Mondial télé : le foot, le foot, le foot !
Curieux, plus il y a de chaines (25 gratuites) moins il y a de programmes. Normal, le public se disperse et les chaines classiques perdent des parts d’audience. Donc moins de moyens, moins de vrais programmes (des rediffusions, des séries américaines, des émissions bal-bla en studio). TFI résiste bien grâce au foot. . On se demande bien à quoi sera maintenant le service public pas même capable de diffuser les matchs du mondial. Un service public qui compte de l’ordre de 10 000 personnes et des gabegies lancières dénoncées par la Cour des comptes. Difficile de faire la différence avec les autres chaines. Bien qu’un peu en perte de vitesse au printemps, TF1, lui, s’est refait, sur le mois de juin, une santé grâce au Mondial, avec une part d’audience de 24,6 %, selon Médiamétrie. Les scores explosifs obtenus pendant les matchs (70 % de part d’audience pour France-Nigeria) et après (41 % de part d’audience pour le magazine qui a suivi France-Suisse) ont permis à la Une de totaliser, de janvier à juin, une part d’audience de 22,9 %, stable par rapport à l’année dernière. De son côté, M6 est restée sur une mauvaise séquence, d’autant plus marquée que la chaîne n’a pas profité des deux grands rendez-vous sur la période, les Jeux olympiques d’hiver (diffusés sur France Télévisions) et la Coupe du monde de football. Avec une part d’audience de 9,4 % en juin, M6 a enchaîné un troisième mois en dessous de la barre symbolique des 10 %. Une situation sanctionnée sur l’ensemble du semestre par une part d’audience de 9,9 %, historiquement très basse. Pour TF1, ces bonnes performances sont à mettre sur le compte d’un «travail éditorial entamé depuis trois ans qui vise à fédérer le public le plus large possible», souligne une porte-parole. La chaîne met en avant ses pics d’audience dans plusieurs catégories de programmes: le cinéma (deuxième diffusion de Bienvenue chez les Ch’tis avec 11,5 millions de téléspectateurs), le divertissement (concert des Enfoirés, 13 millions, ou «The Voice», plus de 10 millions) et l’information, avec notamment le journal de 20 heures de Gilles Bouleau (avant le match France-Nigeria), qui a réuni lundi dernier 10,8 millions de téléspectateurs. «Nous sommes les seuls capables de fédérer plus de 8 millions de téléspectateurs et à proposer des programmes qui en rassemblent plus de 10 millions», fait valoir TF1. Les «petites fragilités» rencontrées dans la fiction française, où certaines séries peinent à séduire (Taxi Brooklyn et Résistance), sont compensées par des «événements fédérateurs», explique la Une, qui n’hésite pas à dire que les autres grandes chaînes «dévissent». La guerre des mots est un art bien connu des patrons de chaîne… Thomas Valentin, vice-président du directoire du groupe M6 et patron des antennes, relativise la situation. «En réalité, toutes les chaînes historiques baissent, souligne-t-il. Sans le Mondial, TF1 aurait baissé aussi.» L’explication est simple: la fragmentation des audiences. «La France compte vingt-cinq chaînes gratuites, dont six nouvelles qui ont pris deux points de part d’audience en un an», poursuit Thomas Valentin. La multiplication des offres a pour conséquence mécanique une baisse de l’audience des chaînes historiques. Le patron fait aussi valoir que sur la cible très recherchée des ménagères de moins de 50 ans «TF1 a reculé trois fois plus que M6, qui a donc mieux résisté». La chaîne croit pouvoir repasser la barre des 10 % de part d’audience au second semestre. Elle mise sur son nouveau programme, «Rising Star», à la rentrée, et sur quelques émissions phares comme «L’amour est dans le pré», bien rodée, ou «Cauchemar en cuisine/à l’hôtel» et «Patron incognito», qui ont bien démarré. Pour France Télévisions, le premier semestre s’est soldé par une bonne performance de France 3, seule grande chaîne à progresser sur un an, à 9,5 % de part d’audience (+ 0,2 point), soutenue notamment par les soirées électorales du printemps. France 2 a, de son côté, profité des 70 ans du Débarquement avec une journée spéciale le 6 juin qui a rassemblé 16 millions de téléspectateurs. Le groupe audiovisuel public se félicite par ailleurs de sa progression en soirée sur France 2 et France 3, grâce à la fiction française, notamment les séries Alex Hugo et Lanester, qui ont dépassé 17 % de part d’audience. Lancée fin 2012 par le groupe Canal +, qui avait racheté Direct 8 à Bolloré, D8 s’est imposée en un temps record comme la première chaîne de la TNT, devant W9 (groupe M6) et TMC (groupe TF1), et la cinquième chaîne nationale. Avec 3,3 % de part d’audience au premier semestre, «la nouvelle grande chaîne» a montré sa «capacité à progresser dans un contexte concurrentiel intense (JO et Mondial) en s’appuyant sur une grille de chaîne généraliste», explique Ara Aprikian, son président. D8 a installé deux «talks» – «Touche pas à mon poste!» avec Cyril Hanouna et «Le Grand 8» animé par Laurence Ferrari – et des programmes variés en prime (films, divertissements, magazines), réunissant jusqu’à 1,5 à 2 millions de téléspectateurs. La chaîne ajoutera la brique des jeux à la rentrée avec «Le Maillon faible» et «À prendre ou à laisser» présentées par Julien Courbet.