Livret A : Hausse liée aux incertitudes
Ce n’est certainement pas la hausse des taux du livret A qui encourage les épargnants. Généreusement on a fait passer ce taux de 1 à 2 %. Pour l’avenir on envisage un taux de 3 à 4 % ; à comparer évidemment avec une hausse de l’inflation de près de 7 % en 2022 et une prévision de 7 % supplémentaires en 2023.
Ce sont davantage les incertitudes relatives à l’inflation, à l’énergie, et aux dangers de la situation géopolitique qui incitent les épargnants à placer leur argent sur les livrets classiques.
Le placement préféré des Français confirme encore son statut. D’après les chiffres de la Caisse des dépôts, publiés ce mercredi, les Français ont garni leurs Livrets A de 600 millions d’euros en novembre, un montant plutôt honorable pour la période et qui confirme un regain d’intérêt des épargnants pour ce placement. La collecte de novembre fait mieux qu’octobre ( le mois des factures) où les épargnants avaient retiré davantage d’argent qu’ils n’en avaient placé ce qui s’était traduit par une collecte nette négative de l’ordre de 1,1 milliard d’euros.
Novembre renoue donc avec la tendance positive de 2022. Depuis le début de l’année, le Livret A a enregistré une collecte nette de près de 25,8 milliards d’euros, soit un niveau proche des 26,4 milliards enregistré en 2020, une année exceptionnelle à ce titre, marquée par l’irruption du Covid-19. En 2021, à l’inverse, le Livret A, qui rémunérait à l’époque 0,5% par an les épargnants, avait engrangé 15,17 milliards d’euros. C’était encore moins en 2019, car seuls 12,64 milliards avaient été collectés sur ce placement.
Une hausse du taux de rendement qui attire les épargnants
Cette année, la collecte du livret A a été tirée par la hausse du taux d’intérêt que propose le placement préféré des Français. Face à la flambée du coût de la vie qui grignote l’épargne accumulée par les Français, Bruno Le Maire avait annoncé deux hausses de taux en février et en août, passant le rendement annuel de ce livret de 0,5% à 2%. Un placement qui ne compense toutefois pas la perte de pouvoir d’achat provoquée par une inflation qui atteignait toujours 6,2% en novembre.
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Pour continuer d’aider les épargnants, la Banque de France a laissé entendre que les taux continueraient de grimper. « Nous ferons le calcul au mois de janvier, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire décidera » du nouveau taux « mais je peux dire qu’il y aura une nouvelle hausse du Livret A au 1er février, elle devrait être sensible », a affirmé ce mercredi François Villeroy de Galhau sur RMC/BFM TV.
Le taux du livret A mais aussi de son cousin le Livret d’épargne populaire (dans la souscription est soumis à des conditions de ressources) sont calculés en tenant compte de l’inflation et de l’évolution de différents taux de rémunération de dépôts interbancaires. Ainsi, le Livret A devrait augmenter jusqu’à 3% voire un peu plus lors de la prochaine revalorisation.
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Une collecte générale élevée
Concernant le LEP, dont le taux est actuellement fixé à 4,6%, l’augmentation « devrait être encore plus forte », a assuré le gouverneur de la Banque de France. Il a déjà été relevé en août en passant de 2,2 à 4,6%. Ce placement est jugé par François Villeroy de Galhau comme « le produit le plus intéressant pour les épargnants (…) Accessible à 15 millions de Français. »
D’une manière générale, tous les livrets dits sans risques ont collecté beaucoup d’argent en novembre. Le livret de développement durable et solidaire (LDDS) a notamment récolté 430 millions d’euros nets rien que sur ce dernier mois. Sur un an, l’encours du livret A et du LDDS atteint la somme colossale de 500,5 milliards d’euros, soit une hausse de +6,8% par rapport à novembre 2021.
Cette épargne est ensuite gérée par la Caisse des dépôts et les réseaux bancaires pour être investie, notamment, dans le financement de logements sociaux dans le cas du livret A, et des projets dédiés à l’économie sociale et solidaire ainsi qu’aux économies d’énergie dans les logements, pour le cas du LDDS.
Un « produit d’épargne vert »
De l’argent qui ne dort pas et qui pourrait même servir à une autre grande problématique : la transition énergétique. Dans cette optique, Bruno Le Maire a annoncé vouloir créer un « produit d’épargne vert » lors de la présentation d’un rapport du think tank The Shift Project le 15 décembre. Ce nouveau livret serait en revanche « sans doute un peu moins liquide » que les placements d’épargne classiques, « avec sans doute une part de risque un peu plus élevée mais il comportera la garantie que chaque euro investi ira dans un projet vert ».
Avec ce projet, le ministre de l’Economie souhaiterait flécher l’épargne des Français dans des projets soutenant la neutralité carbone. Il a notamment remis en question le LDDS « qui n’a de durable et solidaire que le nom », a-t-il taclé avant d’expliquer que « beaucoup de produits financiers sont présentés comme verts mais ne le sont que très partiellement, voire absolument pas ».
Pour que cet argent soit utilisé à bon escient, Bruno Le Maire a promis des contrôles pour s’assurer que « les placements verts sont bien dirigés vers des projets en ligne avec l’objectif de neutralité carbone. »