Archive pour le Tag 'L’euro'

L’euro: accélérateur ou frein à la croissance

L’euro: accélérateur ou frein à la croissance


Dans la zone euro, la croissance stagne. En France, le ministre de l’Économie et des Finances salue « la performance remarquable » de l’économie française. L’euro géré par la BCE a-t-il contribué à une accélération ou à un ralentissement économique ? Faut-il recalculer les taux de conversion des monnaies nationales ? Par Gabriel Gaspard, Chef d’entreprise à la retraite, spécialiste en économie financière.

L’unification monétaire européenne. Au XIXe siècle, plusieurs expériences d’union monétaire ont émergé, mais aucune n’eut le rayonnement de l’actuelle Union économique et monétaire UEM. L’Europe a connu l’union monétaire austro-allemande (1857-1866), l’union monétaire scandinave (1863-1914) qui regroupa la Suède, la Norvège et le Danemark, et enfin l’union monétaire latine (1865- 1914) conclue entre la France, la Belgique, l’Italie, la Suisse, la Grèce, l’Espagne et la Roumanie.

Créé en 1999, l’euro a été introduit dans l’Union économique et monétaire UEM, ou zone euro, dans onze pays européens. Cette zone devait renforcer l’intégration économique et politique au sein de l’Union Européenne. En ce sens, l’euro a été voulu comme un accélérateur de la croissance, dans la mesure où l’utilisation d’une seule monnaie intensifierait la concurrence dans la zone euro et renforcerait l’intégration des marchés. Plusieurs raisons avaient justifié ce choix : lutter contre les coûts des opérations de change, renforcer la compétitivité des entreprises, contrecarrer la puissance du dollar, etc. Après plus de 20 ans, l’euro a un bilan qui demeure mitigé.

L’euro aurait de nombreux défauts. Pour certains économistes, la zone euro n’a pas été constituée comme une zone monétaire optimale (ZMO). L’Europe ne remplit pas trois conditions majeures : la mobilité des travailleurs n’y est pas parfaite, il n’y a pas de diversification sectorielle et il n’existe pas de fédéralisme budgétaire et fiscal, etc. D’après R. Mundell, prix Nobel d’économie, « parrain » de l’euro et père de la macroéconomie internationale, une zone monétaire, pour être « optimale », doit être dotée de mécanismes d’ajustements permettant de réduire l’impact de chocs asymétriques. De tels mécanismes ne sont pas réellement opérationnels au sein de la zone euro où la solidarité budgétaire entre les différents États est à un stade rudimentaire.

Selon Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie, l’euro au lieu de rapprocher les européens a fini par les diviser et plomber l’économie. En d’autres termes, l’euro a contribué à un ralentissement économique et à des pertes de pouvoir d’achat pour les ménages européens. Est-ce effectivement le cas ?

De 1985 à 1991. C’est la perestroïka et la fin de l’URSS. C’est la Bulle spéculative au Japon où les grandes villes japonaises ont connu une période de très forte hausse des prix fonciers et immobiliers. La bulle et son dégonflement sont à l’origine des formes urbaines actuelles : « néo-libéralisation, financiarisation de l’urbain, mégaprojets privés, verticalisation, polycentrisme, et aménagement du front de mer en sont les héritages ». La croissance mondiale reste très bonne à 3,59%, la zone euro (avant l’euro) avec 3,14% faisait mieux que les États-Unis à 2,99%.

De 1992 à 1998. On note : la crise du système monétaire européen (SME) à l’occasion du référendum français sur le traité de Maastricht, la crise du mécanisme de change européen en 1992 et 1993, la crise économique mexicaine de 1994, la crise économique asiatique en 1997, etc. La croissance américaine dépasse la croissance mondiale mais la croissance de la zone euro diminue de 1,28%.

De 1999 à 2007. En novembre 1999, le président Clinton abroge la loi Glass-Steagall, instaurée en 1933 par le président Franklin Roosevelt pour séparer les activités des banques de dépôt de celles des banques d’investissement. C’est la période qui va du début de la zone euro à la crise des subprimes. La croissance de la zone euro reste nettement en deçà de celle des États-Unis et de la croissance mondiale. Le 8 février 2007, la banque HSBC avertit que les impayés des crédits immobiliers à risque vont amputer son bénéfice annuel de 105 milliards de dollars. C’est le début de la crise de 2008 dites des subprimes.

De 2008 à 2016. Pour lutter contre la crise financière de 2008, la Banque centrale européenne adopte des mesures « non conventionnelles ». Ces mesures ont pris des formes telles que : une politique de taux accommodante y compris de taux négatifs, un accès assoupli aux liquidités pour les banques commerciales et la mise en place d’opérations de refinancement (TLTRO), des programmes d’achat d’actifs publics et privés (quantitative easing), complétées par des facilités de prêts de titres. In fine beaucoup de liquidités ont profité aux banques et à la Bourse. Hélas les politiques budgétaires nationales des pays de la zone euro, qui ne sont pas cordonnées, ont plutôt eu un effet négatif sur la croissance et ont amplifié les pressions déflationnistes. Le résultat est un recul historique de la croissance en zone euro à 0,46%.

De 2017 à 2022. Le 18 mars 2020, la BCE annonce le lancement d’un programme d’achats d’urgence face à la pandémie, le PEPP (Pandemic Emergency Purchase Programme) qui injecte beaucoup de liquidités. La BCE achète les titres grâce à de la création monétaire. L’économie mondiale, qui ne s’est pas encore remise de la pandémie et de la guerre de l’Ukraine, fait face à des perspectives de plus en plus sombres et incertaines. L’aboutissement d’une inflation plus forte que prévue provoque un durcissement des conditions financières. La zone euro a le taux de croissance le plus faible à 1,47%, alors que l’indice IPCH (inflation) passe de 1,34% en 2017 à 9,22% en 2022.

Le constat. Avec l’euro, les signataires espéraient que cette monnaie provoquerait une union rapide des économies des États membres. L’objectif était d’organiser une convergence des politiques industrielles et sociales vers un modèle plus libéral : plus de flexibilité du marché du travail, plus de concurrence sur les marchés des biens, réduction du rôle de l’État et du secteur public, baisse des dépenses de protection sociale. On note aujourd’hui que cette stratégie ne correspondait pas toujours aux souhaits des citoyens européens. Cette orientation a affaibli la construction européenne. Dans la plupart des pays, l’introduction de l’euro n’a pas provoqué l’accélération promise de la croissance. Pour d’autres, l’accélération de la croissance s’est accompagnée de l’accroissement de déséquilibres structurels.

La proposition de Joseph Stiglitz. Dans son ouvrage, Comment la monnaie unique menace l’avenir de l’Europe, publié chez LLL les liens qui libèrent en 2016, Joseph Stiglitz préconise soit une sortie en douceur de l’euro soit la mise en place d’un « euro flexible ». Dans cette seconde hypothèse, « des pays (ou groupes de pays) différents pourraient avoir chacun leur propre euro », dont la valeur fluctuerait au sein d’une fourchette commune.

Du point de vue juridique, l’intégration d’un État membre dans la zone euro a été conçue comme un processus irrévocable. Le traité de Lisbonne ne contient aucun mécanisme permettant la sortie de la zone euro. Les experts prévoient plusieurs scénarios difficilement applicables pour sortir de l’UEM. Du point de vue financier, la BCE a acheté pour 457,3 milliards des titres de dette émis par les États de la zone euro à partir de 2010 en fonction de leur part dans son capital. Il parait inabordable à un pays de la zone euro de faire racheter ses obligations détenues par la BCE par des acteurs locaux ou étrangers.

Faut-il recommencer les vicissitudes du « Serpent monétaire » ? Instauré en 1972, les gouvernements des banques centrales européennes créent un système de rétrécissement des marges : un serpent monétaire européen dans le tunnel. Ce système a permis aux banques centrales d’intervenir en monnaies européennes dans les limites des marges de fluctuation réduite à 2,25%. Cette expérience n’obtient pas le succès requis. En mai 1972, la livre sterling, irlandaise et la couronne danoise rejoignent ce serpent. Elles seront contraintes d’en sortir au bout de quelques semaines à causes des nouvelles spéculations financières.

L’aboutissement. Il faut arriver à une décision qui intègre plusieurs constituants : des nouvelles règles de convergences, une solidarité budgétaire entre les États de la zone euro, une gestion saine des liquidités au niveau de la Banque centrale européenne, un équilibre entre l’endettement extérieur des États (accès aux marchés financiers) et l’endettement intérieur via les acteurs locaux (économies des ménages). Sans sortir de l’euro pour revenir au franc avec la même valeur que l’euro ou non, sans euro flexible, en attendant une zone monétaire optimale, il faut réajuster son taux de conversion au temps et à la réalité du poids de chaque pays dans la zone euro et aller vers une économie écosociale.

Pour comprendre. La valeur de l’euro est un taux de conversion et non un taux de change calculée sur la base des monnaies des États membres. Elle a été fixée au 1er janvier 1999 par 11 pays d’Europe. Les taux de conversion de chaque pays ont été déterminés par le Conseil de l’Union européenne sur la base des taux du marché au 31 décembre 1998. Le cours du dollar a joué un rôle essentiel pour évaluer la pondération des cours nationaux.

En tenant compte de plusieurs éléments tels que différence de productivité, poids dans les échanges ou importance économique des pays membres de l’Union Economique et Monétaire (UEM) et la position euro dollar, les spécialistes peuvent calculer aujourd’hui, comme en 1999, de manière équitable les nouvelles valeurs monétaires nationales pour les pays concernés de la zone euro.

À titre de comparaison en 1999, le PIB de la France était de 4,55% du PIB mondial, celui de la zone euro de 21,74% et celui des États-Unis de 29,40%. En 2022, le PIB de la France tombe à 2,76%, les États-Unis affirment leur position à 25,32% et la zone euro fléchit à 13,96% (source Banque mondiale).

Le dernier pays européen rentré dans la zone euro est la Croatie au 1er janvier 2023. Le taux de conversion entre l’euro et la kuna croate fut fixé à 7,53450 kunas pour un euro, ce qui correspondait au taux central de la kuna dans le mécanisme de change MCE II.

Face au futur incertain, pour renforcer le pouvoir de l’euro et contrer la puissance du dollar, pour rétablir l’équité entre les pays de la zone euro, pourquoi ne pas recalculer tous les taux de conversion des monnaies nationales des 20 pays de la zone euro ?

L’euro: accélérateur ou frein à la croissance

L’euro: accélérateur ou frein à la croissance


Dans la zone euro, la croissance stagne. En France, le ministre de l’Économie et des Finances salue « la performance remarquable » de l’économie française. L’euro géré par la BCE a-t-il contribué à une accélération ou à un ralentissement économique ? Faut-il recalculer les taux de conversion des monnaies nationales ? Par Gabriel Gaspard, Chef d’entreprise à la retraite, spécialiste en économie financière.

L’unification monétaire européenne. Au XIXe siècle, plusieurs expériences d’union monétaire ont émergé, mais aucune n’eut le rayonnement de l’actuelle Union économique et monétaire UEM. L’Europe a connu l’union monétaire austro-allemande (1857-1866), l’union monétaire scandinave (1863-1914) qui regroupa la Suède, la Norvège et le Danemark, et enfin l’union monétaire latine (1865- 1914) conclue entre la France, la Belgique, l’Italie, la Suisse, la Grèce, l’Espagne et la Roumanie.

Créé en 1999, l’euro a été introduit dans l’Union économique et monétaire UEM, ou zone euro, dans onze pays européens. Cette zone devait renforcer l’intégration économique et politique au sein de l’Union Européenne. En ce sens, l’euro a été voulu comme un accélérateur de la croissance, dans la mesure où l’utilisation d’une seule monnaie intensifierait la concurrence dans la zone euro et renforcerait l’intégration des marchés. Plusieurs raisons avaient justifié ce choix : lutter contre les coûts des opérations de change, renforcer la compétitivité des entreprises, contrecarrer la puissance du dollar, etc. Après plus de 20 ans, l’euro a un bilan qui demeure mitigé.

L’euro aurait de nombreux défauts. Pour certains économistes, la zone euro n’a pas été constituée comme une zone monétaire optimale (ZMO). L’Europe ne remplit pas trois conditions majeures : la mobilité des travailleurs n’y est pas parfaite, il n’y a pas de diversification sectorielle et il n’existe pas de fédéralisme budgétaire et fiscal, etc. D’après R. Mundell, prix Nobel d’économie, « parrain » de l’euro et père de la macroéconomie internationale, une zone monétaire, pour être « optimale », doit être dotée de mécanismes d’ajustements permettant de réduire l’impact de chocs asymétriques. De tels mécanismes ne sont pas réellement opérationnels au sein de la zone euro où la solidarité budgétaire entre les différents États est à un stade rudimentaire.

Selon Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie, l’euro au lieu de rapprocher les européens a fini par les diviser et plomber l’économie. En d’autres termes, l’euro a contribué à un ralentissement économique et à des pertes de pouvoir d’achat pour les ménages européens. Est-ce effectivement le cas ?

De 1985 à 1991. C’est la perestroïka et la fin de l’URSS. C’est la Bulle spéculative au Japon où les grandes villes japonaises ont connu une période de très forte hausse des prix fonciers et immobiliers. La bulle et son dégonflement sont à l’origine des formes urbaines actuelles : « néo-libéralisation, financiarisation de l’urbain, mégaprojets privés, verticalisation, polycentrisme, et aménagement du front de mer en sont les héritages ». La croissance mondiale reste très bonne à 3,59%, la zone euro (avant l’euro) avec 3,14% faisait mieux que les États-Unis à 2,99%.

De 1992 à 1998. On note : la crise du système monétaire européen (SME) à l’occasion du référendum français sur le traité de Maastricht, la crise du mécanisme de change européen en 1992 et 1993, la crise économique mexicaine de 1994, la crise économique asiatique en 1997, etc. La croissance américaine dépasse la croissance mondiale mais la croissance de la zone euro diminue de 1,28%.

De 1999 à 2007. En novembre 1999, le président Clinton abroge la loi Glass-Steagall, instaurée en 1933 par le président Franklin Roosevelt pour séparer les activités des banques de dépôt de celles des banques d’investissement. C’est la période qui va du début de la zone euro à la crise des subprimes. La croissance de la zone euro reste nettement en deçà de celle des États-Unis et de la croissance mondiale. Le 8 février 2007, la banque HSBC avertit que les impayés des crédits immobiliers à risque vont amputer son bénéfice annuel de 105 milliards de dollars. C’est le début de la crise de 2008 dites des subprimes.

De 2008 à 2016. Pour lutter contre la crise financière de 2008, la Banque centrale européenne adopte des mesures « non conventionnelles ». Ces mesures ont pris des formes telles que : une politique de taux accommodante y compris de taux négatifs, un accès assoupli aux liquidités pour les banques commerciales et la mise en place d’opérations de refinancement (TLTRO), des programmes d’achat d’actifs publics et privés (quantitative easing), complétées par des facilités de prêts de titres. In fine beaucoup de liquidités ont profité aux banques et à la Bourse. Hélas les politiques budgétaires nationales des pays de la zone euro, qui ne sont pas cordonnées, ont plutôt eu un effet négatif sur la croissance et ont amplifié les pressions déflationnistes. Le résultat est un recul historique de la croissance en zone euro à 0,46%.

De 2017 à 2022. Le 18 mars 2020, la BCE annonce le lancement d’un programme d’achats d’urgence face à la pandémie, le PEPP (Pandemic Emergency Purchase Programme) qui injecte beaucoup de liquidités. La BCE achète les titres grâce à de la création monétaire. L’économie mondiale, qui ne s’est pas encore remise de la pandémie et de la guerre de l’Ukraine, fait face à des perspectives de plus en plus sombres et incertaines. L’aboutissement d’une inflation plus forte que prévue provoque un durcissement des conditions financières. La zone euro a le taux de croissance le plus faible à 1,47%, alors que l’indice IPCH (inflation) passe de 1,34% en 2017 à 9,22% en 2022.

Le constat. Avec l’euro, les signataires espéraient que cette monnaie provoquerait une union rapide des économies des États membres. L’objectif était d’organiser une convergence des politiques industrielles et sociales vers un modèle plus libéral : plus de flexibilité du marché du travail, plus de concurrence sur les marchés des biens, réduction du rôle de l’État et du secteur public, baisse des dépenses de protection sociale. On note aujourd’hui que cette stratégie ne correspondait pas toujours aux souhaits des citoyens européens. Cette orientation a affaibli la construction européenne. Dans la plupart des pays, l’introduction de l’euro n’a pas provoqué l’accélération promise de la croissance. Pour d’autres, l’accélération de la croissance s’est accompagnée de l’accroissement de déséquilibres structurels.

La proposition de Joseph Stiglitz. Dans son ouvrage, Comment la monnaie unique menace l’avenir de l’Europe, publié chez LLL les liens qui libèrent en 2016, Joseph Stiglitz préconise soit une sortie en douceur de l’euro soit la mise en place d’un « euro flexible ». Dans cette seconde hypothèse, « des pays (ou groupes de pays) différents pourraient avoir chacun leur propre euro », dont la valeur fluctuerait au sein d’une fourchette commune.

Du point de vue juridique, l’intégration d’un État membre dans la zone euro a été conçue comme un processus irrévocable. Le traité de Lisbonne ne contient aucun mécanisme permettant la sortie de la zone euro. Les experts prévoient plusieurs scénarios difficilement applicables pour sortir de l’UEM. Du point de vue financier, la BCE a acheté pour 457,3 milliards des titres de dette émis par les États de la zone euro à partir de 2010 en fonction de leur part dans son capital. Il parait inabordable à un pays de la zone euro de faire racheter ses obligations détenues par la BCE par des acteurs locaux ou étrangers.

Faut-il recommencer les vicissitudes du « Serpent monétaire » ? Instauré en 1972, les gouvernements des banques centrales européennes créent un système de rétrécissement des marges : un serpent monétaire européen dans le tunnel. Ce système a permis aux banques centrales d’intervenir en monnaies européennes dans les limites des marges de fluctuation réduite à 2,25%. Cette expérience n’obtient pas le succès requis. En mai 1972, la livre sterling, irlandaise et la couronne danoise rejoignent ce serpent. Elles seront contraintes d’en sortir au bout de quelques semaines à causes des nouvelles spéculations financières.

L’aboutissement. Il faut arriver à une décision qui intègre plusieurs constituants : des nouvelles règles de convergences, une solidarité budgétaire entre les États de la zone euro, une gestion saine des liquidités au niveau de la Banque centrale européenne, un équilibre entre l’endettement extérieur des États (accès aux marchés financiers) et l’endettement intérieur via les acteurs locaux (économies des ménages). Sans sortir de l’euro pour revenir au franc avec la même valeur que l’euro ou non, sans euro flexible, en attendant une zone monétaire optimale, il faut réajuster son taux de conversion au temps et à la réalité du poids de chaque pays dans la zone euro et aller vers une économie écosociale.

Pour comprendre. La valeur de l’euro est un taux de conversion et non un taux de change calculée sur la base des monnaies des États membres. Elle a été fixée au 1er janvier 1999 par 11 pays d’Europe. Les taux de conversion de chaque pays ont été déterminés par le Conseil de l’Union européenne sur la base des taux du marché au 31 décembre 1998. Le cours du dollar a joué un rôle essentiel pour évaluer la pondération des cours nationaux.

En tenant compte de plusieurs éléments tels que différence de productivité, poids dans les échanges ou importance économique des pays membres de l’Union Economique et Monétaire (UEM) et la position euro dollar, les spécialistes peuvent calculer aujourd’hui, comme en 1999, de manière équitable les nouvelles valeurs monétaires nationales pour les pays concernés de la zone euro.

À titre de comparaison en 1999, le PIB de la France était de 4,55% du PIB mondial, celui de la zone euro de 21,74% et celui des États-Unis de 29,40%. En 2022, le PIB de la France tombe à 2,76%, les États-Unis affirment leur position à 25,32% et la zone euro fléchit à 13,96% (source Banque mondiale).

Le dernier pays européen rentré dans la zone euro est la Croatie au 1er janvier 2023. Le taux de conversion entre l’euro et la kuna croate fut fixé à 7,53450 kunas pour un euro, ce qui correspondait au taux central de la kuna dans le mécanisme de change MCE II.

Face au futur incertain, pour renforcer le pouvoir de l’euro et contrer la puissance du dollar, pour rétablir l’équité entre les pays de la zone euro, pourquoi ne pas recalculer tous les taux de conversion des monnaies nationales des 20 pays de la zone euro ?

Monnaie-L’Euro, bourreau et sauveur

Monnaie-L’Euro, bourreau et sauveur

L’Euro, bourreau et sauveur

L’euro constitue souvent le moyen simpliste de reporter sur la monnaie européenne nombre de maux dont souffre la France notamment la hausse des prix.

On sait cependant que les Français ne se caractérisent pas par une grande connaissance dans le domaine financier. Le groupe Allianz qui avait effectué un sondage sur 19 pays a d’ailleurs démontré que dans ce domaine la France occupait la place peu enviable de dernière en matière de culture financière.

Reste cependant que les Français ne changeraient plus maintenant l’euro contre le franc. Sans doute parce qu’inconsciemment, ils se rendent compte de la solidité de la monnaie européenne qui ne maintient son niveau que grâce à la compétitivité globale de l’Europe et notamment aux exportations allemandes.

Il est clair que dans l’hypothèse d’un retour du franc, on assisterait immédiatement à une dévaluation puisqu’en général on considère que La surévaluation de l’euro en France est d’environ 20 à 25 % par rapport à l’Allemagne.

L’euro d’un certain point de vue et en dépit de l’inflation actuelle maintient un certain niveau de pouvoir d’achat. Reste que c’est quand même un handicap pour les économies aussi peu compétitives que celle de la France. Cela freine les exportations et au contraire d’une certaine manière favorise les importations. Pour preuve, le déséquilibre extraordinaire de la balance commerciale de la France surtout en 2022. Un résultat dû à un manque de productivité globale, un manque de travail général de la population active et un écroulement de l’industrie.

Les Allemands n’ont pas totalement tort de considérer que la France vit au-dessus de ses moyens et surtout à ses crochets. Mais l’Allemagne a également tout fait pour affaiblir le développement industriel en France par exemple en tuant la politique énergique du pays avec une folle libéralisation des prix. Une majorité de Français est pour l’euro alors qu’il y a dix ans, en pleine crise des dettes souveraines, près d’un sur trois souhaitait le retour au franc. Ils jugent les diverses fonctions de la monnaie européenne dans le contexte actuel de crise et d’inflation.

71 % des Français estiment que l’euro est une bonne chose pour la France. Sa popularité est de 69 % dans les autres pays qui l’ont adopté comme monnaie. (iStock)

En France, 71 % de la population estime que l’euro est une bonne chose pour le pays, et 18 % sont d’un avis opposé, selon le dernier sondage de l’Eurobaromètre en octobre. Il y a plus de dix ans, en pleine crise de la zone euro, 30 % des Français voulaient revenir au franc, selon un sondage TNS Sofres réalisé pour la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol).
L’attachement à une monnaie reflète la confiance dans sa capacité à conserver une valeur stable même dans les crises. Le taux de change global de l’euro est en légère hausse cette année. En 2022, la monnaie européenne a baissé essentiellement contre le dollar (-6,6 %), une chute qui favorise l’inflation en France.

Economie et finances-L’Euro, bourreau et sauveur

Economie et finances-L’Euro, bourreau et sauveur

L’euro constitue souvent le moyen simpliste de reporter sur la monnaie européenne nombre de maux dont souffre la France notamment la hausse des prix.

On sait cependant que les Français ne se caractérisent pas par une grande connaissance dans le domaine financier. Le groupe Allianz qui avait effectué un sondage sur 19 pays a d’ailleurs démontré que dans ce domaine la France occupait la place peu enviable de dernière en matière de culture financière.

Reste cependant que les Français ne changeraient plus maintenant l’euro contre le franc. Sans doute parce qu’inconsciemment, ils se rendent compte de la solidité de la monnaie européenne qui ne maintient son niveau que grâce à la compétitivité globale de l’Europe et notamment aux exportations allemandes.

Il est clair que dans l’hypothèse d’un retour du franc, on assisterait immédiatement à une dévaluation puisqu’en général on considère que La surévaluation de l’euro en France est d’environ 20 à 25 % par rapport à l’Allemagne.

L’euro d’un certain point de vue et en dépit de l’inflation actuelle maintient un certain niveau de pouvoir d’achat. Reste que c’est quand même un handicap pour les économies aussi peu compétitives que celle de la France. Cela freine les exportations et au contraire d’une certaine manière favorise les importations. Pour preuve, le déséquilibre extraordinaire de la balance commerciale de la France surtout en 2022. Un résultat dû à un manque de productivité globale, un manque de travail général de la population active et un écroulement de l’industrie.

Les Allemands n’ont pas totalement tort de considérer que la France vit au-dessus de ses moyens et surtout à ses crochets. Mais l’Allemagne a également tout fait pour affaiblir le développement industriel en France par exemple en tuant la politique énergique du pays avec une folle libéralisation des prix. Une majorité de Français est pour l’euro alors qu’il y a dix ans, en pleine crise des dettes souveraines, près d’un sur trois souhaitait le retour au franc. Ils jugent les diverses fonctions de la monnaie européenne dans le contexte actuel de crise et d’inflation.

71 % des Français estiment que l’euro est une bonne chose pour la France. Sa popularité est de 69 % dans les autres pays qui l’ont adopté comme monnaie. (iStock)

En France, 71 % de la population estime que l’euro est une bonne chose pour le pays, et 18 % sont d’un avis opposé, selon le dernier sondage de l’Eurobaromètre en octobre. Il y a plus de dix ans, en pleine crise de la zone euro, 30 % des Français voulaient revenir au franc, selon un sondage TNS Sofres réalisé pour la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol).
L’attachement à une monnaie reflète la confiance dans sa capacité à conserver une valeur stable même dans les crises. Le taux de change global de l’euro est en légère hausse cette année. En 2022, la monnaie européenne a baissé essentiellement contre le dollar (-6,6 %), une chute qui favorise l’inflation en France. Entre début 2021 et septembre dernier, l’euro avait plongé de 22 % rapport au dollar.

Economie-L’Euro, bourreau et sauveur

Economie-L’Euro, bourreau et sauveur

L’euro constitue souvent le moyen simpliste de reporter sur la monnaie européenne nombre de maux dont souffre la France notamment la hausse des prix.

On sait cependant que les Français ne se caractérisent pas par une grande connaissance dans le domaine financier. Le groupe Allianz qui avait effectué un sondage sur 19 pays a d’ailleurs démontré que dans ce domaine la France occupait la place peu enviable de dernière en matière de culture financière.

Reste cependant que les Français ne changeraient plus maintenant l’euro contre le franc. Sans doute parce qu’inconsciemment, ils se rendent compte de la solidité de la monnaie européenne qui ne maintient son niveau que grâce à la compétitivité globale de l’Europe et notamment aux exportations allemandes.

Il est clair que dans l’hypothèse d’un retour du franc, on assisterait immédiatement à une dévaluation puisqu’en général on considère que La surévaluation de l’euro en France est d’environ 20 à 25 % par rapport à l’Allemagne.

L’euro d’un certain point de vue et en dépit de l’inflation actuelle maintient un certain niveau de pouvoir d’achat. Reste que c’est quand même un handicap pour les économies aussi peu compétitives que celle de la France. Cela freine les exportations et au contraire d’une certaine manière favorise les importations. Pour preuve, le déséquilibre extraordinaire de la balance commerciale de la France surtout en 2022. Un résultat dû à un manque de productivité globale, un manque de travail général de la population active et un écroulement de l’industrie.

Les Allemands n’ont pas totalement tort de considérer que la France vit au-dessus de ses moyens et surtout à ses crochets. Mais l’Allemagne a également tout fait pour affaiblir le développement industriel en France par exemple en tuant la politique énergique du pays avec une folle libéralisation des prix. Une majorité de Français est pour l’euro alors qu’il y a dix ans, en pleine crise des dettes souveraines, près d’un sur trois souhaitait le retour au franc. Ils jugent les diverses fonctions de la monnaie européenne dans le contexte actuel de crise et d’inflation.

71 % des Français estiment que l’euro est une bonne chose pour la France. Sa popularité est de 69 % dans les autres pays qui l’ont adopté comme monnaie. (iStock)

En France, 71 % de la population estime que l’euro est une bonne chose pour le pays, et 18 % sont d’un avis opposé, selon le dernier sondage de l’Eurobaromètre en octobre. Il y a plus de dix ans, en pleine crise de la zone euro, 30 % des Français voulaient revenir au franc, selon un sondage TNS Sofres réalisé pour la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol).
L’attachement à une monnaie reflète la confiance dans sa capacité à conserver une valeur stable même dans les crises. Le taux de change global de l’euro est en légère hausse cette année. En 2022, la monnaie européenne a baissé essentiellement contre le dollar (-6,6 %), une chute qui favorise l’inflation en France. Entre début 2021 et septembre dernier, l’euro avait plongé de 22 % rapport au dollar.

L’Euro, bourreau et sauveur

L’Euro, bourreau et sauveur

L’euro constitue souvent le moyen simpliste de reporter sur la monnaie européenne nombre de maux dont souffre la France notamment la hausse des prix.

On sait cependant que les Français ne se caractérisent pas par une grande connaissance dans le domaine financier. Le groupe Allianz qui avait effectué un sondage sur 19 pays a d’ailleurs démontré que dans ce domaine la France occupait la place peu enviable de dernière en matière de culture financière.

Reste cependant que les Français ne changeraient plus maintenant l’euro contre le franc. Sans doute parce qu’inconsciemment, ils se rendent compte de la solidité de la monnaie européenne qui ne maintient son niveau que grâce à la compétitivité globale de l’Europe et notamment aux exportations allemandes.

Il est clair que dans l’hypothèse d’un retour du franc, on assisterait immédiatement à une dévaluation puisqu’en général on considère que La surévaluation de l’euro en France est d’environ 20 à 25 % par rapport à l’Allemagne.

L’euro d’un certain point de vue et en dépit de l’inflation actuelle maintient un certain niveau de pouvoir d’achat. Reste que c’est quand même un handicap pour les économies aussi peu compétitives que celle de la France. Cela freine les exportations et au contraire d’une certaine manière favorise les importations. Pour preuve, le déséquilibre extraordinaire de la balance commerciale de la France surtout en 2022. Un résultat dû à un manque de productivité globale, un manque de travail général de la population active et un écroulement de l’industrie.

Les Allemands n’ont pas totalement tort de considérer que la France vit au-dessus de ses moyens et surtout à ses crochets. Mais l’Allemagne a également tout fait pour affaiblir le développement industriel en France par exemple en tuant la politique énergique du pays avec une folle libéralisation des prix. Une majorité de Français est pour l’euro alors qu’il y a dix ans, en pleine crise des dettes souveraines, près d’un sur trois souhaitait le retour au franc. Ils jugent les diverses fonctions de la monnaie européenne dans le contexte actuel de crise et d’inflation.

71 % des Français estiment que l’euro est une bonne chose pour la France. Sa popularité est de 69 % dans les autres pays qui l’ont adopté comme monnaie. (iStock)

En France, 71 % de la population estime que l’euro est une bonne chose pour le pays, et 18 % sont d’un avis opposé, selon le dernier sondage de l’Eurobaromètre en octobre. Il y a plus de dix ans, en pleine crise de la zone euro, 30 % des Français voulaient revenir au franc, selon un sondage TNS Sofres réalisé pour la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol).
L’attachement à une monnaie reflète la confiance dans sa capacité à conserver une valeur stable même dans les crises. Le taux de change global de l’euro est en légère hausse cette année. En 2022, la monnaie européenne a baissé essentiellement contre le dollar (-6,6 %), une chute qui favorise l’inflation en France. Entre début 2021 et septembre dernier, l’euro avait plongé de 22 % rapport au dollar.

L’euro, à la fois coupable et sauveur

L’euro, à la fois coupable et sauveur

L’euro constitue souvent le moyen simpliste de reporter sur la monnaie européenne nombre de maux dont souffre la France notamment la hausse des prix.

On sait cependant que les Français ne se caractérisent pas par une grande connaissance dans le domaine financier. Le groupe Allianz qui avait effectué un sondage sur 19 pays a d’ailleurs démontré que dans ce domaine la France occupait la place peu enviable de dernière en matière de culture financière.

Reste cependant que les Français ne changeraient plus maintenant l’euro contre le franc. Sans doute parce qu’inconsciemment, ils se rendent compte de la solidité de la monnaie européenne qui ne maintient son niveau que grâce à la compétitivité globale de l’Europe et notamment aux exportations allemandes.

Il est clair que dans l’hypothèse d’un retour du franc, on assisterait immédiatement à une dévaluation puisqu’en général on considère que La surévaluation de l’euro en France est d’environ 20 à 25 % par rapport à l’Allemagne.

L’euro d’un certain point de vue et en dépit de l’inflation actuelle maintient un certain niveau de pouvoir d’achat. Reste que c’est quand même un handicap pour les économies aussi peu compétitives que celle de la France. Cela freine les exportations et au contraire d’une certaine manière favorise les importations. Pour preuve, le déséquilibre extraordinaire de la balance commerciale de la France surtout en 2022. Un résultat du à un manque de productivité globale, un manque de travail général de la population active et un écroulement de l’industrie

Les Allemands n’ont pas totalement tort de considérer que la France vit au-dessus de ses moyens et surtout à ses crochets. Mais l’Allemagne a également tout fait pour affaiblir le développement industriel en France par exemple en tuant la politique énergique du pays avec une folle libéralisation des prix. Une majorité de Français est pour l’euro alors qu’il y a dix ans, en pleine crise des dettes souveraines, près d’un sur trois souhaitait le retour au franc. Ils jugent les diverses fonctions de la monnaie européenne dans le contexte actuel de crise et d’inflation.

71 % des Français estiment que l’euro est une bonne chose pour la France. Sa popularité est de 69 % dans les autres pays qui l’ont adopté comme monnaie. (iStock)

En France, 71 % de la population estime que l’euro est une bonne chose pour le pays, et 18 % sont d’un avis opposé, selon le dernier sondage de l’Eurobaromètre en octobre. Il y a plus de dix ans, en pleine crise de la zone euro, 30 % des Français voulaient revenir au franc, selon un sondage TNS Sofres réalisé pour la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol).
L’attachement à une monnaie reflète la confiance dans sa capacité à conserver une valeur stable même dans les crises. Le taux de change global de l’euro est en légère hausse cette année. En 2022, la monnaie européenne a baissé essentiellement contre le dollar (-6,6 %), une chute qui favorise l’inflation en France. Entre début 2021 et septembre dernier, l’euro avait plongé de 22 % rapport au dollar.

BCE: une politique monétaire qui fait baisser l(Euro

BCE: une politique monétaire qui fait baisser l’ Euro

La Banque centrale européenne est actuellement sur une ligne de crête avec d’un côté un objectif de lutte contre l’inflation et de l’autre un objectif de soutien à la monnaie unique.

Du coup, cette position intermédiaire nuit à l’E uro qui recule en particulier par rapport au dollar. En cause aussi et peut-être surtout les fondamentaux de l’Europe qui ne sont pas bons.

L’euro baisse, car la BCE a tardé d’intervenir et les données macroéconomiques récentes montrent que l’économie de la zone euro ne se porte pas bien. D’après Eurostat, le taux d’inflation est à 10,7%, le taux de chômage à 6,6%, le PIB en hausse uniquement de 0,2% et le déficit public de 5,1% du PIB. Dans une période d’incertitude, les investisseurs recherchent une monnaie refuge plus sûre pour leurs placements. Normalement la baisse de l’euro devrait faciliter les exportations. Or dans ce domaine aussi la tendance est baissière en raison de l’environnement international et des faiblesses internes de l’Europe.

Le principal avantage d’un euro faible est la possibilité d’exportation plus importante. Une exportation plus élevée signifie une augmentation de la production et une plus forte croissance de l’économie. Mais d’après Eurostat : « la zone euro a enregistré un déficit des échanges de biens avec le reste du monde de 50,9 milliards d’euros en août 2022, contre un excédent de 2,8 milliards d’euros en août 2021″. Il semble que pour la zone euro cet avantage soit effacé par des inconvénients plus importants.

Le principal inconvénient d’un euro en baisse par rapport à d’autres monnaies est l’importation d’inflation via les importations qui réduit le pouvoir d’achat des ménages. L’inconvénient aussi de la politique monétaire actuelle, c’est que les taux d’intérêt plus faibles qu’aux États-Unis opèrent un transfert de capitaux outre atlantique où ils sont mieux rémunérés. D’où des difficultés supplémentaires en Europe pour le financement des investissements.

Comme déjà indiqué, tout n’est pas lié à la politique monétaire mais aussi des politiques budgétaires trop disparates selon les pays.

La question n’est pas simple d’autant que les philosophies budgétaires sont assez opposées au sein de l’union économique

Chute de l’euro : Inconvénients et atouts

Chute de l’euro : Inconvénients et atouts

L’euro a atteint cette semaine son plus bas niveau face au dollar en 20 ans. Cette dépréciation de la devise européenne a des répercussions très concrètes sur le prix des importations en France. Beaucoup d’entreprises dépendantes de l’étranger doivent faire face à une explosion de leurs coûts et répercutent une partie de ces hausses sur les prix à la consommation. Résultat, le pouvoir d’achat des Français risque encore une fois de se réduire par Grégoire Normand dans la Tribune.

 

Un papier intéressant qui met en parallèle inconvénients et avantages de la baisse de l’euro par rapport au dollar. Parmi les inconvénients,  évidemment le renchérissement des importations et les conséquences sur l’inflation et le pouvoir d’achat des ménages. Par contre,  un atout pour la compétitivité et l’emploi. Notons d’ailleurs que les Chinois pour redresser leur  croissance agissent de manière artificielle pour faire baisser la monnaie. Le problème est de trouver le point d’équilibre afin que l’inflation ne tue pas complètement la croissance et le pouvoir d’achat. 

 

Les nuages s’amoncellent au dessus de l’économie européenne. Après un coup de frein des indices des directeurs d’achats (PMI) au mois d’août, la monnaie européenne continue d’évoluer sous la parité avec le dollar ce jeudi 25 août. Au plus bas depuis 20 ans, l’euro a remonté brièvement face au billet vert mardi soir et mercredi, sans vraiment retrouver de la vigueur. En juin 2021, l’euro était au plus haut face au dollar, dans le contexte du fort rebond post-pandémie mais depuis, la monnaie unique n’a cessé de s’effondrer.

L’éclatement de la guerre en Ukraine il y a six mois jour pour jour a précipité cette chute de l’euro alors que l’inflation continue de flamber partout en Europe. « L’euro s’est fortement déprécié par rapport au dollar mais il s’est maintenu par rapport aux autres monnaies. Ce n’est pas une dépréciation générale », a déclaré l’économiste d’ING Charlotte de Montpellier en charge de la zone euro interrogée par La Tribune. « La politique monétaire agressive de la Réserve Fédérale (Fed) explique une partie de cette dépréciation. Le choc énergétique touche plus particulièrement l’Europe. Il y a une fuite des capitaux vers les Etats-Unis. Tous ces éléments ont des conséquences importantes en zone euro », a-t-elle ajouté. En effet, il faut rappeler que le dollar s’est fortement apprécié dans le même temps. Bien que contestée, l’hégémonie du billet vert demeure dans une grande partie des échanges sur la planète.

 

Cette faiblesse de l’euro a des répercussions désastreuses sur l’économie française. Sur le front du commerce extérieur, la dépréciation de l’euro est clairement une mauvaise nouvelle pour les entreprises importatrices. En effet, beaucoup de biens et services importés en France sont libellés en dollar. C’est par exemple le cas dans le domaine de l’énergie. Une grande part des importations de pétrole, de gaz, de matières premières sont facturées en devise américaine en France et dans la zone euro.

«En zone euro, près de 50% des biens importés sont libellées en dollars. Cela rend le coût des importations pour les ménages et les entreprises plus élevé. Les entreprises qui doivent importer se retrouvent dans une situation difficile, voire dramatique parfois. Ces coûts sont répercutés sur les prix à la consommation. L’inflation risque de rester élevée dans les prochains mois », anticipe l’économiste.

En revanche, la chute de l’euro peut être aussi une aubaine pour la compétitivité hexagonale. Beaucoup d’industries peuvent ainsi exporter leurs produits à moindre coût. C’est par exemple le cas dans l’aéronautique, l’automobile, le luxe ou encore l’agroalimentaire. Dans le tourisme, les ventes de services ont bondi à l’étranger en parallèle de la levée des mesures de restriction sanitaires. Résultat, un flot de touristes américains est venu en France cet été après les deux années catastrophiques de pandémie. «Le résultat de cette dépréciation sur les exportations est encore difficile à mesurer mais les gains de compétitivité ne vont probablement pas compenser la hausse des coûts liée à l’énergie», relativise Charlotte de Montpellier.

« Sur le papier, la dépréciation de l’euro est plus favorable pour les exportations mais cela va dépendre de la composition des coûts de production. En Europe, les coûts de la main d’œuvre ne se sont pas envolés par rapport aux Etats-Unis. Le grand problème en ce moment pour les entreprises est le coût de l’énergie. Les gains de compétitivité liés à la chute de l’euro ne sont pas compensés par la hausse des coûts de l’énergie », poursuit l’économiste.

 

Du côté des ménages, la dépréciation de l’euro pèse sur le pouvoir d’achat. En effet, une grande partie des produits importés et consommés par les ménages en zone euro sont d’abord facturés en dollars. Les produits importés perdent en compétitivité et sont donc plus chers. Cela contribue à pousser l’indice des prix à la consommation vers des sommets. En France, l’inflation a atteint 6,1% en juillet selon l’Insee. Et il n’y a pas d’amélioration à prévoir avant début 2023, d’après Bercy. «Le choc inflationniste est très important. Le pic d’inflation est probablement encore devant nous. La hausse de l’indice des prix harmonisé à la consommation pourrait atteindre 10% à l’automne dans la zone euro », a récemment déclaré Hélène Baudchon, économiste chez BNP-Paribas à La Tribune.

Même si le gouvernement a fait voter un paquet pouvoir d’achat cet été pour limiter cette flambée, la désindexation des salaires (hormis le SMIC) a entraîné une chute des revenus réels depuis le début de l’année. Résultat, le niveau de vie des Français recule, miné par l’explosion des factures d’énergie. Beaucoup de ménages sont obligés de se serrer la ceinture.

Sur le plan énergétique, cette dépréciation de l’euro a aussi mis en lumière la forte dépendance de l’économie européenne aux énergies fossiles. En Allemagne, les mauvais signaux s’accumulent depuis la guerre en Ukraine. L’industrie allemande est prise au piège d’une forte dépendance au gaz russe. Une coupure de gaz dans les prochaines semaines plongerait la première économie de la zone euro dans de vastes difficultés.

Plus largement, toute l’économie du Vieux continent pourrait être déstabilisée par une telle décision au cours de l’hiver prochain. Beaucoup d’économistes redoutent des effets en cascade sur l’industrie et les services alors que la zone euro sort de deux ans et demi de pandémie. Cette épée de Damoclès va obliger les Etats a accélérer leur transition énergétique s’ils ne veulent pas continuer à subir les effets de cette forte dépendance.

La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé à la fin du mois de juillet un resserrement de sa politique monétaire en annonçant une hausse de taux de 50 points de base. La BCE a été plus agressive que prévu au mois de juillet pour tenter de limiter cette faiblesse de l’euro. «Cette annonce a eu lieu avant la flambée des prix du gaz. Cela n’a pas permis de limiter un affaiblissement de l’euro », souligne Charlotte de Montpellier.

En septembre, l’institution de Francfort pourrait à nouveau dégainer une hausse de 50 points de base mais les marges de manœuvre sont limitées. En effet, de plus en plus d’économistes évoquent le risque d’une récession en Europe dans les mois à venir. Une normalisation très agressive de la politique monétaire pourrait plonger l’économie européenne dans un épais brouillard.

Nouvelle chute de l’euro à 0,9941 dollar, un plus bas depuis 2002

L’euro dégringole encore face au dollar

 

Nouvelle chute de l’euro à  0,9941 dollar, un plus bas depuis 2002

 

En cause,  des perspectives économiques peu  rassurantes en  2023 en raison de la crise énergétique notamment (les États-Unis sont autonomes du point de vue énergie). Les prix du gaz continuent d’atteindre des sommets  à pré s de 300 $ le mégawatt heure. Le cours du gaz européen (contrat à terme du TTF néerlandais) a bondi de plus de 20% ce lundi pour s’élever à 295 euros le mégawattheure (MWh), s’approchant des records historiques atteints dans les premiers jours de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. S’attendre aussi  à une hausse considérable des prix de l’électricité qui pourraient doubler.

Par ailleurs la hausse du dollar rend les importations plus coûteuses, notamment pour les matières premières comme le pétrole dont le cours est fixé en dollars, accentuant une inflation déjà dévastatrice pour les consommateurs et les entreprises.

Et la semaine pourrait être douloureuse pour l’euro. Pour l’instant, en 2022, la devise s’était ressaisie après avoir flirté avec le seuil de la parité, mais « de mauvais indicateurs PMI mardi pourraient suffire à ancrer l’euro sous un dollar », prévient, Kit Juckes, analyste chez Société Générale.

Car de l’autre côté de l’Atlantique, malgré un léger affaiblissement de l’inflation américaine en juillet, la Réserve fédérale américaine (Fed) assure qu’elle va continuer de resserrer sa politique monétaire.

L’euro numérique : L’inquiétude des banques

L’euro numérique : L’inquiétude des banques

. Par Pierre-Edouard Batard, directeur général de la Confédération nationale du Crédit Mutuel.

 

 

Pour Pierre-Edouard Batard, directeur général de la Confédération nationale du Crédit Mutuel, la BCE ne doit pas se positionner comme concurrente des banques. D’une certaine manière, Pierre Édouard Batard exprime l’inquiétude existentielle des banques vis-à-vis de la banalisation d’une monnaie digitale européenne ( Dans la Tribune)

La monnaie digitale créée et hébergée par la Banque centrale européenne (BCE) sera de facto concurrente des moyens de paiement des banques commerciales. On aura beau penser – et rappeler au public ! – que ces monnaies se valent exactement et qu’elles répondent aux mêmes besoins des entreprises et des particuliers, le fait que la BCE garantisse « son euro » distillera le sentiment, conscient ou non, que les monnaies scripturales et électroniques tenues dans les comptes des banques commerciales, pourtant surveillées par la même BCE, ne présenteraient pas le même degré de confiance.

Prêts à fournir les efforts nécessaires de pédagogie et de communication, nous attendons de l’Europe qu’elle prenne sa part de ce travail en faveur de la clarté.

La confusion, si elle devait amener les usagers à privilégier la nouvelle monnaie digitale, provoquerait la fuite des dépôts au profit de la BCE et menacerait la rentabilité de l’activité des banques, les amenant à durcir l’accès au crédit. Pour les derniers réseaux bancaires qui, à l’instar du Crédit Mutuel, persistent à investir dans la proximité et porter leurs services au cœur des territoires, cette tension sur la santé du secteur peut avoir de graves conséquences stratégiques.

Alors que la BCE place l’inclusion bancaire au rang de ses priorités, il serait pour le moins paradoxal que l’accès des usagers au crédit et le financement des projets économiques soient les victimes collatérales de l’euro numérique. Là encore, toutes les parties prenantes doivent rappeler au public et aux citoyens qu’ils disposent d’ores et déjà, sous la supervision de la Banque de France, de la garantie d’utiliser l’euro sous toutes ses formes sans exclusion de population et sans tarification. Ne laissons pas s’installer l’idée selon laquelle l’euro numérique viendrait en sauveur d’un système défaillant : le système actuel fonctionne et il est protecteur.

L’anonymat des transactions est une attente légitime des citoyens européens : elle ne sera pas satisfaite par une technologie blockchain ; elle doit l’être dans la garantie du secret bancaire et la préservation de l’intimité numérique.

Par ailleurs, la détection des agissements des filières de blanchiment ou de financement du terrorisme et les procédures de contrôle qui la permettent ne sauraient connaître de relâchement. Hors ces cas de fraude, les banques traditionnelles protègent la confidentialité des usages bancaires du quotidien vis-à-vis des instances publiques, par le respect strict de plusieurs cadres réglementaires (RGPD, cybersécurité, non-monétisation des données…) et le Crédit Mutuel a même inscrit dans ses statuts le principe de leur défense.

Demain, quand nos transactions courantes seront directement opérées par la BCE, nos clients doivent bénéficier des mêmes garanties et disposer des mêmes recours. Sur ces deux terrains délicats, les banques françaises appliquent les dispositions en vigueur sous le contrôle de la DGCCRF, elles constituent un rempart efficace pour le consommateur et une force de proposition fiable pour la BCE.

Je forme le vœu qu’en parallèle du lancement de l’euro numérique, l’Europe monétaire en quête de souveraineté s’attaque à la régulation des cryptomonnaies, chantier primordial et crucial. Il est urgent d’imposer aux acteurs de leur émission et leur circulation ce même cadre réglementaire qui nous incombe pour l’émission et la circulation de l’euro et/ou des instruments financiers : que la vente de bitcoins soit moins encadrée que celle des actions du CAC 40 est sidérant, voire délirant !

D’autre part, alors que la BCE vient d’affirmer la prépondérance des critères climatiques et environnementaux dans ses décisions stratégiques, il devient indispensable que soit clairement estimé, annoncé et débattu le coût environnemental de cette nouvelle monnaie digitale à l’échelle du continent.

Les plus pessimistes vont jusqu’à formuler l’hypothèse d’une BCE, pourtant régulateur et superviseur bancaire, qui se positionnerait en concurrente voire en remplaçante des banques commerciales, devenues alors ses supplétives. Pire : le reliquat serait confié à des acteurs extra-communautaires, un comble pour ce projet annoncé au renfort de la souveraineté européenne. Ces craintes ne relèvent pas de la science-fiction.

Pour toutes ces raisons économiques, stratégiques et éthiques, le Groupe bancaire Crédit Mutuel contribuera activement aux réflexions et aux débats qui vont marquer les mois à venir.

Nous y défendrons notre capacité d’innovation technologique face aux acteurs du numérique, notamment sur la protection de la vie privée et la création de solutions aux défis du paysage européen des paiements. Nous réaffirmerons également ces principes du mutualisme qui nous portent et demeurent une saine boussole pour tout notre secteur.

La baisse de l’Euro plombe la croissance ?

La baisse de l’Euro plombe la croissance ?

 

L’euro a atteint un plus bas depuis près de vingt ans. En renforçant le coût de l’énergie importée par les économies de la Zone euro, cette baisse représente un risque supplémentaire qui pèse sur les perspectives à la fois d’inflation et d’activité économique. Cela représente donc une difficulté complémentaire pour la BCE. Par Clémentine Gallès, Cheffe Economiste et Stratégiste de Société Générale Private Banking. ( La Tribune)

 

En effet, le dollar connaît un important mouvement d’appréciation contre l’ensemble des devises depuis le début de l’année (+15% contre l’euro et la livre britannique, et +22% contre le yen). Cette progression du dollar s’explique par différents facteurs. Tout d’abord la Réserve fédérale a annoncé dès la fin de l’année 2021 une progression de ses taux d’intérêt en réaction à une inflation américaine particulièrement élevée. Cette hausse des taux a incité les investisseurs en quête de rendements à acheter des obligations américaines libellées en dollars. Cette tendance a par la suite été accentuée par l’annonce de la Guerre en Ukraine. Les investisseurs ont en effet renforcé leur préférence vers des investissements en dollars dans ce nouveau contexte de risque touchant particulièrement l’Europe.

Enfin, l’appréciation de matières premières habituellement échangées en dollar a mécaniquement fait augmenter le recours à cette devise. Donc, si l’euro a baissé face au dollar, c’est avant tout lié à la forte demande de dollars. D’ailleurs l’euro n’a pas beaucoup évolué sur la période récente quand on le regarde contre un panier de devises plus large.

 

Cette nouvelle baisse augmente encore davantage le coût des énergies libellées en dollars, impliquant des nouvelles tensions à venir sur l’inflation de la Zone euro mais surtout une nouvelle dégradation des perspectives d’activité. La forte progression des prix de l’énergie depuis quelques mois a déjà impliqué une nette dégradation de la balance commerciale allemande, qui vient de basculer en territoire négatif pour la première fois depuis 1991 ).

L’accentuation récente des tensions sur l’approvisionnement en gaz russe fait dorénavant craindre une récession en Zone euro. Dans ce contexte la progression du dollar face à l’euro devient une difficulté complémentaire pour la BCE : si elle augmente beaucoup ses taux d’intérêt, elle prend le risque de provoquer une récession, mais si elle n’augmente pas assez ses taux d’intérêt, l’euro pourrait continuer de baisser et mécaniquement renforcer le risque d’une inflation durable.

Clémentine Gallès

Baisse de l’euro : l’inflation encore aggravée

Baisse de l’euro : l’inflation encore aggravée

 

 

L’euro ne cesse de s’affaiblir notamment vis-à-vis du dollar avec une baisse de leur de 20 % depuis le début de l’année. Mécaniquement puisque la plupart des importations notamment énergétiques sont réglés en dollars, la facture pour les utilisateurs des produits importés progresse d’autant et ajoute encore à l’inflation.

À l’inverse, la baisse de l’euro donne un certain avantage de compétitivité aux exportations. Le problème pour la France c’est que les importations l’emportent et de loin sur les exports puisque la balance commerciale est dramatiquement déficitaire

 La zone euro se retrouve  donc avec une devise affaiblie pour régler, en dollars, ses achats d’énergie et de matières premières dont les prix flambent. Par Eric Dor, IÉSEG School of Management 

 

Ces derniers mois, l’euro s’est progressivement déprécié jusqu’à atteindre la parité avec le dollar, le 12 juillet. La devise européenne a ainsi décroché de 19 % depuis son haut récent du 6 janvier 2021, et de 37 % depuis son record absolu du 22 avril 2008, lors de la crise financière.

Cette dépréciation reflète en partie la forte appréciation du dollar, car l’euro se maintient mieux en termes de la plupart des autres devises. Ainsi, au cours des mêmes périodes, la dépréciation du taux de change effectif de l’euro s’est limitée à 8 % depuis le 6 janvier 2021, et 17,5 % depuis le 22 avril 2008 à l’époque de la crise financière. Cette tendance résulte d’une combinaison de plusieurs causes.

 

D’abord, le décalage de politique monétaire est très grand, avec un différentiel de taux d’intérêt très en faveur du dollar. La Réserve fédérale (Fed) avait déjà moins baissé les taux que la Banque centrale européenne (BCE), et a évité jusqu’alors les taux négatifs. Mais ensuite, la Fed a commencé à resserrer la politique monétaire bien avant la BCE, qui ne va qu’initier la hausse de ses taux directeurs le 21 juillet. La Fed a déjà augmenté ses taux directeurs de 0,25 point le 17 mars, de 0,5 le 5 mai puis de 0,75 le 16 juin, soit une intensité supérieure à ce que la BCE suggère jusqu’à présent (une première hausse de 0,25 point puis une deuxième, de 0,25 ou 0,5 point, en septembre).

Ensuite, il y a des dissensions connues entre les membres du conseil des gouverneurs à propos de l’ampleur et du rythme du resserrement monétaire, entre ceux qui veulent être très prudents et ceux qui veulent une réponse très forte pour juguler l’inflation. En raison de ces dissensions, les perspectives de taux d’intérêt restent assez incertaines en zone euro, alors que la Fed affiche une détermination très claire pour augmenter ses taux directeurs aussi forts que nécessaire. Encore une fois, cette divergence entre la BCE et la Fed plaide en faveur du dollar.

Les dissensions entre les membres du conseil des gouverneurs de la BCE portent aussi sur la nécessité d’instaurer un nouvel instrument contre la fragmentation de la zone euro, donc un programme d’achats sélectifs d’obligations publiques des pays très endettés pour comprimer les écarts entre les taux de financement des différents États membres de la zone euro, les « spreads ». Le gouverneur de la Bundesbank a montré clairement son opposition à ce qu’un tel programme soit de grande ampleur et de longue durée.

Il a indiqué que la BCE devait se concentrer sur la lutte contre l’inflation, et que les pays surendettés devaient mener la politique d’austérité budgétaire nécessaire pour limiter leurs déficits et dettes et comprimer ainsi les spreads. Pour les marchés, les possibilités pour la BCE de contrôler les spreads, et ainsi maintenir l’intégrité de l’union monétaire, restent donc incertaines. Une nouvelle crise des dettes souveraines de la zone euro reste possible. Cela entretient une défiance des marchés envers l’euro.

Enfin, une autre source de défiance envers l’euro vient des risques de récession et surtout des problèmes de l’Allemagne. L’Allemagne reste le moteur de la zone euro mais est menacée de graves problèmes. Son secteur industriel est très affecté par les pénuries de composantes importées à cause des confinements en Asie et maintenant avec les problèmes d’approvisionnement en gaz et pétrole russes. Les exportations vers l’Asie décélèrent également. Dans le même temps, la valeur des importations d’énergie par l’Allemagne augmente énormément.

En conséquence, le surplus commercial en valeur de l’Allemagne s’est effondré. Le poids de l’Allemagne est tel que c’est toute la zone euro qui est menacée de récession. De toute manière, l’extrême dépendance de la zone euro aux importations d’énergie issue de Russie rend ses perspectives très incertaines, comparées à celles des États-Unis bien davantage autosuffisants. Cela conduit les marchés à préférer le dollar à l’euro.

Il y a une forte probabilité de récession aux États-Unis comme en zone euro. Mais la récession outre-Atlantique est susceptible d’être moins forte et moins longue. Les causes de la dépréciation de l’euro contre le dollar ont donc une forte probabilité de persister. À moins qu’un choc asymétrique affecte par surprise les États-Unis, les fondamentaux vont rester assez longtemps en faveur du dollar et en défaveur de l’euro.

Globalement, la dépréciation de l’euro contre le dollar implique une détérioration des termes de l’échange pour les pays de l’union monétaire. En effet, pour obtenir les dollars nécessaires à l’achat d’une même quantité de biens et services produit par la zone dollar, la quantité de biens et services à produire et vendre par la zone euro augmente. Autrement dit, une même quantité de biens et services de la zone euro s’échange contre de moins en moins de biens et services de la zone dollar. Du point de vue inverse, une même quantité de biens et services de la zone dollar s’échange contre une quantité croissante de biens et services de la zone euro.

Pour de mêmes prix de vente en euros, il y a une baisse des prix de vente en dollars des biens et services produits par les pays de la zone euro. Pour des acheteurs de la zone dollar, il y a donc une hausse de l’attractivité des biens et services de la zone euro et donc sur sa compétitivité. Cela peut donc stimuler les exportations des pays de la zone euro vers la zone dollar. En ce qui concerne les services, il y a par exemple le tourisme. Pour de mêmes prix en euros, les pays de l’union monétaire sont moins chers en dollars pour des touristes américains, par exemple.

Il convient évidemment de relativiser cet avantage car il concerne uniquement les exportations vers la zone dollar. Or la plupart des pays de la zone euro exportent beaucoup vers d’autres pays de la zone euro. Néanmoins, la dépréciation de l’euro contre le dollar peut fort favoriser les exportations de biens de l’Allemagne (qui exporte 37,61 % de ses biens et 33,56 % de ses services vers la zone euro), mais moins celles du Portugal (65,77 % et 51,93 %).

 

Il n’en reste pas moins qu’au bilan, la dépréciation de la monnaie européenne face à la devise américaine ajoute de l’inflation à l’inflation. En effet, la zone euro subit déjà fortement l’augmentation des prix en dollars du pétrole et des matières premières alimentaires, métalliques et autres.

Les prix en dollars de toute une série de composantes industrielles en pénurie, ainsi que du fret maritime, augmentent aussi déjà fortement depuis l’année passée. Lorsque ces prix en dollars sont convertis en euro, la hausse est encore supérieure à cause de la dépréciation de la monnaie unique. Les coûts en euros des entreprises européennes augmentent donc très fortement, et elles doivent le répercuter sur leurs prix de vente aux consommateurs.

Les consommateurs subissent une forte augmentation des prix en euros des biens et services de consommation importés directement de la zone dollar. Mais les prix des biens et services de consommation produits dans l’union monétaire augmentent aussi très fortement à cause de la hausse des coûts en euros des matières premières et composantes importées qui sont transformées.

Normalement, la dépréciation de l’euro contre le dollar, parce qu’elle est inflationniste, doit impliquer le renforcement du resserrement de politique monétaire. Comme cette dépréciation augmente encore les perspectives d’inflation de la zone euro, la BCE devrait donc resserrer fortement la politique monétaire. Les hausses successives des taux directeurs qui sont planifiées à partir de ce mois pourraient finalement être d’une ampleur supérieure à ce qui a été initialement considéré.

Pour éviter que des hausses exagérées des « spreads » empêchent la BCE de procéder à des augmentations des taux directeurs assez fortes, il reste néanmoins essentiel qu’un instrument contre la fragmentation, sous forme d’achats sélectifs d’obligations publiques des pays très endettés moyennant une conditionnalité légère, soit instauré.

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Par Eric Dor, Director of Economic Studies, IÉSEG School of Management.

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

L’euro au plus bas face au dollar, pourquoi ?

L’euro au plus bas face au dollar, pourquoi ? 

 

Par Clémentine Gallès, Cheffe Economiste et Stratégiste de Société Générale Private Banking. (La Tribune)

L’euro a de nouveau nettement baissé cette semaine contre le dollar, atteignant un plus bas depuis près de vingt ans. En renforçant le coût de l’énergie importée par les économies de la Zone euro, cette baisse représente un risque supplémentaire qui pèse sur les perspectives à la fois d’inflation et d’activité économique. Cela représente donc une

En effet, le dollar connaît un important mouvement d’appréciation contre l’ensemble des devises depuis le début de l’année (+15% contre l’euro et la livre britannique, et +22% contre le yen). Cette progression du dollar s’explique par différents facteurs. Tout d’abord la Réserve fédérale a annoncé dès la fin de l’année 2021 une progression de ses taux d’intérêt en réaction à une inflation américaine particulièrement élevée. Cette hausse des taux a incité les investisseurs en quête de rendements à acheter des obligations américaines libellées en dollars. Cette tendance a par la suite été accentuée par l’annonce de la Guerre en Ukraine. Les investisseurs ont en effet renforcé leur préférence vers des investissements en dollars dans ce nouveau contexte de risque touchant particulièrement l’Europe.

Enfin, l’appréciation de matières premières habituellement échangées en dollar a mécaniquement fait augmenter le recours à cette devise. Donc, si l’euro a baissé face au dollar, c’est avant tout lié à la forte demande de dollars. D’ailleurs l’euro n’a pas beaucoup évolué sur la période récente quand on le regarde contre un panier de devises plus large .

Cette nouvelle baisse augmente encore davantage le coût des énergies libellées en dollars, impliquant des nouvelles tensions à venir sur l’inflation de la Zone euro mais surtout une nouvelle dégradation des perspectives d’activité. La forte progression des prix de l’énergie depuis quelques mois a déjà impliqué une nette dégradation de la balance commerciale allemande, qui vient de basculer en territoire négatif pour la première fois depuis 1991 .

L’accentuation récente des tensions sur l’approvisionnement en gaz russe fait dorénavant craindre une récession en Zone euro. Dans ce contexte la progression du dollar face à l’euro devient une difficulté complémentaire pour la BCE : si elle augmente beaucoup ses taux d’intérêt, elle prend le risque de provoquer une récession, mais si elle n’augmente pas assez ses taux d’intérêt, l’euro pourrait continuer de baisser et mécaniquement renforcer le risque d’une inflation durable.

BCE : comment éviter une crise de l’euro ?

BCE : comment éviter une crise de l’euro ?

 Pour éviter une nouvelle crise de l’euro quelles seraient les options possibles ? Par Gabriel Gaspard, Chef d’entreprise à la retraite, spécialiste en économie financière. ( Dans la Tribune, extraits)

 

 

Fermer les yeux. En forte hausse en Europe, l’inflation annuelle dans l’Union européenne atteint 8,1% en avril 2022. En mars 2020, avant la pandémie le taux était en baisse à 0,7%. Jusqu’à présent, la position de la BCE a été de prendre du recul et d’affirmer que cette inflation est « temporaire » pour éviter la « fragmentation » de la zone euro.

Pour gérer l’inflation, le taux d’intérêt directeur est le principal outil utilisé par les Banques centrales. Quand la BCE augmente son taux directeur, les taux des prêts sur le marché grimpent et la capacité d’emprunt est abaissée. Les dépenses sont diminuées et la pression sur les chaînes de production est réduite.

Depuis quelques mois, alors que les taux directeurs de la Banque centrale européenne restent stables, les taux d’intérêt des prêts immobiliers augmentent et suivent la tendance de l’inflation et sont moins influencés par les taux directeurs. L’argent perd de sa valeur et les banques commerciales rehaussent leurs taux d’intérêt pour continuer à gagner de l’argent. De même au fur et à mesure que l’éventualité d’une hausse des taux directeurs se confirme, l’écart entre les coûts d’emprunts de l’Allemagne et les autres pays européens se creuse. Les détenteurs des obligations anticipent cette hausse et mettent en vente leurs anciennes obligations moins avantageuses. Cette vente surprend les décideurs économiques qui ne pensaient pas que les conditions actuelles équivalaient à une « fragmentation ». La BCE ne peut plus fermer les yeux mais les moyens disponibles sont limités.

 

Dans le cas où un accroissement des écarts des coûts d’emprunts devient alarmant, la BCE pourrait tout simplement reprendre son principal outil de soutien au crédit et à l’économie depuis la crise de la dette dans la zone euro qui est le l’assouplissement quantitative. Cette décision estelle probable étant donné que la BCE vient de mettre fin à l’achat d’obligations ? Il y a un précédent lorsque l’épidémie de COVID19 a brièvement fait passer les spreads (l’écart qui existe entre deux taux) obligataires italiens/allemands audessus de 300 points de base. La Banque d’Italie a alors intensifié ses achats d’obligations pour le compte de la BCE. Plus tard la BCE a lancé son programme d’urgence PEPP (programme d’achats d’urgence face à la pandémie). En réalité, la BCE n’envisage pas une éventuelle réduction de son bilan qui a atteint 8.700 milliards d’euros en mars 2022, mais de le maintenir constant. Dans ce contexte comment créer un nouveau programme d’achat des actifs sans augmenter son bilan ?

 

Pour garder son bilan stable, lorsqu’une obligation arrive à échéance ou maturité, la BCE va acheter une autre obligation sur le marché secondaire avec l’argent perçu au moment du remboursement. Dans ce cas, la BCE prolonge les effets de son programme en gardant la même liquidité sur les marchés. Avec une inflation forte et la fin du programme PEPP, la BCE s’est engagée à acheter des obligations des pays les plus faibles, Italie et Grèce, pour éviter la « fragmentation ». Mais réinvestir les achats acquis pendant la période de pandémie estelle suffisante pour empêcher les divergences des coûts d’emprunt dans la zone euros ? « Nous sommes frappés par le poids que la BCE accorde au canal de réinvestissement comme moyen d’empêcher la fragmentation, car nous pensons qu’il s’agit du canal le plus faible de soutien des flux (d’assouplissement quantitatif)« , a déclaré Rohan Khanna, stratégiste d’UBS. Cette approche n’est pas suffisante il faut réinventer un nouveau système.

 

Un prêt direct de la BCE aux États est interdit par les traités européens relatifs à la Banque centrale. Avec un euro numérique, l’idée serait de reprendre partiellement une pratique établie avant les années 70 en Europe.

« En 1974, on a eu une loi stupéfiante [...]. On a obligé l’État à aller se financer sur le marché financier privé à 4% ou 5%, et, du coup, notre dette est maintenant à 90% du produit national brut. » Michel Rocard, Europe 1, 22 décembre 2012.

Si la BCE ne peut pas financer directement les dettes publiques des États membres de la zone euro, alors elle le fait indirectement avec les programmes de rachats d’actifs. La BCE rachète sur le marché secondaire les obligations souveraines des États de la zone euro. Avec l’euro numérique ne seraitil pas souhaitable d’autoriser chaque européen à détenir des euros numériques sur des comptes ouverts directement à la BCE ? Une partie des économies des ménages européens se retrouvera automatiquement au passif du bilan de cette banque et réduirait son bilan. Avec ces dépôts, il n’y a pas de création de liquidités, pas d’inflation. La Banque centrale européenne pourra financer directement les dettes publiques des États les plus faibles de l’Union économique et monétaire.

D’après le traité de Rome, il n’est pas possible de forcer l’épargne privée à financer directement la croissance des dettes publiques. Mais voilà, avec la pandémie, la France a déjà dévié ces règles. « L’ensemble constitué des banques commerciales et de la Banque centrale a donc recyclé l’épargne des ménages pour prêter à l’État« , explique Agnès BénassyQuéré, Chef économiste de la DG trésor. Cependant, un tel écart par rapport à « l’orthodoxie monétaire » pourrait s’avérer un point de conflit, en particulier de la part de la Cour constitutionnelle allemande.

 

Après le NextGenerationEU, qui a été accepté par la Cour constitutionnelle Allemande, ce plan sera bien plus qu’une relance : un plan de croissance pour éviter la stagflation (croissance faible et forte inflation). C’est un nouvel endettement commun des VingtSept et une nouvelle création de liquidité. C’est une seconde occasion pour l’Europe d’établir une autre perspective des règles de gouvernances et de transformer les économies des pays les plus faibles. Il s’agit d’accélérer la reprise tout en participant à la reconstruction de l’Ukraine. Il est urgent de rendre l’Europe plus homogène et d’investir massivement dans une économie verte.

 

L’inflation actuelle est en grande partie liée à des phénomènes extérieurs comme les prix de l’énergie, la guerre en Ukraine. Les taux directeurs de la BCE ont peu d’influence sur le niveau des prix des événements extérieurs.

Autrement dit, si l’offre du bien peut toujours répondre à la demande, il n’y aura pas de place pour l’inflation. Cela signifie une production plus élevée pour un coût et des prix inférieurs. Il faut des investissements rapides pour ralentir l’inflation en poussant la croissance à la hausse, tout en rendant les budgets européens plus homogènes.

 

La BCE dispose d’autres outils comme le programme d’opérations monétaires sur titres (OMT). Conçu au plus fort de la crise de la dette dans la zone euro, ce programme permet à la Banque centrale d’acheter directement de la dette souveraine d’un pays donné sans aucune limite. Mais la Banque centrale européenne n’envisage pas de recourir à ce programme, pourquoi ?

 

Suspendu pour cause de pandémie, le pacte de stabilité budgétaire sera de nouveau en vigueur en 2024 au lieu de mars 2023. Alors d’ici fin 2023, estil possible d’éviter une « fragmentation » sans règles strictes entre tous les pays Européens. Tous les pays de la zone euro présentent des taux d’endettement, d’inflation, de croissance, etc. tous différents. Ceci confirme que les niveaux de développement sont éloignés, les dynamiques économiques sont divergentes et la régulation des marchés du travail nationaux discordante. La Présidente de la BCE admet que l’Europe pourrait davantage agir sur « les modalités d’interprétation » des règles qui reviendront en 2024 au lieu de 2023, mais « ce ne seront certainement pas les mêmes règles« .

La situation actuelle estelle comparable à celle des années 1970 ? Les mêmes causes sont présentes : des perturbations persistantes de l’offre qui alimentent l’inflation à cause de la pandémie, précédées d’une période prolongée de politique monétaire très accommodante et une faible croissance, etc.

Dans les années 70, il n’y avait pas de guerre aux portes de l’Europe, pourtant « à l’époque, peu d’économistes comprennent que ces indices annoncent l’entrée des pays industrialisés dans une crise économique qui durera plus de vingt ans » .

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