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L’écologie partout, EELV nulle part

L’écologie partout,  EELV nulle part

Par Julie Carriat du  »Monde » qui constate que les écologistes d’Europe écologie les Verts parlent de tout mais peu d’écologie

Si les discours autour de la nécessité de mettre en place des politiques écologiques se sont normalisés au-delà des clivages partisans, la victoire culturelle de leurs idées laisse les écologistes, défaits au premier tour de la présidentielle, désorientés.

Sur le dérèglement climatique, les écologistes, depuis au moins René Dumont et son « verre d’eau précieuse », ont eu raison avant tout le monde. Mais « il ne suffit pas d’avoir raison ». Cette citation de militants tirée du bilan de la campagne présidentielle du pôle écologiste résume un état d’esprit général. Après le mauvais score de Yannick Jadot (4,6 %) et un été qui a rendu sensible à tous la réalité du réchauffement climatique, les écologistes voient leurs messages relayés partout. Le parti de l’écologie politique se cherche pourtant toujours une place qui ne soit plus celle de l’éternel aiguillon minoritaire.

Après avoir moqué les délires d’une poignée d’« amish » en 2020, Emmanuel Macron parle de sobriété et de « fin de l’abondance », Elisabeth Borne de « radicalité ». Même la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, l’a reconnu dans son discours sur l’état de l’Union européenne, mercredi 14 septembre : « Seuls quelques visionnaires ont compris que le vrai problème était les combustibles fossiles en eux-mêmes, et pas seulement leur prix. » Une phrase lue comme une reconnaissance, enfin, par les Verts européens. En France, tous les cadres d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) assurent que l’heure est venue de rendre majoritaire leur parti, mais personne n’a la solution. A l’origine, les Verts français, sont « avant tout un contre-pouvoir plutôt qu’un outil permettant d’accéder au pouvoir », rappelle le député européen David Cormand, ancien numéro un du parti, dans son livre, Ce que nous sommes (Les Petits matins, 240 pages, 18 euros).»

Pour se transformer après les scores encourageants des élections européennes de 2019 et municipales de 2020, EELV a tenté la normalisation, incarnée notamment par Yannick Jadot, sa stature de « présidentiable » plutôt classique, son discours à base d’« écologie de solutions ». Mais cette tentative de crédibilisation a débouché sur une déception. Certains à EELV changent donc aujourd’hui de cap, sans avoir peur du grand écart, et troquent le vocabulaire du modéré pour la « radicalité », la décroissance et la sobriété défendues autrefois par la seule aile gauche, récemment incarnée par les candidatures à la primaire écologiste de Sandrine Rousseau et Delphine Batho.

A l’approche de leur congrès, prévu en décembre, les écologistes renouent avec les débats internes pour lesquels ils aimeraient pourtant éviter d’être caricaturés. Tous promettent la refondation, chacun à leur manière« Donnons-nous les moyens d’orienter nos énergies militantes vers l’externe plutôt que de passer de longs mois à nous regarder le nombril », écrivent les signataires d’un des deux projets de référendum militant soumis aux adhérents. L’objectif avoué de ce texte – porté notamment par Marine Tondelier, conseillère municipale à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) – est de réviser « le fonctionnement autobloquant d’EELV ».

Le foot pro et l’écologie compatibles ?

Le foot pro et l’écologie compatibles ?

 

Malgré une évolution des mentalités, le monde du football reste encore trop peu mobilisé sur les enjeux de transition écologique liés à la pratique de ce sport, analyse, dans une tribune au « Monde », le consultant Maxime Bonhomme.

Un papier qui souligne la nécessité de prendre en compte l’écologie dans le foot. En réalité, on parle ici surtout du foot pro et non du foot pratiqué par la grande masse des sportifs qui eux n’ont pas l’habitude de jeter par la fenêtre les millions, les ressources naturelles et les nuisances. Le scandale n’est pas simplement écologique dans le foot pro mais tout autant sinon davantage dans sa gestion économique et sociale NDLR

 

 

Face à l’urgence climatique, gouvernements, associations et entreprises multiplient les mesures pour limiter les effets néfastes sur la planète. Ces initiatives semblent désormais faire partie des enjeux des clubs de football, bien que la polémique toute fraîche autour de Christophe Galtier et de Kylian Mbappé, raillant l’invitation du patron du TGV de préférer le train à l’avion pour les voyages du club parisien, donne à voir le contraire.

Pourtant, il n’est plus rare de voir les clubs vanter leur politique de responsabilité sociétale des entreprises sur les réseaux. Loin du rectangle vert, ces engagements écologiques suscitent la curiosité. Le monde du football a-t-il développé une véritable conscience écoresponsable avec des objectifs à long terme ? Ou bien ne s’agit-il que d’opérations de communication et de marketing destinées à séduire les supporteurs ?

 

Le 29 juillet, l’Olympique lyonnais twitte : « Optez pour le covoiturage les jours de matchs. » Une communication surprenante en période de mercato. Alors que les Gones s’attendaient à l’annonce d’une recrue, l’OL offre une place de parking aux supporteurs qui covoiturent. Cette initiative n’est pas un cas unique pour le groupe rhodanien, élu club le plus écolo de Ligue 1 en fin de saison 2021-2022, selon l’ONG britannique Sport Positive Leagues.

 

Parmi les critères pour établir ce classement figurent la performance énergétique, le développement de la biodiversité à l’échelle locale, le recours aux transports en commun, ou la communication autour de ces sujets. Sur les vingt-cinq points attribuables, l’OL en a obtenu seize ! Mais si les efforts des clubs de L1 sont notables, seulement six sur vingt ont obtenu la moyenne. Un score faible qui met en exergue les progrès que le monde du football doit faire sur le plan écologique.

Société-L’écologie est-elle soluble dans les démocraties capitalistes ?

Société-L’écologie est-elle soluble dans les démocraties capitalistes ?

 

Faire face au changement climatique semble compromis dans le cadre de nos organisations politiques contemporaines. Par Albin Wagener, Université Rennes 2

 

Un propos qui mérite d’être entendu mais relativement teinté politiquement. En effet , on pourrait faire la même critique quant au caractère insoluble de l’écologie dans des démocraties autoritaires bien sûr des dictatures. Pire, la problématique environnementale y est souvent contestée. NDLR

 

 

 

Suite aux élections législatives de 2022, la toute récente reparlementarisation de la vie politique française pourrait faire évoluer la place des questions écologiques et environnementales, tout en soulignant les tensions qui existent entre urgence climatique et choix démocratiques et politiques. Le tout dans un contexte qui montre que les événements liés à l’urgence climatique deviennent désormais la norme, en France comme ailleurs.

À ce titre, plusieurs travaux ont montré que les programmes des partis situés à gauche du spectre politique étaient plus cohérents avec les accords de Paris, notamment EELV et LFI.

Au-delà de ce contexte, il est important de se poser cette question : une démocratie capitaliste est-elle compatible avec une politique écologique ambitieuse, susceptible de répondre aux effets du changement climatique ?

Cette question est d’autant plus pertinente, lorsqu’on sait à quel point il peut être difficile de prendre des décisions radicales, capables de répondre aux urgences, dans un moment où les positions hégémoniques du néolibéralisme font pression pour conserver une politique des « petits pas ».

».

Le philosophe et juriste Sam Adelman a ainsi montré que le principe même du « développement durable » repose sur des objectifs de croissance économique, rigoureusement incompatibles avec les défis de l’urgence climatique.

Si la question peut paraître un brin provocatrice, remettre en question le modèle économique de croissance basé sur un extractivisme matérialiste qui transforme biens, vivants et humains en ressources, semble nécessaire. D’autant que dans beaucoup de cas, lorsque l’écologie est prise en considération, elle relève du greenwashing. Ou, pour le dire autrement, l’écologie elle-même devient une ressource pour la communication et le marketing, avant d’être transformée en politique ambitieuse.

Pour le professeur Pieter Leroy, qui enseigne la politique environnementale aux Pays-Bas, la réponse est claire : notre organisation politique ne nous permettrait pas de pouvoir répondre dignement aux effets liés au changement climatique. Même lorsque des grands conglomérats proposent de baisser la consommation d’énergie par exemple, cela sert d’abord des buts économiques et financiers.

En réalité, la question est peut-être mal posée : il n’y a pas de démocratie contemporaine qui fonctionne en dehors du régime économique capitaliste, comme l’avait d’ailleurs identifié l’économiste Francis Fukuyama il y a 30 ans ; alors que l’inverse est vrai, puisque plusieurs régimes autoritaires prospèrent dans le monde, tout en adoptant une économique capitaliste.

S’agit-il d’un hasard ou d’un lien consubstantiel ? Sommes-nous incapables de rendre une démocratie fonctionnelle sans idéologie de croissance ni prédation économique ? Et, dans ce cas de figure, quelle peut être la véritable place de l’écologie dans un tel système, qui définit la planète, l’environnement, le vivant et l’humain comme un ensemble de ressources à exploiter ?

En réalité, cette question est loin d’être nouvelle puisqu’elle date du début des années 2000 à tout le moins ; mais à l’heure où chaque mois compte pour tenter de rendre le changement climatique le moins catastrophique possible, il est intéressant de se pencher sur ces questions qui lient succès démocratique et essor de l’économie de marché capitaliste.

Il y a 30 ans déjà, la philosophe américaine Nancy Fraser expliquait que le succès du modèle démocratique libéral ne devait pas nous faire oublier qu’aucun modèle politique n’est parfait, et que la critique est toujours saine et indispensable.

Pour Nancy Fraser, cette critique met notamment en exergue le fait qu’une démocratie fonctionnelle dispose d’un espace public libre, dans lequel chacun est libre de donner un avis, débattre et exercer son droit au désaccord – mais que cet espace public peut être saturé de lobbies et de groupes d’intérêt qui vont influencer les décisions politiques et les opinions publiques.

Pour le dire simplement, ces espaces de liberté peuvent être des sources d’émancipation, ou bien de redoutables terrains où prospère l’inaction climatique.

En 2004, la politiste Wendy Brown associe les difficultés et les écueils des démocraties contemporaines à l’essor du capitalisme néolibéral, en expliquant notamment que :

« la rationalité néo-libérale [...] soumet chaque aspect de la vie politique et sociale au calcul économique : plutôt que de se demander, par exemple, ce que le constitutionnalisme libéral permet de défendre, ce que les valeurs morales et politiques protègent et ce dont elles préservent, on s’interrogera plutôt sur l’efficacité et la rentabilité promues – ou empêchées – par le constitutionnalisme. »

Dans cette optique, où le constitutionnalisme libéral est à entendre comme l’exaltation des libertés individuelles face au pouvoir étatique, le politique ne devient qu’un instrument au service de la rentabilité – rendant de facto toute réforme écologique et environnementale difficile à implanter, à partir du moment où elle menace des intérêts économiques et financiers immédiats.

Un peu plus tard, en 2009, la professeur de science politique Jodi Dean va encore plus loin dans un ouvrage qui propose une critique de la version néolibérale des démocraties. Selon elle, les démocraties se retrouvent menacées par une confusion entre libre expression et stratégies de communication ; en d’autres termes, rien ne permet de distinguer les intérêts de celles et ceux qui utilisent leur droit à la liberté d’expression dans la sphère publique.

Ainsi, la sphère publique démocratique représente un véritable marché de la liberté d’expression où se mêlent tendances énonciatives, stratégies de persuasion, fabrication du consentement, opinions privées, argumentations élaborées et influences médiatiques. Cette confusion ne devient compréhensible et lisible qu’à l’aide d’un réel outillage critique, qui peut permettre à chacune et chacun d’exercer ses droits citoyens ; hélas, cet outillage n’est pas accessible à tous et il est difficile de l’appliquer dans le bruit ambiant.

Au sein de ce marché de la libre expression émerge alors non plus une démocratie réelle, mais une illusion de démocratie, réduite à une incarnation simpliste de liberté d’expression publique et d’abondance de production de messages. Cette analogie du marché n’est pas innocente : elle témoigne, une nouvelle fois, de la gémellité entre économie de marché capitaliste et démocraties contemporaines, soulignée entre autres par le politologue allemand Wolfgang Merkel, dans un article particulièrement lumineux paru en 2014.

Quid alors de l’urgent besoin de réaction face à l’incroyable violence des changements climatiques à venir ?

Si le modèle démocratique présente autant de dangers ou de vicissitudes liés à sa consanguinité avec l’économie de marché capitaliste, il est aisé de voir que les mesures écologiques nécessaires pour changer de modèle de société semblent littéralement vouées à l’échec.

Comment faire voter des individus contre l’intérêt propre de leur confort personnel en termes de consommation, ou empêcher des groupes d’intérêt de peser lorsque leurs propres intérêts financiers sont en jeu ? Comment permettre à des partis politiques et aux femmes et aux hommes qui les représentent de proposer un programme qui ira à l’encontre d’un certain nombre de partis-pris économiques habituels de l’économie de marché capitaliste – notamment la fameuse idéologie de croissance ?

Avec de telles limites, il semble difficile, voire impossible de pouvoir mettre en place une réelle transition écologique, au sens plein du terme, dans un système démocratique contemporain. Le fait qu’économie et démocratie fonctionnent en miroir sur un certain nombre de paramètres exploitables de l’environnement, que ceux-ci soient externes (ressources minières, terres à cultiver, animaux à élever, etc.) ou internes (ressources cognitives et affectives des individus, besoins anthropologiques élémentaires) n’est vraisemblablement pas le fruit du hasard ; ceci montre, comme je le développe dans Ecoarchie, qu’économie capitaliste et démocratie contemporaine, dans la version que nous connaissons, partagent en réalité un ADN commun.

_______

Par Albin Wagener, Chercheur associé l’INALCO (PLIDAM) et au laboratoire PREFICS, Université Rennes 2.

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

L’écologie est-elle soluble dans les démocraties capitalistes ?

L’écologie est-elle soluble dans les démocraties capitalistes ?

 

Faire face au changement climatique semble compromis dans le cadre de nos organisations politiques contemporaines. Par Albin Wagener, Université Rennes 2

 

Un propos qui mérite d’être entendu mais relativement teinté politiquement. En effet on pourrait faire la même critique quant au caractère insoluble de l’écologie dans des démocraties autoritaires voiredes dictatures. Pire, la problématique environnementale y est souvent contestée. NDLR

 

 

 

Suite aux élections législatives de 2022, la toute récente reparlementarisation de la vie politique française pourrait faire évoluer la place des questions écologiques et environnementales, tout en soulignant les tensions qui existent entre urgence climatique et choix démocratiques et politiques. Le tout dans un contexte qui montre que les événements liés à l’urgence climatique deviennent désormais la norme, en France comme ailleurs.

À ce titre, plusieurs travaux ont montré que les programmes des partis situés à gauche du spectre politique étaient plus cohérents avec les accords de Paris, notamment EELV et LFI.

Au-delà de ce contexte, il est important de se poser cette question : une démocratie capitaliste est-elle compatible avec une politique écologique ambitieuse, susceptible de répondre aux effets du changement climatique ?

Cette question est d’autant plus pertinente, lorsqu’on sait à quel point il peut être difficile de prendre des décisions radicales, capables de répondre aux urgences, dans un moment où les positions hégémoniques du néolibéralisme font pression pour conserver une politique des « petits pas ».

».

Le philosophe et juriste Sam Adelman a ainsi montré que le principe même du « développement durable » repose sur des objectifs de croissance économique, rigoureusement incompatibles avec les défis de l’urgence climatique.

Si la question peut paraître un brin provocatrice, remettre en question le modèle économique de croissance basé sur un extractivisme matérialiste qui transforme biens, vivants et humains en ressources, semble nécessaire. D’autant que dans beaucoup de cas, lorsque l’écologie est prise en considération, elle relève du greenwashing. Ou, pour le dire autrement, l’écologie elle-même devient une ressource pour la communication et le marketing, avant d’être transformée en politique ambitieuse.

Pour le professeur Pieter Leroy, qui enseigne la politique environnementale aux Pays-Bas, la réponse est claire : notre organisation politique ne nous permettrait pas de pouvoir répondre dignement aux effets liés au changement climatique. Même lorsque des grands conglomérats proposent de baisser la consommation d’énergie par exemple, cela sert d’abord des buts économiques et financiers.

En réalité, la question est peut-être mal posée : il n’y a pas de démocratie contemporaine qui fonctionne en dehors du régime économique capitaliste, comme l’avait d’ailleurs identifié l’économiste Francis Fukuyama il y a 30 ans ; alors que l’inverse est vrai, puisque plusieurs régimes autoritaires prospèrent dans le monde, tout en adoptant une économique capitaliste.

S’agit-il d’un hasard ou d’un lien consubstantiel ? Sommes-nous incapables de rendre une démocratie fonctionnelle sans idéologie de croissance ni prédation économique ? Et, dans ce cas de figure, quelle peut être la véritable place de l’écologie dans un tel système, qui définit la planète, l’environnement, le vivant et l’humain comme un ensemble de ressources à exploiter ?

En réalité, cette question est loin d’être nouvelle puisqu’elle date du début des années 2000 à tout le moins ; mais à l’heure où chaque mois compte pour tenter de rendre le changement climatique le moins catastrophique possible, il est intéressant de se pencher sur ces questions qui lient succès démocratique et essor de l’économie de marché capitaliste.

Il y a 30 ans déjà, la philosophe américaine Nancy Fraser expliquait que le succès du modèle démocratique libéral ne devait pas nous faire oublier qu’aucun modèle politique n’est parfait, et que la critique est toujours saine et indispensable.

Pour Nancy Fraser, cette critique met notamment en exergue le fait qu’une démocratie fonctionnelle dispose d’un espace public libre, dans lequel chacun est libre de donner un avis, débattre et exercer son droit au désaccord – mais que cet espace public peut être saturé de lobbies et de groupes d’intérêt qui vont influencer les décisions politiques et les opinions publiques.

Pour le dire simplement, ces espaces de liberté peuvent être des sources d’émancipation, ou bien de redoutables terrains où prospère l’inaction climatique.

En 2004, la politiste Wendy Brown associe les difficultés et les écueils des démocraties contemporaines à l’essor du capitalisme néolibéral, en expliquant notamment que :

« la rationalité néo-libérale [...] soumet chaque aspect de la vie politique et sociale au calcul économique : plutôt que de se demander, par exemple, ce que le constitutionnalisme libéral permet de défendre, ce que les valeurs morales et politiques protègent et ce dont elles préservent, on s’interrogera plutôt sur l’efficacité et la rentabilité promues – ou empêchées – par le constitutionnalisme. »

Dans cette optique, où le constitutionnalisme libéral est à entendre comme l’exaltation des libertés individuelles face au pouvoir étatique, le politique ne devient qu’un instrument au service de la rentabilité – rendant de facto toute réforme écologique et environnementale difficile à implanter, à partir du moment où elle menace des intérêts économiques et financiers immédiats.

Un peu plus tard, en 2009, la professeur de science politique Jodi Dean va encore plus loin dans un ouvrage qui propose une critique de la version néolibérale des démocraties. Selon elle, les démocraties se retrouvent menacées par une confusion entre libre expression et stratégies de communication ; en d’autres termes, rien ne permet de distinguer les intérêts de celles et ceux qui utilisent leur droit à la liberté d’expression dans la sphère publique.

Ainsi, la sphère publique démocratique représente un véritable marché de la liberté d’expression où se mêlent tendances énonciatives, stratégies de persuasion, fabrication du consentement, opinions privées, argumentations élaborées et influences médiatiques. Cette confusion ne devient compréhensible et lisible qu’à l’aide d’un réel outillage critique, qui peut permettre à chacune et chacun d’exercer ses droits citoyens ; hélas, cet outillage n’est pas accessible à tous et il est difficile de l’appliquer dans le bruit ambiant.

Au sein de ce marché de la libre expression émerge alors non plus une démocratie réelle, mais une illusion de démocratie, réduite à une incarnation simpliste de liberté d’expression publique et d’abondance de production de messages. Cette analogie du marché n’est pas innocente : elle témoigne, une nouvelle fois, de la gémellité entre économie de marché capitaliste et démocraties contemporaines, soulignée entre autres par le politologue allemand Wolfgang Merkel, dans un article particulièrement lumineux paru en 2014.

Quid alors de l’urgent besoin de réaction face à l’incroyable violence des changements climatiques à venir ?

Si le modèle démocratique présente autant de dangers ou de vicissitudes liés à sa consanguinité avec l’économie de marché capitaliste, il est aisé de voir que les mesures écologiques nécessaires pour changer de modèle de société semblent littéralement vouées à l’échec.

Comment faire voter des individus contre l’intérêt propre de leur confort personnel en termes de consommation, ou empêcher des groupes d’intérêt de peser lorsque leurs propres intérêts financiers sont en jeu ? Comment permettre à des partis politiques et aux femmes et aux hommes qui les représentent de proposer un programme qui ira à l’encontre d’un certain nombre de partis-pris économiques habituels de l’économie de marché capitaliste – notamment la fameuse idéologie de croissance ?

Avec de telles limites, il semble difficile, voire impossible de pouvoir mettre en place une réelle transition écologique, au sens plein du terme, dans un système démocratique contemporain. Le fait qu’économie et démocratie fonctionnent en miroir sur un certain nombre de paramètres exploitables de l’environnement, que ceux-ci soient externes (ressources minières, terres à cultiver, animaux à élever, etc.) ou internes (ressources cognitives et affectives des individus, besoins anthropologiques élémentaires) n’est vraisemblablement pas le fruit du hasard ; ceci montre, comme je le développe dans Ecoarchie, qu’économie capitaliste et démocratie contemporaine, dans la version que nous connaissons, partagent en réalité un ADN commun.

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Par Albin Wagener, Chercheur associé l’INALCO (PLIDAM) et au laboratoire PREFICS, Université Rennes 2.

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

« L’écologie, champ de bataille théologique » ?

« L’écologie, champ de bataille théologique » ?

Dans un essai qui oscille entre analyse et plaidoyer, le pasteur Stéphane Lavignotte revient sur les racines théologiques de la crise écologique et explore les voies spirituelles qui permettraient d’en sortir.( analyse du » Monde »)

 

L’héritage est lourd, mais le pasteur et essayiste Stéphane Lavignotte l’assume. Car la destruction effrénée des conditions de la vie sur Terre ne répond pas seulement à des enjeux matériels, mais à des conceptions du monde qui ont permis ces méfaits. Et, parmi ces conceptions, le christianisme apparaît comme une cible de premier plan depuis un article célèbre de l’historien Lynn White (1907-1987), « Les racines historiques de notre crise écologique ». Avec ce texte de 1967, le médiéviste américain a provoqué un séisme au sein des intellectuels chrétiens et suscité une controverse toujours vive un demi-siècle après.

 

Dans un essai court mais dense, Stéphane Lavignotte tente de faire le point et d’esquisser des perspectives. L’enjeu est à la fois théorique, stratégique et existentiel, affirme le théologien, déjà auteur de livres sur des figures protestantes comme Jacques Ellul (1912-1994) et André Dumas (1918-1996). Cet inventaire – mené avec une impeccable probité – lui semble nécessaire pour refonder nos imaginaires.

Son propos s’articule autour d’une réflexion sur les « théologèmes », une notion désignant des conceptions religieuses en « arrière-plan » de nos représentations du monde, et se déplie en trois parties inégales. Partant de la thèse de Lynn White, il s’intéresse d’abord aux « théologèmes de l’écocide » qui ont participé à un anthropocentrisme tyrannique et à un désenchantement de la nature ; mais, compilant des analyses parfois datées d’une poignée de penseurs, le sujet est abordé de façon partielle et quelque peu superficielle.

Soucieux de problématiser, Stéphane Lavignotte oppose à la conception dominante de White un autre ensemble, plus stimulant, que sont les « théologèmes souterrains de l’écologie ». Cette archéologie alternative s’appuie sur un ensemble éclectique de figures, telles que saint François d’Assise (1182-1226), les écrivains américains de la « wilderness » (la nature dans sa conception sauvage) Ralph Waldo Emerson (1803-1882) et Henry David Thoreau (1817-1862), ou encore Bernard Charbonneau (1910-1996), frère intellectuel de Jacques Ellul.

Stéphane Lavignotte en tire quatre « pelotes » de valeurs – le terme est insolite, mais sert à « filer » une métaphore sur les imaginaires à retricoter – autour de la convivialité, de l’émerveillement face au vivant, de l’esprit de combativité et de notre position au sein de la création.

Quant au « champ de bataille théologique » qui fait le titre du livre, il est frontalement abordé dans la troisième partie. L’auteur y trace une ligne de partage axiologique, réprouvant les usages de Dieu servant une vision matérialiste ou réactionnaire – comme la théologie de la prospérité. Il leur oppose des valeurs aux vertus émancipatrices, à l’image de l’« écothéologie de la libération ».

La fin de l’écologie politique

La fin de l’écologie politique

 

Pourtant considérée comme une priorité par les Français, l’écologie a été presque absente des débats de la campagne présidentielle qui s’achève. La réticence médiatique à considérer l’urgence climatique comme un sujet politique majeur est l’une des explications à ce paradoxe, estime Stéphane Foucart, journaliste au « Monde ».

Un article intéressant mais qui sans doute n’accorde pas suffisamment d’attention à l’enterrement de la problématique environnementale par les écologistes politisés. En France, Europe Ecologie les Verts est largement responsable de cet enterrement de la problématique environnementale. La vérité c’est que Europe Ecologie Les Verts EELV) est davantage une organisation Rouge que verte. Surtout préoccupée d’anticapitalisme, d’anti-impérialisme, d’éco féminisme, de wokisme, de lutte contre toutes les traditions. Bref  de véritable bobos mais de pseudos écolos. Heureusement parallèlement se développe un vaste mouvement d’organisations écologiques non politisées. NDLR

Chronique. 

 

Il suffisait de consacrer quelques minutes quotidiennes à l’écoute de la radio ou de la télévision au cours de la campagne présidentielle pour entendre cette question : « Comment expliquez-vous que l’environnement et le climat n’aient pas percé dans le débat ? »

Dans la bouche des intervieweurs politiques, la question n’est pas sans évoquer une fausse candeur de pyromane s’étonnant de la recrudescence des incendies. Comme l’ont relevé à plusieurs reprises les organisations non gouvernementales (ONG) réunies dans « L’affaire du siècle », les questions posées aux différents candidats ou à leurs représentants n’ont que très peu abordé l’enjeu climatique. La question de l’effondrement de la biodiversité a, elle, été complètement ignorée.

Selon les estimations de « L’affaire du siècle », le climat n’aura occupé qu’environ 5 % du temps des débats animés par les grands médias audiovisuels, au cours de la campagne qui s’achève. Cette quasi-absence a des effets majeurs sur notre perception collective des risques réels du dérèglement climatique en cours.

L’interview politique est de fait performative : les questions qui ne sont pas posées disparaissent de la conversation publique, et perdent leur importance dans toutes les strates de la société. Ce dont on ne parle pas ne saurait être important.

L’habitabilité de la planète, à échéance de quelques décennies ? Une question de second ordre. Organiser l’adaptation et la résilience de la société et des économies face à ce qui est déjà inéluctable ? Un non-sujet. En termes de tactique politique, il y a peu d’intérêt pour les candidats à travailler une matière réduite à la portion congrue lors des débats. Peu suspect de menées écologistes, le think tank The Shift Project n’a ainsi classé que deux des douze projets initialement en lice comme « proches » des objectifs climatiques de la France, ceux de Jean-Luc Mélenchon et de Yannick Jadot.

D’où ce paradoxe : alors que les enquêtes d’opinion consacrent l’environnement comme une préoccupation majeure des Français – souvent en deuxième ou troisième position –, les trois quarts des suffrages sont allés, le 10 avril, à des programmes dépourvus de toute ambition en la matière.

Ce n’est pas si étonnant. La formation intellectuelle et la culture professionnelle du journalisme politique conduisent depuis des décennies à privilégier les questions économiques, l’immigration, l’insécurité, sans oublier les stratégies discursives des uns et des autres, les affrontements d’ego et les tactiques d’appareil. Les questions environnementales, techniques et rébarbatives, ne sont jamais qu’effleurées.

Les résultats décevants de l’écologie politique : La faute à la croissance ?

 Les résultats décevants de l’écologie politique : La faute à la croissance ?

 

Le politiste Luc Semal  analyse dans une tribune au « Monde » la « situation inextricable » à laquelle ont mené cinquante ans de déni politique depuis la publication du rapport Meadows, en 1972.

 

Un article intéressant pour comprendre la prise en compte de la problématique écologique mais la mise en cause de la croissance paraît peu convaincante d’abord parce que démocratiquement elle n’a pas été retenue par les électeurs ensuite parce que le contenu même de cette croissance- qui mérite cependant d’être redéfinie–a considérablement évolué en 50 ans avec un particulier davantage de services que de biens matériels proprement dits. L’écologie politique gagnerait à mieux articuler réalité économique et préoccupations environnementales NDLR

 

Tribune.

 

 Cinquante ans après la publication du rapport Meadows sur les limites à la croissance, les résultats du premier tour de l’élection présidentielle peuvent donner une pénible impression de surplace. Impression fausse, car en réalité la situation a bien empiré depuis.

Avril 1972 : dans le cadre d’un référendum décidé par Georges Pompidou, les Français s’apprêtent à voter pour ou contre l’élargissement des Communautés européennes à quatre nouveaux pays, dont le Royaume-Uni. Le président en exercice de la Commission européenne, le socialiste néerlandais Sicco Mansholt, vient d’écrire que les conclusions générales du tout récent rapport Meadows – pas encore traduit en français – sont « si évidentes » qu’elles devraient désormais guider les décisions des instances européennes. Il s’attire ainsi les foudres de Georges Marchais qui, au nom du PCF, dénonce le « programme monstrueux » de Mansholt, lequel conduirait à un net recul du bien-être des Français. Puis, d’autres personnalités de premier plan, dont Valéry Giscard d’Estaing et Raymond Barre, critiquent à leur tour Mansholt en assurant, entre autres, que le nucléaire permettra bientôt de repousser toutes les limites énergétiques. D’autres au contraire, dont l’agronome René Dumont et le philosophe André Gorz, saluent l’initiative de Mansholt, tout en ajoutant que la thèse des limites à la croissance mériterait d’être mieux articulée avec la question des inégalités – car ce sont d’abord et surtout les plus riches qui doivent réduire leur train de vie et leurs aspirations matérielles.

L’épisode n’a pas duré longtemps mais, pour la première fois, le débat politique a brièvement porté sur ce thème nouveau : pour ou contre la croissance ? Pour ou contre l’expansion ? Alors que l’écologie politique française émerge comme une force politique nouvelle, la « controverse Mansholt-Marchais » est un épisode à la fois fondateur et frustrant pour les écologistes. Oui, on a enfin parlé des limites à la croissance ; oui, le thème trouve un écho inattendu et la dynamique du mouvement antinucléaire semble prometteuse pour les écologistes ; mais la virulence des critiques adressées de toutes parts à Mansholt montre que le monde politique et économique est vent debout contre toute remise en cause de la croissance et de l’expansion.

Avril 2022 : cinquante ans ont passé. Les Français viennent de voter pour le premier tour de l’élection présidentielle. La campagne a pu sembler agitée par des thèmes potentiellement porteurs pour l’écologie politique : un nouveau rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) plus alarmant que jamais, une guerre en Ukraine qui fait craindre pour la sûreté des centrales nucléaires, une hausse des prix de l’énergie comparable à un choc pétrolier et gazier, etc. Mais non. Le second tour se jouera entre un président sortant, dont le bilan écologique n’est pas à la hauteur des enjeux, et une candidate d’extrême droite dont le programme montre qu’elle ferait encore pire. Tous deux ont la conviction que la réponse à la crise écologique passe moins par la sobriété que par la relance de la croissance et du nucléaire. Depuis cinquante ans, la promesse de solutions techniques est restée un argument récurrent de relativisation des limites écologiques, qui transcende les différences partisanes et prétend que nous n’aurions pas à choisir entre transition écologique et abondance matérielle.

 

Société-Environnement : l’écologie moderne contre l’écologie radicale

Société-Environnement : l’écologie moderne contre l’écologie radicale

 

 

 

Il y a un paradoxe dans l’histoire du mouvement de l’écologie politique : pourquoi les solutions proposées n’arrivent-elles jamais à résoudre les problèmes concrets, campant dans une posture idéologique ? C’est la question à laquelle Michael Shellenberger répond dans « Apocalypse zéro » (éd. de L’Artilleur), un récit vivant, véritable mine d’informations toujours bien sourcées . Cet expert en énergie et environnement a reçu le prix « héros de l’environnement » de Time magazine et a été invité par le GIEC. Fondateur et président de l’association indépendante Environnemental Progress, il a eu un parcours qui le fait passer pour un renégat auprès des écologistes politiques.

Comme il le raconte, militant écologiste depuis ses premières années de lycée, il a collecté des fonds pour le Rainforest Action Network, fait campagne pour protéger les séquoias, promu les énergies renouvelables, lutté le réchauffement climatique et défendu les agriculteurs et les employés d’usine dans les pays pauvres. Pragmatique, il a constaté que plus il voyageait, plus il constatait l’écart croissant entre les discours écologistes martelés dans les pays développés et les résultats concrets dans les pays concernés.

Infatigable globe-trotter, il va sur le terrain, s’adresse directement aux acteurs sur lesquels pèsent les problèmes environnementaux mais aussi sociétaux. Se revendiquant de l’écomodernisme, son approche diffère de la logique des ONG dont il pointe que sous des postures vertueuses, elles sont éloignées des réalités. Car Shellenberger poursuit toujours les mêmes objectifs de sa jeunesse : aider les paysans pauvres et préserver les écosystèmes, mais pour cela il mise plutôt sur la croissance économique que sur cette auberge espagnole

Environnement : l’écologie opérationnelle contre l’écologie radicale

Environnement : l’écologie opérationnelle contre l’écologie radicale

 

 

 

Il y a un paradoxe dans l’histoire du mouvement de l’écologie politique : pourquoi les solutions proposées n’arrivent-elles jamais à résoudre les problèmes concrets, campant dans une posture idéologique ? C’est la question à laquelle Michael Shellenberger répond dans « Apocalypse zéro » (éd. de L’Artilleur), un récit vivant, véritable mine d’informations toujours bien sourcées . Cet expert en énergie et environnement a reçu le prix « héros de l’environnement » de Time magazine et a été invité par le GIEC. Fondateur et président de l’association indépendante Environnemental Progress, il a eu un parcours qui le fait passer pour un renégat auprès des écologistes politiques.

Comme il le raconte, militant écologiste depuis ses premières années de lycée, il a collecté des fonds pour le Rainforest Action Network, fait campagne pour protéger les séquoias, promu les énergies renouvelables, lutté le réchauffement climatique et défendu les agriculteurs et les employés d’usine dans les pays pauvres. Pragmatique, il a constaté que plus il voyageait, plus il constatait l’écart croissant entre les discours écologistes martelés dans les pays développés et les résultats concrets dans les pays concernés.

Infatigable globe-trotter, il va sur le terrain, s’adresse directement aux acteurs sur lesquels pèsent les problèmes environnementaux mais aussi sociétaux. Se revendiquant de l’écomodernisme, son approche diffère de la logique des ONG dont il pointe que sous des postures vertueuses, elles sont éloignées des réalités. Car Shellenberger poursuit toujours les mêmes objectifs de sa jeunesse : aider les paysans pauvres et préserver les écosystèmes, mais pour cela il mise plutôt sur la croissance économique que sur cette auberge espagnole

Environnement : l’écologie moderne contre l’écologie radicale

Environnement : l’écologie moderne contre l’écologie radicale

 

 

 

Il y a un paradoxe dans l’histoire du mouvement de l’écologie politique : pourquoi les solutions proposées n’arrivent-elles jamais à résoudre les problèmes concrets, campant dans une posture idéologique ? C’est la question à laquelle Michael Shellenberger répond dans « Apocalypse zéro » (éd. de L’Artilleur), un récit vivant, véritable mine d’informations toujours bien sourcées . Cet expert en énergie et environnement a reçu le prix « héros de l’environnement » de Time magazine et a été invité par le GIEC. Fondateur et président de l’association indépendante Environnemental Progress, il a eu un parcours qui le fait passer pour un renégat auprès des écologistes politiques.

Comme il le raconte, militant écologiste depuis ses premières années de lycée, il a collecté des fonds pour le Rainforest Action Network, fait campagne pour protéger les séquoias, promu les énergies renouvelables, lutté le réchauffement climatique et défendu les agriculteurs et les employés d’usine dans les pays pauvres. Pragmatique, il a constaté que plus il voyageait, plus il constatait l’écart croissant entre les discours écologistes martelés dans les pays développés et les résultats concrets dans les pays concernés.

Infatigable globe-trotter, il va sur le terrain, s’adresse directement aux acteurs sur lesquels pèsent les problèmes environnementaux mais aussi sociétaux. Se revendiquant de l’écomodernisme, son approche diffère de la logique des ONG dont il pointe que sous des postures vertueuses, elles sont éloignées des réalités. Car Shellenberger poursuit toujours les mêmes objectifs de sa jeunesse : aider les paysans pauvres et préserver les écosystèmes, mais pour cela il mise plutôt sur la croissance économique que sur cette auberge espagnole

société-L’ « écoréalisme » : pour une approche réaliste de l’écologie (Bertrand Piccard)

société-L’ « écoréalisme » : pour une approche réaliste de l’écologie (Bertrand Piccard)

 

Psychiatre de formation, Bertrand Piccard défend une approche « réaliste » de l’écologie dans un livre à paraître mercredi.  »Il faut réconcilier l’écologie et l’industrie, pour développer une écologie rentable et une industrie écologique », prône le fondateur et président de Solar Impulse.( Avion solaire et labellisation)  .

 

La Fondation Solar Impulse, initiée par l’explorateur Bertrand Piccard suite à son mythique tour du monde en avion solaire, a mis en place le label Solar Impulse Efficient Solutionafin de promouvoir des solutions ayant un impact positif pour la planète tout en étant économiquement viables.

Ce label est attribué à la suite d’un processus d’évaluation rigoureux faisant intervenir des experts indépendants. Une fois labellisées, les solutions bénéficient d’avantages exclusifs comme la promotion de ces solutions dans les médias et auprès d’investisseurs et de décisionnaires économiques.

 

 

En matière d’écologie, vous défendez l’esprit pionnier. Quel est-il?
Chaque fois qu’on doit prendre une décision ou juger une situation, il faut regarder ailleurs que dans nos certitudes, nos croyances et nos habitudes. Dans n’importe quel domaine, l’innovation vient rarement de l’intérieur du système. Enfant, j’ai côtoyé beaucoup d’explorateurs. Mon grand-père et mon père ont accompli des choses qui étaient considérées comme impossibles. Tous m’ont montré à quel point la vie est intéressante si on accepte l’inconnu, si on se remet en question, si on a de grandes visions.

Quel est votre rapport à l’écologie? 
J’ai toujours vu mon père et mon grand-père utiliser l’exploration scientifique pour protéger l’environnement. Pour eux, l’écologie était quelque chose de très concret. C’était du bon sens. C’était non politisé. Quand il y a eu les premiers partis verts qui se sont créés dans les années 1980, ça nous paraissait curieux qu’il y ait besoin d’un parti pour l’écologie plutôt que de mettre l’écologie dans tous les partis.

 

Vous défendez une écologie réaliste et concrète. Est-ce parce que vous avez vu l’idéalisme de votre père se heurter à la réalité?
Il a été très déçu que l’écologie devienne à ce point idéologique. Il aurait voulu une écologie concrète, qui réunisse, plutôt qu’une écologie qui divise. Ça a ancré en moi ce désir de prôner une écologie fédératrice, où chacun y trouve son compte, plutôt qu’une écologie constituée de clivages. C’est aberrant de voir l’écologie et l’industrie s’opposer aujourd’hui alors que l’industrie est capable d’apporter des solutions écologiques. Si les industriels perçoivent que la protection de l’environnement est devenue plus rentable que sa destruction, ils se rallieront à la cause écologique sans même avoir besoin de croire au changement climatique!

 

Que faut-il faire pour sortir de cette opposition?
Il faut que les écologistes et les industriels parlent le même langage : celui d’une protection de l’environnement financièrement rentable grâce aux nouvelles opportunités économiques. Il faut que chaque parti politique fasse de l’écologie, qu’on s’attelle à promouvoir l’efficience énergétique, les énergies renouvelables, l’économie circulaire, la gestion des déchets, la rénovation des bâtiments. Ça sert tout le monde : les plus modestes, dont les factures énergétiques diminuent, l’industrie, car ça ouvre de nouveaux débouchés, le politique, car ça crée des emplois, et le monde écologique, car ça protège l’environnement. On doit absolument comprendre qu’aujourd’hui l’écologie est la force motrice autant de notre société humaine que de l’économie, de l’industrie et de la politique.

C’est le discours que vous tenez aux PDG et chefs d’Etat que vous rencontrez régulièrement? 
Si vous allez vers le monde industriel et que vous dites ‘il faut protéger l’environnement’, vous aurez à peu près le même résultat que si vous allez vers le monde écologique et que vous dites ‘il faut produire davantage pour pouvoir développer l’économie’. Ça ne marche pas, car personne ne se comprend. Il faut voir où est l’intersection des intérêts. Aujourd’hui, vous avez de nouveaux procédés, systèmes, produits, matériaux et appareils qui protègent l’environnement, sont capables de créer des emplois et permettent à l’économie de fonctionner. C’est ce que j’appelle l’écologie réaliste, l’écoréalisme. En faisant ça, vous êtes capables d’obtenir un changement que vous n’êtes pas capable d’obtenir tant que c’est uniquement conflictuel. Si les entreprises comprennent que c’est pour elles plus rentable de protéger l’environnement que de continuer à polluer, elles vont être capables d’évoluer. Si les écologistes comprennent qu’il est possible de pousser les entreprises à devenir plus responsables, plus durables et en même temps plus rentables, ils vont aider les entreprises à faire cette transition. On ira beaucoup plus vite que si on fait une guerre de tranchées. Aujourd’hui, vous avez les écologistes d’un côté, les industriels de l’autre, et ça évolue très peu.

On est conscient des risques liés au changement climatique, on connaît les solutions, mais rien ou presque ne bouge. Pourquoi?
Le cadre légal des normes et des standards est aussi archaïque que les vieux systèmes polluants que l’on utilise encore. Le résultat est que beaucoup d’entreprises polluent légalement. Pour développer l’écologie fédératrice, les standards environnementaux doivent devenir plus exigeants. Il faut créer une nécessité d’utiliser toutes les nouvelles solutions. Aujourd’hui par exemple, il est légalement autorisé d’avoir des passoires thermiques. D’un côté, les plus démunis paient des fortunes en frais de chauffage, de l’autre, l’énergie est gaspillée. Ça devrait être une norme obligatoire d’avoir des bâtiments neutres sur le plan carbone. L’investissement de départ est amorti par l’économie d’énergie réalisée.

 

L’interdiction des passoires thermiques était l’idée des 150 citoyens, mais elle a été édulcorée. Par manque de courage politique? 
C’est surtout une méconnaissance du fait que toutes ces nouvelles solutions écologiques aujourd’hui sont devenues très rentables. Rien qu’avec les économies d’énergie, d’eau, d’électricité, de fioul, on rentabilise ces investissements. Prenez l’exemple des bus : le bus diesel est moins cher à l’achat qu’un bus électrique, mais sur dix ans d’exploitation le bus électrique est 400.000 dollars moins cher car il y a peu de maintenance et pas de carburant. Ce qui pèche, c’est la peur de faire l’investissement de départ. Il faut investir davantage au départ, mais ensuite on récupère plusieurs fois sa mise.

 

Vous êtes psychiatre, vous avez pratiqué pendant plus de vingt ans. Est-ce une incapacité de notre cerveau à penser à long terme?
Notre monde est un monde de court terme, les mandats politiques sont courts, ceux des directeurs généraux aussi. Par conséquent, c’est difficile de faire du long terme, car c’est le suivant qui en profitera. Mais il devrait être légalement obligatoire. Dans un marché public, au lieu de calculer le coût d’achat on devrait tenir compte du coût du cycle de vie sur dix ans. Le bus électrique devient alors une évidence.

 

Vous écrivez que le problème n’est pas tant la société de consommation que son corollaire, le gaspillage ; pour autant, vous ne prônez pas la décroissance. Pourquoi? 
Il faut faire décroître beaucoup de choses : le gaspillage, l’inefficience, la pollution, la démesure, l’irresponsabilité, le court terme. Mais il faut faire croître la création de valeur et de richesse. Il y a trop de gens démunis, trop d’inégalités. Si on parle de redistribution pour les plus pauvres, il faut bien avoir quelque chose à redistribuer! Ça m’étonne toujours que ce soient les partis de gauche – qui se préoccupent de la solidarité – qui prônent la décroissance, car il n’y a pas de solidarité s’il n’y a pas de richesse à partager, si on ne crée pas de la valeur. Il faut protéger l’environnement, mais aussi l’être humain. Arrêtons d’associer la décroissance nécessaire des excès avec une décroissance économique, les deux ne doivent pas être liés.

Vous alertez sur l’inefficience de nos usages aujourd’hui. Quelle est-elle?
Aujourd’hui on perd, par inefficience, les trois quarts de l’énergie produite, entre le tiers et la moitié de la nourriture, la moitié des matières premières, plus de 95% des déchets. Ça doit s’arrêter! Les écologistes ont raison de le dire. Philosophiquement, c’est juste. Philosophiquement, nous devons être plus sobres, consommer moins, vivre de manière plus simple. Mais psychologiquement, ce n’est pas comme ça que l’être humain raisonne. La décroissance est une excellente philosophie qui manque de psychologie. Elle ne tient pas compte de la psychologie humaine. Le citoyen ne veut pas moins, il veut mieux à défaut de plus. Certes, dans nos pays d’Europe occidentale, nous avons trop, nous sommes un îlot d’excès. Mais regardez le reste du monde, privé de sécurité sociale, d’assurance santé, de retraite… Comment allez-vous faire passer une philosophie de la décroissance économique à des populations dont le seul rêve est d’avoir la même chose que nous?

Que faire?
Il faut les aider à se développer de manière propre. Pour éviter de reproduire nos excès du XXe siècle, il faut les aider à installer directement chez eux des énergies renouvelables, de l’efficience énergétique, des technologies pour recycler et purifier l’eau potable, des systèmes de recyclage de déchets, une économie circulaire. Si vous faites ça, vous aurez des pays propres mais qui se sont aussi développés économiquement. Grâce à l’écologie, on peut obtenir un développement économique qui profite à tous et à toutes et en même temps protège l’environnement.

Vous dites qu’il ne faut pas compter que sur les comportements individuels, qui, s’ils changent, le font trop lentement. Pourquoi?
On n’a pas le temps d’attendre quarante ans qu’une nouvelle génération prenne le pouvoir. Il faut aller beaucoup plus vite. Il y a eu des milliers de Gilets jaunes dans la rue tous les samedis car on voulait augmenter le prix du diesel de 8 centimes. La population n’est pas prête à faire des sacrifices. La décroissance va créer un rejet de l’écologie, et c’est en ça que je la trouve dangereuse. Je suis fondamentalement un écologiste, mais je n’utilise pas les mêmes moyens que certains écologistes. Ce n’est pas comme ça que l’on arrivera au résultat.

 

La solution est-elle forcément technologique?
Parmi les 1.300 solutions identifiées par ma fondation, la plupart ne sont pas high-tech. La majorité d’entre elles relèvent du bon sens, de systèmes, de produits, de matériaux et d’appareils qui sont plus efficients que les anciens. Je ne suis pas un technophile, je ne pense pas que la technologie en elle-même va sauver l’humanité. Certaines technologies peuvent d’ailleurs la détruire.

 

Pensez-vous à la géo-ingénierie par exemple? 
Ceux qui cherchent des réponses technologiques pour permettre de continuer à polluer comme aujourd’hui en compensant cette pollution sont des gens dangereux. Aller saupoudrer les hautes couches de l’atmosphère avec des nanoparticules pour réfléchir les rayons du soleil vers l’extérieur et compenser l’écart de température causé par le CO2 est aberrant. C’est même criminel. Ça induit de continuer à déstabiliser et déséquilibrer la nature, comme on le fait aujourd’hui, et d’utiliser une technique qui déstabilise la nature dans l’autre sens. On déséquilibre la nature des deux côtés. On arrivera forcément à une catastrophe, la nature est plus forte que nous.

Décrivez-nous ce monde propre qui pourrait déjà exister… 
C’est un monde qui est devenu tellement efficient que les sources renouvelables suffisent pour l’alimenter en énergie. Un monde où on ne gaspille pas, où on utilise mieux les ressources, et qui devient rentable. Prenons l’exemple de la chaîne alimentaire : beaucoup de nourriture est perdue sur le lieu de production à cause de problèmes climatiques ou de sous-développement local. Ma fondation a labellisé un séchoir solaire qui permet aux agriculteurs ou aux coopératives de faire sécher leurs récoltes pour qu’elles ne pourrissent pas sur place. On a aussi des cultures qui permettent, avec des produits naturels, d’avoir plus de rendement ; des systèmes qui économisent l’eau ou l’engrais ; une poubelle intelligente qui scanne et pèse ce que vous jetez et qui va dire à un restaurateur ou à une cafétéria ce qui a été commandé en trop. Il est aussi indispensable de rallonger les dates de péremption sur les produits qu’on achète. Un yaourt que vous consommez un mois plus tard est toujours bon. Ce sont des millions de tonnes de nourriture jetées chaque année à cause de ces dates trop précoces.

Comment convaincre l’industriel? Si on consomme moins, il va gagner moins… 
C’est là qu’intervient la croissance qualitative que je défends dans mon livre : si on consomme plus de qualité et qu’on est plus efficient, on a besoin de consommer moins. Et donc on peut facturer un peu plus cher au consommateur et faire un peu plus de marge. Ce qui est perdu en nombre de ventes est récupéré en bénéfices ; et comme le consommateur ne gaspille pas, il achète moins et peut payer un peu plus cher ce qu’il consomme. On augmente la qualité de tout ce qu’on produit et de ce qu’on consomme.

C’est l’exemple du téléphone portable?
Oui, il est facile de comprendre qu’il vaut mieux acheter un téléphone 20% plus cher si on peut le garder deux fois plus longtemps. Le problème aujourd’hui est que l’obsolescence programmée est légale. Si demain votre garantie passe d’un ou deux ans à cinq ans, si pendant cinq ans vous pouvez rapporter votre ordinateur, votre imprimante ou votre téléphone, vous serez d’accord pour les acheter un peu plus cher. Là aussi, il faut donc un cadre légal pour pousser à l’efficience et conserver des objets de meilleure qualité plus longtemps. Et ça, seul l’Etat peut le faire pour ne pas introduire une distorsion de concurrence avec les entreprises qui ne voudraient pas jouer le jeu. Il faut mettre tout le monde sur un pied d’égalité, sinon personne n’ose bouger.

Avez-vous d’autres exemples de ce statu quo que vous décrivez en raison du cadre légal?
Aujourd’hui, on a un système anti-smog qui permet de diviser par cinq les particules toxiques émises par les moteurs diesel et qui réduit la consommation de carburant de 20%. Mais si vous installez ce système, vous devez recertifier votre véhicule. Donc les gens ne le font pas. Il faut faire évoluer la réglementation. C’est la même chose pour les voitures électriques : le soir, au moment du pic de consommation, celles-ci pourraient être déchargées sur la borne de votre maison et vous donner l’énergie dont vous avez besoin pour votre cuisinière, votre chauffage, votre télévision. Puis quand tout le monde va se coucher, on a la nuit pour recharger les voitures électriques. Malheureusement, ce n’est pas autorisé!

Sur qui faut-il compter pour concrétiser ces évolutions?
Le changement viendra de deux directions différentes. Ça viendra des écologistes, des jeunes qui descendent dans la rue et qui font pression sur les gouvernements. Je les soutiens, mais au lieu de crier ‘problème, problème’, ils devraient crier ‘solution, solution’. Ça viendra aussi de ceux qui démontrent que c’est rentable d’agir, que ça ne va pas entraver le développement économique.

Les rapports du Giec sont tous alarmants mais rien ne change. S’est-on habitué à la catastrophe? 
Les gens ne se rendent pas compte. Quand ils ont 2 degrés de température en plus dans leur corps, ils courent aux urgences en pensant qu’ils ont une forme grave du Covid ; quand l’atmosphère prend 2 degrés, les gens s’en foutent. C’est tout bonnement ahurissant. On est dans une situation catastrophique, mais ça ne sert à rien de le dire sans donner de solutions. Car sinon on fait paniquer tout le monde, on fait déprimer les gens et on leur donne l’impression qu’il y a un problème tellement grand qu’ils ne vont jamais pouvoir le résoudre. Le réalisme, c’est changer ce qu’on peut changer plutôt que d’essayer de changer ce qu’on ne peut pas changer.

Qu’est-ce que vous attendez de la COP de Glasgow?
J’attends des engagements ambitieux des pays. Mais si ça n’arrive pas non plus cette fois, la frustration causée par la vaine recherche de consensus international a tout de même le mérite de pousser les acteurs locaux à agir : les régions, les villes, les entreprises.

Les COP ont-elles encore une utilité?
Oui! Il faut convaincre les négociateurs de chaque pays de s’engager davantage sur des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Mais pour l’instant, ils sont très conservateurs, ils pensent que ce sont surtout des sacrifices et que leur pays vivra moins bien en prenant des mesures environnementales. Notre but est de leur montrer que, au contraire, chaque pays ira mieux, sera plus riche et connaîtra moins de chômage s’il adopte des contributions écologiques très ambitieuses.

« Réaliste – Soyons logiques autant qu’écologiques », Bertrand Piccard, Stock, 180 pages, 18 euros (en librairies le 20 octobre). 

L’ « écoréalisme » : pour une approche réaliste de l’écologie (Bertrand Piccard)

L’ « écoréalisme » : pour une approche réaliste de l’écologie (Bertrand Piccard)

 

Psychiatre de formation, Bertrand Piccard défend une approche « réaliste » de l’écologie dans un livre à paraître mercredi.  »Il faut réconcilier l’écologie et l’industrie, pour développer une écologie rentable et une industrie écologique », prône le fondateur et président de Solar Impulse.( Avion solaire et labellisation)  .

 

La Fondation Solar Impulse, initiée par l’explorateur Bertrand Piccard suite à son mythique tour du monde en avion solaire, a mis en place le label Solar Impulse Efficient Solutionafin de promouvoir des solutions ayant un impact positif pour la planète tout en étant économiquement viables.

Ce label est attribué à la suite d’un processus d’évaluation rigoureux faisant intervenir des experts indépendants. Une fois labellisées, les solutions bénéficient d’avantages exclusifs comme la promotion de ces solutions dans les médias et auprès d’investisseurs et de décisionnaires économiques.

 

 

En matière d’écologie, vous défendez l’esprit pionnier. Quel est-il?
Chaque fois qu’on doit prendre une décision ou juger une situation, il faut regarder ailleurs que dans nos certitudes, nos croyances et nos habitudes. Dans n’importe quel domaine, l’innovation vient rarement de l’intérieur du système. Enfant, j’ai côtoyé beaucoup d’explorateurs. Mon grand-père et mon père ont accompli des choses qui étaient considérées comme impossibles. Tous m’ont montré à quel point la vie est intéressante si on accepte l’inconnu, si on se remet en question, si on a de grandes visions.

Quel est votre rapport à l’écologie? 
J’ai toujours vu mon père et mon grand-père utiliser l’exploration scientifique pour protéger l’environnement. Pour eux, l’écologie était quelque chose de très concret. C’était du bon sens. C’était non politisé. Quand il y a eu les premiers partis verts qui se sont créés dans les années 1980, ça nous paraissait curieux qu’il y ait besoin d’un parti pour l’écologie plutôt que de mettre l’écologie dans tous les partis.

 

Vous défendez une écologie réaliste et concrète. Est-ce parce que vous avez vu l’idéalisme de votre père se heurter à la réalité?
Il a été très déçu que l’écologie devienne à ce point idéologique. Il aurait voulu une écologie concrète, qui réunisse, plutôt qu’une écologie qui divise. Ça a ancré en moi ce désir de prôner une écologie fédératrice, où chacun y trouve son compte, plutôt qu’une écologie constituée de clivages. C’est aberrant de voir l’écologie et l’industrie s’opposer aujourd’hui alors que l’industrie est capable d’apporter des solutions écologiques. Si les industriels perçoivent que la protection de l’environnement est devenue plus rentable que sa destruction, ils se rallieront à la cause écologique sans même avoir besoin de croire au changement climatique!

 

Que faut-il faire pour sortir de cette opposition?
Il faut que les écologistes et les industriels parlent le même langage : celui d’une protection de l’environnement financièrement rentable grâce aux nouvelles opportunités économiques. Il faut que chaque parti politique fasse de l’écologie, qu’on s’attelle à promouvoir l’efficience énergétique, les énergies renouvelables, l’économie circulaire, la gestion des déchets, la rénovation des bâtiments. Ça sert tout le monde : les plus modestes, dont les factures énergétiques diminuent, l’industrie, car ça ouvre de nouveaux débouchés, le politique, car ça crée des emplois, et le monde écologique, car ça protège l’environnement. On doit absolument comprendre qu’aujourd’hui l’écologie est la force motrice autant de notre société humaine que de l’économie, de l’industrie et de la politique.

C’est le discours que vous tenez aux PDG et chefs d’Etat que vous rencontrez régulièrement? 
Si vous allez vers le monde industriel et que vous dites ‘il faut protéger l’environnement’, vous aurez à peu près le même résultat que si vous allez vers le monde écologique et que vous dites ‘il faut produire davantage pour pouvoir développer l’économie’. Ça ne marche pas, car personne ne se comprend. Il faut voir où est l’intersection des intérêts. Aujourd’hui, vous avez de nouveaux procédés, systèmes, produits, matériaux et appareils qui protègent l’environnement, sont capables de créer des emplois et permettent à l’économie de fonctionner. C’est ce que j’appelle l’écologie réaliste, l’écoréalisme. En faisant ça, vous êtes capables d’obtenir un changement que vous n’êtes pas capable d’obtenir tant que c’est uniquement conflictuel. Si les entreprises comprennent que c’est pour elles plus rentable de protéger l’environnement que de continuer à polluer, elles vont être capables d’évoluer. Si les écologistes comprennent qu’il est possible de pousser les entreprises à devenir plus responsables, plus durables et en même temps plus rentables, ils vont aider les entreprises à faire cette transition. On ira beaucoup plus vite que si on fait une guerre de tranchées. Aujourd’hui, vous avez les écologistes d’un côté, les industriels de l’autre, et ça évolue très peu.

On est conscient des risques liés au changement climatique, on connaît les solutions, mais rien ou presque ne bouge. Pourquoi?
Le cadre légal des normes et des standards est aussi archaïque que les vieux systèmes polluants que l’on utilise encore. Le résultat est que beaucoup d’entreprises polluent légalement. Pour développer l’écologie fédératrice, les standards environnementaux doivent devenir plus exigeants. Il faut créer une nécessité d’utiliser toutes les nouvelles solutions. Aujourd’hui par exemple, il est légalement autorisé d’avoir des passoires thermiques. D’un côté, les plus démunis paient des fortunes en frais de chauffage, de l’autre, l’énergie est gaspillée. Ça devrait être une norme obligatoire d’avoir des bâtiments neutres sur le plan carbone. L’investissement de départ est amorti par l’économie d’énergie réalisée.

 

L’interdiction des passoires thermiques était l’idée des 150 citoyens, mais elle a été édulcorée. Par manque de courage politique? 
C’est surtout une méconnaissance du fait que toutes ces nouvelles solutions écologiques aujourd’hui sont devenues très rentables. Rien qu’avec les économies d’énergie, d’eau, d’électricité, de fioul, on rentabilise ces investissements. Prenez l’exemple des bus : le bus diesel est moins cher à l’achat qu’un bus électrique, mais sur dix ans d’exploitation le bus électrique est 400.000 dollars moins cher car il y a peu de maintenance et pas de carburant. Ce qui pèche, c’est la peur de faire l’investissement de départ. Il faut investir davantage au départ, mais ensuite on récupère plusieurs fois sa mise.

 

Vous êtes psychiatre, vous avez pratiqué pendant plus de vingt ans. Est-ce une incapacité de notre cerveau à penser à long terme?
Notre monde est un monde de court terme, les mandats politiques sont courts, ceux des directeurs généraux aussi. Par conséquent, c’est difficile de faire du long terme, car c’est le suivant qui en profitera. Mais il devrait être légalement obligatoire. Dans un marché public, au lieu de calculer le coût d’achat on devrait tenir compte du coût du cycle de vie sur dix ans. Le bus électrique devient alors une évidence.

 

Vous écrivez que le problème n’est pas tant la société de consommation que son corollaire, le gaspillage ; pour autant, vous ne prônez pas la décroissance. Pourquoi? 
Il faut faire décroître beaucoup de choses : le gaspillage, l’inefficience, la pollution, la démesure, l’irresponsabilité, le court terme. Mais il faut faire croître la création de valeur et de richesse. Il y a trop de gens démunis, trop d’inégalités. Si on parle de redistribution pour les plus pauvres, il faut bien avoir quelque chose à redistribuer! Ça m’étonne toujours que ce soient les partis de gauche – qui se préoccupent de la solidarité – qui prônent la décroissance, car il n’y a pas de solidarité s’il n’y a pas de richesse à partager, si on ne crée pas de la valeur. Il faut protéger l’environnement, mais aussi l’être humain. Arrêtons d’associer la décroissance nécessaire des excès avec une décroissance économique, les deux ne doivent pas être liés.

Vous alertez sur l’inefficience de nos usages aujourd’hui. Quelle est-elle?
Aujourd’hui on perd, par inefficience, les trois quarts de l’énergie produite, entre le tiers et la moitié de la nourriture, la moitié des matières premières, plus de 95% des déchets. Ça doit s’arrêter! Les écologistes ont raison de le dire. Philosophiquement, c’est juste. Philosophiquement, nous devons être plus sobres, consommer moins, vivre de manière plus simple. Mais psychologiquement, ce n’est pas comme ça que l’être humain raisonne. La décroissance est une excellente philosophie qui manque de psychologie. Elle ne tient pas compte de la psychologie humaine. Le citoyen ne veut pas moins, il veut mieux à défaut de plus. Certes, dans nos pays d’Europe occidentale, nous avons trop, nous sommes un îlot d’excès. Mais regardez le reste du monde, privé de sécurité sociale, d’assurance santé, de retraite… Comment allez-vous faire passer une philosophie de la décroissance économique à des populations dont le seul rêve est d’avoir la même chose que nous?

Que faire?
Il faut les aider à se développer de manière propre. Pour éviter de reproduire nos excès du XXe siècle, il faut les aider à installer directement chez eux des énergies renouvelables, de l’efficience énergétique, des technologies pour recycler et purifier l’eau potable, des systèmes de recyclage de déchets, une économie circulaire. Si vous faites ça, vous aurez des pays propres mais qui se sont aussi développés économiquement. Grâce à l’écologie, on peut obtenir un développement économique qui profite à tous et à toutes et en même temps protège l’environnement.

Vous dites qu’il ne faut pas compter que sur les comportements individuels, qui, s’ils changent, le font trop lentement. Pourquoi?
On n’a pas le temps d’attendre quarante ans qu’une nouvelle génération prenne le pouvoir. Il faut aller beaucoup plus vite. Il y a eu des milliers de Gilets jaunes dans la rue tous les samedis car on voulait augmenter le prix du diesel de 8 centimes. La population n’est pas prête à faire des sacrifices. La décroissance va créer un rejet de l’écologie, et c’est en ça que je la trouve dangereuse. Je suis fondamentalement un écologiste, mais je n’utilise pas les mêmes moyens que certains écologistes. Ce n’est pas comme ça que l’on arrivera au résultat.

 

La solution est-elle forcément technologique?
Parmi les 1.300 solutions identifiées par ma fondation, la plupart ne sont pas high-tech. La majorité d’entre elles relèvent du bon sens, de systèmes, de produits, de matériaux et d’appareils qui sont plus efficients que les anciens. Je ne suis pas un technophile, je ne pense pas que la technologie en elle-même va sauver l’humanité. Certaines technologies peuvent d’ailleurs la détruire.

 

Pensez-vous à la géo-ingénierie par exemple? 
Ceux qui cherchent des réponses technologiques pour permettre de continuer à polluer comme aujourd’hui en compensant cette pollution sont des gens dangereux. Aller saupoudrer les hautes couches de l’atmosphère avec des nanoparticules pour réfléchir les rayons du soleil vers l’extérieur et compenser l’écart de température causé par le CO2 est aberrant. C’est même criminel. Ça induit de continuer à déstabiliser et déséquilibrer la nature, comme on le fait aujourd’hui, et d’utiliser une technique qui déstabilise la nature dans l’autre sens. On déséquilibre la nature des deux côtés. On arrivera forcément à une catastrophe, la nature est plus forte que nous.

Décrivez-nous ce monde propre qui pourrait déjà exister… 
C’est un monde qui est devenu tellement efficient que les sources renouvelables suffisent pour l’alimenter en énergie. Un monde où on ne gaspille pas, où on utilise mieux les ressources, et qui devient rentable. Prenons l’exemple de la chaîne alimentaire : beaucoup de nourriture est perdue sur le lieu de production à cause de problèmes climatiques ou de sous-développement local. Ma fondation a labellisé un séchoir solaire qui permet aux agriculteurs ou aux coopératives de faire sécher leurs récoltes pour qu’elles ne pourrissent pas sur place. On a aussi des cultures qui permettent, avec des produits naturels, d’avoir plus de rendement ; des systèmes qui économisent l’eau ou l’engrais ; une poubelle intelligente qui scanne et pèse ce que vous jetez et qui va dire à un restaurateur ou à une cafétéria ce qui a été commandé en trop. Il est aussi indispensable de rallonger les dates de péremption sur les produits qu’on achète. Un yaourt que vous consommez un mois plus tard est toujours bon. Ce sont des millions de tonnes de nourriture jetées chaque année à cause de ces dates trop précoces.

Comment convaincre l’industriel? Si on consomme moins, il va gagner moins… 
C’est là qu’intervient la croissance qualitative que je défends dans mon livre : si on consomme plus de qualité et qu’on est plus efficient, on a besoin de consommer moins. Et donc on peut facturer un peu plus cher au consommateur et faire un peu plus de marge. Ce qui est perdu en nombre de ventes est récupéré en bénéfices ; et comme le consommateur ne gaspille pas, il achète moins et peut payer un peu plus cher ce qu’il consomme. On augmente la qualité de tout ce qu’on produit et de ce qu’on consomme.

C’est l’exemple du téléphone portable?
Oui, il est facile de comprendre qu’il vaut mieux acheter un téléphone 20% plus cher si on peut le garder deux fois plus longtemps. Le problème aujourd’hui est que l’obsolescence programmée est légale. Si demain votre garantie passe d’un ou deux ans à cinq ans, si pendant cinq ans vous pouvez rapporter votre ordinateur, votre imprimante ou votre téléphone, vous serez d’accord pour les acheter un peu plus cher. Là aussi, il faut donc un cadre légal pour pousser à l’efficience et conserver des objets de meilleure qualité plus longtemps. Et ça, seul l’Etat peut le faire pour ne pas introduire une distorsion de concurrence avec les entreprises qui ne voudraient pas jouer le jeu. Il faut mettre tout le monde sur un pied d’égalité, sinon personne n’ose bouger.

Avez-vous d’autres exemples de ce statu quo que vous décrivez en raison du cadre légal?
Aujourd’hui, on a un système anti-smog qui permet de diviser par cinq les particules toxiques émises par les moteurs diesel et qui réduit la consommation de carburant de 20%. Mais si vous installez ce système, vous devez recertifier votre véhicule. Donc les gens ne le font pas. Il faut faire évoluer la réglementation. C’est la même chose pour les voitures électriques : le soir, au moment du pic de consommation, celles-ci pourraient être déchargées sur la borne de votre maison et vous donner l’énergie dont vous avez besoin pour votre cuisinière, votre chauffage, votre télévision. Puis quand tout le monde va se coucher, on a la nuit pour recharger les voitures électriques. Malheureusement, ce n’est pas autorisé!

Sur qui faut-il compter pour concrétiser ces évolutions?
Le changement viendra de deux directions différentes. Ça viendra des écologistes, des jeunes qui descendent dans la rue et qui font pression sur les gouvernements. Je les soutiens, mais au lieu de crier ‘problème, problème’, ils devraient crier ‘solution, solution’. Ça viendra aussi de ceux qui démontrent que c’est rentable d’agir, que ça ne va pas entraver le développement économique.

Les rapports du Giec sont tous alarmants mais rien ne change. S’est-on habitué à la catastrophe? 
Les gens ne se rendent pas compte. Quand ils ont 2 degrés de température en plus dans leur corps, ils courent aux urgences en pensant qu’ils ont une forme grave du Covid ; quand l’atmosphère prend 2 degrés, les gens s’en foutent. C’est tout bonnement ahurissant. On est dans une situation catastrophique, mais ça ne sert à rien de le dire sans donner de solutions. Car sinon on fait paniquer tout le monde, on fait déprimer les gens et on leur donne l’impression qu’il y a un problème tellement grand qu’ils ne vont jamais pouvoir le résoudre. Le réalisme, c’est changer ce qu’on peut changer plutôt que d’essayer de changer ce qu’on ne peut pas changer.

Qu’est-ce que vous attendez de la COP de Glasgow?
J’attends des engagements ambitieux des pays. Mais si ça n’arrive pas non plus cette fois, la frustration causée par la vaine recherche de consensus international a tout de même le mérite de pousser les acteurs locaux à agir : les régions, les villes, les entreprises.

Les COP ont-elles encore une utilité?
Oui! Il faut convaincre les négociateurs de chaque pays de s’engager davantage sur des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Mais pour l’instant, ils sont très conservateurs, ils pensent que ce sont surtout des sacrifices et que leur pays vivra moins bien en prenant des mesures environnementales. Notre but est de leur montrer que, au contraire, chaque pays ira mieux, sera plus riche et connaîtra moins de chômage s’il adopte des contributions écologiques très ambitieuses.

« Réaliste – Soyons logiques autant qu’écologiques », Bertrand Piccard, Stock, 180 pages, 18 euros (en librairies le 20 octobre). 

Environnement- Elargir le champ au-delà de l’écologie

Environnement- Elargir le champ au-delà de l’écologie

 

« Nous n’en sommes plus aux problèmes de la taille des cages à poules, [...] mais à construire une société plus solidaire et égalitaire, avec ses questionnements d’ordre économique, social, financier et géopolitique replacés dans un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre », affirme Alain Marlière.(lecteur du Monde)

Tribune

 

Je constate que toutes les problématiques environnementales sont abordées sous l’angle de
l’écologie et c’est à mon avis très réducteur par rapport aux évolutions que l’on peut d’ores et déjà percevoir. En effet, le changement dont nous entrevoyons les prémisses, symbolisé dès à présent par la reconversion à marche forcée de l’industrie automobile, est global et non partiel.

Pour employer le langage informatique, notre système d’exploitation migre, contraint et forcé, de la version 1.2 du capitalisme, le capitalisme financier et globalisé, à la version 1.3 que l’on pourrait dénommer capitalisme SARL, comme Société à ressources limitées. Cette question des ressources (minérales, agricoles, hydrauliques, etc.) va structurer l’économie planétaire de ce siècle et si l’on veut éviter les affrontements dévastateurs internes et externes que l’on peut imaginer, il va bien falloir imaginer des solutions globales, réalistes et négociées.

Dans ce cadre, le mouvement écologique devient à la fois secondaire et principal. Nous n’en sommes plus aux problèmes de la taille des cages à poules ou à la conséquence des contournements autoroutiers sur la biodiversité, mais à construire une société plus solidaire et égalitaire, avec ses questionnements d’ordre économique, social, financier et géopolitique replacés dans un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

En écoutant sur les ondes les deux challengers du premier tour de la primaire écologiste, je ne suis pas sûr que cette vision générale soit au cœur de leurs débats. Au contraire, on constate une surenchère autour de la notion de radicalité, même si Yannick Jadot se force un peu. Le pays étant dans un climat social très perturbé, je ne pense pas, contrairement à Sandrine Rousseau, que ses habitants aient une envie pressante de radicalité supplémentaire. Je me permets de rappeler à cette dernière l’adage suivant : « Qui sème la radicalité récolte les fruits amers de la discorde ».

Alain Marlière, Gagny (Seine-Saint-Denis)

2022-Primaire écolo d’EELV?: L’écologie ou le gauchisme

2022-Primaire écolo  d’EELV?:  L’écologie ou le gauchisme

Le duel entre Yannick Jadot et Sandrine Rousseau pour savoir qui va représenter Europe écologie les Verts lors des élections présidentielles est à la fois une bataille de personnalités et de projets de société. Yannick Jadot, député européen, propose une écologie modérée qui tienne compte des réalités tandis que Sandrine Rousseau en fait complètement abstraction avec des propositions complètement hors sol par exemple quand elle propose un revenu minimum pour tous de 850 € ( pourquoi pas 1500 ou 3000 €) et la rupture totale avec la croissance.

 

D’un côté, c’est un réformiste et de l’autre une révolutionnaire gauchiste dont la radicalité constitue le principal programme. Bref Sandrine Rousseau veut une rupture avec tous sans trop savoir quelles en seront les conséquences sociales et économiques. Une position qui séduit assez les bobos, les fonctionnaires et les extrémistes de gauche. Deux courants d’idées complètement opposées avec d’un côté une préoccupation écologique st une démarche réformiste. De l’autre une perspective ultra gauchiste en matière écologique tout autant qu’en matière sociale économique.

 

Le drame évidemment pour les écolos c’est qu’ils risquent  de choisir Sandrine Rousseau, phénomène médiatique apparu soudainement au lieu d’un responsable connu et bénéficiant d’une certaine popularité.

Dans les sondages actuels on donne seulement 2 % à Sandrine Rousseau. Il est probable que l’intéressée ne fera guère plus de 5 % à l’occasion des élections présidentielles condamnant à nouveau Europ écologie les Verts à jouer les utilités.

C’est d’ailleurs devenu une sorte de tradition dans ce parti de choisir le plus radical mais aussi le moins compétent est le moins populaire.

Primaire écolo d’EELV ?: L’écologie ou le gauchisme

Primaire écolo  d’EELV ?:  L’écologie ou le gauchisme

Le duel entre Yannick Jadot et Sandrine Rousseau pour savoir qui va représenter Europe écologie les Verts lors des élections présidentielles est à la fois une bataille de personnalités et de projets de société. Yannick Jadot, député européen, propose une écologie modérée qui tienne compte des réalités tandis que Sandrine Rousseau en fait complètement abstraction avec des propositions complètement hors sol par exemple quand elle propose un revenu minimum pour tous de 850 € ( pourquoi pas 1500 ou 3000 €) et la rupture totale avec la croissance.

 

D’un côté, c’est un réformiste et de l’autre une révolutionnaire gauchiste dont la radicalité constitue le principal programme. Bref Sandrine Rousseau veut une rupture avec tous sans trop savoir quelles en seront les conséquences sociales et économiques. Une position qui séduit assez les bobos, les fonctionnaires et les extrémistes de gauche. Deux courants d’idées complètement opposées avec d’un côté une préoccupation écologique st une démarche réformiste. De l’autre une perspective ultra gauchiste en matière écologique tout autant qu’en matière sociale économique.

 

Le drame évidemment pour les écolos c’est qu’ils risquent  de choisir Sandrine Rousseau, phénomène médiatique apparu soudainement au lieu d’un responsable connu et bénéficiant d’une certaine popularité.

Dans les sondages actuels on donne seulement 2 % à Sandrine Rousseau. Il est probable que l’intéressée ne fera guère plus de 5 % à l’occasion des élections présidentielles condamnant à nouveau Europ écologie les Verts à jouer les utilités.

C’est d’ailleurs devenu une sorte de tradition dans ce parti de choisir le plus radical mais aussi le moins compétent est le moins populaire.

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