Au lieu de s’agiter Macron ferait mieux d’imiter Attal
Peut-on émerger d’un camp qui s’effondre ? Nicolas Sarkozy avait réussi pareille gageure entre 2002 et 2007 en prospérant sur les décombres du chiraquisme. Gabriel Attal, 34 ans, nouvelle star de la politique, est-il en train de mettre ses pas dans ceux de l’ex-président ? Il y a incontestablement du « Sarko » chez le plus doué des macronistes. Dans sa façon de bousculer le « mammouth » de l’Éducation nationale, réputé irréformable, le ministre fait penser à celui qui fut premier flic de France et imprima son style jusqu’à devenir incontournable pour l’élection présidentielle suivante. Bien sûr, Gabriel Attal en est loin. Il a néanmoins franchi un cap en doublant Édouard Philippe dans un palmarès des personnalités politiques préférées des Français.
d’aprés Bruno jeudi, éditorialiste dans La Tribune
L’ancien député des Hauts-de-Seine n’en finit pas de déjouer les pronostics depuis son installation à la tête du ministère. Certes, il s’est attaqué à des questions périscolaires symboliques (la laïcité, le harcèlement, le calendrier du bac…), mais ses 150 premiers jours sont de bon augure. Sa réactivité et sa propension à résoudre ce que son prédécesseur a laissé sans solution séduisent l’opinion. Gabriel Attal échappe à la critique car il ne fait pas du « en même temps ». Il interdit le port de l’abaya. Elle disparaît du jour au lendemain. Le niveau des élèves baisse selon le classement Pisa. Le ministre ne se réfugie pas dans le déni. Il sort un plan avec mise en place de mesures immédiates. Bref, l’inverse du chef de l’État, qui procrastine et semble totalement enlisé sur bien des dossiers, de l’immigration à la fin de vie.
Suffit-il de constater que notre système éducatif va de mal en pis pour être un grand
ministre ? L’allant, la lucidité et le verbe haut et tranchant d’Attal ne sauraient à eux seuls apaiser les blessures et inquiétudes des professeurs et les incertitudes des élèves.
Le port de l’uniforme n’est-il pas dérisoire face à une institution qui n’éduque, n’instruit plus ? Les assassinats de Samuel Paty et de Dominique Bernard exigent du corps professoral du courage et une intransigeante défense des valeurs républicaines et humanistes. Comme un élève prometteur, Attal doit être encouragé à la fin du premier trimestre…
Les félicitations viendront, peut-être, au troisième si son étoile n’a pas pâli d’ici là. « Celui qui est maître de l’éducation peut changer la face du monde », disait le philosophe Leibniz. Pour Attal, ça pourrait aussi être la face de la France si les électeurs décidaient, en 2027, de faire un saut générationnel.
D’une manière ou d’une autre, ce jeune homme pressé comptera.