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Mettre fin à l’hystérie et à l’instrumentalisation des sondages

Mettre fin à l’hystérie et à l’instrumentalisation des sondages

Le politologue Alexandre Dézé publie un réquisitoire contre les enquêtes d’opinion politique. Dans un entretien au « Monde », il estime qu’elles sont peu fiables et orientent le débat public.

 

Alexandre Dézé est maître de conférences en science politique à l’université de Montpellier, chercheur au Centre d’études politiques et sociales du même établissement et enseignant à Sciences Po Paris. Dans son ouvrage, 10 Leçons sur les sondages politiques (De Boeck supérieur, 144 pages, 12,90 euros), il plaide pour une diminution drastique des enquêtes d’opinion politiques.

Quels reproches faites-vous aux sondages politiques ?

Le principal est l’importance inédite qu’on leur accorde. A-t-on besoin de près 600 enquêtes pour couvrir un scrutin présidentiel, comme ce fut le cas en 2017 ? Cette surabondance est un problème. On peut aussi se poser la question de leur rôle dans la sélection des candidats, d’autant plus dans une situation où les partis politiques sont affaiblis. Jamais il n’y a eu autant de sondages alors qu’il y a de véritables faiblesses dans leur fabrication, et que l’opacité règne.

Ces enquêtes peuvent-elles, tout de même, se révéler utiles comme outils d’analyse d’une situation politique ?

Je n’en suis pas certain. A tous les étages du processus, on peut repérer des problèmes qui laissent planer le plus grand doute sur leur fiabilité. Les sondages réalisés à six mois d’une présidentielle, par exemple, sont corrects dans un cas sur huit. A quoi servent-ils ? Ils alimentent un débat politique à propos de rapports de force virtuels. On teste des candidats non déclarés, on oblige les répondants à des exercices intellectuels complexes où ils doivent imaginer plusieurs scénarios différents. Cela présuppose aussi une connaissance minimale des candidats et de la politique, ce que n’ont pas tous les répondants. Par ailleurs, il y a un problème avec les échantillons en ligne de volontaires autorecrutés.

 

On est loin des prérequis d’un échantillonnage classique. Un sondage représentatif, c’est-à-dire sans biais, est un sondage aléatoire où l’on tire les gens au sort. Mais, plus largement, tout est problématique dans la production de ces enquêtes : de la constitution des échantillons, jusqu’à la formulation des questions, en passant par le redressement des résultats bruts. L’idéal serait de réduire le nombre de sondages politiques et d’augmenter leur qualité. Car, quand un sondage est bien fait, cela génère des connaissances précieuses.

Si l’on ne se focalise pas uniquement sur les intentions de vote, les sondages peuvent aussi servir à déconstruire des éléments de langage de certains partis. Par exemple, on voit que les principales préoccupations des Français sont le pouvoir d’achat, l’épidémie de Covid ou la santé, devant la sécurité et l’immigration…

 

« Coronavirus: l’hystérie économique » ( Frédéric Gonand)

« Coronavirus: l’hystérie économique » ( Frédéric Gonand)

Frédéric Gonand est professeur d’économie à l’Université Paris-Dauphine décrypte l’hystérie qui affecte actuellement la sphère économique dans un papier de l’Opinion

 

 

« L’effet économique direct du coronavirus en France était très limité. Avec la réaction hystérique des pouvoirs publics occidentaux, ses implications macroéconomiques vont être sensibles, et peut-être massives.

Sur l’effet économique direct : si l’on en croit les statistiques fournies par les pouvoirs publics, elle concerne un phénomène qui a coûté la vie à ce jour à 61 personnes (souvent déjà affaiblies par la maladie), soit environ 0,00009 % de la population, et contaminé 2 876 personnes, soit 0,00429 % de la population – tout cela en deux mois. Par conséquent, l’effet économique direct de l’épidémie aurait surtout transité par le ralentissement de l’activité chinoise et ses implications pour nos entreprises. Au total, l’effet direct aurait pu être contenu à 0,1 % du PIB, peu ou prou, dans notre pays.

En Chine, il sera plus important car le pouvoir en place a tiré profit de l’épidémie pour renforcer singulièrement les pouvoirs du Parti grâce à des mesures très fermes. L’activité commence déjà à redémarrer dans l’Empire du Milieu.

On pense à Philippe Seguin qui enseignait sagement qu’un vote unanime et émotionnel cache souvent mal une grosse erreur

Imprévisibilité. Las, les pouvoirs publics européens se sont lancés en mars 2020 dans une course à l’échalote autoentretenue particulièrement mortifère pour l’économie. Déficits publics illimités (les générations futures, qui rembourseront, vont encore apprécier), marchés financiers déstabilisés (alors qu’ils étaient déjà fragilisés), anticipations d’activité saccagées par tant d’incertitudes et d’imprévisibilité (y compris du côté de la Fed)… et désormais vie quotidienne des Français, jeunes et moins jeunes, désorientée : tout cela pour une maladie dont vous auriez peine à trouver des personnes atteintes dans votre entourage au cours des deux derniers mois. La situation est un cas d’école de phénomène irrationnel autoentretenu, une vraie montée aux extrêmes.

La disproportion entre le choc initial et la caisse de résonance à peine croyable que lui ont offerte les politiques économiques interroge. Elle est en tout cas bien en phase avec la littérature macroéconomique des années 2010 qui a beaucoup étudié l’influence sur la croissance des phénomènes informationnels. Elle reflète sans doute la pression qu’exerce un pays sur ses voisins lorsqu’il prend des mesures massives. Elle n’en demeure pas moins massivement anxiogène pour la population. La pression majoritaire fait taire toute voix se risquant à prendre le parti de souligner le hiatus pourtant très apparent.

L’on n’ose pas croire que les chiffres publics soient erronés. Et l’on pense donc à Philippe Seguin qui enseignait sagement qu’un vote unanime et émotionnel cache souvent mal une grosse erreur. Il est à craindre que telle soit aujourd’hui la situation : celle, dans le contexte d’une réforme des retraites devenue comme un coq sans tête, d’une nouvelle erreur d’appréciation et de pilotage, dont le coût économique apparaît bientôt comme considérable et surtout sans rapport étroit avec le choc sanitaire initial. »




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