«Jacques Chirac, un mensonge national». (Eric Le Boucher)
L’éditorialiste de l’Opinion conteste le torrent d’éloges à l’adresse de Chirac. Il critique l’indécision de Jacques Chirac, sa versatilité, son essuie-glace permanent, la tentation communiste de la jeunesse, son travaillisme, son thatchérisme, son affichage social ensuite et, résultat, son immobilisme vient du rapport non-réglé entre politique et économie.
Tribune :
« Nous assistons en direct depuis trois jours à un mensonge national. Jacques Chirac est salué par tous avec tout le tralala, au titre, je résume, qu’« il est français ». Jacques Chirac est français « comme nous » : gaulois, gueulard, bouffeur, blagueur, dragueur. Il ressemblait aux Français à l’ancienne, il les aimait, donc on l’aime. Ajoutons qu’il avait l’ambigu mélange d’admiration et de dédain vis-à-vis des Américains et un instinct rétif vis-à-vis de l’Europe de Bruxelles. Voilà pourquoi le pays unanime pleure sa perte. On aime Chirac, comme on aime les vinyles. C’est dépassé, mais c’était bien
La vérité pourtant simple est qu’il a été le dernier président du XX siècle, qu’il a été en échec (la cohabitation) puis que réélu il a été le premier président du XXI et qu’il n’a pas su y projeter la France. Il a fait prendre un retard considérable à son pays et il a immobilisé l’Europe. Voilà son bilan. Les mandats de ses deux successeurs ont été plombés par le chômage de masse et les déficits qu’il a laissés et le troisième, Emmanuel Macron, paie cher la « fracture sociale » qu’il avait brandie comme slogan pour son élection de 1995 mais qu’il a élargie par inaction. Allez, accordons-lui l’Irak, le Vel’ d’Hiv et son musée des arts premiers. Ajoutez la vitesse sur route, si vous y tenez. Mais au total, Jacques Chirac a été le plus mauvais président de la V République, contrairement à ce que répand le torrent de guimauves déversées depuis trois jours. »