Etats –Unis : Obama veut rapidement relever le plafond de la dette Obama refuse de lier le plafond de la dette aux négociations sur le déficit, un plafond qui sera remonté nécessairement contre des réformes budgétaires voulues par les républicains. »Nos familles et nos entreprises ne peuvent pas se permettre de jouer encore à ce jeu dangereux », a souligné le président démocrate dans son discours hebdomadaire, en faisant référence à la crise de l’été 2011. »Si le Congrès refuse d’autoriser les Etats-Unis à régler ses factures à temps, les conséquences pour l’économie mondiale pourraient être catastrophiques », a-t-il dit. L’économie américaine avait « souffert » en 2011 quand élus républicains et exécutif démocrate avaient tardé à s’entendre sur la dette américaine, dont la note avait alors été dégradée par une agence de notation financière, a rappelé M. Obama. « Comme je l’ai dit plus tôt cette semaine, je ne négocierai pas avec le Congrès sur la nécessité d’acquitter des factures induites par des lois déjà adoptées », a-t-il rappelé. Après des semaines de psychodrame, la Chambre des représentants –aux mains des républicains– a adopté mardi un plan visant à éviter une cure d’austérité automatique (le « mur budgétaire »), en votant notamment un relèvement du taux d’imposition des Américains les plus riches. Mais elle repoussé de deux mois toute décision sur des coupes dans les dépenses. En outre, républicains et exécutif démocrate n’ont rien décidé en ce qui concerne le plafond légal de la dette, atteint le 31 décembre et qui devra être relevé d’ici à la fin du trimestre pour éviter un défaut de paiement. Son relèvement –une prérogative du Congrès– est nécessaire pour permettre au gouvernement d’emprunter au-delà du premier trimestre. Cette hausse du « plafond » n’a rien à voir avec les négociations budgétaires, mais les républicains, dont nombre sont furieux d’avoir dû capituler sur les impôts, menacent de voter contre pour obtenir des avancées dans les coupes budgétaires. M. Obama avait indiqué qu’il était favorable à des coupes dans les dépenses mais à condition qu’elles soient « compensées par des réformes dans le code des impôts », comme la suppression de niches fiscales.
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Dégâts des eaux de la dette aux Etats-Unis : après le mur, le plafond
La majorité républicaine s’est finalement scindée en deux, permettant le vote du projet de loi qui relève notamment le taux d’imposition des foyers les plus aisés. Cette victoire politique pour Barack Obama ne présage pourtant en rien de la suite des évènements. Les parlementaires de Washington n’ont réglé qu’une partie du problème, puisque, incapables de s’entendre, l’accord laisse en suspens de nombreuses autres questions, comme celle des des coupes budgétaires dans les dépenses publiques. Toute décision à ce sujet a été repoussée à dans deux mois. De plus, les Etats-Unis restent menacés par le niveau de sa dette. Un nouvel accord doit être trouvé pour remonter son plafond, d’ici à fin février. « Le deuxième débat est plus fondamental car il a trait à des dépenses structurelles de l’Etat », analysait mercredi pour leJDD.fr Yannick Mireur, spécialiste de la vie politique américaine. « L’accord sur le mur fiscal est un aménagement de très court terme : à chaque fois, on recule pour mieux sauter », explique le politologue. Enfin, les élus participeront fin mars à un autre vote sur le financement des opérations gouvernementales. Lundi, la dette américaine a officiellement atteint son plafond légal, fixé à 16.394 milliards de dollars (12.900 milliards d’euros). Le pouvoir de le relever revient au Congrès depuis 1917. Celui-ci l’a déjà fait 76 fois depuis 1962 et 11 fois depuis 2001. Comme prévu, le Trésor américain a pris des mesures exceptionnelles pour permettre aux parlementaires de décider donc d’un nouveau seuil, non sans débattre d’abord de la façon dont il faut parallèlement réduire les dépenses budgétaires, ce qui augurent d’âpres discussions. Le dernier relèvement remonte à août 2011, alors que le plafond était dépassé depuis le mois de mai : un accord avait été obtenu à l’arraché, à quelques heures de la date butoir. Et là encore, le problème n’avait été que remis à plus tard, c’est-à-dire après les élections de novembre 2012. Si le nouveau Congrès, issu des dernières élections et qui prend ses fonctions jeudi, échoue à fixer un nouveau plafond, l’Etat fédéral est en défaut de paiement. Une vague d’austérité, bien plus grande que celle du « mur fiscal », frapperait alors le pays, les autorités ne pouvant plus emprunter sur les marchés. Un dispositif automatique se mettrait en place, suspendant notamment les pensions de retraites, les prestations du Medicare (l’assurance santé des personnes âgées) ou encore les soldes des militaires, et réduisant les budgets des agences fédérales et des différents ministères. De même, aucune dépense nouvelle ne serait engagée. Une telle situation aurait un impact immédiat sur l’économie américaine, qui tomberait en récession. Les agences financières réviseront immédiatement la note souveraine des Etats-Unis. Standard & Poor’s avait ainsi fait perdre au pays son triple A en août 2011, quelques jours à peine après l’accord au Capitole. Mais la contagion de cette grave crise ne se limiterait pas à l’Amérique mais à l’ensemble des autres économies de la planète, dont les plus dépendantes sont celles de l’Union européenne et de la Chine. Si une partie des républicains ont fait une concession de taille cette semaine, en autorisant une augmentation des impôts, le scénario n’est pas forcé de se reproduire d’ici à deux mois. Les adversaires de Barack Obama ont notamment une autre ligne rouge sur laquelle ils ne veulent rien lâcher : la réduction des dépenses dans le domaine de la Défense. »Le deuxième volet de cette négociation s’annonce encore plus dur que le premier », avançait Yannick Mireur. Reste à savoir quelle ligne au sein du parti républicain, qui a conservé la majorité à la Chambre des représentants, se dégagera au cours de ce nouveau bras-de-fer. « Il y aura des négociations internes au sein du groupe républicain, il est difficile de prévoir ce qui va advenir », explique le spécialiste. La désignation du nouveau président de la Chambre, jeudi, sera une première réponse. »Il y a beaucoup d’antagonismes idéologiques au sein même des deux camps. Mais c’est plutôt du côté républicain, toujours en pleine crise identitaire, qu’il y a un aggiornamento à accomplir », précise-t-il, évoquant la radicalisation de la formation avec le courant ultra-conservateur du Tea party, « minoritaire mais très puissant », qui tranche avec les plus modérés. Avant de repartir pour Hawaï, Barack Obama a déjà prévenu qu’il ne négocierait pas sur le plafond de la dette. Même intransigeance du côté du républicain John Boehner, l’actuel président de la Chambre des représentants qui a pourtant cédé mardi en votant l’accord évitant le mur budgétaire. « Maintenant, nous nous concentrons sur les dépenses », a-t-il affirmé.