Loi travail: trop c’est trop (Marylise Lebranchu, ancienne ministre)
Encore une ancienne ministre qui vient de quitter le gouvernement et qui critique très durement la politique du gouvernement et la rigidité de Manuel Valls. On peut sans doute attribuer en partie ces propos à l’amertume qu’éprouve Marylise Lebranchu mais cela cela témoigne cependant du climat qui règne au sein de l’équipe gouvernementale. Dans un entretien à Mediapart Marylise Lebranchu fraîchement débarqué du gouvernement met en cause la pensée unique de responsables qui gagnent tous plus de 5000 € par mois et de ce fait sont coupés des réalités sociales de la plupart des Français. Marylise Lebranchu critique la brutalité de la réforme envisagée dans la loi travail, une loi qui a son avis va beaucoup trop loin et surtout qui n’a pas été concertée dans avec les partenaires sociaux qu’avec les parlementaires y compris de la majorité. D’une façon plus générale Marylise Lebranchu constate une rupture d’orientation politique par rapport à François Hollande depuis l’arrivée de Manuel Valls. Rupture sur le fond puisque finalement Manuel Valls s’aligne sur les positions de la droite, mais aussi rupture sur la forme avec la posture bonapartiste de Valls. On sait depuis longtemps que la rupture est consommée avec une grande partie des parlementaires entre Valls et l’Assemblée nationale, une rupture qui se limitait jusque-là à celle des frondeurs traditionnels mais qui atteint maintenant la majorité des représentants socialistes au Parlement. On sait moins par contre que la division est aussi importante au sein même du gouvernement notamment pour condamner le caporalisme de Valls. Concernant en particulier la loi travail plusieurs ministres notamment Marisol Touraine, Jean-Marc Ayrault, et même macro ont critiqué les méthodes brutales de Valls. Une critique d’ailleurs soutenue par François Hollande lui-même qui a imposé à Valls une concertation que ce dernier refusé jusque-là envisageant même l’épreuve de force avec l’utilisation du 49 trois. Sur l’avant-projet El Khomri, l’ancienne ministre de la Fonction publique déplore que ce texte « aille trop loin, trop c’est trop », indique-t-elle. Elle s’offusque également des atermoiements autour du recours au 49.3, évoqué « avant même que le texte soit présenté en Conseil des ministres », précise la députée du Finistère qui analyse cet épisode comme « une erreur grave ». Sur le fond, Marylise Lebranchu estime qu’il y a de nombreuses choses à revoir dans cette réforme. Il faut « retravailler avec les syndicats et les parlementaires » sur le plafonnement des indemnités aux prud’hommes et l’encadrement des accords d’entreprises, détaille l’ancienne ministre qui évoque aussi une confusion entre la qualité de vie au travail et le nombre d’employés. Marylise Lebranchu va plus loin dans la critique en pointant une certaine déconnexion des élus face à la réalité. « Il est très difficile de raisonner de manière désincarnée quand on gagne plus de 5.000 euros. C’est le cas des députés, des ministres, des fonctionnaires, des dirigeants du Medef », ajoute-t-elle.