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Réduire la dépendance économique du pays Christophe Lecourtier

Réduire la dépendance économique du pays par Christophe Lecourtier (Business France)

Christophe Lecourtier (Business France)Estime nécessaire de réduire la dépendance économique

La redécouverte du plan en quelque sorte avec France 2030 mais il est probable que les moyens ne seront pas à la hauteur de l’enjeu si l’on compare par exemple la France et l’Allemagne NDLR


Les menaces de récession se précisent partout en Europe. Où se situent l’économie française actuellement et l’attractivité de la France en particulier ?

CHRISTOPHE LECOURTIER – La situation de l’économie française est contrastée mais le tableau est loin d’être complètement noir. Les créations d’emplois restent dynamiques. Le moral des chefs d’entreprise, dans l’industrie, est en voie d’amélioration. La croissance devrait rester positive à la fin de l’année. L’attractivité de la France fait face aux difficultés du contexte international. Au sein de l’Europe, la France est confrontée aux mêmes problématiques que la plupart de ses voisins.

Elle a cependant la chance de disposer de France 2030, qui éclaire le moyen terme. Ce projet fixe des priorités et mobilise des moyens importants. Plus de 50 milliards d’euros sont mobilisés pour favoriser le développement des énergies renouvelables mais aussi des industries de la santé, de l’agroalimentaire…etc. France 2030 vise à réduire notre dépendance aux importations et redonner au tissu industriel français une longueur d’avance.

Quel regard portez-vous sur les perspectives pour l’année prochaine ?
En 2023, le monde entier risque de traverser une zone de turbulences. D’où l’importance de se projeter au-delà. Au regard de nos voisins, la France est la seule à avancer cette vision. L’Allemagne est confrontée à sa dépendance au gaz russe et le Royaume-Uni change très souvent de politique économique. Dans le domaine de l’énergie, la France fait face à une potentielle difficulté en termes de génération d’électricité mais nous disposons de nombreuses centrales nucléaires qui devraient se remettre en fonctionnement dans quelques mois.
La France a également annoncé la construction de nouveaux réacteurs. Cette vision et ces projets vont conforter la volonté des investisseurs étrangers de continuer à choisir la France comme leur destination favorite. Jusqu’en octobre, nous constatons une légère croissance du nombre de projets potentiels d’investissement par rapport à 2021 alors que c’était déjà une année record.

Dans un contexte géopolitique particulièrement tendu, comment aidez-vous les entreprises tricolores à se projeter à l’international ?
Nous aidons les entreprises étrangères à venir prendre part à cette stratégie France 2030. Les trous dans la raquette industrielle de la France ne seront pas tous comblés par des entreprises françaises. Business France compte bien donner envie aux entreprises étrangères de participer à la réindustrialisation et, par ailleurs, nous aidons les entreprises françaises, les PME et les ETI, à exporter en plus grand nombre et davantage en s’appuyant sur la Team France Export.
A cet égard, les équipes de la Team France Export, partout en France, aident nos entreprises à définir leur stratégie et à choisir les marchés étrangers prioritaires pour elles. A l’étranger, nos équipes les accueillent et les accompagnent pour rencontrer les bons partenaires. C’est un outil puissant, qui fonctionne efficacement, car le nombre d’exportateurs a augmenté ces dernières années malgré la pandémie. La France compte sur son territoire 139.000 exportateurs contre 132.000 au début du précédent quinquennat. C’est plus qu’en Italie. Même si la balance commerciale est négative en raison notamment du coût de l’énergie, les exportations connaissent une belle dynamique. Sur le premier semestre 2022, la France a davantage exporté qu’au premier semestre 2019 avant la crise sanitaire.

Vous avez récemment organisé les deuxièmes rencontres de la Team France Invest. Quelles sont les nouvelles priorités de la stratégie d’attractivité à l’international de la France et de ses régions ?
La souveraineté industrielle et la réindustrialisation font partie des priorités. Cela doit passer notamment par France 2030. Il y a également un axe de priorité sur la méthode de travail avec les régions. Car c’est dans ces territoires que les projets atterrissent. Nous avons renforcé le travail en équipe avec les régions, pour offrir aux investisseurs étrangers un « front uni », par le biais des équipes de la Team France Invest.
Ce « meilleur accompagnement » est très concret. Il s’agit d’aider les entreprises à trouver des terrains, de la main-d’œuvre, les bonnes aides pour réussir leur implantation. La Team France Invest entend être le guichet unique pour les investisseurs étrangers.

Lors d’une récente intervention devant la Commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, vous avez évoqué le sujet du foncier en France. Comment concilier cette problématique et celui des enjeux de préservation environnementale ?
Le foncier disponible en France n’est pas abondant. On a travaillé à identifier des sites clés en main, c’est-à-dire des lieux ayant toutes les autorisations nécessaires pour limiter l’impact environnemental ou archéologique. 127 territoires ont été identifiés. Les entreprises évoquent aussi certaines difficultés résultant du dispositif de « zéro artificialisation nette » des sols.
Cela implique de mieux utiliser les friches, mais ce n’est pas toujours adapté aux besoins. Il existe aussi des enjeux d’acceptabilité des populations des projets qui peuvent être polluants. Il faut réussir à jongler entre tous ces paramètres et trouver le bon équilibre. Il faut concilier les règles nécessaires, le respect des souhaits des populations et en même temps ne pas s’interdire de poursuivre la réindustrialisation.

La France est devenue en 2019 le premier pays en matière d’accueil d’investissements étrangers en Europe. La guerre en Ukraine risque-t-elle de mettre un coup d’arrêt à cette place de leadership sur le Vieux continent ?
La France a réussi à passer de la troisième place en 2017 à la première place en 2019. Nous avons réussi à conserver cette place en 2020 et 2022, et même creuser l’écart avec l’Allemagne et la Grande Bretagne. Le Royaume-Uni semble entré dans une ère d’instabilité économique et politique. En Allemagne, la question énergétique est très forte dans le contexte de la guerre en Ukraine et de la dépendance au gaz russe. L’Europe, et l’Allemagne en particulier, ont compris qu’elles ne voulaient plus être prises en otage d’un fournisseur qui prend le gaz comme une arme.
Les pays compétiteurs de la France sont logés à la même enseigne. Actuellement, tous les pays en Europe connaissent des prix très élevés de l’énergie. Tous les pays doivent faire face à l’inflation et la désorganisation des chaînes de production. Je suis convaincu que le pays gagnant sera celui qui sera capable de présenter un projet à l’horizon 2030. C’est un horizon suffisamment loin pour espérer que la guerre en Ukraine soit terminée et que l’inflation soit contrôlée. Mais c’est un horizon suffisamment proche pour un investisseur. Les investisseurs qui viennent en France investissent pour des durées suffisamment longues. Il s’agit de prendre en compte les évolutions annoncées et de bénéficier des avantages traditionnels du site France. Cette période de turbulences peut compliquer les décisions d’investissement mais pas particulièrement en France. Ce n’est pas l’Hexagone qui est dans l’œil du cyclone.

Le renchérissement des matières premières et des prix de l’énergie menace-t-il tous les efforts réalisés en matière de réindustrialisation et de relocalisation ?

Il faut espérer que ce renchérissement ne dure pas trop longtemps. La France doit être suffisamment convaincante sur le projet France 2030 pour que les investisseurs étrangers continuent à s’intéresser à notre territoire, et aient envie de bâtir à notre côté nos industries de demain.

Les investisseurs que nous rencontrons raisonnent sur du moyen terme. Ils sont évidemment sensibles aux sujets conjoncturels mais ce qui les guide dans leur choix d’implantation, ce sont des trajectoires. C’est tout le sens de France 2030 qui dessine cette transition de notre économie à travers des choix clairement énoncés.

Dans les pharmacies françaises, certains médicaments manquent à l’appel. Le phénomène est en train d’empirer, frappant désormais certains antibiotiques et imposant aux autorités sanitaires de prendre des mesures d’urgence. Comment faire pour inciter les industries pharmaceutiques à rapatrier leurs productions en France ?
La santé fait partie des filières prioritaires de France 2030. La pandémie a montré que la France était trop dépendante, notamment de la Chine, mais pas seulement, en matière de médicaments. Depuis 2020, la France a commencé à rapatrier certains éléments des chaînes de production. Aujourd’hui on se bat en permanence pour pouvoir localiser ici de nouveaux produits, tout en recherchant un bon équilibre entre les incitations offertes aux investisseurs et une maîtrise des dépenses en matière de santé.

Même si la France ne peut pas être autosuffisante, la santé est un secteur suffisamment critique pour que des efforts soient faits afin de reconstituer ou développer un tissu industriel dans ce domaine. Il y a un vrai besoin, qui justifient des efforts pour que les industriels français et étrangers développent leurs activités chez nous. Ma conviction qu’il existe un environnement des affaires, et un régimes d’aides, suffisamment attractifs pour que ces industriels restent, viennent et se développent.




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