Archive pour le Tag 'l’austérité'

Budget : l’austérité, pour quoi faire ?

Budget : l’austérité, pour quoi faire ?

Faut-il rétablir les finances publiques par des réformes structurelles, réduire les dépenses et/ou augmenter les impôts et taxes ? Cette tribune analyse les dépenses de l’État et propose les deux postes les plus importants à réformer sans impacter le quotidien des Français. Par Gabriel Gaspard, Chef d’entreprise à la retraite, spécialiste en économie financière.( dans la « Tribune »)

La France a mis en œuvre d’importantes réformes structurelles au cours des dernières décennies. Ces réformes n’ont pas permis pour autant de combler l’écart de PIB par habitant avec les pays les plus performants. Pour l’Europe, « La situation est souvent le résultat de retards ou d’insuffisances dans la mise en œuvre de réformes structurelles dans ces économies… L’Union européenne a fait de la mise en œuvre des réformes structurelles une de ses priorités d’action afin de libérer le potentiel de croissance nécessaire pour renforcer la capacité d’ajustement, et de soutenir le processus de convergence ». Avec une Assemblée nationale divisée, le gouvernement évite aujourd’hui d’engager de nouvelles réformes des retraites ou du chômage, etc. Il a choisi, en même temps, de réduire les dépenses et d’augmenter les impôts et taxes. Cette solution est-elle vraiment la bonne ?

La Grèce a subi de plein fouet les conséquences de réductions de ses dépenses publiques. Le 8 décembre 2009, l’agence de notation Fitch annonce sa décision de ramener la note de la dette publique grecque de A- à BBB+ avec une perspective négative. Le problème mis en lumière était le surendettement. La solution résidait dans la baisse des dépenses, baisse des retraites et des salaires, etc. Elle a créé une véritable cure d’austérité. L’efficacité de ces mesures a été remise en cause.

En Suède, le choix s’est porté sur des réductions de l’emploi public. Les dépenses publiques à 70% du PIB en 1993 ont fortement diminué à 37% en 2012. Avec des réformes importantes de son système social et de retraite, l’emploi qui était majoritairement public est devenu essentiellement privé. En réalité l’amélioration de la situation budgétaire est due uniquement à une forte croissance.

Reste le cas du Portugal. Toute la presse française vante le cas d’école d’un pays qui a réussi à passer d’une dette colossale à un excédent budgétaire. Aujourd’hui, avec une meilleure croissance, la colère continue de monter, avec l’explosion du prix du logement, etc. La classe moyenne se sent délaissée, l’économie entière s’est appauvrie. Pour comprendre : après la crise des subprimes, en 2009, la crise portugaise a débuté en 2009. Elle est liée à la crise de la zone euro. Il a suivi une détérioration de ses finances publiques (déficit budgétaire de 9,4% du PIB et dette publique de 89,6% du PIB détenue en grande partie par des étrangers), etc. De 2011 à 2018, le Portugal a suivi deux politiques économiques différentes. La première infligée par la Troïka (les instances européennes et le FMI) qui ont imposé une violente cure d’austérité qui a contraint à l’exil plus de 340.000 Portugais et jeté dans la pauvreté plus de 2 millions de personnes. D’après les prévisions de la Troïka, de 2010 à 2014 le déficit public devait chuter de 9,8% à 2,3% en 2014. Ce fut un échec. Le déficit termina l’année 2014 à 7,2%. La seconde après les élections d’octobre 2015 adopte l’opposé de la première politique tout en respectant les critères de convergences. Elle allège l’austérité par des mesures de soutien à la demande (accroissement du salaire minimum mensuel, privatisations, programme de valorisation de la fonction publique, etc.). Le taux de croissance atteint 2,2% en 2019, le chômage tombe à 6,5% et le déficit à 0,2%. Tout laisse à penser qu’une autre politique est possible en désaccord avec à la politique de l’offre et des restrictions budgétaires.
La France est déjà numéro un européen du ratio (impôts + taxes + cotisations) / PIB. Le montant de ses prélèvements obligatoires en France est de 1.218 milliards d’euros , soit 43,2% du PIB, en 2023, après 1.194 milliards d’euros (45,0% du PIB) en 2022 selon l’Insee. « Chaque impôt, considéré en lui-même, et de même l’ensemble du système fiscal d’un pays, se détruit lui-même en dépassant un certain niveau des taux de prélèvement » Ludwig von Mises. Pour les plus riches, il serait plus percutant de réviser les lois du capital. Ne faut-il pas plutôt baisser les impôts et créer de la croissance pour redonner confiance aux entreprises comme aux investisseurs ?

Le budget de l’État correspond à l’ensemble de ses ressources et de ses dépenses. L’essentiel des ressources provient des prélèvements payés par les citoyens et les entreprises. Il faut distinguer deux ensembles de ressources. D’une part, le budget de l’État est composé des impôts et taxes. D’autre part, « L’argent public » est composé des prélèvements obligatoires : ensemble des impôts, des taxes et des cotisations prélevés au bénéfice des administrations publiques (centrales, locales, Sécurité sociale et des institutions européennes). L’État a une part minoritaire dans la dépense publique. Depuis 1996, il a la mainmise sur le budget de la Sécurité sociale qui représente une somme supérieure à celle du budget de l’État. Depuis la suppression de la taxe d’habitation, les collectivités territoriales sont financées à la fois par les contribuables locaux, par les dotations de l’État et au besoin par l’endettement. Quant aux cotisations qui sont des contributions des salariés et/ou de leurs employeurs pour assurer la protection sociale, l’État décide des taux d’augmentation et surtout des allégements pour les entreprises.

1.000 euros de dépenses pour les missions et programmes de l’État en 2023 ont été répartis sur : les dépenses d’enseignement scolaire et supérieur 201 euros ; les intérêts de la dette publique 94 euros ; les dépenses militaires 94 euros ; pour la solidarité, insertion et égalité des chances 53 euros ; l’écologie, développement et mobilité durables 49 euros ; la sécurité 41 euros  ; au travail et emploi 37 euros ; la cohésion des territoires 32 euros : la justice pour 20 euros ; le plan de relance et investir pour la France 19 euros ; les régimes sociaux de retraite 11 euros ; la culture 7 euros  ; la santé 6 euros ; etc. (sources PLF-2023). Beaucoup de postes peuvent être optimisés dans le temps en améliorant le coût/efficacité. Il y a un seul poste à réduire drastiquement ce sont les intérêts de la dette publique.

Avec 82,52 milliards d’euros en 2008 et 156,88 milliards d’euros versés en 2019, les subventions aux entreprises sont devenues le premier poste de dépenses de l’État français. Les aides publiques aux entreprises sont en principe interdites (sauf cas particulier) par le droit européen, car elles « faussent ou menacent de fausser la concurrence en favorisant certaines entreprises ou certaines productions » (article 107 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne).

Avec le déploiement massif des aides en réponse à la pandémie, le total est élevé à près de 175 milliards d’euros en 2022. En 15 ans elle a augmenté de 112,07%. Le taux d’exonération apparent du secteur privé ‒ ratio entre le montant des cotisations exonérées et la masse salariale ‒ atteint le niveau record de 10,9% (après 10,5% en 2021 et 2020). En 2022, les allégements de cotisations sociales des employeurs du régime général représentent 73,6 milliards d’euros. Ce poste doit être immédiatement remanié.

Pour éviter une nouvelle crise financière demain, la France doit investir massivement sur un minimum de quatre années, pour le climat, pour le pacte dépendance et handicap, pour le pacte républicain de solidarité, pour le pacte ruralité, pour le développement responsable des PME-PMI. Cet argent ne doit pas venir des nouveaux emprunts de l’État, mais uniquement des économies des ménages. Ces économies sont l’épargne financière estimée à 4 427,7 milliards d’euros en 2023, dont 935,5 milliards d’euros déposés sur les produits d’épargne réglementée, un encours des dépôts à vue des particuliers au mois de juillet 2024 de 478 milliards d’euros. Une partie de cette manne peut être utilisée pour créer des nouveaux livrets d’épargne réglementés. Ces fonds serviront à des investissements productifs au lieu d’exporter cette épargne, via les banques commerciales pour acheter des titres de dettes étrangers.

Avec des plafonds de versement, les nouveaux produits d’épargne seraient garantis et rémunérés. Les nouveaux contrats devraient présenter plusieurs atouts pour les consommateurs : flexibilité, frais de gestion nuls, pas de frais de transfert, avantages fiscaux, etc. En plus tous les livrets réglementés doivent être gérés uniquement par des caisses de crédit publiques paritaires pour financer des prêts d’investissements ou des prêts participatifs et non par des banques commerciales. Conformément au traité de Rome, les caisses de crédit publiques peuvent en plus emprunter directement à la Banque centrale européenne à des taux très compétitifs. Au lieu de développer des champions nationaux côtés en Bourse, la France pourra créer plusieurs milliers de PME locales et innovantes financées en totalité et à long terme par les établissements de crédit publics. Ainsi, c’est réduire la dette publique, favoriser la croissance sans accroitre les inégalités.

Les subventions pour la recherche et le développement, pour l’investissement immatériel en capital (c’est-à-dire la propriété intellectuelle, la R&D, les logiciels, la technologie, le capital humain…) sont à garder. Les subventions doivent être en proportion du chiffre d’affaires réalisé en France, par des sociétés ayant leurs sièges sociaux en France. Ensuite, les allégements de cotisations sociales des employeurs du régime général doivent être réformés.

En 1993, les allégements de cotisations ont été justifiés par leur impact positif sur l’emploi. Les entreprises qui bénéficient de ces aides ne sont pas obligées de prendre et de respecter des engagements relatifs à l’évolution de leurs effectifs. « Aujourd’hui, l’amélioration de la situation du marché du travail et le niveau important des réductions de cotisations rendent son efficacité en termes d’emplois moindre que dans le passé, notamment parce que le progrès technique pourrait toucher d’autres catégories de travailleurs » Les politiques d’exonérations de cotisations sociales octobre 2024. Certaines entreprises pourraient faire faillite après la réduction ou l’arrêt de ces aides par l’État. Mieux vaut répartir l’annulation des allègements des cotisations sur un minimum de quatre ans et les remplacer par des fonds propres : emprunts participatifs ou avances conditionnées par l’État, avec des taux zéro et gérés par des caisses de crédits publiques. Le renforcement des fonds propres sert à consolider la structure financière, à augmenter la trésorerie, à financer une nouvelle activité, à créer des emplois et à rassurer les créanciers.

L’austérité écologique brutale serait suicidaire  

L’austérité écologique brutale serait suicidaire  

La révolte des « gilets jaunes » contre la taxe carbone hante toujours Emmanuel Macron, qui rechigne à prendre des mesures de rupture pour réduire nos émissions de CO₂, constate l’économiste Christian Gollier dans une tribune au « Monde »

En matière de lutte contre le changement climatique, dans un contexte où les coûts de la décarbonation sont privés et les bénéfices sont distribués aux citoyens du monde, personne n’a intérêt à en faire beaucoup. C’est certainement vrai au niveau des consommateurs et des entreprises, mais ça l’est aussi au niveau des Etats. Quel chef de parti en France oserait défendre la seule parole de vérité, celle de la sueur et des efforts, que beaucoup appellent « écologie punitive » alors qu’elle n’est qu’une écologie de la responsabilité ?

Reconnaissons que, sauf miracle technologique, remplacer des sources d’énergie fossiles, celles qui ont fait la prospérité de l’Occident depuis deux siècles, par des énergies renouvelables dont les coûts de production sont (beaucoup) plus élevés, ne peut qu’avoir un impact globalement négatif sur le pouvoir d’achat de la génération actuelle. Contrairement à ce que dit la parole publique, la transition écologique sera inflationniste. A titre d’illustration, l’acier décarboné pourrait bien être deux fois plus coûteux à produire que celui issu de nos hauts fourneaux, un kérosène décarboné pourrait coûter cinq fois plus cher, tandis que la voiture électrique reste bien plus chère à l’achat que son équivalent thermique.

Dans cette utopie ambiante d’une transition énergétique heureuse, tenir un discours de rigueur écologique, de sobriété et de sacrifice serait suicidaire. Chez nos voisins britanniques, la rébellion récente des électeurs devant des politiques écologiques désagréables a décidé le premier ministre à rabattre les ambitions climatiques de son gouvernement. La consultation des partis par la première ministre, Elisabeth Borne, le 18 septembre, illustre aussi ce phénomène, avec une alliance de la plupart des partis pour que la transition écologique n’affecte pas le pouvoir d’achat des ménages.

En l’absence de majorité parlementaire, le gouvernement n’a d’autre choix que de chercher un petit dénominateur commun avec l’opposition, et celui-ci prend la forme de nouvelles dépenses publiques non financées. Mais comme les caisses sont vides et que le coût de la dette publique va exploser dans les années à venir avec la hausse des taux d’intérêt, tout cela ne peut aller très loin. Les transports en commun et les mobilités douces imposent souvent des temps de parcours plus longs que la voiture individuelle, sans que cela soit compensé par un avantage économique suffisant.

Emmanuel Macron a suivi certaines recommandations du rapport que lui ont remis Olivier Blanchard et Jean Tirole, il y a deux ans, comme celle d’un soutien aux efforts de recherche dans les technologies vertes des entreprises, ou la sortie rapide du charbon. Les investissements publics d’infrastructure, notamment dans le ferroviaire et les mobilités douces ou électriques, sont aussi les bienvenus. Mais tant que les pollueurs que nous sommes tous, producteurs comme consommateurs, n’auront pas d’incitation à décarboner nos mobilités à la hauteur de nos ambitions climatiques collectives, ces investissements risquent d’être peu utiles.

Conséquence directe de l’inflation : l’austérité

Conséquence directe  de l’inflation : l’austérité

Pascale Coton, vice-présidente de la CFTC, Geoffroy Roux de Bézieux,  pésident du Medef, ainsi que l’économiste Patrick Artus et le politologue Jérôme Fourquet ont débattu dans le « Monde » des urgences économiques et sociales, jeudi 28 avril, à l’aube du second quinquennat d’Emmanuel Macron.

 

La syndicaliste, le patron, l’économiste et le politologue s’inquiètent des ravages de l’inflation et de son impact sur le pouvoir d’achat et les comptes publics.

Le paysage politique

Jérôme Fourquet : [L’élection présidentielle de] 2017 n’était pas un accident. Le paysage électoral se met tardivement en conformité avec la réalité économique, sociale et culturelle du pays, qui s’est profondément métamorphosé en quelques décennies. Le Parti socialiste et Les Républicains ne représentent plus que 6,5 % des suffrages exprimés. Un nouveau duopole s’installe, mettant aux prises La République en marche et le Rassemblement national. Il n’est pas aussi structurant et agrégateur que par le passé. Ainsi, la France mélenchoniste ne se reconnaît ni dans l’un ni dans l’autre.

En outre, ce duopole met en scène une société en millefeuille, avec un haut qui regarde le bas, et un bas qui regarde le haut : 74 % des cadres et des professions intellectuelles au second tour [de la présidentielle d’avril 2022] ont voté pour Emmanuel Macron, 65 % des ouvriers ont choisi Marine Le Pen. Cette situation est compliquée à gérer politiquement, socialement et économiquement, dans un contexte où les préoccupations autour du pouvoir d’achat sont très fortes.

Pascale Coton : La fracture entre ville et campagne que nous dénonçons depuis des années se reflète dans le résultat de l’élection. Emmanuel Macron réalise ses meilleurs scores dans les grandes villes, Marine Le Pen dans les campagnes, où les habitants éprouvent des difficultés pour aller travailler et sont souvent confrontés à une nette dégradation des services publics. On dit constamment au salarié qu’il y aura un déficit de la retraite, de la Sécurité sociale… Comment voulez-vous qu’il arrive à se projeter correctement et positivement avec ses enfants confrontés à une école abîmée ces dernières années, et une organisation du travail chamboulée ?

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Le vote RN progresse dans les territoires ruraux et périurbains

Geoffroy Roux de Bézieux : Paris a voté à 85 % pour Emmanuel Macron, Colombey-les-deux-Eglises, le village du général de Gaulle, a donné pour la première fois une majorité au Rassemblement national [avec 56,73 % des voix]. Le sous-jacent de cette situation est d’abord économique, avant d’être identitaire. Plus un territoire est désindustrialisé et en perte d’emploi, plus il vote pour les extrêmes. Il faut faire renaître une Datar [Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale] moderne, capable de penser l’aménagement du territoire et l’attractivité régionale. Le développement de la croissance économique dans des villes moyennes qui n’ont pas de spécificités est un sujet majeur.

 

Patrick Artus : Nous sommes revenus dans un monde de rareté. Nous avons un problème de ressources, d’énergie, de matières premières, de transport, de composants, et même d’emploi. A cela s’ajoutent les sanctions contre la Russie et la transition énergétique. La production mondiale de lithium doit être multipliée par 40 pour équiper nos véhicules électriques. Tout cela crée de l’inflation, comme à l’époque des années 1970-1990. Cela va conduire à une remontée des taux d’intérêt, qui imposera des contraintes budgétaires et donc la fin du « quoi qu’il en coûte ». Cela change complètement l’action publique.


Si nous avions aujourd’hui une parfaite indexation des salaires sur les prix et une parfaite indexation des prix sur les coûts des entreprises, nous nous dirigerions vers 20 % d’inflation. Celle que nous avons en Europe aujourd’hui, qui n’est pas loin de 8 %, n’est que l’effet mécanique des matières premières. Il n’y a eu aucun effet boule de neige. Le risque est donc devant nous.

Social -Conséquences de l’inflation : l’austérité

Social -Conséquences de l’inflation : l’austérité

Pascale Coton, vice-présidente de la CFTC, Geoffroy Roux de Bézieux,  pésident du Medef, ainsi que l’économiste Patrick Artus et le politologue Jérôme Fourquet ont débattu dans le « Monde » des urgences économiques et sociales, jeudi 28 avril, à l’aube du second quinquennat d’Emmanuel Macron.

 

La syndicaliste, le patron, l’économiste et le politologue s’inquiètent des ravages de l’inflation et de son impact sur le pouvoir d’achat et les comptes publics.

Le paysage politique

Jérôme Fourquet : [L’élection présidentielle de] 2017 n’était pas un accident. Le paysage électoral se met tardivement en conformité avec la réalité économique, sociale et culturelle du pays, qui s’est profondément métamorphosé en quelques décennies. Le Parti socialiste et Les Républicains ne représentent plus que 6,5 % des suffrages exprimés. Un nouveau duopole s’installe, mettant aux prises La République en marche et le Rassemblement national. Il n’est pas aussi structurant et agrégateur que par le passé. Ainsi, la France mélenchoniste ne se reconnaît ni dans l’un ni dans l’autre.

En outre, ce duopole met en scène une société en millefeuille, avec un haut qui regarde le bas, et un bas qui regarde le haut : 74 % des cadres et des professions intellectuelles au second tour [de la présidentielle d’avril 2022] ont voté pour Emmanuel Macron, 65 % des ouvriers ont choisi Marine Le Pen. Cette situation est compliquée à gérer politiquement, socialement et économiquement, dans un contexte où les préoccupations autour du pouvoir d’achat sont très fortes.

Pascale Coton : La fracture entre ville et campagne que nous dénonçons depuis des années se reflète dans le résultat de l’élection. Emmanuel Macron réalise ses meilleurs scores dans les grandes villes, Marine Le Pen dans les campagnes, où les habitants éprouvent des difficultés pour aller travailler et sont souvent confrontés à une nette dégradation des services publics. On dit constamment au salarié qu’il y aura un déficit de la retraite, de la Sécurité sociale… Comment voulez-vous qu’il arrive à se projeter correctement et positivement avec ses enfants confrontés à une école abîmée ces dernières années, et une organisation du travail chamboulée ?

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Geoffroy Roux de Bézieux : Paris a voté à 85 % pour Emmanuel Macron, Colombey-les-deux-Eglises, le village du général de Gaulle, a donné pour la première fois une majorité au Rassemblement national [avec 56,73 % des voix]. Le sous-jacent de cette situation est d’abord économique, avant d’être identitaire. Plus un territoire est désindustrialisé et en perte d’emploi, plus il vote pour les extrêmes. Il faut faire renaître une Datar [Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale] moderne, capable de penser l’aménagement du territoire et l’attractivité régionale. Le développement de la croissance économique dans des villes moyennes qui n’ont pas de spécificités est un sujet majeur.

 

Patrick Artus : Nous sommes revenus dans un monde de rareté. Nous avons un problème de ressources, d’énergie, de matières premières, de transport, de composants, et même d’emploi. A cela s’ajoutent les sanctions contre la Russie et la transition énergétique. La production mondiale de lithium doit être multipliée par 40 pour équiper nos véhicules électriques. Tout cela crée de l’inflation, comme à l’époque des années 1970-1990. Cela va conduire à une remontée des taux d’intérêt, qui imposera des contraintes budgétaires et donc la fin du « quoi qu’il en coûte ». Cela change complètement l’action publique.


Si nous avions aujourd’hui une parfaite indexation des salaires sur les prix et une parfaite indexation des prix sur les coûts des entreprises, nous nous dirigerions vers 20 % d’inflation. Celle que nous avons en Europe aujourd’hui, qui n’est pas loin de 8 %, n’est que l’effet mécanique des matières premières. Il n’y a eu aucun effet boule de neige. Le risque est donc devant nous.

Economie-Conséquences de l’inflation : l’austérité

Economie-Conséquences de l’inflation : l’austérité

Pascale Coton, vice-présidente de la CFTC, Geoffroy Roux de Bézieux,  pésident du Medef, ainsi que l’économiste Patrick Artus et le politologue Jérôme Fourquet ont débattu dans le « Monde » des urgences économiques et sociales, jeudi 28 avril, à l’aube du second quinquennat d’Emmanuel Macron.

 

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En outre, ce duopole met en scène une société en millefeuille, avec un haut qui regarde le bas, et un bas qui regarde le haut : 74 % des cadres et des professions intellectuelles au second tour [de la présidentielle d’avril 2022] ont voté pour Emmanuel Macron, 65 % des ouvriers ont choisi Marine Le Pen. Cette situation est compliquée à gérer politiquement, socialement et économiquement, dans un contexte où les préoccupations autour du pouvoir d’achat sont très fortes.

Pascale Coton : La fracture entre ville et campagne que nous dénonçons depuis des années se reflète dans le résultat de l’élection. Emmanuel Macron réalise ses meilleurs scores dans les grandes villes, Marine Le Pen dans les campagnes, où les habitants éprouvent des difficultés pour aller travailler et sont souvent confrontés à une nette dégradation des services publics. On dit constamment au salarié qu’il y aura un déficit de la retraite, de la Sécurité sociale… Comment voulez-vous qu’il arrive à se projeter correctement et positivement avec ses enfants confrontés à une école abîmée ces dernières années, et une organisation du travail chamboulée ?

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Geoffroy Roux de Bézieux : Paris a voté à 85 % pour Emmanuel Macron, Colombey-les-deux-Eglises, le village du général de Gaulle, a donné pour la première fois une majorité au Rassemblement national [avec 56,73 % des voix]. Le sous-jacent de cette situation est d’abord économique, avant d’être identitaire. Plus un territoire est désindustrialisé et en perte d’emploi, plus il vote pour les extrêmes. Il faut faire renaître une Datar [Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale] moderne, capable de penser l’aménagement du territoire et l’attractivité régionale. Le développement de la croissance économique dans des villes moyennes qui n’ont pas de spécificités est un sujet majeur.

 

Patrick Artus : Nous sommes revenus dans un monde de rareté. Nous avons un problème de ressources, d’énergie, de matières premières, de transport, de composants, et même d’emploi. A cela s’ajoutent les sanctions contre la Russie et la transition énergétique. La production mondiale de lithium doit être multipliée par 40 pour équiper nos véhicules électriques. Tout cela crée de l’inflation, comme à l’époque des années 1970-1990. Cela va conduire à une remontée des taux d’intérêt, qui imposera des contraintes budgétaires et donc la fin du « quoi qu’il en coûte ». Cela change complètement l’action publique.


Si nous avions aujourd’hui une parfaite indexation des salaires sur les prix et une parfaite indexation des prix sur les coûts des entreprises, nous nous dirigerions vers 20 % d’inflation. Celle que nous avons en Europe aujourd’hui, qui n’est pas loin de 8 %, n’est que l’effet mécanique des matières premières. Il n’y a eu aucun effet boule de neige. Le risque est donc devant nous.

Espagne: manif contre l’austérité

Espagne: manif contre l’austérité

 

Sous les mots d’ordre « stop aux budgets antisociaux » et « Coupes: assez! », les manifestants ont défilé dans la capitale catalane, Barcelone, dans le nord-est de l’Espagne, à l’appel du Sommet social, qui regroupe les syndicats et une centaine d’associations citoyennes.   »Ils coulent le pays », « Ni travail, ni retraites », pouvait-on lire sur les pancartes brandies par les manifestants, qui agitaient aussi le « Non » accompagné d’une paire de ciseaux devenu dans une Espagne plombée par un chômage de près de 26% l’emblème de la lutte contre les coupes budgétaires.  En Andalousie aussi, les manifestants étaient appelés dimanche à manifester dans plusieurs grandes villes.  Samedi, des milliers de personnes étaient descendues dans les rues de Madrid à l’appel du Sommet social et des Marées citoyennes, des collectifs professionnels nés pour défendre des services publics comme l’éducation et la santé et qui manifestent habituellement de leur côté.  Deux ans après l’arrivée au pouvoir du gouvernement de droite de Mariano Rajoy, les manifestants ont défilé derrière une grande banderole blanche portant les mots: « Jugement pour les banques. Sauvons le service public, les pensions, les personnes ».  Parmi leurs cibles, le système bancaire dont les dérives ont contribué à précipiter le pays dans la crise en 2008. Arrivé au pouvoir à la fin 2011, le gouvernement Rajoy a soumis l’Espagne à une cure d’austérité sans précédent, au prix de douloureux sacrifices. Deux ans plus tard, le pays vient de renouer

 

Obama: l’austérité n’est pas une stratégie

Obama: l’austérité n’est pas une stratégie

 

Un discours d’Obama qui vaut pour la Grèce mais sans doute aussi pour l’ensemble de l’Europe  qui inquiète de plus en plus aussi bien les Etats-Unis, que le FMI ou encore la FED. Le président américain et M. Samaras, qui se sont entretenus dans le Bureau ovale en milieu d’après-midi, ont tous deux reconnu l’importance des réformes de fond en Grèce, soumise à un plan d’assainissement drastique pour tenter de faire retomber un endettement qui a atteint 176% du PIB cette année.   »Je fais confiance au Premier ministre Samaras à poursuivre ces réformes structurelles », a affirmé M. Obama face aux journalistes.   »Nous sommes aussi d’accord sur le fait que face aux difficultés qui sont celles de la Grèce, nous ne pouvons pas considérer que l’austérité est une stratégie », a-t-il ajouté, alors que le PIB grec a fondu d’un quart en cinq ans sous l’effet de la crise.   »Il est aussi important de se concentrer sur la croissance et l’emploi, parce que l’histoire a montré que les pays en croissance et avec un haut niveau d’emploi (…) arrivent plus facilement à réduire la dette que les pays où les gens n’ont plus d’espoir », a encore dit le président américain.   »Nous voulons faire en sorte que les Grecs voient une lumière au bout du tunnel », a souligné M. Obama, en disant avoir exprimé à son hôte le soutien des Etats-Unis « dans un processus difficile ».  M. Samaras, tout en jurant de « faire le nécessaire » pour réformer les structures de son pays, a lui aussi évoqué l’importance d’ »insister sur la croissance et la création de nouveaux emplois, particulièrement pour les jeunes », dont le taux de chômage, a-t-il rappelé, dépasse les 60%.   »Nous traversons une période très dure, les sacrifices consentis par les Grecs sont énormes mais ils ne seront pas en vain », a-t-il promis.

 

Borloo: « arrêter l’austérité! »

Borloo: « arrêter l’austérité! »

Borloo dit sans doute avec quelques mois d’avance ce que l’Europe sera contrainte de faire dans quelques mois. La problématique est simple, l’austérité insuffisamment étalée va provoquer une nouvelle récession. En bref il faut inverser la problématique et tout centrer sur la croissance. La gauche le dit mais suit malheureusement la ligne suicidaire européenne Jean-Louis Borloo, président de l’UDI, a assuré vendredi sur France 2 qu’il fallait « évidemment arrêter l’austérité ». Interrogé sur les prévisions de croissance française quasi nulle que doit confirmer la Commission européenne, le député du Nord et ex-ministre a rappelé avoir lancé « il y a six-sept mois, attention à la spirale. La spirale qui est contre l’activité économique ». Il a pointé « 30 milliards d’impôts en plus », et « une augmentation énorme de la TVA sur les activités non délocalisables » comme « le bâtiment » avec « en 18 mois, 100% d’augmentation de la TVA ». « Evidemment qu’il faut arrêter l’austérité« , s’est exclamé l’ancien ministre centriste. « Les déficits, c’est lié à l’activité. Quand vous avez le risque de 100.000 chômeurs de plus dans le bâtiment – qui est en train d’entrer dans une crise très grave – c’est entre 2,5 et 3 milliards de moins dans l’ensemble des caisses », a-t-il souligné. « La spirale de l’austérité, pour le budget européen comme le budget français, il faut arrêter ! Il faut un plan de soutien à la croissance », a-t-il dit, citant des grands travaux comme le canal Seine-Nord ou le tramway dans les villes. « Il faut baisser immédiatement la TVA sur les produits intermédiaires, transports publics, bâtiment », a affirmé Jean-Louis Borloo. Selon lui, « c’est urgent parce que la spirale va s’aggraver, il y a un risque majeur de récession ».

 

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Portugal: manifestation contre l’austérité

Portugal: manifestation  contre l’austérité

 

Pour les autorités européennes, le Portugal est un exemple de redressement, ce n’est pas l’avis des manifestants qui ont protesté contre l’austérité qui se traduit pas un taux de chômage de 17% (40%chez les jeunes). « Nos sacrifices tombent dans les poches des voleurs: les banquiers et les politiciens », clamaient des pancartes portées par les manifestants qui agitaient les drapeaux rouges de leur syndicat.  Le secrétaire général de la CGTP, Arménio Carlos s’est déclaré convaincu de la participation de « plusieurs dizaines de milliers de protestataires » aux défilés et rassemblements qui ont eu lieu dans une vingtaine de villes du pays.  La CGTP a assuré qu’à Porto, la grande ville du nord du pays, plusieurs dizaines de milliers de personnes avaient manifesté et plusieurs milliers dans le sud notamment à Faro et Portimao.  Un bilan précis sur l’ensemble du pays restait toutefois difficile à établir d’autant que les autorités ne communiquent généralement aucune estimation.  Le mouvement était destiné notamment à protester contre les hausses d’impôts sans précédent décrétées cette année par le gouvernement tandis que depuis l’année dernière salaires et retraites ont été nettement réduits.  En contrepartie d’un plan de sauvetage de 78 milliards d’euros accordé en mai 2011 par l’Union européenne et le Fonds monétaire international, le gouvernement du Premier ministre Pedro Passos Coelho met en oeuvre un vaste programme de réformes et de rigueur.   »Nous voulons rompre avec les engagements pris en échange du plan d’aide, rompre avec la politique de droite, exiger la démission du gouvernement et de nouvelles élections », a résumé Arménio Carlos sans exclure un nouveau recours à « une grève générale au moment adéquat ».   »A partir d’aujourd’hui et jusqu’à la fin du mois de mars il y aura des grèves et des manifestations dans tout le pays », a-t-il annoncé lors d’une prise de parole à la fin de la manifestation à Lisbonne.  Les mesures d’austérité que le gouvernement du Premier ministre Pedro Passos Coelho juge indispensables pour rétablir les finances du pays ont contribué à aggraver la récession. L’économie a reculé l’année dernière de 3,2% et le chômage touche désormais 16,9% de la population active et 40% des jeunes.   »On ressent quotidiennement le manque d’argent, les transports ont augmenté, les frais de scolarité aussi. Cette politique n’a pas d’avenir, elle détruit l’économie du pays », estimait Maria Manuel Reis, 55 ans, employée au ministère des Affaires étrangères, également concerné par les coupes budgétaires.  Après les hausses d’impôts généralisées, le gouvernement prévoit d’ici 2014 une vaste « réforme de l’Etat » qui devrait permettre des économies supplémentaires de 4 milliards d’euros. Alors que la « troïka » représentant les créanciers du Portugal (UE-FMI-BCE) est attendue a la fin du mois pour un nouvel examen des réformes mises oeuvre en échange du plan d’aide, M. Passos Coelho a récemment admis qu’en raison d’une possible « spirale récessive » il pourrait revoir les objectifs fixés.

 

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