Archive pour le Tag 'l’industrie'

Ne pas sacrifier l’industrie

Ne pas sacrifier l’industrie

Vincent Moulin Wright, directeur général de France Industrie, dans la « Tribune » évoque les inquiétudes de son secteur dans un cadre budgétaire public  davantage contraignant

Dans le cadre de la loi Industrie verte, promulguée en octobre 2023, deux décrets d’application viennent d’entrer en vigueur. Tous deux ont pour principal objectif l’accélération et la simplification des procédures d’implantations d’usines. Une étape majeure, selon France Industrie, l’organisation représentative qui rassemble plus de 80 membres dont une trentaine de fédérations sectorielles.

 En octobre 2023 a eu lieu la promulgation de la loi Industrie verte. Quel bilan faites-vous un an après ?

VINCENT MOULIN WRIGHT – L’essentiel de cette loi porte sur l’accélération des délais nécessaires pour réaliser des études préalables à l’implantation d’usines. L’objectif est de les diviser par deux, de 18 mois aujourd’hui à neuf mois demain. Tous les décrets ont été pris fin juin. C’est donc encore un peu tôt pour dresser un bilan. Nous y verrons plus clair en début d’année prochaine.

Concernant le Crédit d’Impôt pour les Investissements dans l’Industrie Verte (entré en vigueur en mars 2024 avec pour objectif d’encourager les entreprises à investir dans quatre secteurs stratégiques de la transition énergétique, ndlr), les premiers chiffres vont être publiés dans les mois à venir. Mais il semblerait que cet instrument de soutien soit bien parti.

Nous pouvons aussi souligner le soutien à des filières nouvelles comme les matières premières critiques que la France ne produit pas, ou pas assez. Plusieurs projets vont s’implanter dans l’Hexagone pour la production (ouverture de mines…) et la transformation (mise en service d’usines de valorisation et de recyclage) de ces métaux. De quoi être moins tributaire des importations provenant souvent de fournisseurs situés en Chine et Afrique.

Trois décrets d’application de la loi Industrie verte en juillet dernier sont dans le viseur d’associations, notamment Notre affaire à tous et Zero Waste France qui ont déposé le 6 septembre dernier des recours gracieux demandant l’annulation de ces trois décrets qui représentent selon elles un « détricotage massif et systématique du droit de l’environnement industriel » et par conséquent une augmentation des risques de catastrophes industrielles. Une réaction ?

VINCENT MOULIN WRIGHT – La loi ne prévoit aucun recul environnemental. Elle prévoit juste une optimisation des délais dans le respect des obligations environnementales qui sont bien maintenues. Au lieu de mettre en place les uns après les autres les études et concertations préalables et les dossiers d’autorisations environnementales, cette loi propose de les faire en parallèle pour gagner du temps. La loi recherche clairement la simplification.

Il faut se réjouir de l’augmentation du nombre d’industries en France, et cette loi va accélérer l’implantation de nouveaux sites. En effet, plus nous aurons d’industries de production sur le territoire, moins nous serons dépendants des importations de produits fabriqués à l’étranger, ce qui contribuera à réduire notre empreinte carbone. Il s’agit donc d’un véritable enjeu écologique.

La réindustrialisation connaît une baisse de régime au premier semestre. De janvier à juin, Trendeo a recensé 61 annonces de fermetures d’usines ou d’ateliers de plus de 10 salariés, souvent au cours de liquidations judiciaires. Peut-on craindre une accélération de cette tendance ?

VINCENT MOULIN WRIGHT -

La vitesse de réindustrialisation semble marquer un pallier avec une dynamique un peu moins soutenue depuis un an. Notons que les mesures les plus fortes ont été lancées entre 2017 et 2022. Il faudrait donc poursuivre ce soutien avec de nouvelles mesures, tout du moins pas de mesures adverses. Mais il est vrai que le contexte économique s’est retourné. S’il y a des secteurs qui se portent bien (la Défense, le luxe, l’aéronautique…), d’autres (la chimie, l’automobile, la construction) sont en revanche en difficulté.

Depuis 2017, 300 sites industriels ont été créés mais 600 avaient fermé depuis 1990. Si le solde reste encore négatif sur le stock, le progrès est important. Il ne faut pas que cette tendance se poursuive sinon cela va devenir problématique.

Vous évoquez la nécessité de nouvelles mesures. Pouvez-vous expliquer ?

VINCENT MOULIN WRIGHT – Chacun doit s’accorder à ne surtout à ne surtout pas détricoter la politique de soutien à l’industrie, avec la poursuite de France 2030 et la sauvegarde du CIR (crédit impôt recherche), notamment. Des outils qui portent leurs fruits. L’industrie est devenue une grande cause nationale, elle ne mérite pas de devenir une variable d’ajustement budgétaire.

A ce propos, alors que le déficit public risque de dépasser les 6% cette année, le nouveau gouvernement cherche à faire des économies sur tous les plans. France 2030 est-il sous la menace de coupes budgétaires ?

VINCENT MOULIN WRIGHT – Je ne sais pas. Il faut attendre le discours de politique générale de Michel Barnier et la publication de la première ébauche du budget 2025 (qui devrait être présenté le 10 octobre en Conseil des ministres, ndlr). Pour l’heure, le gouvernement fait des esquisses et prend des orientations.

Donc, aucune raison de s’inquiéter ?

VINCENT MOULIN WRIGHT -

Au contraire. France Industrie a clairement établi une ligne rouge concernant les dispositifs de soutien les plus cruciaux. En ce qui concerne le prix de l’électricité, il est impératif que l’État et EDF parviennent à mettre en oeuvre l’accord conclu à la fin de l’année dernière sur les contrats d’approvisionnement à long terme en électricité. Il faut donc redémarrer cette négociation, aujourd’hui au point mort. Par ailleurs, il est crucial de continuer à baisser les impôts de production pesant sur l’industrie. De même, il faut revenir sur l’écrêtement des allègements de charges sur les salaires médian car ils pénalisent l’industrie. Enfin, les dispositifs de soutien efficaces comme le crédit d’impôt recherche doivent absolument être maintenus.

Le nouveau gouvernement cherche à faire des économies sur tous les plans. Le crédit impôt recherche, qui coûte chaque année 7,7 milliards d’euros à l’État, est justement l’un des dispositifs en ligne de mire. Où faut-il réaliser des économies ?

VINCENT MOULIN WRIGHT – Le gouvernement doit s’atteler à réduire les dépenses publiques, alors que les recettes de l’État n’ont cessé d’augmenter au cours des dix dernières années. La pression fiscale sur les entreprises et les ménages a déjà atteint son paroxysme. Augmenter les impôts des entreprises risque de pénaliser l’attractivité et la compétitivité. La solution est d’opérer à la fois des coupes budgétaires et de travailler sur l’efficacité des dépenses publiques, que ce soit dans la sphère sociale, ou dans les dépenses de fonctionnement de l’État.

Si l’État décide d’augmenter la fiscalité sur les entreprises, cela va-t-il freiner les ambitions d’investissements des industriels français ?

VINCENT MOULIN WRIGHT – Cela dépendra de quelle façon mais ce serait un signal négatif pour les investisseurs. Il y a deux risques majeurs : affaiblir le tissu des PME et ETI, et fragiliser l’attractivité de la France.

 

Épargne : le livret A au service de l’industrie de la défense ?

Épargne : le livret A au service de l’industrie de la défense ?

 Le Sénat a adopté début mars en première lecture (244 voix pour et 34 contre) cette proposition de loi, déposée par Pascal Allizard (Les Républicains) et plusieurs autres sénateurs. Ce texte vise à renforcer les entreprises françaises de défense, en particulier les petites et moyennes entreprises, fragilisées par des difficultés de financement en raison d’un soutien public limité, d’un accès parfois restreint aux financements bancaires et d’un désintérêt des fonds d’investissement. Juridiquement et politiquement, l’adoption de cette loi poserait problème. Juridiquement parce qu’il n’est pas certain du tout que les produits du livret A puissent  être affectés en partie au secteur de la défense. Politiquement, parce que beaucoup vont considérer que le livret A est surtout destiné au financement du logement. 
Le Sénat a voté pour attribuer une partie de l’épargne du Livret A à l’industrie de la défense, touchée par des difficultés de financement renforcées par le contexte ukrainien. « L’outil militaire et industriel doit être en mesure de faire face à toute menace sur la paix et la stabilité. Ce n’est pas vraiment le cas aujourd’hui », s’est alarmé le sénateur Les Républicains Pascal Allizard, auteur de cette proposition de loi adoptée à 244 voix contre 34.Le texte propose d’affecter une partie des encours du Livret A et du Livret de développement durable et solidaire (LDDS) au financement des entreprises de l’industrie de défense française. Un dispositif similaire avait déjà été adopté au Parlement ces derniers mois, mais le Conseil constitutionnel l’avait censuré par deux fois, le jugeant sans rapport avec les textes auxquels il avait été ajouté.La droite sénatoriale espère le voir enfin aboutir grâce à ce texte, même s’il faudra pour cela que l’Assemblée nationale s’en saisisse.

Le sénateur socialiste Rachid Temal a lui défendu une autre vision : celle de la création d’un produit tout spécialement conçu pour financer le secteur – le « Livret d’épargne défense souveraineté » –, synonyme selon lui de plus de « clarté et transparence », mais le Sénat l’a rejeté.

Près de 60 % des fonds du Livret A et du LDSS sont en effet dédiés au logement social, mais le reste – l’épargne non centralisée précisément visée par le texte – est consacré aux PME, à la transition énergétique ou encore à l’économie sociale et solidaire. Plusieurs parlementaires favorables ont eux insisté sur « l’urgence » imposée par le contexte ukrainien. « C’est une solution efficace à court terme pour accélérer le passage à une véritable économie de guerre », a plaidé Vanina Paoli-Gagin (groupe Les Indépendants, de centre droit).

 

  • L’épargne réglementée des ménages (Livrets A, LDDS, LEP, PEL, etc) représente une part importante de l’épargne financière et des ressources bancaires et atteint 926,1 milliards (soit 15% du patrimoine financier des Français).Une épargne sous utilisée pour le développement du pays d’autant que le logement est en berne et est loin de mobiliser les ressources disponibles

Soutenir l’industrie ferroviaire

Soutenir l’industrie ferroviaire 

C’est une force dans la transition vers la décarbonation des transports et de l’économie et la réindustrialisation verte. Sa croissance actuelle et future sont un levier incontournable pour la décarbonation des transports, ces derniers constituant, en France comme en Europe, le premier poste d’émission de gaz à effet de serre. C’est une industrie génératrice de richesses, qui exporte et attire des investissements directs étrangers : plusieurs grands groupes internationaux possèdent des sites de production en France et contribuent à stimuler le développement économique régional. Par ailleurs, sa croissance ne génère pas d’artificialisation supplémentaire, puisqu’il s’agit le plus souvent de continuer à produire dans des bâtiments industriels existants. Enfin il s’agit d’un secteur qui génère de l’activité industrielle et de l’emploi loin des métropoles, dans des petites villes avec une tradition industrielle, voire même dans des territoires désindustrialisés. Son développement a un impact positif sur le dynamisme de toute une filière, qui compte des milliers d’entreprises et contribue à la vivacité du tissu industriel national alors qu’apparaissent les premières inquiétudes sur la réindustrialisation. ( dans la « Tribune »)

 

Par Alain Picard, DG de CAF France.

Malgré ce potentiel, l’industrie ferroviaire reste largement méconnue, voire négligée. Pour le dire simplement : en France comme en Europe, elle est la grande oubliée des dispositifs de soutien au développement de l’industrie verte. Pour l’Union européenne, l’industrie ferroviaire, qui est au sens littéral une industrie stratégique net zéro, n’est pas incluse dans le Net Zero Industry Act en cours d’adoption et plus largement dans la politique industrielle européenne. En France, le plan France 2030, en se concentrant sur les gigafactories, les sites polluants et les premières implantations d’usines, ne permet pas d’accompagner et de stimuler les investissements de l’industrie ferroviaire sur des sites déjà existants.

On est cœur d’un grand paradoxe : l’industrie ferroviaire, industrie verte par excellence, qui remplit tous les critères vertueux, ne coche visiblement pas les bonnes cases administratives pour un soutien financier, malgré les retombées positives évidentes sur l’emploi et l’économie nationale et locale.

Or, en ce qui concerne la France, le coût élevé du travail par rapport à la plupart des pays dans et hors d’Europe nécessite, pour le contrebalancer, l’accès à une main-d’œuvre qualifiée et d’importants investissements pour améliorer la productivité des sites français.

À cet égard, la disponibilité des compétences est aujourd’hui le premier enjeu pour la filière industrielle ferroviaire, car elle connaît de manière simultanée une forte croissance de ses besoins, liée à son carnet de commandes et une pénurie structurelle de personnel qualifié. Cependant, relever le défi des compétences est un travail au long cours, car indépendamment de la volonté et des moyens mis en œuvre, il faut au moins une décennie pour en venir à bout, en particulier dans les zones où les bassins d’emplois sont peu dynamiques. Par conséquent, le seul levier activable à court terme avec effet immédiat sur la compétitivité et l’attractivité est le soutien à l’investissement industriel, pour aider l’industrie ferroviaire à se moderniser, à changer d’échelle et à innover.

Le cas de l’entreprise Valdunes démontre que l’industrie ferroviaire n’est jamais un acquis, et qu’à défaut d’investissement suffisant dans la modernisation de l’appareil productif, le déclin, voire la disparition menacent. Ce faisant, ce ne sont pas seulement l’activité et l’emploi qui disparaissent, mais aussi un patrimoine, une part de l’identité des territoires.

L’industrie ferroviaire est une industrie qui permet de réconcilier l’économique, le social et l’environnemental. Comme au début de l’ère industrielle, le train est un moteur de la nouvelle révolution. Les besoins en solutions décarbonées dédiées au transport de passager et au fret n’ont jamais été aussi importants. Faisons en sorte que l’industrie européenne soit au rendez-vous.

Défendre l’industrie française contre la bureaucratie

Défendre l’industrie française contre la bureaucratie

Dans une lettre ouverte adressée au ministre de la Transition écologique et publiée par le JDD, des chefs d’entreprise,  appellent à défendre l’industrie française face aux nombreuses menaces qui la fragilise.

Monsieur le Ministre,

Nous avons attentivement noté vos nombreuses déclarations, et le monde patronal dans son ensemble est très déconcerté par vos positions. Vous semblez considérer que les normes européennes doivent être « complétées » par des normes françaises, alors que vous avez dû constater récemment que la sur-transposition de ces normes tuait lentement notre agriculture nationale. Eh bien, il en est de même pour nos entreprises de production et de services. Notre industrie, surtout les petites et moyennes entreprises, est en grande difficulté et n’a nul besoin qu’on leur assène le coup de grâce.

Sur le plan administratif, l’exemple de la CSRD est convaincant. Même nos plus grands fleurons tremblent devant la charge considérable de travail administratif supplémentaire qui en découle. Outre les déclarations, contrôles et remontées des mesures environnementales mises en place par chaque entreprise, ces dernières doivent en plus produire un rapport qui doit être certifié par un cabinet indépendant. Cela conduira une nouvelle fois à la création de nouvelles professions intermédiaires pour répondre aux embûches administratives : de nouvelles charges, et donc une nouvelle perte de compétitivité. En êtes-vous conscient ? Sachant que la CPME, organisme représentatif des PME, avec lequel nous échangeons régulièrement, vous alerte depuis des mois et ne recueille que la plus parfaite indifférence.

Concernant notre industrie, votre philosophie semble être de contraindre nos entreprises à ne plus céder à la demande des consommateurs et à produire des biens « vertueux » de votre point de vue. Mais les clients sont rois et iront chercher et trouver chez nos voisins ce qu’ils désirent ; vous augmenterez ainsi une balance commerciale déjà fortement déficitaire. Ce sont des secteurs entiers qui risquent de disparaître et des territoires largement touchés comme la « Plastics Vallée » autour d’Oyonnax et/ou les Pays de la Loire, deuxième région française en la matière de la plasturgie…

De nombreux secteurs vitaux pour la France n’ont pas grâce à vos yeux, et cela contredit ce que souhaitent, semble-t-il, le Premier ministre et le président de la République : croissance, énergie entrepreneuriale, simplification ! C’est le contraire que vous proposez, est-ce coordonné, ou involontaire ?

Quelques exemples :

• Le plastique est indispensable pour conserver le secteur de la santé, de l’agroalimentaire. Ses propriétés uniques pour l’hygiène le rendent incontournable. Nous ne pouvons pas dépendre de l’étranger pour cela, l’exemple des masques doit nous servir de leçon, et surtout notre plastique est recyclable et en avance sur les autres pays. Encore faut-il que le gouvernement, donc vous-même, s’applique à mettre en place les conditions de recyclage ? Avec le ciment, l’acier et l’urée, le plastique est un des piliers du monde actuel, il n’y a nullement besoin de faire disparaître l’industrie française, c’est une activité qui va doubler, voire tripler dans le monde dans les années à venir.

• Le secteur agricole. Notre souveraineté alimentaire fut la force de la France depuis des siècles. Pour la première fois dans l’histoire du pays, nous sommes importateurs nets hormis pour les vins et les alcools. On a vu la révolte de ces acteurs économiques courageux et désespérés.

• Aucune solution concernant le BTP, de l’emploi jusqu’aux dispositifs de financement pour acheter un appartement.

Maintenant, nous devons importer de la « fast-fashion », aux antipodes de ce que vous souhaitez promouvoir !

• Le textile faisait la fierté de la France, il était en plein redressement grâce à la qualité et au progrès de l’automatisation. Nos grands créateurs, appuyés par des entreprises reconnues, faisaient rayonner l’image de notre pays et de notre savoir-faire. Maintenant, nous devons importer de la « fast-fashion », aux antipodes de ce que vous souhaitez promouvoir ! Pire, vous avez tenté de dissuader les acheteurs avec une campagne publicitaire que les entrepreneurs de tous secteurs ont trouvée honteuse : déconsommer ? C’est fermer des entreprises… cette dernière campagne de « publicité » prônant la déconsommation, habilement déroulée avant les fêtes et la période des soldes, fut d’une redoutable efficacité : les enseignes ferment les petits commerces aussi.

• Sur le même principe, nos élevages bovins sont poussés hors de nos territoires en Europe dans le meilleur des cas, afin de réduire notre production de gaz à effet de serre. Le nuage de Tchernobyl s’était déjà arrêté à nos frontières, nul doute que ce sera le cas du méthane également ! Avec l’exil des coupables vaches françaises, c’est tout le secteur industriel du cuir qui va en pâtir, on importera du cuir pour fabriquer notre maroquinerie dans le secteur du luxe qui fait notre réputation… Arrêtons le massacre !

Ce ne sont que des exemples, mais dans tous les secteurs d’activités, les injonctions contradictoires et les punitions, amplement diffusées, ne correspondent en rien à la réalité du travail accompli et désespèrent ceux qui travaillent. Toutes les entreprises font des efforts incontestables pour satisfaire les principes de défense de l’environnement et pour répondre en la matière à l’attente des consommateurs conscients des enjeux et qui nous font progresser. Il nous faut aussi renforcer nos fonds propres, satisfaire nos clients en termes de qualité et de compétitivité, notre survie est notre préoccupation première comme cela devrait être celle de votre gouvernement, et donc la vôtre ?

Rien n’est acquis, et la disparition de secteurs entiers dans un passé récent, comme celle des principes actifs dans la pharmacie, a eu comme cause principale la fabrication de normes propres à notre pays et la création d’une pénurie inquiétante. Toute l’industrie française a été frappée et beaucoup n’ont dû leur survie qu’à des déménagements de tout ou partie de leur production.

Monsieur le ministre, nous ne comprenons pas votre politique hostile à nos entreprises, surtout à un moment crucial de l’endettement français et du déficit du commerce extérieur. Ne dégoûtez pas nos concitoyens de l’écologie à laquelle nous sommes très attentifs.

En dépit de l’énorme endettement, le gouvernement finance l’industrie automobile

En dépit de l’énorme endettement, le gouvernement finance l’industrie automobile

C’est sans doute le plus grand paradoxe de la gestion contradictoire du budget par le gouvernement. À savoir l’utilisation des fonds publics pour financer l’industrie automobile électrique qui au surplus pour une majorité de ses éléments provient de Chine. Il y a évidemment des champs d’action incontournables qui justifient l’intervention régalienne de l’État. Dans la police, la justice, l’enseignement etc. L’État peut effectivement intervenir dans l’industrie automobile pour soutenir de grandes évolutions structurelles. Mais là il s’agit d’une aide directe consommateur qui pour acheter des voitures électriques dont on sait très bien que la plupart des éléments viennent de Chine.

Macron a donc lancé le système de leasing de voitures électriques «à 100 euros par mois » pour les plus modestes, il a également dévoilé la liste des véhicules qui seront éligibles au «bonus électrique» remodelé. Sur la base de critères environnementaux, il favorisera de facto presqu’exclusivement des modèles électriques « produits » en France ou en Europe.

Au total, pas moins de 22 marques de voitures électriques font partie de la liste dévoilée par l’exécutif (à consulter ci-dessous), dans laquelle figurent des grands constructeurs français comme Citroën, Peugeot et Renault mais aussi d’autres marques européennes telles que BMW, Fiat, Mercedes, Smart, Volkswagen ou encore Volvo. Jusqu’à 78 modèles différents sont disponibles. Parmi eux, le Q4 45 E-Tron d’Audi ainsi que la BMW iX1, BMW iX2 ou encore l’E-C4 de Citroën. À noter que tous les types-variante-version (TVV) – ce code qui permet d’identifier la finition spécifique des modèles cités ci-dessous – ne seront pas forcément éligibles.

Par ailleurs, certains de ces modèles font également partie de la liste des voitures électriques disponibles dans le cadre de la mise en place du système de leasing à 100 euros par mois. Dès ce vendredi, sur la plateforme dédiée à ce nouveau dispositif, chacun pourra voir s’il est éligible et identifier quelques modèles disponibles comme la Peugeot e-208, la Renault Twingo e-Tech, la Citroën ë-C4 ou encore l’Opel Mokka Electric.

Et le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire d’indiquer que l’État augmentera ses investissements dans les bonus électriques, la prime à la conversion et le leasing», avait-il assuré, expliquant que ces aides représenteraient un total de 1,5 milliard d’euros par an à partir de 2024 contre 1,3 milliard d’euros l’année passée.

Economie- L’industrie automobile chinoise en avance grâce au charbon !

L’industrie automobile chinoise en avance grâce au charbon !

Compte tenu de l’insuffisance d’informations sur la plupart des sujets notamment sur leur rapport au contexte systémique, on tombe rapidement dans le simplisme voire la caricature et l’affrontement, c’est le cas avec la voiture électrique et ses perspectives de déveleoppement.

Ainsi il y aurait d’un côté les écolos très favorables à la motorisation électrique des automobiles qui permet ou devrait permettre de réduire de manière significative les émissions de carbone si nuisibles au climat.

De l’autre côté, il y aurait les défenseurs de l’industrie automobile classique qui conteste les performances environnementales de la voiture électrique coupable elle aussi d’émissions nuisibles à l’environnement.

Mais on oublie souvent que l’extraordinaire développement de la voiture électrique ( 50 % des voitures neuves en Chine sont électriques) doit beaucoup au charbon. C’est grâce à cette énergie la plus polluante de toutes et aux subventions que le marché de la voiture électrique a pu se développer de manière considérable en Chine. Un développement qui a permis aux pays d’être très en avance sur la technologie électrique .Et la France participe au financement de cette avance à travers le bonus qui s’applique aux voitures françaises dont plus de 50 % des éléments viennent de Chine.

L’exploitation d’un énorme parc électrique permet d’améliorer encore la compétitivité au plan de la production, toujours grâce au charbon de notamment. Les constructeurs européens quant à eux passent des accords avec les Chinois puisqu’une grande partie des composants des voitures européennes viennent de Chine où sont entièrement construites en Chine toujours grâce au charbon. Finalement, le bilan écologique n’est pas aussi vert qu’on le prétend. Par ailleurs il faudrait prendre en compte la problématique de l’ensemble de la politique des transports et l’aménagement du territoire mais cela est une autre question sans doute trop complexe.

Il convient donc de rester les yeux ouverts avant de d’approuver et de se lancer dans de nouvelles stratégies qui finalement ne sont pas aussi favorables à la collectivité si l’on prend en compte les aspects systémiques et les dimensions internationales.

L’industrie automobile chinoise en avance grâce au charbon !

L’industrie automobile chinoise en avance grâce au charbon !

Compte tenu de l’insuffisance d’informations sur la plupart des sujets notamment sur leur rapport au contexte systémique, on tombe rapidement dans le simplisme voire la caricature et l’affrontement.

Ainsi il y aurait d’un côté les écolos très favorables à la motorisation électrique des automobiles qui permet ou devrait permettre de réduire de manière significative les émissions de carbone si nuisibles au climat.

De l’autre côté, il y aurait les défenseurs de l’industrie automobile classique qui conteste les performances environnementales de la voiture électrique coupable elle aussi d’émissions nuisibles à l’environnement.

Mais on oublie souvent que l’extraordinaire développement de la voiture électrique ( 50 % des voitures neuves en Chine sont électriques) doit beaucoup au charbon. C’est grâce à cette énergie la plus polluante de toutes et aux subventions que le marché de la voiture électrique a pu se développer de manière considérable en Chine. Un développement qui a permis aux pays d’être très en avance sur la technologie électrique . L’exploitation d’un énorme parc électrique permet d’améliorer encore la compétitivité au plan de la production, toujours grâce au charbon de notamment. Les constructeurs européens quant à eux passent des accords avec les Chinois puisqu’une grande partie des composants des voitures européennes viennent de Chine où sont entièrement construites en Chine toujours grâce au charbon. Finalement, le bilan écologique n’est pas aussi vert qu’on le prétend. Par ailleurs il faudrait prendre en compte la problématique de l’ensemble de la politique des transports et l’aménagement du territoire mais cela est une autre question sans doute trop complexe.

Il convient donc de rester les yeux ouverts avant de d’approuver et de se lancer dans de nouvelles stratégies qui finalement ne sont pas aussi favorables à la collectivité si l’on prend en compte les aspects systémiques et les dimensions internationales.

La malbouffe et l’industrie alimentaire

La malbouffe et l’industrie alimentaire

Face au fléau de la « malbouffe », l’industrie pharmaceutique propose de nouveaux médicaments coupe-faim tellement efficaces contre l’obésité qu’ils peuvent avoir des conséquences très nettes sur le panier de consommation, comme l’a récemment reconnu le PDG de Walmart, John Furner. Ses déclarations, le 4 octobre, sont loin de ne concerner que le marché américain : l’obésité dans le monde a presque triplé depuis 1975, sa Fédération mondiale anticipe que 51 % de la population de la planète sera obèse ou en surpoids d’ici à 2035.

par
John Plassard est directeur chez Mirabaud. dans l’Opinion.

En France, la moitié de la population présente un surpoids, et 8,5 millions d’adultes souffrent d’obésité. Un problème de santé publique auquel répond précisément l’industrie pharmaceutique avec la mise sur le marché de nouveaux médicaments à base de GLP-1. Cette hormone sécrétée par les intestins au moment de la digestion réduit l’appétit et procure une sensation de satiété plus rapide et plus longue.

Parmi ces médicaments, si l’Ozempic a été approuvé aux Etats-Unis en 2017 comme traitement du diabète de type 2, le Wegovy a été mis sur le marché en 2021 pour lutter directement contre l’obésité. Ainsi, 1,7 % de la population américaine s’est déjà vu prescrire un médicament de cette catégorie en 2023, soit une hausse de 40 % en cinq ans.

Tendance. Cette croissance peut inquiéter les géants de l’agroalimentaire quant à l’évolution de leurs ventes. D’autant plus que des personnes souhaitant détourner ces médicaments à des seules fins d’amaigrissement parviennent à l’obtenir : au moins 2 000 personnes non diabétiques auraient réussi à se les procurer cette année en France, selon l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).

Face à cette tendance qui ne semble pas près de s’arrêter, les détaillants ont déjà remarqué un impact marqué sur les courses et les commandes de restaurants
Face à cette tendance qui ne semble pas près de s’arrêter, les détaillants ont déjà remarqué un impact marqué sur les courses et les commandes de restaurants. C’est dans ce contexte que plusieurs géants américains tels que Mondelez, PepsiCo ou encore Coca-Cola ont été sanctionnés en bourse en réaction aux déclarations du PDG de Walmart.

Si certaines de ces marques ont depuis retrouvé leurs niveaux de valorisation, le danger ne paraît pas écarté pour autant. En effet, s’il n’y a pas de régime spécifique à suivre lors de l’utilisation de médicaments GLP-1, il est recommandé de les associer à des aliments provenant de sources saines, comme des protéines maigres, des céréales complètes, des fruits, des légumes et des graisses saines. Autrement dit, une alimentation équilibrée aide à atteindre les objectifs de perte de poids. Et c’est peut-être cela le « problème » pour l’industrie de la malbouffe.

Evolution. Certaines marques ont déjà modifié leurs produits pour tenter d’attirer les consommateurs soucieux de leur santé. Les fabricants de sodas ont, par exemple, progressivement abandonné le terme « diététique » au profit de « sans sucre » pour une image de marque plus saine. Nestlé a reformulé certains de ses produits pour en réduire la teneur en sucre, en sel et en matières grasses. Autant de signes démontrant que les géants de l’industrie sont conscients depuis plusieurs années de l’exposition de leurs ventes aux nouvelles préoccupations de santé des consommateurs.

Ce sont ces mêmes groupes qui devraient, sur le moyen terme, tirer le mieux leur épingle du jeu grâce à des stratégies de diversification. Nestlé a acquis plusieurs marques axées sur la santé (Sweet Earth, Garden of Life), tandis que Coca-Cola a diversifié son portefeuille de boissons pour y inclure davantage de produits hypocaloriques et sans sucre. D’autres encore (Heinz, General Mills) élargissent leurs gammes de produits biologiques. Les entreprises les plus à risque pourraient être celles qui sont exclusivement dédiées à la « malbouffe », à l’instar d’enseignes de restauration rapide.

Ce ne sont là que quelques exemples de la manière dont certaines des plus grandes entreprises agroalimentaires tentent de s’adapter à l’évolution des préférences des consommateurs. Si on peut s’en réjouir, les fabricants de malbouffe eux, peuvent trembler s’ils n’avaient pas amorcé ce virage (annoncé), il y a de nombreuses années. Car les coupe-faim ne feront qu’augmenter l’appétit… pour des aliments beaucoup plus sains.

John Plassard est directeur chez Mirabaud.

La malbouffe et l’industrie alimentaire

La malbouffe et l’industrie alimentaire

Face au fléau de la « malbouffe », l’industrie pharmaceutique propose de nouveaux médicaments coupe-faim tellement efficaces contre l’obésité qu’ils peuvent avoir des conséquences très nettes sur le panier de consommation, comme l’a récemment reconnu le PDG de Walmart, John Furner. Ses déclarations, le 4 octobre, sont loin de ne concerner que le marché américain : l’obésité dans le monde a presque triplé depuis 1975, sa Fédération mondiale anticipe que 51 % de la population de la planète sera obèse ou en surpoids d’ici à 2035.

par
John Plassard est directeur chez Mirabaud. dans l’Opinion.

En France, la moitié de la population présente un surpoids, et 8,5 millions d’adultes souffrent d’obésité. Un problème de santé publique auquel répond précisément l’industrie pharmaceutique avec la mise sur le marché de nouveaux médicaments à base de GLP-1. Cette hormone sécrétée par les intestins au moment de la digestion réduit l’appétit et procure une sensation de satiété plus rapide et plus longue.

Parmi ces médicaments, si l’Ozempic a été approuvé aux Etats-Unis en 2017 comme traitement du diabète de type 2, le Wegovy a été mis sur le marché en 2021 pour lutter directement contre l’obésité. Ainsi, 1,7 % de la population américaine s’est déjà vu prescrire un médicament de cette catégorie en 2023, soit une hausse de 40 % en cinq ans.

Tendance. Cette croissance peut inquiéter les géants de l’agroalimentaire quant à l’évolution de leurs ventes. D’autant plus que des personnes souhaitant détourner ces médicaments à des seules fins d’amaigrissement parviennent à l’obtenir : au moins 2 000 personnes non diabétiques auraient réussi à se les procurer cette année en France, selon l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).

Face à cette tendance qui ne semble pas près de s’arrêter, les détaillants ont déjà remarqué un impact marqué sur les courses et les commandes de restaurants
Face à cette tendance qui ne semble pas près de s’arrêter, les détaillants ont déjà remarqué un impact marqué sur les courses et les commandes de restaurants. C’est dans ce contexte que plusieurs géants américains tels que Mondelez, PepsiCo ou encore Coca-Cola ont été sanctionnés en bourse en réaction aux déclarations du PDG de Walmart.

Si certaines de ces marques ont depuis retrouvé leurs niveaux de valorisation, le danger ne paraît pas écarté pour autant. En effet, s’il n’y a pas de régime spécifique à suivre lors de l’utilisation de médicaments GLP-1, il est recommandé de les associer à des aliments provenant de sources saines, comme des protéines maigres, des céréales complètes, des fruits, des légumes et des graisses saines. Autrement dit, une alimentation équilibrée aide à atteindre les objectifs de perte de poids. Et c’est peut-être cela le « problème » pour l’industrie de la malbouffe.

Evolution. Certaines marques ont déjà modifié leurs produits pour tenter d’attirer les consommateurs soucieux de leur santé. Les fabricants de sodas ont, par exemple, progressivement abandonné le terme « diététique » au profit de « sans sucre » pour une image de marque plus saine. Nestlé a reformulé certains de ses produits pour en réduire la teneur en sucre, en sel et en matières grasses. Autant de signes démontrant que les géants de l’industrie sont conscients depuis plusieurs années de l’exposition de leurs ventes aux nouvelles préoccupations de santé des consommateurs.

Ce sont ces mêmes groupes qui devraient, sur le moyen terme, tirer le mieux leur épingle du jeu grâce à des stratégies de diversification. Nestlé a acquis plusieurs marques axées sur la santé (Sweet Earth, Garden of Life), tandis que Coca-Cola a diversifié son portefeuille de boissons pour y inclure davantage de produits hypocaloriques et sans sucre. D’autres encore (Heinz, General Mills) élargissent leurs gammes de produits biologiques. Les entreprises les plus à risque pourraient être celles qui sont exclusivement dédiées à la « malbouffe », à l’instar d’enseignes de restauration rapide.

Ce ne sont là que quelques exemples de la manière dont certaines des plus grandes entreprises agroalimentaires tentent de s’adapter à l’évolution des préférences des consommateurs. Si on peut s’en réjouir, les fabricants de malbouffe eux, peuvent trembler s’ils n’avaient pas amorcé ce virage (annoncé), il y a de nombreuses années. Car les coupe-faim ne feront qu’augmenter l’appétit… pour des aliments beaucoup plus sains.

John Plassard est directeur chez Mirabaud.

Un plan pour sauver l’industrie en France

Un plan pour sauver l’industrie en France

L’ancien financier Yves Perrier et le docteur en philosophie politique François Ewald analysent dans les mutations qui ont conduit à la désindustrialisation du pays.

dans « Le Monde »

Quand un ancien ponte de la finance dénonce les méfaits du « capitalisme financier », cela peut prêter à sourire. Mais au moins connaît-il bien le sujet. Ancien directeur financier de la Société générale, du Crédit lyonnais, puis fondateur et président jusqu’en 2023 du géant européen de la gestion d’actifs Amundi (près de 2 000 milliards d’euros d’encours gérés), Yves Perrier a vécu aux premières loges, depuis quarante-cinq ans, l’évolution du capitalisme mondial.

Pour analyser les mutations profondes ayant conduit au déclin économique français, il s’est associé au docteur en philosophie politique François Ewald, grand spécialiste de l’Etat-providence, avec pour objectif d’en tirer des recommandations. Lesquelles ? Leur ouvrage Quelle économie politique pour la France ? (L’Observatoire, 352 pages, 23 eu­ros) affiche ses ambitions avec ce sous-titre : Pour un nouveau pacte Etat-entreprises-citoyens.

Pour les auteurs, le fait majeur des dernières décennies reste l’effacement de l’Etat stratège. Le colbertisme des années Pompidou a laissé la place à une croissance débridée des multinationales françaises, dont le capital a basculé « dans les mains des fonds de pension anglo-saxons », et qui ont, en conséquence, embrassé à partir des années 1990 les codes néolibéraux venus des Etats-Unis, entre course aux profits, délocalisations et folles rémunérations des dirigeants.

Stratégie désastreuse

La montée des inégalités sociales, dans le sillage de la globalisation et de la financiarisation de l’économie, a été maintes fois dénoncée. M. Perrier et M. Ewald se concentrent, eux, sur la question de l’efficacité de ce modèle de production. La France a-t-elle mieux réussi que ses rivaux ? Non, c’est l’inverse qui s’est produit. Cette stratégie s’est révélée désastreuse pour le pays en accélérant sa désindustrialisation.

Désormais, le poids de l’industrie dans le PIB français est équivalent à ce qu’il est dans celui de la Grèce, bien en dessous de l’Allemagne ou de l’Italie. Est-ce grave, docteur ? Oui, car « c’est d’abord dans l’industrie que se crée la valeur ajoutée », martèlent les auteurs, qui pointent le cercle vicieux engendré : la perte de richesse a eu pour conséquence une dérive des finances publiques, afin que l’Etat puisse panser les plaies sociales de la désindustrialisation.

Si le diagnostic est implacable, le message se veut toutefois « optimiste ». M. Perrier et M. Ewald appellent à renouer avec la planification

Environnement–Pour un vrai verdissement de l’industrie

Environnement–Pour un vrai verdissement de l’industrie

par Pierre Veltz

membre de l’Académie des technologies

et Grégory Richa

directeur associé d’OPEO, cabinet de conseil en stratégie industrielle dans « Le Monde »

Le chercheur Pierre Veltz et le consultant Grégory Richa rappellent, dans une tribune au « Monde », qu’il faut agir sur tous les fronts : conception, marketing, design ; fabrication, distribution et logistique ; fin de vie et recyclage ; modes d’usage et modèles économiques

Les annonces le 22 mai d’Elisabeth Borne sur le « plan d’action » du gouvernement pour réduire les émissions de carbone secteur par secteur, après celles du président de la République et de Bruno Le Maire, ministre des finances, concernant la « réindustrialisation verte », vont dans le bon sens, comme tout ce qui contribue à renforcer l’industrie sur notre territoire, sous le double signe du gain de souveraineté et du « verdissement » de l’économie.

On peut évidemment s’interroger sur l’ampleur des moyens envisagés (face au plan massif de l’Inflation Reduction Act américain), sur les limites d’une démarche nationale lorsque la bonne échelle est l’Europe, sur les financements et sur la crédibilité d’un impact budgétaire promis comme neutre.

Mais cette séquence politique devrait être aussi une invitation à réfléchir sur ce que devrait être l’industrie « verte », notion qui reste en réalité bien floue. Le premier point à souligner est que celle-ci ne peut pas se limiter à des secteurs spécifiques. Cibler les batteries, le solaire, l’éolien et les pompes à chaleur est très utile.

Il ne faut pas rater ces virages énergétiques, de même qu’il faut décarboner en priorité les industries lourdes très émettrices (acier, aluminium, ciment). Mais c’est l’industrie tout entière, tous secteurs confondus, qui doit devenir verte. Deuxièmement, ce verdissement ne peut pas se limiter à la décarbonation des procédés industriels et de l’énergie employée. C’est un point crucial, mais mal perçu.

L’industrie verte ne sera pas une collection d’usines émettant moins de gaz à effet de serre (GES). Le changement de paradigme à opérer est plus profond. Pourquoi ? D’abord parce que la production du futur sera de plus en plus sous contraintes de ressources : énergie propre, mais aussi gestion de l’eau, interactions avec la biosphère, matières premières et composants en tension, compétences humaines rares.

Ensuite, il faut regarder bien au-delà des usines, pour considérer les chaînes de valeur complètes, de bout en bout, en amont et en aval, y compris les usages. L’usine d’où sort le produit final ne représente souvent que 5 % à 10 % des émissions de GES totales de ces chaînes. Il faut aussi repenser les produits eux-mêmes, biens et services. On parle beaucoup de sobriété d’usage, mais la sobriété de conception est un enjeu fondamental.

Environnement–Vers un vrai verdissement de l’industrie

Environnement–Vers un vrai verdissement de l’industrie

par Pierre Veltz

membre de l’Académie des technologies

et Grégory Richa

directeur associé d’OPEO, cabinet de conseil en stratégie industrielle dans « Le Monde »

Le chercheur Pierre Veltz et le consultant Grégory Richa rappellent, dans une tribune au « Monde », qu’il faut agir sur tous les fronts : conception, marketing, design ; fabrication, distribution et logistique ; fin de vie et recyclage ; modes d’usage et modèles économiques

Les annonces le 22 mai d’Elisabeth Borne sur le « plan d’action » du gouvernement pour réduire les émissions de carbone secteur par secteur, après celles du président de la République et de Bruno Le Maire, ministre des finances, concernant la « réindustrialisation verte », vont dans le bon sens, comme tout ce qui contribue à renforcer l’industrie sur notre territoire, sous le double signe du gain de souveraineté et du « verdissement » de l’économie.

On peut évidemment s’interroger sur l’ampleur des moyens envisagés (face au plan massif de l’Inflation Reduction Act américain), sur les limites d’une démarche nationale lorsque la bonne échelle est l’Europe, sur les financements et sur la crédibilité d’un impact budgétaire promis comme neutre.

Mais cette séquence politique devrait être aussi une invitation à réfléchir sur ce que devrait être l’industrie « verte », notion qui reste en réalité bien floue. Le premier point à souligner est que celle-ci ne peut pas se limiter à des secteurs spécifiques. Cibler les batteries, le solaire, l’éolien et les pompes à chaleur est très utile.

Il ne faut pas rater ces virages énergétiques, de même qu’il faut décarboner en priorité les industries lourdes très émettrices (acier, aluminium, ciment). Mais c’est l’industrie tout entière, tous secteurs confondus, qui doit devenir verte. Deuxièmement, ce verdissement ne peut pas se limiter à la décarbonation des procédés industriels et de l’énergie employée. C’est un point crucial, mais mal perçu.

L’industrie verte ne sera pas une collection d’usines émettant moins de gaz à effet de serre (GES). Le changement de paradigme à opérer est plus profond. Pourquoi ? D’abord parce que la production du futur sera de plus en plus sous contraintes de ressources : énergie propre, mais aussi gestion de l’eau, interactions avec la biosphère, matières premières et composants en tension, compétences humaines rares.

Ensuite, il faut regarder bien au-delà des usines, pour considérer les chaînes de valeur complètes, de bout en bout, en amont et en aval, y compris les usages. L’usine d’où sort le produit final ne représente souvent que 5 % à 10 % des émissions de GES totales de ces chaînes. Il faut aussi repenser les produits eux-mêmes, biens et services. On parle beaucoup de sobriété d’usage, mais la sobriété de conception est un enjeu fondamental.

Vers un vrai verdissement de l’industrie

Vers un vrai verdissement de l’industrie

par Pierre Veltz

membre de l’Académie des technologies

et Grégory Richa

directeur associé d’OPEO, cabinet de conseil en stratégie industrielle dans « Le Monde »

Le chercheur Pierre Veltz et le consultant Grégory Richa rappellent, dans une tribune au « Monde », qu’il faut agir sur tous les fronts : conception, marketing, design ; fabrication, distribution et logistique ; fin de vie et recyclage ; modes d’usage et modèles économiques

Les annonces le 22 mai d’Elisabeth Borne sur le « plan d’action » du gouvernement pour réduire les émissions de carbone secteur par secteur, après celles du président de la République et de Bruno Le Maire, ministre des finances, concernant la « réindustrialisation verte », vont dans le bon sens, comme tout ce qui contribue à renforcer l’industrie sur notre territoire, sous le double signe du gain de souveraineté et du « verdissement » de l’économie.

On peut évidemment s’interroger sur l’ampleur des moyens envisagés (face au plan massif de l’Inflation Reduction Act américain), sur les limites d’une démarche nationale lorsque la bonne échelle est l’Europe, sur les financements et sur la crédibilité d’un impact budgétaire promis comme neutre.

Mais cette séquence politique devrait être aussi une invitation à réfléchir sur ce que devrait être l’industrie « verte », notion qui reste en réalité bien floue. Le premier point à souligner est que celle-ci ne peut pas se limiter à des secteurs spécifiques. Cibler les batteries, le solaire, l’éolien et les pompes à chaleur est très utile.

Il ne faut pas rater ces virages énergétiques, de même qu’il faut décarboner en priorité les industries lourdes très émettrices (acier, aluminium, ciment). Mais c’est l’industrie tout entière, tous secteurs confondus, qui doit devenir verte. Deuxièmement, ce verdissement ne peut pas se limiter à la décarbonation des procédés industriels et de l’énergie employée. C’est un point crucial, mais mal perçu.

L’industrie verte ne sera pas une collection d’usines émettant moins de gaz à effet de serre (GES). Le changement de paradigme à opérer est plus profond. Pourquoi ? D’abord parce que la production du futur sera de plus en plus sous contraintes de ressources : énergie propre, mais aussi gestion de l’eau, interactions avec la biosphère, matières premières et composants en tension, compétences humaines rares.

Ensuite, il faut regarder bien au-delà des usines, pour considérer les chaînes de valeur complètes, de bout en bout, en amont et en aval, y compris les usages. L’usine d’où sort le produit final ne représente souvent que 5 % à 10 % des émissions de GES totales de ces chaînes. Il faut aussi repenser les produits eux-mêmes, biens et services. On parle beaucoup de sobriété d’usage, mais la sobriété de conception est un enjeu fondamental.

Finances: Le livret A à toutes les sauces : pour le nucléaire, pour le logement, pour l’industrie, pour la défense !

Finances: Le livret A à toutes les sauces : pour le nucléaire, pour le logement, pour l’industrie, pour la défense !

En panne de financement et face à une dette colossale, quelques responsables politiques se rabattent systématiquement sur l’utilisation des fonds du livret A comme solution pour le financement des projets. Notons qu’au départ le livret A est destiné surtout au financement du logement. Justement un secteur qui connaît une crise sans précédent avec l’écoulement des prêts pour les candidats à l’accession. Un énorme décalage entre l’offre et la demande. Les candidats potentiels sont de plus en plus de l’accession en raison de la folie des prix de l’immobilier. La cible potentielle des futures acheteurs ne cesse de se réduire. La location est aussi victime de cette situation mais aussi du fatras de normes qui pratiquement génèrent des surcoûts impossibles à amortir pour les appartements et maisons à mettre en location.

Parallèlement on s’interroge aussi sur la possibilité maintenant de financer les projets de défense en sollicitant aussi le livret A.
Un livret A qu’on imagine d’une façon plus générale mettre la disposition de toutes l’industrie. Enfin le même livret pourrait servir à l’énorme besoin de financement d’EDF pour les centrales décidées par le gouvernement mais non financées.

Bref le signe qu’on décide de grandes orientations sans prévoir le financement en se rabattant sur des fonds normalement destinés au secteur du logement qui connaît pourtant une crise sans précédent.

Face aux difficultés de financement que rencontre cette filière, notamment ses startups et ses PME, et des dangers d’une mise en œuvre d’une taxonomie trop radicale au niveau européen qui exclurait l’industrie de la défense, quatre députés, dont le président de la commission de la défense de l’Assemblée nationale Thomas Gassilloud (Renaissance), ainsi que le rapporteur du projet de loi de programmation militaire en cours d’examen, Jean-Michel Jacques (Renaissance), Christophe Plassard (Horizon) et enfin Jean-Louis Thiériot (Les Républicains) pourraient avoir trouvé une esquive imparable : « mobiliser une partie de l’encours non centralisé du livret A et du Livret de développement durable au service des entreprises contribuant à la souveraineté nationale, dont font partie les entreprises de la BITD (la base industrielle et technologique de défense, soit l’ensemble des industries de défense du pays Ndlr)», selon un amendement déposé mercredi à l’issue d’une discussion entre Bercy et les parlementaires.

Le livret A à toutes les sauces : pour le nucléaire, pour le logement, pour l’industrie, pour la défense

Le livret A à toutes les sauces : pour le nucléaire, pour le logement, pour l’industrie, pour la défense

En panne de financement et face à une dette colossale, quelques responsables politiques se rabattent systématiquement sur l’utilisation des fonds du livret A comme solution pour le financement des projets. Notons qu’au départ le livret A est destiné surtout au financement du logement. Justement un secteur qui connaît une crise sans précédent avec l’écoulement des prêts pour les candidats à l’accession. Un énorme décalage entre l’offre et la demande. Les candidats potentiels sont de plus en plus de l’accession en raison de la folie des prix de l’immobilier. La cible potentielle des futures acheteurs ne cesse de se réduire. La location est aussi victime de cette situation mais aussi du fatras de normes qui pratiquement génèrent des surcoûts impossibles à amortir pour les appartements et maisons à mettre en location.

Parallèlement on s’interroge aussi sur la possibilité maintenant de financer les projets de défense en sollicitant aussi le livret A.
Un livret A qu’on imagine d’une façon plus générale mettre la disposition de toutes l’industrie. Enfin le même livret pourrait servir à l’énorme besoin de financement d’EDF pour les centrales décidées par le gouvernement mais non financées.

Bref le signe qu’on décide de grandes orientations sans prévoir le financement en se rabattant sur des fonds normalement destinés au secteur du logement qui connaît pourtant une crise sans précédent.

Face aux difficultés de financement que rencontre cette filière, notamment ses startups et ses PME, et des dangers d’une mise en œuvre d’une taxonomie trop radicale au niveau européen qui exclurait l’industrie de la défense, quatre députés, dont le président de la commission de la défense de l’Assemblée nationale Thomas Gassilloud (Renaissance), ainsi que le rapporteur du projet de loi de programmation militaire en cours d’examen, Jean-Michel Jacques (Renaissance), Christophe Plassard (Horizon) et enfin Jean-Louis Thiériot (Les Républicains) pourraient avoir trouvé une esquive imparable : « mobiliser une partie de l’encours non centralisé du livret A et du Livret de développement durable au service des entreprises contribuant à la souveraineté nationale, dont font partie les entreprises de la BITD (la base industrielle et technologique de défense, soit l’ensemble des industries de défense du pays Ndlr)», selon un amendement déposé mercredi à l’issue d’une discussion entre Bercy et les parlementaires.

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