflix La Casa del Papel ? Au-delà de la responsabilité qui leur incombe, les plateformes et le cinéma qui produisent de plus en plus de films sur ces sujets répondront de manière pertinente aux demandes du public sur les enjeux de société.

La collaboration multi-acteurs est indispensable, incarnée par des mesures politiques, économiques, sociales et culturelles et soutenues par l’engagement de la société civile, des médias et des institutions démocratiques.

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(*) Mouvement terroriste palestinien créée en 1987.

L’intox mondiale grossière de la Russie

L’intox mondiale grossière de la Russie

L’influence est un sujet majeur des relations internationales. Les acteurs étatiques et privés en ont douloureusement pris conscience avec le début de la guerre dans le Donbass en 2014, puis avec l’affaire Cambridge Analytica en 2016. Depuis, la prégnance de cette thématique n’a fait que croître, et elle est devenue incontournable avec la guerre de l’information observée dès l’invasion de l’Ukraine en février 2022, la sphère informationnelle y étant un enjeu de conflictualité significatif.

par Christine Dugoin-Clément , Analyste en géopolitique, membre associé au Laboratoire de Recherche IAE Paris – Sorbonne Business School, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, chaire « normes et risques », IAE Paris – Sorbonne Business School dans The conversation

Marquée par différentes étapes, cette guerre de la communication a comporté des phases d’hésitation dans la gestion de la rhétorique russe lorsque, au cours de l’été 2022, l’Ukraine gagnait du terrain lors de sa contre-offensive. Moscou a ensuite adapté son discours de façon à survaloriser la portée de victoires de moyenne importance, par exemple lors de la prise de Soledar en janvier 2023.

Enfin, alors que le Kremlin doit gérer une invasion de l’Ukraine plus longue et plus délicate que prévu, son action informationnelle s’étend à d’autres théâtres et domaines pour affaiblir les alliés de Kiev. Pour autant, ces opérations ne sont pas toujours couronnées de succès, comme l’a montré, par exemple, le récent épisode de la peinture au pochoir d’étoiles de David sur les murs de Paris, imputée à la Russie. Rapidement détectée par le Service de vigilance et protection contre les ingérences numériques étrangères (Viginum), l’opération n’a pas eu les conséquences sans doute souhaitées par ses organisateurs.

Si, au début du conflit, la Russie a davantage axé ses efforts d’influence sur le continent africain et le Moyen-Orient que sur les Occidentaux, l’inscription du conflit dans la durée a infléchi cette orientation. En effet, Moscou parie sur l’usure des soutiens de l’Ukraine et sur leurs divisions que pourraient alimenter des tensions sociales internes, des agendas politiques propres ou des intérêts divergents. L’Ukraine restant profondément dépendante de l’appui occidental, notamment en matière d’armement, tout événement de nature à fragiliser ce soutien aura une importance majeure sur la poursuite du conflit.

En ce sens, l’opération Dôppelganger, si elle n’était pas originale sur le fond, a revêtu une ampleur inédite. Rappelons que la Russie a, dans ce cadre, créé des « clones » de nombreux journaux occidentaux afin d’y diffuser des contenus visant à nuire à la réputation de l’Ukraine, voire à diviser les Européens. La campagne Dôppelganger a été accompagnée d’un intéressant dispositif de suivi destiné à évaluer la pénétration de cette opération au sein des populations et à mesurer l’effet réel de la campagne.

Cette opération avait duré plusieurs mois mais avant d’être officiellement démasquée à l’été 2023. Pour autant, la révélation de l’existence du projet Dôppelganger n’a pas mis un terme aux opérations informationnelles, qui sont la trame de la guerre cognitive à laquelle nous assistons actuellement. Plus récemment, alors que l’attaque du Hamas du 7 octobre a profondément déstabilisé le Moyen-Orient et que les Occidentaux craignent que l’onde de choc de cette explosion de violence ne se traduise par des troubles sur leurs territoires, une nouvelle opération a été identifiée.

C’est Viginum qui, en tirant la sonnette d’alarme, a permis à l’État français de mettre officiellement en cause le site « Recent Reliable News » (RNN) pour avoir sciemment amplifié sur la toile l’impact des images d’étoiles de David taguées dans le Xe arrondissement de Paris.

Outre le millier de bots employés pour relayer l’information au travers de quelque 2 600 tweets, les ressortissants moldaves interpellés en flagrant délit fin octobre ont indiqué avoir agi moyennant rémunération. Par ailleurs, les enquêteurs sont remontés jusqu’à un personnage trouble, connu pour ses anciennes accointances pro-russes en Moldavie.

L’action tentait de capitaliser sur une crise existante et sur un contexte social tendu, marqué par l’augmentation des agressions physiques contre des personnes juives, afin d’en tirer profit en termes d’influence et de guerre cognitive.

Cette instrumentalisation de contextes perturbés dans le but de les exacerber et d’en tirer profit pour la Russie est une méthode qui a été souvent employée, y compris assez récemment sur le continent africain, nouveau théâtre de confrontation avec l’Occident, et spécialement avec la France. Des versions africaines des médias Sputnik et RT ont été lancées dès 2014, et on a également constaté, dès 2018, la présence de groupes de mercenaires, comme Wagner, notamment au Soudan et en République centrafricaine (RCA).

Dans le même sens, ont fait leur apparition des films produits par des agences de la constellation Prigojine comme « _Le Touriste »_ ou « Granit », produits par la société Aurum.

Plus récemment encore, des dessins animés présentant la France et ses forces armées tour à tour comme des serpents, des rats ou des zombies ont déferlé sur l’Afrique de l’Ouest, et plusieurs pseudo-fondations et ONG ont repris des dialectiques servant les intérêts russes.

En outre, après que le président Bazoum au Niger, considéré comme proche de la France, a été renversé par un coup d’État militaire rapidement soutenu par la sphère informationnelle rattachée à la Russie, l’armée française a été accusée d’avoir enlevé des enfants dans ce pays dans le cadre d’un trafic pédophile. Ces contenus, diffusés par une « fondation de défense des droits de l’homme » connue pour être une officine de désinformation rattachée à la Russie et pour avoir gravité dans la mouvance d’Evguéni Prigojine, seront repris par Dimitri Poliansky, représentant permanent de la Russie auprès des Nations unies sur son compte Telegram.

La guerre cognitive peut être définie comme la militarisation de tous les aspects de la société, y compris de la psychologie humaine et des relations sociales, afin de modifier les convictions des individus et, in fine, leur façon d’agir.

Ce thème, et le concept qui le sous-tend, sont pris au sérieux au point d’avoir été le sujet du défi d’innovation de l’OTAN de l’automne 2021, organisé par le Canada cet automne-là, qui s’intitulait « La menace invisible : Des outils pour lutter contre la guerre cognitive ».

Dans le cas présent, la démultiplication des crises peut, en tant que telle, représenter une forme de « stress test » visant à mesurer la capacité des Occidentaux à gérer une pluralité de désordres. En outre, le continent africain est un enjeu d’autant plus important pour la Russie que les sanctions européennes consécutives à l’invasion de l’Ukraine poussent le Kremlin à diversifier ses sources de financement, par exemple en recourant à des sociétés militaires privées afin de capter des fonds et des matières premières pour concourir au soutien d’une économie russe contrainte d’assumer l’effort de sa guerre contre l’Ukraine.

La guerre de l’intox mondiale de la Russie

La guerre de l’intox mondiale de la Russie

L’influence est un sujet majeur des relations internationales. Les acteurs étatiques et privés en ont douloureusement pris conscience avec le début de la guerre dans le Donbass en 2014, puis avec l’affaire Cambridge Analytica en 2016. Depuis, la prégnance de cette thématique n’a fait que croître, et elle est devenue incontournable avec la guerre de l’information observée dès l’invasion de l’Ukraine en février 2022, la sphère informationnelle y étant un enjeu de conflictualité significatif.

par Christine Dugoin-Clément , Analyste en géopolitique, membre associé au Laboratoire de Recherche IAE Paris – Sorbonne Business School, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, chaire « normes et risques », IAE Paris – Sorbonne Business School dans The conversation

Marquée par différentes étapes, cette guerre de la communication a comporté des phases d’hésitation dans la gestion de la rhétorique russe lorsque, au cours de l’été 2022, l’Ukraine gagnait du terrain lors de sa contre-offensive. Moscou a ensuite adapté son discours de façon à survaloriser la portée de victoires de moyenne importance, par exemple lors de la prise de Soledar en janvier 2023.

Enfin, alors que le Kremlin doit gérer une invasion de l’Ukraine plus longue et plus délicate que prévu, son action informationnelle s’étend à d’autres théâtres et domaines pour affaiblir les alliés de Kiev. Pour autant, ces opérations ne sont pas toujours couronnées de succès, comme l’a montré, par exemple, le récent épisode de la peinture au pochoir d’étoiles de David sur les murs de Paris, imputée à la Russie. Rapidement détectée par le Service de vigilance et protection contre les ingérences numériques étrangères (Viginum), l’opération n’a pas eu les conséquences sans doute souhaitées par ses organisateurs.

Si, au début du conflit, la Russie a davantage axé ses efforts d’influence sur le continent africain et le Moyen-Orient que sur les Occidentaux, l’inscription du conflit dans la durée a infléchi cette orientation. En effet, Moscou parie sur l’usure des soutiens de l’Ukraine et sur leurs divisions que pourraient alimenter des tensions sociales internes, des agendas politiques propres ou des intérêts divergents. L’Ukraine restant profondément dépendante de l’appui occidental, notamment en matière d’armement, tout événement de nature à fragiliser ce soutien aura une importance majeure sur la poursuite du conflit.

En ce sens, l’opération Dôppelganger, si elle n’était pas originale sur le fond, a revêtu une ampleur inédite. Rappelons que la Russie a, dans ce cadre, créé des « clones » de nombreux journaux occidentaux afin d’y diffuser des contenus visant à nuire à la réputation de l’Ukraine, voire à diviser les Européens. La campagne Dôppelganger a été accompagnée d’un intéressant dispositif de suivi destiné à évaluer la pénétration de cette opération au sein des populations et à mesurer l’effet réel de la campagne.

Cette opération avait duré plusieurs mois mais avant d’être officiellement démasquée à l’été 2023. Pour autant, la révélation de l’existence du projet Dôppelganger n’a pas mis un terme aux opérations informationnelles, qui sont la trame de la guerre cognitive à laquelle nous assistons actuellement. Plus récemment, alors que l’attaque du Hamas du 7 octobre a profondément déstabilisé le Moyen-Orient et que les Occidentaux craignent que l’onde de choc de cette explosion de violence ne se traduise par des troubles sur leurs territoires, une nouvelle opération a été identifiée.

C’est Viginum qui, en tirant la sonnette d’alarme, a permis à l’État français de mettre officiellement en cause le site « Recent Reliable News » (RNN) pour avoir sciemment amplifié sur la toile l’impact des images d’étoiles de David taguées dans le Xe arrondissement de Paris.

Outre le millier de bots employés pour relayer l’information au travers de quelque 2 600 tweets, les ressortissants moldaves interpellés en flagrant délit fin octobre ont indiqué avoir agi moyennant rémunération. Par ailleurs, les enquêteurs sont remontés jusqu’à un personnage trouble, connu pour ses anciennes accointances pro-russes en Moldavie.

L’action tentait de capitaliser sur une crise existante et sur un contexte social tendu, marqué par l’augmentation des agressions physiques contre des personnes juives, afin d’en tirer profit en termes d’influence et de guerre cognitive.

Cette instrumentalisation de contextes perturbés dans le but de les exacerber et d’en tirer profit pour la Russie est une méthode qui a été souvent employée, y compris assez récemment sur le continent africain, nouveau théâtre de confrontation avec l’Occident, et spécialement avec la France. Des versions africaines des médias Sputnik et RT ont été lancées dès 2014, et on a également constaté, dès 2018, la présence de groupes de mercenaires, comme Wagner, notamment au Soudan et en République centrafricaine (RCA).

Dans le même sens, ont fait leur apparition des films produits par des agences de la constellation Prigojine comme « _Le Touriste »_ ou « Granit », produits par la société Aurum.

Plus récemment encore, des dessins animés présentant la France et ses forces armées tour à tour comme des serpents, des rats ou des zombies ont déferlé sur l’Afrique de l’Ouest, et plusieurs pseudo-fondations et ONG ont repris des dialectiques servant les intérêts russes.

En outre, après que le président Bazoum au Niger, considéré comme proche de la France, a été renversé par un coup d’État militaire rapidement soutenu par la sphère informationnelle rattachée à la Russie, l’armée française a été accusée d’avoir enlevé des enfants dans ce pays dans le cadre d’un trafic pédophile. Ces contenus, diffusés par une « fondation de défense des droits de l’homme » connue pour être une officine de désinformation rattachée à la Russie et pour avoir gravité dans la mouvance d’Evguéni Prigojine, seront repris par Dimitri Poliansky, représentant permanent de la Russie auprès des Nations unies sur son compte Telegram.

La guerre cognitive peut être définie comme la militarisation de tous les aspects de la société, y compris de la psychologie humaine et des relations sociales, afin de modifier les convictions des individus et, in fine, leur façon d’agir.

Ce thème, et le concept qui le sous-tend, sont pris au sérieux au point d’avoir été le sujet du défi d’innovation de l’OTAN de l’automne 2021, organisé par le Canada cet automne-là, qui s’intitulait « La menace invisible : Des outils pour lutter contre la guerre cognitive ».

Dans le cas présent, la démultiplication des crises peut, en tant que telle, représenter une forme de « stress test » visant à mesurer la capacité des Occidentaux à gérer une pluralité de désordres. En outre, le continent africain est un enjeu d’autant plus important pour la Russie que les sanctions européennes consécutives à l’invasion de l’Ukraine poussent le Kremlin à diversifier ses sources de financement, par exemple en recourant à des sociétés militaires privées afin de capter des fonds et des matières premières pour concourir au soutien d’une économie russe contrainte d’assumer l’effort de sa guerre contre l’Ukraine.

Société -L’intox des théocraties : arme de destruction des démocraties

Société -L’intox des théocraties : arme de destruction des démocraties

Par Véronique Chabourine, membre du bureau de l’association pour une Renaissance européenne Paris, déléguée chargée de la communication. dans la Tribune.

En 2021, l’institut pour la diplomatie culturelle publie un rapport intitulé Sharp power and Democratic Resilience selon lequel de nombreux pays et en particulier les régimes autoritaires utilisent le Sharp power pour influencer les démocraties libérales. Paradoxalement, ces régimes autoritaires cultivent souvent assez bien leur soft power, comme l’exprime l’exemple de la Chine. Le sharp power est le résultat de l’interaction de multiples facteurs économiques, technologiques, politiques et sociaux.

La législation et la régulation ne suffisent pas. En avril dernier était présentée en conseil des ministres la loi de programmation militaire qui prévoit d’augmenter entre 2024 et 2030 de 4 milliards le budget cyber. Au même moment, Thierry Breton, annonçait le projet Cyber shield, qui est une infrastructure à la fois civile et militaire pensée pour mieux détecter les cyberattaques en amont. Depuis 2009, les États-Unis ont une structure similaire ; le commandement de la défense (USCYBERCOM) et la Cybersecurity Infrastructure Security Agency (CISA).

Société -L’intox des théocraties : arme de destruction des démocraties

Société -L’intox des théocraties : arme de destruction des démocraties

Par Véronique Chabourine, membre du bureau de l’association pour une Renaissance européenne Paris, déléguée chargée de la communication. dans la Tribune.

En 2021, l’institut pour la diplomatie culturelle publie un rapport intitulé Sharp power and Democratic Resilience selon lequel de nombreux pays et en particulier les régimes autoritaires utilisent le Sharp power pour influencer les démocraties libérales. Paradoxalement, ces régimes autoritaires cultivent souvent assez bien leur soft power, comme l’exprime l’exemple de la Chine. Le sharp power est le résultat de l’interaction de multiples facteurs économiques, technologiques, politiques et sociaux.

La législation et la régulation ne suffisent pas. En avril dernier était présentée en conseil des ministres la loi de programmation militaire qui prévoit d’augmenter entre 2024 et 2030 de 4 milliards le budget cyber. Au même moment, Thierry Breton, annonçait le projet Cyber shield, qui est une infrastructure à la fois civile et militaire pensée pour mieux détecter les cyberattaques en amont. Depuis 2009, les États-Unis ont une structure similaire ; le commandement de la défense (USCYBERCOM) et la Cybersecurity Infrastructure Security Agency (CISA).

La mise en application des régulations est difficile car l’espace numérique ne connaît pas de frontière. La législation est différente pour chaque pays et la régulation peut être perçue comme une atteinte à la liberté d’expression. Le pouvoir arbitraire des entreprises technologiques est confronté sur des marchés étrangers à des régimes autoritaires et à des choix entre opportunités économiques et pressions politiques – comme l’exemple de Midjourney censurant la création d’image du président chinois ou l’exemple depuis le 27 octobre 2022 du rachat de Twitter par Elon Musk qui a permis à beaucoup de comptes de désinformation de réintégrer la plateforme et bénéficier de la certification payante de X, contrairement à certains comptes de fact checking qui eux, l’ont perdu en ne souscrivant pas à l’abonnement. Une question demeure : faut-il laisser le rôle de censeur à des entreprises privées ?

La cyber sécurité et la désinformation nécessitent une approche multifacette ; comme les exemples de l’Estonie, la Finlande et Singapour qui ont mis en place des mesures de sécurité techniques, juridiques et éducatives ainsi que des programmes de sensibilisation et de coopération internationale le démontrent.

L’éducation et la sensibilisation sont des piliers de la lutte contre la désinformation et de la protection de nos démocraties libérales. En France, les programmes d’éducation au média et à l’information (EMI) sont obligatoires. Former à l’école est essentiel mais si l’on veut lutter efficacement, il faut sensibiliser aussi tous les publics à la désinformation.

Pour 78% des Français, on peut parler d’une hygiène informationnelle insuffisante ; incarnée par manque de discernement quant à la source et à la fiabilité de l’information. En cela, les entreprises, les médias et les associations peuvent se faire relais de campagne de sensibilisation et d’éducation.

Le soft power et la diplomatie publique doivent aussi jouer un rôle important – Comme de renforcer la coopération internationale afin de continuer à faire pression sur les acteurs responsables de la désinformation – et de renforcer la pensée critique, la vérification des faits, et sensibiliser sur les enjeux de société par le cinéma et les séries.

Quelle part possède la fiction dans ce que nous vivons ? N’a-t-on pas vu des zadistes récemment en France masqués et en combinaison faisant écho au succès mondial Netflix La Casa del Papel ? Au-delà de la responsabilité qui leur incombe, les plateformes et le cinéma qui produisent de plus en plus de films sur ces sujets répondront de manière pertinente aux demandes du public sur les enjeux de société.

La collaboration multi-acteurs est indispensable, incarnée par des mesures politiques, économiques, sociales et culturelles et soutenues par l’engagement de la société civile, des médias et des institutions démocratiques.

_____

(*) Mouvement terroriste palestinien créée en 1987.

Politique -L’intox des théocraties : arme destruction des démocraties

Politique -L’intox des théocraties : arme destruction des démocraties

Par Véronique Chabourine, membre du bureau de l’association pour une Renaissance européenne Paris, déléguée chargée de la communication. dans la Tribune.

En 2021, l’institut pour la diplomatie culturelle publie un rapport intitulé Sharp power and Democratic Resilience selon lequel de nombreux pays et en particulier les régimes autoritaires utilisent le Sharp power pour influencer les démocraties libérales. Paradoxalement, ces régimes autoritaires cultivent souvent assez bien leur soft power, comme l’exprime l’exemple de la Chine. Le sharp power est le résultat de l’interaction de multiples facteurs économiques, technologiques, politiques et sociaux.

La législation et la régulation ne suffisent pas. En avril dernier était présentée en conseil des ministres la loi de programmation militaire qui prévoit d’augmenter entre 2024 et 2030 de 4 milliards le budget cyber. Au même moment, Thierry Breton, annonçait le projet Cyber shield, qui est une infrastructure à la fois civile et militaire pensée pour mieux détecter les cyberattaques en amont. Depuis 2009, les États-Unis ont une structure similaire ; le commandement de la défense (USCYBERCOM) et la Cybersecurity Infrastructure Security Agency (CISA).

La mise en application des régulations est difficile car l’espace numérique ne connaît pas de frontière. La législation est différente pour chaque pays et la régulation peut être perçue comme une atteinte à la liberté d’expression. Le pouvoir arbitraire des entreprises technologiques est confronté sur des marchés étrangers à des régimes autoritaires et à des choix entre opportunités économiques et pressions politiques – comme l’exemple de Midjourney censurant la création d’image du président chinois ou l’exemple depuis le 27 octobre 2022 du rachat de Twitter par Elon Musk qui a permis à beaucoup de comptes de désinformation de réintégrer la plateforme et bénéficier de la certification payante de X, contrairement à certains comptes de fact checking qui eux, l’ont perdu en ne souscrivant pas à l’abonnement. Une question demeure : faut-il laisser le rôle de censeur à des entreprises privées ?

La cyber sécurité et la désinformation nécessitent une approche multifacette ; comme les exemples de l’Estonie, la Finlande et Singapour qui ont mis en place des mesures de sécurité techniques, juridiques et éducatives ainsi que des programmes de sensibilisation et de coopération internationale le démontrent.

L’éducation et la sensibilisation sont des piliers de la lutte contre la désinformation et de la protection de nos démocraties libérales. En France, les programmes d’éducation au média et à l’information (EMI) sont obligatoires. Former à l’école est essentiel mais si l’on veut lutter efficacement, il faut sensibiliser aussi tous les publics à la désinformation.

Pour 78% des Français, on peut parler d’une hygiène informationnelle insuffisante ; incarnée par manque de discernement quant à la source et à la fiabilité de l’information. En cela, les entreprises, les médias et les associations peuvent se faire relais de campagne de sensibilisation et d’éducation.

Le soft power et la diplomatie publique doivent aussi jouer un rôle important – Comme de renforcer la coopération internationale afin de continuer à faire pression sur les acteurs responsables de la désinformation – et de renforcer la pensée critique, la vérification des faits, et sensibiliser sur les enjeux de société par le cinéma et les séries.

Quelle part possède la fiction dans ce que nous vivons ? N’a-t-on pas vu des zadistes récemment en France masqués et en combinaison faisant écho au succès mondial Netflix La Casa del Papel ? Au-delà de la responsabilité qui leur incombe, les plateformes et le cinéma qui produisent de plus en plus de films sur ces sujets répondront de manière pertinente aux demandes du public sur les enjeux de société.

La collaboration multi-acteurs est indispensable, incarnée par des mesures politiques, économiques, sociales et culturelles et soutenues par l’engagement de la société civile, des médias et des institutions démocratiques.

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(*) Mouvement terroriste palestinien créée en 1987.

L’intox ou « Sharp power » : arme destruction des démocraties

L’intox ou « Sharp power » et désinformation : arme destruction des démocraties

Par Véronique Chabourine, membre du bureau de l’association pour une Renaissance européenne Paris, déléguée chargée de la communication. dans la Tribune.

En 2021, l’institut pour la diplomatie culturelle publie un rapport intitulé Sharp power and Democratic Resilience selon lequel de nombreux pays et en particulier les régimes autoritaires utilisent le Sharp power pour influencer les démocraties libérales. Paradoxalement, ces régimes autoritaires cultivent souvent assez bien leur soft power, comme l’exprime l’exemple de la Chine. Le sharp power est le résultat de l’interaction de multiples facteurs économiques, technologiques, politiques et sociaux.

La législation et la régulation ne suffisent pas. En avril dernier était présentée en conseil des ministres la loi de programmation militaire qui prévoit d’augmenter entre 2024 et 2030 de 4 milliards le budget cyber. Au même moment, Thierry Breton, annonçait le projet Cyber shield, qui est une infrastructure à la fois civile et militaire pensée pour mieux détecter les cyberattaques en amont. Depuis 2009, les États-Unis ont une structure similaire ; le commandement de la défense (USCYBERCOM) et la Cybersecurity Infrastructure Security Agency (CISA).

La mise en application des régulations est difficile car l’espace numérique ne connaît pas de frontière. La législation est différente pour chaque pays et la régulation peut être perçue comme une atteinte à la liberté d’expression. Le pouvoir arbitraire des entreprises technologiques est confronté sur des marchés étrangers à des régimes autoritaires et à des choix entre opportunités économiques et pressions politiques – comme l’exemple de Midjourney censurant la création d’image du président chinois ou l’exemple depuis le 27 octobre 2022 du rachat de Twitter par Elon Musk qui a permis à beaucoup de comptes de désinformation de réintégrer la plateforme et bénéficier de la certification payante de X, contrairement à certains comptes de fact checking qui eux, l’ont perdu en ne souscrivant pas à l’abonnement. Une question demeure : faut-il laisser le rôle de censeur à des entreprises privées ?

La cyber sécurité et la désinformation nécessitent une approche multifacette ; comme les exemples de l’Estonie, la Finlande et Singapour qui ont mis en place des mesures de sécurité techniques, juridiques et éducatives ainsi que des programmes de sensibilisation et de coopération internationale le démontrent.

L’éducation et la sensibilisation sont des piliers de la lutte contre la désinformation et de la protection de nos démocraties libérales. En France, les programmes d’éducation au média et à l’information (EMI) sont obligatoires. Former à l’école est essentiel mais si l’on veut lutter efficacement, il faut sensibiliser aussi tous les publics à la désinformation.

Pour 78% des Français, on peut parler d’une hygiène informationnelle insuffisante ; incarnée par manque de discernement quant à la source et à la fiabilité de l’information. En cela, les entreprises, les médias et les associations peuvent se faire relais de campagne de sensibilisation et d’éducation.

Le soft power et la diplomatie publique doivent aussi jouer un rôle important – Comme de renforcer la coopération internationale afin de continuer à faire pression sur les acteurs responsables de la désinformation – et de renforcer la pensée critique, la vérification des faits, et sensibiliser sur les enjeux de société par le cinéma et les séries.

Quelle part possède la fiction dans ce que nous vivons ? N’a-t-on pas vu des zadistes récemment en France masqués et en combinaison faisant écho au succès mondial Netflix La Casa del Papel ? Au-delà de la responsabilité qui leur incombe, les plateformes et le cinéma qui produisent de plus en plus de films sur ces sujets répondront de manière pertinente aux demandes du public sur les enjeux de société.

La collaboration multi-acteurs est indispensable, incarnée par des mesures politiques, économiques, sociales et culturelles et soutenues par l’engagement de la société civile, des médias et des institutions démocratiques.

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(*) Mouvement terroriste palestinien créée en 1987.

Politique-Réforme des retraites: l’intox des « élites » 

Politique-Réforme des retraites: l’intox des « élites » 

 

Quelques jours avant le 19 février, la plupart des grands médias et le gouvernement pronostiquaient généralement une mobilisation assez moyenne en raison notamment du faible impact des syndicats. Depuis le 19 février, ils ont certes acté la réussite de la mobilisation à Paris comme en province mais ils prévoient désormais que le temps jouera contre les anti réforme voire annoncent un éclatement du front syndical. . Dans deux nombreux grands médias , on assiste à un matraquage pro gouvernemental à propos de la réforme des retraites. Beaucoup d’ailleurs n’ont strictement aucune compétence en la matière mais ils reprennent tout simplement le discours à la mode dans les salons parisiens. Finalement des prises de position assez proche du café du commerce mais du café mondain. Certes le système des retraites doit être revu mais de façon équitable et efficace. Mais les élites proclamées  font l’économie de l’analyse d’une part d’un texte, d’autre part des réalités sociales. Rien d’étonnant à cela puisque la plupart des médias dépendent des grands financiers ou du gouvernement. Pour preuve,  cette caricature de débat dans un article de « Marianne » qui rend compte d’un échange  sur Radio classique  .

 

Pour parler de la réforme des retraites ce jeudi matin au micro de Radio Classique, Guillaume Durand a invité pas moins de trois personnalités. Des personnalités si différentes qu’elles étaient toutes d’accord entre elles. Comme l’animateur lui-même, d’ailleurs.

À 8 h 15, dans « Les stars de l’info », c’est Raymond Soubie, ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy qu’a décidé d’inviter l’animateur. Que va bien pouvoir penser de la situation celui qui a conseillé le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin sur la réforme des retraites puis qui a organisé celle de 2010 sous Sarkozy et Fillon ? Le suspense est total. Autant que si l’on avait invité Jean-Paul Delevoye il y a 3 ans pour lui demander s’il était pour ou contre la réforme.

La première question de l’animateur donne le ton : « Mettons-nous tous les deux ce matin à la place du gouvernement, bien que nous ne soyons pas le gouvernement (la précision est utile) : est-ce que tout a été mis sur la table ? » Réponse de l’invité : « Presque tout a déjà été mis sur la table. » Si tout est accompli, les choses, devraient donc bien se passer ? Pas si sûr, selon l’invité, qui nous remémore la première tentative du président : « Je rappelle que les retraites, c’est un sujet douloureux pour Emmanuel Macron. » Hélas, les Français sont incapables d’empathie pour le chef de l’État, qui, d’après Monsieur Soubie, « garde un souvenir terrible de la crise des Gilets jaunes qui est partie sur le pouvoir d’achat mais qui s’est assez vite transformée en détestation politique y compris violente vis-à-vis du pouvoir. » Les factieux ont heureusement été mis hors d’état de nuire, même si, comme le déplore Guillaume Durand, on essaye encore de monter les riches contre les pauvres – alors que c’est tellement plus simple pour tout le monde de faire payer les pauvres.

L’ancien conseiller social en est tout cas convaincu : cette réforme, Macron « ne peut plus la reculer ni abandonner, il perdrait absolument toute crédibilité à l’intérieur du pays. » Et Dieu sait qu’elle est immense. Puis ce dernier d’exprimer un regret : que le président « ne l’ait pas fait passer avec le 1er 49.3 » C’est vrai que le gouvernement semble totalement ignorer ce recours.

 

Tout à coup, les trois hommes sont traversés par une fulgurance. Si cette réforme est l’évidence même, pourquoi n’emporte-t-elle pas l’adhésion de tous les Français ? La réponse jaillit, limpide, dans la bouche de Franz : c’est à cause des fake news. Puis d’égrener des déclarations de Sandrine Rousseau ou de Clémentine Autain dont on se demande quel rapport elles ont avec les retraites. Mais pas Guillaume Durand, qui demande, naïf : « On est dans l’idéologie ? » Tout le contraire de Radio Classique. L’animateur-ministre du Travail renchérit : « Y a des mensonges qui sont répétés, des mensonges d’ailleurs dénoncés par Macron ». Si c’est pas la preuve que c’en est, qu’est-ce que c’est ?

L’animateur-Haut-commissaire à la réforme pose ensuite une question ouverte qui fera date : « Quels sont d’après vous les deux ou trois gros mensonges qui sont racontés aux Français sur cette affaire-là ? » David Doukhan prend la question très au sérieux : « Les fake news, c’est un problème pour Emmanuel Macron parce qu’il sait pertinemment qu’il est lancé maintenant dans une bataille de l’opinion. » Avant cette désinformation, en effet, tout le monde était favorable à la réforme. Il ajoute : « Le problème de ces fake news, c’est qu’elles visent à déclencher l’embrasement. » Nous ne « fact-checkerons » pas cette affirmation car elle émane d’un complotisme autorisé, celui des élites. Le journaliste d’alerter : « La difficulté, c’est qu’en face, le gouvernement a des arguments, allez, on va dire très raisonnables et parfois un peu technocratiques. » Or tout le monde sait que c’est un gros problème quand on a, en face, affaire à des citoyens bas-de-plafond. Puis de conclure : « Attention à ce que cette bataille ne soit pas emportée par ceux qui manient le mensonge. » On ne comprend plus très bien : souhaite-t-il maintenant que le gouvernement échoue ?

Un peu plus tôt, à 8h12, l’éditorialiste Guillaume Tabard avait trouvé une autre raison au blocage de cette réforme si juste : le fait qu’il faille, comme Macron l’a préconisé à ses ministres : « expliquer, expliquer, et encore expliquer la réforme. » Si les Français sont contre, c’est naturellement parce que le gouvernement n’a pas suffisamment fait preuve de « pédagogie ». Et l’éditorialiste de se demander si « les Français vont supporter longtemps d’être les otages d’un mouvement social qui deviendrait radical » avant d’évoquer la « course à la radicalité et à la démagogie », la « radicalisation du mouvement » et « l’hystérisation du débat ». Il ne manquait plus que le « populisme » pour faire un « strike ».

Politique -Réforme des retraites: l’intox pro gouvernemental des « élites » 

Politique -Réforme des retraites: l’intox pro gouvernemental des « élites » 

 

Quelques jours avant le 19 février, la plupart des grands médias et le gouvernement pronostiquaient généralement une mobilisation assez moyenne en raison notamment du faible impact des syndicats. Depuis le 19 février, ils ont certes acté la réussite de la mobilisation à Paris comme en province mais ils prévoient désormais que le temps jouera contre les anti réforme voire annoncent un éclatement du front syndical. . Dans deux nombreux grands médias , on assiste à un matraquage pro gouvernemental à propos de la réforme des retraites. Beaucoup d’ailleurs n’ont strictement aucune compétence en la matière mais ils reprennent tout simplement le discours à la mode dans les salons parisiens. Finalement des prises de position assez proche du café du commerce mais du café mondain. Certes le système des retraites doit être revu mais de façon équitable et efficace. Mais les élites proclamées  font l’économie de l’analyse d’une part d’un texte, d’autre part des réalités sociales. Rien d’étonnant à cela puisque la plupart des médias dépendent des grands financiers ou du gouvernement. Pour preuve,  cette caricature de débat dans un article de « Marianne » qui rend compte d’un échange  sur Radio classique  .

 

Pour parler de la réforme des retraites ce jeudi matin au micro de Radio Classique, Guillaume Durand a invité pas moins de trois personnalités. Des personnalités si différentes qu’elles étaient toutes d’accord entre elles. Comme l’animateur lui-même, d’ailleurs.

À 8 h 15, dans « Les stars de l’info », c’est Raymond Soubie, ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy qu’a décidé d’inviter l’animateur. Que va bien pouvoir penser de la situation celui qui a conseillé le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin sur la réforme des retraites puis qui a organisé celle de 2010 sous Sarkozy et Fillon ? Le suspense est total. Autant que si l’on avait invité Jean-Paul Delevoye il y a 3 ans pour lui demander s’il était pour ou contre la réforme.

La première question de l’animateur donne le ton : « Mettons-nous tous les deux ce matin à la place du gouvernement, bien que nous ne soyons pas le gouvernement (la précision est utile) : est-ce que tout a été mis sur la table ? » Réponse de l’invité : « Presque tout a déjà été mis sur la table. » Si tout est accompli, les choses, devraient donc bien se passer ? Pas si sûr, selon l’invité, qui nous remémore la première tentative du président : « Je rappelle que les retraites, c’est un sujet douloureux pour Emmanuel Macron. » Hélas, les Français sont incapables d’empathie pour le chef de l’État, qui, d’après Monsieur Soubie, « garde un souvenir terrible de la crise des Gilets jaunes qui est partie sur le pouvoir d’achat mais qui s’est assez vite transformée en détestation politique y compris violente vis-à-vis du pouvoir. » Les factieux ont heureusement été mis hors d’état de nuire, même si, comme le déplore Guillaume Durand, on essaye encore de monter les riches contre les pauvres – alors que c’est tellement plus simple pour tout le monde de faire payer les pauvres.

L’ancien conseiller social en est tout cas convaincu : cette réforme, Macron « ne peut plus la reculer ni abandonner, il perdrait absolument toute crédibilité à l’intérieur du pays. » Et Dieu sait qu’elle est immense. Puis ce dernier d’exprimer un regret : que le président « ne l’ait pas fait passer avec le 1er 49.3 » C’est vrai que le gouvernement semble totalement ignorer ce recours.

 

Tout à coup, les trois hommes sont traversés par une fulgurance. Si cette réforme est l’évidence même, pourquoi n’emporte-t-elle pas l’adhésion de tous les Français ? La réponse jaillit, limpide, dans la bouche de Franz : c’est à cause des fake news. Puis d’égrener des déclarations de Sandrine Rousseau ou de Clémentine Autain dont on se demande quel rapport elles ont avec les retraites. Mais pas Guillaume Durand, qui demande, naïf : « On est dans l’idéologie ? » Tout le contraire de Radio Classique. L’animateur-ministre du Travail renchérit : « Y a des mensonges qui sont répétés, des mensonges d’ailleurs dénoncés par Macron ». Si c’est pas la preuve que c’en est, qu’est-ce que c’est ?

L’animateur-Haut-commissaire à la réforme pose ensuite une question ouverte qui fera date : « Quels sont d’après vous les deux ou trois gros mensonges qui sont racontés aux Français sur cette affaire-là ? » David Doukhan prend la question très au sérieux : « Les fake news, c’est un problème pour Emmanuel Macron parce qu’il sait pertinemment qu’il est lancé maintenant dans une bataille de l’opinion. » Avant cette désinformation, en effet, tout le monde était favorable à la réforme. Il ajoute : « Le problème de ces fake news, c’est qu’elles visent à déclencher l’embrasement. » Nous ne « fact-checkerons » pas cette affirmation car elle émane d’un complotisme autorisé, celui des élites. Le journaliste d’alerter : « La difficulté, c’est qu’en face, le gouvernement a des arguments, allez, on va dire très raisonnables et parfois un peu technocratiques. » Or tout le monde sait que c’est un gros problème quand on a, en face, affaire à des citoyens bas-de-plafond. Puis de conclure : « Attention à ce que cette bataille ne soit pas emportée par ceux qui manient le mensonge. » On ne comprend plus très bien : souhaite-t-il maintenant que le gouvernement échoue ?

Un peu plus tôt, à 8h12, l’éditorialiste Guillaume Tabard avait trouvé une autre raison au blocage de cette réforme si juste : le fait qu’il faille, comme Macron l’a préconisé à ses ministres : « expliquer, expliquer, et encore expliquer la réforme. » Si les Français sont contre, c’est naturellement parce que le gouvernement n’a pas suffisamment fait preuve de « pédagogie ». Et l’éditorialiste de se demander si « les Français vont supporter longtemps d’être les otages d’un mouvement social qui deviendrait radical » avant d’évoquer la « course à la radicalité et à la démagogie », la « radicalisation du mouvement » et « l’hystérisation du débat ». Il ne manquait plus que le « populisme » pour faire un « strike ».

Réforme des retraites: l’intox pro gouvernemental des « élites » 

Réforme des retraites: l’intox pro gouvernemental des « élites » 

 

Quelques jours avant le 19 février, la plupart des grands médias et le gouvernement pronostiquaient généralement une mobilisation assez moyenne en raison notamment du faible impact des syndicats. Depuis le 19 février, ils ont certes acté la réussite de la mobilisation à Paris comme en province mais ils prévoient désormais que le temps jouera contre les anti réforme voire annoncent un éclatement du front syndical. . Dans deux nombreux grands médias , on assiste à un matraquage pro gouvernemental à propos de la réforme des retraites. Beaucoup d’ailleurs n’ont strictement aucune compétence en la matière mais ils reprennent tout simplement le discours à la mode dans les salons parisiens. Finalement des prises de position assez proche du café du commerce mais du café mondain. Certes le système des retraites doit être revu mais de façon équitable et efficace. Mais les élites proclamées  font l’économie de l’analyse d’une part d’un texte, d’autre part des réalités sociales. Rien d’étonnant à cela puisque la plupart des médias dépendent des grangs financiers ou du gouvernement. Pour preuve,  cette caricature de débat dans un article de « Marianne » qui rend compte d’un échange  sur Radio classique  .

 

Pour parler de la réforme des retraites ce jeudi matin au micro de Radio Classique, Guillaume Durand a invité pas moins de trois personnalités. Des personnalités si différentes qu’elles étaient toutes d’accord entre elles. Comme l’animateur lui-même, d’ailleurs.

À 8 h 15, dans « Les stars de l’info », c’est Raymond Soubie, ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy qu’a décidé d’inviter l’animateur. Que va bien pouvoir penser de la situation celui qui a conseillé le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin sur la réforme des retraites puis qui a organisé celle de 2010 sous Sarkozy et Fillon ? Le suspense est total. Autant que si l’on avait invité Jean-Paul Delevoye il y a 3 ans pour lui demander s’il était pour ou contre la réforme.

La première question de l’animateur donne le ton : « Mettons-nous tous les deux ce matin à la place du gouvernement, bien que nous ne soyons pas le gouvernement (la précision est utile) : est-ce que tout a été mis sur la table ? » Réponse de l’invité : « Presque tout a déjà été mis sur la table. » Si tout est accompli, les choses, devraient donc bien se passer ? Pas si sûr, selon l’invité, qui nous remémore la première tentative du président : « Je rappelle que les retraites, c’est un sujet douloureux pour Emmanuel Macron. » Hélas, les Français sont incapables d’empathie pour le chef de l’État, qui, d’après Monsieur Soubie, « garde un souvenir terrible de la crise des Gilets jaunes qui est partie sur le pouvoir d’achat mais qui s’est assez vite transformée en détestation politique y compris violente vis-à-vis du pouvoir. » Les factieux ont heureusement été mis hors d’état de nuire, même si, comme le déplore Guillaume Durand, on essaye encore de monter les riches contre les pauvres – alors que c’est tellement plus simple pour tout le monde de faire payer les pauvres.

L’ancien conseiller social en est tout cas convaincu : cette réforme, Macron « ne peut plus la reculer ni abandonner, il perdrait absolument toute crédibilité à l’intérieur du pays. » Et Dieu sait qu’elle est immense. Puis ce dernier d’exprimer un regret : que le président « ne l’ait pas fait passer avec le 1er 49.3 » C’est vrai que le gouvernement semble totalement ignorer ce recours.

 

Tout à coup, les trois hommes sont traversés par une fulgurance. Si cette réforme est l’évidence même, pourquoi n’emporte-t-elle pas l’adhésion de tous les Français ? La réponse jaillit, limpide, dans la bouche de Franz : c’est à cause des fake news. Puis d’égrener des déclarations de Sandrine Rousseau ou de Clémentine Autain dont on se demande quel rapport elles ont avec les retraites. Mais pas Guillaume Durand, qui demande, naïf : « On est dans l’idéologie ? » Tout le contraire de Radio Classique. L’animateur-ministre du Travail renchérit : « Y a des mensonges qui sont répétés, des mensonges d’ailleurs dénoncés par Macron ». Si c’est pas la preuve que c’en est, qu’est-ce que c’est ?

L’animateur-Haut-commissaire à la réforme pose ensuite une question ouverte qui fera date : « Quels sont d’après vous les deux ou trois gros mensonges qui sont racontés aux Français sur cette affaire-là ? » David Doukhan prend la question très au sérieux : « Les fake news, c’est un problème pour Emmanuel Macron parce qu’il sait pertinemment qu’il est lancé maintenant dans une bataille de l’opinion. » Avant cette désinformation, en effet, tout le monde était favorable à la réforme. Il ajoute : « Le problème de ces fake news, c’est qu’elles visent à déclencher l’embrasement. » Nous ne « fact-checkerons » pas cette affirmation car elle émane d’un complotisme autorisé, celui des élites. Le journaliste d’alerter : « La difficulté, c’est qu’en face, le gouvernement a des arguments, allez, on va dire très raisonnables et parfois un peu technocratiques. » Or tout le monde sait que c’est un gros problème quand on a, en face, affaire à des citoyens bas-de-plafond. Puis de conclure : « Attention à ce que cette bataille ne soit pas emportée par ceux qui manient le mensonge. » On ne comprend plus très bien : souhaite-t-il maintenant que le gouvernement échoue ?

Un peu plus tôt, à 8h12, l’éditorialiste Guillaume Tabard avait trouvé une autre raison au blocage de cette réforme si juste : le fait qu’il faille, comme Macron l’a préconisé à ses ministres : « expliquer, expliquer, et encore expliquer la réforme. » Si les Français sont contre, c’est naturellement parce que le gouvernement n’a pas suffisamment fait preuve de « pédagogie ». Et l’éditorialiste de se demander si « les Français vont supporter longtemps d’être les otages d’un mouvement social qui deviendrait radical » avant d’évoquer la « course à la radicalité et à la démagogie », la « radicalisation du mouvement » et « l’hystérisation du débat ». Il ne manquait plus que le « populisme » pour faire un « strike ».

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