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Lettre ouverte contre les exécutions en Iran

 

Lettre ouverte contre les exécutions en Iran

 

A l’occasion de l’Assemblée générale des Nations unies du 24 au 30 septembre à New York, la journaliste iranienne a écrit de sa prison une lettre aux principaux dirigeants, que « Le Monde » publie, pour qu’ils demandent la libération des prisonniers politiques et la fin de la répression des femmes et de la société civile en Iran.

 

Monsieur le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, mesdames et messieurs les membres respectés de l’Assemblée générale des Nations unies, deux ans se sont écoulés depuis le début du mouvement Femme, vie, liberté. Un mouvement de la société civile qui s’est répandu dans tout l’Iran. Ce mouvement démocratique a exprimé ses revendications à travers le slogan « Femme, vie, liberté » et a porté une exigence claire pour la démocratie et l’égalité en Iran.A l’instar des soulèvements populaires et des mouvements sociaux précédents, le prix à payer pour cette mobilisation de toutes les franges de la population iranienne, qui s’est dressée, solidaire, a été une répression brutale, qui se poursuit encore aujourd’hui.

Le monde est témoin des massacres, des exécutions, des emprisonnements et de la répression violente et impitoyable des femmes dans les rues iraniennes, les centres de détention et les prisons.

Ces derniers jours, nous sommes inquiets et de la condamnation à mort de plusieurs femmes militantes (Pakhshan Azizi [militante kurde des droits des femmes] et Sharifeh Mohammadi [militante syndicaliste]).

Mesdames et messieurs les représentants des Etats, les représentants du gouvernement iranien seront parmi vous lors de la réunion de l’Assemblée générale des Nations unies.

Je vous demande instamment d’exiger le respect des droits humains, comme condition préalable à toute négociation, à tout niveau, ce qui constitue le seul chemin possible pour la réalisation de la démocratie et de la paix au Moyen-Orient et en Iran.

Macron : encore une intervention inutile avec sa lettre aux Français

Macron : encore une intervention inutile avec sa lettre aux Français

Toute l’opposition et la plupart des observateurs regrettent cette nouvelle intervention du président avec cette lettre aux Français qui ne fait que jeter de l’huile sur le feu. Notamment avec cette hypothèse de guerre civile qu’il évoque alors qu’il est personnellement responsable de la crise politique provoquée par la dissolution.

Le président a largement caricaturé les uns et les autres leur attribuant l’entière responsabilité de la crise politique qui se prépare notamment en cas d’absence de majorité absolue. D’une façon générale aussi bien dans l’opposition  que dans la majorité, on souhaiterait que le président se taise enfin et se mette en retrait. En effet ces interventions ne font qu’alimenter le climat de haine qu’il dénonce.

Le président n’a pas encore compris non seulement qu’il est rejeté par une énorme majorité en France mais qu’en plus il génère une vraie haine du fait même de sa posture jupitérienne et de sa condescendance vis-à-vis de tous y compris son entourage propre

Invité de France 5, en marge de son entretien accordé au Figaro , le premier ministre Gabriel Attal n’a pas repris à son compte les termes du président de la République concernant la perspective de guerre civile, tout en reprochant aux deux blocs d’avoir la «haine comme carburant» et de contribuer «à dresser les uns contre les autres» avec une «forme de confessionnalisation de la politique». «Probablement que la victoire des extrêmes, de l’extrême droite, libérerait» des «pulsions et pourrait conduire effectivement à des violences.»

Manouchian au panthéon : sa magnifique dernière lettre

Sa célèbre et vibrante lettre à Mélinée juste avant de mourir lue par Patrick Bruel.

«Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la liberté et de la paix de demain [...] Au moment de mourir, je proclame que je n’ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu’il méritera comme châtiment et comme récompense.» 

Et l’hommage émouvant du président de la république:

 «La France de 2024 se devait d’honorer ceux qui furent 24 fois la France. Dans l’esprit des jeunes Français venus ici pour songer à cette autre jeunesse passée avant elle, étrangère, juive, communiste, résistante, jeunesse de France, gardienne d’une part de la noblesse du monde.»

«Cette odyssée, celle de Manouchian et de tous ses compagnons d’armes, est aussi la nôtre. Odyssée de liberté et de sa part ineffaçable dans le cœur de notre nation, évoque Emmanuel Macron. Un résistant décide de mourir pour notre nation qui, pourtant, avait refusé de l’adopter pleinement.»

Transition écologique : Une lettre « verte » du gouvernement aux maires

Transition écologique : Une lettre « verte » du gouvernement aux maires


Christophe Béchu , Ministre de l’écologie, vient d’adresser une lettre verte à tous les maires de France. Une lettre « verte » qui comme la tarification postale récente mettra du temps à parvenir aux élus et surtout à les convaincre.

Bref, une lettre sans intérêt, de nature intemporelle, sans stratégie et même sans moyens. Au moins le ministre de l’ écologie aura marqué son temps de passage au gouvernement par l’envoi d’une lettre.

En effet, Christophe Béchu ;a pratiquement presque jamais manifesté d’intérêt comme élu local pour la problématique environnementale. Et c’est sans doute un peu par hasard qu’il a atterri dans un ministère dont l’;objet lui est inconnu. Et beaucoup d’;observateurs ce sont d’ailleurs étonnés de sa nomination dans cette

Il est curieux donc que le gouvernement veuille informer et même former les élus locaux qui sont depuis longtemps autrement sensibles à la question écologique.

D’entrée le ministre de l’écologie utilise la démagogie et le cirage de pompes « les élus locaux, en particulier les maires, sont les hussards verts de notre République »

« Au quotidien, par les compétences que vous exercez en matière d'aménagement du territoire, de mobilité, de plan alimentaire, par vos politiques d’espaces verts, par la construction ou la rénovation de vos bâtiments publics, notamment les écoles, vous disposez des leviers les plus efficaces pour mettre en œuvre et accélérer une transition écologique attendue et souhaitée par nos concitoyens. Vous nous savez à vos côtés pour relever ensemble ce défi », poursuit le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires.

Première mesure précisée : la formation de 30.000 élus en deux ans. Comme annoncé lors du congrès des maires de novembre 2022, Christophe Béchu souligne que « pour bien agir, il faut connaître les conséquences du changement climatique et de la crise environnementale ». Une problématique largement inconnue du ministre de l;écologie lui-même.

« Nous le ferons dans chaque département en partant de ce qui se passe dans vos territoires, parce que nous croyons à l’écologie du terrain et de la proximité », ajoute-t-il.

Deuxième outil : la plateforme numérique solutionsdelus.gouv.fr, là aussi dévoilée au congrès des maires, pour faire remonter de tout le pays les solutions qui existent et qui marchent pour faire avancer la transition écologique.

« Nous avons besoin de montrer que cette transition est possible et qu’elle passe par des initiatives locales ; cette plateforme permettra à tous les maires de France de trouver des solutions pour agir, parce que, comme vous, nous croyons à l’écologie des actes », explicite le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires.
Se former, s’entraider, financer

Troisième et dernière, et non des moindres : les 2 milliards d’euros du « Fonds vert » voté dans le cadre de la loi de finances 2023, « une opportunité exceptionnelle de lancer vos projets et de poser les premières pierres de la planification écologique ».

« Ces trois mesures fortes répondent à un triptyque, se former, s’entraider, financer, que nous plaçons au cœur de la relation qui unit le Gouvernement et les élus locaux », conclut Christophe Béchu.

La seconde page du courrier est une infographie en trois points intitulée « un budget 2023 porteur d’;un soutien inédit pour nos territoires ». Là encore, le visuel est découpé en trois points.

Le premier est intitulé « soutenir massivement la capacité d’agir des collectivités et l’investissement local » et détaille les 320 millions d’euros supplémentaires pour la dotation globale de fonctionnement. Un montant que les édiles jugent insuffisant et qu’ils auraient souhaité voir aligné sur l’inflation.

Le deuxième item portant sur les « 2,5 milliards d’euros pour protéger toutes les collectivités face à la hausse des prix de l’;énergie ». Autrement dit, le bouclier tarifaire, l’amortisseur électricité et le filet de sécurité, des dispositifs très techniques que la Première ministre Elisabeth Borne s’;était engagée à simplifier en clôture du congrès des maires.

Le troisième, enfin, titré « accompagner les territoires dans la transition écologique », est une redite sur le « Fonds vert » et sur l’enveloppe de 41,7 millions d'euros sur la biodiversité. Reste donc maintenant aux édiles de s’emparer de ces espèces sonnantes et trébuchantes, à condition d’;aller solliciter le préfet de département.

Ukraine: Lettre à Poutine, par Marek Halter

Ukraine: Lettre à Poutine, par Marek Halter

L’écrivain Marek Halter, qui connaît Vladimir Poutine depuis trente ans, lui a envoyé le 18 mai une longue lettre en forme de plaidoyer, dont il a donné copie aux « Echos »

Monsieur le président,

 

Nous nous connaissons depuis plus de trente ans. Notre première rencontre remonte à l’inauguration du Collège universitaire français de Saint-Pétersbourg en 1992. Cette deuxième université française en Russie postcommuniste, dont l’idée revient au prix Nobel de la paix Andreï Sakharov, a succédé à celle de Moscou, ouverte un an auparavant. Et elle m’a été commandée par Anatoli Sobtchak, maire de la « ville du tsar » , dont vous étiez l’adjoint, par l’intermédiaire de son homologue Jacques Chirac.

Ce jour-là, vous vous en souvenez sans doute car ce n’est pas banal, nous avons évoqué votre rapport aux Juifs. Car quand j’ai, en tant que tel, été condamné par les nazis à devenir une petite savonnette, ce sont les Russes qui m’ont sauvé la vie. Ce qui explique certainement mon attachement à votre pays. Nous avons également évoqué mon amour pour la littérature russe et pour ses personnages qui ont sans doute marqué ceux de mes livres : Natacha, le prince Bolkonsky, les frères Karamazov, l’oncle Vania…

De votre côté, vous m’avez confié, non sans une certaine fierté, avoir été pendant six ans « un James Bond russe ». Cette confidence m’a fait sourire, moi qui me suis trouvé, durant des années, sur la liste noire du KGB pour avoir combattu le goulag et participé à la libération des dissidents russes ! Notre soutien aux résistants afghans dans la lutte contre l’occupation soviétique ne nous avait-il pas valu, à mon ami Bernard-Henri Lévy et à moi, une interdiction du territoire russe ? Il m’a fallu attendre la perestroïka pour retrouver les sons de la langue et des mélodies de mon enfance.

Puis, vous êtes devenu président de la Fédération de la Russie. Nous nous sommes revus par la suite à plusieurs reprises : j’ai publié des entretiens avec vous, aussi bien en France qu’à l’étranger.

Votre guerre serait en réalité une guerre préventive. Pourquoi ne pas le dire ?

Il y a trois mois à peine, j’ai fêté mon 86ᵉ anniversaire en Russie, à l’initiative de l’université d’Etat de Moscou qui accueille depuis trente ans notre Collège universitaire français. Votre conseiller, Mikhaïl Shvydkoy, m’a transmis publiquement vos félicitations. L’une de vos phrases a particulièrement retenu mon attention : « Celui qui ne regrette pas la disparition de l’Union soviétique, qui a su réunir 73 ethnies autour d’un même rêve, n’a pas de coeur. Mais celui qui voudrait la reconquérir n’a pas de tête. »

Aussi, convaincu de l’issue pacifique de cette crise, j’ai déclaré aux médias que la guerre entre la Russie et l’Ukraine n’aurait pas lieu. Je me suis trompé.

Que s’est-il passé entre-temps, Monsieur le président ?

Vous souvenez-vous de la crise des missiles de Cuba ?

Le philosophe français Montesquieu écrit, dans son célèbre ouvrage « De l’esprit des lois » (1748), que la guerre incombe à celui qui la commence, mais aussi à celui qui la rend incontournable. Qu’est-ce qui vous a poussé à agir ? L’installation à vos frontières des bases de l’Otan, organisation créée en 1949 pour faire front à l’Union soviétique ? Les préparatifs d’une agression ukrainienne contre le Donbass avec l’aide américaine ? Le cas échéant, votre guerre serait en réalité une guerre préventive. Dans ces conditions, pourquoi ne pas le dire ?

Vous vous souvenez, Monsieur le président, de ces fameuses rampes de lancement nucléaires soviétiques pointées sur la Floride, installées en octobre 1962 à Cuba par le président de l’URSS, Nikita Khrouchtchev ? Aussitôt informé, le président des Etats-Unis d’alors, John Kennedy, a menacé la Russie d’une troisième guerre mondiale et mis toutes ses forces en alerte, ne laissant d’autre choix à Khrouchtchev que de céder. Pourquoi ne pas avoir suivi cet exemple ?

Il faudra à l’avenir que vous expliquiez au monde, et surtout à vos amis, les raisons qui vous ont conduit, contre toutes les prévisions, à lancer vos chars à l’assaut de l’Ukraine au lieu de vos diplomates. Encouragée par votre silence, la réponse nous vient des commentateurs de télévision qui réagissent à chaud à l’actualité, ainsi que de vos ennemis, qui ne sont manifestement pas favorables à la Russie. Oui, ce sera à vous, comme au président Zelensky, de fournir un jour aux historiens, hors propagande, les documents et les informations nécessaires à la compréhension et à l’écriture de cette part de notre histoire.

Quant à moi, j’aimerais que nous analysions un jour les véritables raisons de la haine antirusse qui s’est emparée de l’Occident. N’avons-nous pourtant pas pour principe de différencier les peuples des politiques menées par leurs dirigeants ? En France, notamment, où nous avons toujours soutenu, et soutenons encore, les hommes engagés dans des conflits qu’ils n’ont pas choisis. Pendant la guerre des Etats-Unis au Vietnam, par exemple, ou celles de George Bush père et fils en Irak. Or, aujourd’hui, ceux-là mêmes qui défendaient la souveraineté du peuple, traitent les Russes de « parias » , un peuple incarnant le mal absolu, un peuple à bannir.

Le rôle de l’intellectuel ne revient pas à condamner, mais à réclamer. En face. Au nom de la justice, qui est la même pour les puissants et pour leurs sujets.

Ma position peut-elle être comparable à celle des autres ? Le rôle que la Russie a joué dans ma vie influence-t-il mes réactions ? Le fait que nous nous connaissions fausse-t-il mes jugements ? Il y a trois siècles, Denis Diderot, qui aimait comme moi la Russie – il est l’ami et l’invité, à Saint-Pétersbourg, de la tsarine Catherine II avec qui il réalisa de nombreux entretiens -, se posait la même question. Cependant, nous savons depuis l’époque des prophètes d’Israël que le rôle de l’intellectuel ne revient pas à condamner, mais à réclamer. En face. Au nom de la justice, qui est la même pour les puissants et pour leurs sujets. Ce qu’a fait Cicéron à l’époque de César ou, plus près de nous, Vassili Grossman et Ilya Ehrenbourg en Russie, Jean-Paul Sartre et Albert Camus en France, Stefan Zweig et Thomas Mann en Allemagne…

Oui, Monsieur le président, ce conflit, qui est sur le point de changer la face du monde, me trouble. Imaginez-vous que même le jeune soldat russe, que les Ukrainiens exhibent et viennent de condamner à perpétuité pour crime de guerre, qui aurait dû m’horrifier, ne suscite en moi que pitié. Car ma mémoire, comme celle de tous les hommes, n’est pas innocente. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, à Kokand, dans le lointain Ouzbékistan, je lui ressemblais. Squelettique, tête rasée, j’étais un jeune homme sans loi, un « hooligan » qui s’attaquait aux inconnus pour sauver mes parents et exprimer la rage dans laquelle le pouvoir l’avait enfermé.

Je connais comme vous, Monsieur le président, l’histoire et je sais que des groupuscules d’Ukrainiens ont prêté main-forte aux nazis lors du massacre de 33.771 Juifs à Babi Yar dans la banlieue de Kiev. Cela ne fait pas de tous les Ukrainiens un peuple nazi. Et ces actes d’hier ne justifient pas les bombes lâchées aujourd’hui sur leurs villes.

Je me souviens du jour anniversaire de la victoire sur le nazisme, célébrée en 1946 sur la place Rouge et de la « Pravda » distribuée gratuitement à cette occasion. La une juxtaposait le célèbre cliché d’Evgueni Khaldeï, Juif de Donetsk, représentant un soldat soviétique en train de hisser un drapeau rouge sur le Reichstag, et la liste des héros de guerre soviétiques selon leur appartenance ethnique : les premiers étaient russes, suivis de près par les Ukrainiens et par les Juifs !

Pour les signataires de pétitions, les choses sont simples, mais pas pour l’Histoire. Il est bon de rappeler, comme le fait Edgar Morin, que, entre le blanc et le noir, il y a une palette entière de nuances de gris. C’est la raison pour laquelle le Talmud – que vous connaissez dit-on, Monsieur le Président, grâce à vos colocataires de Leningrad où vous avez grandi – nous interroge : « Voulez-vous que le méchant meure ou qu’il reconnaisse ses fautes et vive ? »

Je sais, Monsieur le président, que vous croyez comme moi dans le pouvoir du verbe. Sinon, pourquoi avoir passé deux heures, le 21 février dernier, à énumérer, à la télévision , toutes les humiliations infligées à la Russie par l’Occident ces dernières années ? Etait-ce pour justifier la guerre que vous vous apprêtiez à déclencher ? Comme l’a fait remarquer avec pertinence l’inventeur de la psychanalyse Sigmund Freud, le premier homme à avoir lancé une insulte à son adversaire plutôt qu’une pierre est « le fondateur de la civilisation ».

Oui, Monsieur le président, l’histoire nous dit qu’il est plus facile de commencer une guerre que de la finir. Depuis la Deuxième Guerre mondiale, notamment, que vous appelez « patriotique », car les temps ont bien changé. Aujourd’hui, avec la mondialisation, la pression économique et médiatique, il n’est plus possible de vaincre par les armes. Les dénouements des récentes ingérences américaines en Irak et en Afghanistan le prouvent. Comme l’a prévu Clausewitz, « la guerre n’est que le prolongement de la politique par d’autres moyens ». Or, la politique, elle, se fait en parlant.

Trois mois après le début de ce conflit, n’est-il pas temps de trouver un moyen de l’arrêter ? Pourquoi pas en proposant, comme le général de Gaulle en 1958 dans le contexte de la guerre d’Algérie, la « paix des braves » à ses adversaires ? L’homme éclairé que vous êtes s’est certainement rendu compte que la guerre d’Ukraine, comme on l’appelle, a largement débordé le champ de bataille que vous aviez dessiné. Elle a inondé les écrans de télévisions du monde, au point que l’on se demande de quoi parleront nos journalistes une fois la paix signée. Et ceux qui suivent l’actualité à travers leur lucarne n’ont ni votre connaissance de l’histoire ni vos références.

Pour échapper à ce nouveau redécoupage du monde, qui relègue la Russie à l’Orient et l’éloignera de ses sources historiques et culturelles, il ne s’agit pas de gagner cette guerre, mais de l’arrêter.

Les malentendus, l’incompréhension des événements sont dus à une double lecture : celle de ceux, minoritaires, qui essaient de rattacher chaque événement tel l’un des maillons égarés à la longue chaîne que forme l’histoire de l’humanité ; et celle de ceux, adeptes de l’amalgame, qui, comme Fabrice, le personnage de Stendhal, auraient pris le champ de bataille de Waterloo dont ils étaient témoins pour celui de Stalingrad, et le compareraient à celui de Marioupol.

Monsieur le Président, ne tombez pas dans le piège dans lequel les Américains tentent de vous enfermer. Car aujourd’hui ce sont eux qui contrôlent la marche des événements et empêchent le président Zelensky d’envisager, comme il était prêt à le faire auparavant, une autre solution à ce conflit que la poursuite de cette guerre qui ne profite à présent qu’aux Etats-Unis. À leur économie. En détruisant celle de l’Europe, en l’éliminant, tout simplement, comme force politico-économique indépendante, en incarnant de nouveau ce rôle de « grand frère », de protecteur, comme seul et unique modèle face aux systèmes autoritaires qui règnent sur plus de 40 % de la population mondiale. C’est contre ce danger que s’élevèrent, en 1962, le général de Gaulle et le chancelier Konrad Adenauer, en lançant les prémisses de cet autre modèle qu’est l’Europe : une alliance entre des pays libres, sans domination des uns sur les autres, et à laquelle, selon eux, la Russie aurait dû se joindre. Cette Europe-là, le rêve de Victor Hugo (que vous avez lu), est en train de mourir dans les plaines d’Ukraine. Elle sera bientôt remplacée par une alliance militaire, l’OTAN, qui n’existe que dans la perspective d’autres guerres.

Monsieur le Président, pour échapper à ce nouveau redécoupage du monde, qui relègue la Russie à l’Orient et risque de l’éloigner définitivement de ses sources historiques et culturelles, il ne s’agit pas de gagner cette guerre, mais de l’arrêter. D’urgence. Ce qui épargnera des milliers de vies et vous donnera, à vous et au président Zelensky, l’opportunité de sortir de ce guêpier dans lequel la lecture de vos mémoires respectives vous a enfermés, sans trop de dommages pour votre orgueil national.

Je me suis demandé, Monsieur le président, comment un homme comme moi, un homme qui n’a à sa disposition que sa plume, et l’expérience de la violence et de la haine – un vécu dont il peut témoigner -, un homme qui n’a eu de cesse de pousser ses congénères au dialogue et qui a la chance de pouvoir s’adresser aux présidents, peut aider à la recherche d’une solution.

Il y a quelques années, à l’instar de mes aînés, j’aurais lancé un mouvement pour la paix, suscité des marches, lancé des anathèmes signés par des centaines de célébrités, organisé des conférences qui auraient réuni, sous les vivats d’une foule d’hommes et de femmes de bonne volonté, les intellectuels russes et ukrainiens appartenant donc aux peuples qui se font la guerre. Sauf qu’aujourd’hui, il n’y a plus de dissidents, plus d’opposants « charismatiques » – ainsi que les nommait le sociologue Max Weber – et qui forçaient l’écoute. Les hommes surfent sur l’éphémère. Il reste cependant, et je suis persuadé que vous serez d’accord avec moi, Monsieur le Président, la religion. Il est vrai que chacun a la sienne, mais toutes ont en commun l’espoir d’un monde meilleur et s’adressent à ceux qui revendiquent cet espoir.

C’est pourquoi, Monsieur le président, je projette, avec plusieurs représentants des différents cultes, catholiques, orthodoxes, protestants, musulmans, juifs, bouddhistes, d’organiser une Caravane pour la Paix à Moscou puis à Kiev. Imaginez cette caravane arrivant sur la place Rouge, après avoir parcouru des milliers de kilomètres, s’arrêtant devant la cathédrale Saint-Basile pour y faire entendre, peut-être même en présence d’une délégation du Vatican, une prière pour la paix.

Saisirez-vous cette occasion pour vous joindre à nous et déclarer la fin des hostilités ? « Sauver une vie humaine, disent les Ecritures, c’est sauver toute l’humanité. »

Par ce simple geste, vous surprendriez le monde et inaugureriez une conduite politique inattendue, un renouveau de la diplomatie. Le peuple russe et l’histoire vous en seraient reconnaissants.

Lettre aux Russes: Faire tomber Poutine !

Lettre aux Russes: Faire tomber Poutine ! 

 

Evoquant la révolution à Kiev en 2014, l’écrivain Jonathan Littell s’adresse, dans une lettre ouverte, à ses « amis d’âme et d’esprit » restés silencieux face aux agressions commises par leur pays en Tchétchénie, en Crimée et en Ukraine. Il les appelle à reprendre leur liberté en faisant tomber le régime.

 

Tribune.

 

Mes chers amis russes : certains de vieux amis, d’autres plus récents, d’autres encore que je ne connais que de loin, amis d’âme et d’esprit. Pour vous aussi, les temps sont durs. Comme celles de tous les Ukrainiens, vos vies, jamais simples, sont bouleversées. Beaucoup d’entre vous fuient la Russie. Et beaucoup d’entre vous me font part de vos sentiments de culpabilité et de honte à propos de ce que votre pays est en train de faire, en votre nom, à l’Ukraine.

Les activistes parmi vous étaient depuis longtemps en sursis, et se préparent au coup final. Le 4 mars, j’ai écrit à Alexandre Cherkasov, un très vieil ami de l’ONG Memorial. « Je te raconterai plus tard, m’a-t-il laconiquement répondu. Après la perquisition on erre au milieu des ruines. Ordinateurs éventrés. Coffres-forts forcés. » D’autres sont stupéfiés par l’effondrement soudain de leur monde fragile. Aucun de vous n’aime Poutine et son régime de voleurs et de fascistes ; la plupart d’entre vous les haïssent. Mais soyons honnêtes : à quelques rares exceptions près – les amis de Memorial, Novaïa GazetaMeduza, et une poignée d’autres –, combien d’entre vous ont levé le petit doigt pour résister à ce régime ? Se pourrait-il ainsi que vos sentiments de honte et de culpabilité ne soient pas entièrement abstraits ? Qu’ils soient dus aussi à votre longue indifférence à ce qui se passait autour de vous, à votre apathie, à votre complicité passive ?

Ça n’a pas toujours été comme ça. Il y a eu un temps, dans les années 1990, où vous avez eu la liberté et la démocratie, chaotiques, sanglantes même, mais bien réelles. Mais 1991 a fini comme 1917. Pourquoi, chaque fois que vous faites enfin votre révolution, vous prenez tellement peur du Temps des troubles que vous filez vous cacher sous les jupons d’un tsar, Staline ou Poutine ? C’est vrai, il y a eu des erreurs. Au lieu d’exposer les archives du KGB, comme les Allemands avec la Stasi, vous vous êtes laissé distraire par la statue de Dzerjinski et vous avez laissé le KGB faire le dos rond, puis se reconstruire et mettre la main sur la nation. Quand on vous a offert le choix entre le pillage du pays ou le retour des communistes, vous ne vous êtes pas battus pour imposer un troisième choix et vous avez accepté le pillage. En 1998 votre économie s’est effondrée : fini les manifestations de masse pour la justice sociale ou contre la guerre en Tchétchénie. La survie devint la principale préoccupation.

 

Puis on vous présenta Poutine. Jeune, audacieux, agressif, promettant la destruction des terroristes et le redressement de l’économie. Peu d’entre vous y ont cru, mais vous avez quand même voté pour lui, ou alors vous n’avez pas voté du tout. Et quand il se mit à raser la Tchétchénie, la plupart d’entre vous ont fermé les yeux. Je me rappelle très bien ces années-là. J’y travaillais, livrant de l’aide humanitaire aux innombrables victimes de son « opération antiterroriste », sillonnant les ruines de Grozny et de tant d’autres bourgades. Parfois, je montais à Moscou et je faisais la fête avec vous, mes amis. On buvait, on dansait, et puis j’essayais de vous raconter les horreurs de là-bas. Et vous me disiez : « Jonathan, on en a marre de ta Tchétchénie. » Je me rappelle précisément ces mots. Et j’enrageais : « Les gars, c’est pas ma Tchétchénie, c’est votre Tchétchénie. C’est votre putain de pays, pas le mien. Je ne suis qu’un imbécile d’étranger ici. C’est votre gouvernement qui bombarde une de vos villes, qui tue vos concitoyens. » Mais non, c’était trop compliqué, trop douloureux, vous ne vouliez pas savoir.

Macron: une «Lettre aux Français» très banale

Macron: une «Lettre aux Français» très banale

Macron a déclaré sa candidature par une lettre français au demeurant très banale qui survole les préoccupations les plus importantes des Français et s’appuie sur des considérations très générales un peu intemporelles et trop générales.

« Depuis cinq ans, nous avons traversé ensemble nombre d’épreuves. Terrorisme, pandémie, retour de la violence, guerre en Europe : rarement, la France avait été confrontée à une telle accumulation de crises. Nous avons fait face avec dignité et fraternité.

Nous avons tenu bon sans jamais renoncer à agir. Grâce aux réformes menées, notre industrie a pour la première fois recréé des emplois et le chômage a atteint son plus bas niveau depuis quinze ans. Grâce au travail de tous, nous avons pu investir dans nos hôpitaux et notre recherche, renforcer nos armées, recruter policiers, gendarmes, magistrats et enseignants, réduire notre dépendance aux énergies fossiles, continuer à moderniser notre agriculture. Grâce à nos efforts, nous avons, avant la pandémie, réduit nos déficits et, tout au long du quinquennat, baissé les impôts de manière inédite. Tout cela nous a permis d’être crédibles et de convaincre nos principaux voisins de commencer à bâtir une Europe-puissance, capable de se défendre et de peser sur le cours de l’Histoire.

Nous n’avons pas tout réussi. Il est des choix qu’avec l’expérience acquise auprès de vous je ferais sans doute différemment. Mais les transformations engagées durant ce mandat ont permis à nombre de nos compatriotes de vivre mieux, à la France de gagner en indépendance. Et les crises que nous traversons depuis deux ans montrent que c’est bien ce chemin qui doit être poursuivi.

Nous connaissons des bouleversements d’une rapidité inouïe : menace sur nos démocraties, montée des inégalités, changement climatique, transition démographique, transformations technologiques. Ne nous trompons pas : nous ne répondrons pas à ces défis en choisissant le repli ou en cultivant la nostalgie. C’est en regardant avec humilité et lucidité le présent, en ne cédant rien de l’audace, de la volonté et de notre goût de l’avenir que nous réussirons. L’enjeu est de bâtir la France de nos enfants, pas de ressasser la France de notre enfance.

Voilà pourquoi je sollicite votre confiance pour un nouveau mandat de Président de la République. Je suis candidat pour inventer avec vous, face aux défis du siècle, une réponse française et européenne singulière. Je suis candidat pour défendre nos valeurs que les dérèglements du monde menacent. Je suis candidat pour continuer de préparer l’avenir de nos enfants et de nos petits-enfants. Pour nous permettre aujourd’hui comme demain de décider pour nous-mêmes.

Il n’y a pas d’indépendance sans force économique. Il nous faudra donc travailler plus et poursuivre la baisse des impôts pesant sur le travail et la production. Pour ne pas nous laisser imposer par d’autres les technologies qui rythmeront demain notre quotidien, il nous faudra aussi continuer d’investir dans notre innovation et notre recherche afin de placer la France en tête dans les secteurs qui, comme les énergies renouvelables, le nucléaire, les batteries, l’agriculture, le numérique, ou le spatial feront le futur et nous permettront de devenir une grande Nation écologique, celle qui la première sera sortie de la dépendance au gaz, au pétrole et au charbon.

C’est à la condition de cette reconquête productive par le travail que nous pourrons préserver et même améliorer ce modèle social auquel nous tenons tant et qui a fait ses preuves.

Nous lutterons contre les inégalités, non pas tant en cherchant à les corriger toujours trop tard qu’en nous y attaquant à la racine. Nous ferons en sorte que tous les enfants de France aient les mêmes chances, que la méritocratie républicaine redevienne une promesse pour chacun. Pour cela, la priorité sera donnée à l’école et à nos enseignants, qui seront plus libres, plus respectés et mieux rémunérés.

Nous investirons pour permettre à chacun de vivre le grand âge à domicile tant qu’il le peut, pour rendre les maisons de retraite plus humaines. Nous poursuivrons sans relâche notre travail pour l’inclusion de nos compatriotes en situation de handicap. En matière de santé, nous opérerons la révolution de la prévention et ferons reculer les déserts médicaux.

La force de notre modèle social est là : dans cet investissement dans l’humain tout au long de la vie, qui donne confiance aux familles et a fait de la France l’un des pays d’Europe à la plus forte natalité.

Défendre notre singularité française implique enfin de promouvoir une certaine manière d’être au monde. Un art de vivre millénaire, enraciné dans chaque région, chaque canton, chaque ville et chaque village que ce soit en métropole ou dans nos outre-mer. Une histoire, une langue, une culture que lorsque l’on est Français, on se doit de connaître, d’aimer, de partager. Une citoyenneté, qui ne repose pas seulement sur des droits, mais sur des devoirs et un engagement de chaque jour. Parce que le respect des lois n’est pas négociable, nous poursuivrons l’investissement dans nos forces de sécurité et notre justice. Nous encouragerons l’engagement avec une ambition simple : former non pas seulement des individus et des consommateurs, mais des citoyens. Faire des républicains.

Tout au long de mon mandat, j’ai vu partout un esprit de résistance à toute épreuve, une volonté d’engagement remarquable, une inlassable envie de bâtir. Je l’ai retrouvée dans notre pays mais aussi en allant à la rencontre de nos compatriotes vivant à l’étranger. En chaque lieu, j’ai perçu le désir de prendre part à cette belle et grande aventure collective qui s’appelle la France.

C’est pourquoi le moment électoral qui s’ouvre est si important. Cette élection présidentielle déterminera les directions que le pays se donne à lui-même pour les cinq années à venir et bien au-delà. Bien sûr, je ne pourrai pas mener campagne comme je l’aurais souhaité en raison du contexte. Mais avec clarté et engagement j’expliquerai notre projet, notre volonté de continuer à faire avancer notre pays avec chacun d’entre vous.

Ensemble, nous pouvons faire de ces temps de crises le point de départ d’une nouvelle époque française et européenne.

Avec vous. Pour vous. Pour nous tous.

Vive la République !

Vive la France ! »

 

Emmanuel Macron

 

Une lettre des policiers après celle des militaires

Une lettre des policiers après celle des militaires

D’anciens policiers appellent les élus à «tout mettre en œuvre pour mettre fin à la situation gravissime que traverse la France en matière de sécurité et de tranquillité publique». Estimant que la «peur doit changer de camp», ils réclament notamment une «réponse pénale adaptée» pour que «les condamnations soient réellement exécutées et à la hauteur des forfaits commis». La tribune, également postée sur plusieurs sites de pétitions en ligne, avait récolté vendredi quelque 25.000 signatures.

Sondage «lettre des généraux» : 58 % des Français d’accord

Sondage «lettre des généraux» : 58 % des Français d’accord

 

D’après un sondage Harris Interactive/LCI 58 % des Français déclarent soutenir les militaires signataires. Cette tribune remporte un franc succès à droite avec 71 % des sympathisants LR et 86 % de ceux du RN. Une très forte majorité de Français partage la vision exprimée par les anciens militaires sur « la société française en train de se déliter » (73%) ou « une forme d’antiracisme qui produit une haine entre les communautés » (74%). Du pain bénit pour la présidente du FN.

Quant aux tentations putschistes qui leur sont prêtées quand ils parlent de « l’intervention de nos camarades d’active dans une mission périlleuse de sauvegarde de nos compatriotes sur le territoire national », le sondage montre qu’un Français sur deux (49 %) pense que « l’Armée devrait intervenir sans qu’on lui en donne l’ordre afin de garantir l’ordre et la sécurité en France. »

Liberté : lettre ouverte de la presse au premier ministre

Liberté : lettre ouverte de la presse au premier ministre

 

Monsieur le Premier ministre,

Depuis plusieurs semaines, nous, sociétés de journalistes et de rédacteurs de la presse nationale, régionale, de l’audiovisuel et du Web, n’avons eu de cesse d’alerter – tout comme les syndicats de la profession, des collectifs, des directeurs de rédaction, des éditeurs de presse – quant aux graves menaces que fait peser l’article 24 de la proposition de loi «pour une sécurité globale» sur la liberté d’informer.

Ce diagnostic rejoint celui de sociétés de réalisateurs, d’associations de défense des droits humains, d’autorités administratives indépendantes, et de trois rapporteurs spéciaux des Nations unies. La Commission européenne elle-même s’en inquiète.

Même amendée, cette disposition, qui vise à pénaliser la diffusion de l’image de membres des forces de l’ordre si elle a pour «but manifeste qu’il soit porté atteinte à [leur] intégrité physique ou psychique», est dangereuse. Elle laisse augurer, en amont des magistrats, des interpellations préventives – qui, sur le terrain, décidera qu’une diffusion en direct est susceptible de constituer une infraction, sinon les policiers eux-mêmes ? – ainsi que des procédures bâillon à l’encontre des médias ou des citoyens qui diffuseraient des images d’interventions houleuses. La ministre déléguée chargée de la Citoyenneté, Marlène Schiappa, a elle-même reconnu ce risque.

Cela alors que, dans le même temps, l’article 21 prévoit que les enregistrements des caméras piétons des forces de l’ordre puissent être diffusés aux fins d’«information du public» : d’un côté, donc, l’entrave à la liberté d’informer, de l’autre un récit à la discrétion des autorités. Quant à l’article 22, qui généralise l’autorisation des drones, il ouvre la porte à une surveillance massive et invisible, notamment des manifestations.

Filmer ou photographier les policiers et les gendarmes en intervention dans l’espace public est un droit démocratique. Ce sont bien les vidéos exposant les violences commises par des membres des forces de l’ordre – qu’elles aient été tournées par des journalistes titulaires ou non d’une carte de presse, des citoyens, des militants d’associations – qui ont permis d’inscrire ce sujet dans le débat public. Lundi soir, ce sont bien les images de la très brutale évacuation d’un campement éphémère de migrants, place de la République à Paris, diffusées sur les réseaux sociaux, qui ont fait réagir jusqu’au ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.

Nos inquiétudes sont d’autant plus vives qu’en septembre, le nouveau «Schéma national du maintien de l’ordre» est venu aggraver la dégradation, déjà importante, de nos conditions de travail dans la couverture des manifestations. Sous couvert de «rappeler» que «le délit constitué par le fait de se maintenir dans un attroupement après sommation ne comporte aucune exception», ce texte est en réalité un feu vert donné par le ministère de l’Intérieur aux forces de l’ordre pour empêcher les journalistes de rendre compte pleinement des rassemblements jusque dans leurs dispersions. Les événements survenus lundi soir, qui ont vu des reporters eux aussi molestés, en sont l’amère illustration.

Monsieur le Premier ministre, la liberté de la presse et la liberté d’informer sont mises à mal en France. Vous aviez accepté d’entendre à ce sujet, ce jeudi, des représentants de la profession. La décision du préfet de police de Paris d’interdire le parcours de la «Marche des libertés» prévue samedi dans la capitale, attentant à une autre liberté fondamentale, celle de manifester, nous a conduits, à l’instar des syndicats de journalistes, à décliner cette invitation. Nous vous le disons ici solennellement : il y a urgence à sortir de cette spirale délétère pour la démocratie.

Nous demandons le retrait de l’article 24, ainsi que des articles 21 et 22, du projet de loi «pour une sécurité globale», et la réécriture du Schéma national du maintien de l’ordre dans un dialogue véritable avec les journalistes.

Signataires : les sociétés des journalistes, des rédacteurs et/ou des personnels de l’AFP, Arrêt sur images, Arte, BFM TV, Challenges, Courrier international, les Echos, Europe 1, l’Express, le Figaro, France Culture, Franceinfo, Franceinfo.fr, FranceinfoTV, France Inter, France 2, France 3 National, l’Humanité, le JDD, Konbini, LCP, Libération, Marianne, le Média, Mediapart, Midi libre, le Monde, M6, NRJ Group, l’Obs, Paris Match, le Parisien-Aujourd’hui en France, Premières Lignes, Public Sénat, RFI, RTL, Sud Ouest, la Tribune, TV5Monde, la Vie, 20 Minutes.
Avec le soutien des rédactions de Basta !, Politis et Slate.fr.

Liberté : lettre de la presse au premier ministre

Liberté : lettre de la presse au premier ministre

 

Monsieur le Premier ministre,

Depuis plusieurs semaines, nous, sociétés de journalistes et de rédacteurs de la presse nationale, régionale, de l’audiovisuel et du Web, n’avons eu de cesse d’alerter – tout comme les syndicats de la profession, des collectifs, des directeurs de rédaction, des éditeurs de presse – quant aux graves menaces que fait peser l’article 24 de la proposition de loi «pour une sécurité globale» sur la liberté d’informer.

Ce diagnostic rejoint celui de sociétés de réalisateurs, d’associations de défense des droits humains, d’autorités administratives indépendantes, et de trois rapporteurs spéciaux des Nations unies. La Commission européenne elle-même s’en inquiète.

Même amendée, cette disposition, qui vise à pénaliser la diffusion de l’image de membres des forces de l’ordre si elle a pour «but manifeste qu’il soit porté atteinte à [leur] intégrité physique ou psychique», est dangereuse. Elle laisse augurer, en amont des magistrats, des interpellations préventives – qui, sur le terrain, décidera qu’une diffusion en direct est susceptible de constituer une infraction, sinon les policiers eux-mêmes ? – ainsi que des procédures bâillon à l’encontre des médias ou des citoyens qui diffuseraient des images d’interventions houleuses. La ministre déléguée chargée de la Citoyenneté, Marlène Schiappa, a elle-même reconnu ce risque.

Cela alors que, dans le même temps, l’article 21 prévoit que les enregistrements des caméras piétons des forces de l’ordre puissent être diffusés aux fins d’«information du public» : d’un côté, donc, l’entrave à la liberté d’informer, de l’autre un récit à la discrétion des autorités. Quant à l’article 22, qui généralise l’autorisation des drones, il ouvre la porte à une surveillance massive et invisible, notamment des manifestations.

Filmer ou photographier les policiers et les gendarmes en intervention dans l’espace public est un droit démocratique. Ce sont bien les vidéos exposant les violences commises par des membres des forces de l’ordre – qu’elles aient été tournées par des journalistes titulaires ou non d’une carte de presse, des citoyens, des militants d’associations – qui ont permis d’inscrire ce sujet dans le débat public. Lundi soir, ce sont bien les images de la très brutale évacuation d’un campement éphémère de migrants, place de la République à Paris, diffusées sur les réseaux sociaux, qui ont fait réagir jusqu’au ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.

Nos inquiétudes sont d’autant plus vives qu’en septembre, le nouveau «Schéma national du maintien de l’ordre» est venu aggraver la dégradation, déjà importante, de nos conditions de travail dans la couverture des manifestations. Sous couvert de «rappeler» que «le délit constitué par le fait de se maintenir dans un attroupement après sommation ne comporte aucune exception», ce texte est en réalité un feu vert donné par le ministère de l’Intérieur aux forces de l’ordre pour empêcher les journalistes de rendre compte pleinement des rassemblements jusque dans leurs dispersions. Les événements survenus lundi soir, qui ont vu des reporters eux aussi molestés, en sont l’amère illustration.

Monsieur le Premier ministre, la liberté de la presse et la liberté d’informer sont mises à mal en France. Vous aviez accepté d’entendre à ce sujet, ce jeudi, des représentants de la profession. La décision du préfet de police de Paris d’interdire le parcours de la «Marche des libertés» prévue samedi dans la capitale, attentant à une autre liberté fondamentale, celle de manifester, nous a conduits, à l’instar des syndicats de journalistes, à décliner cette invitation. Nous vous le disons ici solennellement : il y a urgence à sortir de cette spirale délétère pour la démocratie.

Nous demandons le retrait de l’article 24, ainsi que des articles 21 et 22, du projet de loi «pour une sécurité globale», et la réécriture du Schéma national du maintien de l’ordre dans un dialogue véritable avec les journalistes.

Signataires : les sociétés des journalistes, des rédacteurs et/ou des personnels de l’AFP, Arrêt sur images, Arte, BFM TV, Challenges, Courrier international, les Echos, Europe 1, l’Express, le Figaro, France Culture, Franceinfo, Franceinfo.fr, FranceinfoTV, France Inter, France 2, France 3 National, l’Humanité, le JDD, Konbini, LCP, Libération, Marianne, le Média, Mediapart, Midi libre, le Monde, M6, NRJ Group, l’Obs, Paris Match, le Parisien-Aujourd’hui en France, Premières Lignes, Public Sénat, RFI, RTL, Sud Ouest, la Tribune, TV5Monde, la Vie, 20 Minutes.
Avec le soutien des rédactions de Basta !, Politis et Slate.fr.

Greta Thunberg : Lettre ouverte à M. Michel Onfray

 »

Une lettre ouverte d’une jeune écologue à Michel Onfray qui sur son blog a véritablement massacré Greta Thunberg  mettant même en cause sa personnalité, son humanité et son physique. Pas vraiment une réflexion de philosophe. Il faut reconnaître à Michel Onfray sa grande puissance de travail aussi son apport théorique. Par contre, sa posture de gourou imperméable à toute contestation le discrédite surtout pour parler d’un sujet qu’il  connaît à peine. Onfray gagnerait beaucoup lui aussi en humanité et en modestie, à douter davantage aussi,  à sourire un peu plus, au lieu  de mordre  systémtiquement ses contradicteurs. Le plus curieux, c’est que Michel Onfray philosophe gauchiste admet mal sans doute la célébrité soudaine de la jeune écolo gauchiste Greta Thunberg. Bref, une vraie réaction de vieux con de la part d’Onfray.

Tribune de Camille Bernard (écologue)

 

 

«  Je crois, Monsieur, que la jeune génération a le droit de faire la leçon à celles et ceux qui regardent sans agir.

Je me permets, Monsieur Onfray, de vous écrire au sujet de Greta Thunberg. J’espère que vous pardonnerez mon insolence, probablement inhérente à ma jeunesse, de répondre à ce message qui ne m’est pas adressé. Je n’ai plus 16 ans, certes, mais je crois faire encore partie de la génération qu’on appelle communément « des jeunes », ceux-là même qui plient l’index et le majeur pour nuancer le propos. Votre message ne m’est pas adressé, mais il me concerne car j’ai fait de l’Ecologie mon métier. Enfant, déjà, j’y étais déterminée. Je l’ai encore en moi, cette nausée de voir la Vie détruite par une seule espèce, si prétentieuse, si sûre de son immortalité. Je n’avais pas 10 ans, Monsieur, et cette injustice me révoltait.

Je ne suis pas heureuse de voir Greta Thunberg à la tribune de l’Assemblée nationale, pas plus que vous. Je ne suis pas heureuse de constater que lorsqu’il est question d’écologie ou d’écologisme, les scientifiques invités à s’exprimer sont plus souvent astrophysiciens qu’écologues. J’aimerais voir défiler derrière cette tribune une délégation des 15 000 scientifiques qui alertent depuis des années les pouvoirs publics. J’aimerais voir défiler derrière cette tribune les grands pontes de l’Ecologie, les femmes et les hommes qui ont dévoué leur carrière et parfois même leur vie à cette grande cause qui est la nôtre et, plus encore, celle de nos enfants. Je ne suis pas heureuse de constater qu’il faut en arriver, pour se faire entendre, à envoyer au-devant de la scène une adolescente, qu’elle soit volontaire ou messagère. Mais qu’elle y aille. Qu’elle se présente aux rendez-vous, qu’elle tienne les tribunes, qu’elle pique ces braves décideurs s’il le faut.

Le fait est, Monsieur, que la confusion est possible. Qui, de Greta Thunberg ou de nos décideurs, est l’enfant ? Est-ce celle qui comprend que la conséquence d’une déscolarisation partielle sera bien moindre que celle de l’inaction face aux changements climatiques, au déclin de la biodiversité, à la pollution alarmante de l’air et de l’eau ? Est-ce celle qui comprend que savoir calculer des intégrales, citer Kant ou Jonas est bien inutile si l’on doit mourir d’un cancer au cours de la décennie à suivre ? Ne s’agirait-il pas plutôt de ces érudits représentants de l’Etat, qui pour certains s’excusent (et non « prient d’être excusés », la formulation est choisie) de bêtises dignes du bambin qui aurait pioché dans la bonbonnière sans y être autorisé ?

Que ce qu’elle lit soit écrit de sa main ou non, après tout peu importe. Si le fond du message est le sien, tant mieux. A 16 ans, on peut avoir suffisamment d’intelligence pour savoir ce qu’on veut. Corneille l’a écrit, « aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années ». Vous semblez vouloir renvoyer Greta Thunberg à l’école, mais qu’y apprendra-t-elle ? La toute-puissance de l’espèce humaine ? Sa légendaire résilience et son triomphe éternel ? Loin de moi l’idée de dénigrer une institution que je pense absolument primordiale, mais il n’est pas nécessaire d’attendre d’être bachelier pour être autorisé à penser.

Je crois, Monsieur, que la jeune génération a le droit de faire la leçon à celles et ceux qui regardent sans agir. Des remerciements seraient inappropriés à un tel héritage. Les « moutons » qui font la grève chaque vendredi tentent par ce geste de faire marcher vers l’avant les vaches qui regardent passivement passer le train. »

Camille Bernard.

Lettre de Macron : texte très réducteur de la problématique

 

Lettre de Macron : texte  très réducteur de la problématique

 

«On se demande pourquoi il a fallu attendre autant de temps pour aboutir à un texte aussi médiocre, aussi réducteur et presque simpliste par endroit. Un texte élaboré sans doute par plusieurs énarques qui donnent une idée du niveau pitoyable des auteurs dont Macron. Concernant l’organisation du grand débat,  c’est la confirmation du grand flou artistique et la démonstration que les auteurs ont bien peu d’expérience sociale et politique. Pour simplifier, le grand débat aura lieu mais sans animateur (brève allusion sans savoir qui ils seront). Bref sans animateur, le débat se réduira un simple dépôt et juxtaposition de revendications voire à une discussion de bistrot confuse et contradictoire qui permettra de renforcer le pouvoir central et sa verticalité. La plus grande insuffisance réside dans la confusion la plus totale entre les fonctions de l’État et la manière de les prendre en charge. La confusion classique entre le concept de service public, les organismes chargés de l’assumer et même le statut du personnel. Bref, une lettre qui devrait réjouir quand même les corpos qui entretiennent cette confusion afin protéger leur statut sous le parapluie de l’intérêt général. Dans son texte pour illustrer son propos, Macron pose  une trentaine de questions encore une fois très réductrice de la problématique. Notons la quasi absence de la politique industrielle, de l’Europe ou du pouvoir d’achat !) Sur la transition écologique, Macron n’envisage que la stratégie fiscale pour réguler ne faisant même aucune allusion à la régulation par les  normes et l’offre industrielle. Or on pourra mettre toutes les taxes qu’on veut s’il n’y a pas d’offre industrielle alternative il n’y aura  pas de changement de comportement des consommateurs. Dernier point concernant la citoyenneté, réduite à son état le plus primitif,  à savoir: le dépôt d’un bulletin de vote lors des échéances électorales, point, c’est tout ! Aucune proposition d’association à l’évaluation des politiques publiques, aucune proposition ou interrogation sur la nécessité d’associer les salariés vis-à-vis l’entreprise, les citoyens vis-à-vis des élus ou les administrés vis-à-vis des grandes administrations. C’est la confirmation d’une vision néandertalienne de la démocratie. Dernier point concernant la fiscalité, Macron réaffirme le cadre du débat : pas question de revenir sur les décisions déjà prises et notamment sur l’impôt sur la fortune. Bref on se prépare à un débat confus, réducteur et presque caricatural compte tenu notamment des conditions d’organisation.

 

Lettre Macron : thèmes et questions

Lettre Macron : thèmes et questions

 

 

En gras les thèmes et les questions :

 

«Chères Françaises, chers Français, mes chers compatriotes,

Dans une période d’interrogations et d’incertitudes comme celle que nous traversons, nous devons nous rappeler qui nous sommes.

La France n’est pas un pays comme les autres.

Le sens des injustices y est plus vif qu’ailleurs. L’exigence d’entraide et de solidarité plus forte.

Chez nous, ceux qui travaillent financent les pensions des retraités. Chez nous, un grand nombre de citoyens paie un impôt sur le revenu, parfois lourd, qui réduit les inégalités. Chez nous, l’éducation, la santé, la sécurité, la justice sont accessibles à tous indépendamment de la situation et de la fortune. Les aléas de la vie, comme le chômage, peuvent être surmontés, grâce à l’effort partagé par tous.

C’est pourquoi la France est, de toutes les nations, une des plus fraternelles et des plus égalitaires.

C’est aussi une des plus libres, puisque chacun est protégé dans ses droits et dans sa liberté d’opinion, de conscience, de croyance ou de philosophie.

Et chaque citoyen a le droit de choisir celles et ceux qui porteront sa voix dans la conduite du pays, dans la conception des lois, dans les grandes décisions à prendre.

Chacun partage le destin des autres et chacun est appelé à décider du destin de tous: c’est tout cela, la nation française.

Comment ne pas éprouver la fierté d’être Français?

Je sais, bien sûr, que certains d’entre nous sont aujourd’hui insatisfaits ou en colère. Parce que les impôts sont pour eux trop élevés, les services publics trop éloignés, parce que les salaires sont trop faibles pour que certains puissent vivre dignement du fruit de leur travail, parce que notre pays n’offre pas les mêmes chances de réussir selon le lieu ou la famille d’où l’on vient. Tous voudraient un pays plus prospère et une société plus juste.

Cette impatience, je la partage. La société que nous voulons est une société dans laquelle pour réussir on ne devrait pas avoir besoin de relations ou de fortune, mais d’effort et de travail.

En France, mais aussi en Europe et dans le monde, non seulement une grande inquiétude, mais aussi un grand trouble ont gagné les esprits. Il nous faut y répondre par des idées claires.

Mais il y a pour cela une condition: n’accepter aucune forme de violence. Je n’accepte pas, et n’ai pas le droit d’accepter la pression et l’insulte, par exemple sur les élus du peuple, je n’accepte pas et n’ai pas le droit d’accepter la mise en accusation générale, par exemple des médias, des journalistes, des institutions et des fonctionnaires. Si tout le monde agresse tout le monde, la société se défait!

Afin que les espérances dominent les peurs, il est nécessaire et légitime que nous nous reposions ensemble les grandes questions de notre avenir.

 

 

C’est pourquoi j’ai proposé et je lance aujourd’hui un grand débat national qui se déroulera jusqu’au 15 mars prochain.

Depuis quelques semaines, de nombreux maires ont ouvert leurs mairies pour que vous puissiez y exprimer vos attentes. J’ai eu de nombreux retours que j’ai pu prendre en compte. Nous allons désormais entrer dans une phase plus ample et vous pourrez participer à des débats près de chez vous ou vous exprimer sur internet pour faire valoir vos propositions et vos idées. Dans l’Hexagone, outre-mer et auprès des Français résidant à l’étranger. Dans les villages, les bourgs, les quartiers, à l’initiative des maires, des élus, des responsables associatifs, ou de simples citoyens… Dans les assemblées parlementaires comme régionales ou départementales.

 

Les maires auront un rôle essentiel car ils sont vos élus et donc l’intermédiaire légitime de l’expression des citoyens.

Pour moi, il n’y a pas de questions interdites. Nous ne serons pas d’accord sur tout, c’est normal, c’est la démocratie. Mais au moins montrerons-nous que nous sommes un peuple qui n’a pas peur de parler, d’échanger, de débattre.

Et peut-être découvrirons-nous que nous pouvons tomber d’accord, majoritairement, au-delà de nos préférences, plus souvent qu’on ne le croit.

Je n’ai pas oublié que j’ai été élu sur un projet, sur de grandes orientations auxquelles je demeure fidèle. Je pense toujours qu’il faut rendre à la France sa prospérité pour qu’elle puisse être généreuse, car l’un va avec l’autre. Je pense toujours que la lutte contre le chômage doit être notre grande priorité, et que l’emploi se crée avant tout dans les entreprises, qu’il faut donc leur donner les moyens de se développer. Je pense toujours qu’il faut rebâtir une école de la confiance, un système social rénové pour mieux protéger les Français et réduire les inégalités à la racine. Je pense toujours que l’épuisement des ressources naturelles et le dérèglement climatique nous obligent à repenser notre modèle de développement. Nous devons inventer un projet productif, social, éducatif, environnemental et européen nouveau, plus juste et plus efficace. Sur ces grandes orientations, ma détermination n’a pas changé.

Mais je pense aussi que de ce débat peut sortir une clarification de notre projet national et européen, de nouvelles manières d’envisager l’avenir, de nouvelles idées.

À ce débat, je souhaite que le plus grand nombre de Français, le plus grand nombre d’entre nous, puisse participer.

 

 

Ce débat devra répondre à des questions essentielles qui ont émergé ces dernières semaines. C’est pourquoi, avec le Gouvernement, nous avons retenu quatre grands thèmes qui couvrent beaucoup des grands enjeux de la nation: la fiscalité et les dépenses publiques, l’organisation de l’Etat et des services publics, la transition écologique, la démocratie et la citoyenneté. Sur chacun de ces thèmes, des propositions, des questions sont d’ores et déjà exprimées. Je souhaite en formuler quelques-unes qui n’épuisent pas le débat mais me semblent au cœur de nos interrogations.

 

Le premier sujet porte sur nos impôts, nos dépenses et l’action publique. L’impôt est au cœur de notre solidarité nationale. C’est lui qui finance nos services publics. Il vient rémunérer les professeurs, pompiers, policiers, militaires, magistrats, infirmières et tous les fonctionnaires qui œuvrent à votre service. Il permet de verser aux plus fragiles des prestations sociales mais aussi de financer certains grands projets d’avenir, notre recherche, notre culture, ou d’entretenir nos infrastructures. C’est aussi l’impôt qui permet de régler les intérêts de la dette très importante que notre pays a contractée au fil du temps.

Mais l’impôt, lorsqu’il est trop élevé, prive notre économie des ressources qui pourraient utilement s’investir dans les entreprises, créant ainsi de l’emploi et de la croissance. Et il prive les travailleurs du fruit de leurs efforts. Nous ne reviendrons pas sur les mesures que nous avons prises pour corriger cela afin d’encourager l’investissement et faire que le travail paie davantage. Elles viennent d’être votées et commencent à peine à livrer leurs effets. Le Parlement les évaluera de manière transparente et avec le recul indispensable. Nous devons en revanche nous interroger pour aller plus loin.

Comment pourrait-on rendre notre fiscalité plus juste et plus efficace? Quels impôts faut-il à vos yeux baisser en priorité?

Nous ne pouvons, quoi qu’il en soit, poursuivre les baisses d’impôt sans baisser le niveau global de notre dépense publique.

Quelles sont les économies qui vous semblent prioritaires à faire?

Faut-il supprimer certains services publics qui seraient dépassés ou trop chers par rapport à leur utilité? À l’inverse, voyez-vous des besoins nouveaux de services publics et comment les financer?

 

Notre modèle social est aussi mis en cause. Certains le jugent insuffisant, d’autres trop cher en raison des cotisations qu’ils paient. L’efficacité de la formation comme des services de l’emploi est souvent critiquée. Le gouvernement a commencé à y répondre, après de larges concertations, à travers une stratégie pour notre santé, pour lutter contre la pauvreté, et pour lutter contre le chômage.

 

Comment mieux organiser notre pacte social? Quels objectifs définir en priorité?

Le deuxième sujet sur lequel nous devons prendre des décisions, c’est l’organisation de l’Etat et des collectivités publiques.

 Les services publics ont un coût, mais ils sont vitaux: école, police, armée, hôpitaux, tribunaux sont indispensables à notre cohésion sociale.

Y a-t-il trop d’échelons administratifs ou de niveaux de collectivités locales? Faut-il renforcer la décentralisation et donner plus de pouvoir de décision et d’action au plus près des citoyens? À quels niveaux et pour quels services?

Comment voudriez-vous que l’État soit organisé et comment peut-il améliorer son action? Faut-il revoir le fonctionnement de l’administration et comment?

Comment l’Etat et les collectivités locales peuvent-ils s’améliorer pour mieux répondre aux défis de nos territoires les plus en difficulté et que proposez-vous?

La transition écologique est le troisième thème, essentiel à notre avenir. Je me suis engagé sur des objectifs de préservation de la biodiversité et de lutte contre le réchauffement climatique et la pollution de l’air. Aujourd’hui personne ne conteste l’impérieuse nécessité d’agir vite. Plus nous tardons à nous remettre en cause, plus ces transformations seront douloureuses.

Faire la transition écologique permet de réduire les dépenses contraintes des ménages en carburant, en chauffage, en gestion des déchets et en transports. Mais pour réussir cette transition, il faut investir massivement et accompagner nos concitoyens les plus modestes.

Une solidarité nationale est nécessaire pour que tous les Français puissent y parvenir.

Comment finance-t-on la transition écologique: par l’impôt, par les taxes et qui doit être concerné en priorité?

Comment rend-on les solutions concrètes accessibles à tous, par exemple pour remplacer sa vieille chaudière ou sa vieille voiture? Quelles sont les solutions les plus simples et les plus supportables sur un plan financier?

Quelles sont les solutions pour se déplacer, se loger, se chauffer, se nourrir qui doivent être conçues plutôt au niveau local que national? Quelles propositions concrètes feriez-vous pour accélérer notre transition environnementale?

La question de la biodiversité se pose aussi à nous tous.

Comment devons-nous garantir scientifiquement les choix que nous devons faire à cet égard? Comment faire partager ces choix à l’échelon européen et international pour que nos producteurs ne soient pas pénalisés par rapport à leurs concurrents étrangers?

 

Enfin, il est évident que la période que notre pays traverse montre qu’il nous faut redonner plus de force à la démocratie et la citoyenneté. Être citoyen, c’est contribuer à décider de l’avenir du pays par l’élection de représentants à l’échelon local, national ou européen. Ce système de représentation est le socle de notre République, mais il doit être amélioré car beaucoup ne se sentent pas représentés à l’issue des élections.

Faut-il reconnaître le vote blanc? Faut-il rendre le vote obligatoire?

Quelle est la bonne dose de proportionnelle aux élections législatives pour une représentation plus juste de tous les projets politiques?

Faut-il, et dans quelles proportions, limiter le nombre de parlementaires ou autres catégories d’élus?

Quel rôle nos assemblées, dont le Sénat et le Conseil Economique, Social et Environnemental doivent-ils jouer pour représenter nos territoires et la société civile? Faut-il les transformer et comment?

En outre, une grande démocratie comme la France doit être en mesure d’écouter plus souvent la voix de ses citoyens.

Quelles évolutions souhaitez-vous pour rendre la participation citoyenne plus active, la démocratie plus participative?

Faut-il associer davantage et directement des citoyens non élus, par exemple tirés au sort, à la décision publique?

Faut-il accroître le recours aux référendums et qui doit en avoir l’initiative?

La citoyenneté, c’est aussi le fait de vivre ensemble.

Notre pays a toujours su accueillir ceux qui ont fui les guerres, les persécutions et ont cherché refuge sur notre sol: c’est le devoir de l’asile, qui ne saurait être remis en cause. Notre communauté nationale s’est aussi toujours ouverte à ceux qui, nés ailleurs, ont fait le choix de la France, à la recherche d’un avenir meilleur: c’est comme cela qu’elle s’est aussi construite. Or, cette tradition est aujourd’hui bousculée par des tensions et des doutes liés à l’immigration et aux défaillances de notre système d’intégration.

Que proposez-vous pour améliorer l’intégration dans notre Nation? En matière d’immigration, une fois nos obligations d’asile remplies, souhaitez-vous que nous puissions nous fixer des objectifs annuels définis par le Parlement? Que proposez-vous afin de répondre à ce défi qui va durer?

La question de la laïcité est toujours en France sujet d’importants débats. La laïcité est la valeur primordiale pour que puissent vivre ensemble, en bonne intelligence et harmonie, des convictions différentes, religieuses ou philosophiques. Elle est synonyme de liberté parce qu’elle permet à chacun de vivre selon ses choix.

Comment renforcer les principes de la laïcité française, dans le rapport entre l’Etat et les religions de notre pays? Comment garantir le respect par tous de la compréhension réciproque et des valeurs intangibles de la République?

 

 

Dans les semaines qui viennent, je vous invite à débattre pour répondre à ces questions déterminantes pour l’avenir de notre nation. Je souhaite aussi que vous puissiez, au-delà de ces sujets que je vous propose, évoquer n’importe quel sujet concret dont vous auriez l’impression qu’il pourrait améliorer votre existence au quotidien.

Ce débat est une initiative inédite dont j’ai la ferme volonté de tirer toutes les conclusions. Ce n’est ni une élection, ni un référendum. C’est votre expression personnelle, correspondant à votre histoire, à vos opinions, à vos priorités, qui est ici requise, sans distinction d’âge ni de condition sociale. C’est, je crois, un grand pas en avant pour notre République que de consulter ainsi ses citoyens. Pour garantir votre liberté de parole, je veux que cette consultation soit organisée en toute indépendance, et soit encadrée par toutes les garanties de loyauté et de transparence.

C’est ainsi que j’entends transformer avec vous les colères en solutions.

Vos propositions permettront donc de bâtir un nouveau contrat pour la Nation, de structurer l’action du Gouvernement et du Parlement, mais aussi les positions de la France au niveau européen et international. Je vous en rendrai compte directement dans le mois qui suivra la fin du débat.

Françaises, Français, je souhaite que le plus grand nombre d’entre vous puisse participer à ce grand débat afin de faire œuvre utile pour l’avenir de notre pays.

En confiance,

Emmanuel Macron »

Lettre de Macron : trop long et trop court à la fois, surtout très réducteur de la problématique

Lettre de Macron : trop long et trop court à la fois,  surtout très réducteur de la problématique

 

«On se demande pourquoi il a fallu attendre autant de temps pour aboutir à un texte aussi médiocre, aussi réducteur et presque simpliste par endroit. Un texte élaboré sans doute par plusieurs énarques qui donnent une idée du niveau pitoyable des hauteurs dont Macron. Concernant l’organisation du grand débat,  c’est la confirmation du grand flou artistique et la démonstration que les auteurs ont bien peu d’expérience sociale et politique. Pour simplifier, le grand débat aura lieu mais sans animateur (brève allusion sans savoir qui ils seront). Bref sans animateur, le débat se réduira un simple dépôt et juxtaposition de revendications voire à une discussion de bistrot confuse et contradictoire qui permettra de renforcer le pouvoir central et sa verticalité. La plus grande insuffisance réside dans la confusion la plus totale entre les fonctions de l’État et la manière de les prendre en charge. La confusion classique entre le concept de service public, les organismes chargés de l’assumer et même le statut du personnel. Bref, une lettre qui devrait réjouir quand même les corpos qui entretiennent cette confusion afin protéger leur statut sous le parapluie de l’intérêt général. Dans son texte pour illustrer son propos, Macron pose  une trentaine de questions encore une fois très réductrice de la problématique. Sur la transition écologique, Macron n’envisage que la stratégie fiscale pour réguler ne faisant même aucune allusion à la régulation par les  normes et l’offre industrielle. Or on pourra mettre toutes les taxes qu’on veut s’il n’y a pas d’offre industrielle alternative il n’y aura  pas de changement de comportement des consommateurs. Dernier point concernant la citoyenneté, réduite à son état le plus primitif,  à savoir: le dépôt d’un bulletin de vote lors des échéances électorales, point, c’est tout ! Aucune proposition d’association à l’évaluation des politiques publiques, aucune proposition ou interrogation sur la nécessité d’associer les salariés vis-à-vis l’entreprise, les citoyens vis-à-vis des élus ou les administrés vis-à-vis des grandes administrations. C’est la confirmation d’une vision néandertalienne de la démocratie. Dernier point concernant la fiscalité, Macron réaffirme le cadre du débat : pas question de revenir sur les décisions déjà prises et notamment sur l’impôt sur la fortune. Bref on se prépare à un débat confus, réducteur et presque caricatural compte tenu notamment des conditions d’organisation.

 

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