Archive pour le Tag 'l’auberge'

BRICS : L’auberge Espagnole

BRICS :L’auberge Espagnole

Les Brics se caractérisent- comme le sud- global- comme une espèce de conglomérat de pays qui ont en commun la contestation de l’Occident pour mieux dissimuler le caractère peu démocratique de leur régime voire de leur dictature ou encore de leur incompétence NDLR

Pour la politiste Mélanie Albaret, l’année 2023 aura été marquée par l’élargissement de l’entente économique des cinq pays Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud (BRICS), forte aujourd’hui de cinq nouveaux membres. Dans une tribune pour le « Bilan du Monde », elle observe que ce groupe, qui tend à se démarquer voire s’opposer au monde occidental, est loin d’être uni et homogène.

Le président chinois Xi Jinping (à dr.) et le président sud-africain Cyril Ramaphosa (à g.) lors du XVe sommet des Brics de Johannesburg, le 24 août 2023. ALET PRETORIUS / AFP
L’acronyme BRICS renvoie à deux dynamiques distinctes. D’une part, à l’initiative de Jim O’Neill, alors économiste à Goldman Sachs, il désigne, à partir de 2001, quatre pays – Brésil, Russie, Inde, Chine – dont la croissance de chacun s’annonce prometteuse. BRIC, dans ce cas, s’inscrit dans une perspective économique qui considère chaque pays indépendamment des autres. D’autre part, à partir du milieu des années 2000 et notamment du premier sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des BRIC à Ekaterinbourg (Russie) en 2009, l’acronyme fait référence à une action collective politique : la construction d’un club de pays souvent qualifiés d’émergents.

Cet article est tiré du « Bilan du Monde, édition 2024 ». Ce hors-série est en vente dans les kiosques ou par Internet en se rendant sur le site de notre boutique.

C’est à ce second concept que nous nous intéressons. Le 24 août 2023, à l’issue de son 15e sommet, le groupe BRICS annonce son élargissement à six nouveaux Etats. A compter du 1er janvier 2024, l’Arabie saoudite, l’Argentine, l’Egypte, les Emirats arabes unis, l’Ethiopie et l’Iran sont invités à faire partie du club. Si ce n’est pas la première fois que le cercle s’agrandit – le groupe devenant BRICS avec l’intégration de l’Afrique du Sud en 2011 –, l’augmentation importante du nombre de membres ainsi que leur choix ont relancé les commentaires sur la contestation de l’ordre international occidental par le Sud global, dont le groupe BRICS assurerait le leadership.

Constitution de la Ve République : l’auberge Espagnole des politiques impuissants

Constitution de la Ve République : l’auberge Espagnole des impuissants

Presque éthylique chaque président de la république en difficulté politique cherche à détourner l’attention en envisageant de modifier la constitution pour la énième fois. Pas vraiment d’ailleurs une modification fondamentale mais des ajouts superfétatoires alors que les grands principes ne sont même pas respectés. Par exemple le rôle du Parlement ou même celui du Premier ministre renvoyé à des rôles accessoires. Cette fois, Macon président sans doute le plus impopulaire de toute la Ve République cherche n’importe quel motif pour obtenir un « oui » majoritaire à un référendum avec une question inutile du style « voulez-vous être plus heureux et plus libre ».

Parmi les sujets de référendum, il envisage d’inclure la question de l’IVG dans la constitution. Or ce droit qui découle de la loi Veil n’est contesté par personne ni dans son principe ni dans son application.

À ce compte si on continue d’inscrire des questions sociétales, tout va y passer c’est-à-dire tous les droits des différentes catégories de la société. La constitution va devenir une sorte d’auberge espagnole.

Pourtant dans de nombreux pays la constitution établit une fois pour toutes ne subit ensuite pratiquement aucune modification et la démocratie ne s’en porte pas plus mal.

En réalité, c’est parce que le pays connaît une profonde crise politique, économique, social et sociétal que le président cherche un cache-misère pour faire oublier les vrais problèmes en utilisant un artifice pour enfin dépasser les 25 % seulement des Français qui le soutiennent.

Et la constitution devient comme souvent l’artifice des présidents impuissants. Car c’est bien l’impuissance qui caractérise l’action d’un président de plus en plus isolé et politiquement considéré comme de plus en plus illégitime voire dangereux. En effet, on ne saurait autoriser le bricolage permanent de la démocratie des textes et les institutions qui l’encadrent.

Politique-Programme Borne: l’auberge espagnole

Politique-Programme Borne: l’auberge espagnole

La Première ministre a bien tenté de reprendre les innombrables réformes évoquées par Macron mais sans conviction, sans grande précision et encore moins sans grande indication de calendrier. Des réformes qui pourraient demander des années voir des dizaines d’années. L’impression très nette que la première ministre en place provisoirement avance dans le brouillard avec un programme surréaliste. Surtout des thèmes savamment choisis de portée assez relative mais susceptible de recueillir une majorité à l’Assemblée nationale.

Pour commencer la première ministre a renvoyé la loi sur l’immigration à la fin de l’année voir aux calendes grecques.

• « France travail » pour remplacer Pôle emploi
Lancé en 2008 par Nicolas Sarkozy, Pôle emploi va devenir France travail, a confirmé la locataire de Matignon. Promesse de campagne d’Emmanuel Macron, cette nouvelle institution doit permettre de réunir dans un seul organe l’insertion professionnelle, la recherche d’emploi et la formation, actuellement sous l’égide des régions.

Ce texte n’inclura pas les éléments sur l’index senior et le CDI senior retirés de la réforme des retraites lors de son examen par le Conseil constitutionnel et seront intégrés dans un texte prévu début 2024 après échange avec les partenaires sociaux, a précisé Matignon.

• Une loi sur le partage de la valeur en entreprise pour augmenter la rémunération
La cheffe du gouvernement a mis le cap sur un futur texte « dans les trois mois » pour acter dans la loi l’obligation pour les entreprises de 11 à 50 salariés d’ouvrir la participation et l’intéressement.

• Le remplacement des professeurs absents amélioré « dès la rentrée »
Élisabeth Borne veut lutter contre l’absence des professeurs devant les élèves.

« Dès la rentrée, les remplacements seront effectués au sein même de l’établissement », a annoncé la Première ministre, sans donner de détails précis. Le soutien en français et en mathématiques dans les écoles primaires sera également « généralisé ».

• Le maintien du bouclier tarifaire sur l’électricité jusqu’à la fin 2023
Face à la flambée des prix de l’énergie, Élisabeth Borne assure vouloir maintenir le bouclier tarifaire lancée sur le gaz et l’électricité fin 2021 jusqu’à la fin de cette année. Bruno Le Maire annonçait, lui, ces derniers jours un bouclier tarifaire sur l’électricité maintenu jusqu’en 2025.

La Première ministre a également indiqué un point « sur le trimestre anti-inflation » lancée par la grande distribution, dont le bilan est très mitigé pour l’instant.

• Un projet de loi « l’industrie verte » présenté mi-mai
Élisabeth Borne veut mettre le cap sur la décarbonation de l’industrie en lançant notamment la création d’un plan d’épargne « Avenir climat » et faciliter l’implantation des sites industriels.

• Une future loi numérique pour éviter « les arnaques »
Élisabeth Borne a annoncé une future loi sur le numérique qui comprendra notamment un « filtre anti-arnaque » et le « renforcement » du blocage des sites pornographiques à destination des moins de 18 ans.

Une sorte de programme de type auberge espagnol qui évite surtout les oppositions les plus prévisibles mais un réformismes qui avancent dans le brouillard fautede vision et de marge politique

Programme Borne: l’auberge espagnole

Programme Borne: l’auberge espagnole

La Première ministre a bien tenté de reprendre les innombrables réformes évoquées par Macron mais sans conviction, sans grande précision et encore moins sans grande indication de calendrier. Des réformes qui pourraient demander des années voir des dizaines d’années. L’impression très nette que la première ministre en place provisoirement avance dans le brouillard avec un programme surréaliste. Surtout des thèmes savamment choisis de portée assez relative mais susceptible de recueillir une majorité à l’Assemblée nationale.

Pour commencer la première ministre a renvoyé la loi sur l’immigration à la fin de l’année voir aux calendes grecques.

• « France travail » pour remplacer Pôle emploi
Lancé en 2008 par Nicolas Sarkozy, Pôle emploi va devenir France travail, a confirmé la locataire de Matignon. Promesse de campagne d’Emmanuel Macron, cette nouvelle institution doit permettre de réunir dans un seul organe l’insertion professionnelle, la recherche d’emploi et la formation, actuellement sous l’égide des régions.

Ce texte n’inclura pas les éléments sur l’index senior et le CDI senior retirés de la réforme des retraites lors de son examen par le Conseil constitutionnel et seront intégrés dans un texte prévu début 2024 après échange avec les partenaires sociaux, a précisé Matignon.

• Une loi sur le partage de la valeur en entreprise pour augmenter la rémunération
La cheffe du gouvernement a mis le cap sur un futur texte « dans les trois mois » pour acter dans la loi l’obligation pour les entreprises de 11 à 50 salariés d’ouvrir la participation et l’intéressement.

• Le remplacement des professeurs absents amélioré « dès la rentrée »
Élisabeth Borne veut lutter contre l’absence des professeurs devant les élèves.

« Dès la rentrée, les remplacements seront effectués au sein même de l’établissement », a annoncé la Première ministre, sans donner de détails précis. Le soutien en français et en mathématiques dans les écoles primaires sera également « généralisé ».

• Le maintien du bouclier tarifaire sur l’électricité jusqu’à la fin 2023
Face à la flambée des prix de l’énergie, Élisabeth Borne assure vouloir maintenir le bouclier tarifaire lancée sur le gaz et l’électricité fin 2021 jusqu’à la fin de cette année. Bruno Le Maire annonçait, lui, ces derniers jours un bouclier tarifaire sur l’électricité maintenu jusqu’en 2025.

La Première ministre a également indiqué un point « sur le trimestre anti-inflation » lancée par la grande distribution, dont le bilan est très mitigé pour l’instant.

• Un projet de loi « l’industrie verte » présenté mi-mai
Élisabeth Borne veut mettre le cap sur la décarbonation de l’industrie en lançant notamment la création d’un plan d’épargne « Avenir climat » et faciliter l’implantation des sites industriels.

• Une future loi numérique pour éviter « les arnaques »
Élisabeth Borne a annoncé une future loi sur le numérique qui comprendra notamment un « filtre anti-arnaque » et le « renforcement » du blocage des sites pornographiques à destination des moins de 18 ans.

Une sorte de programme de type auberge espagnol qui évite surtout les oppositions les plus prévisibles mais un réformismes qui avancent dans le brouillard fautede vision et de marge politique

Le centre, l’auberge espagnole d’Emmanuel Macron

Le centre,  l’auberge espagnole d’Emmanuel Macron

La cohérence de la majorité présidentielle se définit de plus en plus par rapport à l’extérieur, tandis qu’elle jongle en interne entre ses différentes chapelles. Par Thomas Frinault, Université Rennes 2

 

Lors d’une interview sur France Culture (18 avril 2022), Emmanuel Macron qualifia son projet politique d’« extrême centre », par opposition aux deux autres blocs politiques. Le macronisme a-t-il trouvé là sa définition ?

Dans L’extrême-centre ou le poison français, 1789-2019, l’historien Pierre Serna, rappelait comment les « matrices des politiques possibles » avaient toutes étés inventées durant la période révolutionnaire. En effet, le centre politique n’existerait pas sans la droite et la gauche, soit des catégorisations politiques nées d’une pratique d’assemblée et d’une topographie parlementaire apparues à la fin du XVIIIe siècle. Le philosophe Marcel Gauchet a quant à lui bien démontré le rôle de l’offre politique et sa structuration historique.

C’est notamment avec le débat sur l’octroi du veto au roi que l’hémicycle s’est départagé entre sa partie gauche (hostile au veto royal) et sa partie droite (favorable au veto).

Si la Révolution refusait alors le clivage droite/gauche au nom de la souveraineté nationale, de l’expression unanimiste d’une Nation tendue vers le gouvernement de la Raison, c’est véritablement sous la Restauration que la géographie gauche-droite a été scellée avec la constitution d’un parti ultra(royaliste), défenseur du caractère sacré de la royauté.

Le début d’un système de positions fixes

C’est alors le début d’un système de positions fixes qui se réunit au gré des élections et des renouvellements au sein de l’espace parlementaire, avant que le clivage droite ne se généralise à l’ensemble du pays, pour se penser et se situer en politique, avec le surgissement de l’affaire Dreyfus à la fin du XIXe siècle.

Il faut également remonter à la période révolutionnaire pour trouver de très de nombreux députés de la Convention siéger au sein de la Plaine (aussi appelé Marais) en référence à sa position au centre et en bas de l’hémicycle, par opposition aux Montagnards assis sur les bancs en haut et à gauche de l’hémicycle. Ces très nombreux députés, le plus souvent issus de la bourgeoisie libérale et républicaine, sont attachés aux conquêtes de 1789 (se démarquant des monarchistes) tout en refusant les excès révolutionnaires des Montagnards.

Considérant ce système de position, l’entreprise politique contemporaine de conquête et d’exercice du pouvoir d’Emmanuel Macron s’apparente bien à l’idée de centre, soit une force politique à la fois centrale et intercalée se présentant sous le jour d’un rassemblement de Républicains modérés.

Le macronisme occupe d’autant mieux cette position centrale qu’il a ressuscité des logiques tripartites observées au cours des précédentes républiques parlementaires, lorsque la formation de blocs centraux visait, entre autres choses, à neutraliser les ailes « indésirables ». On pense ainsi au cabinet de Jules Méline (1896-1898), union de modérés écartant aussi bien les tenants à droite d’un déracinement de la République que les ennemis à l’extrême gauche de l’ordre social libéral ; ou à la coalition de la Troisième force, sous la IVe République, ayant pour dessein d’écarter du pouvoir aussi bien les communistes que les gaullistes.

Cette tripartition contemporaine prend à revers le dualisme institué sous la Ve République, chaque force politique étant ici conduite, par son idéologie et/ou par ses alliances, à s’ancrer dans le camp de la droite ou dans celui de la gauche.

En 2022, plus encore qu’en 2017, cet attelage de sensibilités dites « modérées » aime à se présenter comme le seul rempart efficace face à l’hypothèse d’une gauche radicale rangée derrière Jean-Luc Mélenchon d’un côté et d’une droite nationale de l’autre.

En contribuant à déplacer plus à gauche et plus à droite les alternatives politiques, affaiblissant du même coup le PS, l’UDI et LR (et ralliant leurs dissidents), la majorité présidentielle en vient à les assimiler quant au danger qu’elles constitueraient pour la France. Là où nous étions déjà habitués à la logique anti-cartel du RN, dénonçant l’UMPS sur le registre du bonnet blanc et du blanc bonnet, c’est désormais une majorité modérée qui en vient à endosser le discours des équivalences, justifiant ainsi le refus des consignes de vote au second tour des élections législatives.

C’est de plus en plus ce rapport à l’extérieur qui nourrit la cohérence de la majorité présidentielle tant son accordéon politique interne se déplie, et alimente les candidatures dissidentes se réclamant de la majorité présidentielle aux élections législatives de juin 2022.

Au jeu des comparaisons et des analogies, il a pu être tentant de rapprocher Emmanuel Macron de l’ancien président Valéry Giscard d’Estaing, tous deux énarques, Inspecteurs des Finances, jeunes ministres en charge de l’économie et élus présidents de la République à un âge inhabituellement jeune. Porteurs (ou se présentent comme tels) d’une expertise économique et libérale, ils ont été confrontés durant leur mandat à un choc exogène et perturbateur (l’après-crise pétrolière pour l’un, le Covid pour l’autre). Une analogie supplémentaire concerne leur stratégie de conquête du pouvoir. Dans son discours de Charenton (8 octobre 1972), VGE avait comparé la société française à un « grand groupe central avec des ailes » et déclaré « La France souhaite être gouvernée au centre. » Cela signifiait-il « être gouvernée par les centristes » ?

Représentant d’une droite orléaniste modérée et progressiste, son « centrisme » ressort incertain. Mais il sait en tout état de cause rallier les forces centristes, comme le Centre démocrate fondé par Jean Lecanuet en 1966 (après sa candidature à l’élection présidentielle) pour conquérir le pouvoir au détriment de l’héritier du gaullisme, Jacques Chaban-Delmas. C’est après le scrutin présidentiel de 1974 que le Centre se retrouvera presque systématiquement allié avec la droite.

Emmanuel Macron semble avoir fait le même pari pour sa première élection présidentielle de 2017, prétendant gouverner au centre sans être lui-même une parfaite incarnation centriste. De même, il réussit à mobiliser le centre par l’entremise et grâce au soutien de François Bayrou, celui qui n’a jamais été homme de gauche, mais a su réaffirmer une autonomie centriste au moyen de sa critique du sarkozisme.

Une manière commode de conclure à ce qu’Emmanuel Macron n’est pas un centriste est de rappeler qu’il n’a lui-même jamais revendiqué cette étiquette, pas davantage qu’il n’a convoqué les figures centristes du passé dans la présentation de soi (de Jean Lecanuet à Jacques Delors). Au demeurant, n’a-t-il pas revendiqué son ubiquité politique, tantôt de droite, tantôt de gauche, plutôt qu’un centrisme invariant ?

Étalonner Emmanuel Macron sur l’échelle du centrisme supposerait de pouvoir se doter préalablement d’une définition sans équivoque du centrisme, quand son expression ressort contingente des époques et des configurations historiques, multiple et pluraliste. Elle peut aussi bien déborder au centre gauche (social-démocratie ouverte au marché) qu’au centre droit (droite humaniste et sociale), ou correspondre à un centrisme écologique explicitement revendiqué par l’Union des centristes et des écologistes (UDE), ou « L’Écologie au centre », anciennement Alliance écologiste indépendante. Mais son incarnation la plus forte est à rechercher du côté de la démocratie-chrétienne (du MRP à François Bayrou).

Avec Emmanuel Macron, nous avons ainsi davantage affaire à une juxtaposition – savante ou bricolée ? – d’héritages et d’influences multiples. Si l’écologie politique est quasi-absente, l’identité démocrate-chrétienne apparaît ténue, malgré le compagnonnage intellectuel revendiqué avec le philosophe Paul Ricœur, ancien président du mouvement du christianisme social.

Le social-libéralisme ressort a contrario de manière plus marquée, les inclinaisons libérales d’Emmanuel Macron le portant vers un capitalisme entrepreneurial davantage que d’héritiers. Elles sont également observées du côté de sa vision du secteur public, avec une pensée administrative et des réformes institutionnelles sous influence de l’anglosphère et du New public management. Ce qu’illustrent aussi bien l’extension l’introduction législative des contrats de projet (recrutement d’agents publics en CDD pour réaliser un projet ou une opération en particulier) que sa vision de l’éducation nationale (transformer les directeurs d’établissements scolaires en véritables managers selon le credo let the managers manage, mise en cause des concours nationaux comme porte d’entrée dans le métier d’enseignant).

Autant Emmanuel Macron peut convoquer différentes traditions, toutes congruentes avec l’idée de modération qui sied au centre, autant l’héritage gaullien qu’il revendique prend à revers l’histoire du centre. Au-delà des inimitiés conjoncturelles entre De Gaulle et les notables centristes, les forces politiques du centre répugnent à la dimension centraliste, verticale, voire autoritaire du pouvoir, autant d’attributs qui se retrouvent condensés dans l’expression de « présidence jupitérienne », supposée qualifier un style d’exercice du pouvoir.

Cette verticalité se retrouve dans le fonctionnement politique de sa majorité. Traditionnellement, les forces politiques centristes connaissent un modèle d’autorité politique personnelle et décentralisée, une « démocratie des notables » sans organisation forte pour reprendre la vulgate duvergérienne du parti de cadre, qu’il convient de nuancer. Si l’organisation politique n’est pas massive dans le cas de LREM/Renaissance, l’appareil relève bien en revanche d’une supervision centraliste (et présidentielle) qui joue d’autant plus que les grands notables locaux font et continuent de faire défaut à la suite des échecs électoraux aux scrutins intermédiaires.

C’est finalement sur un soutien indéfectible à la construction européenne que tradition centriste et macronisme se rejoignent de la manière la plus forte.

Au pluralisme de la majorité présidentielle (allant de la social-démocratie jusqu’aux gaullistes modérés) répond l’art du transformisme présidentiel (en référence au performer qui change plusieurs fois de costumes sur scène).

Si les circonstances (Gilets jaunes, Covid) expliquent et commandent des adaptations (report de la réforme des retraites, dépense publique), il n’est pas rare que la stratégie et le calcul politiques l’emportent sur le reste. L’agenda et les prises de parole d’Emmanuel Macron se sont réajustées à mesure que son électorat a glissé vers la droite (ce qui ressortait notamment d’une enquête IFOP-JDD publiée en juillet 2021), allant jusqu’à accorder une interview exclusive au magazine de la droite ultra conservatrice Valeurs actuelles. Son libéralisme culturel sur les questions d’identité, de laïcité, d’immigration ou de dépénalisation des drogues « douces » recule. Mais lorsque le contexte électoral le presse d’envoyer des signes aux électeurs de gauche, il n’hésite pas à promouvoir Pap Ndiaye au poste de ministre de l’Éducation nationale, soit l’exact opposé de son prédécesseur Jean-Michel Blanquer en termes d’image et de symboles (car il faudra attendre pour pouvoir juger des politiques). C’est ainsi un centrisme attrape-tout auquel nous avons affaire.

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Par Thomas Frinault, Maître de conférences en science politique, Université Rennes 2.

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Délit Ecocide : l’auberge espagnole

Délit Ecocide : l’auberge espagnole

Comme souvent en France au lieu de gérer concrètement des questions mettant en cause l’intérêt général, on produit un texte législatif ( plus de 10 000 mois et 100 000 décrets!). Ce sera encore le cas avec la fameuse loi établissant le délit d’Écocide . Un oncept en forme d’auberge espagnole pour punir tout ceux qui mettent  en cause l’environnement. Pour preuve ce ne sont pas seulement les atteintes à l’environnement qui sont visés mais les risques. Autant dire à peu près une grande partie des activités humaines qui forcément comprennent des risques.  »

 

L’article 63 concerne la mise en danger de l’environnement. Il s’agit de punir plus fermement avec une peine maximale de 3 ans de prison et 300 000 euros d’amende les comportements illicites qui constituent un risque d’atteinte à l’environnement. Ainsi, la mise en danger de l’environnement pourra être retenue lorsque la personne mise en cause viole, de façon manifestement délibérée, une obligation particulière de prudence ou de sécurité imposée par la loi ou le règlement qui expose l’environnement à un risque immédiat de dégradation grave et durable, c’est à dire susceptible de perdurer au moins 10 ans », peut-on ainsi lire dans l’exposé des motifs.

Ainsi on pourrait tout aussi bien viser toute industrie mécanique, l’industrie automobile, l’industrie agricole ou l’industrie chimique voire alimentaire. L’utilisation et la manipulation d’intrants peut toujours constituer un risque.

Le problème, c’est que les atteintes à l’environnement doivent être traitées très concrètement par secteur et par nature d’activité avec les acteurs et non par des lois qui satisfont les écolos bobos pour des motifs essentiellement politiques puisqu’il est nettement prouvé désormais que la plupart des gauchistes se sont reclassés dans les formations politiques écolos d’EELV (à distinguer des militants écolos qui agissent concrètement dans les des associations sans objectif politicien).

Voici ce que dit précisément le nouveau texte, attendu en Conseil des ministres le 10 février puis à l’Assemblée nationale fin mars :

« Lorsqu’ils exposent directement la faune, la flore ou la qualité de l’eau à un risque immédiat d’atteinte grave et durable, les faits prévus aux articles L 173-1 et L 173-2 sont punis de 3 ans d’emprisonnement et de 300 000 euros d’amende », peut-on lire à l’article 63, montant qui peut être porté jusqu’au triple de l’avantage tiré de la commission de l’infraction.  »

 




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