Archive pour le Tag 'L’économie'

Page 5 sur 13

Les fragilités de l’économie française

 Les fragilités de l’économie française 

 

L’économiste Patrick Artus  détaille dans le Monde  les maux du pays .

 

La situation conjoncturelle de la France est inquiétante, avec la forte hausse du prix de l’énergie. Mais après un examen plus attentif, l’économie française révèle d’inquiétantes fragilités, qui démontrent l’ampleur de la dégradation structurelle en cours en particulier dans le domaine industriel (extrait)

Une analyse superficielle pourrait conduire à une vision optimiste et faire croire à la solidité de notre économie. Les grands indicateurs macroéconomiques ne révèlent pas, en effet, de faiblesse majeure. Le produit intérieur brut (PIB) a crû  au début de 2022 en France, exactement comme en Allemagne. Le taux de chômage est aujourd’hui à son niveau le plus bas depuis vingt ans (7,2 %), à l’exception du tout début de 2008 (7,1 %), alors qu’il était encore de 10,5 % en 2016.

Malgré la succession des crises, l’emploi a progressé dans la période récente : il est, au 1er trimestre 2022, 2,9 % au-dessus de son niveau du début de 2019, et la population active est 1,3 % au-dessus de son niveau du début de 2019, avec donc une forte croissance de l’emploi et de la participation (proportion de la population en âge de travailler qui se présente sur le marché du travail) depuis la sortie de la crise due au Covid-19.

La balance courante (le solde des échanges de biens, de services et de revenus avec le reste du monde) est en moyenne équilibrée depuis le deuxième semestre 2020, après avoir été en déficit de 2005 à 2020. L’écart de taux d’intérêt avec l’Allemagne, même s’il augmente depuis les élections du printemps, reste faible, autour de 60 points de base. Enfin, le nombre de faillites d’entreprises est très faible, autour de 32 000 en rythme annuel au printemps 2022, contre 45 000 à 65 000 sur la période 2002-2019, malgré la forte progression du crédit (prêts garantis par l’Etat) durant la crise résultant du Covid-19.

Si on s’arrêtait là, on conclurait que la France n’a pas de déficit de croissance, a créé beaucoup d’emplois, a rééquilibré son commerce extérieur, n’a pas de problème avec sa dette publique et a des entreprises très solides. Mais, malheureusement, ce n’est pas le cas, car l’économie française souffre de quatre graves fragilités.

La première est celle de l’industrie. La période récente a mis en évidence son incapacité à répondre à la demande. Il y a vingt ans, la balance commerciale de la France pour les produits industriels était excédentaire de 25 milliards d’euros par an ; avant la crise Covid, elle était déficitaire de 35 milliards d’euros par an ; au début de 2022, le déficit commercial annualisé pour les produits industriels dépasse 100 milliards d’euros. La poussée de la demande (informatique, équipements de la maison…) qui survient après la crise Covid est satisfaite à plus de 60 % par des importations. La production industrielle baisse à chaque crise : elle est aujourd’hui 10 % plus basse qu’en 2002. Le fait que la balance courante d’ensemble soit équilibrée résulte de l’excédent commercial des services, en particulier du tourisme, et au rapatriement des profits des multinationales françaises.

Patrick Artus évoque aussi, le recours chronique au déficit public, la faiblesse du taux d’emploi et la disparition des gains de productivité.

Gestion du rapport de l’économie au vivant : ralentir le rythme

 

Gestion du rapport  de l’économie au vivant : ralentir le rythme

 

L’entrepreneur Xavier Alberti considère, dans une tribune au « Monde », que les initiatives économiques qui construisent le bien commun doivent s’appuyer sur des principes d’équilibre des répartitions et de ralentissement des rythmes.

 

Alors que le politique se heurte à la défiance d’une part croissante de l’opinion, nos modèles économiques et sociaux ont développé de nouveaux canaux d’action publique, de plus en plus efficients. Le premier est, tout simplement, la jeunesse, dont la responsabilité précoce fait écho à des capacités d’agir qu’aucune autre n’avait eues avant elle. Ces générations nées à partir des années 2000 partagent un horizon, celui de ne plus avoir aucune garantie sur leur capacité à vivre ou survivre sur Terre au-delà de 2050. Cet horizon leur donne une force, une détermination et, parfois, une radicalité que les générations précédentes critiquent ou rejettent, probablement par peur d’endosser le leg mortifère qu’elles leur laissent.

Le deuxième canal d’action publique se situe dans un nombre croissant d’entreprises, qu’elles soient capitalistes, coopératives ou associatives. Car c’est là où subsiste la possibilité d’essayer, à hauteur d’humains, tout ce qui est possible pour faire évoluer nos modèles, en nous affranchissant de ce qui bloque ces transformations quand elles sont tentées au niveau politique. Ces transformations sont technologiques, logistiques, agronomiques, énergétiques, mais aussi organisationnelles, sociales, financières. Elles dessinent, d’ores et déjà, les contours, encore flous, d’une nouvelle économie et d’un nouveau rapport à l’humain et au vivant.

Ce qui nous semblait impossible est en train d’advenir, de façon encore désordonnée et décousue, mais sans possibilité de retour en arrière. Nombre de dirigeants d’entreprises ou d’associations constatent quotidiennement la vitesse et la profondeur des mutations en cours sur leurs marchés et dans leurs équipes, en particulier sous l’impulsion des nouvelles générations, qui imposent à nos organisations un nouveau rapport au temps, à la prise de décision et au travail. C’est ainsi qu’apparaît une nouvelle économie, une économie qui partirait de l’humain pour définir le modèle, plutôt que de partir du modèle pour y adapter l’humain.

Cette économie s’appuie sur un préalable : tout ce qui concourt à son fonctionnement doit participer directement ou indirectement à la réalisation du bien-être humain et au respect du vivant. Voilà, finalement, ce que pourrait être une définition simple d’une économie humaine.

Pourtant, si la définition est simple, les implications sont multiples et profondes. Cette économie doit s’appuyer sur deux principes : celui de l’équilibre des répartitions (des richesses, de la décision ou du temps) ; celui du ralentissement des rythmes (de rendement, de travail, de consommation et de production).

La marginalisation de l’économie sociale et solidaire

La marginalisation de l’économie sociale et solidaire 

 

Le consultant Pierre Liret appelle, dans une tribune au « Monde », à dépasser la division lucratif-non lucratif pour donner une existence institutionnelle et politique à la myriade de structures qui servent la communauté.

 

Dans le gouvernement précédent, celui de Jean Castex, le ministère de l’économie et des finances avait un secrétariat d’Etat consacré à « l’économie sociale, solidaire et responsable ». Confié à Olivia Grégoire, ce secrétariat d’Etat s’est moins occupé d’économie sociale et solidaire (ESS) que de la promotion d’un « capitalisme responsable », concrétisé en 2019 par la loi Pacte et la possibilité pour les entreprises d’élargir leur finalité au-delà du seul profit des associés.

L’ESS, elle, n’a connu aucune avancée notable, bien que les exemples fourmillent partout en France de structures « responsables » dans lesquelles les ressources humaines et financières sont d’abord tournées vers la qualité de service et la contribution à l’intérêt de la communauté.

Dans le nouveau gouvernement, piloté par Elisabeth Borne, le ministre Bruno Le Maire ne voulait pas de l’ESS à Bercy. L’ESS est restée absente du gouvernement pendant plusieurs jours, jusqu’à ce que l’on apprenne la nomination surprise de Marlène Schiappa comme « secrétaire d’Etat auprès de la première ministre, chargée de l’économie sociale et solidaire et de la vie associative ».

 

Les dirigeants de neuf coopératives plaident, dans une autre tribune au « Monde », pour un renforcement du financement des entreprises de l’économie sociale et solidaire.

 

Les levées de fonds record des start-up de la tech et l’enthousiasme médiatique et politique qu’elles entraînent révèlent les priorités de notre économie : solutions de paiement fractionné pour les achats impulsifs, spéculation sur les cryptomonnaies, solution de publicité sur Internet… Des priorités hors-sol face aux réalités sociales et écologiques. Il devient indispensable de se saisir de ces sujets et de faire émerger un modèle économique vraiment responsable et démocratique.

Les années et les alertes passent, mais le constat est le même : alors que près de la moitié de l’humanité vit dans des situations hautement vulnérables au changement climatique, l’économie financière place nos ressources dans des activités compromettant la vie sur terre. Dans un cynisme déconcertant, les tenants de la finance se révèlent coupés du monde et de ses crises.

Après des décennies de néolibéralisme qui ont donné tout pouvoir aux marchés financiers, restaurer la souveraineté des citoyens sur les orientations économiques est incontournable. Dans cette voie vers une démocratie économique, les démarches citoyennes jouent un rôle central. Souvent sous la forme de sociétés coopératives d’intérêt collectif, ces démarches reposent sur un modèle économique radicalement différent, où les citoyens sont pleinement impliqués.

Cette façon d’entreprendre est mise en œuvre à l’échelle nationale et dans différents secteurs-clés de la transition écologique : alimentation, énergie, mobilité, télécommunications, finance, achats de seconde main. De nombreuses initiatives similaires se développent également à l’échelle locale. Réunis au sein de coopératives, des centaines de milliers de citoyens font ainsi la preuve d’un système économique démocratique.

Pour permettre aux initiatives exemplaires de passer un cap, favoriser leur financement citoyen est nécessaire. Nous, dirigeants d’entreprises coopératives réunies dans l’alliance des Licoornes, proposons un renforcement du soutien public, par exemple par la hausse de la déduction fiscale liée aux investissements des particuliers dans ces structures. En effet, parce que les coopératives ne rémunèrent pas ou peu leur capital, les fonds d’investissement, si « engagés » soient-ils, sont rares à financer ces structures, ce qui limite drastiquement leurs possibilités de développement.

Dans ces conditions, elles ne peuvent pas jouer à armes égales avec leurs concurrents gavés de millions. A titre d’exemple, alors que Back Market, une plate-forme de vente d’objets électroniques reconditionnés, levait 450 millions d’euros en 2021, Label Emmaüs, son pendant de l’économie sociale et solidaire, avec seulement dix fois moins de salariés (dont un tiers en parcours d’insertion), levait 150 000 euros (soit 3 500 fois moins) auprès de petits porteurs !

Rapport de l’économie au vivant : ralentir le rythme

Rapport de l’économie au vivant : ralentir le rythme

 

L’entrepreneur Xavier Alberti considère, dans une tribune au « Monde », que les initiatives économiques qui construisent le bien commun doivent s’appuyer sur des principes d’équilibre des répartitions et de ralentissement des rythmes.

 

Alors que le politique se heurte à la défiance d’une part croissante de l’opinion, nos modèles économiques et sociaux ont développé de nouveaux canaux d’action publique, de plus en plus efficients. Le premier est, tout simplement, la jeunesse, dont la responsabilité précoce fait écho à des capacités d’agir qu’aucune autre n’avait eues avant elle. Ces générations nées à partir des années 2000 partagent un horizon, celui de ne plus avoir aucune garantie sur leur capacité à vivre ou survivre sur Terre au-delà de 2050. Cet horizon leur donne une force, une détermination et, parfois, une radicalité que les générations précédentes critiquent ou rejettent, probablement par peur d’endosser le leg mortifère qu’elles leur laissent.

Le deuxième canal d’action publique se situe dans un nombre croissant d’entreprises, qu’elles soient capitalistes, coopératives ou associatives. Car c’est là où subsiste la possibilité d’essayer, à hauteur d’humains, tout ce qui est possible pour faire évoluer nos modèles, en nous affranchissant de ce qui bloque ces transformations quand elles sont tentées au niveau politique. Ces transformations sont technologiques, logistiques, agronomiques, énergétiques, mais aussi organisationnelles, sociales, financières. Elles dessinent, d’ores et déjà, les contours, encore flous, d’une nouvelle économie et d’un nouveau rapport à l’humain et au vivant.

Ce qui nous semblait impossible est en train d’advenir, de façon encore désordonnée et décousue, mais sans possibilité de retour en arrière. Nombre de dirigeants d’entreprises ou d’associations constatent quotidiennement la vitesse et la profondeur des mutations en cours sur leurs marchés et dans leurs équipes, en particulier sous l’impulsion des nouvelles générations, qui imposent à nos organisations un nouveau rapport au temps, à la prise de décision et au travail. C’est ainsi qu’apparaît une nouvelle économie, une économie qui partirait de l’humain pour définir le modèle, plutôt que de partir du modèle pour y adapter l’humain.

Cette économie s’appuie sur un préalable : tout ce qui concourt à son fonctionnement doit participer directement ou indirectement à la réalisation du bien-être humain et au respect du vivant. Voilà, finalement, ce que pourrait être une définition simple d’une économie humaine.

Pourtant, si la définition est simple, les implications sont multiples et profondes. Cette économie doit s’appuyer sur deux principes : celui de l’équilibre des répartitions (des richesses, de la décision ou du temps) ; celui du ralentissement des rythmes (de rendement, de travail, de consommation et de production).

Développer l’économie sociale et solidaire

Développer l’économie sociale et solidaire

Les dirigeants de neuf coopératives plaident, dans une tribune au « Monde », pour un renforcement du financement des entreprises de l’économie sociale et solidaire.

 

Les levées de fonds record des start-up de la tech et l’enthousiasme médiatique et politique qu’elles entraînent révèlent les priorités de notre économie : solutions de paiement fractionné pour les achats impulsifs, spéculation sur les cryptomonnaies, solution de publicité sur Internet… Des priorités hors-sol face aux réalités sociales et écologiques. Il devient indispensable de se saisir de ces sujets et de faire émerger un modèle économique vraiment responsable et démocratique.

Les années et les alertes passent, mais le constat est le même : alors que près de la moitié de l’humanité vit dans des situations hautement vulnérables au changement climatique, l’économie financière place nos ressources dans des activités compromettant la vie sur terre. Dans un cynisme déconcertant, les tenants de la finance se révèlent coupés du monde et de ses crises.

Après des décennies de néolibéralisme qui ont donné tout pouvoir aux marchés financiers, restaurer la souveraineté des citoyens sur les orientations économiques est incontournable. Dans cette voie vers une démocratie économique, les démarches citoyennes jouent un rôle central. Souvent sous la forme de sociétés coopératives d’intérêt collectif, ces démarches reposent sur un modèle économique radicalement différent, où les citoyens sont pleinement impliqués.

Cette façon d’entreprendre est mise en œuvre à l’échelle nationale et dans différents secteurs-clés de la transition écologique : alimentation, énergie, mobilité, télécommunications, finance, achats de seconde main. De nombreuses initiatives similaires se développent également à l’échelle locale. Réunis au sein de coopératives, des centaines de milliers de citoyens font ainsi la preuve d’un système économique démocratique.

Pour permettre aux initiatives exemplaires de passer un cap, favoriser leur financement citoyen est nécessaire. Nous, dirigeants d’entreprises coopératives réunies dans l’alliance des Licoornes, proposons un renforcement du soutien public, par exemple par la hausse de la déduction fiscale liée aux investissements des particuliers dans ces structures. En effet, parce que les coopératives ne rémunèrent pas ou peu leur capital, les fonds d’investissement, si « engagés » soient-ils, sont rares à financer ces structures, ce qui limite drastiquement leurs possibilités de développement.

Dans ces conditions, elles ne peuvent pas jouer à armes égales avec leurs concurrents gavés de millions. A titre d’exemple, alors que Back Market, une plate-forme de vente d’objets électroniques reconditionnés, levait 450 millions d’euros en 2021, Label Emmaüs, son pendant de l’économie sociale et solidaire, avec seulement dix fois moins de salariés (dont un tiers en parcours d’insertion), levait 150 000 euros (soit 3 500 fois moins) auprès de petits porteurs !

Inflation Allemagne: Une taxe sur le superprofits pour relancer l’économie

 

 

Inflation Allemagne: Une taxe sur le superprofits pour relancer l’économie 

 

Les superprofits seront désormais taxés en Allemagne notamment pour certains producteurs d’électricité. Un vaste projet de soutien à l’économie d’un montant de 65 milliards sera mis en œuvre.

Un changement de stratégie économique très net pour soutenir une croissance défaillante, limiter l’inflation et soutenir des ménages.

Une décision qui par ailleurs va peser dans le débat français. En  effet le gouvernement s’oppose jusqu’à maintenant à toute idée de taxe sur les superprofits en justifiant en France la présence d’un bouclier tarifaire. Le problème, c’est que cette question va revenir à l’occasion du budget et de l’augmentation sans doute des prix de l’électricité qui pourrait atteindre 20 % en 2023.

Le gouvernement allemand a, lui,  décidé le principe d’un un nouveau plan d’aides au pouvoir d’achat et aux entreprises dans le contexte de forte inflation, à travers des mesures totalisant 65 milliards d’euros, selon un projet d’accord consulté dimanche par l’AFP.

« Une aide rapide et proportionnée aux citoyens et aux entreprises est nécessaire en raison de l’augmentation rapide des prix élevés de l’énergie », explique ce document élaboré après des semaines de discussions laborieuses entre les trois partis de la coalition du chancelier social-démocrate, Olaf Scholz.

Les aides comprennent notamment une chèque versé aux étudiants et aux retraités, ainsi qu’une augmentation de l’allocation logement, selon le document.

Restreindre les superprofits des énergéticiens

Par ailleurs, le gouvernement y indique qu’il plaidera pour qu’une mesure « de prélèvement partiel des bénéfices aléatoires » des entreprises énergétiques ayant dégagé des profits exceptionnels du fait de l’envolée des cours. Celui-ci devrait être mis en œuvre dans le cadre de l’Union européenne, mais l’exécutif se dit prêt à agir au niveau national, précise le plan. Berlin veut peser pour l’adoption rapide des mesures d’urgence récemment proposées par la Commission européenne et visant notamment à plafonner les prix pour certains producteurs d’électricité à partir d’énergies renouvelables, de nucléaire ou de charbon, afin de restreindre les profits exceptionnels des énergéticiens.

« Des producteurs profitent simplement des prix très élevés du gaz qui déterminent le prix de l’électricité », a ainsi défendu le chancelier lors d’une conférence de presse.

« Les entreprises énergétiques qui produisent par exemple de l’électricité à base de renouvelables, de charbon ou de nucléaire, le font à des coûts de production toujours aussi faibles, mais gagnent énormément d’argent grâce aux mécanismes actuels du marché européen de l’électricité », a ajouté le ministre de l’Economie Robert Habeck pour justifier la nécessité d’agir.

En Allemagne, ce plan massif constitue le troisième train de mesures destiné à compenser les hausses drastiques des prix, notamment dans le secteur de l’énergie, consécutives à la guerre en Ukraine. Olaf Scholz avait réuni samedi, jusque tard dans la soirée, les principales figures du gouvernement pour finaliser ce plan.

Et pour cause, déjà poussée par la flambée des prix de l’énergie dans le sillage de la guerre en Ukraine, l’inflation est repartie à la hausse en Allemagne en août, à 7,9% sur un an, après deux mois de ralentissement. Selon des chiffres provisoires publiés le 27 août par l’institut de statistiques Destatis, l’indice des prix a gagné 0,4 point en glissement annuel par rapport à juillet, et revient donc à son niveau de mai.

Surtout, en octobre, une taxe sur le gaz destinée à éviter la faillite des groupes énergétiques allemands entrera en vigueur. Et celle-ci entraînera une nouvelle hausse de plusieurs centaines d’euros de la facture énergétique des ménages. Dans ces conditions, le patron de la Banque centrale allemande, la Bundesbank, a jugé probable que l’inflation atteigne 10% d’ici la fin de l’année, une première depuis les années 1950.

Économie– »L’inflation persiste, l’économie résiste »…pour l’instant

« L’inflation persiste, l’économie résiste »…pour l’instant

Cette fin d’été 2022 est toujours placée sous le signe d’une inflation résiliente. Elle sera difficile à juguler et nécessitera la poursuite de politiques monétaires restrictives. La croissance faiblit mais garde un socle solide. Elle semble même repartir aux Etats-Unis après un récent trou d’air. Par Emmanuel Auboyneau, Gérant associé (Dans la Tribune)

 

Parmi les risques fréquemment anticipés par les économistes pour les mois à venir, deux sujets se distinguent : la récession et l’inflation. Si on ne constate pas de décélération brutale de l’économie, la deuxième de ces thématiques nous parait aujourd’hui très sensible. Au-delà de l’inflation par les matières premières, largement corrélée à l’évolution du conflit en Ukraine – mais qui pourrait profiter prochainement de la baisse des cours par rapport aux plus hauts – l’inflation salariale représente un danger plus important. Après quelques mois de pause, les salaires repartent à la hausse aux Etats-Unis, dans un contexte de plein emploi et de mobilité accrue des salariés. En Europe, ce mouvement est moins visible mais tend tout de même vers une évolution similaire, les revendications des salariés se faisant de plus en plus appuyées (Royaume Uni, Allemagne). Une boucle prix-salaires, génératrice d’une inflation plus structurelle, semble s’être mise en place aux Etats-Unis et sera peut-être bientôt active en Europe.

Les Banques Centrales n’ont dès lors pas d’autre alternative que d’agir vigoureusement pour tenter d’enrayer cette nouvelle spirale, même si l’objectif des 2% d’inflation à court terme parait de toute façon illusoire. Les hausses de taux vont se poursuivre à un rythme soutenu, quitte à impacter la croissance économique. C’est d’autant plus probable qu’à ce jour, le socle de croissance reste solide aux yeux de ces institutions, et que l’activité mondiale bénéficie de plusieurs moteurs efficaces.

Aux Etats-Unis, la croissance à venir repose sur plusieurs postulats : 1) un retard de consommation, notamment pour des biens qui sont aujourd’hui peu disponibles du fait de la crise d’approvisionnement (par exemple l’automobile), 2) un faible niveau de stocks qui devrait se regonfler, 3) la reprise des forages dans l’énergie fossile, 4) les dépenses d’armement et 5) l’autofinancement des entreprises. Ces facteurs devraient protéger l’économie américaine d’un recul conséquent, même si un ralentissement semble inéluctable au vu de la politique monétaire actuelle.

En Europe, la croissance tient également le cap, avec la France en tête et l’Allemagne qui pâtit de sa dépendance au marché automobile. L’Europe pourrait toutefois souffrir davantage en raison de son manque d’autonomie énergétique et d’un moral général très entamé par le conflit à ses portes. Ces perspectives sont de nature à inciter la Banque Centrale européenne à modérer son action, même si plusieurs hausses des taux sont déjà dans les tuyaux.

La Chine se trouve dans une situation totalement différente. On constate une reprise économique rapide après les différents confinements qui ont affecté le pays. A la manœuvre, la Banque Centrale accompagne cette reprise au moyen de baisses de taux et d’injections monétaires. Cette volonté manifeste de relancer la machine économique est une bonne nouvelle pour la croissance mondiale.

Cette rentrée est donc placée sous le signe de l’incertitude et de l’inquiétude des acteurs économiques. Les marchés financiers ont connu une évolution erratique cet été, avec une baisse prononcée des indices en juin, une reprise forte en juillet et une rechute partielle en août. La hausse des taux, en particulier si elle n’est pas anticipée, peut entraîner des replis significatifs sur les actifs risqués. A l’inverse, toute accalmie sur le front de l’inflation pourrait entrainer une reprise soudaine des marchés, sauf dégradation subite et inattendue de l’économie. En dépit de cours plutôt attractifs et de résultats de sociétés globalement satisfaisants, nous gardons une certaine prudence à court terme.

Le manque d’eau menace aussi l’économie

 

Le manque d’eau menace aussi l’économie

 

Spécialiste des enjeux de sécurité liés à l’eau, le chercheur Franck Galland met en évidence, dans une tribune au « Monde », l’impact de la raréfaction de l’eau sur le secteur technologique, une industrie qui consomme beaucoup de ressources hydriques.

 

Alors qu’un épisode de sécheresse historique touche la France, ayant d’importantes conséquences pour le secteur agricole, et, dans certaines communes, pour l’eau à vocation domestique, fort heureusement l’Hexagone ne connaît pas l’impact du stress hydrique sur ses entreprises high-tech et industrielles. Ailleurs dans le monde, la situation est cependant tout autre.

Des hubs technologiques névralgiques sont dorénavant menacés par le manque d’eau. La ville de Monterrey (Mexique), qui jouxte le Texas, connaît ainsi depuis quelques semaines pénurie et rationnement avec un impact fort sur ses 5,3 millions d’habitants, mais également sur les entreprises industrielles et technologiques qui s’y trouvent, manquant d’eau pour leur process de fabrication. La situation est devenue tellement sensible que le gouvernement mexicain a annoncé que le manque de pluie à Monterrey posait un problème de sécurité nationale.

Cette situation n’est pas sans rappeler le manque d’eau chronique qui touche dorénavant Bangalore, la Silicon Valley indienne. De même, Taïwan, qui concentre la production mondiale de puces, essentielles au fonctionnement des téléphones cellulaires, des voitures et des matériels militaires, connaît un manque inquiétant de pluviométrie l’été lors de la saison des typhons, qui lui fournit pourtant normalement la majeure partie de ses réserves en eau. Sur l’île, la raréfaction de l’eau devient ainsi un problème structurant occasionné par le changement climatique, risquant de provoquer une baisse des capacités de production de cette activité stratégique, incarnée par Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC), qui détient 92 % du marché mondial.

Fabriquer des puces nécessite en effet l’utilisation d’une eau ultrapure, produite généralement à partir d’un réseau public d’approvisionnement. Pour fournir 1 mètre cube d’eau 1 000 fois plus pure que l’eau du robinet, il est ainsi besoin de 1,4 à 1,6 mètre cube d’eau. Par ailleurs, l’eau distribuée en usine est également utilisée pour le refroidissement des équipements et des centres serveurs, qui permettent de graver des puces de 2 nanomètres, faisant la richesse et la spécificité de cette activité de très haute technologie.

 

Inquiétudes sur le financement de l’économie (AMF)

Inquiétudes sur le financement de l’économie (AMF)

La dégradation de la conjoncture économique, l’inflation et la fin des politiques accommodantes des Banques centrales sont susceptibles d’amplifier les risques financiers d’après l’autorité des marchés financiers (AMF).

En clair les entreprises pourraient éprouver des difficultés à trouver les financements nécessaires

L’AMF se déclare notamment inquiète sur la capacité des marchés à continuer de financer l’économie. Le compartiment high yield  ( Obligation à fort rendement mais à haut risque) est quasiment fermé depuis le début de l’année et les introductions en Bourse ont chuté de moitié en valeur (et de 40% en nombre). Et quant au capital-investissement, il est à craindre, selon l’AMF, que le marché se dégrade fortement en 2022. Le message de l’Autorité semble se répéter, année après année, sur « la difficulté d’orienter l’épargne vers des produits en capital ».

S’ajoute à cela le financement de la transition énergétique, dont les besoins à l’échelle mondial sont estimés par le GIEC à quelque 1.000 milliards de dollars par an. « La rentabilité des investissements verts va être plus difficile à atteindre dans un environnement inflationniste », prévient Benoît de Juvigny. D’autant qu’un vrai changement est à attendre avec la mise en place d’un nouveau standard européen d’ici un ou deux ans pour mieux encadrer les « obligations vertes ».

Éoliennes : l’économie bananière

Éoliennes : l’économie bananière

 

L’éolien rapporterait de l’argent à l’Etat ! Mieux, il allait même pouvoir rembourser à l’Etat les sommes faramineuses qu’il a coûté. Pourtant, bien que l’explosion actuelle du prix de l’électricité change effectivement temporairement la donne habituelle, l’éolien continuera de constituer un coût pour l’Etat et pour le consommateur à maints égards, mais également pour l’environnement. Par Pierre Dumont, chef d’entreprise, auteur de l’Ecologie bananière (2022, Editions S&C).

Enthousiastes, des industriels de l’éolien ont même avancé, dans certains médias que l’éolien rapporterait autant à l’État qu’il lui a coûté. De l’aveu même des promoteurs éoliens, ces affirmations ne sont pourtant qu’hypothétiques, car il faudrait attendre la fin 2024, dans un univers soumis à tant de variations qu’il est illusoire de croire que cette prédiction se réalisera. L’essentiel des calculs se basent sur un prix moyen qui resterait au plus haut observé récemment de 220 euros le MWh alors que, pour rappel, le prix moyen était de 50 euros/MWh entre 2017 et 2021. En réalité, personne ne peut estimer quel va être durablement le prix de l’électricité. Il est soumis à de trop nombreux aléas géopolitiques, technologiques et politiques, ainsi qu’à l’adaptation des Gouvernements, de telle sorte que tout scénario ne peut être que fantaisiste. Il y a trois mois seulement, personne n’aurait pu prédire la situation énergétique européenne actuelle.

De plus, il faut garder à l’esprit ce que représente en France le soutien à la filière de l’éolien. Les acteurs de l’éolien semblaient évaluer ce montant à 11 milliards d’euros alors qu’en réalité, à la fin des contrats qui les lient à EDF, l’État aura dépensé pour les 8.000 éoliennes une somme avoisinant plutôt les 100 milliards d’euros (source Cérémé).

Il n’y a aucune chance de voir les entreprises de l’éolien rembourser ces milliards à l’État.

D’autant qu’aucune entreprise qui devrait verser ces milliards ne pourrait survivre. Certes, par des mécanismes financiers artificiels très désavantageux pour l’État et les consommateurs, les entreprises de l’éolien ont pu accumuler des milliards, et certaines variations de prix de marché rééquilibrent temporairement la balance quotidienne. Cependant, cela n’est ni durable ni réaliste d’envisager un pareil rééquilibrage à grande échelle.

Concrètement, les bénéfices réalisés ont été remontés aux maisons mères et les entreprises opérationnelles qui sont des coquilles vides, incapables de rembourser les montants évoqués. Les milliards encaissés ne sont plus dans la trésorerie de ceux qui sont légalement les interlocuteurs de l’État. Quand bien même les hypothèses très peu probables se réaliseraient, l’État ne pourrait jamais récupérer ce qu’il a versé depuis 2003.

Étant donné que la volonté de l’État est de continuer à inciter les promoteurs de l’éolien à en implanter un maximum, cela ne pourra se faire que si ceux-ci continuent à en espérer des bénéfices. On peut donc parier sans trop se tromper que les mécanismes de privilèges de l’éolien sur le nucléaire, s’ils continuaient à s’avérer leur être moins favorables à cause de la conjoncture actuelle, seraient très rapidement renégociés pour renflouer les acteurs de l’éolien.
Si le prix du kWh devait rester inchangé, la survie des acteurs de l’éolien impliquerait alors soit nouveau mécanisme de soutien financier de la part de l’État, soit une hausse du prix final, mais, dans les deux cas, ce seront bel et bien le citoyen ou le consommateur qui paieront, et probablement les deux.

Il ne faut pas perdre de vue la politique globale de l’énergie menée par l’État, et le coût structurel et durable pour l’État et le citoyen de l’éolien.

Les variations de court terme sont intéressantes à relever et à commenter, mais elles ne doivent pas faire oublier que la politique énergétique doit être pensée de façon générale. Or, globalement, les éoliennes ont un impact triplement négatif : elles sont coûteuses, inutiles pour lutter contre le CO2 et polluent durablement.

Elles sont structurellement coûteuses, car elles bénéficient de privilèges qui rompent avec les logiques de marché, de telle sorte que le consommateur est forcé de consommer de l’électricité d’origine éolienne, alors même que son prix n’est pas compétitif. Son choix est coûteux, car il s’opère au détriment du nucléaire, ce qui renchérit le prix du kWh pour le consommateur par manque d’investissements dans le nucléaire qui produit lui de l’électricité bon marché. Cela aboutit à ce que le consommateur paye deux fois : une fois comme citoyen en subventionnant une énergie éolienne qui n’aurait pas de clients sans subventions et privilèges, et la deuxième en tant que consommateur qui paye plus cher l’électricité par manque de production nucléaire.

De plus, les éoliennes constituent structurellement un coût pour la planète pour deux raisons principales. Faute de pouvoir tourner durant de longues périodes, elles nécessitent le recours à des centrales à charbon pour éviter les blackouts, ce qui est contreproductif pour lutter contre le CO2.

En outre, les éoliennes polluent durablement les sols par l’injection de tonnes de ferraille et de béton, et créent également une pollution future à cause des pales qui ne sont pas recyclables. Or, l’expérience nous a montré que la pollution finit toujours par coûter, elle-aussi, très chère…

Pierre Dumont

Les nationalisations de l’économie par la « nouvelle union populaire » sont-elles vraiment crédibles ?

Les nationalisations de l’économie par la nouvelle union populaire sont-elles vraiment crédibles ?

 

La Nouvelle union populaire de la gauche qui se construit autour de la France Insoumise – avec EELV, le PC et le PS – préconise un virage économique radical. A 180 degrés. Avec au menu, notamment, d’importantes nationalisations comme les banques, Engie, EDF etc … Si dans la bouche de Jean-Luc Mélenchon, l’opération semble simple, elle est complexe à mettre en oeuvre. Les interrogations dans un papier de la Tribune

 

 

L’union populaire menée par Jean-Luc Mélenchon prône une importante série de nationalisations. C’est l’un des principaux axes du programme de l’alliance qui se crée actuellement à gauche autour de Jean-Luc Mélenchon : la nationalisation d’une partie de l’économie.

Ainsi, le leader de la France Insoumise, aujourd’hui chef de file de la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale (Nupes), propose-t-il de remettre dans le giron de l’Etat, les banques généralistes, les autoroutes, les aéroports, mais aussi certaines grandes entreprises comme Engie ou EDF – dont certaines ont déjà une part de leur capital gérée par la puissance publique – .

Pour la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale, ces nationalisations sont stratégiques. Il s’agit d’assurer que l’Etat français aura bien la main sur ces actifs essentiels de notre économie, afin qu’ils échappent au profit. Ce serait aussi, selon cette nouvelle formation politique, une garantie pour une meilleure redistribution et une meilleure lutte contre les inégalités.

Une nationalisation revient à une expropriation, à la reprise d’un bien. Il y a des questions juridiques qui se poseront mais une telle opération  implique aussi un dédommagement à verser aux actionnaires. Ainsi, il faut racheter l’actif à un niveau bien supérieur à sa valeur boursière. Pour les banques, – il faut d’abord préciser ce que veut dire « banque généraliste », car la Nupes l’évoque sous ce vocable – mais on imagine sans mal que ce serait les grands établissements comme la Société Générale, ou la BNP.

L’an dernier, ces établissements ont enregistré des profits records – 9 milliards d’euros de bénéfices en 2021, par exemple pour la BNP, ou encore 5,6 milliards pour la Société Générale – .Si l’Etat rachetait ces actifs, il faudrait donc prévoir des dizaines et des dizaines de milliards d’euros.

Reste à voir aussi, jusqu’ à quel niveau l’Etat rentrerait au capital, interroge par exemple l’économiste Christian de Boissieu. Prendra-t-il 100% ou limitera-t-il son contrôle à 51% ? … Et Christian de Boissieu de souligner qu’il « faudrait alors appliquer le pourcentage de contrôle ou bien réactualiser la facture de la nationalisation des banques de 1982-83 en tenant compte de la croissance des établissements bancaires depuis cette date et de l’évolution des prix également depuis cette date… Compliqué ! ».

Il y a des chances que la Nouvelle Union Populaire de la gauche éviterait la nationalisation à 100% comme ce fut le cas en 1981, dans les années Mitterrand.

Pour les sociétés d’autoroutes, on dispose d’estimations chiffrées. Ainsi, cet hiver Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie assurait qu’il faudrait payer entre 45 et 50 milliards d’euros aux concessionnaires si l’Etat reprenait dans son giron les sociétés avant la date de la fin de contrat, dont la plupart courent encore jusqu’à 2030. Et pour cause, il faudrait dédommager les sociétés. Ces opérations ne seraient donc pas neutres économiquement.

Si ces entreprises venaient ou revenaient sous la coupe de l’Etat, il faudrait que l’Agence française des participations de l’Etat, l’APE, rattachée au ministère de l’Economie et des Finances suive leur évolution et leur gestion. L’objectif étant d’optimiser leur rendement, de réaliser les meilleurs investissements, d’accompagner leur développement etc. « Or, comment faire avec si peu de moyens ? Aujourd’hui, l’APE comporte à peine une cinquantaine de personnes… alors que nous devrions pour être de bons gestionnaires en avoir au moins 10 fois plus », confie un fin connaisseur de Bercy. Si le portefeuille de l’Etat se densifiait, il faudrait  donc prévoir un important renforcement d’effectifs.

Enfin, même avec des moyens supplémentaires, l’Etat ferait-il mieux que le privé. Selon certains économistes, comme Jean-Marc Daniel, on peut en douter étant donné les résultats de sociétés comme la SNCF, EDF, ou Renault…

Enfin, quel serait le comportement des investisseurs, des milieux d’affaires ? Le programme des nationalisations proposé par Jean-Luc Mélenchon peut rappeler celui de 1981. Dans le monde économique, cette période reste un traumatisme. De nombreux entrepreneurs voient là le risque d’ une spoliation de leur travail.

Rappelons qu’entre 1997 et 2002, quand il revient au pouvoir, le gouvernement socialiste mené par Lionel Jospin avait alors procédé à une vague importante de privatisations – France télécom, Air France, les banques comme le Crédit lyonnais, les assureurs comme le Gan etc. Au total, Lionel Jospin avait ainsi reinjecté 30 milliards d’euros dans les caisses de l’Etat.

 

L’économie chinoise en grande difficulté

L’économie chinoise en grande difficulté

 

 

Un industriel européen, un économiste américain et un financier chinois s’inquiètent, chacun de leur côté, de la santé économique de la deuxième économie mondiale.

La Chine n’en finit pas de s’enfoncer dans sa politique paralysante du zéro Covid. La conséquence est une paralysie de près d’un tiers de l’économie sans parler des atteintes de plus en plus insupportable aux libertés et même à la mobilité. S’y ajoute le processus de production en cours de restructuration au plan mondial qui pèse sur les exportations chinoises. Bref l’économie et la société chinoise va mal un facteur explicatif supplémentaire à la menace sur la croissance mondiale NDLR

 

Quand trois de vos fervents supporteurs vous indiquent, à quelques heures d’intervalle, que vous foncez droit dans le mur, votre intérêt est de prendre leurs avis en considération. Même si vous vous appelez Xi Jinping et êtes à la tête d’un pays de 1,4 milliard d’habitants. Or, trois hommes d’affaires influents – un industriel européen, un économiste américain et un financier chinois – viennent, chacun de son côté, de tirer la sonnette d’alarme : la Chine va mal, disent-ils.

Commençons par Weijian Shan, le financier chinois. Né en 1954, quelques mois après l’actuel président, il a, comme lui, été envoyé « en rééducation » durant la Révolution culturelle. Mais Weijian Shan a quitté le pays dès la mort de Mao. Direction : les Etats-Unis. Passé par la Banque mondiale, la banque JP Morgan et le fonds d’investissement TPG, il dirige désormais PAG, un fonds d’investissement installé à Hongkong, doté de plus de 50 milliards de dollars (47,5 milliards d’euros) de capital.

Cet ancien administrateur de Lenovo et récemment nommé dans celui d’Alibaba incarne l’ouverture de la Chine sur le monde. Or, dans une vidéo adressée à ses clients – qu’a interceptée le Financial Times –, Weijian Shan estime que la Chine subit actuellement « une crise économique profonde » comparable à ce que l’Occident a vécu en 2008. D’après lui, « l’économie chinoise n’a jamais été dans une forme aussi mauvaise depuis trente ans ». Même constat pour « le mécontentement populaire », qui n’a, selon lui, jamais été aussi élevé depuis les années 1990. S’il reste « confiant à long terme sur la croissance chinoise », il se dit « très prudent » sur d’éventuels investissements financiers dans le pays.

Le deuxième, Stephen Roach, est un ancien président de Morgan Stanley Asie et a gagné beaucoup d’argent grâce à la Chine. Quand, sous Donald Trump, la propagande chinoise avait besoin d’un avocat américain, c’est souvent à lui qu’elle faisait appel.

Jeudi 28 avril, au moment même où le Financial Times révélait les propos de Weijian Shan, cet économiste aussi écouté à Wall Street qu’à Pékin accordait un entretien à SupChina, un média en ligne spécialisé sur la Chine : selon lui, les principaux problèmes chinois – la politique zéro Covid, la proximité avec la Russie, la mise au pas de la tech… – relèvent « d’un processus de prise de décision étonnamment rigide, qui, premièrement, est incapable de reconnaître ses erreurs et, deuxièmement, n’est pas assez souple pour adopter une stratégie différente ». Pour lui, « même un parti unique et un Etat autoritaire ont besoin d’avoir des débats et d’être capables de se regarder dans le miroir ».

La covid va faire plonger l’économie chinoise

La covid va faire plonger l’économie chinoise

 

La politiste Valérie Niquet  juge, dans une tribune au « Monde », que la gestion zéro Covid adoptée par Pékin révèle la fragilité du régime. Une politique qui fait monter le mécontentement dans la population et en même temps qu’il fait plonger l’économie.( Ce qui par parenthèse ne sera pas sans conséquences sur une économie mondiale déjà affectée par une nette tendance à la baisse).

Il y a quelques années, le sinologue François Jullien publiait un Traité de l’efficacité (Grasset, 1996), qui opposait la rigidité occidentale à la faculté d’adaptation, fondée sur la saisie opportune du « bon moment », de la pensée chinoise. Le régime de Pékin a beaucoup vécu de ce type d’illusions, qui servaient aussi à attirer les investisseurs étrangers. Pourtant, dès l’époque maoïste, et à nouveau sous Xi Jinping, c’est un traité de l’inefficacité, une inefficacité dangereuse, qu’il faudrait écrire pour rendre compte des impasses dans lesquelles la République populaire de Chine (RPC) s’est enfoncée.

La dernière de ces impasses est celle du traitement de la pandémie de Covid-19. Loin du pragmatisme, le seul facteur qui a présidé aux prises de décision est celui de l’image et du pouvoir du Parti communiste et de son dirigeant Xi Jinping, qui ne pouvait en rien être contesté ; même au prix d’un coût considérable dont on ne mesure sans doute pas encore l’étendue.

La Chine en effet – si l’on s’en tient aux 4 665 morts officiels depuis le début de la pandémie – a fait bien mieux que le reste du monde. L’économie chinoise a connu en 2021 une croissance de 8 % qui impressionne. Les Jeux olympiques ont pu se tenir, en dépit de la pandémie, de Hongkong et de la répression des Ouïghours dans le Xinjiang.

Tout cela s’effondre devant la flambée du variant Omicron et de ses dérivés, beaucoup plus contagieux que les précédents. La Chine n’est pas la seule à subir cette vague, et elle la subit semble-t-il moins fortement que d’autres, mais il a suffi d’une augmentation inédite du nombre de cas et de morts – ou peut-être de leur plus grande visibilité – pour que l’inanité du fonctionnement du pouvoir chinois soit soudainement exposée aux yeux du monde.

La Chine avait réussi à échapper à une condamnation universelle, après l’irruption à Wuhan de la pandémie de Covid-19, dans des conditions qui ne sont toujours pas éclaircies. On ne parlait plus de ces médecins, lanceurs d’alerte muselés, dont un, le docteur Li Wenliang, sera l’une des premières victimes de la pandémie. Chacun alors s’émerveillait devant la construction en un temps record d’hôpitaux de campagne, véritables vitrines de la supériorité du régime pendant que le reste du monde hésitait.

A l’extérieur, le pyromane se faisait pompier en distribuant des masques le long des nouvelles « routes de la soie de la santé ». Enfin, la Chine pouvait annoncer, la première après la Russie, la production d’un vaccin qui lui aussi serait largement imposé aux pays proches, sommés – comme le Cambodge – de l’accepter.

L’économie française plus compétitive en Europe ?

L’économie française plus compétitive en Europe  ?

 

Depuis les politiques économiques mises en place sous François Hollande, nous sommes plus compétitifs que l’Allemagne, mais aussi que la Suède, l’Autriche, le Danemark, affirme  l’économiste Philippe Askenazy, dans sa chronique au « Monde ».

Article intéressant mais assez contradictoire sur la taxation du travail en France. La compétitivité ne dépend pas seulement de la fiscalité mais aussi de la productivité ; une productivité fortement secouée depuis les 35 heures. Sans parler de la productivité globale insuffisante de l’ensemble de la population active. NDLR

Chronique

L’existence dans toute l’Europe de règles complexes et hétérogènes en matière de prélèvements obligatoires rend peu pertinents les exercices de comparaison de cas types. Par ailleurs, les frontières du secteur privé et du secteur public varient selon les pays. D’où l’intérêt de la production par Eurostat (l’office statistique de la Commission européenne) de niveaux agrégés de taxation du travail.

Cet exercice a cependant ses limites. Par exemple, les fonctionnaires statutaires allemands bénéficient d’un régime spécial de retraite entièrement financé par la fiscalité. Ni ces fonctionnaires ni leurs employeurs publics ne payent de cotisation sociale retraite. L’Etat en France construit, lui, la fiction d’un système par répartition pour ses fonctionnaires : impôts et taxes financent des cotisations sociales employeurs et des salaires bruts ; puis l’Etat récupère sur ces salaires des cotisations sociales, et se verse à lui-même ses cotisations employeurs, le tout pour payer les pensions des fonctionnaires retraités. L’opération nette pour l’Etat est la même dans les deux systèmes, mais pour la France, sa fiction crée des contributions sociales salariés et employeurs qui sont alors considérées comme taxation du travail par Eurostat, gonflant le poids des taxes.

 

Restons toutefois sur les chiffres d’Eurostat récemment publiés. La dernière année disponible, 2020, confirme que la France conserve la première place dans la taxation du travail payée par les employeurs privés comme publics, à 12,4 % du produit intérieur brut (PIB). Elle inclut notamment les contributions sociales employeurs, et une kyrielle de dispositifs, taxe sur les salaires, sur les stock-options, ou encore, la contribution à la formation professionnelle. Le gouffre est abyssal avec l’Allemagne qui n’affiche qu’une taxation des employeurs sur le travail de 7,3 % du PIB. Les entreprises françaises trouvent là un argument de poids pour se plaindre de la trop forte taxation qu’elles subissent ainsi que de la perte de compétitivité associée, et pour exiger des réformes.

Toutefois, cet indicateur isolé n’a guère de pertinence. La France se distingue en effet de nombre de ses voisins par une clé de répartition des cotisations sociales relativement élevée pour les employeurs et faible pour les salariés. Nous ne sommes ainsi que quatorzième en matière de taxation du travail (y compris l’impôt sur les salaires) payée par les salariés. Or cette clé ne joue que marginalement sur la compétitivité, les incitations ou le pouvoir d’achat : le salarié regarde son salaire net quand l’employeur regarde le coût total où s’additionnent indistinctement les deux types de cotisations. Il convient également d’intégrer les travailleurs indépendants, car, là aussi, la frontière salarié-indépendant varie à travers l’Europe.

La dégradation de l’environnement menace l’économie et la stabilité financière

La dégradation de l’environnement menace l’économie et la stabilité financière

Une étude, réalisée avec la participation de banques centrales, insiste sur le fait que les menaces sur la nature devraient être intégrées dans leurs évaluations des risques et dénonce la dépendance des systèmes économiques et financiers envers des écosystèmes fonctionnels et en bonne santé. (franceinfo)

ASelon un rapport (lien en anglais) publié jeudi 24 mars et élaboré par des chercheurs en collaboration avec le réseau Network of Central Banks and Supervisors for Greening the Financial System (NGFS), les banques centrales sous-estiment la menace significative que représente la perte de la biodiversité et de ses richesses, dont dépendent pourtant entreprises et institutions financières.

Si les impacts du changement climatique sont de plus en plus intégrés dans l’évaluation des risques économiques, c’est beaucoup moins le cas pour des menaces similaires issues de la destruction de la nature, constate cette étude. « Nous érodons la biodiversité à un rythme qui nuit aux écosystèmes qui nous fournissent nourriture, eau et air pur. Ce qui pourrait causer des risques importants pour la stabilité économique, financière et sociale », a commenté Ravi Menon, président du NGFS, rappelant que « la biodiversité est la base de la vie sur notre planète ».

Le rapport insiste sur le fait que les menaces sur la nature devraient être intégrées dans l’évaluation des risques des banques centrales, notant la dépendance des systèmes économiques et financiers envers des écosystèmes fonctionnels et en bonne santé. Par exemple, les rendements agricoles sont menacés par la réduction des populations de pollinisateurs victimes des pesticides ou de la réduction de leurs habitats. « La perte de biodiversité est une menace pour la stabilité financière », explique à l’AFP Nick Robins, de la London School of Economics, qui a codirigé ce rapport. Or, « peut-être que les investissements actuels des entreprises et des institutions financières ne sont pas conformes à un écosystème en bonne santé », pointe-t-il.

La banque interaméricaine de développement a de son côté estimé que les politiques visant à empêcher l’Amazonie d’atteindre le point de basculement qui pourrait éventuellement la transformer en savane (freiner la déforestation, investir dans une agriculture durable, améliorer la gestion des incendies) pourraient générer environ 340 milliards de richesses supplémentaires.

Créer une économie protectrice de la nature

Réussir la transition vers une économie mondiale protectrice de la nature est un défi, relève le rapport. Certains pays ont commencé à prendre des mesures, note l’étude, qui appelle malgré tout les banques centrales à élaborer une approche coordonnée pour répondre à la crise mondiale de la biodiversité.

Publié au moment où les délégations de près de 200 pays sont réunies à Genève dans le cadre de négociations visant à établir d’ici la fin de l’année un accord pour mieux protéger la biodiversité, le rapport souligne enfin l’impact que le système financier peut avoir sur la nature, notamment via les choix de prêts, d’investissements et d’assu

1...34567...13



L'actu écologique |
bessay |
Mr. Sandro's Blog |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | astucesquotidiennes
| MIEUX-ETRE
| louis crusol