Archive pour le Tag 'L’électricité'

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Chauffage: le fioul ou l’électricité ?

Chauffage: le fioul ou l’électricité ?


Par Eric Layly dans l’Opinion

Une tribune qui fort logiquement pose la question du remplacement du chauffage au fioul notamment dans les territoires peu denses. Avec une proposition discutable d’utiliser du bio carburant à partir du colza. Reste qu’effectivement la question se pose de savoir s’il faut mieux utiliser de l’électricité dont une partie est produite par les centrales à charbon de l’Allemagne ou même par du fioul ou bien utiliser directement du fioul. Tout cela en attendant une politique énergétique plus efficace et plus cohérente NDLR

« Il n’y a pas de solution idéale. Vouloir en imposer une de façon dogmatique, c’est afficher une méconnaissance de la réalité quotidienne de millions de Français »

Nous subissons actuellement les effets de deux crises conjuguées – énergétique et climatique – contre lesquelles il faut agir, nous en avons collectivement conscience. Loin d’être un concept creux, la transition énergétique est bel et bien une solution pour permettre à la fois de sécuriser nos approvisionnements, de baisser les prix des énergies et de diminuer les atteintes à l’environnement provoquées par nos modes de production et de consommation de l’énergie.

Si tout le monde, peu ou prou, s’accorde sur ce constat, la mise en œuvre de cette transition énergétique pose néanmoins question. Car les pouvoirs publics s’acharnent à la flécher uniquement au profit de l’électricité, tant en termes de mobilité que d’habitat. Pour parvenir à leurs fins, nos gouvernants ont mis les bouchées doubles, en augmentant considérablement les aides à la conversion et en même temps, en interdisant la vente des matériels jugés « trop polluants ». Et cela, sans prendre en compte la réalité du terrain, celle que vivent les habitants des territoires ruraux et périurbains.

Dogme. Ainsi, en matière de chauffage, la mise en application du décret interdisant, depuis le 1er juillet 2022, l’installation des matériels trop émetteurs de gaz à effet de serre, a créé une vive émotion chez les utilisateurs de fioul domestique, particulièrement visés par ce décret. À ces ménages, on a expliqué qu’en cas de panne irréparable de leur chaudière fioul, il leur faudrait désormais passer à la pompe à chaleur (PAC) ou, éventuellement, à la chaudière à bois. Ce qui pose plusieurs problèmes, notamment le financement du nouveau matériel, avec un reste à charge conséquent dans bien des cas, et l’inadaptation des matériels à certaines situations. La vérité est qu’il n’y a pas de solution idéale. Vouloir en imposer une de façon dogmatique, c’est afficher une méconnaissance de la réalité quotidienne de millions de Français.

D’autant qu’il existe une alternative au fioul domestique, aussi fiable et plus respectueuse de l’environnement, qui ne nécessite pas un changement du mode de chauffage. Cette solution, c’est le biofioul, un biocombustible liquide contenant une part d’ester méthylique d’acide gras (Emag), prioritairement issu du colza cultivé en France. Le premier biofioul, le F30, contenant jusqu’à 30% d’Emag, est en cours de déploiement. Des matériels de haute performance énergétique biocompatibles F30, fabriqués en France ou en Europe, existent, à des prix comparables à ceux des anciennes chaudières fioul.

Pourtant, le gouvernement n’en dit mot. Et tous les efforts réalisés par la filière afin d’obtenir une fiscalité adaptée pour le F30 (produit qui supporte intégralement la TICPE du pétrole, alors même que 22 à 30% de son contenu sont renouvelables), se sont heurtés à un dédain très jacobin.

Les habitants des territoires ruraux, chauffés au fioul et attachés, non à cette énergie mais à ce mode de chauffage, peuvent y voir un nouveau diktat, déconnecté de leurs réalités. Dans les petites villes et les villages, la population a de plus en plus l’impression qu’elle ne compte pas vraiment. Le jaune est une belle couleur, plus agréable à voir dans les champs de colza que sur les ronds-points…

Eric Layly est président de la Fédération Française des Combustibles, Carburants & Chauffage (FF3C)

Crise de l »électricité : Macron responsable pour l’opposition

Crise de l’électricité : Macron responsable pour l’opposition

L’imprévoyance crasse du gouvernement et son bavardage inutile ont accentué la nervosité de l’opinion par rapport à la crise de l’électricité. Il ne faut pas oublier qu’il y a encore quelques mois les ministres assuraient qu’il n’y avait aucune chance de coupure d’électricité en France. Puis curieusement, ils se sont mis à évoquer des scénarios catastrophes avant que le président ne s’agace de ces perspectives noires.

Du côté de l’opposition on impute totalement cette crise de l’électricité à la fois conjoncturelle et surtout structurelle à la politique de Macon qui n’a cessé du faire du en même temps entre renouvelable et nucléaire. Et vérité rien du tout en matière de nucléaire car pour l’instant il n’y a que des orientations mais aucune décision et encore moins de financement. Tout juste des lois

« C’est sûr que le gouvernement a fait tout ce qu’il fallait pour nous faire peur », a ainsi déclaré le chef de file des députés Les Républicains, Olivier Marleix, mercredi matin sur Europe 1. « Le président de la République donne d’ailleurs le sentiment de gouverner par la peur », a-t-il poursuivi, reprochant à Emmanuel Macron de tenir pour « cap, ou absence de cap », la « gestion de la peur des Français ».

« Il faut que le président s’en prenne à lui-même et à son propre gouvernement », a abondé le socialiste Olivier Faure, au micro de Franceinfo. Selon le premier secrétaire du PS, il s’agit là de « la goutte d’eau qui fait déborder le vase », alors que l’hôpital, la pédiatrie, les transports et l’inflation figurent déjà parmi les sujets d’inquiétude. À ses yeux, tout cela finit par « donner le sentiment que nous sommes dans un pays où le gouvernement passe son temps à improviser, et que la seule variable d’ajustement, ce sont les Français eux-mêmes ».

La veille, la présidente du groupe Rassemblement national, Marine Le Pen, avait déjà désigné depuis le Palais Bourbon les coupures d’électricité comme étant « la démonstration de l’incroyable régression de notre pays ».« Conséquence des erreurs des trois gouvernements successifs », avait-elle estimé, en citant chaque fois Emmanuel Macron, d’abord en tant que ministre de l’Économie, ensuite en tant que locataire de l’Élysée.

La session de questions au gouvernement, à l’Assemblée nationale mardi après-midi, avait elle aussi donné lieu à l’expression de la colère des oppositions. Le communiste Sébastien Jumel avait ainsi accusé Emmanuel Macron « d’irresponsabilité énergétique ». « Vous préparez le scénario du pire, et vous êtes le pire des scénarios », avait-il lancé, déplorant que l’exécutif oscille entre « l’alarme aux coupures, et en même temps l’invitation à ne pas paniquer ». Et ce, « pour mieux masquer votre impréparation ».

Développement possible de la filière hydrogène grâce à l’électricité d’origine nucléaire nucléaire

Développement possible de la filière hydrogène grâce à l’électricité d’origine nucléaire nucléaire

La filière hydrogène ne pourra réellement se développer que grâce à l’électricité produite par le nucléaire.

D’après un rapport de l’Office parlementaire français d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST), la couverture des besoins actuels de l’industrie au niveau mondial, c’est-à-dire 70 millions de tonnes d’hydrogène renouvelable (soit 420 GW), « conduirait à la mise en service de plus de 1 million de nouvelles éoliennes, ou 5 à 6 millions d’hectares de panneaux photovoltaïques » dédiés. Déchiffrer évidemment impossible atteindre. D’où la décision européenne de considérer comme vers hydrogène produite par l’électricité nucléaire

Aujourd’hui, presque 96% de celui généré en Europe provient directement des combustibles fossiles, via le vaporeformage de la molécule de méthane (CH4) présente dans le gaz, ce qui émet 9 à 10 kg de CO2 par kilogramme d’hydrogène.

Pour créer une version « durable », il faut donc s’y prendre autrement : casser une molécule d’eau (H2O) par un procédé appelé électrolyse, c’est-à-dire séparer l’atome O des deux atomes H grâce à un courant électrique. Mettre au point de l’hydrogène bas carbone suppose donc de disposer d’un surplus d’électricité elle-même bas carbone.

Le nucléaire présente un avantage de taille par rapport aux éoliennes et autres panneaux solaires : en-dehors des périodes de maintenance des réacteurs, il fournit une source d’énergie constante et stable au réseau électrique. Ainsi, le facteur de charge du nucléaire, c’est-à-dire le temps pendant lequel l’installation fournit du courant au réseau, s’élève à 75% en moyenne en France (même s’il devrait être plus bas cette année, contre environ 15% pour le solaire, 22% pour l’éolien terrestre et 38% pour l’éolien en mer.

Or, le point clé pour rendre la filière de l’hydrogène bas carbone rentable par rapport à son homologue « gris » (ou à celui produit à l’étranger), consiste à utiliser de l’électricité très abondante et stable, Ce qui est le cas du nucléaire et pas celui des énergies renouvelables intermittentes

Énergie et crise de l’électricité : conséquence des choix incohérents

Énergie et crise de l’électricité : conséquence des choix incohérents

Si le gouvernement multiplie les annonces rassurantes face à la crise énergétique, son discours masque mal le fait que la situation actuelle résulte d’abord de choix qui ont été faits durant les dix dernières années. Et la crise ukrainienne aura servi de révélateur de l’absence d’une vision de long terme de notre politique énergétique. Par Didier Julienne, Président de Commodities & Resources (*). ( la Tribune)

 

Ce n’est pas bien, paraît-il, de remuer le passé politique pour parler d’erreurs fatales, surtout s’il est proche. Ce n’est pas bien parce que ce n’est pas positif, pas constructif, cela impose l’humilité aux responsables et n’apporte rien aux éventuelles solutions. Bref, c’est une perte de temps.

En effet, à quoi cela sert-il de répéter que l’électricité française est plantée à cause des deux derniers mandats présidentiels qui ont décidé des choses sans intelligence ni compétences et sans prévoir l’incroyable ? C’est une grave faute politique et non pas un accident industriel.

À quoi cela sert-il d’écrire encore et toujours que ramener la part de l’électricité nucléaire à 50 %, fermer Fessenheim, abandonner Astrid, sans solution opérationnelle fiable ? Le fruit subtil du déclassement PISA dirait : c’était « déconner grave ».

Il n’y a qu’à constater la tragédie industrielle allemande pour s’en rendre compte. Où sera la solution miracle des renouvelables allemands cet hiver ? Dans le charbon ! Alors que l’on dit, à la mode d’un général Tapioca qui se défausserait sur ses guérilleros, que les coupables sont EDF, ou les deux producteurs d’électricité allemands, Uniper en faillite et RWE. La France vaut mieux que cela. Si le bilan énergétique d’Angela Merkel est questionné, qui questionne celui de Paris ?

À quoi cela sert-il de rappeler que la communication performative ne fonctionne pas, ni dans l’industrie ni dans l’énergie? La communication performative est utilisée par le maire d’une commune pour que le couple qui se présente devant lui passe du statut de deux célibataires à celui d’un couple marié. Elle provoque ce changement immédiat.

La communication en imitation de la performative est la cause d’une France en charge mentale excessive, psychologiquement plantée et peut être ex abruto électriquement plantée cet hiver. Cette communication ne donne en effet aucun électron supplémentaire lorsque l’on décide de la construction future de nouveaux réacteurs, sans pour autant annuler en plein crise de souveraineté la fermeture des centrales actuelles qui sont efficaces, non dangereuses et rentables, comme l’était Fessenheim. L’énergie c’est le temps long, il ne faut jamais se tromper.

À quoi cela sert-il de répéter que grâce à un esprit transgressif le régime de l’Arenh qui tue EDF aurait dû être aboli depuis longtemps au lieu de le consolider par le décret du 11 mars 2022 ? Sinon à quoi sert-il d’avoir un esprit transgressif ?

À quoi cela sert-il de répéter que la gazoduc Midcat reliant l’Espagne à l’Europe du Nord est utile, car l’Espagne a des capacités de GNL inusitées ? Refuser cette redondance de sécurité pour le long terme est de la même impréparation vis-à-vis de l’impensable que la fermeture de centrales nucléaires sans une alternative fiable.

À quoi cela sert-il de rappeler que l’arrêt des réacteurs du programme Astrid était une bêtise, car il démobilise les chercheurs qui chercheront autre chose autre part ? Alors que ce type de réacteurs, qui brûle les déchets des centrales actuelles, est la pièce manquante à l’économie circulaire du nucléaire. Il assurera une électricité sans limites pendant au moins 2000 ans à toute l’Europe, puisqu’ils sont le cercle vertueux brûlant les déchets entreposés dans toutes les piscines de refroidissement disposées sur notre continent européens ; sans plus jamais d’uranium minier. De plus, pour appuyer là où cela fait mal, la Russie construit déjà un tel réacteur de nouvelle génération, il sera opérationnel en 2026.

Et puis il y a les causes diverses.

À quoi cela sert-il de répéter qu’au lieu d’interdire le stationnement de scooters à Paris, un décret devrait obliger l’installation de panneaux solaires sur toutes les toitures et façades d’immeubles ; et au lieu de subventionner les éoliennes, payons massivement la disparition des chaudières au fioul ?

À quoi sert-il de démasquer des « happy few » qui ont bénéficié de la désindustrialisation française ? À révéler une forme de décadence industrielle !

À quoi bon parler du complot « des métaux rares » et de la corruption qui le paye pour contrer l’incontestable progrès qu’est la voiture électrique ? Et pour en revenir au plantage électrique français, à quoi bon répéter qu’Areva a perdu la boule parce qu’il a tout simplement été géré par des incompétences qui comparaient l’entreprise à une cafetière Nespresso ; l’affaire Uramin, qui n’est pas encore jugée, en présente tous les symptômes.

Cet aggiornamento sert à parler vrai, juste quelques secondes, pour tuer le cynisme à la mode dans notre pays et nous redonner l’envie du courage, parce que combien de Françaises et de Français se battraient pour défendre la France ; à la manière héroïque des Ukrainiennes et des Ukrainiens ?

——

(*) Didier Julienne anime un blog sur les problématiques industrielles et géopolitiques liées aux marchés des métaux.

Crise de l’électricité : conséquence des choix politiques

Crise de l’électricité : conséquence des choix politiques

 Si le gouvernement multiplie les annonces rassurantes face à la crise énergétique, son discours masque mal le fait que la situation actuelle résulte d’abord de choix qui ont été faits durant les dix dernières années. Et la crise ukrainienne aura servi de révélateur de l’absence d’une vision de long terme de notre politique énergétique. Par Didier Julienne, Président de Commodities & Resources (*). ( la Tribune)

 

Ce n’est pas bien, paraît-il, de remuer le passé politique pour parler d’erreurs fatales, surtout s’il est proche. Ce n’est pas bien parce que ce n’est pas positif, pas constructif, cela impose l’humilité aux responsables et n’apporte rien aux éventuelles solutions. Bref, c’est une perte de temps.

En effet, à quoi cela sert-il de répéter que l’électricité française est plantée à cause des deux derniers mandats présidentiels qui ont décidé des choses sans intelligence ni compétences et sans prévoir l’incroyable ? C’est une grave faute politique et non pas un accident industriel.

À quoi cela sert-il d’écrire encore et toujours que ramener la part de l’électricité nucléaire à 50 %, fermer Fessenheim, abandonner Astrid, sans solution opérationnelle fiable ? Le fruit subtil du déclassement PISA dirait : c’était « déconner grave ».

Il n’y a qu’à constater la tragédie industrielle allemande pour s’en rendre compte. Où sera la solution miracle des renouvelables allemands cet hiver ? Dans le charbon ! Alors que l’on dit, à la mode d’un général Tapioca qui se défausserait sur ses guérilleros, que les coupables sont EDF, ou les deux producteurs d’électricité allemands, Uniper en faillite et RWE. La France vaut mieux que cela. Si le bilan énergétique d’Angela Merkel est questionné, qui questionne celui de Paris ?

À quoi cela sert-il de rappeler que la communication performative ne fonctionne pas, ni dans l’industrie ni dans l’énergie? La communication performative est utilisée par le maire d’une commune pour que le couple qui se présente devant lui passe du statut de deux célibataires à celui d’un couple marié. Elle provoque ce changement immédiat.

La communication en imitation de la performative est la cause d’une France en charge mentale excessive, psychologiquement plantée et peut être ex abruto électriquement plantée cet hiver. Cette communication ne donne en effet aucun électron supplémentaire lorsque l’on décide de la construction future de nouveaux réacteurs, sans pour autant annuler en plein crise de souveraineté la fermeture des centrales actuelles qui sont efficaces, non dangereuses et rentables, comme l’était Fessenheim. L’énergie c’est le temps long, il ne faut jamais se tromper.

À quoi cela sert-il de répéter que grâce à un esprit transgressif le régime de l’Arenh qui tue EDF aurait dû être aboli depuis longtemps au lieu de le consolider par le décret du 11 mars 2022 ? Sinon à quoi sert-il d’avoir un esprit transgressif ?

À quoi cela sert-il de répéter que la gazoduc Midcat reliant l’Espagne à l’Europe du Nord est utile, car l’Espagne a des capacités de GNL inusitées ? Refuser cette redondance de sécurité pour le long terme est de la même impréparation vis-à-vis de l’impensable que la fermeture de centrales nucléaires sans une alternative fiable.

À quoi cela sert-il de rappeler que l’arrêt des réacteurs du programme Astrid était une bêtise, car il démobilise les chercheurs qui chercheront autre chose autre part ? Alors que ce type de réacteurs, qui brûle les déchets des centrales actuelles, est la pièce manquante à l’économie circulaire du nucléaire. Il assurera une électricité sans limites pendant au moins 2000 ans à toute l’Europe, puisqu’ils sont le cercle vertueux brûlant les déchets entreposés dans toutes les piscines de refroidissement disposées sur notre continent européens ; sans plus jamais d’uranium minier. De plus, pour appuyer là où cela fait mal, la Russie construit déjà un tel réacteur de nouvelle génération, il sera opérationnel en 2026.

Et puis il y a les causes diverses.

À quoi cela sert-il de répéter qu’au lieu d’interdire le stationnement de scooters à Paris, un décret devrait obliger l’installation de panneaux solaires sur toutes les toitures et façades d’immeubles ; et au lieu de subventionner les éoliennes, payons massivement la disparition des chaudières au fioul ?

À quoi sert-il de démasquer des « happy few » qui ont bénéficié de la désindustrialisation française ? À révéler une forme de décadence industrielle !

À quoi bon parler du complot « des métaux rares » et de la corruption qui le paye pour contrer l’incontestable progrès qu’est la voiture électrique ? Et pour en revenir au plantage électrique français, à quoi bon répéter qu’Areva a perdu la boule parce qu’il a tout simplement été géré par des incompétences qui comparaient l’entreprise à une cafetière Nespresso ; l’affaire Uramin, qui n’est pas encore jugée, en présente tous les symptômes.

Cet aggiornamento sert à parler vrai, juste quelques secondes, pour tuer le cynisme à la mode dans notre pays et nous redonner l’envie du courage, parce que combien de Françaises et de Français se battraient pour défendre la France ; à la manière héroïque des Ukrainiennes et des Ukrainiens ?

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(*) Didier Julienne anime un blog sur les problématiques industrielles et géopolitiques liées aux marchés des métaux.

Crise de l’électricité : conséquence des choix incohérents

Crise de l’électricité : conséquence des choix incohérents

 Si le gouvernement multiplie les annonces rassurantes face à la crise énergétique, son discours masque mal le fait que la situation actuelle résulte d’abord de choix qui ont été faits durant les dix dernières années. Et la crise ukrainienne aura servi de révélateur de l’absence d’une vision de long terme de notre politique énergétique. Par Didier Julienne, Président de Commodities & Resources (*). ( la Tribune)

 

Ce n’est pas bien, paraît-il, de remuer le passé politique pour parler d’erreurs fatales, surtout s’il est proche. Ce n’est pas bien parce que ce n’est pas positif, pas constructif, cela impose l’humilité aux responsables et n’apporte rien aux éventuelles solutions. Bref, c’est une perte de temps.

En effet, à quoi cela sert-il de répéter que l’électricité française est plantée à cause des deux derniers mandats présidentiels qui ont décidé des choses sans intelligence ni compétences et sans prévoir l’incroyable ? C’est une grave faute politique et non pas un accident industriel.

À quoi cela sert-il d’écrire encore et toujours que ramener la part de l’électricité nucléaire à 50 %, fermer Fessenheim, abandonner Astrid, sans solution opérationnelle fiable ? Le fruit subtil du déclassement PISA dirait : c’était « déconner grave ».

Il n’y a qu’à constater la tragédie industrielle allemande pour s’en rendre compte. Où sera la solution miracle des renouvelables allemands cet hiver ? Dans le charbon ! Alors que l’on dit, à la mode d’un général Tapioca qui se défausserait sur ses guérilleros, que les coupables sont EDF, ou les deux producteurs d’électricité allemands, Uniper en faillite et RWE. La France vaut mieux que cela. Si le bilan énergétique d’Angela Merkel est questionné, qui questionne celui de Paris ?

À quoi cela sert-il de rappeler que la communication performative ne fonctionne pas, ni dans l’industrie ni dans l’énergie? La communication performative est utilisée par le maire d’une commune pour que le couple qui se présente devant lui passe du statut de deux célibataires à celui d’un couple marié. Elle provoque ce changement immédiat.

La communication en imitation de la performative est la cause d’une France en charge mentale excessive, psychologiquement plantée et peut être ex abruto électriquement plantée cet hiver. Cette communication ne donne en effet aucun électron supplémentaire lorsque l’on décide de la construction future de nouveaux réacteurs, sans pour autant annuler en plein crise de souveraineté la fermeture des centrales actuelles qui sont efficaces, non dangereuses et rentables, comme l’était Fessenheim. L’énergie c’est le temps long, il ne faut jamais se tromper.

À quoi cela sert-il de répéter que grâce à un esprit transgressif le régime de l’Arenh qui tue EDF aurait dû être aboli depuis longtemps au lieu de le consolider par le décret du 11 mars 2022 ? Sinon à quoi sert-il d’avoir un esprit transgressif ?

À quoi cela sert-il de répéter que la gazoduc Midcat reliant l’Espagne à l’Europe du Nord est utile, car l’Espagne a des capacités de GNL inusitées ? Refuser cette redondance de sécurité pour le long terme est de la même impréparation vis-à-vis de l’impensable que la fermeture de centrales nucléaires sans une alternative fiable.

À quoi cela sert-il de rappeler que l’arrêt des réacteurs du programme Astrid était une bêtise, car il démobilise les chercheurs qui chercheront autre chose autre part ? Alors que ce type de réacteurs, qui brûle les déchets des centrales actuelles, est la pièce manquante à l’économie circulaire du nucléaire. Il assurera une électricité sans limites pendant au moins 2000 ans à toute l’Europe, puisqu’ils sont le cercle vertueux brûlant les déchets entreposés dans toutes les piscines de refroidissement disposées sur notre continent européens ; sans plus jamais d’uranium minier. De plus, pour appuyer là où cela fait mal, la Russie construit déjà un tel réacteur de nouvelle génération, il sera opérationnel en 2026.

Et puis il y a les causes diverses.

À quoi cela sert-il de répéter qu’au lieu d’interdire le stationnement de scooters à Paris, un décret devrait obliger l’installation de panneaux solaires sur toutes les toitures et façades d’immeubles ; et au lieu de subventionner les éoliennes, payons massivement la disparition des chaudières au fioul ?

À quoi sert-il de démasquer des « happy few » qui ont bénéficié de la désindustrialisation française ? À révéler une forme de décadence industrielle !

À quoi bon parler du complot « des métaux rares » et de la corruption qui le paye pour contrer l’incontestable progrès qu’est la voiture électrique ? Et pour en revenir au plantage électrique français, à quoi bon répéter qu’Areva a perdu la boule parce qu’il a tout simplement été géré par des incompétences qui comparaient l’entreprise à une cafetière Nespresso ; l’affaire Uramin, qui n’est pas encore jugée, en présente tous les symptômes.

Cet aggiornamento sert à parler vrai, juste quelques secondes, pour tuer le cynisme à la mode dans notre pays et nous redonner l’envie du courage, parce que combien de Françaises et de Français se battraient pour défendre la France ; à la manière héroïque des Ukrainiennes et des Ukrainiens ?

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(*) Didier Julienne anime un blog sur les problématiques industrielles et géopolitiques liées aux marchés des métaux.

Le fiasco du marché de l’électricité

Le fiasco du marché de l’électricité

 Des alarmes s’activent régulièrement à propos de la disponibilité des métaux de la transition énergétique, alors que les prix de ces métaux baissent. Par Didier Julienne, président de Commodities & Resources (*) qui dénonce le fiasco du marché de l’électricité ( la Tribune)

 

Un industriel me disait récemment qu’il n’y avait plus de cuivre . Pourtant, à 8.000 dollars la tonne le prix du métal rouge est, d’une part, en déflation régulière depuis son pic-Ukraine, supérieur à 10. 000 dollars la tonne, et, d’autre part, sous ses cotations de novembre 2020. Pareillement, après leurs pics-Ukraine, les prix de l’aluminium sont au niveau de mars 2021, le zinc est revenu aux prix d’octobre 2021, le nickel est passé au travers de ses cotations de novembre 2021, le plomb a rejoint celles de mars 2020. Au-delà de ces métaux de base, les prix du minerai de fer en déflation sont renvoyés à ceux de juin 2020, tout comme l’acier à ceux décembre 2020 . Les métaux mineurs connaissent le même paradigme : le cobalt est revenu au niveau de mars 2021, le magnésium à août 2021, le manganèse à mai 2021. Les métaux précieux sont dans le même acte : l’or est au niveau de mars 2021, l’argent métal à juillet 2020, le platine à novembre 2020, le palladium et le rhodium sont en retraits et déjà passés par les prix de septembre 2021.

Le fait est qu’après le pic-Ukraine inflationniste lié à la peur, tous ces métaux sont en baisse à cause de la gestion du Covid-19 par Pékin. Telle la netteté d’une calligraphie chinoise serait mouchetée après le passage d’un peintre impressionniste, la courbe ascendante de l’économie de base chinoise est piquetée par le pointillisme itinérant et récurrent du confinement Covid de telle ou tells ville ou telle ou telle région.

Un autre facteur pèse sur les prix. Contrairement aux idées reçues, l’exploitation minière est en expansion, ainsi au rythme actuel le cuivre et le nickel s’orientent vers des années 2022 et 2023 excédentaires.

Enfin, la production métallurgique chinoise est affaiblie par l’insuffisante production électrique chinoise, notamment hydroélectrique, qui, renchérissant les coûts de production, détruit la demande industrielle de métaux. La crise énergétique européenne et la récession industrielle de notre continent pèsent également sur la demande de métaux. Il n’y a guère que la métallurgie des États-Unis qui ne souffrent ni de la guerre en Ukraine — bien au contraire pour le gaz — à l’inverse de l’Europe, ni des chocs covidiens comme la Chine.

Il est donc particulièrement inexact de parler de crise des métaux pour justifier ceci ou cela. Au contraire, c’est principalement la crise énergétique qui est à la cause d’un ralentissement de la consommation de métaux en Asie, tout comme c’est la crise énergétique européenne à cause de ses politiques inappropriées ou naïves qui provoquent la fermeture d’usines.

Inappropriée ou naïve, car bien que la production électrique européenne connaisse des prix hétérogènes, la règle du marché de l’électricité impose à l’ensemble du continent que le coût marginal de production le plus élevé soit le point d’équilibre du marché, c’est-à-dire le prix des centrales électriques au gaz. C’est un mécanisme de marché classique, cette même règle équilibre tous les marchés de ressources naturelles. Lorsque le marché est en expansion, c’est la mine de cuivre la plus coûteuse qui donne le la pour le prix du cuivre, mais si ce dernier chute c’est cette mine la plus coûteuse qui fermera en premier.

Cette règle était inappropriée et naïve pour le marché électrique européen parce que les règles de marché sont faussées par l’ARENH, le prix de l’électricité d’EDF réservé à ses 40 plus gros clients européens. Ils ont le privilège d’acheter à EDF de l’électricité au prix le plus bas, au prix de l’ARENH, et de la revendre immédiatement au prix du marché, c’est-à-dire en ce moment au prix des centrales à gaz. C’est du pur trading : ils achètent à 42 euros le MWh puis le revendent au prix du marché, c’est-à-dire 540 euros le MWh, alors qu’il était supérieur à 1.100 euros le MWh fin août. Le problème est bien qu’EDF ayant moins de capacités achètera de l’électricité à 540 euros le MWh à ses propres clients traders pour la leur revendre à 42 euros le MWh. Ce trading dans un marché en expansion, comme l’est celui de l’électricité européenne depuis fin 2020, fausse le signal prix, car celui-ci ne peut mécaniquement que monter.

Mais dans le marché européen étranglé que nous expérimentons, c’est sans doute la source d’un scandale de négoce initié au nom de la libre concurrence. Comment voulez-vous qu’EDF, ou les finances françaises puisque bouclier énergétique il y a, s’en sorte en vendant à 42 euros et en achetant à 540 euros ? Parce que l »industrie métallurgique européenne est fortement consommatrice d’électricité, elle rencontre des réductions de production ou des fermetures d’usines : zinc chez Nyrstar, aluminium dans toute l’Europe.

Comment celle-ci peut-elle rester compétitive ? Il est probable que sans l’ARENH le prix de l’électricité serait inférieur au prix actuel et l’industrie se porterait mieux, comme c’est le cas en Espagne et au Portugal. Ces deux pays se sont déconnectés de la règle du marché européen et renforcent leur compétitivité industrielle. D’ailleurs, force est de constater qu’il n’existe pas un réel marché européen de l’électricité sinon comment justifier que son prix soit au même moment de 537 euros sur le réseau français, 459 euros en Italie, 455 euros en Allemagne et 129 euros en Espagne ?

C’est pourquoi Bruxelles décidait d’imposer un prix maximum pour le gaz russe puisque ce dernier régule l’électricité. C’est une sorte de prix consommateur de la même veine que lorsque la grande distribution impose un prix aux producteurs de lait ou de plat cuisiné. Il faudra, hélas !, sans doute attendre que le rapport de forces devienne plus favorable au consommateur de gaz européen, que Moscou soit à genoux et qu’elle stoppe ses horreurs commises en Ukraine. Un producteur et un consommateur ne sont pas toujours faits pour s’entendre et compte tenu de sa cagnotte accumulée, Moscou dispose de temps pour développer de nouveaux débouchés à ses hydrocarbures en Asie et en Inde.

Au contraire d’une doxa qui se développe, s’il y a moins d’aluminium ou d’acier bon marché, ce n’est pas la faute des mines, mais des politiques énergétiques. La crise électrique européenne est le résultat de mauvaises politiques dont on connaît désormais les causes, elle transformera sans aucun doute la métallurgie européenne comme jamais, car le couple guerre/inflation provoque toujours de l’innovation et de la substitution.

Quelle réforme du marché européen de l’électricité ?

Quelle réforme du  européen de l’électricité ?

 

Les appels à la réforme du marché européen de l’électricité, même tardifs, sont salutaires. Mais plusieurs lignes directrices doivent guider cette évolution : assurer la solidarité européenne, définir l’électricité comme un « bien commun » et respecter les objectifs climatiques estime un papier du Monde

 

Les conséquences économiques de l’invasion de l’Ukraine par la Russie risquent de faire passer un hiver difficile aux Européens. L’arrêt sine die du gazoduc Nord Stream 1 par la Russie accentue la pression. Même si l’Union européenne (UE) a réduit sa dépendance au gaz russe, s’en passer sera loin d’être indolore.

La hausse des prix du gaz, qui sont dix fois supérieurs à ceux d’il y a un an, contraint déjà des entreprises à cesser leur activité et certains services publics à la réduire.

En France, cette mécanique ne touche pas encore les particuliers, qui sont protégés par le bouclier tarifaire mis en place par le gouvernement. Mais ces efforts budgétaires ne pourront pas être soutenables très longtemps.

Dans ce contexte, les appels à la réforme du marché européen de l’électricité, même tardifs, sont salutaires. Emmanuel Macron l’a formulé de manière sibylline, lundi 5 septembre, lors de la conférence de presse qui a suivi son entretien avec le chancelier allemand, Olaf Scholz : « Le prix [de l’électricité] doit être formé de façon plus cohérente », a expliqué le président de la République.

C’est un euphémisme. Cette crise énergétique constitue le douloureux révélateur d’un système qui pouvait avoir certaines vertus par temps calme, mais qui est devenu aujourd’hui obsolète en fragilisant les intérêts des Européens eux-mêmes. Longtemps plus préoccupée par la libéralisation de son marché intérieur que par ses enjeux de souveraineté, l’UE se trouve prise au piège de mécanismes conçus dans un cadre politique qui montre aujourd’hui ses limites.

La manière dont les prix de l’électricité sont fixés en Europe est très dépendante du prix du gaz, alors même que plusieurs pays européens – dont la France – ne produisent pas majoritairement leurs électrons à partir du gaz. La logique repose sur un principe : les prix dépendent du coût nécessaire à la mise en fonctionnement de la toute dernière centrale appelée en renfort pour répondre aux pics de demande sur le réseau électrique. S’il est question d’une centrale au charbon ou au gaz, les prix de l’électricité s’indexeront en fonction. L’envolée spectaculaire des prix du gaz a ainsi fait exploser les prix de l’électricité à des niveaux jamais atteints auparavant, fournissant à Vladimir Poutine un puissant moyen de pression.

Cette logique est dénoncée de longue date par la gauche européenne et les syndicats du secteur de l’énergie en France. C’est une bonne nouvelle que le constat soit désormais partagé par un certain nombre de gouvernements et la Commission européenne, même si les modalités de la réforme restent à préciser.

Plusieurs lignes directrices doivent la guider. D’abord, une solidarité européenne – la France va en avoir particulièrement besoin cet hiver, compte tenu du mauvais état de son parc nucléaire. Ces dernières années, notre pays avait besoin d’importer de l’électricité une quarantaine de jours par an pour passer les pics de consommation en hiver. La situation s’annonce beaucoup plus tendue. La coopération en termes de stocks de gaz et d’approvisionnement en électricité est indispensable. Il faut à tout prix éviter le chacun pour soi, qui ferait le jeu de Vladimir Poutine.

Ensuite, il importe de définir l’électricité comme un « bien commun », protégé d’une concurrence parfois artificielle qui privilégie le court terme. Enfin, il faut aligner le nouveau marché de l’électricité avec les objectifs climatiques de l’UE vers la décarbonation de notre énergie. Les aléas du marché ne doivent plus être l’unique boussole de notre politique énergétique.

Budget 2023 : Une première augmentation de l’augmentation de l’électricité de 20 %

Budget 2023 : Une première augmentation de l’augmentation de l’électricité de 20 % 

Alors que le gouvernement tente d’associer les forces d’opposition à l’élaboration du budget 2023, toutes les forces politiques non-gouvernementales refusent d’être parties prenantes d’un budget d’austérité qui se traduira en particulier par une augmentation de l’électricité de 20 %.Faute d’accord possible y compris avec les Républicains, le gouvernement pourrait être contraint de recourir à l’artifice de l’article 49-3 de la constitution afin de passer en force. La proposition de dialogue de Bercy à toutes les formations politiques va donc tomber à l’eau. Personne ne veut en effet porter le chapeau d’une austérité qui s’annonce.

Il est probable également que reviendra sur le tapis la question de la taxation des superprofits principes auxquels vient d’adhérer également l’Allemagne. Et cela au moment où les grandes sociétés françaises annoncent des résultats stratosphériques

Autre sujet majeur du futur budget, le futur bouclier tarifaire sur les prix de l’énergie et du gaz . Interrogé sur la possibilité que la facture augmente entre 10 % et 20 % pour les Français l’an prochain, Gabriel Attal a répondu que c’était « une possibilité ». « Ce ne sera pas 40 % comme en Allemagne », a-t-il une nouvelle fois affirmé.

Europe : réforme du marché de l’électricité, enfin ?

Europe : réforme du marché de l’électricité, enfin ?

 

Bruxelles appelle à modifier « d’urgence » le marché européen de l’électricité.  Dépassé par la flambée des cours de l’électricité, eux-mêmes dopés par l’explosion des cours du gaz du fait de la guerre en Ukraine notamment, l’exécutif bruxellois appelle à une modification structurelle du marché européen de l’énergie. Mais si une telle réforme pourrait soulager la crise, elle ne suffira pas à la résoudre.

Bruxelles semble s’inquiéter enfin de l’envol des prix de l’énergie et de la mauvaise régulation notamment des prix de l’électricité. En cause évidemment le couplage infernal entre les prix du gaz et de l’électricité.Le problème c’est que nombre de pays dépendent du gaz pour produire de l’électricité;  surtout après le recul sur le nucléaire afin de satisfaire quelques électeurs écolos bobos.

« La flambée des prix [...] montre clairement les limites de [son] fonctionnement actuel », a fait valoir lundi sa présidente, Ursula Von Der Leyen. Même le chancelier allemand, Olaf Scholz (SPD), dont le pays dépend largement du gaz pour produire l’électricité, a plaidé ces derniers jours pour une modification substantielle du système, qui « ne peut pas être décrit comme fonctionnel s’il conduit à des prix aussi élevés ».

Le problème c’est que la libéralisation n’a pas incité à investir suffisamment dans les nouvelles technologies les moins polluantes

« Imaginons qu’on dispose d’assez de tranches nucléaires en France pour satisfaire l’ensemble de la demande des citoyens. Même si les marchés de l’électricité restaient interconnectés, le prix de l’électricité dans l’Hexagone serait alors beaucoup plus bas », souligne un ancien haut dirigeant d’EDF.

Ce  n’est donc pas seulement le marché interconnecté qui est responsable de l’envolée observée, mais tout simplement un manque d’infrastructures physiques. De fait, le mix réel a forcément un impact sur le prix de l’électricité, quelle que soit la structure du marché.

Autrement dit, si les pays de l’Union européenne ne devaient pas faire appel en permanence à des centrales à gaz ou au charbon pour produire leur électricité, le problème du couplage des prix entre les hydrocarbures et l’électricité ne se poserait pas. Or, même en plein été (période lors de laquelle la consommation est faible), ces centrales fossiles tournent à plein régime. Pour sortir de ce cercle vicieux et faire baisser mécaniquement les prix, il n’y a donc pas de secret : il est nécessaire d’investir dans de nouveaux moyens de production, même s’ils mettront plusieurs années à sortir de terre et réduire sensiblement la demande d’énergie.

L’Autriche veut un bouclier tarifaire européen pour l’électricité

L’Autriche veut  un bouclier tarifaire européen pour l’électricité

Finalement, l’Autriche réclame que l’union européenne met en place un système de régulation des prix de l’énergie à l’image de ce que fait la France en séparant le prix de l’électricité de celui du gaz. Le problème c’est que faute de deux nucléaire suffisant, ces deux énergies sont assez souvent substituables. En outre, l’Autriche est fondamentalement contre l’énergie nucléaire ! Le chancelier autrichien, Karl Nehammer, a cependant appelé l’Union européenne à « découpler le prix de l’électricité de celui du gaz » pour le faire baisser. Un dispositif qui n’est, selon lui, possible que dans un cadre européen et non uniquement national.

 

« Il ne faut pas laisser chaque jour Poutine » décider à la place des Européens, a le chancelier autrichien, Karl Nehammer. Et le dirigeant allemand est bien décidé à réagir face à la flambée des prix du gaz et de l’électricité qui ont vécu une semaine folle avec de nouveaux records vendredi, présageant une explosion du coût de la vie l’hiver prochain. Le prix du gaz naturel européen a, ainsi, atteint 342,005 euros le MWh, à peine en dessous de son record historique en séance (345 euros le MWh) enregistré en mars après l’invasion russe de l’Ukraine. En cause notamment, le fait que la Russie ait brûlé du gaz naturel plutôt que de l’exporter. En outre, les suspensions d’approvisionnement russe à venir via Nord Stream 1, en raison d’une maintenance du gazoduc, selon une annonce du géant russe Gazprom, pèsent sur les tarifs et les Européens craignent que le gazoduc ne soit pas remis en service.

 

« Nous devons arrêter cette folie qui sévit actuellement sur les marchés de l’énergie », a ainsi réclamé Karl Nehammer, ce dimanche dans un communiqué, appelant l’UE à « découpler le prix de l’électricité de celui du gaz » pour le faire baisser. Or, selon le chef conservateur du gouvernement, cela n’est possible que dans un cadre européen et non uniquement national

 

Discours Macron 14 juillet : préparer les esprits à une très forte augmentation de l’électricité

Discours Macron 14 juillet : préparer les esprits à une très forte augmentation de l’électricité

 

Discours Macron 14 juillet : préparer les esprits à une très forte augmentation de l’électricité

Finalement on ne retiendra sans doute pas grand-chose du discours de Macon du 14 juillet hormis une préparation psychologique de l’opinion à une vaste opération de relèvement des prix de l’électricité. En dehors de cela,  c’est le bla-bla habituel notamment le discours sur le plein-emploi qui ne mange pas de pain mais qui n’apporterien tant qu’on ne définit pas de façon précise ces conditions.

La vérité c’est que EDF est dans une situation financière qui aurait dû conduire à la faillite si l’état ne possédait pas la quasi-totalité du capital. Au bas mot il faut trouver une centaine de milliards. D’abord pour faire face à l’endettement, autour de 45 milliards. Ensuite autant pour financer les six EPR décidés par le gouvernement. Il faudrait ajouter le coût de l’opération en cours concernant le grand carénage qui renforce la sécurité mais aussi le coup de l’enfouissement des déchets. On dépasserait alors largement les 100 milliards.

Bien sûr l’Etat va faire un nouveau geste avec une nouvelle capitalisation mais qui sera très insuffisante pour faire face aux besoins financiers. Pour le gouvernement la solution passe donc par un relèvement très significatif de la tarification justifiée de plusieurs manières. D’abord par la nécessaire sobriété pour des motifs environnementaux et ensuite par la situation géopolitique.

 

 

Pour le président, il faut se préparer à une rupture totale des approvisionnements en gaz. « La Russie nous envoie un message clair. Elle utilisera le gaz comme un élément de cette guerre. Nous sommes dans une guerre hybride », estime Emmanuel Macron. Se voulant rassurant, et justifiant au passage son virage sur l’aile sur le nucléaire, le président a rappelé que le modèle énergétique de la France était peu dépendant du gaz russe. « Mais nous diversifions pour aller chercher du gaz ailleurs et nous sécurisons les apports, notamment de la Norvège, du Qatar, de l’Algérie et des Etats-Unis ». a-t-il précisé.

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Le président a critiqué le fonctionnement du marché européen de l’électricité dans la mesure où actuellement nous importons à leur que logiquement nous devrions être exportateur. Une manière de faire porter le chapeau à l’Europe alors que la France apprête un relèvement significatif des tarifs électriques. « Nous avons besoin d’un marché européen car nous achetons de l’électricité car nous n’en produisons pas assez sur notre sol. Mais le prix de l’électricité est mal fichu en Europe car très dépendant du gaz que nous importons. On va négocier, en européens, un changement du prix de l’électricité », a indiqué le chef de l’État.

Le chef de l’État abordait d’autres sujets mais finalement de manière anecdotique d’autant plus qu’on ne sait pas exactement ce qu’on fera l’assemblée nationale

Le président annonce un texte de loi sur la réforme du travail à la fin de l’été et une série de réformes tout le long du quinquennat autour de trois axes : le lycée professionnel, l’apprentissage et la formation continue. Il compte également aborder le sujet délicat de la réforme du RSA, dont les allocataires « devront s’engager » tout en souhaitant que le pays se mobilise pour aider les bénéficiaires du RSA à s’insérer dans le monde du travail. Il a également annoncé le lancement de son Conseil national de la Refondation dès la fin de l’été qui doit réunir les forces politiques, économiques, sociales, associatives ainsi que des élus des territoires et des citoyens tirés au sort.Bref des orientations aléatoires voir même de type gadget.

 

Quelle régulation du marché européen de l’électricité ?

 

 

L’Europe connaît une crise énergétique qui s’est traduite notamment par une envolée des prix de l’électricité qui a obligé les gouvernements à prendre des mesures. Cela remet-il en cause la libéralisation du marché de l’électricité qui doit relever deux défis majeurs: la décarbonation accélérée et la guerre en Ukraine? Par Charles Cuvelliez et Patrick Claessens, Ecole Polytechnique de Bruxelles, Université de Bruxelles ( dans la Tribune).

 

La libéralisation de l’électricité a-t-elle donc tout faux avec des prix qui augmentaient même avant la guerre en Ukraine, sans compter les craintes de pénurie qui s’annoncent (et qui pèsent pour beaucoup dans les prix qui montent). Alors qu’est-ce que la libéralisation et le couplage des marchés électriques nationaux ou les lois du marché ont apporté (de bien) ? La sûreté de l’approvisionnement, la complémentarité des moyens de production, quand il n’y a pas assez de vent ou de soleil dans un pays (pouvoir alors bénéficier de la capacité de production hydraulique ou du nucléaire des pays voisins), le tout à un prix acceptable puisque l’électricité grâce à ce couplage s’écoule, aux lois de la physique près, des régions où elle est la moins chère vers là où elle est la plus chère. La France bénéficie de cette sécurité malgré la mise à l’arrêt d’une grande partie de son parc nucléaire. La Belgique en a bénéficié quand plusieurs de ses réacteurs étaient aussi à l’arrêt pour examiner les conséquences des défauts de cuve.  Aujourd’hui, deux défis de plus se posent à la libéralisation des marchés qui ne les avait pas prévus : la décarbonation accélérée et la guerre en Ukraine.

La décarbonation mettra plus de sources d’énergie renouvelables et intermittentes dans le marché. Il y aura des acteurs qui sortiront de ce marché parce qu’ils ne peuvent produire de l’électricité à bas carbone tandis que d’autres, actifs dans le renouvelable, vont y entrer. La demande en électricité va aussi changer de profil au fur et à mesure de l’électrification de l’économie pour la décarboner. Des évènements extrêmes comme on le connait aujourd’hui (géopolitique) et connaitra demain (crise économique, épisodes de grand froid, rupture d’approvisionnement) s’inviteront aussi dans l’équation dont le résultat final est une volatilité qui est là pour rester. Que faire pour l’atténuer, la compenser ? Par des sources d’énergie flexibles nouvelles à l’échelle de la seconde, de la journée, de l’année, via du stockage, via d’autres sources d’énergie (batteries, turbines, des stations de pompage hydraulique, des technologies qui renforcent le réseau électrique, meilleur guidage de la demande en électricité). La volatilité des prix actuelle envoie en tout cas aujourd’hui un signal clair d’investissement pour plus de ressources flexibles. Soyons patient. Il ne faudrait pas, dit l’ACER, dans son évaluation de l’efficacité du marché européen de l’électricité, qu’un interventionnisme peut-être nécessaire aujourd’hui mais mal ciblé mette à mal ces signaux.

A court terme, pour éviter que plus d’acteurs encore ne sortent du marché de gros (comme du marché de détail d’ailleurs), ces derniers doivent se prémunir contre cette volatilité qui fera désormais partie de leur modèle d’affaire. C’est déjà le cas via des contrats bilatéraux long terme en dehors des marchés de trading. Mais ces contrats à terme présentent un risque crédit qui exige en retour que ces acteurs apportent des garanties financières (des collatéraux) qui ne sont pas accessibles à tous (tout comme tout le monde n’a pas un bon risque crédit). Les contrats long terme ne sont pas la panacée et n’annihilent pas non plus la volatilité. Dans cette veine, il y a les PPA (Power Purchase Agreements), des achats à long terme d’électricité verte (sur 5 à 20 ans) qui, à cause du risque crédit qu’ils impliquent ne sont offerts qu’à des grands acteurs. Il faut trouver un moyen de les rendre abordables à de plus petits acteurs, jusqu’aux groupements de consommateurs.

Pour plus de décarbonation, faut-il plus d’énergie renouvelable ou faut-il mieux la déployer ? On a surtout favorisé jusqu’ici, dit l’ACER, les capacités de production au point de subventionner les opérateurs ou de leur garantir un revenu mais si, ensuite, on taxe les revenus excessifs des opérateurs, en renouvelable ou pas, c’est reprendre ce qu’on a donné. Il serait plus efficace, dit l’ACER, de se tourner vers des schémas de rémunération orientés sur la mise à disposition de capacité de production plutôt que rémunérer ce qui est produit. D’office, des projets d’investissement iront là où ils sont le plus utiles, là où on manque justement de capacité de production. Les bourses d’électricité devraient aussi prévoir, dit l’ACER, des contrats à long terme à plus de trois ans (uniquement possible en bilatéral), de façon à élargir les moyens de se prémunir contre la volatilité du marché.

Les autres barrières

Il y a aussi, dans les marchés de gros, des barrières à l’entrée qui rendent le marché électrique aujourd’hui inefficace sans que le marché lui-même ne soit en cause : il faut encore améliorer les réseaux électriques, pour y connecter sans souci, des capacités de production renouvelable et des sources d’énergie flexibles à travers des zones géographiques étendues. Il faut mieux développer les instruments pour se prémunir contre les hausses de prix. Des organismes publics pourraient utiliser des instruments financiers pour se protéger contre la volatilité des prix au nom des clients, ce qui remplacerait à la fois le tarif social et le blocage des prix sans en avoir le côté intrusif. Et s’il faut vraiment un blocage des prix, qu’on songe à compenser les producteurs dont le coût de production dépasse le prix imposé.

Que faire dans l’immédiat ?

Ces mesures sont des améliorations structurelles du marché libéralisé tel qu’on le connait, dit l’ACER mais que faire là, maintenant, tout de suite, avec la guerre en Ukraine ? L’ACER a examiné les mesures prises par les États membres et a établi une taxonomie entre les plus interventionnistes (taxer les revenus excessifs des opérateurs ou bloquer les prix) et les moins interventionnistes (support ciblé aux utilisateurs vulnérables). Les mesures les plus interventionnistes sont les plus susceptibles de perturber le marché et d’envoyer de mauvais signaux aux acteurs de marché et aux investisseurs. Ces mesures étant prises, de manière dispersée, pays par pays, comment les transferts d’électricité entre pays vont-ils se réaliser? L’électricité continuera-t-elle bien d’aller des zones où son prix est le moins cher vers celles où il est le plus cher (et diminuer ce dernier au final).

L’ACER distingue, dans sa taxonomie interventionniste, 5 mesures : soutien aux groupes de consommateurs le plus vulnérables avec des chèques énergie, la taxation des profits au-dessus d’un certain niveau et redistribution aux consommateurs, subventionner le coût du gaz consommé par les producteurs pour qu’ils limitent en retour le prix auquel ils proposent leur électricité au marché, bloquer le prix de l’électricité et alors, le pire, segmenter le marché et réguler l’électricité en fonction du marché ou de la technologie, avec des prix et des quotas par filière (nucléaire, gaz…) ? Ceci  aboutirait, dit l’ACER, à une fragmentation qui rendrait la concurrence inefficace avec moins d’acteurs par filière, moins d’équilibrage naturel entre sources de production, en fonction de leur abondance et de leur prix, pour assurer la sécurité d’approvisionnement.

La taxation des profits indus semble le plus juste mais est difficile à mettre en place dit l’ACER. Comment l’évaluer surtout au regard des contrats à long terme d’électricité déjà vendus à des prix plus faibles que ceux du trading ? On va donc taxer des producteurs sur un prix qu’ils n’ont pas pratiqué ? Les subsides, quant à eux, cacheraient les vrais problèmes en ne donnant pas les bons signaux comme la présence de sous-capacités. On ne s’en rendra compte que quand la pénurie se manifeste.

Jouer en amont sur le gaz

Ceci dit, la volatilité des marchés est essentiellement due aujourd’hui à la volatilité du gaz. N’est-ce pas là qu’il faut adresser le problème. On interviendrait ainsi non pas sur les marchés de l’électricité qu’on perturberait moins. Là aussi, des contrats à long terme sécuriseraient l’approvisionnement et rendraient les prix moins volatils. Cela permettrait aussi de sécuriser l’exportation, l’exploitation de nouveaux champs gaziers et la construction d’infrastructures grâce à cet engagement. Le stockage de gaz, bien développé en Europe, est un autre coussin pour la volatilité : on l’a vu avec la Pologne qui ne craint pas la rupture d’approvisionnement en gaz décrété par la Russie.

Plusieurs États membres ont activé le recours au fournisseur de dernier ressort du fait de la sortie du marché d’acteurs alternatifs qui ne pouvaient faire face à la volatilité des marchés. Cela a plutôt bien fonctionné. Aucun consommateur ne s’est retrouvé sur le carreau. Ce qui fonctionne moins bien, c’est l’information au client qui a signé des contrats qui lui ont mis le couteau sur la gorge. Et de citer le cas de contrats qui s’indexe sur les prix de marché J+1. L’ACER évoque l’idée d’une obligation similaire à MiFID pour les clients : c’est une régulation qui impose de n’offrir au client que des produits financiers qu’il est capable de comprendre. Certains contrats d’électricité mériteraient le même traitement. On pourrait même étendre les profils défensif, neutre et agressif pour définir le type de portefeuille boursier aux contrats d’électricité.

Enfin, l’ACER évoque tout ce qu’on peut atteindre en rendant dynamique la demande, qu’elle puisse mieux répondre aux signaux du marché. Las, la faible pénétration des compteurs intelligents rend cette piste encore lointaine mais le temps presse : quand toutes les voitures seront électriques, si tout le monde recharge sa voiture au même moment, il va y avoir un problème. S’il faut agir sur la demande, il faut se tourner vers les gros consommateurs industriels et mieux les rémunérer. Et n’oublions pas que l’économie doit s’électrifier pour se décarboner : la consommation d’un ménage passera de la sorte de 3.500 KWh à 16.000 KWh par an si les transports et le chauffage sont électrifiés. Oui, le temps presse.

Pour l’ACER, rien ne justifie de renverser la table du marché de gros de l’électricité mais on peut l’améliorer. Il ne faut pas avoir honte de l’admettre : l’impact financier de la décarbonation accélérée voulue par l’Europe (et c’est tant mieux) impose d’adapter sa copie.

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Pour en savoir plusACER’s Final Assessment of the EU Wholesale Electricity Market Design, April 2022

L’électricité et la régulation du marché européen

L’électricité et la régulation du marché européen 

 

L’Europe connaît une crise énergétique qui s’est traduit notamment par une envolée des prix de l’électricité qui a obligé les gouvernements à prendre des mesures. Cela remet-il en cause la libéralisation du marché de l’électricité qui doit relever deux défis majeurs: la décarbonation accélérée et la guerre en Ukraine? Par Charles Cuvelliez et Patrick Claessens, Ecole Polytechnique de Bruxelles, Université de Bruxelles ( dans la Tribune).

 

La libéralisation de l’électricité a-t-elle donc tout faux avec des prix qui augmentaient même avant la guerre en Ukraine, sans compter les craintes de pénurie qui s’annoncent (et qui pèsent pour beaucoup dans les prix qui montent). Alors qu’est-ce que la libéralisation et le couplage des marchés électriques nationaux ou les lois du marché ont apporté (de bien) ? La sûreté de l’approvisionnement, la complémentarité des moyens de production, quand il n’y a pas assez de vent ou de soleil dans un pays (pouvoir alors bénéficier de la capacité de production hydraulique ou du nucléaire des pays voisins), le tout à un prix acceptable puisque l’électricité grâce à ce couplage s’écoule, aux lois de la physique près, des régions où elle est la moins chère vers là où elle est la plus chère. La France bénéficie de cette sécurité malgré la mise à l’arrêt d’une grande partie de son parc nucléaire. La Belgique en a bénéficié quand plusieurs de ses réacteurs étaient aussi à l’arrêt pour examiner les conséquences des défauts de cuve.  Aujourd’hui, deux défis de plus se posent à la libéralisation des marchés qui ne les avait pas prévus : la décarbonation accélérée et la guerre en Ukraine.

La décarbonation mettra plus de sources d’énergie renouvelables et intermittentes dans le marché. Il y aura des acteurs qui sortiront de ce marché parce qu’ils ne peuvent produire de l’électricité à bas carbone tandis que d’autres, actifs dans le renouvelable, vont y entrer. La demande en électricité va aussi changer de profil au fur et à mesure de l’électrification de l’économie pour la décarboner. Des évènements extrêmes comme on le connait aujourd’hui (géopolitique) et connaitra demain (crise économique, épisodes de grand froid, rupture d’approvisionnement) s’inviteront aussi dans l’équation dont le résultat final est une volatilité qui est là pour rester. Que faire pour l’atténuer, la compenser ? Par des sources d’énergie flexibles nouvelles à l’échelle de la seconde, de la journée, de l’année, via du stockage, via d’autres sources d’énergie (batteries, turbines, des stations de pompage hydraulique, des technologies qui renforcent le réseau électrique, meilleur guidage de la demande en électricité). La volatilité des prix actuelle envoie en tout cas aujourd’hui un signal clair d’investissement pour plus de ressources flexibles. Soyons patient. Il ne faudrait pas, dit l’ACER, dans son évaluation de l’efficacité du marché européen de l’électricité, qu’un interventionnisme peut-être nécessaire aujourd’hui mais mal ciblé mette à mal ces signaux.

A court terme, pour éviter que plus d’acteurs encore ne sortent du marché de gros (comme du marché de détail d’ailleurs), ces derniers doivent se prémunir contre cette volatilité qui fera désormais partie de leur modèle d’affaire. C’est déjà le cas via des contrats bilatéraux long terme en dehors des marchés de trading. Mais ces contrats à terme présentent un risque crédit qui exige en retour que ces acteurs apportent des garanties financières (des collatéraux) qui ne sont pas accessibles à tous (tout comme tout le monde n’a pas un bon risque crédit). Les contrats long terme ne sont pas la panacée et n’annihilent pas non plus la volatilité. Dans cette veine, il y a les PPA (Power Purchase Agreements), des achats à long terme d’électricité verte (sur 5 à 20 ans) qui, à cause du risque crédit qu’ils impliquent ne sont offerts qu’à des grands acteurs. Il faut trouver un moyen de les rendre abordables à de plus petits acteurs, jusqu’aux groupements de consommateurs.

Pour plus de décarbonation, faut-il plus d’énergie renouvelable ou faut-il mieux la déployer ? On a surtout favorisé jusqu’ici, dit l’ACER, les capacités de production au point de subventionner les opérateurs ou de leur garantir un revenu mais si, ensuite, on taxe les revenus excessifs des opérateurs, en renouvelable ou pas, c’est reprendre ce qu’on a donné. Il serait plus efficace, dit l’ACER, de se tourner vers des schémas de rémunération orientés sur la mise à disposition de capacité de production plutôt que rémunérer ce qui est produit. D’office, des projets d’investissement iront là où ils sont le plus utiles, là où on manque justement de capacité de production. Les bourses d’électricité devraient aussi prévoir, dit l’ACER, des contrats à long terme à plus de trois ans (uniquement possible en bilatéral), de façon à élargir les moyens de se prémunir contre la volatilité du marché.

Les autres barrières

Il y a aussi, dans les marchés de gros, des barrières à l’entrée qui rendent le marché électrique aujourd’hui inefficace sans que le marché lui-même ne soit en cause : il faut encore améliorer les réseaux électriques, pour y connecter sans souci, des capacités de production renouvelable et des sources d’énergie flexibles à travers des zones géographiques étendues. Il faut mieux développer les instruments pour se prémunir contre les hausses de prix. Des organismes publics pourraient utiliser des instruments financiers pour se protéger contre la volatilité des prix au nom des clients, ce qui remplacerait à la fois le tarif social et le blocage des prix sans en avoir le côté intrusif. Et s’il faut vraiment un blocage des prix, qu’on songe à compenser les producteurs dont le coût de production dépasse le prix imposé.

Que faire dans l’immédiat ?

Ces mesures sont des améliorations structurelles du marché libéralisé tel qu’on le connait, dit l’ACER mais que faire là, maintenant, tout de suite, avec la guerre en Ukraine ? L’ACER a examiné les mesures prises par les États membres et a établi une taxonomie entre les plus interventionnistes (taxer les revenus excessifs des opérateurs ou bloquer les prix) et les moins interventionnistes (support ciblé aux utilisateurs vulnérables). Les mesures les plus interventionnistes sont les plus susceptibles de perturber le marché et d’envoyer de mauvais signaux aux acteurs de marché et aux investisseurs. Ces mesures étant prises, de manière dispersée, pays par pays, comment les transferts d’électricité entre pays vont-ils se réaliser? L’électricité continuera-t-elle bien d’aller des zones où son prix est le moins cher vers celles où il est le plus cher (et diminuer ce dernier au final).

L’ACER distingue, dans sa taxonomie interventionniste, 5 mesures : soutien aux groupes de consommateurs le plus vulnérables avec des chèques énergie, la taxation des profits au-dessus d’un certain niveau et redistribution aux consommateurs, subventionner le coût du gaz consommé par les producteurs pour qu’ils limitent en retour le prix auquel ils proposent leur électricité au marché, bloquer le prix de l’électricité et alors, le pire, segmenter le marché et réguler l’électricité en fonction du marché ou de la technologie, avec des prix et des quotas par filière (nucléaire, gaz…) ? Ceci  aboutirait, dit l’ACER, à une fragmentation qui rendrait la concurrence inefficace avec moins d’acteurs par filière, moins d’équilibrage naturel entre sources de production, en fonction de leur abondance et de leur prix, pour assurer la sécurité d’approvisionnement.

La taxation des profits indus semble le plus juste mais est difficile à mettre en place dit l’ACER. Comment l’évaluer surtout au regard des contrats à long terme d’électricité déjà vendus à des prix plus faibles que ceux du trading ? On va donc taxer des producteurs sur un prix qu’ils n’ont pas pratiqué ? Les subsides, quant à eux, cacheraient les vrais problèmes en ne donnant pas les bons signaux comme la présence de sous-capacités. On ne s’en rendra compte que quand la pénurie se manifeste.

Jouer en amont sur le gaz

Ceci dit, la volatilité des marchés est essentiellement due aujourd’hui à la volatilité du gaz. N’est-ce pas là qu’il faut adresser le problème. On interviendrait ainsi non pas sur les marchés de l’électricité qu’on perturberait moins. Là aussi, des contrats à long terme sécuriseraient l’approvisionnement et rendraient les prix moins volatils. Cela permettrait aussi de sécuriser l’exportation, l’exploitation de nouveaux champs gaziers et la construction d’infrastructures grâce à cet engagement. Le stockage de gaz, bien développé en Europe, est un autre coussin pour la volatilité : on l’a vu avec la Pologne qui ne craint pas la rupture d’approvisionnement en gaz décrété par la Russie.

Plusieurs États membres ont activé le recours au fournisseur de dernier ressort du fait de la sortie du marché d’acteurs alternatifs qui ne pouvaient faire face à la volatilité des marchés. Cela a plutôt bien fonctionné. Aucun consommateur ne s’est retrouvé sur le carreau. Ce qui fonctionne moins bien, c’est l’information au client qui a signé des contrats qui lui ont mis le couteau sur la gorge. Et de citer le cas de contrats qui s’indexe sur les prix de marché J+1. L’ACER évoque l’idée d’une obligation similaire à MiFID pour les clients : c’est une régulation qui impose de n’offrir au client que des produits financiers qu’il est capable de comprendre. Certains contrats d’électricité mériteraient le même traitement. On pourrait même étendre les profils défensif, neutre et agressif pour définir le type de portefeuille boursier aux contrats d’électricité.

Enfin, l’ACER évoque tout ce qu’on peut atteindre en rendant dynamique la demande, qu’elle puisse mieux répondre aux signaux du marché. Las, la faible pénétration des compteurs intelligents rend cette piste encore lointaine mais le temps presse : quand toutes les voitures seront électriques, si tout le monde recharge sa voiture au même moment, il va y avoir un problème. S’il faut agir sur la demande, il faut se tourner vers les gros consommateurs industriels et mieux les rémunérer. Et n’oublions pas que l’économie doit s’électrifier pour se décarboner : la consommation d’un ménage passera de la sorte de 3.500 KWh à 16.000 KWh par an si les transports et le chauffage sont électrifiés. Oui, le temps presse.

Pour l’ACER, rien ne justifie de renverser la table du marché de gros de l’électricité mais on peut l’améliorer. Il ne faut pas avoir honte de l’admettre : l’impact financier de la décarbonation accélérée voulue par l’Europe (et c’est tant mieux) impose d’adapter sa copie.

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Pour en savoir plusACER’s Final Assessment of the EU Wholesale Electricity Market Design, April 2022

Contrôle des prix de l’électricité en France

Contrôle des prix de l’électricité en France

Pour lutter contre l’inflation le ministre de l’économie a décidé un contrôle des prix de l’électricité nucléaire ; une régulation qui va se constater sur la facture des usagers, ménage ou entreprise.

Dans un entretien au Parisien, le ministre de l’Economie a détaillé la stratégie de Bercy à l’égard de l’énergéticien EDF. Il a confirmé son intention de baisser les taxes, comme l’avait déjà évoqué l’exécutif. La principale, la Taxe intérieure de l’électricité (TICFE) La principale, la Taxe intérieure de l’électricité (TICFE), a été ramenée de 22,5 à 0,5 € au mégawattheure (MWh).

De quoi récupérer 8 milliards d’euros. « Cela nous permettait de couvrir environ 15 points de hausse du prix de l’électricité », a souligné le ministre. Mais il a évalué à 35% l’augmentation du prix de l’électricité : pour compenser la différence, il a donc annoncé une autre mesure, faisant cette fois peser la charge sur EDF.

Nous allons donc mettre en œuvre une mesure complémentaire en augmentant de 20 térawattheures (TWh) le volume d’électricité nucléaire vendu à prix réduit par EDF à ses concurrents, pour le faire passer à titre exceptionnel de 100 à 120 TWh. Cette mesure sera automatiquement répercutée sur la facture des particuliers, que ce soit les ménages ou les entreprises qui achètent leur électricité au tarif régulé.

En fonction des prix du marché, le coût imputé à l’énergéticien serait de 7,7 milliards à 8,4 milliards d’euros, calcule Le Maire. Pour adoucir la facture d’EDF, le tarif de vente a été augmenté pour ces 20 TWh supplémentaires : il sera de 46,2 € / MWh, contre 42 prévus habituellement dans le cadre de cette procédure, l’Arenh (Accès régulé à l’électricité nucléaire historique).

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