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PS : De l’audace encore de l’audace ! Ou le dernier cri avant extinction ?

 PS : De l’audace encore de l’audace ! Ou le dernier cri avant extinction ?

Dans son essai, le député PS des Landes Boris Vallaud ancien énarque propose des pistes pour un prochain gouvernement de gauche, une rupture en faveur d’une « République sociale » qui permette d’affronter un « monde qui se défait ».De l’audace encore de l’audace ou peut-être le dernier cri avant extinction d’un parti socialiste qui n’en finit pas de mourir. Un cri qui aura du mal à être entendu car venant précisément d’un ancien énarque archétype du responsable socialiste qui a coulé le parti.

 

 

Livre.
 Réfléchir à l’après-crise sanitaire et économique et s’interroger sur la pertinence des valeurs chères à la gauche. Dans Un esprit de résistance, Boris Vallaud, député des Landes et une des principales voix du Parti socialiste à l’Assemblée nationale, s’est lancé dans une entreprise risquée. Les pistes qu’il propose ont le mérite de tenter un nouveau récit à un an de la présidentielle.C’est en s’appuyant tout à la fois sur son expérience de directeur de cabinet d’un gros ministère – il fut celui d’Arnaud Montebourg au ministère du redressement productif (en 2013-2014) – et de député du terrain que le responsable du projet du Parti socialiste pour l’élection présidentielle de 2022 entend renouer avec l’audace d’une gauche réformatrice. L’essai revient d’abord sur la récession liée à la pandémie et ses répercussions sur un Etat social déjà bien mis à mal par vingt ans de libéralisme. L’auteur se souvient alors de ses jeunes années de sous-préfet et le « sentiment d’impuissance » qu’il a pu éprouver, et éprouve encore comme député devant l’affaiblissement de l’Etat.

Fidélité à l’Europe

Il décrit avec justesse la détresse sociale dont il est témoin, avec le creusement abyssal des inégalités : celle de ces « Daniel Blake », travailleur pauvre, héros éponyme du film de Ken Loach (en 2016), qu’il voit frapper à la porte de sa permanence. Des électeurs des classes populaires, laissés pour compte de la mondialisation, s’enfonçant un peu plus dans la pauvreté, qui ont formé le gros des troupes des « gilets jaunes ».

 

Le ténor socialiste prône – et ce n’est pas une surprise venant d’un ancien proche de Montebourg – « une souveraineté politique qui s’impose à l’ordre économique », afin de retrouver, face à la mondialisation des échanges, une capacité d’action tant industrielle qu’agricole. Mais s’il vante un mode de régulation par le pouvoir politique de la puissance du marché, il le fait, et c’est là son originalité, sans abandonner la fidélité exigeante envers l’Europe qu’il juge urgent de ne pas lâcher.

Boris Vallaud s’essaie ensuite à quelques propositions de réformes et de changement d’optique pour un prochain gouvernement de gauche, alliant renouvellement démocratique et justice sociale : scrutin préférentiel pour une Assemblée nationale renouvelée, protection sociale universelle et inconditionnelle pour « s’adapter aux mutations du salariat », revenu de base sans condition pour les jeunes, « salaire maximum de décence » pour limiter les rémunérations des grands patrons… Bref, explique-t-il, une rupture en faveur d’une « République sociale » qui permette d’affronter un « monde qui se défait ».

«L’audace de Joe Biden»

«L’audace de Joe Biden»

« Le regard attentif que les progressistes du monde entier portent sur Joe Biden montre que l’enjeu dépasse de loin la symbolique des 100 jours », analyse Matt Browne dans le Wall Street Journal. 

 

Les 100 premiers jours d’un Président nouvellement élu revêtent une dimension symbolique importante et leur évaluation est déterminante pour le succès d’un mandat. Joe Biden ne déroge pas à la règle, mais le regard attentif que les progressistes du monde entier portent sur lui montre que l’enjeu dépasse de loin la symbolique des 100 jours. Les progressistes évaluent en effet non seulement ses premiers succès, mais font également un premier bilan de son positionnement, manifestement en rupture avec le paradigme hérité de la « troisième voie » qu’avaient suivie ses prédécesseurs.

Capital politique. En premier lieu, il faut avoir à l’esprit qu’en matière de stratégie politique comme de l’utilisation de son « capital politique », Joe Biden a fait le choix d’un changement radical. Je me souviens, au début des années 2000, d’une conversation animée en marge d’un sommet sur la gouvernance progressiste. Les conseillers de Tony Blair essayaient de persuader ceux de Gerhard Schrœder de faire avancer les réformes jugées indispensables sur le marché du travail en Allemagne. L’idée clef était de savoir s’il fallait intervenir dès que possible, au début d’un mandat, afin de « faire les choses difficiles pendant que vous en avez le capital politique » et dans l’espoir d’en recueillir les bénéfices politiques par la suite. La suite, nous la connaissons, Schrœder a fait le choix d’attendre, et beaucoup affirment qu’au final c’est Angela Merkel qui en a récolté les bénéfices politiques attendus.

C’est pour cette raison que Joe Biden n’a pas perdu de temps pour mettre en œuvre son programme. Et finalement, le risque d’un impact négatif sur son capital politique ne s’est à ce stade pas concrétisé. Lorsqu’il a prêté serment, chacun avait conscience que la capacité de Biden à distribuer rapidement des vaccins et à faire passer une large réforme budgétaire pour endiguer le ralentissement économique semblait plus que faible. Et pourtant, les difficultés se sont avérées bien moins importantes que prévu.

En faisant preuve d’une si grande célérité, Biden n’a en réalité aucunement érodé son capital politique. Au contraire, il a clairement fait le choix d’investir dans un programme certes risqué, mais qui a produit des dividendes politiques immédiatement – et c’est déjà un fait notable

Les décisions politiques de Biden ont été très largement soutenues par le grand public – mieux encore, le rejet et le doute sur la vaccination a diminué – et même, fait notable, au sein du Parti républicain. De plus, le grand public est venu fortement soutenir son intention de financer les investissements d’avenir dans les infrastructures de transport, les énergies renouvelables, l’éducation et la garde d’enfants, financés par la taxation des entreprises les plus riches et rentables.

En agissant ainsi, avec une telle audace (l’audace, dans le titre, fait référence à Obama et son ouvrage The audacity of Hope) et en faisant preuve d’une si grande célérité, Biden n’a en réalité aucunement érodé son capital politique. Au contraire, il a clairement fait le choix d’investir dans un programme certes risqué, mais qui a produit des dividendes politiques immédiatement – et c’est déjà un fait notable.

En second lieu, le programme de relance de Biden repose sur une philosophie économique fondamentalement différente de celle qui sous-tendait la « troisième voie ». Sa décision, par exemple, de fournir un soutien inconditionnel à ceux qui en ont besoin ou de promouvoir l’idée d’une aide universelle à la garde des enfants contraste fortement avec l’approche des années 1990 et 2000, où les prestations d’aide sociale étaient toujours liées à des incitations conditionnées à un retour à l’activité.

De plus, alors que la politique de la « troisième voie » cherchait à encourager les entreprises avec des réductions d’impôts destinées à soutenir la croissance pour faire croître « la part du gâteau » de chacun dans les fruits de la croissance, le plan dédié aux familles annoncé par Biden réalise l’exact contraire. Son plan sera exclusivement financé par les impôts des sociétés les plus riches et rentables de son pays. Or, la vision de l’économie ici à l’œuvre est très différente : il ne s’agit plus de parts de croissance à redistribuer, mais cela repose sur la conviction qu’une partie fondamentale de l’économie – la santé, l’éducation et le bien-être des travailleurs – est au cœur de la croissance économique et doit faire l’objet d’un investissement massif, quoiqu’il en coûte par ailleurs.

Enfin, Biden a adopté une position beaucoup plus critique et agressive que ses prédécesseurs Obama ou Clinton à l’égard de la mondialisation. Les tenants de la troisième voie pensaient généralement qu’il n’y avait pas grand-chose à faire pour limiter certains des effets les plus négatifs de la mondialisation. Même Gordon Brown a pu comparer la finance mondiale aux mouvements des oiseaux migrateurs, affirmant que le capital international fuirait toujours les environnements hostiles au profit des climats plus tempérés.

Biden marque un changement significatif par rapport à la politique progressiste de ses prédécesseurs et se rapproche davantage de la politique d’après-guerre menée par Franklin Delano Roosevelt

C’est tout le contraire de l’initiative de Joe Biden et de sa secrétaire au Trésor, Janet Yellen. Ils ont déjà proposé un taux de base global pour l’impôt sur les sociétés et la suppression des paradis fiscaux qui ont jusqu’à présent permis aux entreprises multinationales d’optimiser largement les montants de leurs redevances à travers le monde. Enfin, au cours de ses 100 premiers jours, Biden a également clairement affiché sa volonté de reprendre l’initiative sur le climat, en organisant un sommet des leaders mondiaux pour la Journée de la Terre.

Et, pour l’avenir, le président semble avoir l’intention de compléter cet internationalisme économique et climatique par une défense encore plus forte des valeurs démocratiques dans le monde. Or, si la pandémie peut l’empêcher d’organiser un sommet pour la démocratie au cours de sa première année de mandat, il apparaît évident que sa volonté d’affronter les ennemis de la démocratie, à l’intérieur de ses frontières comme à l’extérieur, est bien plus grande que ses prédécesseurs.

Ainsi, la volonté de Joe Biden de faire preuve d’audace pour rebâtir une meilleure politique, plus juste, plus verte, s’incarne dans cette nouvelle vision économique, tout comme dans cette volonté de s’attacher à une compréhension plus profonde de l’impact du contexte mondial sur la politique intérieure de son pays. En ce sens, il marque un changement significatif par rapport à la politique progressiste de ses prédécesseurs et se rapproche davantage de la politique d’après-guerre menée par Franklin Delano Roosevelt. La question de savoir si ce choix inspirera les progressistes au-delà de ses frontières reste entière.

Toutefois, dans les faits, il faut simplement constater que le capital politique de Biden ne s’est pas érodé jusqu’à présent. Bien au contraire, il n’a fait que croître. Mais les défis les plus difficiles restent à relever. Et bien que ses initiatives politiques aient été populaires jusqu’à maintenant, il n’en reste pas moins que beaucoup de ceux qui ont voté pour le président Biden s’attendaient à ce qu’il soit beaucoup plus prudent et mesuré qu’il ne l’a été jusque-là. Il est encore bien trop tôt pour dire si c’était un choix gagnant.

Il est certain, en revanche, que Joe Biden a sans aucun doute fait un choix de départ très audacieux.

Matt Browne est fondateur de Global Progress et Senior Fellow au Center for American Progress, à Washington DC




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