L’industrialisation de la France en panne ?
Même si les investissements continuent de progresser, les sites industriels diminuent d’après une récente étude. Sans doute aussi la conséquence d’un affaiblissement très net de la croissance que subissent surtout et d’abord les PME en sous- traitance . Selon l’étude dévoilée ce dimanche soir par le cabinet Trendeo qui se concentre sur le premier semestre 2024 le nombre d’ouvertures d’usines baisse, tandis que les fermetures augmentent par rapport à l’année précédente. La dynamique est négative depuis le mois d’avril. Entre le mois de la fête de Pâques et août, le solde net de l’indicateur de Trendeo se situe à -10 et donc une tendance à la destruction de sites industriels sur l’ensemble de la France plutôt que la création.
Selon les auteurs, la France a créé exactement 9.597 emplois dans la « production industrielle » sur les huit premiers mois de l’année 2024. Cela peut sembler une bonne performance dans un contexte d’incertitudes politiques qui a provoqué un certain attentisme chez les chefs d’entreprises. Seulement, c’est le plus faible solde net entre créations et destructions d’emplois industriels en France depuis la crise sanitaire de la Covid-19 (plus de 15.000 destructions d’emplois cette année-là). À titre de comparaison, l’année 2021 avait permis de créer plus de 17.000 emplois industriels en France, puis près de 27.000 l’année suivante et enfin quasiment 21.000 en 2023.
Mais heureusement, l’investissement n’a été aussi élevé depuis 2009 à en croire Trendeo, qui signale que les montants injectés dans l’économie avoisinent les 50 milliards d’euros sur les huit premiers mois de l’année 2024.
« Ces évolutions en sens contraire s’expliquent par une hausse continue de l’investissement moyen par projet. Cette hausse de l’investissement moyen est principalement un effet de la réindustrialisation. L’industrie, plus capitalistique, représente une part croissante des montants investis : en tendance on passe de 25% de l’ensemble de l’investissement en 2009, année de crise, à près de 50% en 2024 », analyse le cabinet.
Quelques jours après la publication du rapport Draghi sur la compétitivité européenne, cette nouvelle étude du cabinet Trendeo démontre encore une fois que les investissements pour refaire de la France une puissance industrielle devront être bien plus importants.
« Nous sommes certes dans une phase de croissance de l’industrie en volume, mais celle-ci est globalement équivalente au reste de notre économie et surtout largement moindre que celle de nos pairs européens. C’est très bien d’avoir, comme l’Europe et comme le souligne la Rapport Draghi, deux piliers « classique » : une politique d’accompagnement de la décarbonation (et plus généralement de la transition écologique) et une politique d’innovation de rupture (…) En sus, nous avons besoin d’un troisième pilier, un pilier qui nous manque et qui réponde à notre singularité : une politique de densification notre tissu productif, pour accompagner tous les projets des PMI et des ETI ancrées dans les territoires », partageait vendredi soir, sur le réseau social Linkedin, Olivier LLuansi, auteur tout récemment du livre « Réindustrialiser, le défi d’une génération », aux éditions Les Déviations.