Archive pour le Tag 'l’édition'

Videndi et globalisation : L’avenir du livre

Videndi et  globalisation : L’avenir du livre 

Par François Lévêque, Mines Paris ( dans la Tribune.)

 

 

Après des mois de bruits divers, Vincent Bolloré, le patron du géant des médias Vivendi, a décidé de céder le très franco-français Editis à un repreneur étranger pour ne pas avoir à faire face à des problèmes de concentration que lui promettaient déjà les régulateurs européens.

Une façon pour lui et Vivendi de mieux garder le contrôle d’Hachette et de réaliser ses ambitions d’envergure mondiale.

Cet échange croisé illustre l’internationalisation de l’industrie de l’édition et témoigne de la foi du secteur en son avenir.

Amazon offre, par exemple, un parfait cas d’école pour analyser la mondialisation du secteur du livre.

L’entreprise de Jeff Bezos n’est-elle pas devenue la première librairie globale ? Première à offrir une plate-forme de revente de livres dans de nombreux pays ; première par l’étendue du choix de langue écrite ; première par sa domination dans la commercialisation des livres imprimés, qu’ils soient neufs ou d’occasion. Première naturellement dans la vente de livres numériques. Première aussi, c’est moins attendu, dans le livre audio.

En un clic, des centaines de millions de lecteurs un peu partout sur la planète bénéficient désormais d’un accès immédiat ou après une attente de quelques jours au livre de leur choix parmi des millions de références disponibles.

Faut-il encore savoir quel livre choisir ! À l’image d’un Umberto Eco se dirigeant d’un pas tranquille, mais décidé, dans sa bibliothèque labyrinthique pour trouver celui qu’il cherche.

Amazon est aussi la première plate-forme d’auto-édition. Elle propose plus d’un million de nouveaux titres chaque année dans plusieurs langues. Si vous faites partie des quelques 100 000 écrivains français du dimanche, vous avez sans doute déjà regardé, sinon utilisé, les nombreux outils offerts par Kindle Direct Publishing, pour créer et publier un livre électronique, broché ou relié. Vous avez sans doute aussi été déçu par les ventes de votre œuvre. À en croire un écrivain humoriste américain, comptez en moyenne 14 exemplaires vendus dont plus de la moitié acquis par les membres de la famille.

Cette puissance de feu tous azimuts d’Amazon n’est pas sans inquiéter les entreprises de l’édition, d’autant qu’elle est progressivement devenue leur premier client. Leur besoin de mieux négocier leurs conditions de vente avec l’ogre de Seattle est d’ailleurs une motivation, affirmée avec force, de leurs projets de fusion et acquisition.

Une bonne illustration de ce phénomène est le rapprochement entre Penguin Random House (Bertelsman) et Simon & Schuster (Paramount Global). Cette opération, non encore finalisée, car en cours de jugement antitrust, fait suite à une vague de 30 ans de fusions et acquisitions internationales.

Trop nombreuses à lister ici, citons-en seulement quelques-unes : l’absorption de Collins (Royaume-Uni) ­- rappelez-vous de votre premier dictionnaire d’anglais ! – par Harper (États-Unis) ; celle d’Harlequin (Canada), connu pour ses romans sentimentaux publiés dans le monde entier, par Harper Collins ; le rachat de Random House (États-Unis) aux choix chanceux de publication, à l’instar de l’Ulysse de Joyce, par Bertelsmann (Allemagne) ; celui de Penguin House (Royaume-Uni) au célèbre et inoxydable logo par Bertelsman toujours.

Et donc aujourd’hui aussi le projet d’acquisition de Simon & Schuster, la maison d’édition de Stephen King, et John Grisham, entre autres ; sans oublier le projet de rapprochement désormais caduc entre Editis (Vivendi) et Hachette Livre (Largardère).

La constitution de géants de l’édition est la conséquence immédiate des fusions et acquisitions, en particulier transfrontalières. Six groupes occupent aujourd’hui le quart du marché mondial. L’industrie de l’édition n’a pas échappé au mouvement planétaire de l’ascension commerciale d’entreprises multinationales devenant des géants.

Comme dans les autres industries, l’innovation joue un rôle clef dans l’évolution du secteur. À commencer par l’innovation technologique. Le numérique a inondé la planète du livre, que ce soit à travers l’édition électronique, la logistique de la distribution, le marketing des succès, la vente de livres audio et de bandes dessinées ou encore le segment du livre professionnel. Or le numérique se caractérise par des coûts unitaires plus faibles, mais aussi par des coûts fixes plus élevés qui doivent donc être amortis sur de plus vastes marchés. Ce sont aussi des économies de réseaux qui favorisent quelques-uns par un effet boule de neige. Un seul ou une poignée de gagnants sont sélectionnés.

L’innovation concerne également les formats, utilisons ici les termes anglais consacrés, et finalement plus parlants, à l’instar de webtoonwebnovelgraphic novelserial fiction, etc. Elle concerne aussi les modèles d’affaires comme les formules par abonnements – sortes de club du livre du monde d’aujourd’hui – ou la déclinaison tous médias et tous azimuts des titres à succès : séries, films, podcasts, jeux, colifichets et autres babioles. Bref, une sorte d’universalisation des récits et de leurs héros.

Le Petit Prince lui-même, livre le plus traduit au monde après la Bible, n’a pas échappé à cette commercialisation effrénée. Il a bien sûr été adapté en film et en série et sa célèbre silhouette élancée a été reproduite sur tout et n’importe quoi, porte-clefs, médailles, casquettes, et même coquetiers, étuis à lunettes et gourdes. Il y a du bon, du moins bon et du très mauvais, mais ne levez pas les yeux au ciel en regrettant ce commerce hors du livre. Le personnage de Saint-Exupéry a ainsi connu de nombreuses vies nouvelles, prolongeant pour certains le bonheur de la lecture ou engageant d’autres à s’y plonger.

Joue également une certaine uniformisation des goûts et des modes dont témoignent de nombreux livres et genres à succès internationaux. L’anatomie des best-sellers a été étudiée en comparant les données des caractéristiques textuelles des ouvrages qui figurent dans les listes des meilleures ventes et ceux qui n’y figurent pas. Leur dissection fait apparaître, entre autres, que le succès réclame plutôt un langage simple, proche du parler, un nombre de thèmes principaux restreint à deux ou trois, et des montées et descentes d’émotion qui se succèdent. Trop d’adjectifs et de verbes sont à éviter. Idem pour les scènes de sexe ou la description des corps, sauf s’ils sont refroidis (les romans policiers sont légion parmi les livres à succès…).

Bien entendu, la connaissance complète des ingrédients à incorporer ou à éviter ne fournit pas pour autant la recette du succès. De la même façon que la liste des produits dans le garde-manger des cuisiniers de Top Chef ne suffit pas pour désigner à l’avance le vainqueur. Notez qu’il n’y a pas non plus de recette miracle pour deviner les genres et sous-genres à succès à l’instar du polar scandinave ou du manga d’action. C’est ici comme l’engouement mondial pour la pizza et le hamburger, ou plus récemment pour le poke bowl.

Terminons de filer la métaphore culinaire en rappelant que pour le livre comme pour la cuisine, les goûts et les préférences restent encore marqués par la culture locale. Ils diffèrent d’un endroit, d’un pays, d’un continent à l’autre. Les livres traduits ne représentent par exemple en France qu’un cinquième des ventes.

Même s’il fait rêver nombre d’auteurs, le livre à succès et ses déclinaisons restent une exception. En proportion du nombre d’exemplaires vendus et donc du chiffre d’affaires des éditeurs, c’est une autre affaire. Prenons l’exemple des États-Unis où le nombre moyen d’exemplaires par titre s’élève à quelques centaines : les 10 livres écoulés à plus d’un million d’exemplaires font autant de recettes que le million d’autres placés à moins de 100 exemplaires.

Par ailleurs, le nombre de tirages par nouveau titre diminuant mécaniquement à mesure que le nombre de nouveaux titres gonfle – une tendance depuis de longues années – les livres à succès deviennent plus importants pour l’équilibre des comptes. En effet, à la différence notable d’autres secteurs qui se sont internationalisés, l’édition ne bénéficie pas d’un marché mondial qui explose. Celui-ci ne croît même pas plus vite que la population ou la richesse mesurée par le PIB. Dans les pays développés, le marché se rétrécit en euros ou en dollar constants et les pays d’économie émergente n’ont pas pris le relais, et ce malgré les progrès de l’éducation et le développement universitaire qu’ils connaissent. En tout cas pas encore.

Dans les années 1960, la planète comptait 1,6 livre vendu par habitant, le chiffre est tombé à moins d’un dans les années 2000. En attendant, un retournement de tendance éventuel, on comprend pourquoi les géants de l’édition s’empressent de chercher de la croissance en dehors de leur marché géographique traditionnel et de rechercher des débouchés autres que la publication pour leurs titres imprimés ou électroniques à succès.

Le livre hors de ses frontières linguistiques grâce aux traductions, et textuelles grâce à ses adaptations en images, ne perd pas son âme. De même pour l’édition hors de ses bastions nationaux. Elle aide le livre à voyager. Le rapprochement entre Editis et Hachette faisait craindre à beaucoup la constitution d’un mastodonte français de l’édition écrasant tout le monde hexagonal sur son passage. Avec l’acquisition d’Hachette par Vivendi et celle future d’Editis vraisemblablement par un groupe étranger de l’édition, cette tentative va pousser finalement l’industrie française du livre à s’ouvrir encore un peu plus au monde.

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Par François Lévêque, Professeur d’économie, Mines Paris

François Lévêque a publié chez Odile Jacob « Les entreprises hyperpuissantes. Géants et Titans, la fin du modèle global ». Son ouvrage a reçu le prix lycéen du livre d’économie 2021

L’édition française dans les mains du réactionnaire Bolloré ?

L’édition française dans les mains du réactionnaire Bolloré ?

 

 

Quand on voit ce que Bolloré a fait de Cnews, une télévision complètement réac proche des thèses de Trump, il y a lieu de s’inquiéter du regroupement de l’ensemble de l’édition française envisagée par l’industriel. Maison mère d’Editis, Vivendi possède désormais plus de la moitié du groupe Lagardère, propriétaire d’Hachette. Cette acquisition annonce la naissance d’un mégagroupe d’édition, contrôlé par l’industriel Vincent Bolloré, qui inquiète au plus haut point un collectif de dirigeantes de maisons d’édition indépendantes.(Le Monde)

 

Il semblerait qu’un grand méchant loup s’apprête à dévorer la plus grosse part de l’édition française : c’est pour mieux nous aimer, nous dit-on, mieux défendre les auteurs, les libraires et tout l’écosystème de l’édition française… Comme chacun sait, Editis, deuxième groupe éditorial français et propriété de Vincent Bolloré, s’apprête à absorber Hachette, premier groupe français. [Depuis le 14 juin, le groupe Vivendi détient 57,35 % du groupe Lagardère, propriétaire notamment de la maison d’édition Hachette. Ce rachat n’a pas encore été approuvé par la Commission européenne.] Son idée ? Construire un mégagroupe, français et international, un géant de l’information capable de concurrencer Amazon et Google.

Si cette fusion avait lieu, qu’adviendrait-il de la diversité de l’édition française ? La situation parfois précaire des auteurs en serait-elle améliorée ? L’excellence de notre réseau de librairies en sortirait-elle renforcée ? Sans même mentionner la liberté de la presse ou l’indépendance éditoriale des maisons qui se trouveraient ainsi réunies dans ce mégagroupe… A ces questions, nous répondons non.

 

Plus encore que l’intuition féminine, notre expérience partagée d’éditrices indépendantes – nous fêtons, cette année, nos 20, 30 et 40 ans de métier – nous autorise à le déclarer haut et fort : une telle fusion affaiblirait considérablement la richesse, la diversité et le dynamisme du paysage éditorial français. Notre métier s’articule entre artisanat et industrie. Ce mégagroupe, tel qu’il se dessine aujourd’hui, romprait totalement l’équilibre du marché et mettrait en péril toute l’édition indépendante, car les répercussions d’une concentration jamais atteinte à ce jour, par sa taille et son ampleur, se feraient sentir sur l’ensemble de la chaîne du livre.Actuellement, les éditeurs indépendants sous-traitent leur diffusion-distribution à des entités tierces qui assurent leur présence sur le marché. Nous avons, aujourd’hui encore, le choix entre des interlocuteurs divers, ce qui nous permet de négocier nos contrats. Le projet d’acquisition réunirait, au sein d’une seule entité, les plates-formes de diffusion et de distribution d’Hachette et d’Editis, qui représenteraient plus de 50 % du marché. Quant à l’accès aux plus petits points de vente, il serait de facto à 100 % entre les mains du nouveau mégagroupe, une situation de monopole néfaste aussi bien pour les éditeurs que pour ces plus petits points de vente.

Côté librairies, ce mégagroupe représenterait 59 % de part de marché en littérature générale, 65 % en poche et 83 % en parascolaire, selon la société d’évaluation GfK, sans parler de son poids dans les meilleures ventes. Les librairies se trouveraient, dès lors, confrontées à une pression considérable de ce géant, qui tenterait forcément de leur dicter ses conditions : des remises moindres, privilégiant le quantitatif au qualitatif. En somme, tout le contraire de la loi Lang [de 1981, relative au prix du livre], qui rémunère d’abord l’aspect qualitatif du travail des libraires, notamment leurs conseils et leurs lectures – un travail chronophage qui permet à la diversité éditoriale d’exister. Cette pression serait délétère.

Culture–La menace Bolloré dénoncée par Antoine Gallimard dans le « Monde »

Culture-Antoine Gallimard dénonce la menace d’hégémonie dans l’édition

La menace dénoncée par Antoine Gallimard dans le « Monde » est de nature économique car elle risque d’aboutir à une situation de monopole. En outre, la menace est aussi idéologique car Bolloré est porté par des sensibilités nettement réactionnaires qu’on a déjà pu constater dans les médias dont il a pris la direction.

 

 

Antoine Gallimard, le patron des éditions Gallimard s’est dit mercredi «très inquiet» du projet de fusion entre Hachette, premier éditeur français et propriété du groupe Lagardère, et son rival Editis, propriété de Vivendi, la qualifiant de «tsunami» pour le secteur de l’édition et son pluralisme. «Je pense que c’est un véritable tsunami cette histoire. Je suis très inquiet», a déclaré Antoine Gallimard, à la tête du groupe Madrigall, maison mère des éditions Gallimard fondées par son grand-père, au micro de France Inter.

«On touche à des terrains extrêmement sensibles: le scolaire, le parascolaire. Ce serait des présences des deux grands groupes de l’ordre de 80%: (…) 84% parascolaire, 74% scolaire… En littérature poche, ça serait autour de 65%. Donc c’est énorme, a détaillé Antoine Gallimard. J’ai très peur. Notre grande force en France, c’est la diversité. La grande force c’est d’avoir des libraires indépendants, d’avoir aussi des petits éditeurs, d’avoir des auteurs de toutes sortes. (…) On fait un métier d’artisan. On ne fait pas un métier de grand industriel.» «La démarche économique et industrielle» portée par Vincent Bolloré «n’a pas de sens», selon lui. «Cela peut être un vrai problème de dislocation» du marché, a-t-il encore estimé. Il y a une sorte d’illusion, en disant qu’il va créer une sorte de grand système de divertissement à la Disney, et que le livre servira de ressource. Moi je n’y crois pas du tout.»

Le géant des médias Vivendi, contrôlé par la famille Bolloré, avait annoncé en septembre son intention de monter à 45% du capital du groupe Lagardère, puis de lancer une offre publique d’acquisition sur le solde des actions. L’opération doit conduire au rapprochement de plusieurs médias comme Europe 1 et CNews, ainsi que des groupes Hachette Livre et Editis, concurrents dans pratiquement tous les secteurs de l’édition. L’opération doit ainsi être validée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel et par la Commission européenne.

«Je ne vois pas comment Bruxelles pourra accepter ce projet. (…) Ce sont des gens très avisés, très attentifs (…) Je veux croire à la profondeur de ce travail», a encore espéré mercredi Antoine Gallimard. «Ce n’est pas en écrasant la concurrence qu’on se grandit». En 2004, le groupe Vivendi, sorti du livre pour combler ses dettes, avait été empêché par la Commission européenne de céder la totalité de son pôle d’édition à Lagardère. La partie française, renommée Editis, avait été cédée à des investisseurs avant de revenir fin 2018 dans le giron de Vivendi.

Le marché du livre en France a connu une croissance inédite en 2021, avec une progression de 12,5% en euros constants par rapport à 2020, et de 7,4% par rapport à 2019, selon des chiffres de Xerfi publiés fin janvier par Livres Hebdo. L’organisation professionnelle du secteur, le Syndicat national de l’édition, avait souligné début janvier le «risque d’abus de position dominante». Editis, opposé à ce texte, avait répondu qu’il «souscrivait pleinement et par essence aux valeurs du monde de l’édition» et «participait activement à la défense de la librairie indépendante».

Antoine Gallimard dénonce la menace d’hégémonie Bolloré dans l’édition

Antoine Gallimard dénonce la menace d’hégémonie dans l’édition

 

La menace dénoncée par Antoine Gallimard dans le « Monde » est de nature économique car elle risque d’aboutir à une situation de monopole. En outre,la menace est aussi idéologique car Bolloré est porté par des sensibilités nettement réactionnaires qu’on a déjà pu constater dans les médias dont il a pris la direction.

 

Antoine Gallimard, le patron des éditions Gallimard s’est dit mercredi «très inquiet» du projet de fusion entre Hachette, premier éditeur français et propriété du groupe Lagardère, et son rival Editis, propriété de Vivendi, la qualifiant de «tsunami» pour le secteur de l’édition et son pluralisme. «Je pense que c’est un véritable tsunami cette histoire. Je suis très inquiet», a déclaré Antoine Gallimard, à la tête du groupe Madrigall, maison mère des éditions Gallimard fondées par son grand-père, au micro de France Inter.

«On touche à des terrains extrêmement sensibles: le scolaire, le parascolaire. Ce serait des présences des deux grands groupes de l’ordre de 80%: (…) 84% parascolaire, 74% scolaire… En littérature poche, ça serait autour de 65%. Donc c’est énorme, a détaillé Antoine Gallimard. J’ai très peur. Notre grande force en France, c’est la diversité. La grande force c’est d’avoir des libraires indépendants, d’avoir aussi des petits éditeurs, d’avoir des auteurs de toutes sortes. (…) On fait un métier d’artisan. On ne fait pas un métier de grand industriel.» «La démarche économique et industrielle» portée par Vincent Bolloré «n’a pas de sens», selon lui. «Cela peut être un vrai problème de dislocation» du marché, a-t-il encore estimé. Il y a une sorte d’illusion, en disant qu’il va créer une sorte de grand système de divertissement à la Disney, et que le livre servira de ressource. Moi je n’y crois pas du tout.»

Le géant des médias Vivendi, contrôlé par la famille Bolloré, avait annoncé en septembre son intention de monter à 45% du capital du groupe Lagardère, puis de lancer une offre publique d’acquisition sur le solde des actions. L’opération doit conduire au rapprochement de plusieurs médias comme Europe 1 et CNews, ainsi que des groupes Hachette Livre et Editis, concurrents dans pratiquement tous les secteurs de l’édition. L’opération doit ainsi être validée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel et par la Commission européenne.

«Je ne vois pas comment Bruxelles pourra accepter ce projet. (…) Ce sont des gens très avisés, très attentifs (…) Je veux croire à la profondeur de ce travail», a encore espéré mercredi Antoine Gallimard. «Ce n’est pas en écrasant la concurrence qu’on se grandit». En 2004, le groupe Vivendi, sorti du livre pour combler ses dettes, avait été empêché par la Commission européenne de céder la totalité de son pôle d’édition à Lagardère. La partie française, renommée Editis, avait été cédée à des investisseurs avant de revenir fin 2018 dans le giron de Vivendi.

Le marché du livre en France a connu une croissance inédite en 2021, avec une progression de 12,5% en euros constants par rapport à 2020, et de 7,4% par rapport à 2019, selon des chiffres de Xerfi publiés fin janvier par Livres Hebdo. L’organisation professionnelle du secteur, le Syndicat national de l’édition, avait souligné début janvier le «risque d’abus de position dominante». Editis, opposé à ce texte, avait répondu qu’il «souscrivait pleinement et par essence aux valeurs du monde de l’édition» et «participait activement à la défense de la librairie indépendante».




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