Archive pour le Tag 'l’intelligence'

L’éducation confrontée au biais de l’intelligence artificielle

L’éducation confrontée au biais de l’intelligence artificielle

Il est impératif que les établissements, dans l’enseignement scolaire comme dans le supérieur, encouragent une culture de responsabilité dans le développement de l’intelligence artificielle, prévient Anthony Hié, directeur de la transformation digitale du groupe d’enseignement supérieur Excelia, dans une tribune au « Monde ».

L’intelligence artificielle (IA) est certainement l’une des avancées technologiques les plus significatives de notre ère. Elle a révolutionné la manière dont nous interagissons avec la technologie, en influençant des domaines allant de la médecine à la finance, en passant par le divertissement et l’éducation.

Derrière l’omniprésence de l’IA, accentuée par l’arrivée des IA génératives [capables de générer des données], les biais de l’IA restent un défi majeur. Il est impératif que l’éducation, dans toutes ses dimensions, s’attaque à cette problématique de manière proactive et éclairée.

Les biais dans l’IA se forment au stade de l’entraînement des modèles. Si les données d’entraînement comportent des préjugés ou des discriminations, l’IA peut les reproduire sans discernement. Par exemple, les systèmes de reconnaissance faciale ont été accusés de présenter des taux d’erreur plus élevés pour les personnes de couleur, en partie à cause des ensembles de données biaisés utilisés pour les former. Cela souligne l’importance cruciale de s’attaquer à cette question.

Pour comprendre les biais de l’IA, il est essentiel de saisir comment ils émergent. Les modèles d’IA apprennent à partir de données réelles, qu’ils utilisent pour prendre des décisions ou faire des recommandations. Si ces données sont imprégnées de stéréotypes, d’injustices, ou de discriminations, l’IA peut reproduire ces mêmes problèmes. Par conséquent, il est essentiel de s’attaquer aux biais à la source, c’est-à-dire les données d’entraînement.

Le projet Gender Shades, lancé par le Massachusetts Institute of Technology, évalue la précision des logiciels de classification de genre alimentés par l’IA. Cette étude a révélé que les entreprises soumises à ces évaluations obtenaient des résultats de reconnaissance faciale nettement meilleurs pour les hommes que pour les femmes, avec une différence de 8,1 % à 20,6 % dans les taux d’erreur. Cette étude concernant l’examen du logiciel d’analyse faciale révèle également un taux d’erreur surprenant de 0,8 % pour les hommes à la peau claire et de 34,7 % pour les femmes à la peau foncée1.

Les conclusions du projet mettaient en évidence le potentiel d’abus de la technologie de l’analyse faciale, que ce soit aux mains de gouvernements autoritaires, d’individus malveillants ou d’entreprises opportunistes. En fin de compte, le projet soulignait la vulnérabilité des algorithmes à la corruption et à la partialité.

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Les dangers de l’intelligence artificielle dans les systèmes d’armement nucléaire

Les dangers de l’intelligence artificielle dans les systèmes d’armement nucléaire

Ancienne ministre australienne du développement international. Melissa Parke, à la tête d’une ONG de lutte contre l’arme nucléaire, alerte dans une tribune au « Monde » sur les risques de déclenchement d’un conflit atomique du fait de l’utilisation de l’intelligence artificielle dans les processus de décision.

Ce n’est désormais plus de la science-fiction : une course a débuté autour de l’application de l’intelligence artificielle aux systèmes d’armements nucléaires – une évolution susceptible d’accentuer la probabilité d’une guerre nucléaire. Les gouvernements à travers le monde agissant toutefois pour que l’IA soit développée et appliquée de manière sûre, une opportunité d’atténuation de ce risque existe.

Mais pour que les dirigeants mondiaux la saisissent, il va néanmoins leur falloir admettre que la menace est sérieuse… Ces dernières semaines, le G7 a convenu du code de conduite du processus d’Hiroshima pour les organisations développant des systèmes d’IA avancés, afin de « promouvoir une IA sûre, sécurisée et fiable à travers le monde ».

Le président américain, Joe Biden, a pris un décret présidentiel établissant de nouvelles normes autour de la « sécurité » de l’IA. Le Royaume-Uni a également organisé le tout premier sommet sur la sécurité de l’IA, avec pour objectif de veiller à ce que cette technologie soit développée de manière « sûre et responsable ».

Mais aucune de ces initiatives n’est à la hauteur des risques soulevés par l’application de l’IA aux armes nucléaires. Le code de conduite du G7 et le décret présidentiel de Biden évoquent seulement brièvement la nécessité de protéger les populations contre les menaces chimiques, biologiques et nucléaires susceptibles de résulter de l’IA.

De même, bien qu’il ait expliqué qu’une compréhension commune des risques soulevés par l’IA avait émergé lors du sommet sur la sécurité de l’IA, le premier ministre britannique, Rishi Sunak, n’a mentionné nulle part la menace élevée …

L’intelligence artificielle va provoquer la fin des médias ?

L’intelligence artificielle va provoquer la fin des médias ?

Recherche d’informations, production de contenu, traduction, détection de propos haineux… l’intelligence artificielle (IA) générative promet d’importants gains de productivité dans l’univers des médias. Les médias nous accompagnent au quotidien et sont un support à la démocratie : ils ont la liberté de montrer différents points de vue et idées, de dénoncer la corruption et les discriminations, mais également de montrer la cohésion sociale et culturelle.
Alors que le public se tourne vers les médias pour s’informer, se cultiver et se divertir, les médias n’échappent pas aux soucis économiques et à la rentabilité d’une industrie mesurée en termes d’audimat et de vente. Dans ce contexte, l’IA générative amène de nouveaux outils puissants et sera de plus en plus utilisée.

Laurence Devillers
Professeur en Intelligence Artificielle, Sorbonne Université dans The conversation

Un article intéressant mais qui n’assiste pas suffisamment sur l’actuelle très grande fragilité des médias. Une fragilité qui se traduit notamment par un introuvable équilibre financier qui favorise la médiocrité rédactionnelle. Et qui permet la mainmise des grands capitaines d’industrie sur l’information ! NDLR

Mais il faut crucialement rappeler que les IA génératives n’ont pas d’idées, et qu’elles reprennent des propos qui peuvent être agencés de façon aussi intéressante qu’absurde (on parle alors d’« hallucinations » des systèmes d’IA). Ces IA génératives ne savent pas ce qui est possible ou impossible, vrai ou faux, moral ou immoral.

Ainsi, le métier de journaliste doit rester central pour enquêter et raisonner sur les situations complexes de société et de géopolitique. Alors, comment les médias peuvent-ils exploiter les outils d’IA tout en évitant leurs écueils ?

Le Comité national pilote d’éthique du numérique (CNPEN) a rendu en juillet un avis général sur les enjeux d’éthique des IA génératives, que j’ai co-coordonné, au ministre chargé de la Transition numérique. Il précise notamment les risques de ces systèmes.

Les médias peuvent utiliser l’IA pour améliorer la qualité de l’information, lutter contre les fausses nouvelles, identifier le harcèlement et les incitations à la haine, mais aussi parce qu’elle peut permettre de faire avancer la connaissance et mieux comprendre des réalités complexes, comme le développement durable ou encore les flux migratoires.

Les IA génératives sont des outils fabuleux qui peuvent faire émerger des résultats que nous ne pourrions pas obtenir sans elles car elles calculent à des niveaux de représentation qui ne sont pas les nôtres, sur une quantité gigantesque de données et avec une rapidité qu’un cerveau ne sait pas traiter. Si on sait se doter de garde-fous, ce sont des systèmes qui vont nous faire gagner du temps de recherche d’information, de lecture et de production et qui vont nous permettre de lutter contre les stéréotypes et d’optimiser des processus.

Ces outils n’arrivent pas maintenant par hasard. Alors que nous sommes effectivement noyés sous un flot d’informations diffusées en continu par les chaînes classiques ou contenus accessibles sur Internet, des outils comme ChatGPT nous permettent de consulter et de produire des synthèses, programmes, poèmes, etc., à partir d’un ensemble d’informations gigantesques inaccessibles à un cerveau humain en temps humain. Ils peuvent donc être extrêmement utiles pour de nombreuses tâches mais aussi contribuer à un flux d’informations non sourcées. Il faut donc les apprivoiser et en comprendre le fonctionnement et les risques.

Les performances des IA génératives tiennent à la capacité d’apprentissage auto-supervisée (c’est-à-dire sans être guidée par une main humaine, ce qui est un concept différent de l’adaptation en temps réel) de leurs modèles internes, appelés « modèles de fondation », qui sont entraînés à partir d’énormes corpus de données constitués de milliards d’images, de textes ou de sons très souvent dans les cultures dominantes sur Internet, par exemple GPT3.5 de ChatGPT est nourri majoritairement de données en anglais. Les deux autres types d’apprentissage ont également été utilisés : avant sa mise à disposition fin 2022, ChatGPT a été optimisé grâce à un apprentissage supervisé puis grâce à un apprentissage par renforcement par des humains de façon à affiner les résultats et à éliminer les propos non souhaitables.

Cette optimisation par des humains a d’ailleurs été très critiquée. Comment sont-ils formés ? Qui sont ces « hommes du clic » sous-payés ? Ces propos « non souhaitables », en outre, ne sont pas décidés par un comité d’éthique ou le législateur, mais par l’entreprise seule.

Durant l’apprentissage des modèles de fondation sur des textes, le système apprend ce que l’on appelle des « vecteurs de plongements lexicaux » (de taille 512 dans GPT 3.5). C’est le système « transformers ». Le principe d’entraînement du modèle de fondation est fondé par l’hypothèse distributionnelle proposée par le linguiste américain John Ruppert Fith en 1957 : on ne peut connaître le sens d’un mot que par ses fréquentations (« You shall know a word by the company it keeps »).

Ces entités (« token » en anglais) font en moyenne quatre caractères dans GPT3.5. Elles peuvent n’être constituées que d’un seul et d’un blanc. Elles peuvent donc être des parties de mots ou des mots avec l’avantage de pouvoir combiner agilement ces entités pour recréer des mots et des phrases sans aucune connaissance linguistique (hormis celle implicite à l’enchaînement des mots), le désavantage étant évidemment d’être moins interprétable. Chaque entité est codée par un vecteur qui contient des informations sur tous les contextes où cette entité a été vue grâce à des mécanismes d’attention. Ainsi deux entités ayant le même voisinage seront considérées comme proches par le système d’IA.

Le système d’IA générative sur des textes apprend ainsi un modèle de production avec des mécanismes qui n’ont rien à voir avec la production humaine située avec un corps, pour autant elle est capable de l’imiter à partir des textes de l’apprentissage. Ce fonctionnement a pour conséquence directe de perdre les sources d’où sont extraits les voisinages repérés, ce qui pose un problème de fond pour la vérification du contenu produit. Aucune vérification de la véracité des propos n’est produite facilement. Il faut retrouver les sources et quand on demande au système de le faire, il peut les inventer !

Lorsque vous proposez une invite à ChatGPT, il va prédire l’entité suivante, puis la suivante et ainsi de suite. Un paramètre clé est celui de la « température » qui exprime le degré d’aléatoire dans le choix des entités. À une température élevée, le modèle est plus « créatif » car il peut générer des sorties plus diversifiées, tandis qu’à une température basse, le modèle tend à choisir les sorties les plus probables, ce qui rend le texte généré plus prévisible. Trois options de température sont proposées dans l’outil conversationnel Bing (GPT4) de Microsoft (plus précis, plus équilibré, plus créatif). Souvent, les hyperparamètres des systèmes ne sont pas dévoilés pour des raisons de cybersécurité ou de confidentialité comme c’est le cas dans ChatGPT… mais la température permet d’avoir des réponses différentes à la même question.

Il est ainsi facile d’imaginer certains des risques de l’IA générative pour les médias. D’autres apparaîtront certainement au fur et à mesure de leurs utilisations.

Il paraît urgent de trouver comment les minimiser en attendant la promulgation pour l’Union européenne d’un IA Act en se dotant de guides de bonnes pratiques. L’avis du CNPEN sur les IA génératives et les enjeux d’éthique comprend, lui, 10 préconisations pour la recherche et 12 pour la gouvernance. Voici quelques-uns des risques identifiés pour les médias :

Faire trop confiance aux dires de la machine sans recouper avec d’autres sources. Le croisement de plusieurs sources de données et la nécessité d’enquêter deviennent fondamentaux pour toutes les professions : journalistes, scientifiques, professeurs et autres. Il semble d’ailleurs fondamental d’enseigner la façon d’utiliser ces systèmes à l’école et à l’université et de cultiver l’art de débattre pour élaborer ses idées.

Comprendre que ChatGPT est construit avec des données majoritairement en anglais et que son influence culturelle peut-être importante.

Utiliser massivement ChatGPT de façon paresseuse dans les médias, en produisant énormément de nouvelles données artificielles non vérifiées sur Internet qui pourraient servir à entraîner de nouvelles IA. Ce serait dramatique qu’il n’y ait plus aucune garantie de vérité sur ces données reconstituées par la machine. Deux avocats américains se sont par exemple fait piéger en faisant référence au cours d’une procédure, sur les conseils de l’algorithme, à des jurisprudences qui n’existaient pas.

Remplacer certaines tâches dans de nombreux métiers autour des médias par des systèmes d’IA. Certains métiers vont disparaître, d’autres vont apparaître. Il faut créer des interfaces avec des mesures de confiance pour aider la coopération entre les humains et les systèmes d’IA.

Utiliser les systèmes d’IA et les démystifier devient une nécessité absolue tout en faisant attention de ne pas désapprendre et de pouvoir s’en passer.

Il est nécessaire de comprendre que ChatGPT fait de nombreuses erreurs, par exemple il n’a pas de notion d’histoire ni de compréhension de l’espace. Le diable est dans les détails mais également dans le choix des données utilisées pour créer le modèle. La loi sur l’IA réclame plus de transparence sur ces systèmes d’IA pour vérifier leur robustesse, leur non-manipulation et leur consommation énergétique.

Il faut vérifier que les données produites n’empiètent pas sur le droit d’auteur et que les données utilisées par le système sont correctement utilisées. Si des données « synthétiques » remplacent demain nos connaissances dans d’entraînement des futurs modèles de fondation, il sera de plus en plus difficile de démêler le vrai du faux.

Donner accès à des systèmes d’IA (par exemple Dall-E ou Stable Diffusion) qui peuvent être utilisés pour créer de l’hypertrucage (deepfake en anglais) pour produire des images. Le phénomène rappelle l’importance de vérifier non seulement la fiabilité des sources des articles, mais aussi des images et vidéos. Il est question de mettre des filigranes (ou watermarks) dans les textes, images ou vidéos produites pour savoir si elles ont été faites par des IA ou de labelliser les données « bio » (ou produites par des humains).

L’arrivée de ChatGPT a été un tsunami pour tout le monde. Il a bluffé experts comme non-experts par ses capacités de production de texte, de traduction et même de programmation informatique.

L’explication scientifique précise du phénomène d’« étincelle d’émergences » dans les modèles de fondation est un sujet de recherche actuel et dépend des données et des hyperparamètres des modèles. Il est important de développer massivement la recherche pluridisciplinaire sur les émergences et limites des IA génératives et sur les mesures à déployer pour les contrôler.

Enfin, if faut éduquer à l’école sur les risques et l’éthique tout autant que sur la programmation, et également former et démystifier les systèmes d’IA pour utiliser et innover de façon responsable en ayant conscience des conséquences éthiques, économiques, sociétales et du coût environnemental.

La France pourrait jouer un rôle majeur au sein de l’Europe avec l’ambition d’être un laboratoire de l’IA pour les médias en étudiant les enjeux éthiques et économiques au service du bien commun et des démocraties.

Société- La fin des médias avec l’intelligence artificielle ?

Société-La fin des médias avec l’intelligence artificielle ?

Recherche d’informations, production de contenu, traduction, détection de propos haineux… l’intelligence artificielle (IA) générative promet d’importants gains de productivité dans l’univers des médias. Les médias nous accompagnent au quotidien et sont un support à la démocratie : ils ont la liberté de montrer différents points de vue et idées, de dénoncer la corruption et les discriminations, mais également de montrer la cohésion sociale et culturelle.
Alors que le public se tourne vers les médias pour s’informer, se cultiver et se divertir, les médias n’échappent pas aux soucis économiques et à la rentabilité d’une industrie mesurée en termes d’audimat et de vente. Dans ce contexte, l’IA générative amène de nouveaux outils puissants et sera de plus en plus utilisée.

Laurence Devillers
Professeur en Intelligence Artificielle, Sorbonne Université dans The conversation

Un article intéressant mais qui n’assiste pas suffisamment sur l’actuelle très grande fragilité des médias. Une fragilité qui se traduit notamment par un introuvable équilibre financier qui favorise la médiocrité rédactionnelle. Et qui permet la mainmise des grands capitaines d’industrie sur l’information ! NDLR

Mais il faut crucialement rappeler que les IA génératives n’ont pas d’idées, et qu’elles reprennent des propos qui peuvent être agencés de façon aussi intéressante qu’absurde (on parle alors d’« hallucinations » des systèmes d’IA). Ces IA génératives ne savent pas ce qui est possible ou impossible, vrai ou faux, moral ou immoral.

Ainsi, le métier de journaliste doit rester central pour enquêter et raisonner sur les situations complexes de société et de géopolitique. Alors, comment les médias peuvent-ils exploiter les outils d’IA tout en évitant leurs écueils ?

Le Comité national pilote d’éthique du numérique (CNPEN) a rendu en juillet un avis général sur les enjeux d’éthique des IA génératives, que j’ai co-coordonné, au ministre chargé de la Transition numérique. Il précise notamment les risques de ces systèmes.

Les médias peuvent utiliser l’IA pour améliorer la qualité de l’information, lutter contre les fausses nouvelles, identifier le harcèlement et les incitations à la haine, mais aussi parce qu’elle peut permettre de faire avancer la connaissance et mieux comprendre des réalités complexes, comme le développement durable ou encore les flux migratoires.

Les IA génératives sont des outils fabuleux qui peuvent faire émerger des résultats que nous ne pourrions pas obtenir sans elles car elles calculent à des niveaux de représentation qui ne sont pas les nôtres, sur une quantité gigantesque de données et avec une rapidité qu’un cerveau ne sait pas traiter. Si on sait se doter de garde-fous, ce sont des systèmes qui vont nous faire gagner du temps de recherche d’information, de lecture et de production et qui vont nous permettre de lutter contre les stéréotypes et d’optimiser des processus.

Ces outils n’arrivent pas maintenant par hasard. Alors que nous sommes effectivement noyés sous un flot d’informations diffusées en continu par les chaînes classiques ou contenus accessibles sur Internet, des outils comme ChatGPT nous permettent de consulter et de produire des synthèses, programmes, poèmes, etc., à partir d’un ensemble d’informations gigantesques inaccessibles à un cerveau humain en temps humain. Ils peuvent donc être extrêmement utiles pour de nombreuses tâches mais aussi contribuer à un flux d’informations non sourcées. Il faut donc les apprivoiser et en comprendre le fonctionnement et les risques.

Les performances des IA génératives tiennent à la capacité d’apprentissage auto-supervisée (c’est-à-dire sans être guidée par une main humaine, ce qui est un concept différent de l’adaptation en temps réel) de leurs modèles internes, appelés « modèles de fondation », qui sont entraînés à partir d’énormes corpus de données constitués de milliards d’images, de textes ou de sons très souvent dans les cultures dominantes sur Internet, par exemple GPT3.5 de ChatGPT est nourri majoritairement de données en anglais. Les deux autres types d’apprentissage ont également été utilisés : avant sa mise à disposition fin 2022, ChatGPT a été optimisé grâce à un apprentissage supervisé puis grâce à un apprentissage par renforcement par des humains de façon à affiner les résultats et à éliminer les propos non souhaitables.

Cette optimisation par des humains a d’ailleurs été très critiquée. Comment sont-ils formés ? Qui sont ces « hommes du clic » sous-payés ? Ces propos « non souhaitables », en outre, ne sont pas décidés par un comité d’éthique ou le législateur, mais par l’entreprise seule.

Durant l’apprentissage des modèles de fondation sur des textes, le système apprend ce que l’on appelle des « vecteurs de plongements lexicaux » (de taille 512 dans GPT 3.5). C’est le système « transformers ». Le principe d’entraînement du modèle de fondation est fondé par l’hypothèse distributionnelle proposée par le linguiste américain John Ruppert Fith en 1957 : on ne peut connaître le sens d’un mot que par ses fréquentations (« You shall know a word by the company it keeps »).

Ces entités (« token » en anglais) font en moyenne quatre caractères dans GPT3.5. Elles peuvent n’être constituées que d’un seul et d’un blanc. Elles peuvent donc être des parties de mots ou des mots avec l’avantage de pouvoir combiner agilement ces entités pour recréer des mots et des phrases sans aucune connaissance linguistique (hormis celle implicite à l’enchaînement des mots), le désavantage étant évidemment d’être moins interprétable. Chaque entité est codée par un vecteur qui contient des informations sur tous les contextes où cette entité a été vue grâce à des mécanismes d’attention. Ainsi deux entités ayant le même voisinage seront considérées comme proches par le système d’IA.

Le système d’IA générative sur des textes apprend ainsi un modèle de production avec des mécanismes qui n’ont rien à voir avec la production humaine située avec un corps, pour autant elle est capable de l’imiter à partir des textes de l’apprentissage. Ce fonctionnement a pour conséquence directe de perdre les sources d’où sont extraits les voisinages repérés, ce qui pose un problème de fond pour la vérification du contenu produit. Aucune vérification de la véracité des propos n’est produite facilement. Il faut retrouver les sources et quand on demande au système de le faire, il peut les inventer !

Lorsque vous proposez une invite à ChatGPT, il va prédire l’entité suivante, puis la suivante et ainsi de suite. Un paramètre clé est celui de la « température » qui exprime le degré d’aléatoire dans le choix des entités. À une température élevée, le modèle est plus « créatif » car il peut générer des sorties plus diversifiées, tandis qu’à une température basse, le modèle tend à choisir les sorties les plus probables, ce qui rend le texte généré plus prévisible. Trois options de température sont proposées dans l’outil conversationnel Bing (GPT4) de Microsoft (plus précis, plus équilibré, plus créatif). Souvent, les hyperparamètres des systèmes ne sont pas dévoilés pour des raisons de cybersécurité ou de confidentialité comme c’est le cas dans ChatGPT… mais la température permet d’avoir des réponses différentes à la même question.

Il est ainsi facile d’imaginer certains des risques de l’IA générative pour les médias. D’autres apparaîtront certainement au fur et à mesure de leurs utilisations.

Il paraît urgent de trouver comment les minimiser en attendant la promulgation pour l’Union européenne d’un IA Act en se dotant de guides de bonnes pratiques. L’avis du CNPEN sur les IA génératives et les enjeux d’éthique comprend, lui, 10 préconisations pour la recherche et 12 pour la gouvernance. Voici quelques-uns des risques identifiés pour les médias :

Faire trop confiance aux dires de la machine sans recouper avec d’autres sources. Le croisement de plusieurs sources de données et la nécessité d’enquêter deviennent fondamentaux pour toutes les professions : journalistes, scientifiques, professeurs et autres. Il semble d’ailleurs fondamental d’enseigner la façon d’utiliser ces systèmes à l’école et à l’université et de cultiver l’art de débattre pour élaborer ses idées.

Comprendre que ChatGPT est construit avec des données majoritairement en anglais et que son influence culturelle peut-être importante.

Utiliser massivement ChatGPT de façon paresseuse dans les médias, en produisant énormément de nouvelles données artificielles non vérifiées sur Internet qui pourraient servir à entraîner de nouvelles IA. Ce serait dramatique qu’il n’y ait plus aucune garantie de vérité sur ces données reconstituées par la machine. Deux avocats américains se sont par exemple fait piéger en faisant référence au cours d’une procédure, sur les conseils de l’algorithme, à des jurisprudences qui n’existaient pas.

Remplacer certaines tâches dans de nombreux métiers autour des médias par des systèmes d’IA. Certains métiers vont disparaître, d’autres vont apparaître. Il faut créer des interfaces avec des mesures de confiance pour aider la coopération entre les humains et les systèmes d’IA.

Utiliser les systèmes d’IA et les démystifier devient une nécessité absolue tout en faisant attention de ne pas désapprendre et de pouvoir s’en passer.

Il est nécessaire de comprendre que ChatGPT fait de nombreuses erreurs, par exemple il n’a pas de notion d’histoire ni de compréhension de l’espace. Le diable est dans les détails mais également dans le choix des données utilisées pour créer le modèle. La loi sur l’IA réclame plus de transparence sur ces systèmes d’IA pour vérifier leur robustesse, leur non-manipulation et leur consommation énergétique.

Il faut vérifier que les données produites n’empiètent pas sur le droit d’auteur et que les données utilisées par le système sont correctement utilisées. Si des données « synthétiques » remplacent demain nos connaissances dans d’entraînement des futurs modèles de fondation, il sera de plus en plus difficile de démêler le vrai du faux.

Donner accès à des systèmes d’IA (par exemple Dall-E ou Stable Diffusion) qui peuvent être utilisés pour créer de l’hypertrucage (deepfake en anglais) pour produire des images. Le phénomène rappelle l’importance de vérifier non seulement la fiabilité des sources des articles, mais aussi des images et vidéos. Il est question de mettre des filigranes (ou watermarks) dans les textes, images ou vidéos produites pour savoir si elles ont été faites par des IA ou de labelliser les données « bio » (ou produites par des humains).

L’arrivée de ChatGPT a été un tsunami pour tout le monde. Il a bluffé experts comme non-experts par ses capacités de production de texte, de traduction et même de programmation informatique.

L’explication scientifique précise du phénomène d’« étincelle d’émergences » dans les modèles de fondation est un sujet de recherche actuel et dépend des données et des hyperparamètres des modèles. Il est important de développer massivement la recherche pluridisciplinaire sur les émergences et limites des IA génératives et sur les mesures à déployer pour les contrôler.

Enfin, if faut éduquer à l’école sur les risques et l’éthique tout autant que sur la programmation, et également former et démystifier les systèmes d’IA pour utiliser et innover de façon responsable en ayant conscience des conséquences éthiques, économiques, sociétales et du coût environnemental.

La France pourrait jouer un rôle majeur au sein de l’Europe avec l’ambition d’être un laboratoire de l’IA pour les médias en étudiant les enjeux éthiques et économiques au service du bien commun et des démocraties.

La fin des médias avec l’intelligence artificielle ?

La fin des médias avec l’intelligence artificielle ?

Recherche d’informations, production de contenu, traduction, détection de propos haineux… l’intelligence artificielle (IA) générative promet d’importants gains de productivité dans l’univers des médias. Les médias nous accompagnent au quotidien et sont un support à la démocratie : ils ont la liberté de montrer différents points de vue et idées, de dénoncer la corruption et les discriminations, mais également de montrer la cohésion sociale et culturelle.
Alors que le public se tourne vers les médias pour s’informer, se cultiver et se divertir, les médias n’échappent pas aux soucis économiques et à la rentabilité d’une industrie mesurée en termes d’audimat et de vente. Dans ce contexte, l’IA générative amène de nouveaux outils puissants et sera de plus en plus utilisée.

Laurence Devillers
Professeur en Intelligence Artificielle, Sorbonne Université dans The conversation

Mais il faut crucialement rappeler que les IA génératives n’ont pas d’idées, et qu’elles reprennent des propos qui peuvent être agencés de façon aussi intéressante qu’absurde (on parle alors d’« hallucinations » des systèmes d’IA). Ces IA génératives ne savent pas ce qui est possible ou impossible, vrai ou faux, moral ou immoral.

Ainsi, le métier de journaliste doit rester central pour enquêter et raisonner sur les situations complexes de société et de géopolitique. Alors, comment les médias peuvent-ils exploiter les outils d’IA tout en évitant leurs écueils ?

Le Comité national pilote d’éthique du numérique (CNPEN) a rendu en juillet un avis général sur les enjeux d’éthique des IA génératives, que j’ai co-coordonné, au ministre chargé de la Transition numérique. Il précise notamment les risques de ces systèmes.

Les médias peuvent utiliser l’IA pour améliorer la qualité de l’information, lutter contre les fausses nouvelles, identifier le harcèlement et les incitations à la haine, mais aussi parce qu’elle peut permettre de faire avancer la connaissance et mieux comprendre des réalités complexes, comme le développement durable ou encore les flux migratoires.

Les IA génératives sont des outils fabuleux qui peuvent faire émerger des résultats que nous ne pourrions pas obtenir sans elles car elles calculent à des niveaux de représentation qui ne sont pas les nôtres, sur une quantité gigantesque de données et avec une rapidité qu’un cerveau ne sait pas traiter. Si on sait se doter de garde-fous, ce sont des systèmes qui vont nous faire gagner du temps de recherche d’information, de lecture et de production et qui vont nous permettre de lutter contre les stéréotypes et d’optimiser des processus.

Ces outils n’arrivent pas maintenant par hasard. Alors que nous sommes effectivement noyés sous un flot d’informations diffusées en continu par les chaînes classiques ou contenus accessibles sur Internet, des outils comme ChatGPT nous permettent de consulter et de produire des synthèses, programmes, poèmes, etc., à partir d’un ensemble d’informations gigantesques inaccessibles à un cerveau humain en temps humain. Ils peuvent donc être extrêmement utiles pour de nombreuses tâches mais aussi contribuer à un flux d’informations non sourcées. Il faut donc les apprivoiser et en comprendre le fonctionnement et les risques.

Les performances des IA génératives tiennent à la capacité d’apprentissage auto-supervisée (c’est-à-dire sans être guidée par une main humaine, ce qui est un concept différent de l’adaptation en temps réel) de leurs modèles internes, appelés « modèles de fondation », qui sont entraînés à partir d’énormes corpus de données constitués de milliards d’images, de textes ou de sons très souvent dans les cultures dominantes sur Internet, par exemple GPT3.5 de ChatGPT est nourri majoritairement de données en anglais. Les deux autres types d’apprentissage ont également été utilisés : avant sa mise à disposition fin 2022, ChatGPT a été optimisé grâce à un apprentissage supervisé puis grâce à un apprentissage par renforcement par des humains de façon à affiner les résultats et à éliminer les propos non souhaitables.

Cette optimisation par des humains a d’ailleurs été très critiquée. Comment sont-ils formés ? Qui sont ces « hommes du clic » sous-payés ? Ces propos « non souhaitables », en outre, ne sont pas décidés par un comité d’éthique ou le législateur, mais par l’entreprise seule.

Durant l’apprentissage des modèles de fondation sur des textes, le système apprend ce que l’on appelle des « vecteurs de plongements lexicaux » (de taille 512 dans GPT 3.5). C’est le système « transformers ». Le principe d’entraînement du modèle de fondation est fondé par l’hypothèse distributionnelle proposée par le linguiste américain John Ruppert Fith en 1957 : on ne peut connaître le sens d’un mot que par ses fréquentations (« You shall know a word by the company it keeps »).

Ces entités (« token » en anglais) font en moyenne quatre caractères dans GPT3.5. Elles peuvent n’être constituées que d’un seul et d’un blanc. Elles peuvent donc être des parties de mots ou des mots avec l’avantage de pouvoir combiner agilement ces entités pour recréer des mots et des phrases sans aucune connaissance linguistique (hormis celle implicite à l’enchaînement des mots), le désavantage étant évidemment d’être moins interprétable. Chaque entité est codée par un vecteur qui contient des informations sur tous les contextes où cette entité a été vue grâce à des mécanismes d’attention. Ainsi deux entités ayant le même voisinage seront considérées comme proches par le système d’IA.

Le système d’IA générative sur des textes apprend ainsi un modèle de production avec des mécanismes qui n’ont rien à voir avec la production humaine située avec un corps, pour autant elle est capable de l’imiter à partir des textes de l’apprentissage. Ce fonctionnement a pour conséquence directe de perdre les sources d’où sont extraits les voisinages repérés, ce qui pose un problème de fond pour la vérification du contenu produit. Aucune vérification de la véracité des propos n’est produite facilement. Il faut retrouver les sources et quand on demande au système de le faire, il peut les inventer !

Lorsque vous proposez une invite à ChatGPT, il va prédire l’entité suivante, puis la suivante et ainsi de suite. Un paramètre clé est celui de la « température » qui exprime le degré d’aléatoire dans le choix des entités. À une température élevée, le modèle est plus « créatif » car il peut générer des sorties plus diversifiées, tandis qu’à une température basse, le modèle tend à choisir les sorties les plus probables, ce qui rend le texte généré plus prévisible. Trois options de température sont proposées dans l’outil conversationnel Bing (GPT4) de Microsoft (plus précis, plus équilibré, plus créatif). Souvent, les hyperparamètres des systèmes ne sont pas dévoilés pour des raisons de cybersécurité ou de confidentialité comme c’est le cas dans ChatGPT… mais la température permet d’avoir des réponses différentes à la même question.

Il est ainsi facile d’imaginer certains des risques de l’IA générative pour les médias. D’autres apparaîtront certainement au fur et à mesure de leurs utilisations.

Il paraît urgent de trouver comment les minimiser en attendant la promulgation pour l’Union européenne d’un IA Act en se dotant de guides de bonnes pratiques. L’avis du CNPEN sur les IA génératives et les enjeux d’éthique comprend, lui, 10 préconisations pour la recherche et 12 pour la gouvernance. Voici quelques-uns des risques identifiés pour les médias :

Faire trop confiance aux dires de la machine sans recouper avec d’autres sources. Le croisement de plusieurs sources de données et la nécessité d’enquêter deviennent fondamentaux pour toutes les professions : journalistes, scientifiques, professeurs et autres. Il semble d’ailleurs fondamental d’enseigner la façon d’utiliser ces systèmes à l’école et à l’université et de cultiver l’art de débattre pour élaborer ses idées.

Comprendre que ChatGPT est construit avec des données majoritairement en anglais et que son influence culturelle peut-être importante.

Utiliser massivement ChatGPT de façon paresseuse dans les médias, en produisant énormément de nouvelles données artificielles non vérifiées sur Internet qui pourraient servir à entraîner de nouvelles IA. Ce serait dramatique qu’il n’y ait plus aucune garantie de vérité sur ces données reconstituées par la machine. Deux avocats américains se sont par exemple fait piéger en faisant référence au cours d’une procédure, sur les conseils de l’algorithme, à des jurisprudences qui n’existaient pas.

Remplacer certaines tâches dans de nombreux métiers autour des médias par des systèmes d’IA. Certains métiers vont disparaître, d’autres vont apparaître. Il faut créer des interfaces avec des mesures de confiance pour aider la coopération entre les humains et les systèmes d’IA.

Utiliser les systèmes d’IA et les démystifier devient une nécessité absolue tout en faisant attention de ne pas désapprendre et de pouvoir s’en passer.

Il est nécessaire de comprendre que ChatGPT fait de nombreuses erreurs, par exemple il n’a pas de notion d’histoire ni de compréhension de l’espace. Le diable est dans les détails mais également dans le choix des données utilisées pour créer le modèle. La loi sur l’IA réclame plus de transparence sur ces systèmes d’IA pour vérifier leur robustesse, leur non-manipulation et leur consommation énergétique.

Il faut vérifier que les données produites n’empiètent pas sur le droit d’auteur et que les données utilisées par le système sont correctement utilisées. Si des données « synthétiques » remplacent demain nos connaissances dans d’entraînement des futurs modèles de fondation, il sera de plus en plus difficile de démêler le vrai du faux.

Donner accès à des systèmes d’IA (par exemple Dall-E ou Stable Diffusion) qui peuvent être utilisés pour créer de l’hypertrucage (deepfake en anglais) pour produire des images. Le phénomène rappelle l’importance de vérifier non seulement la fiabilité des sources des articles, mais aussi des images et vidéos. Il est question de mettre des filigranes (ou watermarks) dans les textes, images ou vidéos produites pour savoir si elles ont été faites par des IA ou de labelliser les données « bio » (ou produites par des humains).

L’arrivée de ChatGPT a été un tsunami pour tout le monde. Il a bluffé experts comme non-experts par ses capacités de production de texte, de traduction et même de programmation informatique.

L’explication scientifique précise du phénomène d’« étincelle d’émergences » dans les modèles de fondation est un sujet de recherche actuel et dépend des données et des hyperparamètres des modèles. Il est important de développer massivement la recherche pluridisciplinaire sur les émergences et limites des IA génératives et sur les mesures à déployer pour les contrôler.

Enfin, if faut éduquer à l’école sur les risques et l’éthique tout autant que sur la programmation, et également former et démystifier les systèmes d’IA pour utiliser et innover de façon responsable en ayant conscience des conséquences éthiques, économiques, sociétales et du coût environnemental.

La France pourrait jouer un rôle majeur au sein de l’Europe avec l’ambition d’être un laboratoire de l’IA pour les médias en étudiant les enjeux éthiques et économiques au service du bien commun et des démocraties.

Complémentarité de l’intelligence humaine et de l’intelligence artificielle ?

Complémentarité de l’intelligence humaine et de l’intelligence artificielle ?

Les technologies d’Intelligence Artificielle proposent des outils très performants, mais la qualité de leur emploi dépend de la personne qui les utilise. Par Emmanuel Olivier, directeur général et membre du directoire d’Esker.( dans La Tribune)

Le 30 novembre dernier, OpenAI lançait ChatGPT, la dernière version de son Intelligence Artificielle (IA) générative. En quelques jours à peine, cette révolution a provoqué un raz-de-marée médiatique riche d’enseignements sur le fonctionnement de l’IA. On parle, certes, d’un outil performant, mais on lui attribue des capacités quasi magiques de création suivies par une substitution massive des emplois existants. Qu’en est-il vraiment au quotidien dans les entreprises ?

La réalité est plus prosaïque, mais les performances de l’IA permettent des gains de productivité dont les entreprises auraient tort de se passer. Plusieurs concepts se cachent derrière le terme générique d’IA, qui existe en réalité depuis plus de 10 ans. En premier lieu vient le Machine Learning ou l’apprentissage automatique. On le retrouve à la base de nombreux processus, les entreprises font du Machine Learning sans le savoir.

Prenons l’exemple de la reconnaissance de caractères ou d’images dans un process de numérisation de commandes clients. Le système va extraire des données pertinentes (dont le numéro de commande, l’adresse de livraison, les quantités associées, les références, etc.) à partir d’e-mail, de PDF, d’images, voire de fax pour les injecter dans le système d’information. Parfois, il va se tromper, confondant une date avec le numéro d’un bon de commande ou vice-versa. L’intervention humaine permettra alors de rectifier l’erreur et le système, fort de son dispositif de Machine Learning, s’en souviendra pour la prochaine fois.
Ainsi, en analysant les corrections de l’utilisateur, l’algorithme s’ajuste automatiquement afin d’augmenter la précision du processus d’extraction au fil du temps. Plus les interactions entre l’IA et la supervision humaine sont nombreuses, plus elles permettent de converger vers une extraction parfaite et totalement automatique des données.

Le deuxième pilier de l’IA est le Deep Learning, qui consiste à apprendre à la machine à effectuer une tâche sans nécessairement coder un algorithme qui lui explique précisément comment faire. De la même manière que si vous montrez trois ou quatre arbres à un jeune enfant, il saura rapidement identifier un nouvel arbre, même s’il est différent des précédents. Pour une machine, la différence est considérable puisqu’il lui faut observer des dizaines de milliers d’arbres pour être aussi performante. Le Deep Learning nécessite donc énormément de données validées.

Cependant, cette technologie peut être utilisée pour trier des informations entrantes. Par exemple, dans un projet de dématérialisation de factures fournisseurs, vous établissez une adresse e-mail générique pour que vos fournisseurs vous envoient leur facture. À la longue, l’adresse dédiée à l’envoi des commandes par les clients se retrouve souvent polluée par des pubs, des réclamations, des demandes de devis… sources de confusion, de perte de temps et d’inefficacité.

Jusqu’à un passé récent, le seul moyen de s’en sortir était de requérir le service d’un humain en chair et en os pour vérifier chaque e-mail et réexpédier les requêtes vers le bon service, ou, simplement, supprimer les spams. Avec le Deep Learning, il devient possible d’automatiser ce processus et donc de se passer d’une intervention humaine pour une tâche pour le moins fastidieuse.

Détection de signaux faibles
Troisième pilier, les IA Générative, façon Chat GPT, permettent d’aider les responsables de relation client à générer, rapidement, des réponses pertinentes. En réalité, la plupart des questions se ressemblent : « Où se trouve ma commande ? » « Quand serai-je livré ? » « Avez-vous bien reçu mon mail ? » On peut utiliser ChatGPT pour comprendre la question et aller chercher dans les systèmes d’informations de l’entreprise les éléments de réponse appropriés, les récupérer et proposer une réponse écrite formatée au responsable du Service Client avant son envoi. Ces gains de temps sur des tâches administratives permettent d’allouer le temps des responsables à des tâches plus intéressantes et moins chronophages.

L’intérêt technique de ces outils capables de séduire les programmeurs et les technophiles ne doit pas faire oublier leur intérêt pratique pour les entreprises. Les réponses à ces deux questions doivent aiguiller leur réflexion : à quoi ça sert ? Pouvons-nous en profiter ?

Une des possibilités reconnues est la détection de signaux faibles pouvant avoir un impact important sur la rentabilité d’une entreprise. Dans la gestion du besoin en fonds de roulement, découvrir à temps de petites variations est très apprécié par les directions financières : des changements dans les délais de paiement d’un client, dans la dynamique de variation de ses commandes dans le temps (en diminution ou en forte hausse), le tout en fonction de sa note de crédit. Là encore, l’intervention humaine est primordiale.

Deux points clefs sont à retenir pour l’utilisation de l’IA dans les sociétés : tout d’abord, elle va fortement affecter leur environnement de travail ainsi que leur productivité. Ensuite, ce n’est qu’un outil dont la réussite est régie par les qualités de la personne qui l’emploie : avoir un pinceau et de la peinture ne suffit pas à reproduire le plafond de la chapelle Sixtine de Michel-Ange. Les fantasmes de l’élimination de l’espèce humaine à la faveur de ChatGPT peuvent produire de bons scénarios de films de science-fiction, mais la réalité est heureusement plus sereine.

L’intelligence artificielle : but ou moyen ?

L’intelligence artificielle : but ou moyen ?


Dans leur ouvrage, « L’intelligence artificielle n’est pas une question technologique » (Éditions de l’Aube), Laurent Bibard, responsable de la filière Management et philosophie de l’ESSEC, et Nicolas Sabouret, professeur à l’Université Paris-Saclay où il dirige la graduate school d’informatique et sciences du numérique, soulignent qu’« il n’y a pas de problème d’intelligence artificielle, il n’y a que le problème de nos attentes à l’égard de ce que nous avons nous-mêmes créé ». Démonstration avec un extrait sur The Conversation France.

Même si nous avons du mal à l’admettre, la tendance est plutôt technophile dans notre société. Malgré certaines résistances qui s’expriment à travers la demande de « moins de technologie » et « plus d’humain », la tendance générale est que la société se « technologise » de plus en plus, sans forcément réfléchir collectivement aux raisons pour lesquelles elle le fait. Et cela nous conduit à ce genre de situation où l’on renouvelle les machines très souvent et où l’on calcule à tout va, donc en générant énormément de pollution. […]

Il faut bien distinguer, dans ces outils de calcul qui coûtent très cher et qui polluent, d’une part, les calculs qui sont faits dans un but collectif de progrès pour la société – que ce soit par les chercheurs ou par des entreprises qui essayent de travailler pour le bien commun –, d’autre part, les usages individuels qui peuvent parfois relever de cet esclavage moderne.

La mode et la diffusion des photos de chatons sur les réseaux sociaux sont très coûteuses sur le plan écologique, pour un gain économique qui ne repose que sur les recettes publicitaires. Au contraire, lors de la pandémie de Covid-19, les centres de calcul ont permis de simuler et de comprendre les modes de diffusion de la maladie, de suivre l’évolution des variants, de manière indéniablement efficace.

la diffusion des photos de chatons sur les réseaux sociaux est très coûteuse sur le plan écologique, pour un gain économique qui ne repose que sur les recettes publicitaires. Shutterstock
Dans les deux cas (la publicité et la recherche sur le Covid-19), tout cela est rendu possible par les algorithmes d’intelligence artificielle (IA). Ce sont donc aussi ces algorithmes, dont nous critiquons l’usage sur les réseaux sociaux, qui nous ont permis de sortir de la pandémie en deux ans, avec un nombre de victimes qui, malgré, tout reste limité – dix fois moins, par exemple, que la grippe espagnole du début du XXe siècle. Grâce aux technologies, nous avons su relativement bien maîtriser une situation potentiellement catastrophique. Cela s’est fait avec ces mêmes centres de calcul très polluants […].

Il faut donc faire la différence entre la photo de chaton qu’on va mettre sur Internet et des technologies mises à disposition dans l’intérêt collectif du bien commun, pour problématiser la question du rapport aux technologies sur le plan directement de la philosophie morale et politique. Cela montre encore ici que, par elles-mêmes, les technologies ne posent pas de problème. C’est le rapport que nous entretenons avec elles qui pose problème, par rapport à nos attentes, par rapport à la conformation à des groupes, par rapport à la mode, etc.

On peut, comme on vient de le voir, problématiser la question sur le plan de la philosophie morale et politique, mais on peut aussi la problématiser sur le plan que l’on peut qualifier d’« épistémologique », c’est-à-dire qui concerne la solidité de nos savoirs. Il y a sur ce sujet une réflexion tout à fait fondamentale d’un philosophe peu connu qui s’appelle Jacob Klein. Il observe qu’à partir de la Renaissance, l’élaboration de la physique mathématique sur la base de l’algèbre conduit les sciences à prendre inévitablement pour but leurs propres méthodes. Il écrit à peu près ceci :

« Jamais les anciens n’auraient pris la méthode comme but. »

Il veut dire par là que l’élaboration des sciences modernes a comme adossement sous-jacent l’idée que la méthode est un but. L’idée que le mode de fonctionnement est le but, en quelque sorte, de la recherche. Et s’il y a du vrai dans ce qu’il dit, il est capital de savoir s’en dégager pour n’utiliser la recherche que comme un moyen d’un but autre que la recherche elle-même, qui n’est pas faite pour se servir elle-même, mais bien pour servir la vie en société, le bien commun.

Cela se transpose dans nos vies concrètes, dans la vie sociale, au travers de ce qu’on appelle en sociologie le fonctionnalisme. Le fonctionnalisme c’est une manière d’approcher les organisations qui identifient de manière très convaincante qu’une organisation risque toujours de se prendre pour son propre but.

Il y en a un exemple remarquable dans le tout début du film Vol au-dessus d’un nid de coucou de Miloš Forman, avec Jack Nicholson. La scène montrée par Forman au début du film est révélatrice de la difficulté que nous abordons ici. Elle a lieu à un moment où des patients dans un hôpital psychiatrique sont censés prendre du repos. Et l’on voit que le personnel de soins, très subtilement, au lieu d’apaiser les patients, les énerve. Ainsi, les soignants sont de nouveau utiles : on appelle même les brancardiers pour mettre Nicholson dans sa camisole de force.

Nous en rions car c’est un film, mais cela est malheureusement tragiquement vrai, et arrive plus que fréquemment tous contextes confondus : au lieu de faciliter le fonctionnement de la structure, de se mettre au service des usagers, les acteurs agissent de manière à rester utiles, c’est-à-dire à ce que leur fonctionnement soit confirmé dans sa pertinence. Autrement dit, on entretient le problème, parce qu’on en est la réponse. Et il se peut que le problème que l’on entretient ait perdu de sa pertinence, voire soit devenu caduc, n’ait aucun sens, voire n’en ait jamais eu…

Des distorsions des systèmes de cet ordre représentent un véritable problème dans notre monde. Et les technologies en sont un rouage de plus en plus central. Elles deviennent un but en soi pour améliorer les capacités de calcul des ordinateurs, de l’IA, etc., indépendamment de l’intérêt que cela puisse apporter aux humains, à la société, au bien commun.

Nous sommes donc, à nouveau, face à un problème fondamentalement humain. Une des manières intéressantes de le poser, c’est de dire que quand on se réfugie dans des théories des systèmes, en n’admettant pas qu’il y a une responsabilité des individus et donc en présupposant que les humains et les individus sont noyés dans les systèmes, on déresponsabilise tout le monde, en jouant de facto le jeu d’une humanité noyée dans les systèmes, dans tout système.

Les théories qui n’insistent que sur l’aspect systémique des fonctionnements contribuent à nos aliénations, au fait que nous devenons des rouages dans des machines. Nous devenons les moyens des machines parce que nous nous représentons que nous sommes dominés par les systèmes.

Science et Société-La fin de homme face à l’intelligence artificielle ?

Science et Société-La fin de homme face à l’intelligence artificielle ?

Le développement de l’IA représente une menace de taille pour l’espèce humaine, analyse l’auteur de La Guerre des intelligences (voir résumé) à l’heure de ChatGPT *. Il est urgent, explique-t-il dans le Figaro, de réfléchir à ses conséquences politiques et aux moyens de cohabiter avec elle.

L’arrivée de ChatGPT a relancé le débat sur l’intelligence artificielle générale : de quoi s’agit-il ?

Laurent ALEXANDRE. – Il existe deux types d’IA qui préoccupent les chercheurs. D’abord, l’intelligence artificielle générale, qui serait légèrement supérieure à l’homme dans tous les domaines cognitifs. Ensuite, la super-intelligence artificielle, l’ASI en anglais, qui pourrait être des milliers, voire des millions, de fois supérieure à la totalité des cerveaux sur ­terre.

Faut-il croire à son émergence ou s’agit-il en réalité d’un fantasme ?

Sam Altman, le patron de ChatGPT, a écrit le mois dernier qu’il est convaincu que la super-intelligence artificielle sera là avant 2030. Il n’y a pas de certitude que nous y parviendrons, mais je constate qu’il y a de plus en plus de chercheurs, une grande majorité, même, qui sont aujourd’hui convaincus que l’IA nous dépassera dans tous les domaines.

La Guerre des intelligences -résumé ( de likedin)

Les inégalités de QI sont majoritairement génétiques (de naissance) et globalement héréditaires même si le mode de vie (malbouffe, sous-stimulation…) accentue cet état de fait. De fait, les inégalités de QI se creusent.

Après une période d’augmentation générale du QI (due à une meilleure hygiène de vie), l’effet Flynn s’est tari en occident, entrainant une baisse du QI moyen, car les personnes au meilleur QI font moins d’enfants et les personnes de faibles QI en font plus et les stimulent moins.

En Asie, l’effet Flynn bat son plein : le QI connaît une forte augmentation pour des raisons environnementales (fin de la malnutrition, éducation…).

L’Afrique devrait connaître à son tour une explosion du QI dans les prochaines décennies.

L’éducation est clef : on en est encore à l’âge de pierre. Il n’y a pas d’évaluation des méthodes (cf les débats stériles entre méthode globale et syllabique alors qu’aucune étude sérieuse n’a jamais été menée sur le sujet), process de transmission inchangé depuis des siècles/millénaires (cours magistral de groupe). Grâce aux neurosciences on va vraiment comprendre comment le cerveau apprend / les cerveaux apprennent.

On pourra alors vraiment faire de la pédagogie efficace et individualisée.

Après le QI, le QCIA

Mais au-delà du QI, le vrai enjeu va être le QCIA (quotient de compatibilité avec l’IA) car l’IA arrive à grands pas.

Aujourd’hui, on n’en est qu’aux balbutiements (l’IA est encore faible, il n’existe pas encore d’IA « forte », consciente d’elle-même) mais les développements sont extrêmement rapides.

Les nouvelles IA sont auto-apprenantes (deep-learning) et deviennent des boîtes noires. On ne sait pas vraiment comment elles fonctionnent car elles évoluent d’elles-mêmes en apprenant. Cela les différentie fondamentalement des algorithmes qui sont pré-programmés par quelqu’un, donc auditables.

Les IA apprennent grâce à la masse des données (textes, vidéos, photos, données de navigation…) dont on les nourrit.

Ce n’est pas un hasard si Google et FB sont des créateurs d’IA : avec les datas dont ils disposent, ils peuvent nourrir les IA.

L’Europe en protégeant les données utilisateurs fait prendre un retard à l’IA européenne vs la Chine ou les US.

Les IA vont rapidement remplacer le travail intellectuel (avocat, médecin…) car la masse de données qu’elles possèdent est phénoménale (ex : des millions de clichés radiologiques, des milliards de datas de santé…) et cela permet de réaliser des corrélations impossibles à un humain.

Paradoxalement, les métiers manuels diversifiés seront les derniers remplacés car un robot multitâche coûte plus cher qu’un programme informatique (le radiologue sera remplacé avant l’aide-soignante).

La fin du travail est annoncée par beaucoup, mais cette peur méconnait l’inventivité humaine : de nouveaux métiers vont apparaître autour de l’IA (comme les datascientistes, les développeurs web ou les spécialistes du retargeting n’existaient pas il y a 20 ans). Par nature, on ne peut pas prévoir ce que seront ces jobs, mais ils existeront comme après chaque révolution industrielle. Ce qu’on peut imaginer et que ces futurs emplois seront étroitement liés à l’IA, il est donc essentiel que notre intelligence soit compatible, d’où l’importance du QCIA.

L’IA est pour le court terme une formidable opportunité (elle va résoudre de nombreux problèmes bien mieux que les humains, surtout dans la santé). Le problème est qu’on ne sait pas comment elle va évoluer. Une IA forte (ie avec conscience) peut devenir dangereuse pour l’homme et comme elle sera dupliquée / répartie (via Internet) dans tous les objets connectés, elle sera difficile à tuer en cas de besoin.

Comment l’IA avec conscience se comportera-t-elle avec nous ? Cela est très difficile à prévoir.

Quel avenir pour l’humanité ?

Assez vite, l’homme va être dépassé par l’IA, alors comment rester dans la course et ne pas être asservi ?

- l’eugénisme : les humains mieux sélectionnés in-vitro seront plus intelligents et en meilleure santé (cf Bienvenue à Gattaca). Cela pose évidemment de nombreux problèmes éthiques mais les réponses à ces problèmes seront différentes selon les pays et la Chine et les US sont plus permissifs. Cependant, cette évolution sera lente alors que l’IA évolue en permanence : les humains risquent de rester à la traîne de l’IA. Enfin, maîtriser la conception des enfants doit interroger sur la capacité de survie de l’espèce humaine en tant que telle. Le hasard de la génétique (mutations non prévues) est en effet le moyen trouvé par la vie pour s’adapter, sur le long terme, à un environnement lui-même en évolution permanente (principe de l’évolution).

- l’hybridation : cette solution prônée par Elon Musk consiste à se mettre des implants cérébraux qui vont booster notre cerveau. Si l’idée est très enthousiasmante (maîtriser la connaissance sans effort ni délai), le vrai risque est la manipulation : qui produit les contenus ? seront-ils orientés ? quid du brain washing ? que se passe-t-il si nous sommes hackés ? Ces implants seraient-ils le cheval de Troie d’une véritable dictature de la pensée encore plus aboutie que 1984 ? En effet, si on peut injecter des informations directement dans notre cerveau, il sera possible également de lire nos pensées. Que reste-t-il de nous si nous n’avons même plus de refuge de notre cerveau pour penser en toute liberté ? Quel usage un gouvernement pourrait-il faire de ces informations, qui ne soit pas totalitaire ?

- projeter nos esprits dans des corps robots : la victoire ultime sur la mort. Sans corps, nous sommes immortels. Mais que restera-t-il de nous quand nous serons fusionnés avec l’IA et que la mortalité n’existera plus alors qu’elle est l’essence même de l’homme et vraisemblablement l’origine de son désir créatif ?

Le problème de toutes ces évolutions c’est qu’elles ont des effets bénéfiques individuels indéniables à court terme (moins de maladies, meilleur QI…), mais à la fois vont créer des inégalités temporaires (seuls les riches pourront au début s’offrir cela) et impliquent des changements pour l’humanité toute entière.

Dès lors que les effets bénéfiques sont importants, il sera impossible d’enrayer le développement des IA dans tous les aspects de nos vies. En effet, quel parent pourrait refuser de faire soigner son enfant par une IA plutôt qu’un médecin, si ses chances de survie sont décuplées ? Quel homme politique pourrait assumer de faire prendre à son pays un retard si énorme en terme de santé publique ?

Mais si les humains sont connectés à des implants, l’IA sera certainement dedans. Serons-nous encore des humains ? Comment ne pas être asservis par l’IA si celle-ci est déjà dans nos cerveaux ?

Les technobéats ne réfléchissent pas à plusieurs générations, trop enthousiastes de voir où leur création les mènera. Quant aux politiques ils sont complètement largués et ne comprennent rien à la technologie. De toute manière, ils ne savent pas penser à plus de deux ans.

Au final, l’IA se développe sans maîtrise, car personne ne pense ni ne parle pour l’humanité.

(A ce sujet, je recommande l’essai d’Edmund Burke « Réflexion sur la Révolution de France » qui explique sa pensée, le « conservatisme », et sa vision de la société comme un contrat entre les vivants, mais également entre les vivants, les morts et les futures générations. Il y a certainement des idées pour nourrir le débat.)

Dans tous les cas, la bataille sera gagnée par les tenants de l’hybridation (transhumanistes) car ceux qui s’hybrideront (et ils le feront même si la réglementation le leur interdit) deviendront super-intelligents et deviendront donc de-facto les leaders. Ceux qui refuseront l’hybridation seront à la traîne.

Face à une IA galopante et à l’hybridation, le rôle de l’école va changer. Notre valeur sera dans ce qui fait notre humanité puisque la connaissance sera injectable à la demande sans effort. Donc il faudra former davantage à l’esprit critique, la réflexion, la créativité. L’homme a cet avantage sur la machine de faire des erreurs et c’est des erreurs que viennent des découvertes.

Société-La fin de homme face à l’intelligence artificielle ?

Société-La fin de homme face à l’intelligence artificielle ?

Le développement de l’IA représente une menace de taille pour l’espèce humaine, analyse l’auteur de La Guerre des intelligences (voir résumé) à l’heure de ChatGPT *. Il est urgent, explique-t-il dans le Figaro, de réfléchir à ses conséquences politiques et aux moyens de cohabiter avec elle.

L’arrivée de ChatGPT a relancé le débat sur l’intelligence artificielle générale : de quoi s’agit-il ?

Laurent ALEXANDRE. – Il existe deux types d’IA qui préoccupent les chercheurs. D’abord, l’intelligence artificielle générale, qui serait légèrement supérieure à l’homme dans tous les domaines cognitifs. Ensuite, la super-intelligence artificielle, l’ASI en anglais, qui pourrait être des milliers, voire des millions, de fois supérieure à la totalité des cerveaux sur ­terre.

Faut-il croire à son émergence ou s’agit-il en réalité d’un fantasme ?

Sam Altman, le patron de ChatGPT, a écrit le mois dernier qu’il est convaincu que la super-intelligence artificielle sera là avant 2030. Il n’y a pas de certitude que nous y parviendrons, mais je constate qu’il y a de plus en plus de chercheurs, une grande majorité, même, qui sont aujourd’hui convaincus que l’IA nous dépassera dans tous les domaines.

La Guerre des intelligences -résumé ( de likedin)

Les inégalités de QI sont majoritairement génétiques (de naissance) et globalement héréditaires même si le mode de vie (malbouffe, sous-stimulation…) accentue cet état de fait. De fait, les inégalités de QI se creusent.

Après une période d’augmentation générale du QI (due à une meilleure hygiène de vie), l’effet Flynn s’est tari en occident, entrainant une baisse du QI moyen, car les personnes au meilleur QI font moins d’enfants et les personnes de faibles QI en font plus et les stimulent moins.

En Asie, l’effet Flynn bat son plein : le QI connaît une forte augmentation pour des raisons environnementales (fin de la malnutrition, éducation…).

L’Afrique devrait connaître à son tour une explosion du QI dans les prochaines décennies.

L’éducation est clef : on en est encore à l’âge de pierre. Il n’y a pas d’évaluation des méthodes (cf les débats stériles entre méthode globale et syllabique alors qu’aucune étude sérieuse n’a jamais été menée sur le sujet), process de transmission inchangé depuis des siècles/millénaires (cours magistral de groupe). Grâce aux neurosciences on va vraiment comprendre comment le cerveau apprend / les cerveaux apprennent.

On pourra alors vraiment faire de la pédagogie efficace et individualisée.

Après le QI, le QCIA

Mais au-delà du QI, le vrai enjeu va être le QCIA (quotient de compatibilité avec l’IA) car l’IA arrive à grands pas.

Aujourd’hui, on n’en est qu’aux balbutiements (l’IA est encore faible, il n’existe pas encore d’IA « forte », consciente d’elle-même) mais les développements sont extrêmement rapides.

Les nouvelles IA sont auto-apprenantes (deep-learning) et deviennent des boîtes noires. On ne sait pas vraiment comment elles fonctionnent car elles évoluent d’elles-mêmes en apprenant. Cela les différentie fondamentalement des algorithmes qui sont pré-programmés par quelqu’un, donc auditables.

Les IA apprennent grâce à la masse des données (textes, vidéos, photos, données de navigation…) dont on les nourrit.

Ce n’est pas un hasard si Google et FB sont des créateurs d’IA : avec les datas dont ils disposent, ils peuvent nourrir les IA.

L’Europe en protégeant les données utilisateurs fait prendre un retard à l’IA européenne vs la Chine ou les US.

Les IA vont rapidement remplacer le travail intellectuel (avocat, médecin…) car la masse de données qu’elles possèdent est phénoménale (ex : des millions de clichés radiologiques, des milliards de datas de santé…) et cela permet de réaliser des corrélations impossibles à un humain.

Paradoxalement, les métiers manuels diversifiés seront les derniers remplacés car un robot multitâche coûte plus cher qu’un programme informatique (le radiologue sera remplacé avant l’aide-soignante).

La fin du travail est annoncée par beaucoup, mais cette peur méconnait l’inventivité humaine : de nouveaux métiers vont apparaître autour de l’IA (comme les datascientistes, les développeurs web ou les spécialistes du retargeting n’existaient pas il y a 20 ans). Par nature, on ne peut pas prévoir ce que seront ces jobs, mais ils existeront comme après chaque révolution industrielle. Ce qu’on peut imaginer et que ces futurs emplois seront étroitement liés à l’IA, il est donc essentiel que notre intelligence soit compatible, d’où l’importance du QCIA.

L’IA est pour le court terme une formidable opportunité (elle va résoudre de nombreux problèmes bien mieux que les humains, surtout dans la santé). Le problème est qu’on ne sait pas comment elle va évoluer. Une IA forte (ie avec conscience) peut devenir dangereuse pour l’homme et comme elle sera dupliquée / répartie (via Internet) dans tous les objets connectés, elle sera difficile à tuer en cas de besoin.

Comment l’IA avec conscience se comportera-t-elle avec nous ? Cela est très difficile à prévoir.

Quel avenir pour l’humanité ?

Assez vite, l’homme va être dépassé par l’IA, alors comment rester dans la course et ne pas être asservi ?

- l’eugénisme : les humains mieux sélectionnés in-vitro seront plus intelligents et en meilleure santé (cf Bienvenue à Gattaca). Cela pose évidemment de nombreux problèmes éthiques mais les réponses à ces problèmes seront différentes selon les pays et la Chine et les US sont plus permissifs. Cependant, cette évolution sera lente alors que l’IA évolue en permanence : les humains risquent de rester à la traîne de l’IA. Enfin, maîtriser la conception des enfants doit interroger sur la capacité de survie de l’espèce humaine en tant que telle. Le hasard de la génétique (mutations non prévues) est en effet le moyen trouvé par la vie pour s’adapter, sur le long terme, à un environnement lui-même en évolution permanente (principe de l’évolution).

- l’hybridation : cette solution prônée par Elon Musk consiste à se mettre des implants cérébraux qui vont booster notre cerveau. Si l’idée est très enthousiasmante (maîtriser la connaissance sans effort ni délai), le vrai risque est la manipulation : qui produit les contenus ? seront-ils orientés ? quid du brain washing ? que se passe-t-il si nous sommes hackés ? Ces implants seraient-ils le cheval de Troie d’une véritable dictature de la pensée encore plus aboutie que 1984 ? En effet, si on peut injecter des informations directement dans notre cerveau, il sera possible également de lire nos pensées. Que reste-t-il de nous si nous n’avons même plus de refuge de notre cerveau pour penser en toute liberté ? Quel usage un gouvernement pourrait-il faire de ces informations, qui ne soit pas totalitaire ?

- projeter nos esprits dans des corps robots : la victoire ultime sur la mort. Sans corps, nous sommes immortels. Mais que restera-t-il de nous quand nous serons fusionnés avec l’IA et que la mortalité n’existera plus alors qu’elle est l’essence même de l’homme et vraisemblablement l’origine de son désir créatif ?

Le problème de toutes ces évolutions c’est qu’elles ont des effets bénéfiques individuels indéniables à court terme (moins de maladies, meilleur QI…), mais à la fois vont créer des inégalités temporaires (seuls les riches pourront au début s’offrir cela) et impliquent des changements pour l’humanité toute entière.

Dès lors que les effets bénéfiques sont importants, il sera impossible d’enrayer le développement des IA dans tous les aspects de nos vies. En effet, quel parent pourrait refuser de faire soigner son enfant par une IA plutôt qu’un médecin, si ses chances de survie sont décuplées ? Quel homme politique pourrait assumer de faire prendre à son pays un retard si énorme en terme de santé publique ?

Mais si les humains sont connectés à des implants, l’IA sera certainement dedans. Serons-nous encore des humains ? Comment ne pas être asservis par l’IA si celle-ci est déjà dans nos cerveaux ?

Les technobéats ne réfléchissent pas à plusieurs générations, trop enthousiastes de voir où leur création les mènera. Quant aux politiques ils sont complètement largués et ne comprennent rien à la technologie. De toute manière, ils ne savent pas penser à plus de deux ans.

Au final, l’IA se développe sans maîtrise, car personne ne pense ni ne parle pour l’humanité.

(A ce sujet, je recommande l’essai d’Edmund Burke « Réflexion sur la Révolution de France » qui explique sa pensée, le « conservatisme », et sa vision de la société comme un contrat entre les vivants, mais également entre les vivants, les morts et les futures générations. Il y a certainement des idées pour nourrir le débat.)

Dans tous les cas, la bataille sera gagnée par les tenants de l’hybridation (transhumanistes) car ceux qui s’hybrideront (et ils le feront même si la réglementation le leur interdit) deviendront super-intelligents et deviendront donc de-facto les leaders. Ceux qui refuseront l’hybridation seront à la traîne.

Face à une IA galopante et à l’hybridation, le rôle de l’école va changer. Notre valeur sera dans ce qui fait notre humanité puisque la connaissance sera injectable à la demande sans effort. Donc il faudra former davantage à l’esprit critique, la réflexion, la créativité. L’homme a cet avantage sur la machine de faire des erreurs et c’est des erreurs que viennent des découvertes.

Société-La fin de l’homme face à l »intelligence artificielle ?

Société-La fin de l’homme face à l’IA ?

Le développement de l’IA représente une menace de taille pour l’espèce humaine, analyse l’auteur de La Guerre des intelligences (voir résumé) à l’heure de ChatGPT *. Il est urgent, explique-t-il dans le Figaro, de réfléchir à ses conséquences politiques et aux moyens de cohabiter avec elle.

L’arrivée de ChatGPT a relancé le débat sur l’intelligence artificielle générale : de quoi s’agit-il ?

Laurent ALEXANDRE. – Il existe deux types d’IA qui préoccupent les chercheurs. D’abord, l’intelligence artificielle générale, qui serait légèrement supérieure à l’homme dans tous les domaines cognitifs. Ensuite, la super-intelligence artificielle, l’ASI en anglais, qui pourrait être des milliers, voire des millions, de fois supérieure à la totalité des cerveaux sur ­terre.

Faut-il croire à son émergence ou s’agit-il en réalité d’un fantasme ?

Sam Altman, le patron de ChatGPT, a écrit le mois dernier qu’il est convaincu que la super-intelligence artificielle sera là avant 2030. Il n’y a pas de certitude que nous y parviendrons, mais je constate qu’il y a de plus en plus de chercheurs, une grande majorité, même, qui sont aujourd’hui convaincus que l’IA nous dépassera dans tous les domaines.

La Guerre des intelligences -résumé ( de likedin)

Les inégalités de QI sont majoritairement génétiques (de naissance) et globalement héréditaires même si le mode de vie (malbouffe, sous-stimulation…) accentue cet état de fait. De fait, les inégalités de QI se creusent.

Après une période d’augmentation générale du QI (due à une meilleure hygiène de vie), l’effet Flynn s’est tari en occident, entrainant une baisse du QI moyen, car les personnes au meilleur QI font moins d’enfants et les personnes de faibles QI en font plus et les stimulent moins.

En Asie, l’effet Flynn bat son plein : le QI connaît une forte augmentation pour des raisons environnementales (fin de la malnutrition, éducation…).

L’Afrique devrait connaître à son tour une explosion du QI dans les prochaines décennies.

L’éducation est clef : on en est encore à l’âge de pierre. Il n’y a pas d’évaluation des méthodes (cf les débats stériles entre méthode globale et syllabique alors qu’aucune étude sérieuse n’a jamais été menée sur le sujet), process de transmission inchangé depuis des siècles/millénaires (cours magistral de groupe). Grâce aux neurosciences on va vraiment comprendre comment le cerveau apprend / les cerveaux apprennent.

On pourra alors vraiment faire de la pédagogie efficace et individualisée.

Après le QI, le QCIA

Mais au-delà du QI, le vrai enjeu va être le QCIA (quotient de compatibilité avec l’IA) car l’IA arrive à grands pas.

Aujourd’hui, on n’en est qu’aux balbutiements (l’IA est encore faible, il n’existe pas encore d’IA « forte », consciente d’elle-même) mais les développements sont extrêmement rapides.

Les nouvelles IA sont auto-apprenantes (deep-learning) et deviennent des boîtes noires. On ne sait pas vraiment comment elles fonctionnent car elles évoluent d’elles-mêmes en apprenant. Cela les différentie fondamentalement des algorithmes qui sont pré-programmés par quelqu’un, donc auditables.

Les IA apprennent grâce à la masse des données (textes, vidéos, photos, données de navigation…) dont on les nourrit.

Ce n’est pas un hasard si Google et FB sont des créateurs d’IA : avec les datas dont ils disposent, ils peuvent nourrir les IA.

L’Europe en protégeant les données utilisateurs fait prendre un retard à l’IA européenne vs la Chine ou les US.

Les IA vont rapidement remplacer le travail intellectuel (avocat, médecin…) car la masse de données qu’elles possèdent est phénoménale (ex : des millions de clichés radiologiques, des milliards de datas de santé…) et cela permet de réaliser des corrélations impossibles à un humain.

Paradoxalement, les métiers manuels diversifiés seront les derniers remplacés car un robot multitâche coûte plus cher qu’un programme informatique (le radiologue sera remplacé avant l’aide-soignante).

La fin du travail est annoncée par beaucoup, mais cette peur méconnait l’inventivité humaine : de nouveaux métiers vont apparaître autour de l’IA (comme les datascientistes, les développeurs web ou les spécialistes du retargeting n’existaient pas il y a 20 ans). Par nature, on ne peut pas prévoir ce que seront ces jobs, mais ils existeront comme après chaque révolution industrielle. Ce qu’on peut imaginer et que ces futurs emplois seront étroitement liés à l’IA, il est donc essentiel que notre intelligence soit compatible, d’où l’importance du QCIA.

L’IA est pour le court terme une formidable opportunité (elle va résoudre de nombreux problèmes bien mieux que les humains, surtout dans la santé). Le problème est qu’on ne sait pas comment elle va évoluer. Une IA forte (ie avec conscience) peut devenir dangereuse pour l’homme et comme elle sera dupliquée / répartie (via Internet) dans tous les objets connectés, elle sera difficile à tuer en cas de besoin.

Comment l’IA avec conscience se comportera-t-elle avec nous ? Cela est très difficile à prévoir.

Quel avenir pour l’humanité ?

Assez vite, l’homme va être dépassé par l’IA, alors comment rester dans la course et ne pas être asservi ?

- l’eugénisme : les humains mieux sélectionnés in-vitro seront plus intelligents et en meilleure santé (cf Bienvenue à Gattaca). Cela pose évidemment de nombreux problèmes éthiques mais les réponses à ces problèmes seront différentes selon les pays et la Chine et les US sont plus permissifs. Cependant, cette évolution sera lente alors que l’IA évolue en permanence : les humains risquent de rester à la traîne de l’IA. Enfin, maîtriser la conception des enfants doit interroger sur la capacité de survie de l’espèce humaine en tant que telle. Le hasard de la génétique (mutations non prévues) est en effet le moyen trouvé par la vie pour s’adapter, sur le long terme, à un environnement lui-même en évolution permanente (principe de l’évolution).

- l’hybridation : cette solution prônée par Elon Musk consiste à se mettre des implants cérébraux qui vont booster notre cerveau. Si l’idée est très enthousiasmante (maîtriser la connaissance sans effort ni délai), le vrai risque est la manipulation : qui produit les contenus ? seront-ils orientés ? quid du brain washing ? que se passe-t-il si nous sommes hackés ? Ces implants seraient-ils le cheval de Troie d’une véritable dictature de la pensée encore plus aboutie que 1984 ? En effet, si on peut injecter des informations directement dans notre cerveau, il sera possible également de lire nos pensées. Que reste-t-il de nous si nous n’avons même plus de refuge de notre cerveau pour penser en toute liberté ? Quel usage un gouvernement pourrait-il faire de ces informations, qui ne soit pas totalitaire ?

- projeter nos esprits dans des corps robots : la victoire ultime sur la mort. Sans corps, nous sommes immortels. Mais que restera-t-il de nous quand nous serons fusionnés avec l’IA et que la mortalité n’existera plus alors qu’elle est l’essence même de l’homme et vraisemblablement l’origine de son désir créatif ?

Le problème de toutes ces évolutions c’est qu’elles ont des effets bénéfiques individuels indéniables à court terme (moins de maladies, meilleur QI…), mais à la fois vont créer des inégalités temporaires (seuls les riches pourront au début s’offrir cela) et impliquent des changements pour l’humanité toute entière.

Dès lors que les effets bénéfiques sont importants, il sera impossible d’enrayer le développement des IA dans tous les aspects de nos vies. En effet, quel parent pourrait refuser de faire soigner son enfant par une IA plutôt qu’un médecin, si ses chances de survie sont décuplées ? Quel homme politique pourrait assumer de faire prendre à son pays un retard si énorme en terme de santé publique ?

Mais si les humains sont connectés à des implants, l’IA sera certainement dedans. Serons-nous encore des humains ? Comment ne pas être asservis par l’IA si celle-ci est déjà dans nos cerveaux ?

Les technobéats ne réfléchissent pas à plusieurs générations, trop enthousiastes de voir où leur création les mènera. Quant aux politiques ils sont complètement largués et ne comprennent rien à la technologie. De toute manière, ils ne savent pas penser à plus de deux ans.

Au final, l’IA se développe sans maîtrise, car personne ne pense ni ne parle pour l’humanité.

(A ce sujet, je recommande l’essai d’Edmund Burke « Réflexion sur la Révolution de France » qui explique sa pensée, le « conservatisme », et sa vision de la société comme un contrat entre les vivants, mais également entre les vivants, les morts et les futures générations. Il y a certainement des idées pour nourrir le débat.)

Dans tous les cas, la bataille sera gagnée par les tenants de l’hybridation (transhumanistes) car ceux qui s’hybrideront (et ils le feront même si la réglementation le leur interdit) deviendront super-intelligents et deviendront donc de-facto les leaders. Ceux qui refuseront l’hybridation seront à la traîne.

Face à une IA galopante et à l’hybridation, le rôle de l’école va changer. Notre valeur sera dans ce qui fait notre humanité puisque la connaissance sera injectable à la demande sans effort. Donc il faudra former davantage à l’esprit critique, la réflexion, la créativité. L’homme a cet avantage sur la machine de faire des erreurs et c’est des erreurs que viennent des découvertes.

IA-Les risques de l’intelligence artificielle non maîtrisée

IA-Les risques de l’intelligence artificielle non maîtrisée

Cédric Sauviat, polytechnicien, président de l’Association Française contre l’Intelligence Artificielle (AFCIA) critique les conséquences de l’IA dont il pense qu’elle absolument pas maîtrisée (tribune dans sciences critiques)

« Il y a quelques semaines, un groupe de travail constitué de plusieurs institutions anglaises et américaines, dont les universités d’Oxford et de Cambridge, a publié un rapport édifiant intitulé « The Malicious Use of Artificial Intelligence » (« De l’Usage malveillant de l’IA » 1).

Une vingtaine d’experts y décrivent les nouveaux dangers auxquels nous expose la technologie dans les cinq prochaines années.

Essaims de drones tueurs à reconnaissance faciale, rançongiciel profilant leurs cibles de manière automatique et sur une grande échelle, détournement de vidéos ou création de deepfakes (vidéo-montages hyperréalistes) aux fins de manipulation et de propagande, etc. Les scénarios ne manquent pas, limités par notre seul pouvoir d’imagination.

Disponibles un peu partout en libre accès, les algorithmes d’Intelligence Artificielle (IA) changent radicalement la donne en matière de sécurité. Là où une organisation malveillante devait investir du temps et de l’expertise pour préparer et mener à bien un petit nombre d’actions criminelles, il suffit désormais de quelques algorithmes courants et de la puissance de calcul de quelques serveurs pour agir avec efficacité et précision sur une vaste échelle.

POUR LA PREMIÈRE FOIS, LA QUESTION DE LA LIBRE DIFFUSION DES ALGORITHMES EST POSÉE.

Hier, l’investissement personnel des malfrats les exposait au risque d’être repérés et identifiés. Aujourd’hui, la délégation du travail à des « bots » garantit aux commanditaires un redoutable anonymat.

Contre ces nouvelles menaces, le panel d’experts reconnaît qu’il n’existe guère de parade évidente. Seule, disent-ils, la mise au point de systèmes défensifs plus intelligents encore pourrait permettre, sinon de prévenir, du moins d’endiguer les attaques. Incitant à une fuite en avant technologique dont les conséquences seront de fournir toujours davantage de moyens aux criminels potentiels.

Pour la première fois, la question de la libre diffusion des algorithmes est posée. Mais est-il vraiment possible de restreindre la diffusion de codes informatiques ?

LES EXPERTS DÉPASSÉS

Au même moment, diverses associations lancent une campagne pour obtenir l’interdiction des armes autonomes. L’un de leurs membres, l’informaticien Stuart Russell, a d’ailleurs présenté à l’Organisation des Nations-Unies (ONU), en novembre 2017, une sorte de docu-fiction 2, très impressionnant, dans lequel on voit des essaims de drones tueurs plonger le monde dans un climat de terreur, en l’espace de quelques semaines.

La conclusion de Stuart Russell est sans appel : il faut d’urgence interdire les armes autonomes par convention internationale. Qui oserait le contredire ?

Le raisonnement, toutefois, souffre d’un petit problème. Pour être efficace, une interdiction légale exigerait que ces fameux drones n’utilisent pas une technologie en vente libre ! GPS, système de pilotage automatique, logiciel de reconnaissance faciale, tous ces gadgets figurent déjà dans votre smartphone. Il ne vous reste plus qu’à récupérer la poudre d’une balle de fusil, ou à accrocher une grenade, un cocktail Molotov ou carrément une paire de ciseaux sur votre drone pour en faire une arme intelligente !

On le voit donc, l’IA semble poser des problèmes insurmontables, même à ceux qui en sont, en principe, les experts – et c’est le cas de Stuart Russell.

UNE CONFIANCE EN DÉLIQUESCENCE

Si le champ des dérives criminelles s’annonce très vaste, que dire de celui des pratiques nuisibles, mais pas nécessairement illégales, qui deviendront possibles pour les individus, les associations ou les entreprises ? Dans un monde où la responsabilité juridique, ou même simplement morale, se dilue à proportion de la distance qu’intercalent Internet et algorithmes entre un acte et son auteur, ne faut-il pas craindre une déliquescence totale de la confiance en l’autre ? 3

GARANT DE LA CONFIANCE QUI PERMET LE LIEN SOCIAL, L’ÉTAT DE DROIT DEVRA, DE PLUS EN PLUS, S’EFFACER DERRIÈRE LES ENTREPRISES TECHNOLOGIQUES QUI MAÎTRISENT LA « BONNE » INTELLIGENCE ARTIFICIELLE.

On discerne alors le rôle que seront appelées à jouer les grandes entreprises technologiques dans la préservation de la confiance et la défense contre la malveillance. Elles seules détiendront les moyens de contrecarrer les pratiques nuisibles, comme par exemple d’authentifier une vidéo, de bloquer des infiltrations de virus informatiques générés automatiquement ou encore de protéger la multitude des objets connectés dont nous sommes, de plus en plus, entourés et dépendants. Déjà, ces entreprises disposent de leviers considérables, et en grande partie discrétionnaires, sur la visibilité d’une société ou la diffusion d’une information.

Garant de la confiance qui permet le lien social, l’État de droit devra, de plus en plus, s’effacer derrière les entreprises technologiques, celles qui maîtrisent la « bonne » IA et peuvent assurer cette mission. Tendance en tout point comparable aux conditions d’émergence de la féodalité dans l’Europe médiévale.

UNE FUITE EN AVANT DÉBRIDÉE

Alléguant la sauvegarde de la souveraineté politique ou économique, la plupart des responsables politiques estiment qu’il est crucial de favoriser le développement d’une « industrie nationale » de l’Intelligence Artificielle. C’est qu’ils redoutent la mainmise des géants technologiques étrangers sur les données, et donc sur les personnes.

LE DÉVELOPPEMENT TECHNIQUE EST TOTALEMENT DÉBRIDÉ PARCE QUE, NULLE PART ET À AUCUN MOMENT, LES CONCEPTEURS D’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE ET LES LÉGISLATEURS NE FIXENT LA MOINDRE LIMITE.

Ils craignent, en outre, l’effet des destructions d’emplois liées à la robotisation 4, et brandissent désormais comme une vérité indiscutable l’argument-choc selon lequel « les économies les plus équipées en intelligence artificielle et en robotique sont celles qui connaissent le moins de chômage ». 5

Mais le rêve de donner naissance à des champions européens de l’IA n’est pas sans contradiction dans une économie ouverte et globalisée, où lesdits champions peuvent, à tout moment, passer sous contrôle étranger.

Les entreprises technologiques promouvant l’IA, largement transnationales, l’ont bien compris puisqu’elles omettent soigneusement toute référence à une bien illusoire défense de souveraineté. Il n’est guère besoin d’invoquer celle-ci, au demeurant, pour que la compétition économique et la promesse de miracles techniques suffisent à alimenter une fuite en avant totalement débridée. »

Il s’agit donc de doubler les capacités installées d’énergies renouvelables d’ici à 2050, en multipliant par 2,5 les capacités installées d’éolien, et par 5 ou 6 celles de photovoltaïque. Le ministère souligne que ces ambitions ne posent pas de problème en termes d’usage des sols ou de pression foncière, puisqu’il s’agit de passer de 8.000 éoliennes installées aujourd’hui à moins de 15.000 (du fait des gains de performances), et pour le solaire, d’occuper 365 kilomètres carrés supplémentaires au sol et 175 kilomètres carrés de toitures pour le photovoltaïque.

Concernant la biomasse, sur laquelle nous pourrions connaître un déficit entre des besoins évalués à 460 TWh et un potentiel de 430 TWh, et qu’il pourrait être difficile d’importer dans la mesure où nos voisins pourraient se trouver dans des situations similaires, la PPE prévoit que le soutien financier soit réservé aux seules installations visant à produire de la chaleur.

Le biométhane (produit par méthanisation à partir de déchets organiques ménagers ou agricoles) voit ses ambitions stoppées nettes. Alors que le coût de production actuel est d’environ 95 euros par mégawattheure (MWh) produit, le gouvernement conditionne l’objectif de 10% de gaz vert dans le réseau en 2030 à une baisse des coûts à hauteur de 67 euros/MWh. Sinon, l’objectif restera limité à 7%, à comparer avec les ambitions d’un GRDF qui proposait 30%. Cette position, justifiée par une attention toute particulière portée aux coûts de la transition écologique sur fond de mouvement des gilets jaunes, semble assez antagoniste avec le constat d’électricité éolienne et photovoltaïque qui ont vu leurs coûts divisés par dix en dix ans pour des puissances équivalentes… précisément grâce aux économies d’échelle. Celles réalisées au niveau de la fabrication de panneaux solaires en Chine, mais aussi dans une certaine mesure, celles autorisées par le volume total des appels d’offres. On peut craindre que ces perspectives modestes ne suscitent pas suffisamment d’investissements pour permettre de telles baisses de coûts. Et plus largement que cette préférence aux technologies matures sur lesquelles la France – et même l’Europe – ont laissé le leadership à d’autres régions du monde n’entrave le développement de filières industrielles domestiques sur des technologies encore émergentes.

L’intelligence artificielle : quel danger ?

L’intelligence artificielle : quel danger ?

Dans une lettre ouverte, Elon Musk ainsi qu’un nombre important de figures du secteur de la Tech ont demandé une pause dans la recherche et le déploiement de l’intelligence artificielle. Mais il ne faudra pas sombrer dans la généralisation abusive. Par Pascal de Lima, chef économiste CGI Business Consulting dans la Tribune

Cette lettre publiée dans « Future of Life Institute » compte plus de 2.500 signatures dont celles d’Elon Musk, Steve Wozniak, cofondateur d’Apple, Yoshua Bengio, lauréat du prix Turing, et Yuval Noah Harari, auteur de « Sapiens : une brève histoire de l’humanité ». La pause de six mois permettrait de réfléchir aux conséquences réelles du déploiement de l’IA sur les humains. Au même moment, l’Italie était devenue le premier pays occidental à bloquer le chatbot avancé Chat GPT bourré d’intelligence artificielle. L’autorité italienne de protection des données a déclaré qu’il y avait des problèmes de confidentialité et qu’il interdirait et enquêterait sur OpenAI, le concepteur de Chat GPT avec effet immédiat. L’intelligence artificielle (IA) peut-être être dangereuse ?

L’IA en effet peut être dangereuse dans la mesure où effectivement les résultats qu’elle produit sur le terrain statistique peuvent contenir un nombre important de préjugés et de postulats de départ. C’est ce que l’on appelle les biais informationnels. Notons ici, que les biais informationnels existent aussi dans des systèmes plus classiques mais avec l’IA, le phénomène prend une ampleur considérable, tant de par les données exploitées pour cela, que par les desseins qu’il réalise et qui pourraient manipuler les individus dans leur choix. Ces algorithmes peuvent être biaisés et surréagir en reproduisant l’avenir avec un certain nombre de préjugés déjà présents dans la société pouvant entrainer des injustices et des inégalités pour certains groupes de personnes.

La quête de sens
En 2016, Microsoft a lancé sur Twitter Tay un « bot de conversation ». Tay a rapidement été inondé de messages haineux et sexistes, ce qui a conduit à ce que Tay devienne lui-même misogyne. L’IA de recrutement d’Amazon a été accusée aussi de discrimination : En 2018, Amazon a suspendu un projet d’IA de recrutement, car il avait appris à discriminer les femmes en privilégiant les candidatures masculines. Il en va aussi de la liberté d’expression en contrôlant les discours en ligne et en renforçant la traçabilité des populations jusqu’à parfois les menacer de divulguer des informations privées. Cela ne doit pas être bien compliqué puisque l’on sait déjà construire facilement des fakes news avec l’IA. C’est donc le risque d’un monde absurde, pour lequel l’IA était censée apporter une solution : la quête de sens ! Par exemple, les chatbots de Facebook se sont rapidement émancipés de l’humain : en 2018, Facebook a créé deux chatbots (Alice et Bob) pour voir s’ils pouvaient apprendre à négocier entre eux. Les chatbots ont ensuite développé leur propre langage, ce qui a rendu leur communication incompréhensible pour les développeurs. Les chatbots ont finalement été déconnectés. Sans parler de la violence : l’IA peut même nous harceler et nous menacer de mort. Par exemple, Google a créé une IA en 2016 qui avait pour but d’apprendre à jouer à un jeu de stratégie en temps réel. L’IA a appris à gagner en utilisant des tactiques agressives et violentes, ce qui a conduit les développeurs à la désactiver. Cette expérience a mis en évidence les risques potentiels d’apprendre à des IA des comportements violents, même dans un contexte de jeu.

Ces aspects prendraient donc progressivement le dessus sur les bienfaits des technologies disruptives dont l’IA fait naturellement partie. Mais peut-on aller jusqu’à prétendre que l’IA ne serait plus uniquement un outil d’aide à la décision à partir de laquelle l’homme s’enrichit dans son travail, dans son quotidien, comme le sont d’ailleurs tous les outils innovants. Peut-on aller jusqu’à déclarer également que l’IA à la différence d’autres outils ne peut plus faire l’objet d’une régulation tant nous serions dépassés ? Confère d’ailleurs, les centaines de pages de la Commission européenne en vue de l’adoption de l’IA act. Notre avis est que l’IA doit constituer un outil de progrès en particulier dans la médecine et dans les métiers de demain. Par l’enrichissement de ceux-ci, il y a aussi un enjeu social ainsi qu’un enjeux d’amélioration réelle sur le terrain des revenus à condition d’éviter tous ces écueils.

A ce titre, le collectif d’Elon Musk nous paraît approprié mais il ne faudra pas sombrer dans la généralisation abusive qui, elle aussi, peut humainement constituer un « fake news » car des centaines de cas d’usage réussis existent ! Tout est loin d’être scandale. Encadrer l’IA pour éviter ses dérives et en faire un outil de progrès, est bel et bien envisageable et c’est aussi en ce sens que travaille les régulateurs et les experts du secteur pour adapter les bons usages et la gouvernance au monde de demain.

ChatGPT: des centaines de millions d’emploi menacés par l’Intelligence artificielle

ChatGPT: des centaines de millions d’emploi menacés par l’Intelligence artificielle

2 emplois sur 3 sont directement menacés par l’éclosion des IA, et parmi eux, les professions administratives et juridiques seront les plus impactées avec des suppressions de postes pouvant atteindre respectivement 46 % et 44 %. d’après un ppaier de sciences et vie. Alors que des experts et des intellectuels réclament une pause dans le développement de l’Intelligence artificielle, un rapport de la banque Goldman-Sachs cible les secteurs qui seront le plus impactés par l’automatisation des tâches confiées à Chat GPT-4 et ses concurrents.
Une centaine d’experts dont Elon Musk, Steve Wozniak ou encore Yuval Noah Harari ont signé mercredi une pétition pour qu’un moratoire de six mois soit mis en place sur le développement de l’Intelligence artificielle qui va succéder à Chat GPT-4. Dans ce texte publié sur Future Of Life, on peut lire que « les systèmes d’IA dotés d’une intelligence humaine compétitive peuvent poser de graves risques pour la société et l’humanité », notamment parce que « les systèmes d’IA contemporains deviennent désormais compétitifs pour les humains dans les tâches générales »
.

Sur ce dernier point, le dernier rapport publié par Goldman-Sachs ne va rassurer personne puisqu’on apprend que deux tiers des emplois actuels pourraient être affectés par les progrès et les capacités d’automatiser les tâches des Intelligences artificielles. A terme, et même si l’étude ne donne pas de date-butoir, ce sont pas moins de 300 millions d’emplois qui pourraient disparaître aux Etats-Unis et en Europe.

En moyenne, dans le monde, 18% des métiers actuels pourraient être automatisés par une Intelligence artificielle, avec des variations du simple au double selon les pays © Goldman Sachs

On savait que des métiers comme développeurs, rédacteurs ou encore interprètes pourraient rapidement être remplacés par des modèles comme Chat GPT-4, mais les secteurs les plus en danger seraient les professions administratives et juridiques avec des suppressions de postes pouvant atteindre respectivement 46 % et 44 %. C’est quasiment un emploi sur deux, et il faut donc s’attendre que ce que des IA apporte des conseils juridiques, rédigent des rapports sur des contentieux ou répondent efficacement à des demandes administratives. Certains craignent même qu’elles remplacent des médecins pour des diagnostics, et ce sont les métiers les plus qualifiés qui pourraient souffrir de cette révolution.

Comme les IA sont capables de piloter des robots, l’impact sur les métiers liés à l’entretien et au nettoyage pourraient même atteindre 95 % ! Toutes les professions liées à la maintenance, la logistique ou encore la réparation seraient aussi en danger. A l’inverse, certains secteurs n’ont pas à redouter cette éclosion de l’Intelligence artificielle. Goldman-Sachs cite par exemple l’ingénierie, la finance ou encore les sports et les médias. Le paradoxe, ou plutôt le côté positif pour certains, c’est que la productivité serait considérablement boostée par l’IA avec une hausse du PIB mondial annuel de 7%.

Technologies- L’intelligence artificielle et transformation des métiers

Technologies- L’intelligence artificielle et transformation des métiers

Avec l’IA générative devrait être au cœur de tout plan d’entreprise concernant cette technologie d’avenir. Par Xavier Dalloz, consultant spécialisé dans les nouvelles technologies.
Xavier Dalloz dans la Tribune


Un article de plus pour éclairer l’influence de l’intelligence artificielle sur la transformation des métiers. Un papier intéressant bien documenté mais forcément encore un peu court pour illustrer les exemples de changement à venir puisque l’IA n’en est qu’à ses balbutiements

Ollie Forsyth résume très bien l’enjeu de l’IA générative en rappelant que l’intelligence artificielle (IA) est un terme général qui fait référence à toute technologie capable d’un comportement intelligent. Cela peut inclure un large éventail de technologies, allant de simples algorithmes capables de trier des données à des systèmes plus avancés capables d’imiter des processus de pensée de type humain.
Dans ce contexte, l’IA Generative (Gen-AI) est un type spécifique d’IA qui se concentre sur la génération de nouveaux contenus, tels que du texte, des images ou de la musique en apprenant à partir d’un grand ensemble de données d’exemples et en utilisant ces connaissances pour générer de nouvelles données similaires aux exemples de l’ensemble de données de formation. Cela se fait à l’aide d’un type d’algorithme d’apprentissage automatique appelé modèle génératif.

Ollie Forsyth classe les types de modèles génératifs de trois façons :

les réseaux antagonistes génératifs (GAN),
les auto-encodeurs variationnels (VAE)
les modèles autorégressifs.
La Gen IA a le potentiel de résoudre de nombreux problèmes importants et va créer des opportunités de business dans de très nombreux domaines, notamment sur les industries créatives. Par exemple :

La Gen-AI peut être utilisée pour créer de nouveaux contenus, tels que de la musique ou des images, qui peuvent être utilisés à diverses fins, telles que fournir aux créatifs plus de flexibilité et d’imagination.
La Gen-AI peut être utilisée pour améliorer les algorithmes d’apprentissage automatique en générant de nouvelles données d’apprentissage.
La Gen-AI va améliorer le travail des créatifs en permettant de créer un contenu plus personnalisé et unique, ou de générer de nouvelles idées et concepts qui n’auraient peut-être pas été possibles sans l’utilisation de l’IA.
Gen-AI est un domaine de recherche et de développement. Par exemple :

Gen-AI peut créer de nouveaux contenus.
o L’un des principaux avantages de Gen-AI est sa capacité à générer de nouveaux contenus, tels que du texte, des images ou de la musique.

o Cela peut être utilisé pour créer de nouveaux arts, de la musique et d’autres formes d’expression créative, et pour générer des données pour la formation de modèles d’apprentissage automatique.

Gen-AI peut améliorer l’efficacité et la productivité.
o En automatisant la génération de contenu, Gen-AI peut aider à gagner du temps et à réduire le besoin de travail manuel.

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o Cela peut améliorer l’efficacité et la productivité dans une variété de domaines, du journalisme et de la création de contenu à l’annotation et à l’analyse des données.

Gen-AI peut améliorer la qualité du contenu généré.
o Avec les progrès de l’apprentissage automatique et du traitement du langage naturel, Gen-AI devient de plus en plus sophistiqué et capable de générer un contenu de haute qualité difficile à distinguer pour les humains du contenu réel.

Gen-AI peut identifier les tendances émergentes et de repérer les opportunités avant qu’elles ne deviennent courantes. Cela pourrait donner par exemple aux commerçants un avantage significatif sur leurs concurrents et entraîner une augmentation des bénéfices.
Les modèles génératifs sont utilisés dans une variété d’applications, y compris la génération d’images, le traitement du langage naturel et la génération de musique. Ils sont particulièrement utiles pour les tâches où il est difficile ou coûteux de générer manuellement de nouvelles données, comme dans le cas de la création de nouvelles conceptions de produits ou de la génération d’un discours réaliste.

ChatGPT (Generative Pretrained Transformer 3) est le meilleur exemple de Gn-AI
Contrairement à un simple assistant vocal comme Siri, ChatGPT est construit sur ce qu’on appelle un LLM (Large Language Model). Ces réseaux de neurones sont formés sur d’énormes quantités d’informations provenant d’Internet pour un apprentissage en profondeur.

Le modèle derrière ChatGPT a été formé sur toutes sortes de contenus Web, y compris les sites Web, les livres, les médias sociaux, les articles de presse, etc., tous affinés dans le modèle linguistique à la fois par l’apprentissage supervisé et le RLHF (Reinforcement Learning From Human Feedback).

GPT-3 et GPT-4 sont des modèles d’IA de traitement du langage de pointe développés par OpenAI. Ils sont capables de générer du texte de type humain et disposent d’un large éventail d’applications, notamment la traduction linguistique, la modélisation linguistique et la génération de texte pour des applications telles que les chatbots. GPT-3 est l’un des modèles d’IA de traitement du langage les plus puissants avec 175 milliards de paramètres.

En plus d’utiliser GPT-4 pour construire des phrases et de la prose en fonction du texte qu’il a étudié, Auto-GPT est capable de naviguer sur Internet et d’inclure les informations qu’il y trouve dans ses calculs et sa sortie. Auto-GPT peut aussi être utilisé pour s’améliorer. Il peut créer, évaluer, réviser et tester des mises à jour de son propre code qui peuvent potentiellement le rendre plus performant et efficace.

Plus concrètement, voici les principaux exemples d’applications de ChatGPT :

Itinéraires de voyage :
o ChatGPT peut proposer ses recommandations de voyage qui est comparables à celles produites par un conseiller avec des années d’expérience. ChatGPT fournit des réponses convaincantes à des questions telles que « Quel est le meilleur hôtel de luxe à Paris ? ». Mais il manque la nuance qui vient du lien personnel qu’un conseiller entretient avec son client.

Rédaction d’articles :
o ChatGPT compose la structure de l’article et génère des idées et en crée les grandes lignes. ChatGPT est capable d’apprendre en mobilisant une infinité de sources du web : forums de discussion, sites d’information, livres, réseaux sociaux, encyclopédies, etc.

o ChatGPT permet de créer du contenu plus rapidement et plus efficacement et de générer des brouillons d’articles ou d’histoires. Cela peut faire gagner du temps et permettre aux créatifs de se concentrer sur les aspects les plus importants de leur travail.

Écriture de code :
o ChatGPT crée des applications sans une intervention humaine. ChatGPT peut également découvrir les erreurs dans le code qui ne fonctionne pas. Trouver ces erreurs peut être à la fois difficile et fastidieux pour les développeurs.

Gestion de projet :
o ChatGPT est capable de générer des plannings adaptés à la portée de projets de construction simples. Par exemple, des universitaires de l’Université de New York à Abu Dhabi ont fourni à l’IA un plan d’étage, une liste de tâches et un énoncé de portée. Ils ont découvert que, même s’il n’était pas parfait, ChatGPT était en mesure d’aider à la gestion et à la réalisation de projet.

Exemple d’applications de ChatGPT pour faire gagner du temps :.

Organisation à domicile
o ChatGPT peut recommander des solutions de rangement pour maximiser notre espace. Cela permettra d’économiser de l’argent en évitant les achats inutiles d’articles qui pourraient ne pas répondre à nos besoins.

Amélioration de l’habitat
o Avec ChatGPT, on pourra accéder à des guides étape par étape et à des tutoriels de bricolage pour divers projets de rénovation domiciliaire. Le modèle d’IA peut également aider à identifier les bons outils et matériaux pour son projet, en nous assurant d’avoir tout ce dont on a besoin avant de commencer.

Santé et bien-être
o ChatGPT peut proposer des séances d’entraînement adaptées à son style de vie et à ses préférences.

o Il peut également suggérer des habitudes de soins personnels et des pratiques de pleine conscience pour aider à réduire le stress, améliorer la concentration et améliorer son humeur générale.

Divertissement et loisirs
o ChatGPT peut proposer diverses formes de divertissement pour nous aider à à se détendre.

o ChatGPT peut suggérer de nouveaux passe-temps ou des projets créatifs qui correspondent à vos intérêts et offrir des conseils étape par étape pour nous aider à démarrer. En explorant de nouvelles activités et intérêts, on découvrira peut-être de nouvelles passions et perspectives qui pourront enrichir notre vie personnelle et professionnelle.

Planification de voyage
o ChatGPT peut nous aider à trouver des expériences de voyage virtuelles, à créer des itinéraires instantanés et à suggérer des visites ou des activités pour nous aider à satisfaire son envie de voyager tout en restant en sécurité chez soi .

o ChatGPT peut également nous aider à planifier un séjour, où on pourra explorer la région et profiter des attractions, restaurants et activités à proximité. Il peut suggérer des ressources liées aux voyages, telles que des blogs et des sites Web de voyage, pour nous aider à rester informé des restrictions de voyage, des mesures de sécurité et d’autres informations importantes.

Un autre exemple de ChatGPT est de permettre aux constructeurs automobiles de faciliter l’achat de voitures avec la fourniture d’un service client via des conversations de chatbot générées par l’IA. Fiat Chrysler, par exemple, utilise ChatGPT pour créer des publicités pour ses véhicules qui sont à la fois personnalisées et attrayantes. L’algorithme ChatGPT produit des publicités en analysant les données des campagnes précédentes, puis en les adaptant à des acheteurs spécifiques sans intervention humaine. Cela permet à Fiat de cibler différents types de clients avec des publicités plus détaillées tout en économisant du temps et de l’argent sur leur production.

Notons aussi que la réussite de toutes ces applications passe par la formulation sans ambiguïté de la question posée à ChatGPT. Les usagers de ChatGPT devront donc devenir des « problématiciens ». En paraphrasant Boileau : Ce que l’on énonce clairement, ChatGPT peut donner une réponse avec les mots…

Pour résumer, Google est le moteur de recherche de référence. ChatGPT sera probablement le futur moteur de trouvage.

Conséquence de l’intelligence artificielle, IBM pourrait supprimer 30 % des emplois

Conséquence de l’intelligence artificielle, IBM pourrait supprimer 30 % des emplois

Le patron d’IBM envisage de réduire drastiquement le personnel administratif du géant informatique, étant donné le potentiel de l’intelligence artificielle (IA) et des technologies d’automatisation à exécuter ce type de tâches. « Il me semble que 30% (des 26.000 employés administratifs) pourraient facilement être remplacés par l’IA et l’automatisation sur une période de cinq ans », a déclaré Arvind Krishna à Bloomberg lundi.
Le dirigeant prévoit donc un gel des recrutements dans ce département, qui représente une fraction des quelque 260.000 salariés du groupe américain.

Comme de nombreuses entreprises de la tech, IBM a mis en place un plan social cet hiver. Le groupe devrait licencier 5000 employés en tout, d’après Bloomberg, mais a en parallèle embauché 7000 personnes au premier trimestre.

Le pionnier de l’IA générative OpenAI a démontré avec son interface ChatGPT et d’autres outils que ces nouvelles technologies sont capables de rédiger des emails, de créer des sites web, de générer des lignes de codes, et, en général, d’exécuter de nombreuses tâches répétitives.

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