Auto-entrepreneur : le projet piège
Un vrai projet piège car la loi qui sera présentée au conseil des ministres met de coté la question centrale du chiffre d’affaires à ne pas dépasser, le seuil étant renvoyé à de décrets. Le meilleur moyen pour retarder l’échéance et prendre en catimini la décision (quand le soufflet de lac contestation sera retombé !) Au menu du Conseil des ministres de rentrée, ce mercredi, un épineux dossier : le projet de loi modifiant le statut des auto-entrepreneurs. La mesure prévoit notamment de fixer un seuil maximum de 19.000 euros de chiffre d’affaires annuel pour bénéficier de ce statut. Même si l’élément concret a été enlevé du texte, le ministère assure que le plafond sera fixé plus tard par décret. Un plafond qui ne convient pas du tout aux principaux intéressés. Sébastien voulait quitter son emploi salarié pour se consacrer entièrement à son activité d’auto-entrepreneur et vivre de sa passion : dessiner des plans. Mais alors que l’année est loin d’être terminée, le jeune homme en est déjà à 15.500 euros de chiffre d’affaires et « compte bien atteindre les 30.000″. Et s’il ne peut plus toucher qu’un SMIC brut par mois, il préfère stopper net son projet. « Concrètement, ça va me bloquer. Dans tout ce que je vais entreprendre, il va falloir que j’aie en tête que je suis bloqué à 19.000 euros », explique-t-il . Il devra peut-être « couper les ponts avec certains de [ses] clients ». « Je me mets à la place de ce ceux qui ne font que ça. 19.000 euros par an, on ne gagne pas assez sa vie pour en vivre », estime-t-il. Le projet, qui sera présenté par Sylvia Pinel, la ministre de l’Artisanat, du Commerce et du Tourisme, handicaperait également Nathalie, relaxologue depuis 2010. Ses seuls revenus proviennent de son activité d’auto-entrepreneur et dès la première année, elle atteignait déjà le plafond de 19.000 euros annuels. « Au moment où je relaxe les gens, c’est moi qui suis très stressée », confie-t-elle. « Comment je vais pouvoir faire simplement pour subvenir à mes besoins ? Je vais être obligée d’arrêter d’arrêter pour aller à Pôle Emploi, mais je suis très, très en colère. » Cette colère, les entrepreneurs concernés par le projet de loi comptent bien la faire entendre aux députés et sénateurs, en vue du débat législatif.