Archive pour le Tag 'l’endettement'

Immobilier : un taux d’usure qui fait doubler le montant de l’endettement en 10 ans

Immobilier : un taux d’usure qui fait doubler le montant de l’endettement en 10 ans

Le taux usure au-delà duquel pour l’instant des banques ne peuvent traiter va mécaniquement s’il est appliqué faire doubler le montant de l’endettement en disant. En clair avec l’inflation toujours galopante entre parenthèse environ 5 % sur un an) les taux d’intérêt augmentent et la somme réellement empruntée diminue. Ainsi un candidat à l’accession à la propriété qui pouvait emprunter 200 000 € devra se contenter de 150 000 € avec les charges nouvelles d’intérêt. Conséquence aussi les champs d’insolvabilité des futurs emprunteurs ne cessent de se réduire au point que l’accession à la propriété ne sera désormais possible que pour les cadres. Pour redonner une certaine solvabilité et relancer le logement, il faudrait que les prix diminuent de 25 % !

Le taux d’usure continue son inexorable ascension et se rapproche désormais des 6 %. Ce taux plafond au-delà duquel les banques n’ont pas le droit de prêter est fixé à 5,8 % à partir du 1er octobre pour un crédit immobilier sur 20 ans et plus, selon les données publiées au « Journal Officiel » ce vendredi. Une hausse spectaculaire puisqu’il était encore à 3,57 % en janvier et qu’il n’a passé les 5 % que cet été .

La problématique de l’endettement au sein de l’union européenne

La problématique de l’endettement au sein de l’union européenne ?

Par Gabriel Gaspard, Chef d’entreprise à la retraite, spécialiste en économie financière.( dans la Tribune)


Une contribution intéressante pour faire l’analyse de la situation actuelle concernant l’endettement au sein de l’union européenne mais un peu courte sur Le concept de la « technologie verte  » NDLR

L’économie de l’UE devrait échapper à la récession en 2023, mais elle reste exposée à une croissance faible pour 2023 à 0,8% pour l’UE et à 0,9% pour la zone euro. Avec une inflation prévue à 8,5%, l’Europe évitera peut-être une récession mais la stagflation (faible croissance avec une forte inflation) guette l’économie européenne. Avec une explosion des dettes européennes et la frénésie de dépenses de la Commission européenne, « ceci expose les finances de l’UE à des risques et des défis colossaux »… »Entre la guerre d’agression menée contre l’Ukraine, la pénurie d’énergie, la pandémie de coronavirus et le changement climatique, l’UE est contrainte de jouer sur plusieurs tableaux en même temps pour amortir les effets d’une série de crises sans précédent », a déclaré Tony Murphy, Président de la Cour des comptes européenne.

L’accord entre les 27 pays européens a permis à la Commission européenne, dans le cadre du programme NGEU, d’emprunter 750 milliards d’euros pour construire une Europe plus verte, plus numérique et plus sociale. Cette dette commune sera remboursée sur 30 ans entre 2028 et 2058. La Commission européenne va émettre plusieurs obligations à long terme avec des taux qui peuvent s’envoler avec l’inflation et les décisions de politiques monétaires. L’Europe va-t-elle financer ce plan de relance ou les citoyens vont-ils le rembourser ? Rien n’est sûr encore. La Commission va proposer d’ici fin 2023 aux États membres, de nouvelles ressources propres en plus des 25% des recettes provenant du système d’échange de quotas d’émissions de l’UE, des 75% des recettes du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières et une partie du futur impôt mondial sur les multinationales.

Avec l’adoption du plan IRA américain, un programme de soutien à l’économie américaine promulgué le 16 août 2022 d’un montant de 360 milliards de dollar, l’UE craint que les États-Unis captent les nouvelles usines d’énergie propre (panneaux solaires, etc.). La Commission européenne prévoit de concurrencer cette loi par un pacte vert industriel. Bien que le nouveau plan n’implique peut-être pas encore de nouveaux emprunts, il propose un nouveau « fonds de souveraineté européenne » pour investir dans les technologies vertes. La commission ne détaille pour le moment ni son montant ni son financement. En attendant le pacte vert reposera sur les enveloppes et instruments existants : InvestEU, REPowerEU, etc. Comme le NGEU le problème majeur reste le manque de clarté : qui supportera le coût de cette nouvelle dette ?

La dette totale des pays de l’UE s’élève à 12 987 214 milliards d’euros, soit environ 29 000 euros par citoyen. L’endettement de la France est à 112,80% de son PIB. La France vient après la Grèce à 194,50%, l’Italie à 150,30%, le Portugal à 125,50% et l’Espagne à 118,30%. Les dettes publiques sont aujourd’hui nettement plus élevées qu’avant la pandémie. La hausse des taux directeurs de la Banque centrale européenne BCE, pour limiter l’inflation, va encore renchérir les taux des obligations des États, limitant leurs potentiels d’endettement. Avec la flambée des prix, les nécessaires dépenses pour la transition écologique et la guerre en Ukraine, tous les membres de l’UE seront obligés d’augmenter leurs dépenses. Ils devront recourir à de nouveaux emprunts à défaut d’augmenter de manière significative le poids des impôts. En matière de finances publiques, le plus sage et le plus juste est de s’abstenir d’augmenter les dépenses et les dettes afin d’éviter, comme la Grande-Bretagne, d’effrayer les investisseurs. Dans la situation où plusieurs pays européens se sont placés, avec des dettes colossales et une fiscalité très forte, la Commission européenne ne devrait plus lever d’autres milliards en mettant à contribution les États membres. Il faut noter que l’article 311 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne stipule clairement que l’UE doit se financer « entièrement sur ses ressources propres ».

Depuis la pandémie, la BCE contrôle de plus en plus les marchés avec les rachats d’énormes volumes d’obligations. Son bilan gonfle et devient brûlant : son dernier bilan consolidé est d’environ 8 800 milliards d’euros, avec 5 000 milliards d’obligations d’États et d’entreprises et un stock de 2 000 milliards de prêts à long terme aux banques. Pour la première fois depuis 2004, la Banque centrale européenne a affiché un profit nul et évite une perte potentielle. Derrière cette situation nous avons les profits du système financier.
La politique monétaire ultra-accommodante, menée depuis plusieurs années et pendant la pandémie, a créé un volume énorme de liquidités. Une grande partie de ces liquidités est encore placée à la BCE par les Banques et les établissements financiers et rémunérée par les Banques centrales nationales. Le taux de rémunération des dépôts est aujourd’hui à 2,50%. Plus le taux de rémunération augmente et plus les Banques sont assurées de profits garantis et ne soutiennent plus le financement des économies européennes.

Relance européenne et risque de faillites due à des prêts « non performant » :
« 1.400 milliards d’euros de prêts ne sera probablement pas remboursé d’après la BCE ». La commissaire européenne des Finances était auditionnée le 05 mars 2021 au Sénat par les commissions des Finances et des Affaires européennes. Elle a précisé la ligne de conduite de la Commission et de la BCE : « le secteur financier a aidé à minimiser la crise et nous avons besoin de maintenir ce flot de crédits aux entreprises et aux ménages. 1.400 milliards d’euros de prêts seraient non performants d’après la BCE et le ratio reste stable et nous devons éviter une croissance de prêts non performants dans le bilan des banques, c’est pourquoi nous avons adopté un plan d’action sur les prêts non performants en décembre 2020″.

Les États apprécient l’inflation car les emprunts à long terme seront remboursés à un coût réel inférieur. Pour les consommateurs, l’inflation érode le pouvoir d’achat. Selon la BCE elle-même, les salaires devraient augmenter de 4,5% en 2022 et de 5,2% en 2023. Pendant ce temps l’inflation prévue en 2023 sera de 8,5%. Pour la France selon l’OFCE : « le pouvoir d’achat par unité de consommation (UC) se réduirait entre -1,2 % et -2,0 % entre la fin 2021 et la fin 2023 selon les scénarios d’emploi et de dynamique salariale retenus pour 2023″.

L’endettement de l’Europe nuit à la croissance. Avec les risques monétaires et énergétiques les entreprises préfèrent baisser leur coûts (salaires, embauches, etc.) et décaler leurs investissements plutôt qu’amputer leurs profits ou relever leurs prix de vente. Pour les ménages, elles vont anticiper une augmentation future de leurs impôts et épargner plus. Pour l’État les recettes fiscales perçues diminuent. C’est le déficit conjoncturel qui se creuse et certaines dépenses publiques auraient plutôt tendance à augmenter notamment en raison de la hausse du chômage et des prestations sociales. Comme en France, pour réduire leurs endettements, les gouvernements se lancent dans des réformes structurelles : réforme de l’assurance chômage, des retraites, etc. Toutes ces réformes seront faites pour améliorer les comptes de l’État aux dépens des avantages sociaux.

La zone euro s’est installée après la crise financière de 2009 dans un marasme prolongé. Avec une inflation faible et une croissance lente, la part de l’investissement au sens de la comptabilité nationale a reculé dans l’ensemble des pays européens. L’investissement public a connu une baisse importante jusqu’en 2016. De 2019 à 2021, rapporté au PIB, il a augmenté de 0,5 point en moyenne. Pour les investissements verts, l’Europe de demain vient juste de prendre la route.

L’Europe peut maitriser l’inflation grâce à la technologie verte. La technologie verte permettra à de plus nombreuses entreprises et industries de franchir un point de résilience. La production de biens et de services pourrait ainsi évoluer plus rapidement que la demande des consommateurs. Le prix de ces biens ne devrait pas augmenter même si la demande augmente. Il devient plus facile de satisfaire la demande du marché pour des produits novateurs et écologiques. Autrement dit, si l’offre du bien peut toujours répondre à la demande, il n’ y aura pas de place pour l’inflation. En ce qui concerne les endettements publiques, il est préférable d’utiliser immédiatement l’épargne des ménages européens pour investir au lieu d’emprunts bancaires pour une relance durable écologique et sociale.

Gabriel Gaspard

Présidentielle -Macron-Le Pen: le même oubli de l’endettement

Présidentielle -Macron-Le Pen: le même oubli de l’endettement

 

Fin 2021, le déficit et la dette publics représentaient 6,5 % et 112,9 % (2 813 milliards d’euros) de la richesse nationale. Or, les candidats ont éludé le sujet de la maîtrise de l’endettement, devenu l’impensé de la campagne présidentielle, observe Jean-Michel Bezat, journaliste au « Monde », dans sa chronique.

 

Chronique.  

 

C’était devenu une tradition, presque un héritage politique. A chaque alternance, sa « commission du bilan ». L’exercice avait commencé en 1981, quand François Mitterrand avait confié l’audit des années Giscard-Barre à un haut fonctionnaire irréprochable : François Bloch-Lainé. Les conclusions de l’ancien directeur du Trésor déçurent ceux qui, à gauche, attendaient une condamnation sans appel du septennat précédent. « Si nous avons été nuancés dans notre bilan, confiait-il alors au Mondece n’est pas par prudence mais par conviction. La réalité est nuancée. »

Suivirent d’autres commissions : en 1993, avec le retour de la droite au pouvoir, et en 1997, après l’arrivée du socialiste Lionel Jospin à Matignon ; puis celle de son successeur chiraco-libéral Jean-Pierre Raffarin, en 2002. La Cour des comptes prit le relais, en 2012 et 2017, au début des quinquennats de François Hollande et d’Emmanuel Macron.

Quel que soit le président élu cette année, et qu’il y ait un bilan ou non, il devra adresser très vite à Bruxelles sa trajectoire financière. En 2017, la Cour avait sans attendre souligné le manque de « sincérité » des prévisions gouvernementales. Le diagnostic était juste, puisque les dépenses de l’Etat (hors Covid-19) ont dépassé de 65 milliards d’euros la prévision initiale, selon les calculs du Sénat.

Fin 2021, le déficit et la dette publics représentaient 6,5 % et 112,9 % (2 813 milliards d’euros) de la richesse nationale ; le service de la dette reste le troisième poste de dépenses de l’Etat (38,4 milliards d’euros), derrière l’éducation et la défense ; le « trou » de la Sécurité sociale a été de 24,6 milliards en 2021, après 38,4 milliards d’euros en 2020, et il faudra au moins dix ans pour remettre ses compteurs à zéro. Et puis, à quoi bon une commission ad hoc ? La Cour des comptes va poursuivre son œuvre de transparence… sans que ses mises en garde soient suivies d’effets.

Depuis trois ans, la France vit en apesanteur financière. Les Français baignent dans un doux irénisme. L’argent est devenu magique. Le débat sur la rigueur – ne parlons pas d’austérité – n’est plus de saison, et les candidats ont éludé le sujet de la maîtrise de la dette, devenu l’impensé de la campagne présidentielle. Marine Le Pen n’en a pas fait une priorité. Le mot ne figure pas dans la « Lettre aux Français » d’Emmanuel Macron. Même Eric Woerth, président de la commission des finances de l’Assemblée nationale, naguère vigie sourcilleuse de la dérive des comptes publics, s’est fait discret depuis son départ du parti Les Républicains (LR) et son ralliement au chef de l’Etat.

 

Macron-Le Pen: le même oubli de l’endettement

Macron-Le Pen: le même oubli de l’endettement

 

Fin 2021, le déficit et la dette publics représentaient 6,5 % et 112,9 % (2 813 milliards d’euros) de la richesse nationale. Or, les candidats ont éludé le sujet de la maîtrise de l’endettement, devenu l’impensé de la campagne présidentielle, observe Jean-Michel Bezat, journaliste au « Monde », dans sa chronique.

 

Chronique. 

 

C’était devenu une tradition, presque un héritage politique. A chaque alternance, sa « commission du bilan ». L’exercice avait commencé en 1981, quand François Mitterrand avait confié l’audit des années Giscard-Barre à un haut fonctionnaire irréprochable : François Bloch-Lainé. Les conclusions de l’ancien directeur du Trésor déçurent ceux qui, à gauche, attendaient une condamnation sans appel du septennat précédent. « Si nous avons été nuancés dans notre bilan, confiait-il alors au Mondece n’est pas par prudence mais par conviction. La réalité est nuancée. »

Suivirent d’autres commissions : en 1993, avec le retour de la droite au pouvoir, et en 1997, après l’arrivée du socialiste Lionel Jospin à Matignon ; puis celle de son successeur chiraco-libéral Jean-Pierre Raffarin, en 2002. La Cour des comptes prit le relais, en 2012 et 2017, au début des quinquennats de François Hollande et d’Emmanuel Macron.

Quel que soit le président élu cette année, et qu’il y ait un bilan ou non, il devra adresser très vite à Bruxelles sa trajectoire financière. En 2017, la Cour avait sans attendre souligné le manque de « sincérité » des prévisions gouvernementales. Le diagnostic était juste, puisque les dépenses de l’Etat (hors Covid-19) ont dépassé de 65 milliards d’euros la prévision initiale, selon les calculs du Sénat.

Fin 2021, le déficit et la dette publics représentaient 6,5 % et 112,9 % (2 813 milliards d’euros) de la richesse nationale ; le service de la dette reste le troisième poste de dépenses de l’Etat (38,4 milliards d’euros), derrière l’éducation et la défense ; le « trou » de la Sécurité sociale a été de 24,6 milliards en 2021, après 38,4 milliards d’euros en 2020, et il faudra au moins dix ans pour remettre ses compteurs à zéro. Et puis, à quoi bon une commission ad hoc ? La Cour des comptes va poursuivre son œuvre de transparence… sans que ses mises en garde soient suivies d’effets.

Depuis trois ans, la France vit en apesanteur financière. Les Français baignent dans un doux irénisme. L’argent est devenu magique. Le débat sur la rigueur – ne parlons pas d’austérité – n’est plus de saison, et les candidats ont éludé le sujet de la maîtrise de la dette, devenu l’impensé de la campagne présidentielle. Marine Le Pen n’en a pas fait une priorité. Le mot ne figure pas dans la « Lettre aux Français » d’Emmanuel Macron. Même Eric Woerth, président de la commission des finances de l’Assemblée nationale, naguère vigie sourcilleuse de la dérive des comptes publics, s’est fait discret depuis son départ du parti Les Républicains (LR) et son ralliement au chef de l’Etat.

 

Crise de l’endettement mondial : la solution par l’inflation et de faibles taux de l’épargne

Crise de l’endettement mondial : la solution par l’inflation et de faibles taux de l’épargne
Bertrand Jacquillat  vice-président du Cercle des économistes et senior advisor de J. de Demandolx Gestion relativise l’importance de l’endettement mondial et évoque plusieurs pistes notamment  » une certaine dose d’inflation » et une faible rémunération de l’épargne. (dans l’Opinion , extrait)

Le  très sérieux Institute of International Finance de Washington vient de publier un certain nombre de statistiques susceptibles de donner le tournis. Selon l’IFF, l’endettement global mondial (public et privé) aurait atteint un niveau record de 296 000 milliards de dollars à fin juin 2021, comparé à 270 900 milliards de dollars un an plus tôt, avec une répartition par quart à peu près égalitaire entre la dette des Etats, des entreprises non financières, du secteur financier, et des ménages. Ce montant représente 353 % du PIB mondial, en hausse de près de 10 % par rapport à la période pré- pandémie où il était de 333 %.

Alors que faire ? Comme le rappellent Carmen Reinhart et Belen Sbrancia dans un papier de recherche du FMI The liquidation of government debt, historiquement, cinq méthodes ont été utilisées pour réduire l’endettement des Etats, certaines plus violentes que d’autres, comme celle des politiques d’austérité. Les situations des quatre pays évoqués plus haut, qui ne semblent pas près de prendre cette direction, illustrent le fait que mener de telles politiques n’est pas facile, et peut être même dangereux.

Encore plus violent, et souvent un mal nécessaire préalable aux politiques d’austérité, est le défaut de paiement, illustré par le sauvetage de la Grèce et sa restructuration financière à la suite de la crise de l’euro en 2011. Une autre raison pour laquelle les investisseurs gardent une certaine sérénité est, curieusement, qu’ils ont de la mémoire. L’histoire financière du XXe siècle montre que l’évolution de l’endettement des nations peut aller dans les deux sens : augmenter comme on l’observe à partir des années 1980, mais aussi diminuer, comme ce fut le cas à la suite de la Seconde Guerre mondiale. Du niveau de plus de 90 % qu’il avait atteint, le ratio d’endettement au PIB mondial baissa régulièrement après la guerre pour revenir à 30 % à la fin des années 1970.

La croissance économique est pour beaucoup dans cette évolution ; mais la répression financière y a aussi contribué. Très en vogue dans les pays émergents, elle a été aussi pratiquée au sein des pays développés, aux Etats-Unis comme en France, au sortir de la Seconde Guerre mondiale et jusqu’au début des années 1980. La répression financière requiert principalement deux ingrédients, une dose significative d’inflation et une limite supérieure des taux d’intérêt servis aux épargnantsde sorte que ceux-ci soient inférieurs au taux d’inflation. Elle correspond à une taxe implicite sur les créanciers et un transfert de richesse des créanciers vers les débiteurs, qui est d’autant plus élevé que la différence entre les deux est importante.

C’est la stratégie actuelle implicite des banques centrales que celles-ci semblent vouloir prolonger, mais sous une forme très atténuée dans le sens de la neutralité et non de la répression financière, avec des taux d’intérêt les plus bas possible et proches de zéro, voisins du taux d’inflation.

Il y a enfin celle principalement employée après la Seconde Guerre mondiale, la croissance économique tout simplement, qui a donné lieu aux fameuses Trente glorieuses en France. C’est d’ores et déjà le processus implicitement à l’œuvre depuis le début de l’année, puisque le ratio d’endettement mondial actuel de 353 % évoqué plus haut est inférieur à son plus haut de 362 % atteint en mars 2021, grâce au fort rebond économique.

Et si une telle situation devait perdurer entraînant une diminution naturelle et progressive de l’endettement mondial : une croissance économique élevée avec des taux d’intérêt et d’inflation très faibles ? C’est l’analyse que nous avons présentée dans nos deux précédentes chroniques. L’une mettait en avant les progrès de productivité provoqués par les innovations technologiques impactant directement ou indirectement tous les domaines d’activité, et qui dopent durablement la croissance. L’autre montrait en quoi les perspectives démographiques et de répartition des revenus tiraient les taux d’intérêt et les taux d’inflation vers le bas.

Dans de telles perspectives, le niveau d’endettement mondial est certes préoccupant, car des accidents, par nature imprévisibles, peuvent venir contrarier ce scénario. Mais il n’est pas inquiétant. Notre prochaine chronique achèvera cette tétralogie. On l’aura compris, elle ne traitera pas du crépuscule des marchés d’actions.

Bertrand Jacquillat est vice-président du Cercle des économistes et senior advisor de J. de Demandolx Gestion.

Le risque de l’endettement public

Le risque de l’endettement public

Quatre économistes nord-américains observent dans une tribune au « Monde » que, à taux d’exposition à l’épidémie égal, les primes de risque souverain augmentent plus fortement dans les Etats déjà endettés

 

Tribune.

 

Au cours de la dernière décennie, des économistes comme le Prix Nobel 2008, Paul Krugman, ont exhorté les Etats à augmenter toujours davantage l’emprunt public. Mais une dette trop importante peut devenir un vrai problème. Il semble en effet, en particulier en période de crise, que les nations au budget trop tendu risquent davantage d’être pénalisées par les marchés financiers et de subir une augmentation de leurs coûts d’emprunt. Et cela a bien sûr des conséquences importantes sur la politique budgétaire.

Nous avons étudié trente pays développés en Amérique, en Europe et dans la région Asie-Pacifique, ainsi que 23 Etats des Etats-Unis, pour mesurer l’effet direct de la propagation de la pandémie de Covid-19 sur les coûts d’emprunt des gouvernements (« In Sickness and in Debt : The COVID-19 Impact on Sovereign Credit Risk », 18 janvier 2021, document de travail, non publié).

Nous avons utilisé des données du marché des credit default swaps (CDS) [couverture de risque de crédit] pour connaître l’évolution du coût d’emprunt de chaque Etat : les primes CDS augmentent et diminuent fréquemment à mesure que les investisseurs changent d’opinion sur les risques perçus de prêts à certains Etats. Notre étude s’est étendue du 1er janvier 2020, lorsque l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis en place son cadre d’action d’urgence, au 18 mai 2020, lorsqu’un fonds de relance de l’Union européenne (UE) de 500 milliards d’euros a été proposé.

Les discriminations du marché

Selon notre étude, les pays sous contrainte budgétaire risquent beaucoup plus de subir une forte augmentation de leurs coûts d’emprunt que les pays moins endettés début 2020. Ce phénomène reste vrai même pour deux pays présentant un niveau d’infection de Covid-19 similaire.

Prenons par exemple le Portugal et l’Allemagne. Ces deux pays ont été confrontés à des chocs économiques très similaires, en matière de nombre de cas de Covid-19 pendant la première vague de la pandémie, mais le marché a sanctionné le Portugal beaucoup plus sévèrement que l’Allemagne, au niveau des coûts de service de la dette. De même, l’Italie et la Suisse comportaient des proportions presque identiques de cas de Covid-19, mais le coût de la dette publique en Suisse est resté pratiquement inchangé tout au long de l’année 2020, alors que celui de l’Italie a considérablement augmenté.

Cette étude a mesuré le niveau de « capacité budgétaire » à partir de nombreuses données économiques, notamment la notation de la dette de l’Etat, les taux de chômage, le PIB et les niveaux d’endettement, ainsi que d’autres indicateurs économiques pertinents. Pour mesurer l’état de préparation d’un pays à gérer la pandémie, nous avons tenu compte des données démographiques, du nombre de médecins pour 1 000 habitants et des dépenses en soins de santé.

La question de l’endettement public est hors sujet ?

La question de l’endettement public est hors sujet ?

Par Anton Brender ,chef économiste de Candriam Investors Group, considère dans les Échos que la question de l’endettement est hors sujet.( Cette simplification du débat n’est sans doute pas sans arrière-pensée, elle se complique quand les propositions viennent aussi bien de la gauche que des milieux financiers ; certains milieux financiers voient d’un bon œil une sorte de dette  perpétuelle  st sans limite qui assurerait une rente permanente au système bancaire NDLR)

 

La chronique d’Anton  Brender

 

Depuis bientôt un an l’Etat emprunte massivement pour aider ceux dont l’activité est entravée par les mesures prises pour contenir la pandémie. Qu’il n’ait pas hésité à le faire est une bonne chose. Son endettement croissant n’en suscite pas moins de vives inquiétudes. Qui va payer ces dettes ? Pourquoi la Banque centrale européenne (BCE) n’annulerait-elle pas celles qu’elle détient ? Le débat qui s’est engagé est nourri. Trop peut-être.

Car, il faut le rappeler, un Etat ne doit pas rembourser ses dettes : il doit seulement rester toujours capable d’en payer la charge d’intérêts. Or, s’il est vrai que le poids de notre dette publique n’a cessé de monter pour dépasser aujourd’hui celui de notre PIB, le poids de sa charge d’intérêts a été lui divisé par trois depuis le milieu des années 1990, pour tomber à moins d’un point de PIB ! Si la dette ne doit pas être remboursée et qu’actuellement nous nous endettons à des taux qui n’alourdiront pas notre charge d’intérêt, pourquoi nous battre pour obtenir de la BCE qu’elle tire un trait sur les titres d’Etat qu’elle détient ?

 

 

Choisir entre l’écroulement de l’économie et l’endettement excessif

Choisir entre l’écroulement de l’économie et l’endettement excessif

 

Si le plan de relance de 100 milliards d’euros annoncé par l’Etat pour faire face aux conséquences de la pandémie est bien calibré, il reflète néanmoins un pari sur l’avenir, prévient dans sa chronique au Monde l’économiste Jean Pisani-Ferry

 

Chronique. Personne n’imaginait il y a six mois que l’Etat puisse engager 100 milliards dans un programme de relance. De l’annonce qui vient d’être faite, c’est d’abord cet effort massif qu’il faut retenir : de l’ordre de quatre points de PIB, en principe sur deux ans. Le plan est à la mesure de la commotion subie par l’économie. Il est, aussi, crédible, parce qu’il s’agit essentiellement de dépenses publiques et de baisses d’impôts pérennes, financées les unes et les autres par endettement, et non pas d’un de ces affichages associant recyclage de lignes budgétaires existantes et enveloppe de prêts à des conditions voisines de celles du marché. Comme au printemps, avec la réponse économique d’urgence au choc sanitaire, le calibrage est bon.

Ce plan reflète néanmoins des choix, et ceux-ci méritent discussion. Le plus saillant est à l’évidence celui de l’investissement. Sur les 100 milliards, quelque 55 milliards lui sont directement consacrés, auxquels il faut ajouter les 20 milliards de baisse des impôts de production et les 3 milliards pour les fonds propres des entreprises, dont la finalité est la même. A l’évidence, l’exécutif est habité par une double conviction : cette crise doit être l’occasion d’engager le pays dans la transition écologique ; il faut immédiatement contrer la menace d’un affaissement économique et industriel persistant. Ces deux priorités se conjuguent d’ailleurs l’une avec l’autre à travers le choix de soutenir la décarbonisation des sites industriels et le développement des technologies vertes.

Sur ces deux points, le gouvernement a raison. En France comme ailleurs, l’irruption de la pandémie a été un révélateur des vulnérabilités de l’anthropocène. Elle a précipité la prise de conscience de ce que l’urgence climatique appelle un changement de trajectoire. Parallèlement, le choc a mis au jour la fragilité d’une économie nationale en voie de marginalisation sur ses points forts d’hier, comme l’automobile ou la pharmacie, et brutalement privée de perspectives dans des domaines d’excellence comme l’aéronautique ou le tourisme. Le risque d’une contraction de notre potentiel économique l’emporte sur celui d’un endettement public excessif.

A certains égards, le plan de relance apparaît d’ailleurs court. Trois milliards pour renforcer les fonds propres des PME, c’est peu, car les entreprises ont subi un choc très violent : selon l’Insee, leurs profits (l’excédent brut d’exploitation) ont chuté de 43 milliards au deuxième trimestre et, en dépit de coupes claires dans les investissements, leur besoin de financement a augmenté de 27 milliards. Bien sûr, elles ont largement fait usage des prêts garantis par l’Etat, ce qui leur a permis d’améliorer leur trésorerie. Mais, si les problèmes de liquidités ont été ainsi traités, les problèmes de solvabilité demeurent. Une litanie de faillites va émailler les mois à venir, avec une amplification probable au printemps, à l’échéance du prêt garanti. Pour indemniser les PME des coûts fixes encourus pendant le confinement, l’Allemagne a prévu 25 milliards. Certes, il est possible de faire à moins, en faisant participer les créanciers bancaires au sauvetage des entreprises viables, mais l’ampleur du sujet ne doit pas être sous-estimée.

Les limites de l’endettement

Les limites de l’endettement

Le chef économiste de Natixis  remet les pendules à l’heure sur les concepts économiques et sur les limites de l’endettement dans le Monde. Un point de vue  en opposition avec celui de  certains qui proposent un endettement illimité et perpétuel.

« Ce que tous les pays ont fait, c’est finalement de compenser tant que possible la perte de revenus des entreprises et des ménages par le déficit public. Quand on prend l’ensemble de l’OCDE [Organisation de coopération et de développement économiques], l’augmentation du déficit public est du même ordre que la perte du revenu national, le PIB. Cet effort conduit à un déficit public gigantesque.

Il sera sans doute à 10 % du PIB en France, voire plus. Aux Etats-Unis, on est déjà à 19 %. Cela compense deux mois de confinement. On voit bien que, même si ce déficit est financé en réalité par de la création monétaire, il y a quand même une limite, et donc on arrive avec deux mois de confinement au chiffre de déficit le plus élevé qu’on puisse imaginer – si on avait quatre mois de confinement, on devrait faire 20 % de déficit public en France et 40 % aux Etats-Unis et là, ça ne marche plus. »

Tout simplement parce que la monnaie n’est qu’une convention pour représenter une richesse nationale. Lorsque le décalage entre le volume d’émission monétaire et la richesse nationale devient énorme le système explose et se traduit par une perte de valeur de la représentation monétaire entraînant une hausse des taux d’intérêt et de l’inflation et réciproquement.

 

Les taux d’intérêt vont faire éclater l’endettement mondial

Les taux d’intérêt vont faire éclater l’endettement mondial

 

 

, l’endettement mondial doit représenter autour de 300 % du PIB (total de la richesse nationale annuelle) soit autour de 100 000 € dollars par habitant. Il s’agit de la dette cumulée des Etats, des entreprises et des particuliers ;  une dette très supérieure au niveau de celles atteintes avant la crise de 2007. Or précisément c’est cette crise de 2007 qui avait conduit les banques centrales à engager des politiques très accommodantes visant en fait à faire tourner la planche à billets. Malheureusement,  cette stratégie monétaire n’a pas permis de réaliser les assainissements structurels nécessaires et n’a fait qu’entretenir les facteurs explicatifs de la crise. En déversant des tonnes de liquidités partout les banques centrales ont rendu possible un endettement accru. Aujourd’hui les banques centrales sont un peu coincées car si elle revenait brutalement sur ses politiques accommodantes elle ferait éclater le système. D’une certaine façon,  on soutient donc par exemple tout à fait artificiellement des marchés financiers et notamment les marchés d’actions dont les hausses spectaculaires ne sont nullement justifiés. L’argent facile permet par ailleurs de maintenir sous oxygène certain des acteurs qui viennent ainsi perturber les conditions concurrentielles. L’argent facile n’encourage nullement les Etats à se désendetter ce qui serait possible en substituant des prêts à faible intérêt aux anciens près très coûteux. Certes les Etats comme tous les autres acteurs le font mais parallèlement empruntent toujours plus de sorte que le déséquilibre budgétaire ne se réduit ne pas voire augmente. Aujourd’hui la situation est tellement paradoxale que certains taux d’intérêt sont négatifs. C’est-à-dire que les prêteurs acceptent de perdre de l’argent pour placer leurs fonds mais sont davantage persuadés qu’ils seront remboursés quand le grand réajustement monétaire ce produira. Il est toujours difficile de faire des scénarios et de prévoir quel type de crise (obligataire, marché des actions, chute de croissance, marché de l’immobilier etc.) interviendra et quand. Ce qui est certain par contre, c’est que la course à l’endettement ne peut pas continuer et qu’un Krach y mettra fin car cette dette est impossible à rembourser totalement.  La crise passera aussi par des ajustements monétaires qui rapprocheront les valeurs des monnaies des richesses réelles d’un pays. De ce point de vue, il y a tout lieu de s’inquiéter pour la France en particulier qui figure parmi les pays les plus endettés

 




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