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Une l’élite politique de réseaux parisiens

Une  l’élite politique de réseaux parisiens

Juste titre, Carroll Delga critique sévèrement la manière dont fonction de monde politique en France qui s’appuie essentiellement sur des réseaux d’élites parisiennes. Cela vaut évidemment pour le gouvernement mais aussi pour le parti socialiste auquel elle appartient. À cet égard il faut signaler que le seul candidat ouvrier du parti socialiste se trouve en 42e position sur la liste des élections européennes. Ou quand le PS suit le chemin et le sort de la SFIO, en pire.

Dans un entretien à Dimanche Ouest-France, la présidente de la région Occitanie accuse le nouveau gouvernement d’atteindre des sommets de «parisianisme».

«J’ai connu ce parisianisme des élites issues des beaux quartiers de la capitale. Je le trouvais difficilement supportable, il constituait une sorte d’entrave à l’exercice du pouvoir, mais là, franchement, on atteint des sommets», déclare-t-elle. «Un fossé s’est creusé, presque un gouffre, entre des dirigeants qui ont fréquenté les mêmes écoles, et le reste du peuple. Cette fracture nourrit les incompréhensions, les injustices, les colères et donc le Rassemblement national», juge-t-elle. «En face de la petite élite qui va bien et fonctionne en réseau, vous avez la majorité qui se sent enfermée, figée dans sa condition».

Selon Carole Delga, ce fossé n’épargne pas la gauche. La liste proposée par les socialistes aux européennes ne lui paraît ainsi «pas assez représentative de la population française». Elle critique aussi «certains à gauche qui stigmatisent le monde rural en présentant celui qui n’a d’autres choix que de prendre sa voiture le matin comme un affreux pollueur»«On aide à l’achat de véhicules électriques, on encourage les mobilités décarbonées, mais on aura toujours besoin de routes pour désenclaver les territoires. Arrêtons le dogmatisme théorique», clame la politique, confrontée dans sa région à l’opposition des écologistes à l’autoroute A69 Toulouse-Castres.

 

Démocratie : trouver l’équilibre entre l’élite et la plèbe

Démocratie : trouver l’équilibre entre l’élite et la « plèbe »

 La massification des études et les inégalités de niveau scolaire peuvent aussi expliquer les fractures politiques et démocratiques en France. Par Vincent Tournier, Université Grenoble Alpes (UGA)

 

Plusieurs indices attestent qu’il existe une profonde insatisfaction à l’égard de la démocratie en France : hausse de l’abstention, défiance envers les élites, renforcement des partis dits populistes, hausse de l’engagement protestataire, succès du complotisme.

Signe supplémentaire : depuis quelques années, des appels sont lancés en faveur d’une démocratie plus directe, que ce soit sous la forme de conférences de citoyens ou sous la forme de référendums d’initiative populaire, deux dispositifs pourtant très différents.

Comment expliquer cette situation ? Sans prétendre résoudre une question complexe, nous voudrions insister sur un facteur à la fois important et sous-estimé : le niveau d’éducation.

Le niveau d’éducation en France, comme dans beaucoup de pays, a fortement augmenté depuis 1945. Alors que seulement 5 % d’une classe d’âge obtenait le baccalauréat en 1950, on est aujourd’hui aux alentours de 80 %, dont la moitié pour le bac général.

Une mutation d’une telle ampleur, que des observateurs comme Jean Fourastié ou Ronald Inglehart ont qualifié de « révolution silencieuse », est généralement perçue comme positive – et elle l’est dans une large mesure car une société éduquée est une société plus prospère.

De plus, l’éducation fait l’objet d’une forte valorisation, surtout en France où elle est considérée comme un legs glorieux de la Révolution et de la République.

L’éducation n’a-t-elle cependant que des effets positifs ? Se pourrait-il que la massification des études et la diversification des niveaux scolaires soient aussi un facteur de fracturation ?

Il faut rendre hommage à la sociologie de Pierre Bourdieu qui a bien vu que le niveau d’éducation redessinait la nature des classes sociales sous l’influence du capital culturel.

Par la suite, de nombreuses études sont venues confirmer que le niveau d’éducation exerce un fort impact sur la politisation, les connaissances politiques ou le sentiment de compétence politique. La participation électorale est également très influencée par le niveau d’éducation.

Les données de l’enquête européenne sur les valeurs (EVS) permettent de corroborer et d’approfondir ces constats sur l’impact politique de l’éducation.

Elles montrent en effet que l’attachement aux principes démocratiques augmente très sensiblement avec le niveau de diplôme (graphique 1). Moins on est diplômé, plus on accepte l’idée que le pays soit dirigé par un homme fort ou par l’armée (graphique 1). On note aussi que les droits individuels, qui ont pris beaucoup d’importance dans la définition de la démocratie, trouvent davantage de supporters dans les milieux diplômés que dans les milieux moins diplômés.

Si l’enquête ne fournit pas d’indicateurs directs sur la démocratie participative, elle inclut plusieurs questions sur l’engagement associatif ou sur la mobilisation protestataire qui renseignent par défaut sur le potentiel participatif des Français .

Là encore, le niveau d’éducation apparaît comme un facteur très discriminant, y compris pour la mobilisation protestataire dont on pouvait penser qu’elle serait plus élevée là où les besoins matériels sont plus importants.

Précisons que cet impact du niveau d’éducation se maintient lorsqu’on contrôle le diplôme par d’autres variables (sexe, âge, revenus ou échelle gauche-droite). De surcroît, les corrélations avec le niveau d’études ont tendance à augmenter au cours du temps, signe que le clivage s’accentue.

Comment expliquer de telles différences ? On peut faire une hypothèse : si les diplômés soutiennent la démocratie, c’est tout simplement parce qu’ils y trouvent leur compte.

Les diplômés présentent en effet des intérêts particuliers. La réussite scolaire favorise une bonne estime de soi et le sentiment de maîtriser sa vie. Ayant confiance dans leurs capacités, les diplômés sont portés à revendiquer davantage de libertés dans leur choix de vie. Ils portent donc un regard positif sur les droits individuels, surtout lorsque ceux-ci leur permettent de renforcer leur autonomie. Ils voient la mobilité comme un idéal de vie, comme le montrent les études auprès des étudiants, tout en étant préoccupés par la qualité de leur cadre de vie.

Ils ont aussi tendance à cultiver les valeurs que Ronald Inglehart qualifie de post-matérialistes : le féminisme, le multiculturalisme, l’environnementalisme, l’antiracisme ou le post-nationalisme.

Le contexte post-Guerre froide a amplifié les choses. La mondialisation et la technologie ont offert des possibilités inédites de circuler et d’échanger. Le développement de l’enseignement supérieur, poussé par la compétition entre les États, a permis aux idéaux post-modernes de mieux se réaliser, amplifiant la polarisation entre les winners et les losers de la globalisation ou entre les everywhere et les somewhere. Tous ces éléments sont confirmés par l’enquête sur les valeurs. Plus le diplôme augmente, plus on est favorable à l’égalité entre les sexes, à l’homosexualité, aux drogues douces, à une politique pénale moins sévère et à la préservation de l’environnement .

 

Diverses opinions sociétales en fonction du niveau d’études (EVS 2017). Par exemple, 20 % des diplômés de primaires disent que « l’avortement est toujours justifié » contre 60 % des diplomés de master. V. Tournier, Fourni par l’auteur

De même, les diplômés sont nettement plus réticents à l’idée de se dire fiers d’être Français . Ils sont plus facilement concernés par le sort des Européens et des immigrés, et ils critiquent plus souvent la conception généalogique de la nation (avoir des ancêtres français), ce qui explique le discrédit qui frappe l’expression « Français de souche ».

Or, avec la massification de l’enseignement supérieur, couplée à la place croissante du diplôme dans la stratification sociale, les diplômés se retrouvent en position de force pour défendre leurs intérêts. Ils parviennent d’autant mieux à faire valoir leurs préférences qu’ils sont bien représentés parmi les élites politiques), notamment dans le cas des élèves des grandes écoles.

Forts de leur capacité de mobilisation, les diplômés approuvent les dispositifs de type démocratie participative dans lesquels ils savent pouvoir se faire entendre, tout en étant plus réticents à l’égard des référendums qui ont l’inconvénient de niveler les électeurs.

On observe ainsi que les référendums comme celui de 2005 sur l’Europe ou celui de 2016 sur le Brexit ont suscité des critiques de type élitiste. Du reste, aucun des trois derniers présidents de la République n’a eu recours au référendum. Le référendum d’initiative citoyenne (RIC) a même été explicitement rejeté par le parti présidentiel.

Inversement, les milieux peu diplômés souffrent d’un déficit de relais et de ressources politiques. Ayant l’impression que la démocratie leur échappe au profit d’une oligarchie, ils éprouvent un sentiment d’impuissance et de dépossession qui les fait douter du suffrage universel : à quoi bon voter si les élites parviennent de toute façon à imposer leurs vues et leurs intérêts ?

Contrairement aux diplômés, ils sont nettement moins présents dans les dispositifs de démocratie participative, dont ils ne maîtrisent pas les codes. Plus portés à préférer les référendums, ils attendent surtout du pouvoir qu’il soit efficace. L’appel à un pouvoir fort de type bonapartiste, qui saura court-circuiter les pratiques oligarchiques et confiscatoires des élites, est une option acceptable, surtout en période d’insécurité.

Comme l’ont souligné les philosophes depuis l’antiquité, un régime politique court toujours le risque de voir une élite aristocratique confisquer le pouvoir au profit de ses seuls intérêts, ce qui génère un mécontentement populaire.

Ne sommes-nous pas actuellement dans un cycle de ce type ? Le phénomène Trump peut être vu comme un cas d’école, avec d’un côté l’attitude hautaine d’Hillary Clinton, qui voit les électeurs de Trump comme un « panier des déplorables » et les rejette en tant que « racistes, sexistes, homophobes, islamophobes » ; et de l’autre le refus de l’alternance électorale avec une tentative de déstabilisation des institutions en janvier 2021, à laquelle vient s’ajouter le revirement récent de la Cour suprême sur l’avortement.

En France, les élections du printemps 2022 ont confirmé qu’il existe un important clivage sociologique entre le parti présidentiel, très soutenu par les diplômés, et le Rassemblement national, bien implanté dans les milieux populaires, la Nupes étant dans une position intermédiaire en raison d’un socle électoral bâti conjointement sur les centres-villes et les banlieues.

L’erreur serait d’opposer une élite éclairée, porteuse de l’idéal démocratique, à un peuple arriéré n’aspirant qu’à la tyrannie. D’une part la démocratie participative peut être vue comme une forme d’anti-parlementarisme savant ; d’autre part les milieux populaires peuvent avoir de bonnes raisons de ne pas souscrire aux grands principes prônés par les élites.

Par exemple, toujours d’après l’EVS, 54 % des personnes peu diplômées disent qu’elles ne peuvent pas faire davantage pour l’environnement, contre 22 % pour les plus diplômées. De même, 35 % des peu diplômées considèrent que les immigrés prennent les emplois des nationaux, contre 10 % pour les diplômés, ce qui rappelle que les opinions dépendent en grande partie de la situation sociale.

Dans une société fragmentée, la difficulté est évidemment de trouver des réponses satisfaisantes pour tout le monde, en luttant tout particulièrement contre une possible dé-consolidation démocratique.

Un contre-exemple est sans doute la Conférence citoyenne sur le climat lancée par Emmanuel Macron. Cette opération peut être vue comme une tentative pour répondre aux attentes des élites diplômées, à la fois sur le fond (l’environnement) et sur la forme (la démocratie participative). Mais la plupart des propositions finales ont été abandonnées souvent par crainte d’impopularité.

Finalement, le défi actuel n’est pas très différent de celui qui a été identifié par les philosophes classiques, à savoir trouver un équilibre entre la plèbe et l’aristocratie, seule manière d’éviter les dérives aussi bien populistes qu’élitistes.

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Par Vincent Tournier, Maître de conférence de science politique, Sciences Po Grenoble, Université Grenoble Alpes (UGA).

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Edouard Philippe ou la dérive droitière de l’élite technocratique

Edouard Philippe ou  la dérive droitière de l’élite technocratique

 

 

Édouard Philippe illustre parfaitement la dérive droitière d’une partie de la technocratie française. Certes, Édouard Philippe aime à rappeler que son grand-père était communiste mais rapidement E; Philippe  a sans doute senti qu’une carrière politique n’était pas assurée  à  gauche. Alors qu’il était encore étudiant à l’institut d’études politiques de Paris et à l’ENA, il a  milité dans les années 90 au  parti socialiste, un passage au demeurant rapide avant de rejoindre les thèses très libérales de la droite. Un libéralisme d’autant plus dogmatique qu’il n’a pratiquement jamais travaillé dans le privé sinon comme lobbyiste. Il doit surtout sa carrière politique pour avoir été choisi par Alain Juppé comme membre du cabinet de ce dernier au ministère de l’écologie à partir de 2007. On pourrait citer nombre d’exemples de ces politiciens de carrière qui commencent  à gauche voire  à l’extrême gauche , qui flirtent ensuite avec la social-démocratie pour virer carrément à droite. Cohn-Bendit par exemple l’ancien révolutionnaire de 68,  devenu adepte de l’ultra libéralisme de Macron en est sans doute l’exemple le plus significatif. Même chose pour Romain Goupil; le leader lycéen de 68. Avec l’âge, les bons diners en ville, le patrimoine qui s’arrondit comme le ventre, les convictions s’amollissent !  Mais on pourrait citer nombre d’anciens responsables  du parti socialiste , anciens trotskistes ou maoïstes,  révolutionnaires de papier dans leur jeunesse qui ont ensuite nagé dans les eaux troubles du parti socialiste avant de rejoindre la droite puis  Macron. La vérité, c’est que le Premier ministre comme nombre des professionnels de la politique n’entretient qu’un rapport très approximatif avec les réalités économiques et sociales. En outre il ne peut justifier d’aucun  passé professionnel qui légitime ses connaissances et ses orientations. Ce type de personnalité a besoin de se relégitimer en permanence en rajoutant du libéralisme au libéralisme. Un exercice d’autant plus facile qu’il n’en  mesure pas les conséquences. Dernier exemple en date, évidemment le report idiot et général de la retraite à 64 ans. Une réforme bête et inefficace. Si effectivement les Français doivent travailler davantage pour retrouver la compétitivité qui manque cruellement à l’économie ce n’est pas en retardant l’âge de la retraite 62 à 64 ans mais en augmentant la durée de travail annuelle des actifs puisque la France a la durée la plus faible de l’Europe ( ne parlons pas du monde). Aussi en  améliorant le rapport entre actifs et inactifs. La France est encore là le pays qui détient le record de personnes inactives comparées à ceux qui travaillent. Bref, Édouard Philippe est bien le fils spirituel de Juppé, un exemple de cette élite qui a transformé le mandat politique en métier, qui ne connaît rien aux réalités pour n’avoir pratiquement jamais travaillé dans le monde de la production et qui sans doute comme son mentor finira vraisemblablement au conseil constitutionnel et dans les pages oubliées de l’histoire .

Edouard Philippe un exemple de la dérive droitière de l’élite technocratique

Edouard Philippe un exemple de la dérive droitière de l’élite technocratique

 

 

Édouard Philippe illustre parfaitement la dérive droitière d’une partie de la technocratie française. Certes, Édouard Philippe aime à rappeler que son grand-père était communiste mais rapidement Phillipe  a sans doute senti qu’une carrière politique n’était pas assurée  dans cette gauche. Alors qu’il était encore étudiant à l’institut d’études politiques de Paris et à l’ENA, il a  milité dans les années 90 au  parti socialiste, un passage au demeurant rapide avant de rejoindre les thèses très libérales de la droite. Un libéralisme d’autant plus dogmatique qu’il n’a pratiquement jamais travaillé dans le privé sinon comme lobbyiste. Il doit surtout sa carrière politique à avoir été choisi par Alain Juppé comme membre du cabinet de ce dernier au ministère de l’écologie à partir de 2007. On pourrait citer nombre d’exemples de ces politiciens de carrière qui commencent  à gauche voir à l’extrême gauche , qui flirtent ensuite avec la social-démocratie pour virer carrément à droite. Cohn-Bendit par exemple l’ancien révolutionnaire de 68 devenu adepte de l’ultra libéralisme de Macron en est sans doute l’exemple le plus significatif. même chose pour Romain Goupil; le leader lycéen de 68.  Mais on pourrait citer nombre d’anciens responsables  du parti socialiste , anciens trotskistes ou maoïstes,  révolutionnaires de papier dans leur jeunesse qui ont ensuite nagé dans les eaux troubles du parti socialiste avant de rejoindre la droite puis  Macron. La vérité, c’est que le Premier ministre comme nombre des professionnels de la politique n’entretient qu’un rapport très approximatif avec les réalités économiques et sociales. En outre il ne peut justifier d’aucun  passé professionnel qui légitime ses connaissances et ses orientations. Ce type de personnalité a besoin de se relégitimer en permanence en rajoutant du libéralisme au libéralisme. Un exercice d’autant plus facile qu’il n’en  mesure pas les conséquences. Dernier exemple en date, évidemment le report idiot et général de la retraite à 64 ans. Une réforme bête et inefficace. Si effectivement les Français doivent travailler davantage pour retrouver la compétitivité qui manque cruellement à l’économie ce n’est pas en retardant l’âge de la retraite 62 à 64 ans mais en augmentant la durée de travail annuelle des actifs puisque la France a la durée la plus faible de l’Europe ( ne parlons pas du monde). Aussi en  améliorant le rapport entre actifs et inactifs. La France est encore là le pays qui détient le record de personnes inactives comparées à ceux qui travaillent. Bref, Édouard Philippe est bien le fils spirituel de Juppé, un exemple de cette élite qui a transformé le mandat politique en métier, qui ne connaît rien aux réalités pour n’avoir pratiquement jamais travaillé dans le monde de la production et qui sans doute comme son mentor finira vraisemblablement au conseil constitutionnel et dans les pages oubliées de l’histoire .

Après l’élite des ingénieurs, l’élite des algorithmes

Après l’élite des ingénieurs, l’élite des algorithmes

Pierre-Yves Gomez, Professeur à l’école de management EM Lyon analyse l’évolution sociologique des élites avec maintenant la domination des managers, des experts en ratios et autres algorithmes. (Extraits de la Tribune du Monde)

 

 

« .Personne ne semble plus contester qu’il existe une coupure entre la société réelle et « les élites ». On a tort, car un tel diagnostic confond ceux qui exercent le pouvoir et ceux qui sont reconnus comme constituant « l’élite ». Comme l’indique l’étymologie, faire partie de l’élite (du latin elire), c’est être considéré parmi les meilleurs par ceux que l’on gouverne. En manifestant qu’elle possède des compétences et des vertus jugées exemplaires, l’élite suscite la confiance. C’est en conséquence de cela que son pouvoir devient acceptable.

Ainsi en est-il de l’élite qui gouverne les entreprises. Pendant le premier siècle du capitalisme (1800-1930), ce sont les entrepreneurs qui la composèrent comme l’a montré la thèse célèbre de Schumpeter (1883-1950) Capitalisme, socialisme et démocratie (1942). Leurs capacités à dominer leurs passions pour réaliser un projet bénéfique à tous supposaient des compétences et des vertus qui donnaient finalement confiance dans le progrès technique et économique qu’ils promettaient de réaliser.

L’élite entrepreneuriale fut renversée dans les années 1930 par les experts en organisation. La production de masse exigea de nouvelles compétences : planification méthodique, capacités à prévoir et à maîtriser les flux productifs dans le long terme. Elle appelait aussi de nouvelles vertus : la rigueur et le jugement pour créer la confiance dans le fonctionnement du système technique. James Burnham (1905-1987), dans L’Ere des organisateurs (1941), a anticipé combien le second siècle du capitalisme industriel (de 1930 à nos jours) devait être celui des technocrates.

Il fallait être ingénieur pour faire partie de cette élite car diriger la construction d’un pont ou l’exploitation d’une mine prouvait que l’on pouvait aussi bien gouverner une organisation avec rigueur : universités et écoles « prestigieuses » en ont formé des générations tant pour la sphère publique que privée.

La financiarisation de l’économie à partir de 1980 a de nouveau changé la donne. Les entreprises ont été vues comme des espaces ouverts et fluides, intégrant des chaînes de valeur mondiales. Il importe d’extraire de l’information, de connecter des données pour repérer la valeur créée à chaque niveau de l’organisation, jusqu’au profit global. Ceux qui maîtrisent les outils et les contrôles financiers assurent aux « marchés » que le résultat promis par l’entreprise sera réalisé ».




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