Archive pour le Tag 'Laurent'

Laurent Berger à la tête d’ un think-tank environnemental

Laurent Berger à la tête d’ un think-tank environnemental

Laurent Berger l’ancien responsable de la CFDT a tenu parole. Il refuse de s’engager en politique mais agira désormais sur le terrain climatique et environnemental au Crédit Mutuel dans le cadre d’un institut sorte de think-thank. De quoi peut-être contribué à apporter un peu de cohérence, d’efficacité et de réalisme chez certaines organisations environnementales qui pratiquent le radicalisme et la fuite en avant.

La création de cet institut s’inscrit dans la droite ligne du statut d’entreprise à mission récemment adopté par le Crédit Mutuel. La banque a en outre annoncé en janvier dernier que 15% de son résultat net sera chaque année consacré à des sujets liés à «la révolution environnementale et solidaire».

Laurent Berger: dernier interview avant son retrait de Secrétaire général de la CFDT

Laurent Berger: dernier interview avant son retrait de Secrétaire général de la CFDT

Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, était l’invité du 8h30 franceinfo , jeudi 8 juin 2023. Retraites, débat parlementaire, salaires, RSA, vie personnelle… Retraites, débat parlementaire, salaires, RSA, vie personnelle.

Retraites : « Une défaite productive »
Laurent Berger a estimé que la mobilisation contre la réform
e des retraites était « une forme de défaite productive ». Certes, « on a perdu sur le texte, mais ça a été productif sur l’image qu’on a donnée du syndicalisme, du monde du travail et la force qui a été la nôtre », a-t-il affirmé. Il ne fait plus de doute pour le leader de la CFDT que la loi va s’appliquer à la rentrée. « Elle va changer la vie fondamentalement de millions et millions de travailleurs qui vont devoir travailler à terme deux ans de plus et il n’y aura jamais eu un vote à l’Assemblée nationale. Ça pose un problème de légitimité démocratique », selon lui. « Ça m’horrifie en fait. Ça me fait peur qu’on puisse changer la vie aussi concrètement de millions de salariés qu’il n’y ait pas un vote », a-t-il affirmé. Il a dénoncé le « déni de démocratie sociale de la part de ce gouvernement » qui « s’affiche finalement comme un mépris au monde du travail aujourd’hui » et « provoque du ressentiment et de la colère ». Cette « défaite productive », n’est pas pour lui « la fin de l’intersyndicale ». Selon Laurent Berger, le mouvement syndical ressort renforcé : « On a créé une force, on a une maturité dans l’intersyndicale. On s’est respecté, on a travaillé ensemble, on sait ce qui nous différencie, mais on sait aussi ce qui peut nous unir », a-t-il expliqué.

Débat parlementaire sur les retraites : « Il faut de la dignité »

Laurent Berger a appelé les parlementaires à la « dignité » alors que débutent ce jeudi les discussions à l’Assemblée nationale autour de la proposition de loi Liot sur les retraites. La présidente de l’Assemblée nationale a déclaré irrecevables les amendements réintroduisant la mesure d’abrogation des 64 ans, qui avait été supprimée en commission des affaires sociales. L’opposition crie au scandale démocratique. « Je ne sais pas ce qui va se passer aujourd’hui à l’Assemblée nationale. Mais il faut de la dignité parce que derrière, il y a tous les citoyens et citoyennes de ce pays qui regardent et qui se disent ce n’est pas normal ce qui est en train de se passer, mais il ne faut pas qu’ils perdent encore plus confiance dans les institutions de notre pays », a estimé Laurent Berger. Il estime que le débat parlementaire sur cette réforme des retraites est « une forme de naufrage ».

Hausses des salaires : sans « contraintes, ça ne fonctionne pas »
Laurent Berger estime que les prochains combats syndicaux seront le pouvoir d’achat et la question des salaires. Il souhaite contraindre les aides publiques aux entreprises aux « politiques salariales dynamiques, notamment dans les branches », dit-il. Selon lui, « c’est quelque chose qui peut cheminer du côté de Matignon », mais « on sent moins d’écoute à d’autres endroits », à l’Élysée et au ministère du Travail notamment. Laurent Berger a cité comme exemple la branche de la volaille : « C’est quatorze échelons en dessous du SMIC. Et les patrons se plaindraient de ne pas trouver du monde. Il faut qu’ils regardent la réalité en face », a-t-il lancé. « S’il n’y a pas de contraintes sur les entreprises, ça ne fonctionne pas », a-t-il rappelé.

RSA : la « stigmatisation » du gouvernement est « intolérable »

Laurent Berger a dénoncé la « stigmatisation des personnes les plus en difficulté dans nos sociétés » par le gouvernement. « C’est inacceptable, c’est intolérable. J’en ai assez », a-t-il lancé.
Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a présenté mercredi en Conseil des ministres le projet de loi Plein emploi. Les bénéficiaires du RSA devront suivre 15 à 20 heures de travail ou d’activité de formation par semaine sous forme de « contrat d’engagement ». Laurent Berger se dit pour « un accompagnement renforcé » des allocataires du RSA. « Le premier des droits quand vous êtes au RSA, c’est d’avoir un accompagnement renforcé. Aujourd’hui, sur le nombre de personnes qui sont aux RSA, on est défaillant sur l’accompagnement », a-t-il dénoncé.

Vie personnelle : « Je n’ai pas pris le melon »

Laurent Berger semble insensible à la « Bergermania » qui touche le pays et assure ne pas avoir pris « le melon ». « D’ailleurs, je vais partir. Je n’étais pas là pour être connu et apprécié. J’étais là pour faire mon travail de syndicaliste. J’ai toujours considéré que j’étais de passage », a-t-il déclaré. Laurent Berger va passer le témoin à Marylise Léon, chimiste de formation. Elle succédera à Laurent Berger à la tête du premier syndicat français le 21 juin prochain. « Ce serait tellement facile de rester encore un an, deux ans, trois ans en plus et de jouer le « kéké » sur des plateaux ou ailleurs », dit-il. Il va se contraindre au « silence » que « je dois à la CFDT, à Marylise et à moi-même ». Bien qu’il ne sache pas encore ce qu’il fera après son mandat, il souhaite « être heureux et d’essayer de continuer à transformer le monde » à sa « modeste place ».

Travail« Du mépris à la colère » : Laurent Berger (CFDT)

Travail« Du mépris à la colère » : Laurent Berger (CFDT)

Dans un essai percutant, le secrétaire général de la CFDT – qui quittera ses fonctions le 21 juin – explique que le travail constitue un « impensé politique » pour les partis. Comme l’a illustré la mobilisation contre la réforme des retraites. (d’après un papier du Monde)

Avant de quitter le poste de secrétaire général de sa confédération, le 21 juin, Laurent Berger a préféré parler de ce qui est au fondement de son engagement : le travail. Il s’agit d’un sujet « extraordinairement maltraité », alors qu’il occupe une « place centrale » dans la vie de millions de femmes et d’hommes, écrit le responsable cédétiste dans son essai percutant, Du mépris à la colère, parsemé d’annotations personnelles sur ses expériences de militant et son milieu familial, qui lui a légué la « fierté ouvrière ».

Il estime que le long conflit déclenché par la réforme des retraites est une illustration éclatante de son propos. Si des centaines de milliers de personnes – parfois plus d’un million – ont manifesté contre le recul de l’âge légal de départ de 62 ans à 64 ans, c’est parce qu’elles se sont senties « humiliées ».

Beaucoup de salariés demandaient de la « reconnaissance », pas seulement sur leur fiche de paie, après l’épidémie de Covid-19, durant laquelle ils avaient porté l’économie à bout de bras, soigné les malades ou permis à la population de se nourrir. Mais leur « espoir s’est éteint » : pour eux, « rien n’a changé ou si peu », selon Laurent Berger. Pire même, le pouvoir en place leur a dit, « comme en guise de remerciement », qu’il faudrait rester en activité deux années de plus.

Sortir de cette situation de déni
Cette mesure ne pouvait que provoquer de « la colère », car elle frappe « très exactement la catégorie des travailleurs de première et deuxième lignes, qui se sent déjà invisibilisée et méprisée ». Laurent Berger dénonce Emmanuel Macron, dont « la logique libérale (…) s’est durcie », et « l’action » du gouvernement, qui « s’est droitisée ». Mais ce qui se révèle tout aussi grave à ses yeux, c’est l’impact électoral de l’obstination affichée par l’exécutif : en s’arc-boutant sur une loi impopulaire, « bricolée » et « confuse », celui-ci alimente « une défiance dangereuse vis-à-vis de notre système démocratique », avec le risque d’ouvrir à Marine Le Pen un boulevard vers l’Elysée en 2027.

Départ de Laurent Berger de la CFDT, devenu premier syndicat de France

Départ de Laurent Berger de la CFDT, devenue premier syndicat de France


Laurent Berger laisse un bilan satisfaisant pour son organisation qui sous sa direction est devenu le premier syndicat de France. Cela grâce certes à une grande détermination mais aussi à une culture du compromis et du résultat pour les salariés. La CFDT bénéficie aussi de l’évolution sociologique avec des changements significatifs de population et d’emplois.

À l’occasion de la réforme des retraites, Laurent Berger s’est encore imposé comme le leader incontesté et surtout le plus crédible de la sphère syndicale.

Il reste encore beaucoup à faire pour que le syndicalisme retrouve une bien plus forte représentativité mais l’objectif n’est pas facile avec un gouvernement qui écrase toutes les forces intermédiaires. Il y a aussi les difficultés liées aux différentes idéologies et pratiques des syndicats. Mais la période Laurent Berger aura su démontrer sa capacité à rassembler dans le cas de l’intersyndicale. Si cette union pouvait être maintenue, ce serait sans doute une avancée significative pour le monde syndical.

« Je pense que, le 21 juin, je laisserai une CFDT qui va bien », déclare Laurent Berger dans une interview au Monde, précisant avoir proposé au bureau national que ce soit Marylise Léon, actuelle numéro deux, qui lui succède.

« J’occupe ce poste depuis dix ans et demi, soit une durée proche de celle des mandats de mes prédécesseurs, François Chérèque et Nicole Notat », explique-t-il. « Initialement, je songeais partir un tout petit peu plus tôt, en juin 2022, mais il aurait été compliqué de le faire à ce moment-là. »

C’est Marylise Léon, la secrétaire générale adjointe de la CFDT depuis 2018 qui a la faveur de Laurent Berger pour lui succéder.

« Elle est dynamique, elle a une compréhension du monde du travail qui est forte, parfois plus fine que la mienne – par exemple sur la question des nouvelles formes d’emplois », indique-t-il dans Le Monde.
Laurent Berger ne tarit pas d’éloges sur sa camarade de la CFDT. « Elle s’est battue avec énergie lors des négociations sur l’assurance-chômage et elle est convaincue que la transition écologique doit s’effectuer de façon juste sur le plan social. Elle est appréciée au sein de la maison, elle est proche des gens, humaine », appuie-t-il.

Un syndicalisme plus pragmatique, soucieux du quotidien des travailleurs qui a la faveur des salariés. En 2018, pour la première fois la CFDT devient le premier syndicat français lors des élections professionnelles. Ce sont se réjouit à l’époque Laurent Berger d’ordinaire plutôt discret.

Avec 640.000 adhérents (chiffre expertisé à la différence de ceux d’autres syndicats), la CFDT se présente comme le premier syndicat de France. Néanmoins il n’a pas échappé à l’hémorragie d’adhésions constaté dans l’ensemble du monde syndical depuis au moins une décennie. La CFDT revendiquait en effet 850.000 adhérents en 2010, soit près de 200.000 de plus qu’aujourd’hui. La France reste un des pays les moins syndiqués de l’Union Européenne avec un taux de 11% (23% en moyenne dans l’UE) et qui a eu tendance à baisser lors de la dernière décennie selon la Dares. Redonner du lustre au syndicalisme en France? La future direction de la CFDT ne manquera donc certainement pas de travail.

Laurent Berger quittera la direction de la CFDT, devenu premier syndicat de France

Laurent Berger quittera la direction de la CFDT, devenu premier syndicat de France


Laurent Berger laisse un bilan satisfaisant pour son organisation qui sous sa direction est devenu le premier syndicat de France. Cela grâce certes à une grande détermination mais aussi à une culture du compromis et du résultat pour les salariés. La CFDT bénéficie aussi de l’évolution sociologique avec des changements significatifs de population et d’emplois.

À l’occasion de la réforme des retraites, Laurent Berger s’est encore imposé comme le leader incontesté et surtout le plus crédible de la sphère syndicale.

Il reste encore beaucoup à faire pour que le syndicalisme retrouve une bien plus forte représentativité mais l’objectif n’est pas facile avec un gouvernement qui écrase toutes les forces intermédiaires. Il y a aussi les difficultés liées aux différentes idéologies et pratiques des syndicats. Mais la période Laurent Berger aura su démontrer sa capacité à rassembler dans le cas de l’intersyndicale. Si cette union pouvait être maintenue, ce serait sans doute une avancée significative pour le monde syndical.

« Je pense que, le 21 juin, je laisserai une CFDT qui va bien », déclare Laurent Berger dans une interview au Monde, précisant avoir proposé au bureau national que ce soit Marylise Léon, actuelle numéro deux, qui lui succède.

« J’occupe ce poste depuis dix ans et demi, soit une durée proche de celle des mandats de mes prédécesseurs, François Chérèque et Nicole Notat », explique-t-il. « Initialement, je songeais partir un tout petit peu plus tôt, en juin 2022, mais il aurait été compliqué de le faire à ce moment-là. »

C’est Marylise Léon, la secrétaire générale adjointe de la CFDT depuis 2018 qui a la faveur de Laurent Berger pour lui succéder.

« Elle est dynamique, elle a une compréhension du monde du travail qui est forte, parfois plus fine que la mienne – par exemple sur la question des nouvelles formes d’emplois », indique-t-il dans Le Monde.
Laurent Berger ne tarit pas d’éloges sur sa camarade de la CFDT. « Elle s’est battue avec énergie lors des négociations sur l’assurance-chômage et elle est convaincue que la transition écologique doit s’effectuer de façon juste sur le plan social. Elle est appréciée au sein de la maison, elle est proche des gens, humaine », appuie-t-il.

Un syndicalisme plus pragmatique, soucieux du quotidien des travailleurs qui a la faveur des salariés. En 2018, pour la première fois la CFDT devient le premier syndicat français lors des élections professionnelles. Ce sont se réjouit à l’époque Laurent Berger d’ordinaire plutôt discret.

Avec 640.000 adhérents (chiffre expertisé à la différence de ceux d’autres syndicats), la CFDT se présente comme le premier syndicat de France. Néanmoins il n’a pas échappé à l’hémorragie d’adhésions constaté dans l’ensemble du monde syndical depuis au moins une décennie. La CFDT revendiquait en effet 850.000 adhérents en 2010, soit près de 200.000 de plus qu’aujourd’hui. La France reste un des pays les moins syndiqués de l’Union Européenne avec un taux de 11% (23% en moyenne dans l’UE) et qui a eu tendance à baisser lors de la dernière décennie selon la Dares. Redonner du lustre au syndicalisme en France? La future direction de la CFDT ne manquera donc certainement pas de travail.

Retraites : on ne peut pas passer l’éponge, il faut une autre concertation ( Laurent Berger)

Retraites : on ne peut pas passer l’éponge, il faut une autre conception de la concertation ( Laurent Berger)

On ne peut pas passer aussi vite l’éponge estime le secrétaire général de la CFDT qui met en garde l’exécutif contre le fort « ressentiment » au sein du monde du travail après la promulgation de la réforme des retraites. Par ailleurs si tôt après l’intervention du chef de l’État à la télé, Laurent Berger s’est montrée très dubitatif sur les propositions de Macon concernant l’ouverture d’un chantier sur la question du travail. Tout dépendra de la méthode a-t-il indiqué car si c’est simplement pour appliquer les orientations n du gouvernement c’est inutile, il faut une co_construction a-t-il indiqué.

« Le monde du travail est encore choqué, il y a encore beaucoup de monde qui a manifesté jeudi dernier, il est hors de question d’aller discuter comme si de rien n’était », a-t-il expliqué. Il a précisé qu’ « il y a un délai de décence », ajoutant que l’intersyndicale s’était donnée comme horizon l’ « après 1er mai », date d’une nouvelle journée de mobilisation des opposants à la réforme des retraites, pour entamer les discussions.

La façon dont le chef de l’État a choisi de promulguer la réforme des retraites ne passe toujours pas, trois jours après. Laurent Berger avait déjà dénoncé ce week-end « le mépris » d’Emmanuel Macron, qui a promulgué la loi au Journal officiel dans la nuit de vendredi 14 avril à samedi 15, au lendemain de la décision du Conseil constitutionnel. Un avis partagé par la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet qui avait qualifié cette décision « en pleine nuit, dans le dos des travailleurs et des travailleuses » de « totalement honteuse ».

« On demande au président de la République de présider et de gouverner autrement que par cette verticalité, de dire quelle méthode de concertation sociale il va employer, quels sujets concrets il va mettre sur la table pour améliorer la vie des travailleurs et travailleuses », a-t-il affirmé.

Cet épisode de la réforme des retraites « a fait monter la défiance dans les institutions », tandis que « le ressentiment social a monté très fortement », a-t-il souligné, estimant que la France est confrontée à une « crise démocratique ».

Il a par ailleurs précisé que la CFDT ne s’associerait pas à d’autres manifestations que celle prévue le 1er mai. « J’aimerais que tout le monde respecte ce communiqué de l’intersyndicale » qui a acté le principe « d’une grosse journée de mobilisation le 1er mai », a souligné Laurent Berger, estimant qu’il n’y a « pas de fissure mais une exigence de rigueur collective ».

Les syndicats misent sur le traditionnel rendez-vous du 1er mai qu’ils souhaitent transformer en « journée de mobilisation exceptionnelle et populaire » contre le cœur de la réforme des retraites, à savoir le départ à 64 ans. Une sorte de 13e round après 12 journées déjà organisées depuis le 19 janvier et qui ont été massivement suivies. La mobilisation sur l’ensemble des manifestations a été la plus forte enregistrée dans la rue depuis des décennies dans les métropoles comme les sous-préfectures. Si la décision du Conseil constitutionnel vendredi est venue clore cette phase, celle-ci n’est « pas finie », veulent croire les syndicats.

La pause proposée par Laurent Berger (CFDT) soutenue par 78 % des Français

La pause proposée par Laurent Berger (CFDT) soutenu par 78 % des Français

Tandis que la popularité du président de la république et du gouvernement ne cesse de s’écrouler, par contre la proposition de pause de Laurent Berger est soutenu par 78 % des Français.

La proposition de «médiation», formulée par le patron de la CFDT Laurent Berger et présentée comme une «voie de sortie» – mais refusée pour l’heure par l’exécutif – rencontre également un avis favorable. Le fait de «mettre sur pause» la réforme le temps d’un dialogue est approuvé par 78% des Français, y compris au sein des Républicains (68%), et de Renaissance dans une moindre mesure (42%).

Dans ce contexte, les Français attendent du président un geste. Celui du changement, notamment de sa première ministre, voire du Parlement tout entier. Un remaniement sans changement de chef de gouvernement est ainsi peu plébiscité (22%), tandis qu’un remplacement d’Élisabeth Borne est davantage encouragé (61%). Plus radicale encore, une dissolution de l’Assemblée nationale apparaît comme une bonne idée pour 58% des sondés. Notamment les plus opposés à la réforme se trouvant du côté de La France insoumise (76%) et du Rassemblement national (72%). Soit les deux partis rivalisant depuis des semaines pour occuper le rôle de premier opposant à Emmanuel Macron, et ainsi tirer profit de l’impasse dans laquelle se trouve l’exécutif.

Social : Laurent Berger appelle à l’apaisement mais refuse de reculer sur l’âge de la retraite

Social : Laurent Berger appelle à l’apaisement mais refuse de reculer sur l’âge de la retraite

La Première ministre, Elisabeth Borne, a fait semblant de tendre la main à l’opposition politique et aux syndicats dimanche. Une main tendue avec une certaine hypocrisie estime Laurent Berger. « C’est quelle main tendue ? Je suis désolé de le dire comme ça, mais elle est où la main tendue, sur la question des retraites ? (Or) c’est le sujet actuel », a-t-il répondu.

« Si la main tendue, c’est rediscutons et travail et des retraites, et en mettant de côté pour l’instant la réforme qui a été adoptée par le 49-3, qui n’est pas validée par le Conseil constitutionnel (…), si ces deux sujets sont sur la table, on va discuter », a-t-il ajouté.
« Vous n’imaginez pas quand même qu’il y a deux millions de personnes dans la rue jeudi dernier », d’un côté et « qu’on (ne) va pas discuter des retraites si on est invités à discuter » d’un autre côté.

à propos de la journée de mobilisation de mardi, Laurent Berger a déclaré : « non, ce n’est pas forcément la dernière (…). On va au moins aller jusqu’au Conseil constitutionnel ». La décision de ce dernier est attendue d’ici à trois semaines. Et une nouvelle fois Laurent Berger a attiré l’attention sur les dangers de la colère qui monte.

Laurent Fabius du conseil constitutionnel aura-t-il la lucidité et le courage de sortir le pays de la chienlit

Laurent Fabius du conseil constitutionnel aura-t-il la lucidité et le courage de sortir le pays de la chienlit

L’avenir du pays pourrait bien désormais être dans les mains du conseil constitutionnel présidé par Laurent Fabius. Il ne s’agit pas seulement d’examiner voire de sanctionner des dispositions finalement assez secondaires et ou considérées comme des cavaliers législatifs inadéquates. Il s’agit plus fondamentalement d’acter le fait que cette réforme des retraites n’a pas respecté les modalités du fonctionnement de la démocratie notamment au Parlement.

En écourtant le débat d’abord à l’Assemblée nationale puis au Sénat, le gouvernement a commis un déni de démocratie institutionnelle. Par ailleurs il y a aussi un déni de démocratie sociale qui contredit l’esprit et la lettre de la constitution après le refus de négociations avec les syndicats confirmé aussi par le mépris du chef d’État vis-à-vis des syndicats.

Il y a aussi et enfin des considérations plus politiques c’est-à-dire le fait que le pays est devenu ingouvernable et qu’il risque de s’orienter vers une chienlit ingérable.

S’il lui reste encore de la lucidité et du courage à Fabius qui en a parfois manqué parfois, il peut inscrire son nom dans l’histoire politique en rejetant la totalité d’une loi scélérate juridiquement et dangereuse politiquement et socialement.

LAURENT BERGER VEUT CONTINUER LA MOBILISATION

LAURENT BERGER VEUT CONTINUER LA MOBILISATION

Le secrétaire général de la CFDT espèren encore que le gouvernement ne va pas recourir à l’article 49-3 et que certains députés y compris de la majorité vont faire capoter le projet de réforme à l’assemblée.

Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger estime ce dimanche sur « BFM Politique » que le combat n’est pas perdu pour l’intersyndicale et les opposants à la réforme des retraites, bien que le texte ait été voté samedi soir au Sénat.

« J’en appellerai toujours à la raison jusqu’au bout », assure-t-il, à propos des parlementaires qui ont voté en faveur de la réforme cette semaine. Il assure que des décisions doivent être prises mercredi pour décider de la suite à donner au mouvement.

Après le Sénat, c’est désormais au tour de la commission mixte paritaire de parvenir à un compromis sur les mesures qu’Assemblée et Sénat n’ont pas votées dans les mêmes termes.
« Chaque élu est face à un choix de responsabilité »

« Je crois que les parlementaires ont une responsabilité, chaque élu est face à un choix de responsabilité », estime-t-il, assurant qu’il ne s’agit pas « d’une menace », mais que ses propos signent au contraire une « grande considération pour leur mission et leur responsabilité ».
Laurent Berger dénonce encore une fois une réforme du travail menée « sans les travailleurs » et qui suscite le rejet de nombreux Français.
Il s’est une nouvelle fois interrogé sur la perspective de l’adoption de la réforme des retraites via l’article 49.3, permettant de faire passer le texte sans vote. S’il assure qu’il s’agit bien d’un « outil légal », il constitue, selon lui, « un vice démocratique ».

Individualiser la relation à l’emploi ? (Laurent Giraud)

Individualiser la relation à l’emploi  ?  (Laurent Giraud)

Maitre de conférences sur la gestion des ressources humaines et la gestion du changement à la Toulouse School of Management, Laurent Giraud appelle les employeurs à avoir une approche au cas par cas avec leurs salariés pour répondre aux aspirations nouvelles. (Cet article est issu de T La Revue de La Tribune – N°9 « Travailler, est-ce bien raisonnable? », actuellement en kiosque)

 

Une interview intéressante tenant compte des évolutions sociétales et culturelles mais qui pose aussi la question du rapport entre les conditions sociales collectives et les adaptations individuelles. NDLR

 

LA TRIBUNE- Nous sortons de deux ans de crise sanitaire. Quelle conséquence cela a pu avoir sur nos rapports au travail et quel changement dans le management cela pourrait apporter à terme ?

LAURENT GIRAUD- Je pense qu’il y a un questionnement qui est en train de se faire, ou même qui se faisait déjà pour certains, sur le sens donné au travail. Cette crise a permis une réflexion approfondie que les gens n’avaient pas forcément le temps de faire avant parce que le confinement nous a repliés un peu sur nous-mêmes. Qu’est-ce qui compte pour un candidat aujourd’hui ? Quand il regardait une offre d’emploi, auparavant, c’était la rémunération, toujours en premier critère. Maintenant, c’est la flexibilité du temps de travail et cela risque de rester. Les candidats et les salariés attendent une souplesse de la part de l’employeur. Il y en en qui aiment le télétravail, à une certaine proportion, d’autres à un autre niveau, etc.

Comment les entreprises s’adaptent ou peuvent s’adapter à ce changement, face à leurs salariés déjà en poste ou pour attirer ceux qu’elles tentent de recruter ?

L.G. Tout va dépendre de l’attractivité employeur. C’est comme quand vous vendez un produit ou un service, là vous vendez l’expérience d’être salarié dans votre entreprise, donc il faut essayer de savoir ce qui plaît aux cibles éventuelles. Ce qui arrive en premier maintenant dans leurs attentes, c’est davantage l’ambiance au travail, le bien-être, l’intérêt du poste et le sens qu’on lui donne, bien plus que le sujet de la rémunération. Cela veut dire qu’aujourd’hui, il faut changer la manière dont on présente les emplois. Avec la crise climatique, aussi, il y a une nouvelle génération qui voudrait que son impact soit significatif.

Dans le management, il y a beaucoup de tendances nouvelles en réponse parfois à la crise sanitaire et d’autres plus antérieures. Le télétravail en fait partie, mais il y a aussi la semaine des quatre jours. Est-ce un effet de mode en France ou une nouvelle tendance qui peut prendre de l’ampleur ?

L.G. La semaine des quatre jours vient d’arriver au Royaume-Uni et cela commence à monter en France. Mais ici, on aime bien voir les personnes sur place, les voir travailler, alors qu’il y a d’autres pays, comme aux Pays-Bas où cela existe depuis plus longtemps, se dire que quelqu’un est capable de travailler à fond du lundi au jeudi puis prendre son vendredi en off. En France, on est loin de cette révolution culturelle.

Mais c’est une manière d’être attractif auprès des salariés. Il faut savoir que travailler sur l’attractivité c’est aussi travailler sur la fidélisation de son personnel, grâce à ces bonnes conditions d’emploi. Elles attirent non seulement les candidats en extérieur, mais en plus vous fidélisez en interne des personnes qui ont envie de rester. La fidélisation ce n’est pas que la rétention, c’est aussi motiver les personnes à travailler. C’est un calcul. Les Britanniques estiment que la productivité augmente en lâchant un jour et l’engagement des salariés est plus élevé.

Les managers français doivent-ils tout d’abord opérer une ouverture d’esprit pour envisager cette semaine de quatre jours dans notre pays ?

L.G. Désormais, nous avons besoin de sens au travail, de flexibilité et de souplesse. Donc, l’entreprise qui ne proposera pas une telle offre perdra des candidatures et potentiellement des talents, et donc aussi derrière, en productivité et par la suite des parts de marché.

Les employeurs doivent individualiser la relation à l’emploi de leurs salariés. Nous sommes dans une société individualiste depuis un moment, c’est un mouvement de fond. Il faut donc gérer chaque individu tout en ayant un collectif soudé.

La réponse à ces nombreuses aspirations nouvelles dans la société et donc dans l’esprit des salariés se trouve dans un management personnalisé ?

L.G. Il n’y a pas une recette miracle pour tout le monde. Mais il y a un mouvement de fond depuis déjà plusieurs dizaines d’années qui est l’individualisation de la société. Cela se répercute en entreprise, le miroir de la société. Et avec la crise sanitaire, nous sommes dans l’accélération de cette évolution de la société. Est-ce que l’évolution s’arrêtera là ? Probablement pas. Des choses vont rester, notamment l’hybridation du travail. Les entreprises ont toujours demandé aux salariés une certaine souplesse et polyvalence dans certaines tâches et fonctions. Je crois que maintenant est venu le temps de rendre des comptes, avec des employeurs qui doivent désormais fournir une certaine souplesse, en bonne intelligence, à leurs salariés. Et quand il y a un à somme positive, derrière, les entreprises tendront à s’y retrouver.

Ces mutations diverses bouleversent-elles d’une manière ou d’une autre la gestion humaine pour les manageurs ?

L.G. Il y a davantage besoin d’immédiateté, côté salarié. Il faut que tout aille très vite et c’est la société hypermoderne. Il n’y a pas toujours cette patience de la part des membres de la nouvelle génération. Donc, pour les employeurs, il faut très rapidement être au rendez-vous des promesses qui ont été faites à son collaborateur. Seulement, on observe un turnover élevé sur certaines fonctions où il y a un choc avec la réalité après s’être fait une certaine idée du terrain. L’intégration est un moment-clé, par exemple pour la prise de fonction. Si l’on sous-estime cette étape, qui est une étape du processus de recrutement et sélection, on risque de perdre des talents et de recommencer le processus de recrutement et de sélection. Nous en revenons à cette individualisation des pratiques qui est nécessaire dans la relation employeur à employer. Ce choc avec la réalité est aussi à l’origine d’une mobilité professionnelle plus importante que par le passé. Auparavant, changer d’entreprise ce n’était pas forcément bien vu, aujourd’hui ce n’est plus le cas.

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Article issu de T La Revue n°9 « Travailler, est-ce bien raisonnable? » – Actuellement en kiosque et disponible sur kiosque.latribune.fr/t-la-revue

Présidentielle: Laurent Berger engage la CFDT

 Présidentielle: Laurent Berger engage la CFDT 

On comprend évidemment que l’analyse de la CFDT se heurte le plus souvent au orientation du front national. L’extrême droite et les syndicats ont rarement fait bon ménage. Laurent Berger procède donc à une analyse critique de plusieurs orientations de Marine Le Pen.

Par contre, Laurent Berger commet sans doute une erreur de se prononcer en fait pour Macron. Pas davantage qu’une organisation patronale ou professionnelle, un syndicat n’a pour vocation de s’immiscer dans des choix d’organisations politiques. Laurent Berger en général est assez pertinent dans ses prises de position. Il ne doit cependant pas oublier l’affaiblissement historique des organisations syndicales précisément en raison de leur engagement politicien trop marqué. L’ensemble du mouvement syndical s’est largement discrédité par des positions inspirées d’intentions politiques. De ce point de vue, la CFDT,  premier syndicat en France, a bien fait de couper le cordon ombilical avec un parti socialiste en décomposition. Même avec des précautions oratoires, la CFDT ne doit pas se lier à Macron. NDLR 

Le leader de la CFDT appelle à voter Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle. Il précise, dans un entretien au « Monde », que cet acte ne vaut « ni approbation de l’action qu’il a menée ni adhésion à son programme ».

Avant le second tour de l’élection présidentielle, Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, expose les raisons pour lesquelles son syndicat, le premier de France, appelle à se prononcer en faveur du chef de l’Etat sortant.

Pourquoi avez-vous appelé, dès le soir du 10 avril, à « battre le Rassemblement national » en votant pour Emmanuel Macron ?

Notre engagement est basé sur des valeurs qui sont fortes : la démocratie, l’émancipation, la solidarité, l’égalité. Nous sommes en contradiction totale avec le programme de Marine Le Pen. Elle veut inscrire la priorité nationale dans la Constitution par le biais d’un référendum. Elle veut rétablir le délit de séjour irrégulier et interdire les aides sociales aux immigrés. Sans parler de sa politique internationale, synonyme de complaisance à l’égard de pays comme la Russie, ou des mesures qu’elle soutient en matière de sécurité.

Qu’elle le veuille ou pas, elle est à la tête d’un parti d’extrême droite, dont l’orientation est incompatible avec ce que porte la CFDT. Il ne faut donc pas tergiverser. A partir du moment où l’extrême droite est au second tour – et nous le regrettons –, la CFDT vote pour le candidat qui est en face. Nous ne sommes pas à l’heure du choix d’un programme politique, nous sommes à l’heure du choix de la défense de la démocratie.

Elle se présente comme la candidate du « dialogue social ». Vous n’y êtes pas sensible ?

Dans les pays où cette idéologie a triomphé dans les urnes, les gouvernements ont adopté des pratiques qui n’étaient pas compatibles avec les projets et les valeurs de la CFDT. Aujourd’hui, elle tente de se rendre respectable mais son programme n’accorde de place ni au progrès social ni au dialogue social. L’extrême droite, quand elle prend le pouvoir, met les syndicats à sa main dans les entreprises. Elle annihile la liberté de la presse. Elle combat les contre-pouvoirs et la CFDT, ainsi que les autres organisations de salariés, en sont un.

 

Son projet en matière de retraites n’est-il pas de nature à contrebalancer votre analyse ?

Il n’est pas crédible. Elle dit qu’elle accorde du pouvoir d’achat maintenant, mais par le biais d’exonérations de cotisations patronales. Cela nous paraît très contradictoire car une telle politique nuit au financement de la protection sociale, donc – in fine – au pouvoir d’achat des ménages. Ce que nous voulons, ce sont des droits pour tous les travailleurs, quelle que soit leur nationalité, leur couleur de peau, leur singularité. Marine Le Pen, elle, nous promet une société du rejet, qui accentue les discriminations. On ne peut pas l’appréhender comme une candidate lambda, car le risque est grand qu’elle essaye d’instaurer un pouvoir autoritaire. Les expériences de ces dernières années, en Europe et hors d’Europe, prouvent que, à chaque fois, les travailleurs paient un très lourd tribut.

Orpea: des « salopards » et des profits partout révoltants ( Laurent Berger, CFDT)

Orpea: des « salopards » et des profits partout révoltants  ( Laurent Berger, CFDT)

L’actualité politique, économique et sociale ne manque pas de sujets questionnant l’éthique. Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, s’exprime sur deux d’entre eux, brûlants : Orpea et les entreprises qui ont révélé des profits 2021 records. Ses mots, d’une rage inhabituelle, traduisent une immense colère : les dirigeants du groupe de maisons de retraite « sont des salopards qui devront payer cher », ceux des secondes « devront rendre », notamment la part que leurs gains doivent à la solidarité de l’Etat et des pouvoirs publics dans la gestion de la crise.( la Tribune)

 Le « scandale Orpea » révélé par le journaliste Victor Castanet dans Les fossoyeurs (Fayard) n’en finit pas de bouleverser l’opinion publique. Car il est au croisement d’enjeux humains, médicaux, sociaux, managériaux, financiers et spéculatifs qui concernent toute la société. Est-ce le paroxysme de la « crise du travail » ?

LAURENT BERGER- Il faut condamner sans appel ce qu’il s’est passé chez Orpea. Je le dis haut et fort : les responsables sont des salopards. Salopards à l’égard des personnes âgées, à l’égard de leurs travailleurs, à l’égard des syndicalistes – le livre Les fossoyeurs a révélé une répression syndicale hors norme. Je réclame à leur endroit une commission d’enquête, les poursuites que dictent leur comportement et leurs exactions, et les peines afférentes les plus sévères. Si les faits sont avérés, ils devront payer cher.

Mais au-delà, il faut faire oeuvre d’une grande prudence : assimiler à Orpea tous les acteurs, qu’ils soient des secteurs privé ou public, lucratif ou associatif, serait une immense erreur. La tentation de tout amalgame est délétère. D’abord c’est profondément injuste vis-à-vis des salariés. Car qui sont-ils dans leur grande majorité ? Des travailleurs extraordinairement mobilisés et dévoués, en dépit de rémunérations très insuffisantes. Donner le sentiment qu’ils sont acteurs d’une maltraitance dont seuls leurs dirigeants et leurs actionnaires sont coupables est terrible.

C’est également injuste à l’égard des familles, qui n’ont pas d’autre choix que de placer leurs aînés dans ces établissements et qui ajoutent à cette possible « culpabilité » celle de « savoir », désormais, de quoi peuvent être capables les organisations de ces maisons. Ils sont pris doublement en otage, et c’est odieux.

Il est d’autant plus essentiel de briser cette tentation de l’amalgame, si populaire à l’ère de l’hystérisation et de la simplification à tous crins. Il ne reflète nullement la réalité. Quiconque, et c’est mon cas, a visité des établissements publics comme privés en a rencontré qui sont remarquablement tenus, où les résidents sont considérés et traités avec humanité grâce à un personnel et à des directions impliqués et responsables.

Le soin des plus vulnérables doit-il échapper aux règles marchandes ? Voilà une question centrale. La tranchez-vous ?

Le secteur privé du soin et de la dépendance est-il parfait ? Non. Le secteur public du soin et de la dépendance est-il parfait ? Non plus. Loin s’en faut. Mais la responsabilité nous échoit collectivement. Investit-on assez dans le grand âge ? Non. Le gouvernement a renoncé à la loi Grand âge et autonomie, pourtant promise. La puissance publique, les parlementaires, le gouvernement ont failli. Quant à l’imposition de règles de fonctionnement interne et au contrôle dans les établissements, si déterminants, ces mêmes acteurs publics ont été faibles ou absents. C’est incompréhensible : comment est-ce possible quand on parle à la fois d’argent public et d’individus, qui plus est vulnérables ? Enfin, il est capital d’investir massivement dans ces métiers-là, surtout qu’à l’avenir les besoins seront exponentiels.

Ces enjeux de régulation, de formation et de recrutement, ce n’est sûrement pas en se défoulant sur l’Ehpad bashing qu’on va les accomplir. Si seulement, en revanche, il permettait de soulever LA question cardinale : pourquoi n’investit-on pas davantage dans ces secteurs du soin où l’on confie ce qui nous est le plus cher : nos proches ?…

Autre sujet éthique épineux pour certains : en 2021, les cinq principales banques françaises ont cumulé 31 milliards d’euros de résultats nets, TotalEnergies a atteint 16 milliards de dollars de profits, et le bénéfice consolidé des entreprises du CAC 40 a tutoyé les 140 milliards d’euros. Ces résultats historiques ont été obtenus « notamment » parce que l’Etat et l’Europe ont soutenu l’économie et le social – et pendant qu’une grande partie de la France était plongée dans les drames, aussi bien humains qu’entrepreneuriaux. Concernant TotalEnergies, on ajoutera que ce succès résulte dans sa grande majorité de son activité dans les hydrocarbures, et intervient au moment où la crise du coût énergétique affecte durement le pouvoir d’achat des Français. Y a-t-il là un sujet éthique profond ?

Voilà la preuve que nous sommes au bout de la logique du capitalisme débridé. Ce n’est plus supportable et donc ce n’est plus tolérable. Ces deux dernières années, à quoi l’économie doit-elle d’avoir survécu ? A la puissance publique et ses nombreuses aides, aux impôts, à l’investissement des travailleurs, à la mobilisation du monde associatif comme à celle des partenaires sociaux (accords APLD pour maintenir l’emploi, etc.). Personne ne peut oser le nier. Et c’est ainsi que l’économie se porte bien mieux qu’on pouvait le redouter. Maintenant, il faut rendre. Ces entreprises doivent rendre. Comment ? De trois manières. D’abord, une plus juste répartition de la richesse via des négociations salariales de branches exigeantes. Quand je vois certaines de ces entreprises (Auchan, Bonduelle, etc.) accumuler d’immenses profits et concéder des miettes aux salariés, cela me révulse.

D’autre part, l’État doit maintenant s’engager dans une véritable conditionnalité des aides publiques – notamment au maintien et au développement de l’emploi de qualité -, dans une véritable répartition de la richesse, et dans une véritable bascule en faveur de la transition écologique. Et il faut appliquer un contrôle social aux aides versées. C’est ce que la CFDT propose à travers l’avis conforme du CSE (comité social et économique) ; les représentants du personnel doivent pouvoir s’assurer que les aides versées ont été justement utilisées.

Enfin, les entreprises doivent adopter des règles d’éthique bien plus strictes. Et en premier lieu abandonner le principe, insupportable, d’optimisation fiscale. Rappelons à quoi elle sert en priorité : soustraire aux salariés une partie de la richesse créée pour la convertir en dividendes. La fiscalité doit, aux fins de cette meilleure répartition de la richesse, être refondue autour de deux axes : un meilleur partage au sein de la chaîne de valeur – en faveur par exemple des sous-traitants - ; et aligner la taxation des revenus du capital sur celle des revenus du travail. Cette mesure est capitale, si on veut donner à la fois au travail sa juste valeur et au capital sa simple valeur.

« Stopper le déclin français » ( Laurent Wauquiez)

« Stopper le déclin français » ( Laurent Wauquiez)

Laurent Wauquiez président de la région Auvergne Rhône-Alpes insiste dans une interview au JDD sur la nécessité de retrouver la valeur travail en France pour stopper le déclin.

 

Valérie Pécresse a remporté le congrès des Républicains. Est-ce une bonne candidate pour 2022?
J’ai toujours dit que je serais totalement engagé derrière la personnalité qui sortirait vainqueur de notre congrès. Mon soutien à Valérie sera donc total, et je serai pleinement engagé dans cette campagne.

 

A quelle place souhaitez-vous participer à sa campagne?
Je ne m’engage pas pour une place. Ce qui sera utile, je le ferai. Le seul sujet, c’est réussir le redressement de notre pays, et j’y consacrerai toute mon énergie.

 

Lorsque vous présidiez le parti, Valérie Pécresse vous accusait de « rétrécir » la droite. Tout est pardonné?
Je ne vais pas faire semblant : il nous est arrivé d’avoir des désaccords. Mais on ne construit pas en regardant vers le passé. Je ne suis pas guidé par les rancœurs. Ce congrès a montré une vraie convergence des positions, chez tous les candidats. La droite est désormais rassemblée autour d’une vision commune, forte sur le régalien, exigeante sur la revalorisation du travail et la baisse de la dépense publique. Ces thèmes-là, je les défends depuis des années. Ça me fait plaisir de voir que les esprits ont évolué. L’époque où on nous parlait de droites irréconciliables est derrière nous.

 

La présidentielle de 2022 est-elle gagnable pour la droite?
La question n’est pas de savoir si on peut gagner. On doit gagner. Appelons les choses par leur nom : ce que nous vivons, c’est la décadence de notre pays, et ce, depuis des années. La responsabilité de notre génération pour cette élection est immense : la France va-t‑elle décrocher de l’Histoire durablement, changer de nature et s’appauvrir, ou est-elle capable de retrouver un élan ? Je m’engage dans cette campagne aux côtés de Valérie Pécresse avec une seule obsession : stopper le déclin français et retrouver l’espoir.

 

Vous retrouvez-vous dans le projet de Valérie Pécresse, ou faut-il qu’elle l’amende?
Que Valérie Pécresse reste fidèle au programme sur lequel elle a été élue me semble indispensable. Rien ne serait pire que changer de discours une fois la primaire passée, comme le suggèrent certains stratèges politiques en chambre soucieux d’acquérir des parts de marché politique. L’inconstance a beaucoup coûté à la droite par le passé. De grâce, gardons notre colonne vertébrale. Cela a toujours été mon repère en politique : soyons fidèles à nos convictions.

 

Quels doivent être les sujets majeurs de cette présidentielle?
Pour pouvoir se reconstruire, la France doit trancher deux nœuds gordiens. Le premier, c’est la déconstruction de notre rapport au travail. Il y a dix ans, je mettais en garde contre le danger que l’assistanat devienne un cancer pour notre société. Nous y sommes. Aujourd’hui, les entreprises n’arrivent pas à recruter, malgré le taux de chômage. Les Français n’ont pas perdu le sens du travail, c’est le travail qui a perdu son sens. Car la différence entre ce qu’on gagne en travaillant et ce qu’on gagne en restant chez soi est trop faible. La volonté de Valérie Pécresse de recreuser cet écart est donc fondamentale.

 

Elle souhaite augmenter de 10% les salaires, jusqu’à 3 000 euros net, ce qui coûterait 20 milliards d’euros… N’est-ce pas là « l’argent magique » que vous dénonciez?
Cela doit être financé par des économies, et nous avons montré dans nos Régions que nous savions faire. J’ai baissé de 15 % les dépenses administratives, dans ma Région. Les deux sont liés : tout ce que nous économiserons pourra être rendu aux Français. C’est le contraire du « quoi qu’il en coûte » : cesser de ponctionner des sommes toujours plus importantes et d’appauvrir les classes moyennes pour financer un appareil d’État dépensier. On peut rendre un service public meilleur sans injecter plus d’argent.

 

Son projet répond-il selon vous à la préoccupation identitaire?
C’est le deuxième nœud gordien : identité, défense de la France et reprise en main des sujets de sécurité. Valérie Pécresse a été d’une très grande clarté sur sa volonté de retrouver une fierté et une identité commune française.

 

La croissance va dépasser les 6% cette année, le chômage baisse. Est-ce que la droite aurait fait mieux?
Il serait caricatural de prétendre que rien n’a été fait. Mais ­Emmanuel Macron a-t‑il stoppé la décadence de notre pays? La montée de la violence a-t-elle été endiguée ? La tendance à produire de moins en moins et importer de plus en plus a-t‑elle été enrayée? Le communautarisme et l’islamisme ont-ils régressé dans nos quartiers? Non. Les fractures françaises ont continué à se creuser.

 

Emmanuel Macron a appelé cette semaine à ne pas « manipuler » l’Histoire. Qu’en pensez-vous?
Ce qui me laisse songeur chez Emmanuel Macron, c’est cette capacité à dire une chose et son contraire… Quand le même président de la République expliquait qu’il n’y avait pas de « culture française », que la colonisation était un « crime contre l’humanité », quand il est allé en Algérie humilier la France, n’était-il pas dans la manipulation de l’Histoire? Mais je le dis aussi avec netteté : quand Eric Zemmour prétend que le régime de Pétain aurait sauvé des Juifs, c’est inacceptable pour l’historien que je suis.

 

Eric Zemmour, est-ce un ami ou un adversaire?
Je ne me livrerai pas à la facilité de la diabolisation. Il y a, c’est une évidence, une angoisse des Français qui ne veulent pas que le pays change de nature. Mais Eric Zemmour ne peut pas gagner. Voter pour lui n’aura qu’une conséquence : permettre à Macron de poursuivre la politique qu’il mène et que pourtant une majorité de Français rejette.

Pourquoi?
Parce qu’il confond fermeté et brutalité. Les outrances ne font pas la force des convictions. Et puis il a la lucidité du constat, mais où est l’espoir? Où est l’avenir? Pour redresser le pays, il faudra de la lucidité et de l’optimisme. La lucidité, quand Emmanuel Macron préfère raconter une belle histoire plutôt que voir ce qu’il se passe. Et l’optimisme, parce qu’il n’y a aucune fatalité. Je suis convaincu que nous pouvons renouer avec un élan français.

 

Vous saluez sa « lucidité ». Zemmour a-t‑il aussi raison sur le constat d’un « grand remplacement »?
Il y a un danger qu’on ne reconnaisse plus, demain, la France qu’on aime. C’est une évidence, même si je n’utiliserais pas les mêmes mots.

« Plus personne ne veut travailler dans notre pays » (Laurent Wauquiez )

 « Plus personne ne veut travailler dans notre pays » (Laurent Wauquiez )

Laurent Wauquiez expose dans La Tribune (extrait) sa vision de la relocalisation, du travail, de la transition écologique, ou encore de la formation professionnelle.

 

 

Vous entamez un deuxième mandat à la tête de la région, quelles sont vos priorités économiques ?

LAURENT WAUQUIEZ - Avec 500.000 emplois industriels, soit un taux d’emplois industriels bien supérieur à la moyenne nationale et 52.000 établissements industriels, Auvergne Rhône-Alpes est la première région industrielle française. Notre territoire a su garder un entrepreneuriat familial. Je réamorce ainsi ce second mandat avec des repères.

Pour autant, notre pays est trop centralisé, ce qui pèse sur le dynamisme et la liberté laissés à nos entrepreneurs. Or, si l’on veut retrouver de l’énergie et de la liberté, il faut arrêter avec toutes ces règles administratives, centralisées, qui sont souvent en fort décalage avec la réalité du quotidien de la vie d’une entreprise. La crise du Covid a montré à quel point la France a payé le prix fort des erreurs accumulées pendant des années. Lorsque l’on dépend de la Chine, on dépend en effet de la Chine…

Vous avez mis la relocalisation comme l’une des priorités de votre programme à venir… Un vaste défi : comment comptez-vous l’aborder ?

Si notre région a pu proposer de la distribution de masques à un moment où personnes n’en avait, c’est précisément parce que l’on a su conserver ce terreau industriel.

J’assume cette politique régionale qui défend l’industrie. Ce qui me frappe, c’est que cela est presque devenu un gros mot en France. Si vous voulez être moderne, il faut parler de startups, de startup-nation, aller dans la Silicon Valley…

Si vous parlez de l’industrie, on vous regarde comme un « has been » : j’ai toujours pensé que c’était une gigantesque erreur. Pour moi, l’industrie est la première source de richesse et de création de valeur pour un pays, de création d’emplois, et nous voulons être la région qui défend l’industrie, et notamment le made in France.

Et en même temps, comment accompagner un sujet aussi lourd à l’échelle régionale ?

Auvergne Rhône-Alpes veut être une région tournée vers ses entreprises. Or, nous avons des entrepreneurs qui sont des champions, mais auxquels on demande de faire un sprint avec des boulets aux pieds… Un entrepreneur en France est confronté à des taxes et des charges qui, en s’ajoutant à l’impôt sur les sociétés, aboutissent à des coûts faramineux, qui grèvent leur compétitivité. A cause de cela, nous avons malheureusement perdu des projets d’attractivité qui devaient s’installer dans notre région.

Ce que j’ai essayé de mettre en place, et que je souhaite conserver pour ce second mandat, c’est d’essayer, au contraire, de leur faciliter la vie. Cela veut dire faire confiance aux entrepreneurs, alors que nous sommes dans un pays où l’administration repose trop souvent sur une méfiance par rapport au secteur privé.

Nous avons concrètement mis sur pied des politiques d’accompagnement pour leurs investissements, qui vont de l’investissement pour leurs machines à un accompagnement pour se déployer à l’export, à des partenariats pour leurs programmes de recherche…

Ma guerre, c’est de pouvoir leur proposer des dossiers simples, sans tracasserie administrative, en allant jusqu’à fusionner des agences existantes pour n’avoir qu’un seul point d’entrée qui puisse traiter une problématique d’apprentissage, de formation, d’export…

Dans votre discours de rentrée au Mézenc, vous évoquiez la notion du travail, et malgré les « attaques » que vous affirmez avoir subies après vos propos sur le « cancer de l’assistanat », cette notion vous tient aujourd’hui à cœur. Pour quelle raison ?

Le second problème, qui est aujourd’hui en train de devenir un enjeu majeur pour nos entreprises, c’est que plus personne ne veut travailler dans notre pays. C’est un défi fondamental. J’ai des entreprises qui définissent aujourd’hui leur activité, non pas en fonction de leurs commandes, mais des personnes qu’elles peuvent embaucher : c’est catastrophique.

Il faut mettre un nom sur les choses car sinon, on n’y arrivera jamais : on paie d’abord les conséquences de l’assistanat. Aujourd’hui, en France, la différence entre ce que l’on gagne en travaillant, et en restant chez soi, est trop faible.

On le voit très bien dans notre région, puisque ce sont les mêmes personnes qui vont de l’autre côté de la frontière, en Suisse, pour travailler plus de 40 heures par semaine. Mais ils gagnent deux fois plus et pour l’entrepreneur, le coût est quasiment le même, car il y a beaucoup moins de charges.

Le système social français fait que les charges retombent sur ceux qui travaillent. Et ceux qui en bénéficient sont prisonniers du piège de l’assistanat. C’est une facilité à court terme, mais cela ne leur permet pas de construire leur vie.

Que proposez-vous à ce titre, sur une question qui semble s’adresser en premier lieu à l’échelle nationale : quelle transcription possible à l’échelle régionale y voyez-vous ?

D’abord, il faut que des élus de terrain aient le courage de le dire : ce ne sont pas les Français qui ont perdu le sens du travail, mais le travail qui a perdu son sens. Il ne s’agit pas, comme le disait le Général de Gaulle, de sauter comme des cabris en criant : relocalisation, relocalisation.

C’est tout notre système social et économique qu’il faut revoir pour permettre de réussir cette relocalisation. Il faut d’abord des responsables politiques qui arrêtent de gaspiller l’argent public. Le « quoi qu’il en coûte », il n’y a pas de miracle, se retrouvera un jour sur la feuille de charges de l’entrepreneur.

Nous avons été la seule région française à avoir économisé sur ses dépenses de fonctionnement en fusionnant et le résultat, c’est que nous n’avons aucune augmentation de taxes et de charges. On a réduit de 15 % nos dépenses de fonctionnement, et nous n’avons fermé aucun service public, en démontrant ainsi qu’un service public plus efficace est possible.

 

L’un des marqueurs de votre mandat précédent aura justement été une forme de rigueur budgétaire assumée avec des économies de fonctionnement totalisant 1 milliard d’euros. Certains vous diront cependant qu’il vaut mieux s’endetter quand les taux sont bas. N’est-ce pas le moment d’emprunter ?

On trouvera toujours des politiques pour vous dire que c’est toujours le moment d’emprunter : soit parce que les taux sont bas, et c’est donc le moment de se ruiner, soit l’inverse. Je n’ai jamais cru à ça. Et il n’y a qu’à voir en Europe : la cigale c’est la France, et la fourmi c’est l’Allemagne. Lequel des deux réussit économiquement ?

Il faut arrêter l’argent facile, cela fait des années que l’on fait ça et cela nous a menés droit dans le mur. Pour une raison toute simple et que tout le monde comprend : vous n’avez ensuite plus la force de frappe pour investir, lorsque cela sera nécessaire.

En ce moment, l’Allemagne met des milliards sur la table pour prendre le tournant de l’automobile verte, car ils ont les moyens de le faire, à un moment où la France accuse 120 % de dette sur son PIB. Nous n’avons plus les moyens de mettre de l’argent sur la table pour une véritable stratégie économique ou industrielle.

Pour autant, on voit bien qu’il n’existe pas de « modèle » aujourd’hui pour financer ces gros dossiers industriels de gigafactory et c’est ce qui pose actuellement un problème en France…

Un cas comme celui de Verkor est intéressant, car il montre la manière dont un politique doit aborder un dossier industriel. Lorsque les fondateurs de cette startup sont venus me voir, ils ne comptaient que 30 collaborateurs et m’ont indiquer vouloir créer une industrie de 150 hectares avec 2.000 salariés.

Je me suis dit que ce n’était pas possible. Puis, je me suis renseigné, j’ai creusé le dossier,  j’ai vu ce qu’il se passait ailleurs, en Suède notamment (où le projet Northvolt, parti d’une toute petite équipe d’ingénieurs, s’est arrimé à Volkswagen ndlr), et je me suis aperçu que cette équipe avait de l’or dans les mains et que l’on tenait peut-être la pépite de demain.

Mais c’est typique du fait qu’un politique ne peut pas tout savoir et c’est donc pour cela que ce n’est pas à moi de décider, seul, version Louis XIV, qu’il y aura demain une gigafactory ici ou là.

C’est probablement cette tournure d’esprit que les politiques français n’ont pas suffisamment.

Il faut également être innovant et conquérant sur les métiers de demain, comme dans le cas d’Aledia, qui avec sa technologie de rupture, vise à inventer les LEDS de demain. C’est pour nous « le » gros dossier industriel de notre région, et que nous soutenons fortement par le biais de la recherche, de la politique de recrutement, et de son implantation, car son potentiel de création d’emplois est colossal. C’est l’équivalent d’Austerlitz, si l’on y arrive. Les grandes batailles d’aujourd’hui se font sur le terrain économique et les affrontements se traduisent par une compétition avec la Chine, les États-Unis, l’Inde… Et si l’on gagne, les montants sont colossaux.

Vous avez notamment annoncé au printemps dernier la création d’un fonds souverain régional, un outil de financement public-privé destiné à renforcer les fonds propres des entreprises régionales en pleine crise. Où en est-il ? À quels défis pourra-t-il réellement permettre de répondre ?

Nous sommes allés prendre des idées à ce sujet à l’étranger, comme en Flandre, en Bavière, en Lombardie ou en Catalogne, où partout, ce type de fonds existe. En France, on s’aperçoit en revanche que tout est centralisé, tout remonte au niveau national et ce, même au niveau des banques.

Or, ce n’est pas l’argent qui manque aujourd’hui, mais nous avons une aversion au risque. C’est là que le fonds souverain peut aider, d’autant plus que nous voulons commencer petit, mais qu’il gagne en force de frappe. Nous venons de finaliser un premier closing à 100 millions, et notre objectif est d’aller jusqu’à 1 milliard.

Quand un fonds souverain arrive dans une entreprise, cela crée nécessairement une confiance, qui rend ensuite les choses plus faciles. J’ai demandé à ce sujet que l’État vienne à nos côtés à hauteur de 30 millions, et j’attends encore la réponse. Concernant les investissements, ce ne sera pas moi qui déciderai, mais j’ai fixé mes priorités pour ce fonds, car nous voulons qu’il favorise l’entrepreneuriat familial, qu’il soutienne la croissance des PME…

L’objectif est d’avoir une vraie force de frappe. Nous réfléchissons aussi en complément à créer un établissement public porteur de foncier, car cette question devient en parallèle un enjeu essentiel pour les grands projets d’implantation, qui ne trouvent plus de terrain pour se développer. Nous avons d’ailleurs déjà réservé des terrains qui pourraient potentiellement permettre d’accueillir des gigafactories…

Sur le plan de la transition écologique, comment va se traduire votre propre positionnement face aux élus écologistes qui sont désormais à la tête de plusieurs villes ou métropoles de la région. On sait que la Région a déjà beaucoup investi dans la filière hydrogène, mais nous avons également le solaire, l’éolienne, les batteries, la biomasse… Souhaitez-vous équilibrer davantage le « mix » régional ?

Le développement durable et l’économie décarbonée sont à la fois une menace et une opportunité. Une menace aussi car, lorsque je vois la folie portée par les élus autoproclamés écologistes de Grenoble ou de Lyon, on a affaire à des gens qui ne croient plus au développement industriel, et qui ne veulent plus accueillir de nouvelles entreprises sur leur territoire.

C’est pour moi l’écologie idéologique, sectaire et punitive. Celle à laquelle je crois, c’est l’écologie qui repose sur le progrès, qui repose sur la science, sur l’investissement, sur nos entreprises et qui fait naître des produits de demain qui seront plus respectueux de l’environnement.

Nous avons été très moteurs sur l’hydrogène et c’est l’un des domaines où nous avons travaillé avec des fonds européens, avec une culture de travail public-privé. Nous avons par exemple participé à la création d’une joint-venture avec Michelin et Engie (Hympulsion, dans le cadre du projet Zero Emission Valley, ndlr), en associant les PME de la région, pour devenir leader sur la fabrication de stations de recharge d’hydrogène.

Ce que l’on voudrait, en dehors du train à hydrogène, c’est être également les premiers à construire des cars à hydrogène. Car on oublie souvent que la première façon de faire du développement durable, c’est de fabriquer chez nous.

Vous avez jusqu’ici peu parlé de certaines filières comme le nucléaire, le solaire, l’éolien, qui font néanmoins partie du mix énergétique attendu pour accompagner la transition énergétique… Y êtes-vous favorable ?

Notre ambition est d’être à la fois la première région industrielle et en même temps, la première région verte. On est très en pointe sur la fabrication d’énergies renouvelables, mais en même temps, l’énergie nucléaire en est la raison, et je l’assume parfaitement, parce que tout est lié. Il faut développer à la fois le nucléaire, les panneaux photovoltaïques, les hydroliennes, la géothermie, etc.

Mais il ne faut pas lâcher le nucléaire, car c’est ce qui nous permet d’avoir l’énergie la moins chère d’Europe et qui constitue l’un des rares avantages compétitifs que nous offrons à nos industriels.

Nous avons beaucoup de sujets à considérer comme les vignobles dans la vallée du Rhône, qui s’ils étaient équipés d’ombrières solaires, seraient protégés du soleil et pourraient  produire de l’énergie. Cela constitue une façon neuve d’aborder la question de l’énergie.

Je le dis, en revanche : je suis très réticent à l’éolien, car cela saccage nos paysages. Donc je dirai à ceux qui ont des projets éoliens : allez voir ailleurs, parce que ce n’est pas ce que nous souhaitons encourager.

La question de la formation professionnelle est l’un des autres gros « morceaux » de l’action régionale. Quelles orientations souhaitez-vous impulser pour ce second mandat, où l’on vient de le voir, des enjeux se posent concernant l’accompagnement du recrutement et de la reconversion pour plusieurs secteurs économiques, à commencer par l’industrie. L’outil du Plan investissement dans les compétences (PIC), que la région Auvergne Rhône-Alpes avait pourtant choisi de déléguer à Pôle emploi, sera-t-il réévalué ?

Il faut bien entendu accompagner le recrutement. Toute une partie relève nécessairement de l’assurance-chômage, du système du RSA, mais il y a des choses que nous pouvons aussi faire à l’échelle régionale. Cela commence par le fait d’éviter qu’en France, lorsque l’on parle d’industrie, on identifie ce sujet à Germinal.

Pour cela, nous avons par exemple déployé des pôles de formation ultramodernes avec Michelin, qui permettent de donner l’image de ce qu’est véritablement l’industrie d’aujourd’hui, moderne, attractive, avec des métiers passionnants. Nous essayons aussi de multiplier les salons temporaires, où les étudiants et lycéens peuvent, sous forme de serious games, découvrir l’industrie. Ce sont des choses auxquelles je crois beaucoup, parce que cela leur donne envie.

Et évidemment, il s’agit aussi de prendre des personnes en reconversion et de leur proposer des formations liées à ces métiers. Mais sur ce point, on souhaite prendre des personnes qui soient volontaires : lorsque l’on constate que certains candidats partent en formation uniquement pour recharger les droits assurance-chômage et arrêtent la formation à mi-parcours, on les retire de nos listes. Cela doit aussi fonctionner avec un système de responsabilisation.

Se pose notamment la question de la reconversion professionnelle face aux métiers qui vont être bouleversés par la transition écologique : la Région possède la compétence sur le sujet de la formation. Songez-vous à vous poser comme chef de file afin de réorienter des filières comme l’automobile et le diesel vers de nouveaux métiers en tension ?

Je crois qu’il faut d’abord arrêter de partir d’une liste de rêves, complètement déconnectés de la réalité du marché du travail, et engager plutôt une réflexion à partir des métiers en tension, afin de définir une formation.

Ce sera notre logique et c’est ce que j’ai demandé à mes équipes, de réaliser un inventaire de ces entrepreneurs qui n’arrivent pas à recruter, à partir desquels on peut ensuite définir un catalogue de formations. Pour moi, ce qui fonctionne le mieux ce sont les formations en entreprise, et non pas les stages « parking » ou la multiplication des formations « feux d’artifice ».

Je suis par ailleurs avec beaucoup d’attention la reconversion du diesel et force est de constater que l’on paie d’ailleurs, à ce sujet, une absence totale de stratégie industrielle pour subventionner les véhicules électriques. Ce qui serait intelligent, c’est de pousser l’hydrogène, où il y a des pièces à usiner. Ou de dire que l’on ne subventionne que les véhicules électriques fabriqués en Europe. Ou encore de profiter pour mettre en place un plan stratégique pour développer la fabrication de batteries et voitures électriques dans le pays.

 

Que pensez-vous des dispositifs expérimentés à ce sujet à l’échelle nationale, comme le programme Territoire Zéro Chômeurs qui s’élargit actuellement à 60 territoires : est-ce un outil complémentaire ?

Je n’y crois pas du tout. Je pense que ce sont des dispositifs complètement « gadget », où l’on fait de la com’. C’est même typique de la folie française, car nous sommes aujourd’hui dans un pays où l’on est allé jusqu’au stade où même les salaires étaient payés par l’État.

En réalité, ces dispositifs poussent les gens parfois vers des formations artificielles, des faux jobs, ou des contrats aidés. Être un territoire zéro chômeurs, cela ne se décrète pas et découle de l’action même d’un territoire et de ses acteurs. C’est ce que font les entreprises de la vallée de l’Arve, lorsque des entrepreneurs de la plasturgie se battent par exemple pour développer l’emploi. Pour avoir zéro chômeurs, il faut plutôt faire confiance aux entrepreneurs.

Vous aviez également placé la digitalisation comme un axe fort de ce nouveau mandat. La thématique n’est pas nouvelle, mais comment comptez-vous l’aborder ?

Sur ce terrain également, on peut aller plus loin, afin de répondre aux grands défis qui se posent devant nous. Et à ce titre, je n’entends pas les applications smartphone, mais comment on construit plutôt la mutation digitale de l’industrie, dans un pays où 40 % des PME n’ont aucun projet numérique.

Or, toutes les entreprises seront affectées par cette transformation, y compris des acteurs de la santé qui conçoivent, par exemple, des pompes à insuline, et pour lesquelles le défi sera de rendre leurs données connectées. Même chose pour les fabricants de parapentes qui souhaitent pouvoir recevoir aujourd’hui des mesures connectées, ou pour les acteurs de l’aéronautique. Nous utilisons d’ailleurs les fonds européens dans ce sens. C’est la même chose dans le domaine du développement durable et l’économie décarbonée.

Trente pour cent du réchauffement climatique à l’horizon 2030 seront générés par nos emails et par nos serveurs Internet. C’est délirant. C’est-à-dire que les emails que vous échangez chaque jour passent par des serveurs extrêmement consommateurs d’énergie. Et là, nous avons par exemple une petite pépite en Haute-Savoie qui est CoolLabs, et qui a eu l’idée de mettre les cartes de serveurs Internet dans un liquide qui va récupérer l’énergie, pour ensuite la réutiliser pour fabriquer de l’électricité et alimenter d’autres usages. C’est donc ça, l’écologie qui m’intéresse.

Autre priorité esquissée pour ce second mandat : la santé, qui avait déjà occupé une place non négligeable au cours des six dernières années, avec une croissance considérable de votre budget et des initiatives fortes comme la grande campagne de tests menée à l’échelle de la région. Allez-vous continuer à investir autant ?

Je crois qu’il faut tirer les leçons de cette crise et celle-ci a démontré que nous payons un vrai décrochage français. Nous sommes la seule puissance industrielle du Conseil de sécurité de l’ONU qui a été incapable de sortir son propre vaccin. Je pense que l’on a vraiment intérêt à ne pas se raconter d’histoires, il vaut mieux que l’on en tire les leçons.

D’abord, il nous a manqué des industries qui étaient capables de fabriquer en France. C’est pour cela qu’il faut défendre le made in France dans le domaine de la pharma. Mais il n’y a rien, l’irrémédiable.

Pour réussir le pari de la relocalisation, il faudra nous appuyer sur notre écosystème. Car on a la chance d’avoir avec nous des leaders et des entreprises comme l’Institut Mérieux, ou le façonnier du secteur pharmaceutique Fareva, qui a même racheté des sites qui auraient pu devenir des friches industrielles.

Deuxième ambition : inciter nos laboratoires de recherche ainsi que notre écosystème d’entrepreneurs à travailler ensemble et enfin, former et travailler, comme nous sommes en train de le faire avec Alain Mérieux, à la possibilité de mettre en place une école de formation sur des compétences recherchées, comme les techniciens de laboratoires.

On assiste également depuis quelques jours à la fin du « quoi qu’il en coûte » tel qu’on l’a connu jusqu’ici, suite aux annonces du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire. Quelle sera votre politique de soutien aux entreprises au sens large, craignez-vous de devoir abonder ou réorienter votre aide envers certains secteurs clés au sein du tissu régional, comme l’événementiel ou la montagne ?

Je me suis toujours méfié dès le début du « quoi qu’il en coûte ». Car à l’arrivée, le danger est que ce soient les entreprises qui payent. Dans notre région, nous n’avons pas suivi ce chemin : nous avons suivi l’approche allemande. Chaque euro que l’on a mis, on a veillé à ce qu’il ne soit pas gaspillé, à ce qu’il aide ceux qui en avaient besoin.

Cela donne aujourd’hui à notre région une grosse force de frappe pour accompagner des projets économiques et industriels, là où d’autres territoires sont plus courts financièrement.

On a anticipé les choses pour être capables de mettre de l’argent sur la table comme avec la montagne, où l’on va investir fortement pour accompagner nos stations de ski. Et voilà. Je n’ai jamais cru à la stratégie défensive, mais pour faire de l’offensive, il faut avoir les moyens.

V

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